Plus de 1 700 habitants de l’Oise ont pris la route, ce samedi, pour Dieppe dans le cadre du dispositif « Une Journée à la mer », destiné aux plus modestes.
Il est 10 heures. Isra fixe la mer. « C’est magnifique. Ça change de Beauvais », confie-t-elle. Cette lycéenne de 15 ans fait partie des 1 700 habitants de l’Oise qui ont pris, ce samedi matin, la route pour Dieppe dans le cadre dudispositif « Une Journée à la mer ». Organisé par le Parti communiste français (PCF), il vise à permettre aux personnes modestes de partir en vacances.
« Le seul fait de partir représente une petite lueur d’espoir », commente Thierry Aury, secrétaire départemental du parti. Si la journée est ouverte à toute personne, militante ou non, elle n’en garde pas moins un aspect politique. Dans les cars en partance pour Dieppe, un discours est prononcé par chaque responsable, ponctué de commentaires sur la situation sociale du pays : « Ici, personne n’a eu une piscine privée payée par l’argent publiccomme Brigitte au Fort de Briançon», peut-on ainsi entendre.
Aurélie, 29 ans, est venue avec ses deux enfants. A cause de problèmes de santé, elle ne peut ni travailler, ni passer le permis de conduire. « Dans ces conditions, c’est compliqué de partir en vacances », confie la jeune femme dans le car, sa petite fille endormie sur les genoux. Ce qu’elle espère de cette journée ? « Changer d’air », simplement. Christiane, elle, est accompagnée de quelques copines. Cette retraitée de 69 ans n’a qu’une hâte : « manger une moule au roquefort ! ».
Peu avant 10 heures, les vacanciers débarquent sur l’esplanade de Dieppe, surplombée par le château de la ville, qui abrite la plus grande collection d’ivoire de France. Cris de mouettes, vent marin, le décor est posé. Nicolas Langlois, le maire communiste, est même là pour accueillir les familles et se prête volontiers au jeu des photos.
De son côté, Aurélie s’est faufilée direction le marché de la ville. « C’est immense, on s’y perd ! », s’amuse-t-elle. Pendant ce temps, Florian, 17 ans, profite de la plage avec son groupe d’amis. « J’ai mis la main, elle est bonne », assure le jeune homme qui découvre Dieppe pour la première fois. Derrière lui, les vagues se brisent sur les galets, tandis que quelques baigneurs affrontent timidement l’eau.
Dans le centre-ville, Prat boit un coup au « Café suisse », qui jouxte le port de plaisance. Il est venu avec douze de ses amis, tous réunis autour d’une même passion : le jardinage. « Chaque année, on vient. Ça nous permet de passer un moment convivial », confie l’homme de 58 ans qui dit ne plus pouvoir partir en vacances « à cause des impôts locaux ».
Au même moment, Michel et Béatrice viennent de se mettre à table à la petite brasserie La Cravache d’Or. Au menu du jour : moules marinières et ses frites maison. Le couple en convient : s’ils viennent ici, ça n’est pas par manque de moyens. « Ce qui me plaît avant tout, c’est l’esprit de l’initiative », explique Michel. « On aurait pu venir par nos propres moyens, mais c’est plus pour participer à cet élan de solidarité qu’on est là », détaille ce retraité de 70 ans.
Tous les participants semblent ravis de leur journée passée à la mer. A l’image de Virginie, qui participe pour la quatrième fois. « Aujourd’hui, on a fait un tour de 45 minutes en bateau, c’était une bonne expérience », raconte cette mère de famille de 36 ans, les mains remplies de crêpes au Nutella et de beignets, sur la plage. De son côté, François, chapeau de paille vissé sur la tête, l’assure : il reviendra l’année prochaine, « sans hésiter ».
photo Thierry Aury journée à la mer organisée par le PCF à Dieppe
photo Thierry Aury journée à la mer organisée par le PCF à Dieppe
Gros succès de la 24e journée à la mer à l'initiative du PCF à Dieppe ! 29 cars et plus de 1750 personnes ... et du bonheur partagé. Un bout de droit aux vacances arraché pour des centaines de familles "qui n'ont pas un pognon de dingue, ni une piscine privée à Bregançon" ! Toujours un accueil chaleureux de nos camarades dieppois, en premier lieu mon ami Nicolas Langlois, le jeune maire communiste de cette ville vivante et rebelle. Et puis en plus de la plage, des musées, du château et de la cité de la mer avec son aquarium ouverts gratuitement, de la fête, des concerts gratuits, des balades en ville, sur le marché, sur les quais des ports, des moules-frites, cette journée de solidarité concrète c'est aussi l'occasion de centaines de discussions et de contacts noués, de pétitions signées pour "un plan d'urgence pour la Santé", de populariser la Fête de l'Huma, d'adhérer au PCF pour être plus nombreux à agir pour l'humain d'abord ! "Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre" disait le poète Paul Eluard. Vive la Journée à la mer !
Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF de l'Oise
Alexis Tsipras et Pierre Laurent (photo Le Figaro)
Maintenant, laissez la Grèce se reconstruire ! Communiqué dePierre Laurent
La Grèce sort aujourd’hui officiellement de son 3e plan d’« aide », après 8 ans de mesures d’austérité qui ont appauvri les travailleurs.ses et les familles et fait chuter le PIB du pays de 25 % pour protéger les arrières de la finance.
Alors qu’une page peut se tourner, déjà Pierre Moscovici et autres acteurs de la troïka, déclarent que « La fin du programme n’est pas la fin des réformes », sous entendant que les partenaires européens et créanciers de la Grèce ne laisseront pas les mains libres à Alexis Tsipras ; lequel a annoncé un programme de reconstruction de l’État social et de redressement productif.
L’extorsion en juillet 2015, par l’Eurogroupe, à une Grèce asphyxiée financièrement, d’un memorandum d’austérité et d’une mise sous tutelle du pays, était une grave faute politique aux conséquences lourdes pour l’ensemble de l’Europe. Cette négation de la souveraineté populaire, cette humiliation, aura servi à n’en pas douter la progression de l’extrême droite sur tout le continent.
Aujourd’hui, je le dis solennellement au gouvernement de la France, à ceux de la zone euro et aux institutions financières : plus jamais ça ! Maintenant, laissez la Grèce se reconstruire.
Après son passage au Festival de Douarnenez, le réalisateurMichel Toescapoursuivra son périple breton dans six salles du réseau Cinéphare avec son documentaire consacré au combat citoyen de Cédric Herrou pour les réfugiés.
France / 1h40 / Sortie le 26 septembre / Jour2fête
La Roya, vallée du sud de la France frontalière avec l'Italie. Cédric Herrou, agriculteur, y cultive ses oliviers. Le jour où il croise la route des réfugiés, il décide, avec d’autres habitants de la vallée, de les accueillir. De leur offrir un refuge et de les aider à déposer leur demande d'asile. Mais en agissant ainsi, il est considéré hors la loi... Michel Toesca, ami de longue date de Cédric et habitant aussi de la Roya, l’a suivi durant trois ans. Témoin concerné et sensibilisé, caméra en main, il a participé et filmé au jour le jour cette résistance citoyenne. Ce film est l'histoire du combat de Cédric et de tant d’autres. .
Dim 26 août ................21h à Penmarc'h Cinéma Eckmühl Lun 27 août ................20h15 à HuelgoatArthus Ciné Mar 28 août ................21h à Groixcinéma des familles(asso Cinéf'ïles) Mer 29 août .................21h à Saint-Renancinéma Le Bretagne Jeu 30 août .................20h30 à Plougastel-Daoulascinéma L'Image Ven 31 août .................20h30 à RedonCinémanivel
Pour plus d'information et toutes nos actualitésCinephare
FESTIVAL DE CANNES 2018 - Séance spéciale Mention spéciale - À l'Oeil d'or, Prix du documentaire
Michel Toesca est cinéaste indépendant. Né à Nice en 1960, il s’installe à Paris en 1978, commence une école de cinéma qu’il quitte en cours de deuxième année pour tourner et produire ses films tout en travaillant comme assistant puis réalisateur. En 2008 il vient vivre à Saorge dans la vallée de la Roya et continue à produire et tourner ses films de façon de plus en plus indépendante. Libreest son cinquième long métrage.
L’ancien président du Medef de 1998 à 2005 devrait être renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « fraude fiscale » pour avoir bénéficié d’un plan d’intéressement douteux, dans le but d’échapper à l’impôt.
Trois cent quinze millions d’euros net d’impôts, c’est le (gros) gâteau partagé entre les dirigeants du groupe financier Wendel, dont Ernest-Antoine Seillière, à l’époque président du conseil de surveillance et ex-numéro un du Medef (1998-2005). L’affaire éclate en juin 2008. En assemblée générale de la Société lorraine de participations sidérurgiques (SLPS), la holding familiale, qui n’a plus rien à voir ni avec la Lorraine ni avec la sidérurgie mais qui contrôle le groupe financier Wendel, une actionnaire familiale, Sophie Boegner, accuse quatorze cadres dirigeants, dont Ernest-Antoine Seillière, de s’en être mis plein les poches au détriment du reste des actionnaires. Selon elle, Seillière aurait « utilisé l’immense confiance qui lui était accordée à des fins autres que l’intérêt de la famille ». Cette cousine éloignée du baron évoque un montage juridique et financier pensé par des juristes et des banquiers, entre 2004 et 2007, et qui a permis à Ernest-Antoine Seillière, Jean-Bernard Lafonta et Bernard Gautier de toucher respectivement 65, 156 et 35 millions d’euros.
L’idée était de motiver les dirigeants du groupe grâce à un plan d’intéressement en actions. La plus-value réalisée en dividendes comme en ventes et rachats de titres reste défiscalisée, ou plutôt en « sursis d’imposition » tant qu’elle est réinvestie dans d’autres entreprises. C’est là que le montage se complique, calqué sur le principe des poupées russes : chacun des protagonistes crée au moins deux sociétés-écrans, auxquelles ils vendent les actions d’une holding nommée Solfur, propriétaire d’une part de la société Wendel Participations, elle-même propriétaire de 35 % de Wendel Investissement… Un écheveau juridique dont le but final était simplement de dissimuler au fisc des millions d’euros de dividendes et plus-values.
En rogne, Sophie Boegner a déposé plainte à deux reprises contre les dirigeants de la maison Wendel pour « abus de biens sociaux » et « recel ». Sa première plainte est classée sans suite en 2009, et la seconde a débouché sur un non-lieu, confirmé en appel. Son entêtement a toutefois fini par payer : en 2011, le fisc plonge son nez dans les comptes de Seillière. Il soupçonne le baron et des cadres dirigeants de la maison Wendel d’être des bénéficiaires d’un « abus de droit », un montage légal mais possible d’être attaqué lorsqu’il est mis en place dans le but de contourner l’impôt. Le fisc a estimé que cet argent distribué en actions aurait dû être déclaré en salaires en 2007.
Mais en avril dernier, un jugement administratif a invalidé pour vice de forme ou adouci le redressement fiscal d’une centaine de millions d’euros réclamés au total aux quatorze dirigeants, dont une trentaine de millions pour le seul Seillière. Celui-ci n’a plus rien à payer. Reste à la justice à trouver une faute pénale et à prouver la volonté des dirigeants de frauder. C’est toute la difficulté. En tout cas, le Parquet national financier a souligné à quel point « il est frappant de constater qu’au cours des échanges entre les associés (...) la question du réinvestissement économique n’est, à aucun moment, abordée dans son contenu positif, mais de manière systématique sous l’angle de condition dont le respect apparent est nécessaire pour échapper à l’imposition ». Sans surprise, Seillière ne comptait pas réinvestir dans l’économie réelle.
Depuis 2016, les juges d’instruction ont clos leur enquête et renvoyé en correctionnelle pour fraude (ou complicité de fraude) fiscale les quatorze anciens cadres et dirigeants de Wendel, dont le baron Ernest-Antoine Seillière. Ce dernier, qui profite pour l’heure de sa retraite dorée, assure toujours n’avoir rien à se reprocher.
7 septembre 1950 , nom de code : « Opération Bolero-Paprika ». Une rafle du gouvernement Pleven, socialistes et « radicaux » entre autres, contre les « communistes étrangers » réfugiés en France... essentiellement espagnols.
Les guérilleros... A la Libération, nombre d’entre eux furent décorés pour leur contribution à la victoire sur le nazisme. Mais pour eux, guérilleros antifascistes espagnols, pas d’euphorie ; la guerre n’était pas terminée. La lutte frontale pour chasser Franco, ils la poursuivaient... Et seuls. Quasiment seuls. Le parti communiste d’Espagne, le front « Union Nationale » (UNE) et la « Agrupación de guerrilleros españoles (AGE-UNE-FFI) », préparaient l’opération armée « Reconquista » (« Reconquête ») de l’Espagne. Bouter Franco à la mer ! Le contexte, celui de la victoire sur le fascisme, selon le PCE , s’y prêtait. L’initiative n’était donc pas insensée. Son échec a servi cependant à régler de nombreux comptes, internes et externes au PCE. « Il n’existe à ce jour, aucun document, aucun témoignage de l’époque, attestant du désaccord de quelque dirigeant communiste (espagnol) que ce soit avec l’opération»[1].
OPERATION « RECONQUISTA »
Du 19 au 29 octobre 1944, 3000 guérilleros espagnols pénètrent en Espagne, au Val d’Aran, qu’ils occupent. A « l’attentisme », à la « stratégie diplomatique » , les guérilleros opposent « le volontarisme ».
Les gouvernements français, anglais et américain, considèrent, eux, que « l’Espagne ne les concerne pas », et ils se drapent dans une sorte de nouvelle « non-intervention », en réalité tout à fait interventionniste. Les combattants antifascistes espagnols se retrouvent une nouvelle fois lâchés par les « démocraties occidentales » et même persécutés, des deux côtés de la frontière. Non seulement ils entrent au Val d’Aran dans de mauvaises conditions, mais on les abandonne, et on poursuivra même ultérieurement des militants qui ont pris pourtant leur part de sang à la Libération du pays qui les expulse. L’échec des « invasions » militaires provoque dans le PCE (et hors PCE) d’interminables controverses et manipulations.
Santiago Carrillo « en profite » pour écarter de la direction l’homme de la reconstruction autonome du PCE, dès le début de 1939, et artisan de l’Union Nationale Espagnole, Jesús Monzón. Deux ouvrages analysent cette période et notamment le rôle de Monzon...[2] La CIA jette de l’huile sur le feu. A posteriori, le 2 décembre 1948, elle le confirme en publiant un rapport dans lequel elle affirme que la direction du PCE aurait délibérément envoyé au casse-pipe les meilleurs des guérilleros »[3]. Des historiens avaient déjà plus ou moins suggéré cette hypothèse, non établie, propagandistique, et relevant plutôt d’une « littérature du ressentiment »[4].
La situation internationale a pesé dans l’échec... Dès mai 1944, un message de Churchill indiquait : l’ESPAGNE, affaire des Espagnols. Au moment où les guérilleros pénètrent, une note des RG indique que « Franco a le soutien de la presse occidentale et des Anglo-Américains »[5].
COMPRENDRE LE CONTEXTE
La résistance postérieure à 1945 était en Espagne majoritairement communiste ; (quelques groupes libertaires s’organisèrent en maquis surtout urbains), mais le PCE était le seul parti espagnol à porter cette ligne de lutte armée insurrectionnelle antifranquiste ; et il l’abandonnera en 1948. Sur « ordre » de Staline, a-t-on trop souvent écrit. Rien à ce jour ne permet de le fonder vraiment. Le PCE a « infiltré » des centaines de militants armés en Espagne, dans le cadre de sa stratégie de « Reconquista », d’insurrection nationale...
Dès l’automne 1944, les autorités françaises déclarent la frontière « zone interdite ». Le 27 juillet 1945, elles en éloignent les guérilléros, afin qu’ils ne puissent plus la franchir. Le capitalisme espagnol soutient plus que jamais son camp, qu’il a grassement financé : la dictature . Et Franco, « sentinelle de l’occident », multiplie les gages envers la France (et vice-versa), pour un rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
Les brigades de guérilleros, dissoutes le 31 mars 1945 par le gouvernement provisoire de libération, pour s’en débarrasser, deviennent des « bataillons de sécurité ». Par la suite, De Gaulle invitera les guérilleros espagnols à partir combattre en Indochine, dans une sale guerre coloniale.
Au pied des Pyrénées, pour beaucoup d’ antifascistes espagnols d’alors, la « Guerre froide » commence dès l’automne 1944. Objectif principal des « Alliés »: isoler le PCE, consolider plus ou moins discrètement Franco. Le PCE a construit en France un appareil clandestin, (surveillé de près par la DST) pour soutenir ses « maquis » de l’intérieur : guérilleros, passeurs, agents de liaison, dépôts d’armes... Franco souhaite normaliser rapidement les relations avec Paris, à condition que la France « nettoie » le grand sud-ouest, en élimine les « rouges », présentés en Espagne comme exagérément influents en France. Depuis 1948, les rapports se dégèlent lentement entre la dictature franquiste et le gouvernement français. La « Guerre froide » va faire du communisme le mal absolu. « L’opération Boléro-Paprika va porter un coup sérieux au PCE mais au-delà, aux autres organisations antifascistes, à la France progressiste et à la cause républicaine, qui n’avait pas besoin de cela...
Le gouvernement français (22 ministres) socialistes et radicaux, (on dirait aujourd’hui de « centre-gauche »), en place depuis juillet 1950 et présidé par René Pleven, réprime sans ménagement les grandes grèves ouvrières... Le gouvernement comporte 9 ministres MRP, 8 Radicaux dont Edgar Faure, 4 PRL (Antoine Pinay) trois UDSR Union Démocratique, socialiste, de la Résistance. (Pleven, Mitterrand (secrétaire d’Etat), Claudius Petit ), etc.
Le 7 septembre 1950, à 5h du matin, commence brutalement « l’Opération Boléro-Paprika » ; des portes volent en éclats. A l’aide de gros moyens, la rafle apparaît comme l’une des plus importantes de la « Guerre froide »[6] L’Opération Boléro-Paprika vise des dizaines de militants exilés en France, communistes espagnols (« boléro ») 13 Italiens, et quelques autres militants d’Europe de l’est : 59 Polonais, 4 Roumains, 14 Soviétiques (« Paprika »)... Au total la rafle, cette page noire, cette honteuse persécution de « héros », sépare des familles, accentue la dureté des conditions de vie de l’exil et des « doublement déportés » (une soixantaine en Corse)... Capturés, 288 militants (selon les archives policières) dont 177 communistes espagnols, sont déportés, placés en résidence surveillée, en Corse (61), en Algérie, et même en « Allemagne de l’Est », en Tchécoslovaquie, assignés à résidence, ou en France métropolitaine, par décret (toujours pas abrogé), loin de chez eux. Ces anciens guérilleros font valoir leurs états de service... Rien ne dissuade Paris. Les intérêts de classe priment sur tout le reste. La « Guerre froide » percute de plein fouet un exil très investi contre Franco...
La presse espagnole, « Arriba », « La Vanguardia »... exulte. Peu avant l’opération, le PCE et le PSUC (communistes catalans) et leurs organisations féminines, de jeunesse, syndicales... proches, leurs journaux et publications : « Mundo Obrero », « Lluita » (organe du PSUC), « Nuestra Bandera » (revue théorique), « El Obrero español », « Solidaridad española » avaient été interdits le 26 août et le premier septembre les organisations communisantes illégalisées.
La plupart des hauts dirigeants du PCE (Líster, Carrillo, Claudín, Mije, Uribe, Antón, Luis Fernández...)° échappent à l’arrestation. La direction communiste du puissant PCF parvint à les informer afin qu’ils puissent se cacher...
(fin de la première partie)
[1] « Rouges. Maquis de France et d’Espagne. Les guérilleros », coord Jean Ortiz, Biarritz, ed. Atlantica, 2006, p. 260
[2] AZCARATE, Manuel (ancien dirigeant communiste) « Derrotas y esperanzas... », Tusquets ed., Barcelona, 1994) et MARTORELL, Manuel, (journaliste et historien) Jesús Monzón, el líder comunista olvivado por la historia » (Pamiela ed., Pamplona, 2000)
[3] Rapport CIA, 2/12/ 1948, Barcelona, La Vanguardia, 17/11/2005
[4] ARASA, Daniel, “Años 40: los maquis y el PCE”, Barcelona, ed. Argos Vergara, 1984, MORÁN, Gregorio, “Miseria y grandeza del PCE, 1939-1985”, Barcelona, ed. Planeta, 1986
[5] Note des RG, Préfecture des Basses Pyrénées, 2 oct. 1944, n 5249, Pau, ADPA, 1031W237
Mediapart a recueilli plusieurs témoignages ainsi qu’un enregistrement révélant comment ArcelorMittal incite des salariés victimes d’accident à reprendre le travail au plus vite. L’objectif de la multinationale est de réduire ses cotisations auprès de l’Urssaf, et d’améliorer ses résultats en matière de sécurité.
Fos (Bouches-du-Rhône), Dunkerque (Nord), envoyée spéciale.- Ceci n’est pas un accident du travail. Telle pourrait être un slogan de la multinationale ArcelorMittal, qui n’hésite pas à harceler et menacer, y compris aux tout premiers jours d’un arrêt consécutif à un accident, ses salariés, mais aussi les employés de ses sous-traitants.
Plusieurs d’entre eux ont expliqué à Mediapart comment ils subissent des pressions pour une reprise rapide, dans un poste aménagé. Le but de l’entreprise est d’abord de minimiser le nombre de jours d’arrêt de travail. En effet, plus l’arrêt de travail est court, moins l’employeur verse de cotisations à l’Urssaf. Pour un arrêt de travail inférieur à 4 jours, l’entreprise cotise à l’URSSAF pour un montant de 302 euros. Une somme qui monte à 10 305 euros pour un arrêt de 3 mois et à 35 267 euros si l’accident entraîne un arrêt de 5 mois.
Mais il s’agit aussi d’améliorer les statistiques d’accidentologie, et les résultats en termes de prévention et de sécurité. Car ArcelorMittal est loin d’être exemplaire en la matière. Il y a deux à trois fois plus d’accidents sur les sites d’ArcelorMittal que chez ses concurrents. Sur le seul site de Dunkerque, en 2017, 408 accidents ont été déclarés, dont 91 classés en accidents majeurs.
Lorsque la victime est intérimaire ou salarié d’un sous-traitant, l’accident n’a pas d’impact direct sur les cotisations d’ArcelorMittal. Il en a, en revanche, sur ses statistiques d’accidentologie. Par ailleurs, en cas de bons résultats, les directeurs des usines peuvent percevoir des primes. Ils ont donc tout intérêt à ce qu’il y ait le moins d’accidents du travail comptabilisés sur leur site, et que les arrêts soient le plus court possible.
Les pressions de la multinationale sont donc fortes. L’histoire de Benoît en témoigne.
À 22 ans, il travaille pour un sous-traitant d’ArcelorMittal. Le 19 février 2018, il se rend sur le site de l’entreprise pour débarrasser des chantiers. Sur l’un d’eux, il se retrouve seul. Après avoir chargé la remorque du matériel léger, il tente de rapprocher une sableuse. En la tirant, il perd l’équilibre et la reçoit sur sa jambe, soit 150 kilos.
Benoît explique son accident du travail sur le site d'ArcelorMittal
Mediapart
« J’ai hurlé pour que quelqu’un m’aide. Mais il n’y avait personne à proximité. J’étais terrorisé tant la douleur était grande. Le temps passait sans que personne ne vienne. Ça semblait être une éternité. Je suis resté 20 minutes seul à hurler dans le brouhaha des machines. Après bien des efforts, je suis parvenu à dégager mon pied de dessous la sableuse et j’ai rampé jusqu’à la remorque. J’ai appelé un responsable de l’entreprise qui m’a dit qu’il venait tout de suite. Pendant ce temps, je pleurais de douleur et je voyais ma cheville tripler de volume. » Benoît sera pris en charge près d’une heure plus tard. « Les pompiers du site d’Arcelor n’ont pas pu me transporter. Ils ont appelé le SAMU et m’ont mis sous morphine. »
« Vous allez faire perdre de l’argent à vos collègues, pourrez-vous les regarder dans les yeux ? »
Bilan : une fracture de la cheville, jambe plâtrée jusqu’au genou. Le médecin prescrit cinq mois d’arrêt de travail et alerte le salarié sur de possibles séquelles. En raison de nouvelles complications, Benoît vient de voir son arrêt prolongé d’un mois.
Depuis, son employeur le persuade de dire qu’il n’était pas seul lors de l’accident. Il l’appelle, plusieurs fois par jour, pour le convaincre de revenir travailler sur un poste aménagé. Si Benoît l’acceptait, cette proposition permettrait à ArcelorMittal d’alléger ses statistiques d’accidents graves en réduisant le nombre de jours d’arrêt de travail.
Benoît témoigne des pressions subies suite à son accident du travail
Mediapart
Il a enregistré l’un de ces échanges téléphoniques. La responsable des ressources humaines qui l’appelle lui fait part des pressions qu’ils reçoivent d’ArcelorMittal et lui demande de revenir travailler ou bien de rester chez lui avec un ordinateur de l’entreprise.
Un sous-traitant d'ArcelorMittal parle des pressions exercées par la multinationale
Mediapart
Nous avons contacté la responsable de Benoît. Elle n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.
En revanche, le 20 juillet, ArcelorMittal nous a adressé les précisions suivantes, par courriel : « Le groupe ArcelorMittal suit et publie de nombreuses statistiques en matière d’accidents. Ces statistiques prennent en compte l’ensemble des personnes travaillant sur nos sites (salariés, intérimaires, co-traitants). […] Aucun signalement de pressions ou de harcèlement concernant ce sujet. »
Les témoignages et documents recueillis par Mediapart révèlent le contraire.
Pierre, 34 ans, est en CDI depuis huit ans dans l’entreprise. En mars 2018, il monte sur une plateforme, située à six mètres de hauteur, pour nettoyer une machine. Durant cette intervention, l’un de ses collègues est chargé de couper le gaz qui peut en sortir. Mais, avant la fin des réparations, le gaz est ouvert par inadvertance. Alors que Pierre reprend sa tâche, soudain, une déflagration retentit. « C’était une détonation énorme qui est sortie de la machine. J’ai fait un bond en arrière. Sur le coup, je n’entendais plus rien. J’étais sonné. Puis très vite, j’ai retrouvé l’audition, mais partiellement et avec des acouphènes de plus en plus forts. »
L’accident a été classé par l’entreprise comme « grave », compte tenu des risques encourus par Pierre.
Il est transporté aux urgences par les pompiers. Le médecin lui prescrit un mois d’arrêt de travail. Aujourd’hui, Pierre a une perte d’audition importante. Il n’entend plus les aigus.
« Le jour même de l’accident, à la sortie de l’hôpital, j’ai reçu un coup de téléphone d’ArcelorMittal, du chef du département Aciérie. Ensuite, il m’a appelé tous les jours pour me convaincre d’accepter un poste aménagé. Il m’a dit : “Ne déclare pas ton accident et on te fait un poste aménagé.” » Pierre refuse. « Ils m’ont même proposé d’aller voir leur médecin, alors que j’ai un médecin traitant. J’ai gardé leur SMS. » Durant plus d’une semaine, il recevra, chaque jour, un appel de son entreprise. Las de ce harcèlement, il se rapproche d’un syndicat et en informe sa hiérarchie. « [Depuis],ils me font la misère. Mais je ne voulais pas leur dire encore amen et rentrer dans leur jeu, d’autant que j’avais déjà cédé à leur pression, il y a quatre ans, et j’en garde des séquelles. »
En 2014, victime d’un accident du travail, Pierre se bloque le dos et est hospitalisé. « Ils sont venus me voir à l’hôpital. Ils m’ont dit que si j’acceptais le poste aménagé, j’aurais un avancement. Deux jours après, j’étais de retour au boulot sous cachets pour supporter la douleur. Depuis, je n’ai eu aucun avancement mais j’ai des séquelles. N’ayant pu suivre les séances de kiné, j’ai régulièrement le dos bloqué. Mais je ne peux rien faire pour le faire reconnaître, puisque l’arrêt de travail avait été écourté. »
Ces pratiques ne sont pas nouvelles. En 2011, sur le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), la Direction des ressources humaines d’ArcelorMittal, dans une note interne, adresse aux managers les instructions suivantes : « Il n’y a pas de formalité nécessaire vis-à-vis de la CPAM [Caisse primaire d’assurance maladie]. Le non-envoi de l’arrêt de travail est préférable. » Une posture qui place ArcelorMittal dans l’illégalité, comme le signale un an plus tard l’inspecteur du travail à la direction : cette « situation [est] hors standard et en parfaite illégalité ». La multinationale ignore cet avertissement.
Plusieurs comptes rendus du CHSCT (Comité hygiène, sécurité et conditions de travail) l’attestent. En juin 2013, par exemple, l’un des membres du CHSCT regrette que du « harcèlement soit organisé envers les salariés pour améliorer les statistiques ». Le responsable sécurité de l’entreprise reconnaît lui-même que « certains managers peuvent proposer cette solution [un poste aménagé – ndlr] de façon inappropriée ».
Un responsable de l’usine explique qu’il est important d’accepter un poste aménagé dans les 96 heures qui suivent l’accident. Il explique que « les arrêts de travail qui surviennent sur les différents sites du groupe sont comparés ». Au cours d’un autre CHSCT, le responsable de sécurité présente les avantages d’un système de chèques-cadeaux offerts en cas de bons résultats : « Notre challenge progressimo vise à récompenser entre autres les périodes sans accident avec arrêt. » Des représentants syndicaux soulèvent les dangers d’un tel système. D’ailleurs, en 2016, le constat est le suivant : « Les accidents du travail ne sont pas systématiquement déclarés à la Caisse primaire d’assurance-maladie. […] Pourtant, cela peut poser des problèmes si les salariés ont besoin. »
En 2018, la situation reste inchangée. Sandy Poletto, salarié depuis 20 ans chez ArcelorMittal à Fos et secrétaire du syndicat CGT, ne décolère pas : «Depuis des années, on dénonce les pressions qui sont mises sur les salariés victimes d’accidents. Certains craquent et ne déclarent pas leur accident. Le système de rétribution par des chèques-cadeaux, un système de prime déguisée, permet à ArcelorMittal de convaincre les salariés de ne pas déclarer. C’est un système pervers et dangereux. Dès qu’on est mis au courant, nous intervenons. Mais hélas, beaucoup de salariés, victimes de pressions, ont peur d’en parler. Ça permet à ArcelorMittal de maquiller les chiffres des accidents du travail, qui sont ainsi anormalement bas. »
Laurent, 35 ans, en CDI depuis 12 ans dans l’usine de Fos, connaît bien le sujet. Il a lui-même subi le harcèlement de ArcelorMittal à la suite d’un accident en 2010. « C’est ce qui m’a conduit à adhérer au syndicat pour mettre fin à ces pressions qui sont illégales. Suite à nos alertes, ArcelorMittal a changé les procédures concernant les aménagements de postes. Mais ils l’ont fait sur le papier, pas dans les faits. »
« En 2010, les tendons de mon genou ont été touchés lors d’une réparation délicate que je faisais sur un pont en hauteur, se rappelle Laurent. Je ne pouvais plus poser le pied par terre. » Après cet accident du travail, son médecin lui impose 30 jours d’arrêt et une rééducation pendant 10 mois.
Le soir même, Laurent est appelé par son chef, qui tente de le dissuader de déclarer son accident. Le lendemain, à son domicile, il reçoit la visite d’un chef d’atelier d’ArcelorMittal et du responsable « communication sociale ». Ce jour-là, ils lui présentent un document. Il y est écrit : « Les objectifs du poste aménagé, sont, pour l’entreprise : aspect économique, rechercher à améliorer les indicateurs en réduisant ou supprimant la durée d’accident de travail suite à un accident. »« J’étais consterné. Comment peuvent-ils me mettre sous les yeux leur avantage économique, alors que je viens de sortir de l’hôpital ? Ils m’ont traité comme un chien. »
Constatant que Laurent n’est pas disposé à accepter un poste aménagé, la multinationale change de ton.
« Deux jours après, mon chef d’équipe m’a téléphoné. Il m’a dit qu’un refus de ma part pourrait nuire à ma carrière. Si j’acceptais un poste aménagé, ArcelorMittal s’occuperait de prendre en charge mes transports en taxi aller-retour vers l’entreprise. »
Il signale qu’il ne peut toujours pas poser son pied à terre. « Ils m’ont proposé de rester chez moi avec un ordinateur de l’entreprise. Je n’avais qu’à me connecter deux fois par jour sur l’intranet de l’entreprise. J’étais stupéfait et je leur ai dit que c’est de la dissimulation d’accident. »
Les relances continuent néanmoins. C’est au tour du chef du département. Il se déplace au domicile de Laurent. « Il m’a dit que j’allais faire perdre des primes à mes collègues. Car il y a un système de primes sous forme de chèques-cadeaux pour les équipes qui n’ont pas d’accident. Je me rappelle encore de ces propos : “Vous allez faire perdre de l’argent à vos collègues, pourrez-vous encore les regarder dans les yeux à votre retour ?” »
Depuis, il s’est syndiqué et alerte régulièrement sur cette question. « J’en ai marre de voir venir des salariés en béquilles dans l’usine ou de savoir qu’ils vont les voir à l’hôpital pour leur mettre la pression. C’est surtout dangereux en termes de séquelles. » Le refus du poste aménagé n’a pas été sans conséquence pour Laurent. Son avancement professionnel est bloqué. « Les ressources humaines, elles-même, ne peuvent pas justifier le trou qu’il y a dans ma carrière. Après 10 ans en CDI, j’ai un salaire de 1700 euros qui n'a pas vraiment bougé. Je devrais avoir un poste d’encadrement, ce n’est pas le cas. Cela représente une perte mensuelle d’environ 200 euros. »
Ces pratiques proches de l’illégalité sont dénoncées depuis 30 ans. En 1988, la CFDT retranscrit, dans son journal, le courrier adressé par un manager de Solmer (ancien entité d'ArcelorMittal) à un salarié accidenté : « On fait le nécessaire pour stopper ton arrêt de travail. Il faudrait que tu ailles voir ton docteur pour annuler ton arrêt de travail. Lundi matin viens me voir tout de suite en début de poste. Salut. Bien entendu tout ceci est confidentiel. »
Ces agissements étonnent peu Olivier Tompa, agent de la Carsat, Caisse d’Assurance Retraite et de Santé au Travail, en charge des accidents : « De nombreuses multinationales minimisent leur cotisation auprès de l’Urssaf en contournant ainsi la loi. Il y a beaucoup d’agents pour contrôler les individus qui fraudent à la sécurité sociale mais peu voire pas pour contrôler les fraudes des entreprises aux non-déclarations des accidents de travail. Pourtant, depuis 2013, les directeurs des caisses en charge de ces questions (CARSAT, CRAMIF, CGSS) ont le pouvoir de prononcer des pénalités financières à l’encontre des employeurs. Mais dans les faits, il n’y a personne de missionné sur ces contrôles, alors que des faits de fraudes sont connus des services. »
Ce vide profite aux entreprises et représente des pertes importantes aussi bien pour les victimes en termes d’indemnisation que pour la sécurité sociale en terme de cotisations. Pour les salariés, les séquelles, suite à un accident, peuvent être dramatiques. En rendant “invisible” leur accident, avec un poste aménagé, leurs séquelles ne peuvent plus être reconnues comme un handicap causé par le travail. « Dans ce cas, poursuit Olivier Tompa, les frais liés aux soins médicaux ne seront pas imputés aux employeurs mais à la collectivité via la branche Maladie. De fait le budget de la branche AT est excédentaire et les employeurs demandent des ristournes sur leur cotisation et la branche Maladie est déficitaire. Les cotisations augmentent alors que les remboursements reculent. »
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La réaction du PCF au décès de Kofi Annan – 20 août 2018
Disparu à l'âge de 80 ans, Kofi Annan laissera le souvenir d'un homme de bonne volonté. A l'heure des adieux, les communistes s'inclinent devant sa mémoire, et adressent à sa famille et ses proches leurs condoléances.
Né au Ghana dans une famille aisée, Kofi Annan fit ses études supérieures aux Etats-Unis d'Amérique et en Suisse avant de consacrer sa carrière à la diplomatie au sein de l'Organisation des nations unies, convaincu de l'universalité des droits de l'homme et des vertus du multilatéralisme onusien.
Kofi Annan dut son élection au poste de Secrétaire général en 1997 à l'appui des Etats-Unis mais il sut, en 2003, se dresser, avec d'autres -et avec des dizaines de millions de femmes et d'hommes manifestant partout dans le monde- contre la guerre engagée par les EU en Irak, et dont nous ne finissons pas de vivre les conséquences désastreuses.
Profondément humaniste, Kofi Annan mit, en recevant le prix Nobel de la paix du Centenaire en 2001, des mots sur sa vision de l'état du monde : « Nous sommes entrés dans le troisième millénaire par une barrière de feu. Si aujourd'hui, après l'horreur du 11 septembre, nous réussissons à voir mieux et plus loin, alors nous comprendrons que l'humanité est indivisible » et « nous lie aussi bien dans le malheur que dans la prospérité ».
Ne parvenant à se départir du lourd contexte de domination occidentale, l'action de Kofi Annan aux nombreuses responsabilités qu'il exerça au sein de l'ONU se solda aussi par des échecs, comme au Rwanda, qui restèrent pour lui-même des blessures profondes.
De tradition économique purement libérale, Kofi Annan est également celui qui fit entrer le loup dans la bergerie avec le Pacte mondial, présenté au Forum de Davos en 2000, faisant la part belle aux firmes transnationales et au secteur privé, banalisant le lobbying et entraînant un processus de « privatisation » sous les auspices de la domination des grandes puissances, Etats-Unis en tête. Ce processus mit un frein considérable à la notion même de responsabilité sociale des entreprises dont on voit bien de nos jours, en matière de lutte contre le réchauffement climatique pour seul exemple, les effets nocifs.
Par ailleurs, la réforme du fonctionnement de l'ONU impulsée par le 7e secrétaire général sous l'étiquette de « bonne gouvernance », fort prisée des milieux dirigeants au cours des années 1990-2000, revint pour l'essentiel à imposer des méthodes managériales du secteur privé à la fonction publique et à lui confier des pans entiers des missions de l'ONU sans pour autant rendre plus efficientes les organisations elles-mêmes.
L'objectif d'une démocratisation de l'ONU, émancipée de l'influence des puissances dominantes et financières reste entier l'enjeu de l'évolution de l'organisation internationale.
Du passage de Kofi Annan à la plus haute responsabilité de l'ONU, nous voudrions retenir le meilleur : les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et la Déclaration du millénaire de l'ONU, adoptés en assemblée générale en 2000, qui, bien que non atteints 18 ans plus tard, demeurent une boussole pour amorcer un autre avenir, de justice, de progrès et de solidarité, au genre humain.
La hausse des crédits dévolus à la prime d'activité, l'allocation adultes handicapés ou encore les aides aux femmes victimes de violences sexuelles devrait être moins forte qu'annoncée.
Un demi-milliard d’euros perdus en route pour la politique sociale. Si le gouvernement se refuse à dire combien il compte faire des économies dans ce domaine, les documents budgétaires transmis en juillet au Parlement offrent un début de réponse. Dans une annexe au rapport préparatoire au débat d’orientation des finances publiques, remis aux députés et sénateurs en juillet, la mission «solidarité, insertion et égalité des chances» perd du poids : 530 millions d’euros de moins que prévu. Cette ligne budgétaire, l’une des plus grosses du budget de l’Etat, finance notamment la prime d’activité, la politique en faveur des personnes handicapés ou l’égalité femmes-hommes. Certes, avec 20,78 milliards d’euros de crédits pour 2019, elle sera bien en hausse d’un peu plus d’1,3 milliard par rapport à 2018. C’est, en pourcentage, la plus forte hausse parmi les missions de l’Etat. Le gouvernement pourra donc se targuer du fait qu’il en a plus fait que ses prédécesseurs en matière sociale. Sauf que… l’exécutif avait, au départ, prévu beaucoup plus.
Votée fin 2017 par le Parlement,la loi de programmation des finances publiques 2018-2022annonçait en effet un montant de 21,31 milliards d’euros en 2019 pour cette mission, soit une hausse de plus de 1,8 milliard par rapport à 2018. Avec ces 530 millions d’euros perdus en route, l’Elysée et Matignon renoncent donc à un tiers de la hausse prévue l’année prochaine. Quels programmes seront touchés par cette évaporation ? Aucune des sources gouvernementales contactées parLibérationn’est en mesure de l’indiquer.
Audit
Dans un rapport déposé début juillet, le rapporteur général (LR) du budget au Sénat, Albéric de Montgolfier, n’était pas plus avancé.«Impossible de savoir à quoi correspond exactement»cette variation, se plaignait-il, entre autres critiques sur l’imprécision des documents remis par l’exécutif. Or s’agissant de la prime d’activité, des allocations aux adultes handicapées (AAH) ou de l’aide aux femmes victimes de violences sexuelles, trois politiques publiques mises en avant par Emmanuel Macron pendant sa campagne, il y a besoin d’argent.
A la suite d’un audit de la Cour des comptes rendu l’été dernier, l’exécutif avait d’abord voulu corriger les«sous-budgétisations»chroniques de la prime d’activité et de l’AAH : 300 millions d’euros pour la première, 400 millions pour la seconde. Les sages de la rue Cambon chiffraient également à 300 millions le«risque non pris en compte d’un accroissement du taux de recours à la prime d’activité». Soit, une addition à 1 milliard d’euros que le gouvernement s’était promis de corriger.«Compte tenu de l’amélioration prévisible du marché du travail, on peut envisager une augmentation du nombre de personnes reprenant une activité partielle et donc éligibles à la prime», précisait de son côté, en octobre dernier, la députée LREM Stella Dupont, rapporteure spéciale de cette mission «solidarité, insertion, égalité des chances» auprès de la commission des finances de l’Assemblée nationale.
Polémique
Enfin et surtout, ces crédits supplémentaires devaient financer deux promesses emblématiques du candidat Macron en matière sociale. L’AAH doit ainsi passer de 800 à 860 euros au 1er novembre, et atteindre 900 euros à la même date l’an prochain. Quant à la prime d’activité, elle doit augmenter de 20 euros au 1er octobre avant de progresser tous les ans«pour atteindre jusqu’à 80 euros de plus par mois», comme ne manque jamais de le rappeler la majorité.
Pour tenir tous ces objectifs, le gouvernement devra donc faire des économies ailleurs. Où et comment ? En modifiant les critères d’attribution de la prime d’activité ou de l’AAH ? En baissant les crédits des programmes d’aide alimentaire, d’accompagnement des personnes handicapées, de protection juridique des familles et d’enfants en difficultés ? En diminuant les aides aux victimes de harcèlement et violences sexuelles ? Sur tous ces sujets, si l’exécutif ôte un euro, il est sûr de le payer en plusieurs jours de polémique politique. Ce qui viendrait, pour le coup, décrédibiliser un plan pauvreté repoussé à la mi-septembre… quelques jours avant la présentation du prochain budget.
Les bénéfices des sociétés de l’indice phare ne riment pas forcément avec embauches. Un tiers d’entre elles, ultrarentables, sont engagées dans des destructions de postes, certaines profitant des facilités des ordonnances Macron.
Quinze mille postes supprimés ou menacés à court ou moyen terme chez les entreprises du CAC 40. C’est, a minima, le recensement effectué par l’Humanité pour les 34 sociétés sur 40 qui ont publié à ce jour leurs comptes semestriels. Ceux-ci sont au beau fixe : plus de 47 milliards de profits sur les six premiers mois de l’année. Tous ces groupes sont bénéficiaires, à l’exception de Carrefour. Pourtant, un tiers d’entre eux ont annoncé ou procèdent à des coupes dans leurs effectifs en France (Airbus, 470 postes ; Axa, 160 ; BNP Paribas, 5 000 ; Engie, 2 500 ; Michelin, 1 500 ; PSA, 2 200 ; Sanofi, 657 ; Schneider Electric, 150 ; Société générale, 2 135 ; Solvay, 160 ; Veolia, 572).
Certaines de ces sociétés affichent même des profits en forte hausse, comme PSA (+ 18 %), Veolia (+ 13 %), la Société générale (+ 11 %) ou Michelin (+ 6 %). Pour Nasser Mansouri-Guilani, ces pratiques sont la preuve que « le discours libéral selon lequel il faut que les profits s’améliorent pour que l’on crée des emplois est infondé. C’est un discours idéologique, constate l’économiste et syndicaliste à la CGT (lire notre entretien page 6). Depuis au moins trois décennies, la part des profits monte sans que l’investissement et encore moins l’emploi n’augmentent nécessairement. Il n’y a pas de mystère : si ça augmente pour le capital, ça baisse pour le travail ».
Certains plans de suppression de postes sont officiels et s’étalent parfois sur plusieurs années, d’autres, comme la délocalisation du service clientèle chez Engie, s’apparentent à des « plans sociaux déguisés », estime l’expert d’un cabinet spécialisé. Selon cette source, « de plus en plus d’entreprises brouillent les pistes en jouant la carte de la transformation permanente : vente de filiales, départs forcés et, désormais, rupture conventionnelle collective (RCC), conséquence des ordonnances Macron ».
Jusqu’alors, les sociétés ne manquaient pas de solutions pour éviter de passer par la case licenciements, mais cela nécessitait le plus souvent la mise en œuvre d’un plan dit de sauvegarde de l’emploi (PSE) ou de départs volontaires (PDV). À l’instar de ce qui s’est passé chez Total, à La Mède (Bouches-du-Rhône), où le PSE qui court toujours permet à la direction de « jouer sur les mots, puisque la destruction de 182 postes s’est traduite non par des licenciements mais par des retraites anticipées, des mutations, des démissions », indique Fabien Cros, secrétaire CGT du comité d’entreprise. « Ce qui est nouveau, ce sont en effet les ordonnances Macron, qui donnent plus de facilité aux patrons pour réduire le “coût du travail” en se débarrassant des travailleurs dont ils ne veulent plus », souligne Nasser Mansouri-Guilani.
De grandes entreprises du CAC 40 n’hésitent pas à y recourir : à la Société générale, un accord de RCC a été signé dans le cadre de la suppression de 2 135 postes. Idem chez PSA, qui prévoit 1 300 départs via une RCC, sur un total de 2 200. Sans que les embauches annoncées en regard ne viennent compenser ces destructions.
MICHELIN. LES PROFITS GONFLENT, PAS LES EFFECTIFS (Loan Nguyen)
Profits au 1er semestre : 917 millions d’euros. Emplois supprimés : 1 500 (2017-2021).
Le géant du pneu a décidé en 2017 de se séparer de 1 500 de ses salariés français, dont 970 dans son berceau historique de Clermont-Ferrand. Pourtant, la marque au Bibendum avait enregistré des profits en hausse de 43 % l’année précédente, avec 1,66 milliard d’euros de bénéfices. Une tendance confirmée en 2017 avec un résultat net de 1,7 milliard d’euros sur l’année, et qui s’est poursuivie au premier semestre : près de 1 milliard d’euros de bénéfices. Fidèle à son image paternaliste, Michelin a souligné que ces suppressions d’emplois se feraient par le biais d’un plan de départs volontaires. Une stratégie loin d’être indolore, néanmoins, pour les centaines de salariés restants, qui voient leur charge de travail s’alourdir. L. N.
ENGIE. DUMPING SOCIAL ET CASSE DE L’EMPLOI (Marion d'Allard)
Profits au 1er semestre : 938 millions d’euros. Emplois menacés : 2 500 (2016-2019).
De cessions en restructurations, « la politique de réduction des coûts installe une baisse constante des effectifs », explique Éric Buttazzoni, coordinateur CGT chez Engie. En 2016-2017, 1 400 postes ont été supprimés et de nouvelles coupes sont à prévoir. Comme dans la branche commerce, où 600 emplois sont menacés d’ici à 2019. En parallèle, une nouvelle restructuration du siège de la Défense – la 5e depuis 2010 – prévoit la suppression de 500 postes. « Le plan Lean 2018 prévoyait une économie de 3 milliards d’euros sur trois ans. La direction cherche à réduire les coûts sur tout et généralise le dumping social en externalisant au maximum », déplore la CGT. M. d’A.
Profits au 1er semestre : 496 millions d’euros. Emplois supprimés : 470 en France.
En tout, le groupe aéronautique a annoncé au printemps la suppression de 3 700 postes dans le monde, dont 470 en France. Une baisse d’effectifs qui correspond, selon la direction, à des ajustements nécessaires, consécutifs aux baisses de cadence sur les programmes A380 et A400M. Le groupe affiche pourtant un carnet de commandes à près de 1 milliard d’euros et cumule, pour l’exercice 2017, 2,9 milliards d’euros de bénéfice net. « La direction a profité de l’annonce de ces résultats pour proposer une nouvelle hausse de 11 % pour le dividende versé aux actionnaires, soit une augmentation de plus de 500 % en sept ans », dénonce la CGT.
SCHNEIDER ELECTRIC. LICENCIEMENTS TRÈS PROFITABLES (Loan Nguyen)
Profits au 1er semestre : 1,02 milliard d’euros. Emplois supprimés : 150 sur deux sites.
Le groupe spécialisé dans la gestion de l’énergie et l’automatisation a annoncé la fermeture de deux de ses usines à Fabrègues (Hérault) et Beynost (Ain) début 2018, supprimant au passage 150 emplois, alors même que Schneider Electric avait réalisé des profits record en 2017. Avec une hausse de 23 % entre 2016 et 2017, les bénéfices ont atteint 2,15 milliards d’euros. Une dynamique qui se confirme début 2018 : le groupe a engrangé un résultat net de 1 milliard au premier semestre. Pour supprimer ces emplois, l’électricien a même eu recours à des PSE censés s’appuyer sur un motif économique justifiant les licenciements.
SANOFI. UN POIDS LOURD QUI ALLÈGE LE PERSONNEL (Loan Nguyen)
Profits au 1er semestre : 1,77 milliard d’euros. Emplois supprimés : 657 (2016-2018).
Cas d’école, le mastodonte pharmaceutique enchaîne PSE et suppressions de postes depuis des années, malgré des profits florissants. En 2015, Sanofi a par exemple récolté 7,37 milliards d’euros de bénéfices et versé des dividendes aux actionnaires en hausse pour la 22e année consécutive. Des performances qui n’ont pas empêché la direction d’annoncer 657 suppressions d’emplois sur les trois années suivantes. Jugées pas assez rentables, les divisions santé animale et génériques ont ainsi été cédées. Si le premier semestre 2018 – avec « seulement » 1,77 milliard d’euros de bénéfices – peut sembler très décevant sur le papier, ces résultats sont en grande partie dus à des amortissements d’actifs, des coûts de restructuration et l’impact des taux de change. L. N.
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Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.