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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 12:00
Edouard Daladier, septembre 1939

Edouard Daladier, septembre 1939

Maurice Thorez

Maurice Thorez

Leur drôle de guerre contre les rouges: septembre 1939- mai 1940: La persécution des communistes par le gouvernement Daladier après le pacte germano-soviétique (Pierre Juquin, Aragon un destin français, tome 2)
Leur drôle de guerre contre les rouges: septembre 1939- mai 1940: La persécution des communistes par le gouvernement Daladier après le pacte germano-soviétique (Pierre Juquin, Aragon un destin français, tome 2)
"Le 9 avril 1940, le socialiste Albert Sérol, ministre de la Justice, signe un décret qui prévoit la peine de mort pour les communistes".

"Le 9 avril 1940, le socialiste Albert Sérol, ministre de la Justice, signe un décret qui prévoit la peine de mort pour les communistes".

26 août 1939 - dernier numéro légal de L'Humanité qui reparaîtra clandestinement le 26 octobre 1939

26 août 1939 - dernier numéro légal de L'Humanité qui reparaîtra clandestinement le 26 octobre 1939

"Les premiers jours qui suivent le pacte germano-soviétique, l'Internationale communiste subit le choc. Tandis qu'à Paris, le groupe des députés communistes, réuni au Palais-Bourbon, sous la présidence de Maurice Thorez, "rappelle la volonté de tous les communistes de lutter contre le fascisme et le nazisme" (1er septembre 1939), puis vote les crédits demandés par Daladier pour la défense nationale (3 septembre), à Moscou, les plus hauts responsables kominterniens, Dimitrov et Manouilski, mis à gêne, se permettent de suggérer à Staline que le Parti communiste français garde sa ligne de résistance "à l'agression de l'Allemagne fasciste". 

Staline coupe court, on l'a vu, le 7 septembre, recevant Dimitrov: que les partis communistes des pays capitalistes renoncent aux mots d'ordre de Front populaire et se dressent contre leur propre gouvernement, contre la guerre! A partir du 20 septembre, le Parti communiste français, appliquant les nouvelles consignes, commence à dénoncer la "guerre impérialiste" et à exiger l'arrêt des hostilités; mais le manifeste qu'il adopte, en l'absence de Thorez, mobilisé, sous le titre, "Il faut faire la paix", n'est pas diffusé. 

Le 26 septembre, le gouvernement de la France excipe du pacte pour dissoudre par décret le parti et les organisations qui se rattachent à lui.

Le Journal officiel du 29 septembre annonce la constitution, à la Chambre, d'un Groupe ouvrier et paysan français (GOPF), qui rassemble 42 députés communistes, rejoints par quelques autres les 4 et 5 octobre. Un député sur trois a fait défection! L'un des premiers actes du GOPF est d'envoyer au président Herriot une lettre datée du 1er octobre, qui réclame un débat sur la paix avec l'Allemagne. 

L'IC exige de Thorez, qui a rejoint son unité, qu'il déserte et quitte la France. Thorez regimbe. Puis cède. Le 4 octobre, il est secrètement exfiltré en Belgique, où le noyau de l'Internationale l'initie à la nouvelle ligne. Après un mois d'attente clandestine, le 8 novembre, il arrive à Moscou, avec sa femme, Jeannette Vermeersch. Pendant toute la guerre, il va ronger son frein en URSS. Dès avant son arrivée dans la capitale soviétique, le Présidium de l'IC a critiqué la direction du parti français -sauf Marty qui partage l'analyse de Staline et se confronte avec Thorez. Le 14 novembre, dans une réunion du secrétariat consacrée à la France, Thorez consent péniblement à son autocritique; il a fallu près de douze semaines. La ligne soviétique reste en vigueur jusqu'à la ruée allemande de mai 1940. Thorez accepte de l'exprimer, mais seulement dans un article confidentiel d'une publication de l'Internationale (Die Welt) en allemand (!), puis dans Les Cahiers du bolchevisme clandestins". 

Ce soir, Commune, Europe, et 79 publications communistes au total sont interdites. La Maison de la Culture est fermée, les réunions communistes sont interdites. Le Parti est désorganisé par la mobilisation. 

"Le décret du 26 septembre 1939 dissout non seulement le parti communiste, mais aussi toutes les organisations prétendument satellites. La ceinture rouge de Paris est visée, la vie culturelle ouvrière démantelée: sont dissous les Bourses du travail, des clubs sportifs, des patronages municipaux, des harmonies municipales, des amicales de locataires, l'Aéro-Club des Aiglons à Ivry, l'Amicale des pêcheurs de Gentilly, l'Oeuvre des vacances populaires enfantines de Malakoff, les amis de la boule ferrée de la même ville ("En raison de son caractère nettement communiste (...) elle a groupé jusqu'à 20 adhérents", note le rapport de police). On n'en finit plus d'énumérer. 

Le 18 novembre 1939, un autre décret permet l'arrestation et l'internement administratif, sans jugement, de tout individu considéré comme dangereux pour la défense nationale.

Une loi du 20 janvier 1940 porte déchéance "de tout membre d'une assemblée élective qui faisait partie de la IIIe Internationale".

Suivant un bilan ministériel établi le 19 mars 1940, 60 députés et un sénateur ont été déchus; 11 000 perquisitions opérées (par exemple le 3 octobre 1939, au domicile des Aragon, rue de la Sourdrière, les documents saisis n'étant récupérés au greffe correctionnel qu'en janvier 1949); 3400 militants ont été arrêtés, 1500 condamnations prononcées. En pleine déroute de l'armée française, la police passera encore son temps à traquer des communistes: au 31 mai 1940, on en est à 15 000 perquisitions et 5553 arrestations. On a trop oublié cela.      

Daladier allègue le pacte. Or, dès le 3 décembre 1936, une dépêche très secrète, qu'il a signée comme ministre de la Guerre du gouvernement Blum, a enjoint aux généraux commandants de Paris et aux Régions militaires de préparer des unités pour mater on ne sait quel coup de force communiste, en particulier des chars et des troupes coloniales. Après Munich, Daladier a reprimé une grève générale lancée par la CGT. Le 17 décembre 1938, un appel signé par 432 journaux a demandé l'interdiction du parti communiste, alors accusé non pas de soutenir le pacte germano-soviétique, mais de pousser à la guerre contre Hitler! 

La répression de 1939-1940, c'est avant tout la revanche de 1936, y compris de la part de nombreux participants au Front populaire.  

Le 20 mars 1940, le 3e tribunal militaire permanent ouvre le procès, à huis clos, de 44 députés communistes qui n'ont pas lâché leur parti, dont 35 présents. En avril, ces élus écopent de plusieurs années de prison ferme, de lourdes amendes, et t'interdiction des droits civiques et politiques. A tous les prévenus, le capitaine de Moissac, juge d'instruction, a demandé s'ils reniaient leur appartenance au "PC mondial (sic) dont le PCF n'est qu'une section", s'ils désavouaient la discipline de l'Internationale, le pacte germano-soviétique, la lettre à Herriot (procès-verbaux d'interrogatoires conservés aux archives de Fontainebleau). Vichy continuera Daladier: dans les dossiers des communistes emprisonnés ou recherchés, l'approbation du pacte restera un test discriminant. 

Mais cette persécution a un effet inattendu. Sans le vouloir, Daladier fait de la question du pacte une épreuve de vérification des cadres communistes. Certains doutent ou ne sont pas d'accord. Mais, face à la répression, la fidélité prend le pas sur toute autre considération, chez ceux-là mêmes qui, comme Gabriel Péri, tourmenté et mystérieux, ont pu avoir in petto des désaccords graves. Fidélité contre persécution, fierté contre déni de justice, confiance contre panique, de très nombreux cadres communistes, sélectionnés et formés dans les années 1930, tiennent bon dans le désastre. Leur solidité aura des conséquences considérables quand la mouvance communiste se reprendra et que le parti sortira de sa ligne erronée et de son discrédit pour se place en tête de la Résistance. 

(...)

Le 7 septembre 1939, Daladier nomme le général Pierre Héring gouverneur militaire de Paris. En vertu de l'état de siège Héring est responsable de la sécurité de la capitale. Hanté, soixante-dix ans après, comme beaucoup de généraux, par la peur de la Commune, il vise les communistes; le 15 septembre, il exige que les tribunaux militaires soient, contre eux, fermes et rapides; cadres et troupes participent, sous sa direction personnelle, à des exercices de guerres de rue et de répression d'émeutes; en guise d'avertissement, des défilés et des revues montrent la "force" aux Parisiens. Héring essaie d'obtenir du gouvernement que des "indésirables", arrêtés et parqués au stade Roland-Garros, soient expédiés dans des camps, en province ou aux colonies. Il fait surveiller les ouvriers des usines métallurgiques par des détachements de soldats. Il "épure" le contingent des "affectés spéciaux". Dans un rapport adressé au gouvernement en janvier 1940, il qualifie le communisme d'"ennemi numéro un". Et Hitler dans cela?"

La loi punit toute propagande communiste d'amendes et de prison, et bientôt de mort.

"Le 9 avril 1940, le socialiste Albert Sérol, ministre de la Justice, signe un décret qui prévoit la peine de mort pour les communistes".    

Voir: http://pcf-1939-1941.blogspot.fr/2014/03/decret-loi-du-9-avril-1940-dit-decret_26.html

L'Humanité clandestine n° 38 du 10 avril 1940 dénoncera avec vigueur ce "décret scélérat" pris par un "gouvernement social-fasciste" en soulignant que le Parti communiste ne renoncera pas à son combat contre "la guerre impérialiste" :

 

Le décret scélérat
[...] Mardi, le ministre "socialiste" de la justice, Sérol, a soumis son décret-loi à la signature du président de la République !
Il est vrai que dans la forme, le décret diffère un peu de celui annoncé par l'agence Havas. Au lieu de dire cyniquement que seule sera réprimée la propagande communiste, on parle "d'entreprises de démoralisation de l'armée et de la nation".
Cette hypocrisie dévoile le père spirituel du décret : c'est Blum ! si ce n'était pas de l'hypocrisie, il faudrait commencer par l'appliquer à la racaille des Munichois et des amis de l'espion Abetz, à tous ceux dont les crimes d'hier ont préparé les massacres d'aujourd'hui. Il faudrait l'appliquer aux profiteurs de guerre et aux spéculateurs qui ramassent des fortunes dans le sang et les privations des travailleurs. Il faudrait l'appliquer à Paul Reynaud [président du Conseil et ancien ministre des Finances], auteur d'une fiscalité qui ruine les commerçants et les paysans et affame les familles des mobilisés, aux malfaiteurs du gouvernement qui ont aboli toutes les libertés et qui prétendent maintenant bâillonner le peuple sous la menace de mort !
Ce sont eux qui démontrent à la nation et à l'armée qu'elles ne souffrent et ne se battent ni pour la liberté, ni pour l'indépendance nationale. Leurs actes prouvent que cette guerre est une guerre des riches, une guerre contre le peuple !
S'ils veulent effrayer les communistes, le coup est manqué ! [...]
Vous avez beau prendre des décrets copiés sur ceux de Hitler, vos jours sont comptés messieurs les ennemis du peuples ! [...]
La France de 89, de 48 et de la Commune saura débarrasser le pays de votre tyrannie et laver la honte de vos décrets scélérats !
Avec, à sa tête, un parti trempé comme le Parti communiste, elle sûre de la victoire !
 
A BAS LE DECRET SCELERAT !
A BAS LE GOUVERNEMENT SOCIAL-FASCISTE !
A BAS LA GUERRE !
Le décret Sérol ne fera l'objet d'aucune application entre sa publication en avril 1940 et la fin de la guerre franco-allemande en juin 1940.


Les quatre ouvriers communistes qui seront condamnés à la peine de mort le 27 mai 1940 pour les sabotages des moteurs d'avion de l'usine Farman le seront sur la base de l'article 76 (2°) qui prévoit cette sanction pour "Tout Français qui détruira ou détériorera volontairement un navire, un appareil de navigation aérienne, un matériel, une fourniture, une construction ou une installation susceptibles d'être employés pour la défense nationale, ou pratiquera sciemment, soit avant, soit après leur achèvement, des malfaçons de nature à les empêcher de fonctionner, ou à provoquer un accident".

Un communiste sera amnistié par le président de la République le 18 juin 1940 en raison de son âge. Les trois autres seront exécutés le 22 juin 1940 à Pessac, près de Bordeaux.

   

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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 11:59
Hubert Wulfranc Député PCF, membre de la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire

Hubert Wulfranc Député PCF, membre de la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire

Hubert Wulfranc. « Une volonté de condamner le Parlement à l’inaction »
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AURÉLIEN SOUCHEYRE
MARDI, 27 FÉVRIER, 2018
L'HUMANITÉ

Pour les députés PCF, ce second recours aux ordonnances est « un coup de force contre les services publics et les salariés de la SNCF ».

Que pensez-vous de ce nouveau recours aux ordonnances en tant que député ?

Hubert Wulfranc C’est désormais une caractéristique de ce gouvernement : quand il s’adresse aux élus, salariés et citoyens de ce pays, il le fait comme un véritable commandeur maniant les aspects les plus terribles du bonapartisme et de l’autoritarisme. Il y a dans ce nouveau recours aux ordonnances la volonté de condamner le Parlement à l’obéissance et en réalité à l’inaction, mais aussi celle de casser des acquis publics et sociaux, à la manière de ce qui a été fait avec la loi Pénicaud sur le Code du travail. Je vois l’annonce d’Édouard Philippe comme un coup de force contre le Parlement, les services publics et les salariés de la SNCF. Son objectif est de prendre de vitesse la représentation nationale, les cheminots dans toutes leurs représentations syndicales, et les usagers. Je note que le ton de sa déclaration est particulièrement belliqueux. Je pense qu’il choisit délibérément l’épreuve de force, en pensant que le parti godillot de la République en marche et le recours aux ordonnances lui permettront d’assommer le mouvement social. Il ne mesure sans doute pas l’attachement des cheminots et des usagers au service public, aux côtés desquels nous serons.

Le gouvernement estime que la situation nécessite une action rapide…

Hubert Wulfranc Le fait de vouloir prendre à bras-le-corps la situation de la SNCF est une nécessité, mais pour en faire quoi ? Désigner le statut des cheminots et la nature publique de l’entreprise SNCF comme source des difficultés et des dysfonctionnements remarqués est profondément malhonnête. L’exécutif cherche à escamoter les véritables responsabilités. Il veut faire l’impasse sur le rôle des gouvernements successifs dans l’affaiblissement de la SNCF et de la politique du rail en général, avec un sous-investissement chronique qui vise à accélérer une libéralisation rampante. C’est aussi mettre de côté la politique « sociale » de la SNCF, où 40 000 emplois de cheminots ont été supprimés en quinze ans environ. Cette communication est démagogique, et vise à faire avaler le dépeçage de l’entreprise SNCF et du réseau ferré français.

Quels sont les dangers liés à cette réforme ?

Hubert Wulfranc C’est un nouveau cadeau fait au marché, aux entreprises et actionnaires du privé, au détriment de l’intérêt général. On sait très bien que, quand cette ouverture à la concurrence va se traduire en actes, les « partenaires » et filiales privés entrés sur le réseau vont se mener une guerre d’enfer et une concurrence acharnée, dont le maître mot sera la rentabilité. Les lignes et services non rentables seront à terme abandonnés. Ce qu’a annoncé Édouard Philippe sur les petites lignes est un recul temporaire. Il peut tranquillement en parler, dans la mesure où elles seront transférées aux régions. Mais il est bien évident que livrer les lignes au marché revient à faire voter une loi d’éclatement des égalités territoriales. Là où il n’y aura pas de bénéfices à faire, on en viendra à des fermetures. Cette déréglementation annoncée est de plus très grave en matière d’accès à la mobilité, d’aménagement du territoire, et sur le plan écologique et environnemental : ceux qui se frisent les moustaches aujourd’hui sont très certainement les animateurs du lobby routier, dont l’activité est bien plus polluante.

Hubert Wulfranc: une volonté de condamner le Parlement à l'inaction (L'Humanité, 27 février 2018)
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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 06:47
Antisémitisme. La présidente du musée de la résistance nationale visée (Le Télégramme, 26 février 2018)

Le Télégramme, pages France, Monique Keromnès, 27 février 2018

 

Lucienne Nayet, présidente du musée de la Résistance nationale, a été visée, la semaine dernière, par une attaque sur un site négationniste et antisémite de la mouvance néo-nazie. Cette fille de déporté, qui habite aujourd’hui dans le Pays de Morlaix, a, en effet, découvert une photo d’elle détournée, accompagnée d’insultes.

 

« J’ai fait, récemment, une intervention dans un collège du côté de Pau (Pyrénées-Atlantiques). Le site internet en question a repris l’article paru dans La Dépêche du Midi. Sur la photo, où l’on me voit au côté des élèves, ils m’ont placardé une étoile jaune ! Quant aux commentaires qui suivent l’article, ils sont clairement antisémites. C’est la première fois que je suis visée de cette façon. Mon cœur est meurtri… C’est nauséabond et odieux », a réagi Lucienne Nayet qui a déposé plainte à la gendarmerie de Saint-Pol-de-Léon, près de Morlaix (29). Le musée de la Résistance Nationale a également constitué un dossier, envoyé au procureur de la République, afin de « faire interdire ce site et de faire condamner ses rédacteurs, ses hébergeurs, ses financeurs ». Sachant qu’il est hébergé aux États-Unis. Le PCF du Pays de Morlaix a, lui, alerté la préfecture. 

Quatre ans cachée 

Depuis dix ans, Lucienne Nayet ne cesse de témoigner de son histoire et de celle de ses parents qui ont fui l’Ukraine puis la Pologne avant de trouver refuge en France, à la fin des années 30. Elle est née en 1941, alors que son père avait déjà été déporté à Auschwitz, où il trouvera la mort. Elle vivra cachée pendant quatre ans, le temps de la guerre. « Le site sur lequel je suis visée est bien la preuve qu’il y a encore, de nos jours, des relents de cette époque. Il faut témoigner, notamment auprès des jeunes, pour qu’ils développent leur esprit critique. Surtout aujourd’hui, où ils ont accès à beaucoup d’informations ».

Le Télégramme, 26 février 2018 

Lire aussi: 

Attaques antisémites ignobles contre Lucienne Nayet: communiqué des administrateurs du Musée de la Résistance Nationale, 23 février 2018

Notre amie et camarade Lucienne Nayet, fille de déporté à Auschwitz et ex enfant cachée, militante de la mémoire, ciblée par un ignoble site antisémite et néo-nazi

 

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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 06:42
Lucienne Nayet (photo Ouest-France)

Lucienne Nayet (photo Ouest-France)

Ouest-France du 27 février 2018
 
 Delphine Van Hauwaert 
 
Lucienne Nayet, la présidente des musées de la Résistance nationale, a découvert qu’un site internet de la mouvance néonazie a détourné un article relatant une de ses interventions en milieu scolaire. Une plainte a été déposée, mais le site est basé aux États-Unis.
« Quand l’histoire vous revient à la figure comme ça, le cœur est meurtri. » Lucienne Nayet, présidente du réseau des musées de la Résistance nationale, a fait l’objet d’attaques antisémites sur un site internet de la mouvance néo-nazi.
 
« Par hasard, alors qu’une personne a tapé mon nom dans un moteur de recherche, on a découvert, au 3e résultat seulement, un article de ce site. » Il reprend un article paru dansLa dépêche, relatant une intervention de Lucienne Nayet dans un collège près de Lourdes. Sur la photo, une étoile jaune a été placardée sur l’intervenante. Le titre accompagnant l’article est clairement antisémite.

« Difficile de voir l’inhumanité ressurgir »

« Quelle que soit la force qu’on a, c’est difficile de s’endormir après ça. Quand on voit que l’inhumanité peut ressurgir », raconte cette enfant cachée durant la guerreSon père a été tué à Auschwitz, victime de l’antisémitisme.
Une plainte a été déposée à la gendarmerie de Saint-Pol-de-Léon, pour "injure publique à raison de l’originel’ethnie, la nation, la race ou la religion". Une infraction sanctionnée à hauteur de 6 mois de prison et 22 500 € d’amende maximum.

Identifier les personnes derrière les pseudos

Le problème, c’est que le site est basé aux États-Unis. « On a envoyé une réquisition pour essayer d’identifier les personnes derrière les pseudos », indique le capitaine Cyrille Geslin. Il n’exclut pas qu’une ou plusieurs de ces personnes se trouvent sur le territoire national. Pour Lucienne Nayet, c’est presque une certitude : « Le site doit disposer de rédacteurs en France. »
La présidente du réseau des musées de la Résistance nationale intervient très régulièrement dans les établissements scolaires, en particulier dans le pays de Morlaix, où elle réside. « J’utilise mon histoire pour avoir une discussion avec les jeunes. Pour qu’ils aient l’esprit critique face à la masse d’informations à laquelle ils ont accès. De voir des choses comme ça, ça m’encourage encore plus à poursuivre ce combat. »

Le PCF en soutien

Dans un communiqué, les administrateurs du réseau des musées de la Résistance nationale condamnent ces faits et indiquent qu’ils accompagneront Lucienne Nayet « dans toutes les démarches qu’elle a entreprises afin de faire interdire ce site et de faire condamner ses rédacteurs, ses hébergeurs, ses financeurs ».
 
 
Quant au PCF local, qui a dévoilé l’affaire sur son blog, il a demandé « une rencontre au sous-préfet de Morlaix et au préfet du Finistère pour que soit menée l’enquête sur les auteurs anonymes de ces propos abjects ».
 
 
 
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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 06:30
Pour réformer la SNCF, une nouvelle loi à trop grande vitesse (Manuel Jardinaud, Médiapart, 26 février 2018)
Pour réformer la SNCF, une nouvelle loi à trop grande vitesse
 PAR 

Le premier ministre a présenté, ce 26 février, le plan gouvernemental pour le ferroviaire qui reprend les grands axes du rapport Spinetta prônant mise en concurrence des trains, fin de l'entreprise publique et abandon du statut des cheminots. La réforme, qui passera par la voie des ordonnances, doit être adoptée avant l'été alors qu'elle ne faisait pas partie du programme d’Emmanuel Macron.

 

La bataille du rail ne fait que commencer. Le premier ministre Édouard Philippe a présenté ce lundi 26 février le projet gouvernemental sur la réorganisation de la SNCF à la suite du rapport de Jean-Cyril Spinetta sur l’avenir du transport ferroviaire, rendu public dix jours auparavant.

Dans les grandes lignes, le pouvoir fait siennes les propositions de l’ancien PDG d’Air France sur la situation du ferroviaire en France, qui préparait les esprits à un big bang du réseau ferré. Le discours est, à majorité, identique : « Une situation alarmante, pour ne pas dire intenable », affirme le premier ministre. Selon lui, le diagnostic du rapport Spinetta « est sévère, mais malheureusement juste ».

Une société surendettée, un service défaillant et une obligation de préparer à l’ouverture à la concurrence dès 2019 : ces trois éléments doivent mener à une évolution du statut des cheminots, au motif qu'il entraverait toute transformation sociale et économique. Mais la raison sociale de l’entreprise publique évoluera aussi, pour porter une stratégie offensive et des investissements. Et une nouvelle organisation est au programme, pour déployer la « nouvelle SNCF ».

Seule concession – de taille néanmoins – faite pour ne pas s’attirer les foudres des élus locaux, et des Régions en particulier : le gouvernement n’entend pas dans l’immédiat s’attaquer à la fermeture des lignes dites « petites », déficitaires et peu fréquentées, dont le rapport Spinetta proposait de fermer une grande partie. Selon le rapport, elles mobilisent actuellement 16 % des moyens financiers, voient passer moins de 10 % des trains et transportent seulement 2 % des voyageurs.

Dans le bras de fer précédant le projet de loi, qui devrait être déposé mi-mars selon Édouard Philippe, les Régions ont donc gagné une manche. C’est d’ailleurs le sens du communiqué que leur association n’a pas manqué de diffuser sitôt le discours du premier ministre terminé. « Les Régions se réjouissent de cette décision. Elles resteront néanmoins très vigilantes sur le financement de ce réseau capillaire, nécessaire à l’irrigation des territoires, en particulier au respect des Contrats de Plan État Régions permettant sa rénovation », a-t-elle déclaré.

Les syndicats, en revanche, sortent groggy de cette présentation, même si l’exécutif assure que cette loi n’inclura pas la réforme du régime spécial des retraites des cheminots, laquelle attendra celle du régime général d’ici à 2020. Sans surprise, Édouard Philippe a annoncé la fin du statut des salariés propre à l’entreprise publique pour tous les nouveaux entrants. Les organisations syndicales maison ont appelé à manifester au cours du mois à venir afin de s’opposer à cette mesure déjà évoquée.

La gauche a vivement réagi à l’annonce des propositions gouvernementales. Une partie des élus de La France insoumise a prestement tweeté son opposition farouche au projet d’Édouard Philippe. Adrien Quatennens, député du Nord, évoque « l’assaut final du libéralisme effréné », alors que son collègue de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel indique que privatiser la SNCF est « socialement et écologiquement une catastrophe ».

Chacun pointe aussi l’un des aspects les plus problématiques de cette réforme : la décision d’utiliser la voie législative par ordonnances, confirmée par le premier ministre.« Face à l’urgence, le gouvernement est déterminé à en faire voter les principes clés avant l’été. [...] C’est pourquoi, à la mi-mars, nous déposerons un projet de loi d’habilitation au Parlement », a-t-il annoncé en fin de discours. Une loi TGV en somme, en tout cas une volonté d'aller vite, principe macronien par excellence.

La méthode, en tout point, relève de celle utilisée pour réformer le code du travail durant l’été 2017, le premier ministre promettant « des concertations méthodiques sur les différents aspects de la réforme » tout au long du processus législatif. « Les ordonnances Travail ont prouvé que cette méthode ne confisque aucunement le débat, bien au contraire – sauf à considérer que 300 heures de concertation et une centaine de réunions n’auraient pas laissé assez de temps à l’expression des opinions contradictoires », a argué le chef du gouvernement.

Une réforme absente du programme d’Emmanuel Macron

Là se niche peut-être une faute politique, ou du moins une erreur de stratégie que l’exécutif pourrait payer dans l’avenir. D’abord parce que considérer que les concertations sont l’alpha et l’oméga du consensus autour d’une réforme relève évidemment d’une chimère. À l’issue de celle organisée pour la réforme du code du travail, et malgré le bon a priori formulé au long du processus par FO et la CFDT, force est de constater que l’ensemble des syndicats en est ressorti au moins déçu, sinon véritablement en colère quant au contenu présent dans les ordonnances.

Comme l’avait documenté Mediapart, dès la fin juillet 2017, la confiance entre organisations syndicales et gouvernement avait commencé à se fissurer. Des consultations en silo, le refus d’organiser des rencontres plénières réunissant l’ensemble des partenaires sociaux et un jeu de chat et de la souris entre le cabinet de Muriel Pénicaud et certaines centrales avaient rapidement entamé la belle façade du dialogue social moderne sauce Macron.

À l’époque, le chef de file de la CGT, Fabrice Angeï, déclarait à Mediapart : « Il y a plus une volonté d’habillage que de dialogue réel. Nous n’avons pas vraiment discuté : chacun a seulement présenté ses intentions et ses positions. Là où la ministre parle de changement de paradigme, nous pensons que le projet gouvernemental va créer un bouleversement, une véritable destruction du droit du travail. » Une analyse qui ne plaide pas forcément pour renouveler une telle méthode, pour une réforme par ailleurs hautement inflammable.

La stratégie d'asphyxie, en place depuis le début du quinquennat, est une nouvelle fois à l’œuvre avec quatre thèmes de discussion mis au débat, en même temps et à la fois. De quoi déconcerter à nouveau tous les acteurs du secteur qui pourront, certes, se sentir écoutés, mais pas forcément entendus. D'autant que les concertations auront lieu en concomitance avec les débats parlementaires sur le projet de loi d'habilitation…

De toute façon, le premier ministre aura prévenu : « Si certains sujets s'enlisent, au cours des concertations, en pâtissant de tentatives d'obstruction ou de rapports de force verrouillés, si certains tentent de confisquer le débat ferroviaire pour le pervertir en un débat idéologique déconnecté des besoins de mobilité des Français, alors le gouvernement prendra ses responsabilités. »

Demain concernant la SCNF, comme hier pour le code du travail, le gouvernement a posé un cadre strict de discussions à l'intérieur duquel il est difficile de voir en quoi les organisations syndicales pourront influer pour conserver des protections propres à l’entreprise et aux métiers du ferroviaire. Pour parer à la critique de destruction du contrat social au sein de la SNCF, et prendre en compte les spécificités des différentes professions, le premier ministre a indiqué qu’il demanderait « qu’une négociation s’ouvre au niveau de la branche, sur les garanties qui seront données en contrepartie de ces contraintes ».

Un discours censé rassurer les futurs salariés de l’entreprise publique. Oubliant néanmoins que, justement, la réforme du code du travail a amenuisé le pouvoir de l’accord de branche sur celui de l’entreprise, au sein de laquelle les organisations syndicales ont également perdu en influence. L'effet « perdant-perdant » est patent.

Autre écueil de la stratégie gouvernementale : opérer par ordonnances sur une réforme qui n’a pas – ou peu – été annoncée durant la campagne présidentielle. Et ce bien qu’Édouard Philippe affirme : « Sur ce sujet comme sur d’autres, le président de la République a fixé le cap durant la campagne. »

Or il n’y a nulle trace d’une telle réforme d’ampleur dans le programme, tel qu’il est encore aujourd’hui accessible par chacun. Au chapitre « Mobilité », il est fait mention« d’un plan d’urgence d’investissement de rénovation (rail et route) ». En aucun cas une transformation de la SNCF de fond en comble n’est indiquée, ni même sous-entendue.

La véritable déclaration du président de la République sur cette réforme ne date que du 1er juillet 2017, soit après son accession à l’Élysée. Comme le rappelait récemment Mediapart, Emmanuel Macron avait annoncé ses intentions à bord du TGV qui inaugurait la ligne Le Mans-Rennes. Il promettait un big bang pour la SNCF. « Pour être franc, je pense que le modèle sur lequel on a vécu, le mythe de la SNCF, n’est pas celui sur lequel on construira la SNCF du XXIe siècle. Votre défi sera de ne pas rester sur la protection du passé […]. Le vrai défi sera de dire : si vous voulez défendre votre entreprise, il faut la réinventer », avait-il déclaré à des cheminots conviés à faire partie du voyage.

 

Sur la réforme du code du travail, l’exécutif appuyait sa légitimité sur le fait qu'Emmanuel Macron en avait déjà rendu les grands axes publics avant son élection. Point d’une telle légitimité dans les urnes aujourd’hui, concernant la SNCF. Même si le premier ministre en appelle aux citoyens pour justifier cette transformation radicale –« Il est temps d’oser mener la réforme que tous les Français savent nécessaire » –, l’argument du passage en force pourra, cette fois, obtenir un large écho.

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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 06:25
Proche-orient. L’appel de Mahmoud Abbas pour la reconnaissance de l'Etat Palestinien et une conférence internationale relayé à l’Assemblée
Proche-orient. L’appel de Mahmoud Abbas relayé à l’Assemblée
THOMAS LEMAHIEU
VENDREDI, 23 FÉVRIER, 2018
L'HUMANITE

Les députés communistes et FI réclament la reconnaissance immédiate de l’État palestinien. Mais, pour le gouvernement, il semble toujours urgent d’attendre.

Mardi, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Mahmoud Abbas a réclamé la reconnaissance de l’État palestinien et l’invention d’un « mécanisme multilatéral » permettant l’organisation d’une conférence internationale pour ne pas laisser les coudées franches à Netanyahou et Trump. Jeudi, l’appel du président de l’Autorité palestinienne a été relayé par les parlementaires communistes et France insoumise lors d’un débat sur « l’évolution de la situation au Moyen-Orient et la reconnaissance de l’État palestinien ». Malgré l’intitulé de la séance, les députés macronistes ont, eux, soigneusement évité de se prononcer explicitement sur la reconnaissance de l’État palestinien.

« La France ne peut plus attendre »

S’appuyant sur la résolution, votée en décembre 2014, qui invitait le gouvernement français à reconnaître l’État palestinien – une résolution visant à obtenir le règlement définitif du conflit, mais que les exécutifs ont choisi d’ignorer jusqu’à présent –, Jean-Paul Lecoq appelle avec vigueur la France à « redevenir, en tant que membre permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi entourée des grandes nations européennes au sein de l’Union, un acteur de premier plan pour la paix au Proche-Orient ». « La reconnaissance de l’État palestinien par la France donnerait sans conteste du poids à notre diplomatie dans la résolution de ce conflit, appuie-t-il. Loin d’être un geste unilatéral, le fait de rejoindre les 138 pays qui reconnaissent cet État serait un geste diplomatique d’envergure. Cette reconnaissance par la France serait un signal positif envoyé à l’ONU avant la mise en place de la conférence internationale que Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, appelle de ses vœux. Paris pourrait être le siège de cette grande conférence. Ce geste diplomatique enverrait un signal fort à Israël en lui signifiant que la France, bien que pays ami, pourrait se montrer plus ferme quant aux agissements militaires israéliens en Palestine. »

Pour Clémentine Autain, « la France ne peut plus attendre ». Et de souligner : « Seul le peuple palestinien continue de respecter les règles de droit international, renouvelant son attachement à une solution à deux États et aux résolutions de l’ONU. Mahmoud Abbas l’a rappelé devant le Conseil de sécurité mardi, en demandant une conférence de paix internationale et multilatérale. Reconnaître l’État palestinien n’est pas une prise de position pour l’un ou l’autre peuple. C’est la simple application du droit, de la justice, de l’humanité. C’est garantir la paix et la stabilité d’une région fortement menacée. »

Dans ses réponses, Jean-Yves Le Drian veut bien admettre que la question de la reconnaissance de l’État palestinien « connaît une actualité nouvelle » après l’intervention de Mahmoud Abbas devant le Conseil de sécurité de l’ONU, mais refuse d’aller plus avant. Dans une référence à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les États-Unis de Donald Trump, le ministre des Affaires étrangères renvoie toute décision sur le sujet à plus tard : « Reconnaître l’État palestinien aujourd’hui, ce serait une réaction unilatérale à une position unilatérale qui a créé du trouble dans la région », estime-t-il en réponse à Jean-Paul Lecoq. Se retranchant par ailleurs derrière l’attente d’un « plan de paix américain » – ce qui a vraiment de quoi préoccuper –, Jean-Yves Le Drian renvoie à la position jupitérienne d’Emmanuel Macron : « Le président de la République reconnaîtra l’État palestinien au moment où il le jugera opportun. »

Rubrique Monde
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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 06:15
Nuit du 27 au 28 février 1933, l'incendie du Reichstag: "acte de naissance du régime nazi", point de départ d'une arrestation de 100 000 opposants de gauche (Jean-Philippe Mathieu, historien - L'Humanité)
Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, un incendie ravage le Reichstag, le bâtiment qui abrite le Parlement allemand. Les nazis, déjà en partie au pouvoir, accusent les communistes du forfait. Plus de 100 000 opposants communistes sont arrêtés et jetés dans les premiers camps de concentration.
https://humanite.fr/tribunes/l-incendie-du-reichstag-acte-de-naissance-du-regim-515901
https://humanite.fr/node/307170
L’incendie du Reichstag, « acte 
de naissance du régime nazi »
JEAN-PHILIPPE MATHIEU, HISTORIEN.
VENDREDI, 22 FÉVRIER, 2013
L'HUMANITÉ

Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, un incendie ravage le Reichstag, le bâtiment qui abrite le Parlement allemand. 
Les nazis, déjà en partie au pouvoir, accusent les communistes du forfait. Plus de 100 000 opposants sont arrêtés 
et jetés dans les premiers camps de concentration.

Dans la nuit du 27 au 28 février, un incendie ravage le Reichstag, le bâtiment qui abrite le Parlement allemand. Sur les lieux, la police découvre un Hollandais de vingt-quatre ans, Marinus Van der Lubbe, ex-membre des Jeunesses communistes et « prolétaire déclassé en révolte ». Jugé à Leipzig en septembre, condamné à mort en décembre, il est exécuté en janvier 1934.

Est-il l’un des incendiaires ? Incontestablement, oui. Il a été pris pratiquement en flagrant délit. Du reste, pour inciter les Allemands à la révolte, il avait déjà essayé trois fois de mettre le feu à des bâtiments publics, sans succès (mais sans se faire prendre).

A-t-il agi seul ? Incontestablement, non. Le chef des pompiers de Berlin (qui l’a payé de sa vie) a démontré que c’était impossible.

Qui a donc mis le feu au Reichstag ?

Enquêtes, contre-enquêtes, hypothèses et réfutations ne manquent pas. Il est évidemment tentant et nullement invraisemblable d’accuser les nazis, à qui le crime profite. Le fait est que, sur le plan policier, l’énigme n’est pas résolue. Certes, l’enquête a été bâclée, entravée par les autorités nazies, et ni les complices ni les instigateurs n’ont été sérieusement recherchés, « faute de temps » selon le commissaire chargé de l’affaire… Mais cela ne permet pas de déduire l’identité des commanditaires.

La thèse nazie accusant les communistes est clairement absurde, l’acte ne correspondant ni aux méthodes, ni à la tactique, ni à la stratégie du KPD. Et les communistes avaient bien plus à perdre qu’à gagner dans cette affaire. Les flammes n’étaient pas celles de la révolution.

En revanche, l’incendie servait les intérêts du pouvoir et la thèse d’un incendiaire unique stipendié par le Parti communiste convenait parfaitement aux dirigeants nazis, qui ont 
dès lors tout fait pour qu’elle soit la seule thèse officielle.

Depuis le 30 janvier 1933, Hitler est chancelier du Reich. Il n’y a encore que deux autres nazis dans son gouvernement, dont Hermann Göring, qui obtient du maréchal 
von Hindenburg, président du Reich, pratiquement tous les pouvoirs en Prusse dès le 6 février 1933. Et Göring en use : dissolution du parlement prussien, éviction du ministère social-démocrate, incorporation des SA dans la police, ordre à celle-ci de faire usage de ses armes et garantie d’être couverte « quelles qu’aient été les conséquences de ses actes ».

Aux élections de novembre 1932, le Parti nazi, encore groupusculaire en 1930, obtient près de 12 millions de voix mais recule par rapport à juillet 1932. Le 6 février 1933, Hindenburg dissout le Parlement et fixe au 5 mars suivant les élections, qui seront « certainement les dernières du siècle à venir », selon Göring. Et ces élections, les nazis veulent les gagner coûte que coûte. Arrivés très vite devant le Reichstag en flammes, Hitler et Göring déclarent immédiatement que l’incendie est un coup des communistes et qu’il convient « d’anéantir d’un poing de fer cette peste mortelle ». Les opérations commencent dès le 28 février.

L’incendie est présenté par la presse nazie comme la première phase d’une guerre civile décrétée à Moscou. Les journaux communistes et sociaux-démocrates sont interdits ; environ 12 000 opposants au nazisme (pour l’essentiel communistes et sociaux-démocrates) sont arrêtés dans les quarante-huit heures, 100 000 dans les semaines suivantes, et jetés dans les premiers camps de concentration. Enfin, l’incendie du Reichstag sert de prétexte, dès le 28 février, à une « ordonnance du président du Reich pour la protection du peuple et de l’État » suspendant « provisoirement » les droits constitutionnels fondamentaux (liberté des personnes, inviolabilité du domicile, secret postal, liberté d’opinion, de réunion, d’association, droit de propriété).

Aussi est-ce à une véritable seconde prise de pouvoir des nazis qu’on assiste ces jours-là. L’incendie du Reichstag est bien le véritable « acte de naissance du régime nazi » (1).

Le procès de Leipzig donne lieu à une contre-attaque qui prend deux formes : la publication d’un Livre brun, et l’organisation d’un contre-procès à Londres.

Le Livre brun conclut que « Göring est l’organisateur de l’incendie du Reichstag ». 
Il consacre 80 pages à l’incendie et plus de 300 à la répression, à l’anéantissement de la culture, aux camps de concentration, à la persécution des juifs, etc. Les journaux du monde entier en rendent compte.

Fondé en mars 1933, le Comité international d’aide aux victimes du fascisme (président d’honneur : Einstein ; le président est lord Marley, vice-président de la Chambre des lords ; Gide, Romain Rolland, Malraux, Paul Langevin en sont membres) crée une « commission d’enquête internationale sur l’incendie du Reichstag », constituée de juristes, qui organise à Londres du 14 au 18 septembre 1933 un contre-procès concluant à « de fortes présomptions de la culpabilité des dirigeants nazis ».

Le procès des soi-disant incendiaires   Le 9 mars 1933, on arrête trois Bulgares, accusés d’avoir fomenté l’incendie avec 
Van der Lubbe et Ernst Torgler, député communiste. L’un des trois est Georges Dimitrov, membre du comité exécutif de l’Internationale puis responsable du Komintern, dont le 
bureau est à Berlin depuis 1929 et qui chapeaute les partis communistes allemand, français, belge, polonais, italien et autrichien. 
Dimitrov séjourne à Berlin sous une fausse identité. Le procès s’ouvre à Leipzig 
le 21 septembre et tourne rapidement 
au fiasco pour les nazis. Dimitrov, parfaitement préparé, maître de lui et d’un calme olympien, démontre l’inanité de l’accusation, ridiculise Göring devant l’opinion internationale, 
et fait voir à quel point le président de la cour 
est aux ordres du pouvoir, décrédibilisant 
la justice. Le 23 décembre, les trois Bulgares sont acquittés mais maintenus en prison. 
Le 15 février, l’URSS leur octroie la nationalité soviétique. Le 27 février, ils sont expulsés d’Allemagne et arrivent à Moscou. 
Un échec pour le régime.

(1) Lire Feu au Reichstag. L’acte de naissance 
du régime nazi, de Gilbert Badia. Éditions sociales, 
« Problèmes », 1983, 334 pages.

Nuit du 27 au 28 février 1933, l'incendie du Reichstag: "acte de naissance du régime nazi", point de départ d'une arrestation de 100 000 opposants de gauche (Jean-Philippe Mathieu, historien - L'Humanité)
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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 20:04
Brest, 26 février - photo de Jacqueline Héré, rassemblement pour la libération de Salah Hamouri

Brest, 26 février - photo de Jacqueline Héré, rassemblement pour la libération de Salah Hamouri

40 à 50 personnes place de la Liberté à Brest ce lundi 26 février pour dénoncer, par la voix de Claude Léostic, présidente de la plateforme des ONG pour la Palestine; qui a lu et commenté le communiqué du comité de soutien à Salah Hamouri, le maintien en détention de notre compatriote franco-palestinien, avocat et défenseur des prisonniers politiques, enfermé depuis le 23 août sans aucun jugement ni sans avoir accès à son dossier, vide de toute façon car on ne lui reproche que de garder la tête haute face à l'occupant. Plusieurs militants du PCF étaient présents, Ismaël Dupont, représentant le PCF Finistère, Jean-Paul Cam, secrétaire de section de Brest, Jacqueline Héré et Claude Bellec, élus à la mairie de Brest, comme des militants de l'AFPS, d'Ensemble, de l'UDB, du POI... Claude Léostic a rappelé la réponse minimaliste de Jean-Yves Le Drian à l'interpellation de la députée Elsa Faucillon à l'assemblée nationale: la France assure la protection consulaire, et rien que ça... Les organisations présentes ont signé un texte commun qui sera envoyer à l'Etat pour exiger une véritable intervention de la France pour la libération de Salah Hamouri, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent. 

Communiqué du PCF Brest: 

Le 28 février prochain, cela fera six mois que Salah Hamouri est détenu arbitrairement sans autre raison que d'être un militant de la paix, des droits et des libertés. Six mois d'emprisonnement de trop. La France ne peut se contenter d'être « préoccupée » par le sort de Salah Hamouri et d'« espérer sa libération », comme l'avait déclaré le Quai d'Orsay. Le président Macron, puisqu'il dit vouloir sa libération, doit passer aux actes et intervenir auprès du gouvernement israélien. Le PCF réclame que le président de la République française, pays des droits de l'homme, et le ministre des Affaires étrangères agissent pour la libération de notre concitoyen, et que cesse l'acharnement du gouvernement Netanyahou contre Salah Hamouri et sa famille.
Le PCF appelle à amplifier la mobilisation partout en France pour que le 28 février Salah Hamouri soit enfin libéré et à l'élargir pour obtenir la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti, enfermé depuis 2002 dans les geôles israéliennes, et
Khalida Jarrar, députée, en prison depuis juillet 2017, qui font face à l'arbitraire le plus total. Il demande à MM Macron et Le Drian d'exiger que soient d'urgence libérés Ahed Tamimi et les 300 autres enfants palestiniens actuellement emprisonnés.

Parti communiste français,

Paris, le 22 février 2018.

 

Communiqué du Comité de soutien à Salah:

"La détention administrative de Salah Hamouri est renouvelée !
La France est humiliée mais le combat continue.
Avidgor Liberman, ministre de la défense israélien a signé le renouvellement de la détention
de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, arbitrairement incarcéré par Israël depuis le
23.07.2017. Cette détention est prolongée de 4 mois, renouvelables. L’arbitraire et l’injustice
les plus absolus continuent.
À l’arbitraire de l’Etat israélien s’ajoute les responsabilités de la France qui, au-delà de ses
affirmations, n’a pas mis en œuvre des moyens conséquents dont elle dispose pour faire
libérer un Français, victime d’un arbitraire politique qui lui vaut une détention totalement
injuste à l’étranger.
Cette absence de résolution de notre pays, malgré les paroles, aboutit à cette situation où
elle n’a pas permis de garantir que l’injustice ne se répète pas et que Salah soit libéré le 28
février comme nous n’avons cessé de le demander avec force.
Tout cela est politique. Et côté israélien et côté français. La justice, le droit ne sont, dans
cette relation entre nos deux pays, que des variables d’ajustements et non, côté français, des
principes intangibles et universels à défendre farouchement en tout lieu et en tout temps.
Puisque les responsabilités de cette situation sont ainsi clairement établies, que nous savons
tous que l’Etat d’Israël piétine sans la moindre réaction le droit et fait de l’arbitraire un principe,
nous appelons à manifester vers la présidence française notre mécontentement légitime et
notre volonté d’action à la hauteur de l’enjeu : il en va du destin d’un homme, du droit mais
aussi de celui de notre pays.

Nous demandons, dans cette situation extrême, que le Président de la République reçoive
enfin sa femme Elsa Lefort dans les plus brefs délais afin de lui faire part de ses intentions.

L’arbitraire continue. Notre action continuera en conséquence. Plus déterminée et résolue
que jamais. Ceux qui croient que nous nous lasseront se trompent. Nous puisons des forces
nouvelles dans cette décision.

 

Paris, Lundi 26 février 2018
 

libertepoursalah@gmail.com libertepoursalah.fr /"

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 19:31

Réforme de la SNCF : une privatisation sur fond d’autoritarisme

Lors de la présentation du calendrier relatif à la réforme de la SNCF, intitulée « nouveau pacte ferroviaire », le 1er ministre, Édouard Philippe, a confirmé la volonté du gouvernement de passer en force, en recourant aux ordonnances.

Cette procédure, marque de fabrique du président Macron et déjà utilisée dans le cadre de la réforme du code du travail, est un véritable déni de démocratie, aussi bien sociale que parlementaire.

Le service public ferroviaire, bien commun de la nation, qui répond à des enjeux écologiques, de mobilité et d’aménagement du territoire extrêmement importants, mérite mieux qu’une réforme à la hussarde.

Transformation de la SNCF en Société d’économie mixte, fin du statut de cheminots, non reprise de la dette... Le pacte ferroviaire proposé par Édouard Philippe est en réalité une atomisation du service public ferroviaire.

Présenté comme novateur, ce pacte ferroviaire reprend les recettes archaïques des privatisations du rail ayant eu lieu dans d’autres pays européens, avec les résultats dramatiques que l’on connaît. Aussi bien pour les usagers, que pour les cheminots.

L’autoritarisme gouvernemental ne masquera pas la colère qui monte chez les cheminots et les usagers.

La feuille de route présentée par le 1er ministre est une attaque historique. Alors qu’elle met en péril l’avenir du rail public, menaçant l’avenir de milliers de salariés, ainsi que l’égalité d’accès au transport pour tous sur le territoire, le gouvernement doit créer les conditions pour permettre un grand débat public national.

Le gouvernement doit écouter et entendre, les propositions et les arguments des organisations syndicales, des usagers et des élus.

Le PCF dénonce le recours aux ordonnances, outil archaïque et anti-démocratique, et s’oppose à la destruction du service public ferroviaire.

Pendant que le président Macron, tente de dresser les français les uns contre les autres, le PCF appelle à soutenir et participer massivement à la journée de mobilisation organisée par les organisations syndicales le 22 mars à Paris.

Réforme de la SNCF : une privatisation sur fond d’autoritarisme (PCF, 26 février 2018)

Communiqué des députés communistes (26 février 2018):

Nouveau coup de force du Gouvernement pour casser le service public ferroviaire

Comme le laissait présager le rapport Spinetta, le gouvernement fait des cheminots les boucs émissaires de la dégradation du service public ferroviaire pour justifier la disparition de leur statut.

En opposant les agriculteurs aux cheminots, Emmanuel Macron veut nous faire croire que précariser les uns apporterait du confort aux autres. Les nantis sont ailleurs et personne n’est dupe de cette manipulation grossière.

Si le chemin de fer français est aujourd’hui fragilisé, la responsabilité en incombe en réalité aux gouvernements qui s’acharnent, depuis trente ans, à le désosser.

Sous couvert d’efficacité, le gouvernement souhaite mener cette réforme par voie d’ordonnances. Un passage en force qui montre à nouveau sa volonté farouche d’éviter le débat et son mépris pour la représentation nationale.

Les députés communistes seront aux côtés des travailleurs de la SNCF le 22 mars pour défendre le service public ferroviaire et ses travailleurs.

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 17:12
"Le privé est globalement meilleur que le public" (Haute autorité de Santé): ou les attendus des enquêtes de satisfaction mettant en concurrence les établissements hospitaliers

Le Télégramme publie aujourd'hui une double page sur le résultat local du dépouillement de 122 000 questionnaires de satisfaction remplis par des patients des hôpitaux et des cliniques en France, donc au moins 25 fois moins en Bretagne, pour 5 millions d'hospitalisations.

Ces questionnaires représentent donc 2,5 % des hospitalisations.

Et la "Haute Autorité de Santé" , comprenez l'instance ou l'organisme chargé d'instiller la culture de l'entreprise privée, de la concurrence, et du néo-libéralisme à l'hôpital - les patients ou usagers devenant des clients, censés faire leur marché entre les hôpitaux publics ou privés différents, ce qui laisse entendre au passage qu'on a plus besoin de services publics hospitaliers de proximité, puisque les "clients" sont près à faire 200 km ou à aller dans le privé pour avoir un meilleur "accueil", de meilleurs soins - en tire des conclusions péremptoires à faire se dresser les cheveux sur la tête, quand on connaît la politique de matraquage que subit l'hôpital pour lui retirer des moyens et le soumettre à la politique du chiffre:

"Le privé est globalement meilleur que le public... Il est globalement meilleur dans tous les domaines. Le privé a une antériorité concernant la prise en compte de la satisfaction client, ce n'est donc pas étonnant de voir ces résultats. Cela donne matière à réflexion pour les établissements publics qui pourraient s'emparer de ce sujet avec l'expérience du privé" suggère Laetitia May-Michelangeli, chef du service indicateurs pour l'amélioration de la qualité et la sécurité des soins à la Haute Autorité de Santé. 

C'est surtout que le public est soumis à des charges terribles de l'ARS, de la tarification à l'activité, de la suppression des services et des moyens humains, pour retirer des milliards d'euros de moyens finançant l'hôpital public (3,5 milliards sous Hollande, et ça continue avec Macron) et que le privé a tout intérêt à mettre la communication promotionnelle et les relations publiques au premier plan de sa "machine à fric", tandis que ces outils très contemporains de mise en concurrence ne sont pas dans la culture du service public. 

Si l'on fait les comparatifs de classements pour des enquêtes pour les facs privés et publiques ou pour les lycées, collèges, écoles privées ou publiques, cela donne la même chose. Je paie, donc c'est forcément mieux, sinon je serai vraiment un âne de payer plus! 

Pour l'hôpital Morlaix, ses "notes" peu reluisantes concernent 36 questionnaires. Très représentatif. Pour Brest, l'hôpital Morvan, soi-disant la lanterne rouge de la relation aux patients-clients, 130 questionnaires, sachant qu'il y a plus de chance que des clients mécontents remplissent le questionnaire de satisfaction que des clients contents. 

Ces enquêtes de satisfaction et leur utilisation médiatique relèvent de l'imposture et de l'enfumage idéologique visant à transformer la santé en produit marchand, à faire croire que l'on peut mettre en concurrence les établissements publics, que les patients se conduisent comme des "homo œconomicus" et donc que la proximité ne s'impose pas, et à servir les intérêts des cliniques privés. On est en pleine culture du néo-libéralisme. 

Et le pire là dedans, c'est qu'on cherche à culpabiliser les personnels de santé qui subissent déjà le poids de la casse méthodique et progressive de l'hôpital public. 

Honteux!

Ismaël Dupont        

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