À croire qu’ils n’avaient pas envie de se quitter. Ce jeudi soir, à l’occasion de la dernière séance du conseil municipal avant les vacances, les élus ont débattu pendant trois heures à l’hôtel de ville. Parfois en échangeant quelques piques.
La délibération concernant la dénomination d’une voie à Ploujean n’est pas celle qui a engendré le plus d’échanges, jeudi, lors du dernier conseil avant les vacances. Quoique. Les élus ont tout de même hésité un temps entre la rue des Sternes (qui l’a emporté) et la rue des Trois-Sternes. Parce qu’il en existe effectivement trois types… Non, cette dernière séance a surtout été marquée par le dossier « Action cœur de ville », le théâtre et trois questions orales.
Question « de respect et d’honneur »
La première d’entre elles, et c’est inhabituel, a été traitée en début de conseil, à la demande d’Ismaël Dupont et avec l’accord d’Agnès Le Brun. Elle concernait les Bab Singers, venus en nombre, à qui la ville réclame près de 5 000 € de frais de location de Langolvas pour leur concert du 24 juin 2017. « Leur dernière séance » à eux aussi, comme l’a souligné l’élu communiste. Qui a accusé la municipalité de ne pas avoir tenu sa parole de prendre la location à sa charge. Et de réclamer - « une question de respect et d’honneur » -, que la ville fasse en effort pour que l’association aujourd’hui dissoute puisse régulariser la situation. En réponse, la maire a nié avoir jamais promis la gratuité de la salle, mais indiqué qu’un rendez-vous était programmé avec le Défenseur des droits pour trouver une issue au dossier, « en protégeant les intérêts des uns et des autres ». Au passage, elle n’a pas manqué de pointer la capacité de cette association, dont elle a reconnu l’excellence du travail pendant un quart de siècle, à « se mettre en danger » financièrement.
Cœur de ville au cœur du débat
Dans la foulée, les élus ont attaqué le premier point à l’ordre du jour : la signature de la convention cadre du programme « Action cœur de ville ». Figurant parmi les onze lauréats bretons, la ville a présenté un dossier bâti, rapidement, sur trois axes : mobilité, habitat et commerce. À l’issue de sa présentation, Agnès Le Brun a souhaité associer l’opposition dans la finalisation des actions.
Une proposition qui est visiblement arrivée trop tard aux oreilles d’un Jean-Pierre Cloarec circonspect. « On reconnaît la pertinence de certains de vos projets mais d’autres sont loin d’être aboutis. On n’a jamais été associés. Vous nous demandez de signer un chèque en blanc sans savoir ce que sera ce dossier », a-t-il lâché. Et d’expliquer qu’il s’abstiendrait. Réponse cinglante du maire : « Vous tournez le dos à cinq milliards d’euros sur cinq ans (au niveau national, NDLR). Vous expliquerez ça aux Morlaisiens ».
Jean-Paul Vermot est alors monté au front. « Si depuis des années, votre programme est clair pour le centre-ville, comme vous ne cessez de le dire, pourquoi y a-t-il une difficulté majeure à présenter un dossier complet ? », s’est-il interrogé. « Un coup, nous sommes trop précis, un coup pas assez. Un coup on va trop vite, un coup pas assez. Il s’agit d’un document de travail », lui a rétorqué Agnès Le Brun. Mais le socialiste est revenu à la charge, pointant du doigt les difficultés du centre-ville. « Vous me faites penser au gars qui aime les plages et qui pour les vanter commence par parler des marées noires ». Ambiance…
Théâtre : « danseuse » ou « fierté » ?
Après une accalmie, les choses sérieuses ont repris lors du vote d’une décision modificative au budget, l’opposition devançant la dernière délibération sur le versement d’une subvention de 110 000 € en faveur du théâtre. Un joyau dont la compétence devrait, selon Ismaël Dupont et ses collègues, revenir à Morlaix Communauté, afin de garantir sa pérennité et la qualité de ses spectacles. « On a l’impression que la ville veut garder sa danseuse », a lancé l’élu communiste. « Ce n’est pas une danseuse mais une fierté », a réagi la maire.
Avant de se souhaiter « bonnes vacances », opposition et majorité se sont affrontées par textes interposés sur la fermeture du bureau de Poste de La Boissière. La première reprochant à l’autre, qui s’en défend, de n’avoir rien fait pour l’éviter. « Nous allons passer d’un bureau de poste à 27 heures 30 à un futur relais à 60 heures, ouvert du lundi au samedi », s’est satisfaite Agnès Le Brun. Qui a eu le droit à une dernière attaque sur la « valse des cadres à la mairie » et la « gestion brouillonne des ressources humaines ». C’est Marlène Tilly qui lui a répondu : « Porter des jugements à charge sans vision ni connaissance des dossiers dévoie le rôle de conseiller municipal ». Vivement septembre.