La direction de l’hôpital de Morlaix a fermé le service de cardiologie et l’unité de soins intensifs de cardiologie de l’hôpital de Morlaix à compter du 1er mai 2018.
Une importante mobilisation suite à cette décision
Dès l’annonce de cette décision, le 23 avril 2018, à l’initiative du comité de défense de l’hôpital public en Pays de Morlaix (association dans laquelle les communistes de Morlaix sont très actifs) a organisé un rassemblement devant la direction de l’hôpital qui a réuni 200 personnes. Le même jour, en fin de journée, le comité de défense est intervenu au conseil communautaire (Morlaix communauté) pour alerter de la situation et appeler élus et population tout entière à se mobiliser. Le samedi suivant, 28 avril, à son initiative et celle de l’intersyndicale de l’hôpital de Morlaix (CFDT, CGT et Sud), une importante manifestation a eu lieu qui a rassemblé 2 000 manifestants à Morlaix.
Depuis la mobilisation continue et le comité de défense a rencontré le directeur de l’ARS à Rennes (M. Olivier de Cadeville) le 23 mai 2018. Le comité était accompagné d’un représentant des médecins et d’une représentante de la CGT de l’hôpital de Morlaix.
Une pétition à destination de la population, sur le territoire du Pays de Morlaix, est actuellement en cours (cf : pièce jointe).
Les conséquences pour les usagers et pour l’activité de l’hôpital de Morlaix
Désormais, la prise en charge effective des patients de cardiologie se fait par les services correspondants du CHRU de Brest, voire de la Clinique privée de Kéraudren à Brest, ville distante de 65 km, avec tous les risques que l’éloignement fait courir aux patients.
Or, si cette unité de haute technicité, qui assure une prise en charge immédiate, sur place, en cas d’accident cardiaque, est absolument indispensable pour les patients de cardiologie eux-mêmes résidant dans le Pays de Morlaix, elle l’est également, plus largement, pour la sécurité de tous les patients hospitalisés au CHPM.
En effet, une telle fermeture définitive aurait fatalement des répercussions sur tous les autres services (réanimation, urgences, etc.), et fragiliserait l’ensemble des activités du CHPM, alors que plusieurs services fonctionnaient très bien et voyaient leur activité reconnue.
La situation est catastrophique. Faute de relancer la cardiologie dans un court délai, des réactions en chaîne sont à craindre :
- les réanimateurs, déjà à flux tendu, ne pourront pas continuer à ce rythme, et l’espoir de recruter de nouveaux médecins en renfort cette année a été douché par la perspective de la fermeture de la cardiologie.
- La fermeture de la cardiologie va avoir obligatoirement des retentissements sur l'activité de tous les services, la sécurité étant moins assurée : médecine interne, SSR, Urgences, Chirurgie, Maternité, Réanimation.
- Il est à craindre que certains médecins quittent le CHPM dans les mois à venir en l'absence de relance de la cardiologie, le CHPM, en tant qu'hôpital périphérique, étant moins attractif. Déjà de nombreux médecins ont annoncé leur décision dans ce sens.
- Des risques aussi en conséquence pour la santé , voire pour la vie des patients. En l’absence de cardiologue, les patients qui arrivent aux urgences avec un problème de cardiaque doivent attendre un transfert au CHU via le SAMU. Cela a pu prendre des heures ces dernières semaines. Le temps d'attente de la disponibilité du SAMU pour un transfert de Morlaix à Brest constitue une perte de chance réelle pour les patients. Par ailleurs lorsque le SMUR est ainsi mobilisé vers Brest, il n’est plus disponible sur le territoire pour d’autres patients qui en aurait le besoin.
De plus, le service de cardiologie de Brest est saturé, car rempli à 110%, d’où de réelles difficultés pour accueillir les patients de Morlaix dans des conditions normales.
Le comité de défense de l’hôpital public en Pays de Morlaix a fait part de ces craintes au directeur de l’ARS à Rennes, et lui a indiqué :
- ne pas accepter que le centre hospitalier de Morlaix puisse devenir à terme, si rien n’est fait rapidement, un simple hôpital périphérique ou un SSR,
- que les usagers et la population du territoire du Pays de Morlaix avaient besoin d’un hôpital de proximité, de plein exercice, doté de tous les services pour les besoins et la sécurité des patients,
- que l’hôpital de Morlaix devait disposer à nouveau, dans un délai très rapide, d’un service de cardiologie et d’une unité de soins intensifs de cardiologie, et de disposer très rapidement de la présence dans l’établissement d’un cardiologue en permanence, 24 h /24,
- que c’était vital pour l’hôpital car, passé l’été, la situation serait très préoccupante voire catastrophique,
- que pour cette raison une solution pérenne devait être trouvée et mise en place avant la fin juin, le directeur de l’ARS étant invité à prendre toutes les dispositions pour y parvenir.
Les causes de cette situation
La directrice de l’hôpital a motivé sa décision de fermeture du service de cardiologie et de l’unité de soins intensifs, pour une durée minimale de six mois, en indiquant que celle-ci avait été rendue nécessaire en raison d’un manque de cardiologues, un seul cardiologue demeurant désormais en activité, après la confirmation du départ, fin avril, de deux autres praticiens cardiologues.
En fait, il y a maintenant six mois que l’unité de soins intensifs de cardiologie du centre hospitalier de Morlaix est en état de crise.
A cette époque une crise ouverte était intervenue entre la directrice de l’hôpital et le Dr Cornec, médecin cardiologue et président de la Commission médicale d’établissement de l’hôpital de Morlaix. Ce désaccord a été rendu public par voie de presse, la presse locale relayant leurs échanges par lettres ouvertes, tout comme la présidente du conseil de surveillance, Mme Agnès Le Brun, maire (LR) de Morlaix, associée à la directrice de l’hôpital pour reprocher au DR Cornec son activité, et en particulier dénoncer une convention datant de plusieurs années qui amenait ce dernier à pratiquer une partie de ses activités au sein de la clinique de Kéraudren à Brest (l’ARS a confirmé que cette convention était illégale).
Le résultat a été que cette polémique a amené le DR Cornec a ses désinvestir des ses responsabilités, et certains de ses collègues à démissionner de leurs fonctions de cardiologues.
Du même coup, le service de cardiologie s’est trouvé dépourvu de cardiologues fin novembre, et la direction a envisagé de fermer une première fois le service de cardiologie et son unité de soins intensifs.
Toutefois, à l’époque, devant l’ampleur de l’émoi suscité par cette perspective, et une première mobilisation importante de la population avec les syndicats de l’hôpital et le comité de défense des usagers de l’hôpital public de Morlaix (1 200 manifestants le samedi 2 décembre 2017) la direction avait été poussée à rechercher des solutions temporaires, pour tenter d’éteindre l’incendie, en maintenant le service de cardiologie par l’intervention de cardiologues intérimaires intervenant ponctuellement, le tout sous la tutelle du professeur Mansourati, chef du service de cardiologie du CHRU de Brest.
Mais faute d’avoir recherché, depuis, une véritable solution pérenne, le feu a continué de couver, pour reprendre de plus belle aujourd’hui.
Fin avril, la direction indiquait qu’elle n’était plus en mesure d’assurer un tableau de garde, et décidait de fermer le service (le directeur de l’ARS a affirmé récemment qu’il ne l’avait pas souhaité, son directeur adjoint indiquant que le GHT n’avait pas été « magique » en la circonstance).
Les conséquences
Quelles que soient les responsabilités des uns et des autres dans cette situation, ce sont les patients et les usagers qui pâtissent en premier lieu de cette situation, ainsi que les personnels concernés, ballottés entre les différents services.
Ce sont aussi les équipes médicales et les praticiens des autres services qui voient leur activité impactée par une situation qu’ils regrettent profondément.
Par ailleurs une situation de crise existe aussi de façon importante dans d’autres services (en psychiatrie par exemple) où des praticiens décident de partir à leur tour.
Nous avons recensé récemment que, outre une douzaine de praticiens ayant annoncé récemment leur départ certain, environ dix autres envisagent de le faire à court terme si la situation ne venait pas à s’améliorer.
Ainsi la décision de fermer l’unité de soins intensifs de cardiologie de l’hôpital de Morlaix (USIC) à compter du 1er mai est ainsi très grave et parfaitement inacceptable, et est susceptible de conduire à des réactions en chaîne aux effets destructeurs.
Il y a donc urgence à rouvrir ce service dans un court délai (avant l’été), faute de quoi la situation deviendrait très compliquée, voire difficilement réversible.
Tout cela est accentué par la politique menée par la direction et le climat de défiance qui en résulte actuellement dans les équipes médicales.
Au-delà c’est le service public hospitalier en Pays de Morlaix qui est ébranlé et tout le bassin de vie et d’emploi du Pays de Morlaix qui s’en trouve également affecté (le Centre hospitalier de Morlaix emploie 2 400 personnes ; c’est le premier employeur du Pays de Morlaix).
Il n’est pas acceptable que le centre hospitalier de Morlaix devienne à terme un simple hôpital périphérique ou un SSR.
Les usagers et la population du territoire du Pays de Morlaix ont besoin d’un hôpital de proximité, de plein exercice, doté de tous les services pour les besoins et la sécurité des patients.
Une pétition du comité de défense de l'Hôpital pour la réouverture de la cardiologie qui a déjà recueilli 4500 signatures peut-être signée.