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30 juillet 2018 1 30 /07 /juillet /2018 05:41

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias après avoir signé une loi sur la réforme du rail avec le ministre française des Transports, Elisabeth Borne, à l'Elysée, à Paris, le 27 juin 2018.

A peine promulguée, la réforme du secteur ferroviaire français produit déjà ses premiers effets : l’agence de notation Fitch a abaissé la note de l'EPIC SNCF mobilités. A la clé : une situation financière dégradée à plus ou moins brève échéance.

C’est une gifle pour le gouvernement et Les Républicains qui l’ont soutenu au Parlement lors de l’examen de la «Loi pour un nouveau pacte ferroviaire». L’agence de notation Fitch ratings, basée à Londres, vient de confirmer en partie l’analyse des députés communistes sur le risque financier que constitue la transformation du statut de la SNCF, ainsi que sur les limites des bénéfices à attendre d’une ouverture à la concurrence.

Lors de l’examen de la loi, ils affirmaient que le changement de statut de la SNCF d’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) en société anonyme par actions, loin de «faire évoluer l’organisation du groupe public […] afin d’en améliorer la performance» comme l’affirmait le ministre des Transports Elisabeth Borne en mars, aboutirait mécaniquement à une dégradation de sa situation financière.

En effet, en passant du statut d’entreprise d’Etat à celui de société anonyme, la SNCF change de catégorie d’emprunteur. Compte tenu de la très bonne réputation de solvabilité de l’Etat français, ce changement aboutit mécaniquement à une dégradation de l’appréciation de celle de l’entreprise publique vouée à devenir une société anonyme comme une autre.

Moins d’un mois après la promulgation de la loi par le président de la République Emmanuel Macron, le 28 juin, un communiqué de Fitch explique que l'agence de notation a «abaissé les notes de défaut émetteur (Issuer Default Ratings - IDR) à long terme en devises et en monnaie locale attribuées à SNCF Mobilités de AA à A+ et la note IDR à court terme de F1+ à F1».

La dégradation de deux crans reflète la transformation de SNCF Mobilités en une société anonyme à capitaux publics dans le contexte d'ouverture progressive à la concurrence

L’agence de notation précise : «La dégradation de deux crans reflète la transformation de SNCF Mobilités en une société anonyme à capitaux publics dans le contexte d'ouverture progressive à la concurrence. […] Bien qu'un soutien important de l'Etat soit attendu en cas de besoin, Fitch considère que la perte du statut d'EPIC dans le contexte d'ouverture à la concurrence est une indication d'un relâchement des liens de SNCF Mobilités avec l'Etat, incompatible avec le maintien de l'égalisation des notes avec celles de l'Etat.»

Fitch estime enfin que le contexte d'ouverture à la concurrence, en autorisant les appels d'offres sur les lignes domestiques, «amoindrit l'incitation pour l'Etat à prévenir un défaut sur une obligation financière». En revanche les notes de SNCF Réseau (AA/Stable/F1+), gestionnaire d'infrastructure non exposé à la concurrence, demeurent alignées sur celles de l'Etat.

Le risque d’une contagion sur les autres entreprises publiques

Toutefois, au chapitre «conséquences financières d'un défaut (Elevé)», l’agence considère qu'un défaut de SNCF Mobilités sur ses obligations financières pourrait également avoir un effet de contagion sur le coût de financement d'autres entreprises publiques, «au premier rang desquelles SNCF Réseau qui partage avec SNCF Mobilités son actionnariat et son secteur d'activité économique».  

Une analyse globalement déjà faite par une autre agence de notation de réputation mondiale. Dès juillet 2017, la synthèse de S&P Global (Standard & Poors) consacrée à SNCF Mobilités avait déjà envisagé l'effet produit par les mêmes causes, dans ses scénarios de dégradation de la note de l'EPIC : «En outre, nous pourrions envisager une action de notation négative si nous pensons que le soutien du gouvernement est susceptible de se réduire. Cela pourrait résulter, par exemple, de changements défavorables dans la structure de SNCF Mobilités, dans le cadre réglementaire national ou européen, ou d’un recul du rôle de service public de l'entreprise du point de vue du gouvernement.»

 

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30 juillet 2018 1 30 /07 /juillet /2018 05:40
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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 05:19

 

L’adoption cette nuit par la Knesset (le parlement israélien) de la loi sur « l’État-nation du peuple juif » est un événement majeur : c’est une loi « fondamentale » (l’équivalent de la constitution), et le vote, précipité ces derniers jours, survient aux termes de 7 ans de débat au cours desquels le président israélien s’est lui-même opposé au gouvernement.

Cette loi comporte plusieurs aspects d’une gravité exceptionnelle :

  • Elle officialise l’État d’apartheid en Israël même, en affirmant l’inégalité des droits de ses citoyens palestiniens arabes par rapport aux citoyens juifs : rétrogradation du statut de la langue arabe, possibilité de réserver des localités aux seuls citoyens juifs, droit à l’autodétermination réservé au seul « peuple juif ».
  • Elle foule aux pieds les dispositions du « plan de partage » définies par la résolution 181 de l’Onu, acceptée par Israël (de même que la résolution 194 sur le retour des réfugiés palestiniens) comme condition de son admission à l’ONU.
  • Elle met en danger les citoyens juifs dans le monde entier, en en faisant les parties prenantes de son projet suprémaciste et colonial : c’est un danger qui a été bien vu par 14 organisations juives américaines qui appellent à s’opposer à cette loi.
  • Elle officialise l’annexion de Jérusalem (y compris Jérusalem Est) ; elle cite dès la première ligne la « terre d’Israël » en même temps que l’« État d’Israël », renforçant l’ambiguïté sur ses frontières, qui n’ont toujours pas été définies ! Dans ce contexte, la phrase qui définit l’« implantation juive » comme une « valeur nationale » est lourde de menaces en termes systématisation de la politique d’annexion, de colonisation, de vols de terres, comme aujourd’hui à Khan Al-Ahmar.

Tout autre État adoptant ce type de loi fondamentale aurait été immédiatement mis au ban des nations. Dans le cas présent, seul l’ambassadeur de l’Union européenne, bien isolé, a fait publiquement entendre sa voix.

Lorsque le droit international et les résolutions de l’ONU sont ouvertement violées par une loi fondamentale, lorsque des conceptions racistes et suprémacistes entrent dans la constitution, lorsque l’apartheid est érigé en système, il faut réagir.

Nous appelons nos concitoyens à renforcer leur mobilisation contre ce système qui est en train de miner toutes nos valeurs, en participant à toutes nos campagnes dont nos campagnes BDS.

Au moment où l’on célèbre le centenaire de la naissance de Nelson Mandela et alors que la France est signataire de la convention internationale contre le crime d’apartheid, nous appelons le président de la République et le gouvernement français, bien mal engagés ces derniers temps, au sursaut qui s’impose face à une politique de plus en plus ouvertement affirmée qui devient une menace pour le monde entier.

>>Lire aussi l’interview de l’AFPS avec Dominique Vidal (4 avril 2018) : "Le projet de loi israélienne sur l’« État-nation du peuple juif » : une rupture ?"

Le Bureau national de l’AFPS


19 juillet 2018

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 05:17

 

Après un nouveau report accordé aux experts médicaux, deux ans après la mort d’Adama Traoré dans une gendarmerie, la famille crie au déni de justice et appelle à une marche anniversaire, ce samedi, à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise).

Depuis trois semaines, Assa Traoré court les ­quartiers. Grigny, Ivry-sur-Seine, Sarcelles, Clichy-sous-Bois… Une tournée auprès des habitants pour mobiliser contre les violences policières et dénoncer une justice à deux vitesses. Il y a deux ans, le 19 juillet 2016, son frère Adama Traoré mourrait par asphyxie à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), après une interpellation. Pendant quelques heures, les gradés tairont son décès. Et le quartier Boyenval prendra feu, rappelant à tous les émeutes de 2005 après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Deux ans plus tard, la justice est au point mort. Mais Bagui, Yacouba, Youssouf, Serene et Samba, cinq des frères d’Adama, ont été condamnés pour bagarre, trafic ou outrage. Sans traîner. « Un acharnement judiciaire » dénoncé par le comité Justice pour Adama. « On se bat contre les institutions les plus puissantes qui sont l’État et la justice. Ils ont déclaré la guerre à la famille Traoré et ils ont fait de nous des soldats malgré nous. Pour casser le combat, pour qu’on puisse arrêter, on a mis mes frères en prison et on leur a donné les peines maximales », accuse sans relâche leur sœur, Assa Traoré.

Du côté des uniformes, le temps ne s’est pas écoulé avec la même rapidité. Deux ans après le drame, les gendarmes présents lors de la mort d’Adama n’ont pas encore été auditionnés par la justice. Malgré la révélation par la presse de rapports divergents entre pompiers et gendarmes sur la position de la victime au moment de sa mort. Malgré la contre-expertise médicale ne faisant plus le lien entre une anomalie cardiaque décelée et sa mort après compression thoracique. Malgré la mutation du procureur de la République de Pontoise, mais aussi le dépaysement de l’affaire à Paris, obtenu par Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré.

Qu’attend donc aujourd’hui la juge d’instruction pour entendre enfin les gendarmes ? Une dernière synthèse des expertises médicales. Une attente intenable pour la famille, dans une affaire qui piétine depuis deux ans. Or, cette semaine, la justice vient de tousser à nouveau. Quelques jours avant la date anniversaire de la mort du jeune Traoré, qui aurait 26 ans aujourd’hui, cette fameuse conclusion vient encore d’être repoussée. « La juge bloque l’affaire », s’indigne Assa Traoré, qui défend inlassablement la mémoire de son frère. Commandée en janvier 2018, la synthèse devait être réalisée avant le 15 mai. Une première prorogation avait été acceptée et devait prendre fin à la mi-juillet, juste quelques jours avant la marche anniversaire réclamant « Justice et vérité pour Adama », à Beaumont-sur-Oise, qui se tiendra ce samedi 21 juillet. Mais une source proche de l’enquête nous informait mercredi qu’un nouveau délai avait été autorisé par les magistrats instructeurs, jusqu’au 30 septembre 2018. Une procédure très longue, hors norme. « C’est déplorable, honteux. Les gendarmes sont encore en liberté, s’offusque Assa Traoré. Ils n’ont toujours pas été entendus par la juge, ni mis en examen. Judiciairement, il ne se passe toujours rien. Dans l’affaire de mon frère, on connaît la vérité, il y a des expertises qui sont sorties. Nous en sommes à la troisième. Vous imaginez trois gendarmes, 240 kilos, sur le corps d’un seul homme ? »

ASSA TRAORÉ DANS LES FACS OCCUPÉES ET AUX CÔTÉS DES POSTIERS

Si la conclusion attendue des experts conditionnait l’audition nécessaire des gendarmes, elle devait également entraîner une reconstitution enfin acquise par la famille de la victime, constituée partie civile dans l’affaire. Magistrats et experts ont préféré prendre leur temps. Une décision périlleuse dans le contexte actuel, où violences policières et bavures réapparaissent à la une des journaux. Le 3 juillet dernier, un policier, à Nantes, tuait Aboubakar Fofana, 22 ans, d’une balle dans la gorge. Après avoir évoqué la légitime défense, le CRS mis en examen a parlé de « tir accidentel ». Une enquête a été ouverte… mais à la suite de plusieurs jours d’émeutes. Une semaine plus tôt, l’IGPN publiait pour la première fois, contrairement à de nombreux pays aux statistiques plus transparentes, le nombre de personnes blessées ou tuées par la police nationale, soit 14 morts et une centaine de blessés entre le 1er juillet 2017 et le 31 mai 2018. L’IGPN remarque aussi cette année une hausse de 54 % de l’usage d’armes à feu par les policiers. Or, depuis février 2017, une loi a élargi le périmètre autorisant un agent à tirer dans le cadre de la légitime défense. La police des polices refuse d’y voir une relation de cause à effet.

De son côté, depuis un an, le comité Justice pour Adama agit sur le terrain, franchit le périphérique pour alerter et rassembler autour de son combat. On pouvait rencontrer Assa Traoré sur les bancs de Tolbiac ou de Saint-Denis pendant l’occupation des universités, l’écouter dans les manifestations contre la loi travail avec le front social, en soutien aux postiers en lutte, dans la marche des fiertés, « braquer » le cortège de tête lors de la marée populaire anti-Macron ou encore plus récemment aux côtés de la féministe américaine Angela Davis. « Le combat Adama, c’est un combat rassembleur, qui doit être porté par toute la France, par toutes les classes sociales, explique Assa Traoré. Qu’importe d’où tu viens. Dans les quartiers populaires, cela fait longtemps qu’on tue. Quand elle atteint aussi vos classes sociales, ne soyez pas spectateurs de ce qui nous arrive. »

« LE COMPORTEMENT POLICIER N’A PAS CHANGÉ EN TRENTE ANS »

Aux militants associatifs ou syndicaux victimes de violences policières qui évoquent la convergence des luttes, Assa Traoré dit préférer le mot « alliance ». Chacun peut ainsi sauvegarder l’identité de son combat et rester son « propre porte-parole », tout en partageant une cause commune contre l’État répressif : « Nous venons dans vos luttes, déplacez-vous et venez nous rejoindre dans nos luttes. » Et le message porte ses fruits. La Fondation Copernic, FI, le PCF, le NPA, Génération.s, la Fête à Macron appellent à franchir le périph pour rejoindre la marche pour Adama, ce samedi. Des personnalités comme l’écrivain Édouard Louis ou le philosophe Geoffroy de Lagasnerie veulent aussi accompagner « ce mouvement très important, qui aujourd’hui redéfinit la gauche, redéfinit le présent, et redéfinit la politique ».

« Ce qui a changé, c’est que ce mouvement des quartiers est plus proche aujourd’hui des partis politiques, analyse Yazid Kherfi, consultant en prévention urbaine. S’il y a plus de personnes concernées, on peut faire bouger les choses. Mais le problème reste le comportement policier qui, lui, n’a pas changé en trente ans. On remet en cause toutes les institutions, sauf la police ! Créer la police de sécurité du quotidien ne changera rien si la formation initiale ne bouge pas. On a tous besoin de la police, mais d’une police sans préjugés, qui respecte la loi, son code déontologique, et qui est sanctionnée. C’est une histoire de justice. » Mais ce combat collectif et fédérateur est bien issu des quartiers. Après le ramadan, Assa Traoré a sillonné la banlieue pour raconter et toujours mobiliser. « On rentrait comme ça dans les quartiers, parfois on connaissait des habitants, on tournait. On voit qu’ils suivent, qu’ils connaissent l’affaire Adama. Samedi, ce ne sera pas la marche d’Adama Traoré, mais de tous les Adama Traoré, tous ces jeunes hommes tués par ce système-là, par ces gendarmes-là, comme si ils étaient nuisibles, et qu’il fallait les faire disparaître. Si aujourd’hui on doit faire lever tous les quartiers de France pour cette marche, il s’agit aussi de leur donner de la visibilité. Ils existent, respirent, ont un cœur. Ce sont des personnes à part entière qui veulent participer au changement de ce monde, renverser un système injuste pour participer à la construction de cette France-là. » Une France qui demandera des comptes et la justice pour Adama, ce 21 juillet, à 14 heures, en marchant à Beaumont-sur-Oise.

La sœur d’Adama, Assa Traoré, interpelle le président de la république

Dans cette lettre ouverte à Emmanuel Macron, publiée dans l’Obs ce 18 juillet, Assa Traoré s’exclame : « Je ne demande rien, monsieur le président, madame la garde des Sceaux, que ce dont vous êtes les garants. La justice. Le droit de savoir ce qui est arrivé à mon frère. Le droit de comprendre ce qui a conduit à sa mort. » Elle insiste également sur le fait que « ces questions ne sont pas seulement celles d’une famille qui considère que la vérité est une issue au deuil. Ce sont aussi les vôtres, celle de tout un pays qui doit comprendre comment il est possible de mourir à 24 ans dans une gendarmerie en France, au XXIe siècle, pour rien. Les principes fondamentaux dont vous êtes les garants vous obligent. La vie d’Adama Traoré, citoyen français, ne valait pas moins qu’une autre. Sa mort mérite des réponses ».

Kareen Janselme

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 05:16

 

Une enquête "loyers parisiens" de l'association CLCV montre que les bailleurs privés ont en moyenne augmenté leur tarifs de 17 % depuis l’annulation par la justice, il y a six mois, de l’arrêté limitant les possibilités de hausse.

La bride est lâchée. À peine six mois après la décision du tribunal administratif de mettre un terme à l’encadrement des loyers dans la capitale, les bailleurs qui pratiquent des prix supérieurs à ceux du marché sont de plus en plus nombreux. Selon une étude publiée hier par l’association Consommation logement, cadre de vie (CLCV), le nombre de propriétaires qui pratiquent des prix conformes à ceux encadrés est, pour la première fois depuis 2015, repassé sous la barre des 50 %. En un an il a chuté, passant de 61 % à 48 %, note l’organisation, qui a étudié à la loupe plus de 1 000 annonces immobilières. « À peine l’annulation de l’encadrement a-t-elle été prononcée que les bailleurs en ont profité pour revoir leurs pratiques et majorer leurs loyers dans des proportions supérieures à celle du marché », constate, inquiète, CLCV. La mesure phare de la loi Alur, mise en œuvre il y a deux ans dans la capitale, avait permis de stabiliser les montants. C’est du passé.

« Pour les locataires, cette situation est très problématique »

Le non-respect de règles d’encadrement a un coût. En moyenne, les dépassements par rapport aux prix autorisés atteignent 128,09 euros par mois, soit 1 537,08 euros par an. Mais certaines hausses peuvent être beaucoup plus importantes. L’étude de CLCV donne l’exemple d’un deux-pièces de 27 m2 dans le 18e arrondissement loué 1 260 euros au lieu de 828,90 euros, soit 5 463,60 euros de plus par an à sortir de sa poche pour le locataire. Dans le 16e, un meublé d’une pièce loué 218,70 euros de plus que le prix encadré coûte 2 624,40 euros supplémentaires par an à son occupant. Une somme très importante, voir rédhibitoire, pour des salariés au Smic ou légèrement au-dessus et qui doivent déjà faire de nombreux sacrifices pour pouvoir se loger dans la capitale. « Pour les locataires, cette situation est très problématique car elle va avoir un impact direct sur leur pouvoir d’achat », note l’organisation de défense des consommateurs. Elle s’inquiète aussi des « risques d’effet boule de neige » sur un marché déjà très tendu, puisque les nouveaux tarifs appliqués vont devenir la référence pour la fixation des prix à venir.

L’augmentation du nombre d’appartements mis en location à des prix supérieurs à ceux définis par les règles d’encadrement est, plus ou moins, identique selon le nombre de pièces (autour de 10 % en plus pour les une, deux et quatre-pièces, seuls les trois-pièces se révèlent stables). Mais ses effets touchent plus les petites surfaces. En raison de l’importance de la demande, leurs prix au mètre carré étaient déjà plus élevés que ceux des grands appartements. Elles ont été en plus, à partir de 2015, moins nombreuses à pratiquer des prix conformes à la législation. Ce bond des prix des petites surfaces est d’autant plus dommageable qu’il vise des logements occupés par des jeunes, des étudiants ou des publics fragiles économiquement.

L’encadrement « instaure un garde-fou et limite les abus de certains bailleurs qui n’hésitent pas à pratiquer des loyers très élevés pour des logements qui ne le justifient nullement », observe CLCV, qui demande sa remise en place dans sa version initiale, et non pas sur la seule base du volontariat des communes, comme le propose la nouvelle loi logement (loi Elan) du gouvernement.

« Est-ce qu’on considère qu’on doit laisser le marché agir tout seul dans nos grandes métropoles ? interroge Ian Brossat, adjoint PCF en charge du logement à la Mairie de Paris, en réaction aux données de CLCV. Si on le laisse, les classes moyennes seront obligées de partir, et moi je souhaite que Paris reste une ville mixte, accessible à des gens qui travaillent et qui ont des revenus moyens, et ça, ça suppose d’éviter que les prix des loyers s’envolent. » Opposée dès le départ à la remise en cause de l’encadrement qu’elle avait été la première à instaurer, la municipalité a annoncé que, conformément à une disposition taillée sur mesure de la loi Elan, elle allait, dès septembre, la remettre en place.

Réhabilitation en trompe-l’œil de l’encadrement

Le gouvernement a réintroduit l’encadrement des loyers dans sa loi Elan, mais sous une forme édulcorée. La mesure pourra, pendant cinq ans, être adoptée sur une base volontaire par une communauté de communes ou par certaines métropoles. Elle sera conditionnée à la mise en place préalable d’un observatoire des loyers. Prévu à l’origine pour être appliqué dans 28 agglomérations, l’encadrement avait vu sa portée limitée par une décision unilatérale du premier ministre Manuel Valls. Seul Paris, puis Lille l’avaient appliqué, avant que la justice annule en 2017 leurs arrêtés, estimant que l’application de l’encadrement à une seule commune était contraire à la loi.

Camille Bauer

 

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 05:15

 

À l’initiative d’une convention nationale sur l’accueil et les migrations,  le maire de Grande-Synthe (Nord), s'engage pour un accueil inconditionnel des migrants, et a contraint l’Etat à prendre ses responsabilités.

«Ils sont des demandeurs de refuge. Ils ont dû quitter leur famille, leurs amis, leur culture, leur patrimoine. Ce choix, ils l’ont fait pour de multiples raisons, pour fuir une dictature, le terrorisme, la misère. Je m’en fiche. Aucun ne l’a fait pas plaisir, mais pour survivre. Nous n’avons pas à les juger, mais à les accueillir dignement. La fraternité fait bien partie de la devise de notre République ? » rappelle Damien Carême, maire de Grande-Synthe.

Face à la logique de fermeture des frontières européennes et de la répression, cet élu Europe Écologie-les Verts (EELV) est à l’initiative d’une convention nationale sur l’accueil et les migrations. Elle a été organisée, en mars, pour la première fois, dans sa ville. En ouverture de cet événement, il a proposé la signature « d’un manifeste pour défendre une politique d’accueil des demandeurs de refuge. C’est rendu possible par la collaboration de l’État qui finance, et des associations qui servent d’interface entre les populations accueillantes et accueillies. Car il ne s’agit aucunement d’une crise des migrants, mais d’accueil. La France et l’Union européenne en ont largement les moyens ».

Homme de terrain, Damien Carême, avec l’association Médecins sans frontières, avait décidé, en mars 2016, de construire un premier centre d’accueil français conforme aux normes internationales : la Linière. Il a ainsi contraint l’État à prendre ses responsabilités. Finalement, en avril 2017, le centre a été réduit en cendres. « C’est une expérience humaine extraordinaire que nous avons réussi à faire fonctionner grâce à l’investissement de tous. J’espère ne pas avoir à le refaire. Mais cela pourrait bien être le cas car il n’y pas de centres d’accueil suffisants. Il y a encore 700 exilés qui sont à ­Calais, 500 à Grande-Synthe, d’autres à Cherbourg, Rouen, Le Havre… »

Le maire n’a pas baissé les bras depuis l’incendie. Il multiplie les rencontres pour parler de son expérience et vaincre les fantasmes. « Il faut aussi mener une bataille politique contre la loi asile et immigration, les accords européens avec la Turquie, la Libye. Le gouvernement et le président doivent également comprendre que l’Angleterre reste un appel d’air pour de nombreux réfugiés (1). C’est le seul pays qui n’applique pas le mécanisme de Dublin. »

(1) Il a écrit une lettre à l’Élysée pour échanger sur l’urgence humanitaire. Sans réponse jusqu’à maintenant.

 

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 05:13

 

Le philosophe Yvon Quiniou estime qu’en menant une politique qui favorise la classe capitaliste dominante, Macron rend visible la structuration en classes de la société et alimente la montée des conflits.

«Notre situation politique est paradoxale à plus d’un titre. Nous sommes dirigés par un président élu par seulement 43 % des inscrits et au surplus par défaut : pour éviter Marine Le Pen. Il en a à peine conscience puisqu’il prétend incarner “le peuple tout entier” dont il se croit parfois “le roi” (sic), et il règne comme un monarque de droit divin dans la toute-puissance et la verticalité absolue, étouffant le rôle légitime des diverses instances représentatives comme le Parlement, les corps intermédiaires et les syndicats.

Par ailleurs, pour se faire élire, il s’est dit à la fois de droite et de gauche, ce qui est un pur mensonge : il vient d’un gouvernement qui se déclarait de gauche alors qu’il appliquait déjà une politique économique de droite dont il était l’inspirateur. Désormais président, il révèle sa vraie nature : c’est un président réactionnaire, mettant en œuvre un néolibéralisme hallucinant qu’on croit tirer du théoricien américain Hayek, qu’on n’aurait jamais cru possible en France tant il y a chez nous un héritage social de gauche, issu en particulier du programme du Conseil national de la Résistance avec ses avancées formidables. Or, il fait exactement le contraire, réalisant ce que la pire droite rêvait de faire.

UN EXÉCUTIF QUI S’EN PREND AU RÔLE DE L’ÉTAT

Il s’en prend au rôle de l’État, privatisant à tout va et attaquant les services publics, comme dans le domaine des transports, de la poste, de la santé en réduisant les effectifs des hôpitaux ou en transférant certaines de leurs fonctions, les plus rentables, vers les cliniques privées, en faisant exercer une pression au travail insupportable, etc. Dans le registre de la répartition de la richesse, produite, il ne faut pas l’oublier, par le peuple travailleur, il mène une politique fiscale favorable aux riches et même aux “très riches”, par une réduction de l’impôt sur les grandes fortunes ou par des décisions favorables aux patrons, qui augmente leurs profits et ceux de leurs actionnaires, sans que rien n’en soit réinvesti dans la production et l’emploi. Enfin, dans le domaine social, il entend réduire l’importance des syndicats par des mesures habiles mais retorses, sans laquelle la démocratie d’entreprise n’a guère de sens. Et il ne cesse de s’en prendre aux aides sociales, qui coûteraient trop de “pognon” à la nation !

Tout cela traduit bien une politique de classe au sens même de Marx – celle qui favorise la classe capitaliste dominante, propriétaire des moyens de production –, plus même : elle rend visible la structuration en classes de notre société, que son discours nie au nom du rôle de l’individu, comme elle rend visibles les inégalités de revenus qui vont croissant, avec un appauvrissement absolu du monde du travail, mais aussi des classes moyennes, sans compter l’augmentation du nombre des laissés-pour-compte du système. Et on mentionnera à peine tous les éléments de langage par lesquels il manifeste sans retenue un mépris pour les membres des classes populaires, indigne d’un président de la République censé respecter humainement, et au moins verbalement, tous ses citoyens.

HÉMORRAGIES

Tout cela a une conséquence qu’il n’avait pas prévue : une montée considérable des conflits, un an après son élection, dans presque tous les domaines de notre vie sociale, avec grèves longues et manifestations de rue importantes, et une baisse spectaculaire de sa popularité qui en fait un président minoritaire dans l’opinion. Sauf que cela ne s’est pas encore coagulé en un mouvement d’ensemble par manque d’une alternative crédible à gauche. C’est pourquoi il faut recréer un horizon politique fort, critiquant le capitalisme et rassemblant, dans une unité nécessairement plurielle, tous ceux qui pensent que ce système doit être dépassé car il est invivable et injuste. C’est l’occasion de rappeler à Macron que l’efficacité n’est pas la justice, qu’elle peut même lui être contraire et susciter des colères dangereuses comme celles qui alimentent le populisme. Car il faut voir, sauf à être naïf ou malhonnête, que le feu couve ! »

 

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 05:11

 

En Amérique centrale le « communisme » n’a pas été, dans les années 1920, le fruit d’interventions de l’Internationale et de ses agents.

Le « communisme » ne se décrète, ne s’exporte, ni se proclame. En Amérique, ses racines sont d’abord « idiosyncratiques », endogènes, comme l’essentiel du marxisme des années 1920-début des années 1930, porté par des penseurs de haut vol, « originaux », critiques, créatifs, « indépendants », comme Mariategui, Mella, Recabarren, nous l’avons déjà abordé. Au fil des luttes, ils adhèreront peu à peu à l’Internationale Communiste (IC). Ce n’est que plus tard que l’IC imposera ses concepts, ses codes, son fonctionnement... La « soviétisation » de la plupart des partis communistes d’Amérique du sud et centrale les a conduits à l’importation de modèles « étrangers », inadaptés aux réalités locales, étroits, dogmatiques. C’est ainsi par exemple qu’à l’exception de Mariategui, les communistes andins sous-estimeront, voire ignoreront, les problématiques indigénistes, les traditions communautaires, la propriété collective des « ayllus », des « marca »...

A l’époque pré-colombienne, les populations indiennes se constituèrent en communautés de paysans, d’artisans... La communauté attribuait à chaque famille un terrain. Ces pratiques (collectivistes ?) développent un sentiment d’exploitation, de possession, certes, mais communautaire, de la terre. Les Espagnols détruisirent ces communautés « subversives » et concentrèrent la terre en immenses « haciendas » privées, aux mains des créoles. En 1880, une loi interdit même de faire paître les troupeaux sur les terres en friche et en finit avec les « terres communales ». Malgré les tensions avec la métropole, les structures d’exploitation restent en place et se consolident. Les créoles s’emparent du nouvel Etat ; l’oligarchie du café l’accapare. Les caféiers ont besoin des meilleures terres. La crise sans fond des années 1920 provoque de nombreux soulèvements paysans... Au Salvador, tout dépend du café.

Dans ces années 1920, les peuples revendiquent aussi une République centre-américaine... La répression des classes dominantes ensanglante le pays.

Farabundo Marti, arrêté à plusieurs reprises, libéré par la pression populaire, contribue à la création d’organisations révolutionnaires dans plusieurs pays d’Amérique centrale. Il fait ses études à l’Université de San Salvador. Au Guatemala, il fonde le parti socialiste centre-américain.

En 1929, Farabundo rejoint Sandino au Nicaragua et devient un temps son secrétaire particulier. En 1929, au premier congrès syndical des travailleurs, les militants latino-américains décident de former la Confédération syndicale latino-américaine... A la fin de décembre 1929, la violente crise économique provoque l’effondrement du prix du café . Les campagnes se révoltent. La famine gagne... Le 30 mars 1930, Farabundo Marti et une poignée de lutteurs créent le parti communiste d’El Salvador. Farabundo se démultiplie, toujours devant.

En 1931, le parti travailliste pactise, quant à lui, avec le général Maximiliano Hernandez. Insupportable trahison... s’allier avec Maximiliano Hernandez Martinez, le futur bourreau !! Anticommunisme quand tu nous tiens... En mars l’explosion se prépare... Maximiliano s’impose comme « vice » puis comme « président ». Ses appuis civils sont « réformistes »... Les travaillistes cautionneront ainsi, bien qu’ils s’en défendent, 30 ans de dictature militaire féroce. Le PCS mène une lutte au plus haut point difficile et décide de se présenter aux élections de 1932.

Le PCS gagne de nombreuses localités... L’oligarchie « a les jetons » !

14 janvier, le PCS lance l’insurrection, la « grève générale insurrectionnelle ». Le 19 janvier, Farabundo Marti est détenu. Et livré à la « justice militaire ».

Le  22 janvier l’insurrection se propage . Des dizaines de milliers de paysans, de sans terre, armés de machettes, attaquent les « haciendas ». Le peuple prend le pouvoir, crée des milices. Les Etats-Unis fournissent à leurs marionnettes, Maximiliano, l’église, l’armée, et aux « 14 familles » de l’oligarchie, des mitrailleuses « modernes » Thompson dernier cri. Machettes contre mitrailleuses. La répression touche au génocide. L’armée oblige les prisonniers à creuser leurs fosses communes... A l’étranger, on parle aussi de « génocide », mais la solidarité reste sur le papier. Les photos, corps entassés, portent comme légendes : « bolchéviques morts». 30.000 militants du PCS, paysans, sympathisants... Pas l’ombre d’un char soviétique !

30.000 morts. Victimes de la répression impitoyable des possédants !!! soit 4% de la population anéantie ! Ah qu’ils ont la mémoire sélective nos paladins du « monde libre » !!

Le premier mars 1932, Marti, considéré comme le chef « communiste » de l’insurrection, (condamné à mort par un tribunal de traîtres), est fusillé. Pour tenter de sauver ses camarades, « il prend tout sur lui ».

La « soviétisation », les schémas de classe rigides, n’empêchent pas les militants de mener au Salvador, au Guatemala... des luttes populaires, paysannes, héroïques... Il est temps de sortir de l’oubli quasi général ces grandes figures communistes, révolutionnaires. La plupart seront fusillées, assassinées, torturées jusqu’à ce que mort s’en suive.

Hors du petit monde des latino-américanistes, qui connaît AGUSTIN FARABUNDO MARTI, fondateur et leader du parti communiste d’El Salvador ? Un héros, et pas de pacotille. Le terme a été si galvaudé...

En 1980 naîtra, de l’unité de quatre organisations révolutionnaires, dont le PCS, le Front Farabundo Marti de Libération Nationale, victorieux aux élections générales de 2009 et 2014.

Communistes, nous sommes héritiers de cette histoire. La faire vivre, cela s’appelle l’Internationalisme. Un « gros mot », plus que jamais d’actualité.

 

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28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 05:36

 

L'éditorial de Laurent Mouloud. Finalement, l’un ne va pas sans l’autre.

Finalement, l’un ne va pas sans l’autre. Les explications livrées hier par Alexandre Benalla au journal le Monde en disent autant sur la morgue de l’ex-collaborateur licencié que sur l’irresponsabilité d’Emmanuel Macron, qui continue, vaille que vaille, de lui témoigner haut et fort sa « confiance ». Au fond, on retrouve dans les mots d’Alexandre Benalla le même ton bravache et provocateur que celui employé par le chef de l’État lors de son discours, mardi soir, devant les députés de LaREM.

Le premier, tout à ses explications vaseuses sur son rôle dans la manifestation du 1er Mai, ne comprend même pas qu’on puisse lui reprocher sa brutalité. « Si je n’étais pas collaborateur de l’Élysée, je referais la même chose », ose-t-il. Le second, dans une harangue à ses troupes, n’hésite pas à railler les contre-pouvoirs républicains, du Parlement à la presse. Avant de lancer à l’attention d’un Benalla poursuivi pour violences aggravées : « Je suis fier de l’avoir embauché à l’Élysée ! » D’une arrogance à l’autre, nous voici face à deux personnages unis par un même sentiment de toute-puissance. Et une prétention bien mal placée.

À l’évidence, ces discours en miroir sur le mode « je n’ai de comptes à rendre à personne » devraient alerter sur la dérive monarchique qu’Emmanuel Macron n’hésite pas à imprimer à son quinquennat. Mais également sur le degré de violence jugée « légitime » que l’exécutif est prêt à laisser s’exprimer pour imposer ses vues. Le Défenseur des droits l’a évoqué avec brio mercredi, devant la commission d’enquête parlementaire du Sénat. Au-delà du dérapage musclé de Benalla, Jacques Toubon pointe surtout le contexte de brutalité policière dans lequel il a eu lieu. Et la nécessaire réflexion à mener sur une doctrine du maintien de l’ordre plus respectueuse des libertés publiques, à commencer par celle de manifester.

Une suggestion, sait-on jamais, qu’Emmanuel Macron serait bien inspiré de prendre au vol, plutôt que de s’enferrer et de défendre coûte que coûte ses affidés autant que ses intérêts.

Par Laurent Mouloud

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28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 05:25

 

Ce vendredi 27 juillet 2018, les groupes parlementaires Nouvelle gauche, La France insoumise, Gauche démocrate et républicaine, représentés respectivement par Valérie Rabault, Eric Coquerel et Stéphane Peu ont déposé au bureau de l’Assemblée nationale une motion de censure dont voici le texte :

 

Notre pays traverse une crise politique qui révèle des dysfonctionnements graves au sommet de l’État et au cœur des institutions républicaines. Les auditions des commissions parlementaires et les révélations de la presse attestent de la dérive autocratique et du sentiment d’impunité qui prévalent au plus haut sommet de l’État.

Des employés de l’Élysée, collaborateurs de la Présidence de la République, ont participé à des opérations de police le 1er mai 2018, indépendamment de la hiérarchie préfectorale et policière, en usurpant insignes et fonctions et en faisant preuve d’une violence intolérable à l’égard de citoyens.

Malgré l’illégalité de ces actes, les responsables informés n’ont pas jugé bon d’en référer au procureur de la République comme le leur impose pourtant l’article 40 du Code de procédure pénale. Il apparaît donc que plusieurs responsables au plus haut niveau de l’État ont tenté de dissimuler volontairement des faits qui auraient dû être signalés à l’autorité judiciaire. Ces faits ne peuvent laisser le Parlement indifférent, au moment où le pouvoir exécutif entend de surcroît diminuer ses capacités d’initiative, d’évaluation et de contrôle. Ces circonstances exceptionnelles soulignent combien la teneur du projet de réforme constitutionnelle défendu par la majorité n’est pas à la hauteur de la crise des institutions de la VRépublique.

 

Ces faits interrogent les habitudes du président de la République en matière de sécurité, la pratique gouvernementale en matière d’ordre public, et plus généralement une pratique du pouvoir et des institutions. Ils fragilisent l’autorité de l’État. Ils expriment une irresponsabilité assumée du pouvoir alors que le Premier ministre, selon l’article 21 de la Constitution, assure l’exécution des lois et dirige l’action d’un Gouvernement qui comprend le ministre de l’Intérieur.

 

Pendant une semaine, le Premier ministre a refusé de s’exprimer devant l’Assemblée nationale, alors qu’il est responsable devant elle selon l’article 20 de la Constitution. Il a notamment décliné les sollicitations émanant des groupes parlementaires, en vertu de l’article 50-1 de la Constitution.

 

Enfin, cette crise au sommet de l’Etat a atteint l’Assemblée nationale au lendemain de l’intervention du Président de la République devant sa majorité. Depuis, les députés de la République en Marche ont fait obstruction au bon fonctionnement de la commission d’enquête parlementaire, mise en place grâce au volontarisme des groupes d’opposition. Cette commission d’enquête a été verrouillée de telle manière que ses travaux ne permettent pas de faire émerger la vérité.

 

La confiance que le peuple doit accorder au Gouvernement et dans ses institutions est donc compromise.

L’Assemblée nationale doit pouvoir s’exprimer sur la responsabilité du gouvernement et lui retirer la confiance que son comportement a rompue.

Ils ont menti pour se protéger, nous avons cherché la vérité, ils ont refusé de s’expliquer, il ne nous reste plus qu’un moyen : la motion de censure que nous déposons en vertu de l’article 49-2.

 

Les signataires :

André Chassaigne, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Rabault, Clémentine Autain, Joël Aviragnet, Ericka Bareigts, Marie-Noëlle Battistel, Huguette Bello, Ugo Bernalicis, Gisèle Biémouret, Christophe Bouillon, Jean-Louis Bricout, Moetai Brotherson, Alain Bruneel, Marie-George Buffet, Luc Carvounas, Éric Coquerel, Alexis Corbière, Alain David, Pierre Dharréville, Jean-Paul Dufrègne, Laurence Dumont, Elsa Faucillon, Olivier Faure, Caroline Fiat, Guillaume Garot, David Habib, Christian Hutin, Régis Juanico, Sébastien Jumel, Marietta Karamanli, Bastien Lachaud, Jérôme Lambert, Michel Larive, Jean-Paul Lecoq, Serge Letchimy, Josette Manin, Jean-Philippe Nilor, Danièle Obono, Mathilde Panot, George Pau-Langevin, Stéphane Peu, Christine Pires Beaune, Dominique Potier, Loïc Prud’homme, Joaquim Pueyo, François Pupponi, Adrien Quatennens, Jean-Hugues Ratenon, Muriel Ressiguier, Fabien Roussel, Sabine Rubin, François Ruffin, Hervé Saulignac, Gabriel Serville, Bénédicte Taurine, Sylvie Tolmont, Cécile Untermaier, Hélène Vainqueur-Christophe, Boris Vallaud, Michèle Victory, Hubert Wulfranc.

 

C’est le président du groupe PCF à l'Assemblée Nationale André Chassaigne qui défendra la motion de censure des groupes Nouvelle Gauche, communistes et La France insoumise

 

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