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29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 05:25

 

850 millions d'euros par an, c'est le montant que le gouvernement entend investir chaque année pour l'entretien du réseau routier national. Un montant clairement insuffisant. Un rapport remis récemment a démontré qu’il faudrait investir 1,3 milliard par an.

Le dogme de l'austérité budgétaire a encore frappé et malgré le débat largement engagé ces dernières semaines, les routes et ponts de l’État ne bénéficieront pas des moyens nécessaires pour rattraper le sous-investissement des dernières décennies.

L'ISF du nouveau monde, ce sont les "Infrastructures Sans Financements".

Lors du vote du budget 2019 et de la Loi sur les Mobilités les parlementaires communistes proposeront des investissements pour les voies ferrées, les ponts, les routes, les voies d'eau et les voies cyclables à la hauteur des besoins. Soit 4 milliards supplémentaires qui peuvent être financés par la création de nouvelles ressources et le lancement d'emprunts garantis par la BCE.

 

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29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 05:15

 

Le premier ministre a présenté les grandes orientations d’un futur budget 2019 marqué par l’austérité. Il s’en prend au pouvoir d’achat des familles et des retraités, attaque l’assurance-chômage et les emplois aidés.

On nous promettait un acte II plus social de la politique gouvernementale. Mais ce qu’a décrit longuement Édouard Philippe dans le Journal du dimanche, hier, en est l’opposé. Le budget 2019 s’annonce frappé du sceau de l’austérité. À l’exception notable des cadeaux faits aux entreprises, qui, à force de baisses de cotisations, vont sérieusement mettre à mal le financement de la solidarité nationale. Sous prétexte « de faire le choix du travail », le premier ministre s’en prend aux prestations sociales en les désindexant de l’inflation. Décryptage.

 

1 - LE POUVOIR D’ACHAT PLOMBÉ POUR DEUX ANS

C’est l’attaque la plus franche et la plus antisociale annoncée dans le Journal du dimanche par le premier ministre. Si Édouard Philippe rejette tout « gel » des prestations sociales et familiales, les hausses seront plafonnées à 0,3 % en 2019 et 2020, alors que les prix s’envolent et que l’inflation s’élève à 1,7 % cette fin d’année, selon l’Insee. Ce qui équivaut dans les faits à une baisse nette du pouvoir d’achat qui se prolongera pendant deux ans. « À croire que ces gens se réveillent tous les matins en se demandant comment pourrir la vie des gens modestes… » a réagi Ian Brossat, chef de file du PCF pour les élections européennes de 2019. Les pensions des retraités sont à nouveau en première ligne. « La désindexation des retraites combinée à la hausse de la CSG représentent 578 euros de perte de pouvoir d’achat par an pour un retraité qui a 1 300 euros de retraite par mois », a calculé Valérie Rabault, députée PS. La perte nette s’élève à 888 euros pour une retraite de 2 000 euros. Les familles seront aussi lourdement touchées au portefeuille : les allocations familiales, de rentrée scolaire, primes de naissance, aides à la garde, comme les APL – déjà attaquées l’année dernière – sont impactées et n’augmenteront que de 0,3 %. Seul le RSA reste indexé à l’inflation.

 

2 - HEURES SUP DÉSOCIALISÉES, UNE MESURE CONTRE-PRODUCTIVE POUR L’EMPLOI

Pour tenter d’adoucir l’impact de ses mesures défavorables au pouvoir d’achat des Français, le gouvernement confirme vouloir exonérer les salariés de cotisations sociales sur les heures supplémentaires. Et ce dès septembre 2019. Une mesure censée redonner en moyenne « 200 euros supplémentaires par an » pour un salarié au Smic, d’après Édouard Philippe. À l’échelle de l’ensemble des ménages, l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) estimait pour sa part dans une étude de juillet 2017 que « le gain engendré par la mesure devrait s’établir à environ 0,4 % du niveau de vie des ménages, soit 88 euros par an par ménage ». L’OFCE estimait même que cette politique pourrait coûter 3 milliards d’euros par an aux finances publiques et détruire 19 000 emplois dans le contexte actuel de chômage élevé, les employeurs préférant allonger le temps de travail de leurs salariés plutôt que de créer des emplois. Une mesure « inégalitaire, hypothétique, qui a déjà été tentée et qui ne crée aucun emploi », a critiqué hier le numéro un de Force ouvrière, Pascal Pavageau, sur RTL, en référence à la politique de Nicolas Sarkozy, associant désocialisation et défiscalisation des heures supplémentaires.

 

3 - VERS UNE DÉGRESSIVITÉ DES ALLOCATIONS CHÔMAGE

L’assurance-chômage est dans le viseur du gouvernement. Pour fonder « un nouveau contrat social », Édouard Philippe se dit prêt à « discuter » de la dégressivité des allocations chômage pour les cadres à hauts revenus. Une proposition du député LaREM Aurélien Taché, visant à diminuer les allocations chômage « à partir de six mois » pour les bénéficiaires qui touchent plus de 5 000 euros d’indemnités. « Le principe de l’assurance-chômage, c’est que vos droits dépendent des cotisations que vous versez en fonction de votre salaire, rappelle Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE et membre des Économistes atterrés. Les cadres touchent plus parce qu’ils cotisent plus. Si on touche à leurs indemnités, ils seraient fondés à dire qu’on les fait payer pour rien. » Avec cette mesure, le risque est de pénaliser les seniors, une catégorie de demandeurs d’emploi qui perçoivent les plus hauts revenus, selon l’Insee. Samedi, Matignon a envoyé une lettre de cadrage aux syndicats et au patronat en vue des réunions bilatérales, du 29 août au 4 septembre, dédiées à l’assurance-chômage, la santé au travail et les arrêts maladie.

 

4 - NOUVELLE BAISSE DES CONTRATS AIDÉS

Le nombre de contrats aidés va à nouveau baisser en 2019, annonce Édouard Philippe Passés de 459 000 à 310 000 en 2017, ils avaient été déjà réduits à 154 000 dans le budget 2018. Un nouveau coup désastreux. Les baisses drastiques des contrats aidés, l’été dernier, ont eu « des impacts très lourds pour les associations, les collectivités, mais aussi les Ehpad », souligne un rapport publié cette année par les sénateurs Alain Dufaut (LR) et Jacques-Alain Magner (PS). Leur diminution brutale a « mis en péril l’existence de nombreuses structures » et aggravé la situation des bénéficiaires. « Du jour au lendemain, des milliers de personnes ont de nouveau basculé dans la précarité », souligne le rapport. Le gouvernement a créé un nouveau dispositif, appelé le parcours emploi compétences (PEC). Mais les associations et les collectivités y ont moins recours, car l’État ne prend en charge que 50 à 60 % du coût de ces contrats, contre 80 à 90 % pour les anciens. Les conditions d’accès ont aussi été restreintes. À peine 70 000 PEC ont été signés cet été… Beaucoup de monde risque de se retrouver sur le carreau.

 

5 - TOUJOURS PLUS D’AUSTÉRITÉ ET MOINS DE FONCTIONNAIRES

« Pour la fonction publique d’État, nous tiendrons l’objectif du président de supprimer 50 000 postes à l’horizon 2022 », assure Édouard Philippe au Journal du dimanche. L’administration fiscale – et tant pis pour les 60 milliards d’euros d’impôts qui échappent chaque année à l’État – et le personnel des ambassades seront les plus ciblés. Le premier ministre cite également des suppressions de postes dans l’audiovisuel public. La cadence devrait s’accélérer dès 2020, grâce notamment au « développement numérique », assure-t-il. Les coupes devraient être d’autant plus fortes que le premier ministre annonce le recrutement de 2 000 policiers supplémentaires, sans revoir son objectif de coupe nette de 4 500 postes pour 2019. Rappelons également que, pour répondre aux promesses de campagne d’Emmanuel Macron, 70 000 suppressions de postes de fonctionnaires sont également à prévoir dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière. On devrait en voir une nouvelle preuve avec la réforme de l’hôpital portée par Agnès Buzyn, qui sera présentée à la mi-septembre.

 

6 - LE CICE PÉRENNISÉ EN BAISSES DE COTISATIONS

La confirmation de la pérennisation du Cice en baisses de cotisations fait figure d’exception parmi ces annonces uniformément austéritaires. Alors que le premier ministre ne parle que d’économies, voilà qu’il justifie ce trou de 21 milliards d’euros dans le budget 2018. Plus de 70 milliards d’euros ont ainsi été consacrés à cette aide depuis sa création en 2013, sans jamais qu’ait été donné une preuve de son efficacité. Mais c’est avec élan qu’Édouard Philippe sécurise ce cadeau aux entreprises, malgré le déficit qu’il va causer. « C’est un transfert de trésorerie qui doit être utilisé pour leur compétitivité », justifie-t-il. Pire, comme le gouvernement prévoit une double baisse des cotisations, le manque à gagner pour la protection sociale sera de 3,3 milliards de plus que ce que coûtait le Cice, selon la commission des Finances du Sénat. Pourtant, le comité de suivi des aides publiques aux entreprises et des engagements rappelait encore l’année dernière qu’« on ne dispose à ce jour d’aucune évaluation des effets sur l’emploi » des exonérations de cotisations patronales « sur l’ensemble des vingt-cinq dernières années ».

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29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 04:40
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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 04:40

Des tomates à 1,70 € le kilo, des pommes à 1,50 € le kilo ou encore les 2 melons à 3,50 € ! C'est ce que proposait ce mardi 22 août le Modef, le mouvement de défense des exploitants familiaux, épaulé par le PCF, à Paris et dans de nombreuses villes de la région parisienne.Une belle initiative de résistance mais aussi d'alternatives en ces temps difficiles pour de nombreuses familles

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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 03:52

 

Rentrée politique et sociale, européennes, congrès à venir… Le menu des universités d’été est une nouvelle fois copieux du côté d’Angers (Maine-et-Loire) où les militants du PCF se réunissent ce week-end. Lors de son discours samedi matin, leur secrétaire national, Pierre Laurent a appelé à la mobilisation générale.

Le pouvoir macronien vacille et c’est le moment de ne rien lâcher. C’est en substance le message qu’a lancé le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, lors de son discours samedi matin devant les quelque 1000 communistes réunis à Angers pour leur université d’été. Le président « a lancé un train fou de réformes depuis le premier jour contre notre peuple pour servir les riches et la finance, des wagons de destruction sociale et de méthodes autoritaires », a constaté Pierre Laurent invitant à ne « pas aborder la période la peur au ventre », tout en assurant ne pas « être un illuminé qui fait de la méthode Coué ». L’avalanche de réformes prévu a pourtant de quoi  angoisser : réformes des retraites, des institutions, de l’assurance chômage… « Mais Macron a un problème, un gros problème qui va aller grandissant, estime le parlementaire. Car s’il marque des points en faisant voter son programme par sa majorité godillot, il a déjà laissé beaucoup de plumes dans les mobilisations du printemps et dans l’incroyable affaire Benalla cet été. Le rapport de forces a commencé à bouger et ça peut continuer ». Et de tacler : « Président arrogant et méprisant, voilà ce qu’est Macron, ce que cache son sourire de sitcom aux dents blanches ! Il n’aime pas ceux qui n’ont rien. Nous, nous n’aimons  ni les privilèges qu’il protège, ni l’austérité pour les salaires, les budgets communaux et les services publics qui paie ces privilèges ».

Alors pour les communistes, en cette rentrée que leur secrétaire national promet aussi « chaude » que l’été, un mot d’ordre est à l’honneur: « Le « pognon de dingue » que coûte le capital, nous allons le réclamer  pour financer la sortie de l’austérité », résume Pierre Laurent citant les « 20 milliards de CICE, l’explosion des profits et des dividendes, la suppression de l’ISF, sans compter le scandale permanent de l’évasion fiscale ». « Nous voulons un plan national de sortie de l’austérité,  la fin des privilèges pour la finance, un plan national de réinvestissement social, territorial, industriel et écologique ». Le PCF et ses parlementaires n’en oublient pas pour autant la réforme constitutionnelle dont l’examen a été repoussé cet été pour cause d’affaire Benalla, signe supplémentaire d’une « monarchie présidentielle absolue ». L’exigence d’un référendum et d’une autre réforme qui ouvre la porte à une VIe République devrait à nouveau se faire entendre dans les prochaines semaines. 
 
En attendant et dès la fin de l’après-midi, les militants, eux, devaient passer de la parole aux actes avec une marche de la faculté à l’hôpital d’Angers  pour la défense des services publics. Car au final à en croire Pierre Laurent l’équation est simple avec l’austérité : «  d’un côté des dividendes qui battent des records mondiaux  de progression, de l’autre des familles qui ne peuvent plus remplir correctement le cartable des enfants ou le frigo chaque semaine, des salaires bloqués, des APL baissées, des prestations sociales gelées, des contrats aidés supprimés ».
 
Au PCF, la mobilisation est aussi de mise sur le front des élections européennes de mai prochain. « Sortie de l’austérité, réinvestissement social, VIe République, nous sommes au cœur de la campagne européenne, estime le sénateur de Paris. La politique de Macron et celle de l’Union européenne sont sœurs jumelles. Combattre l’une, c’est combattre l’autre et réciproquement». Alors que la France insoumise et EELV, également en université d’été ce week-end, semblent décidés à faire bande à part - sauf pour inclure quelques personnalités à leur liste -, le PCF emmené par son chef de file Ian Brossat continue de « tendre la main ». Mais tout en avançant, histoire de ne pas se retrouver le bec dans l’eau. « L’appel à candidatures est ouvert, a annoncé le dirigeant communiste samedi. Nous voulons une liste qui soit celle de toutes les mobilisations sociales et citoyennes, une liste ouverte aux coopérations politiques utiles à faire progresser ces objectifs ». Le résultat doit être dévoilé dans « les semaines qui viennent ».
 
Quant au Congrès du PCF qui a lieu en novembre, « nous sommes entre deux eaux », reconnaît Pierre Laurent saisissant l’occasion pour envoyer quelques messages. Alors qu’un vote aura lieu en octobre pour déterminer lequel des textes proposés au début de l’été deviendra celui du congrès : « J’inviterai les communistes à retenir (la base commune proposée par le Conseil national) pour poursuivre nos travaux », précise-t-il d’abord glissant qu’il s’agit de « discuter au grand jour avec les communistes et pas dans les couloirs » tout en critiquant les « bilans-réquisitoires », entendus ici ou là. A propos de la direction nationale de la formation, pour laquelle il redit sa disponibilité, il a également appelé à des modifications avec notamment un Conseil national « resserré pour plus d’efficacité » et une réorganisation « à tous les niveaux ». Le tout en vue de faire du PCF « plus encore que le parti de la parole communiste, celui de l’initiative communiste » qui porte à la fois « l’idée et la réalité  d’une société post-capitaliste débarrassée des aliénations qui entravent les humains ». 
 
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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 03:49

Jean Jouzel climatologue, directeur de recherche au CEA, ancien vice-président du groupe scientifique du Giec

Pourtant loin d’être terminé, l’été 2018 marque d’ores-et-déjà un tournant dans notre lutte contre le réchauffement climatique. Feux de forêts incontrôlables en Californie, canicules sans précédent en Europe du Nord ou au Japon : de nombreux rapports scientifiques évoquent désormais le risque d’atteindre un point de rupture. Pour Jean Jouzel - chercheur dans le domaine de l’évolution du climat - nous pouvons encore agir, mais il est impératif que nous relevions l’ambition des 2 °C prévue par l’Accord de Paris.

Canicules en France, en Suède, au Japon, incendies d’une rare violence en Californie ou au Portugal : assiste-t-on à un emballement du réchauffement climatique ?

Malheureusement, les événements actuels correspondent à ce qui était envisagé depuis plus de trente ans par les climatologues. En moyenne, la température à la surface de la terre augmente de près de deux dixièmes de degrés par décennie. A ce réchauffement moyen – directement imputable aux activités humaines – s’ajoute désormais une évolution rapide des « extrêmes climatiques », expliquant notamment la recrudescence et l’intensification des vagues de chaleur, qui ne va pas aller en s’améliorant. Pour une hausse supplémentaire des températures moyennes de 1 °C, les extrêmes augmenteraient ainsi de 2 °C.

« Les épisodes de canicule se multiplient depuis le début des années 2000 »

De fait, on l’observe particulièrement cet été, les épisodes de canicule se multiplient depuis le début des années 2000. En France, nous avons été marqués par la canicule de 2003, mais n’oublions pas que d’autres pays ont connu des pics similaires depuis, comme par exemple la Russie en 2010. Des records sont ainsi battus de plus en plus fréquemment, en différents points du globe. Le rapport annuel de l’Agence américaine d’observation de l’océan et de l’atmosphère vient d’ores-et-déjà de confirmer que 2017 a été l’une des trois années les plus chaudes de la planète. Et 2018 pourrait bien battre de nouveaux records.

« Ces changements climatiques rapides sont sans aucun équivalent sur les 10 000 dernières années et nous font entrer dans un tout autre monde »

Si rien n’est fait pour enrayer cette dynamique, l’été caniculaire de 2003 – qui était 3 degrés plus chaud qu’un été de référence de la fin du XXsiècle – pourrait bien devenir la norme en France après 2050. Les étés caniculaires auraient alors des températures moyennes 6 ou 7 degrés plus élevées que cet été de référence. Par ailleurs, dans un contexte de réchauffement climatique non maîtrisé, on peut craindre des records de température de l’ordre de 50, voire 55 degrés, dans certaines régions à la fin du siècle. C’est énorme. Ces changements climatiques rapides sont sans aucun équivalent sur les 10 000 dernières années et nous font entrer dans un tout autre monde.

Pouvons-nous attribuer ces événements extrêmes au réchauffement climatique et à l’activité humaine ?

Le réchauffement moyen du globe est déjà clairement attribué à l’activité humaine et à l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, pour l’essentiel (75 %) dus aux dégagements de gaz carbonique causés par notre utilisation d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Le reste tenant principalement à nos usages agricoles qui rejettent du méthane et du protoxyde d’azote.

« Il ne fait désormais plus aucun doute que le changement climatique augmente la probabilité de survenue d’événements extrêmes »

Pour ce qui est des extrêmes climatiques, ils sont étudiés au cas par cas par les climatologues depuis plusieurs décennies et mes collègues sont désormais capables, grâce aux statistiques, de déterminer les probabilités de survenue de tel ou tel événement dans un contexte de réchauffement climatique. Par rapport à ce qui était fait il y a 15-20 ans, les experts climatiques sont de plus en plus sensibles à la notion dite « d’attribution » et – grâce à une meilleure documentation des phénomènes naturels et au développement de modèles climatiques plus élaborés – il ne fait désormais plus aucun doute que le changement climatique augmente la probabilité de survenue d’événements extrêmes. La vague de chaleur observée en Europe du Nord avait ainsi deux fois plus de chances de se produire aujourd’hui que dans le passé. C’est un changement de perspective important. L’étape suivante consistera à établir un lien causal direct entre ces extrêmes climatiques et l’activité humaine. Cette attribution a déjà été établie pour plusieurs pics de chaleur mais sans faire pour l’instant consensus.

 

L’ensemble de la planète, sans exception, est concerné par ce réchauffement. Les menaces sont bien sûr différentes d’une région à l’autre, mais aucun pays ne peut y échapper. On le voit cette année avec la Scandinavie, qu’on pensait à l’abri du réchauffement climatique, ou encore la Russie qui semblait épargnée avant la canicule de 2010.  

« L’Europe s’est considérée comme privilégiée pendant un temps, alors que nous sommes en réalité très vulnérables »

Sur ce plan, l’Europe s’est considérée comme privilégiée pendant un temps, alors que nous sommes en réalité très vulnérables, en témoigne la canicule actuelle. Aujourd’hui, un Européen sur 20 est, chaque année, en proie à un événement climatique extrême. Si rien n’est fait pour maîtriser le réchauffement, cette proportion pourrait atteindre deux tiers de la population d’ici 2050. Le nombre de décès liés aux extrêmes climatiques (essentiellement aux épisodes de canicule) pourrait également être multiplié par 50 dans la deuxième partie du siècle, passant de 3 000 à 150 000 victimes annuelles. Enfin, en France, une projection des risques de feux de forêts à horizon 2050 indique que des régions jusqu’ici épargnées pourraient être sujettes aux flammes, notamment dans le centre et l’ouest du pays.

Malgré tout, c’est incontestablement l’Afrique et l’Asie du Sud-Est qui sont en première ligne. Au niveau de la corne de l’Afrique (Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Somalie) par exemple, les températures dépassent régulièrement les 50 °C, et pourraient être amenées à augmenter de nouveau, rendant très compliquée l’adaptation des populations. C’est aussi ce qui attend, plus modérément la péninsule arabique. Dans certaines régions côtières, la principale crainte tient à l’élévation du niveau de la mer, tandis que la Californie est menacée par les feux de forêts incontrôlables, avec des températures qui frôlent, voire dépassent déjà les 50 °C dans la vallée de la mort.

C’est la vie sur Terre qui est menacée ?

Le GIEC a l’habitude de classer les effets du réchauffement climatique en cinq catégories. Outre l’intensification et la multiplication des « extrêmes climatiques » qui nous préoccupent aujourd’hui – et constituent la première d’entre elles – nous assistons à l’augmentation de l’acidité des océans qui absorbent chaque année 25 à 30 % du gaz carbonique que nous rejetons, mettant en danger les récifs coralliens et les animaux marins qui les peuplent. En cas de réchauffement climatique important, c’est la biodiversité dans son ensemble qui est menacée. A moyen ou long terme, certaines espèces ne pourront en effet plus se déplacer aussi vite que les zones climatiques, rendant impossible leur adaptation.

La vie humaine n’est pas épargnée puisque le réchauffement climatique cause des problèmes d’accès à l’eau, induit des déplacements importants de population (on parle de « réfugiés climatiques »), menace notre sécurité alimentaire et augmente le risque de conflits. La dernière catégorie de risques tient à l’existence de phénomènes irréversibles et donc, en premier lieu, à l’élévation du niveau de la mer.

A-t-on atteint un point de rupture ?

Le réchauffement climatique est irréversible, mais nous pouvons encore limiter son ampleur, si nous agissons rapidement. Il nous faut impérativement respecter la limite des 2 °C prévu par l’Accord de Paris, au risque d’atteindre effectivement ce point de rupture et de perdre le contrôle sur un certain nombre de phénomènes. A commencer dans les régions polaires, où le dégel du permafrost pourrait s’accentuer et libérer du gaz carbonique par décomposition de matière organique, venant grandir le stock – lié aux activités humaines – qui stagne déjà dans l’atmosphère. L’élévation du niveau de la mer avance également à un rythme soutenu : même si nous respectons l’objectif de l’accord de Paris, il pourrait atteindre 40 centimètres d’ici la fin du siècle et 1 mètre à la fin du siècle prochain. En cas de réchauffement plus important, les niveaux pourraient atteindre respectivement 1 mètre et 2 mètres supplémentaires. La fonte du Groënland serait alors également envisageable à l’échelle millénaire, ce qui conduirait à une élévation du niveau de la mer de 7 mètres.

« Il est impératif de s’atteler rapidement à la maîtrise de ces phénomènes, au risque d’enclencher un « effet domino » irréversible » et de voir notre planète se transformer en une véritable serre

Est-il suffisant de chercher à contenir la hausse des températures en deçà de 2 degrés, comme le prévoit l’Accord de Paris ? En sommes-nous encore capables ?

A scénario émetteur inchangé (c’est-à-dire sans respecter l’Accord de Paris), les températures moyennes mondiales pourraient gagner entre 4 et 5 degrés d’ici la fin du siècle. Il est donc impératif que nous respections l’objectif de maintien sous les 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, tout en sachant que la température du globe a déjà pris un degré par rapport à cette période et que notre fenêtre de tir est donc très étroite.

Problème majeur : les engagements qu’ont pris les Etats dans le cadre de cet accord ne permettent pas de tenir l’objectif. Pour le respecter, la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre devrait être trois fois plus importante et intervenir rapidement puisque le CO2 que nous émettons s’accumule au fur et à mesure dans l’atmosphère et vient grossir, chaque jour, un stock qui accélère le réchauffement climatique.

« Pour rester sous la barre des deux degrés, il ne nous reste plus que 20 ans d’émissions au rythme actuel »

Pour rester sous la barre des deux degrés, il ne nous reste plus que 20 ans d’émissions au rythme actuel. Il faut donc agir vite. C’est une question qui ne se pose plus simplement dans un long terme indéterminé, mais qui est à portée de génération : ce ne sont pas nos futurs enfants, ni petits enfants, qui sont concernés, mais bien les jeunes d’aujourd’hui.

Un relèvement de l’ambition internationale serait donc nécessaire ?

Effectivement, il faut relever l’ambition de l’Accord de Paris, mais je crains fort que cela ne soit pas à l’agenda des négociations avant quelques années. En particulier depuis que Donald Trump a acté le retrait des Etats-Unis, brisant un cercle vertueux qui venait à peine de s’enclencher. Ce revirement américain est susceptible d’avoir un effet d’entraînement sur d’autres pays signataires. La Russie, qui n’a pas pour l’instant ratifié l’Accord de Paris, pourrait ainsi ne jamais le faire. Or, il faut être conscient que, si la politique de Donald Trump est susceptible d’avoir un effet positif à très court terme sur l’économie américaine, elle sera assurément néfaste pour le pays à moyen et long terme. A l’heure actuelle, aucune nation ne peut prétendre s’exonérer des questions climatiques.

Que peut-on attendre de la COP 24, qui réunira en décembre les parties signataires en Pologne ?

La COP 24 est une belle occasion pour toucher du doigt l’éventuel relèvement des ambitions de l’Accord de Paris. Mais l’année 2018 marque tout juste la fin d’une période de trois ans où les pays ont défini les règles de l’Accord signé en 2015 : quels engagements prendre ? Comment les tenir ? Il semble donc encore un peu tôt dans les négociations pour espérer rehausser nos objectifs. Nous attendrons donc sûrement 2020 bien que, d’un point de vue purement climatique, il soit nécessaire d’agir dès maintenant. Le seul point d’espoir tient à la publication, en octobre, d’un rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C, qui retiendra peut-être l’attention de certains négociateurs.

En France, la loi sur la transition énergétique va-t-elle dans le bon sens ?

Nous visons une division par quatre de nos émissions d’ici 2050, tout à fait compatible avec l’Accord de Paris – et qui va même au-delà étant donné que chacun participe à hauteur de ses émissions et que les pays développés ont donc un effort plus important à fournir. De plus, Nicolas Hulot a récemment annoncé viser la neutralité carbone à l’horizon 2050, contre la deuxième partie de ce siècle dans le cadre de l’Accord de Paris. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TECV) adoptée en 2015 marque également un progrès. Principal bémol : elle se focalise sur l’énergie et oublie les émissions du secteur agricole (méthane et protoxyde d’azote), qui sont certes moins importantes en quantité mais néanmoins loin d’être négligeables.  

« En 2017, nos émissions ont augmenté de 3,2 %, ce qui nous éloigne complètement de notre trajectoire 

Dans les textes, la situation est plutôt encourageante, avec également un Plan national d’adaptation au changement climatique qui devrait être promulgué d’ici la fin de l’année. Mais en pratique, le bilan est plus nuancé puisqu’en 2017, nos émissions ont augmenté de 3,2 %, ce qui nous éloigne complètement de notre trajectoire. En outre, nous savons d’ores-et-déjà que notre objectif d’avoir, en 2020, 23 % d’énergie renouvelable dans notre consommation ne sera pas atteint, tout comme la réduction de nos émissions de 40 % d’ici 2030 sera difficile.

Au niveau individuel, pouvons-nous encore espérer avoir un impact positif quelconque ?

Bien sûr, cela est possible et souhaitable ! En un sens, le réchauffement climatique est enthousiasmant pour les jeunes générations car il implique de changer tout notre modèle de développement : urbanisme, transport, habitudes d’alimentation et de consommation. Nous avons tous, et je m’inclus dedans, une certaine part d’égoïsme qui rend difficile la prise en compte du changement climatique à notre échelle individuelle, mais il n’y a pas de petit effort pour tendre vers un mode de vie plus sobre. Cela se joue dans les dizaines de décisions que nous prenons au quotidien, et doit être encouragé par les Etats et les collectivités locales, qui sont en première ligne de ce combat : le changement des habitudes de transport passe ainsi par l’élaboration d’une offre de transports propres par les collectivités.

« Il n’y a pas de petit effort pour tendre vers un mode de vie plus sobre »

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Et, contrairement à une idée reçue très répandue, la lutte contre le réchauffement climatique n’entrave pas la croissance mais serait, au contraire, le symbole d’un nouveau dynamisme économique. Six millions d’emplois pourraient ainsi être créés en Europe d’ici 2050 et, pour la France seule, l’Ademe évoque un potentiel de 90 0000 créations d’emplois. C’est simplement une autre forme de dynamisme que celle que nous cherchons aujourd’hui, et vers laquelle il nous faut tendre.

Propos recueillis par Aude Martin

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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 03:41

 

L’établissement bancaire a été surpris comme participant à un vaste système d’évasion fiscale, notamment aux États-Unis et en France. L’affaire a contribué à fixer de premières limites au secret bancaire suisse mais n’a pas fait cesser ces pratiques.

Profitant du secret bancaire, les banquiers d’UBS ont agi illégalement pour séduire de nouveaux clients internationaux. Leur soutien aux évadés fiscaux a été dévoilé en 2007, aux États-Unis, à partir de documents retrouvés par les agents du fisc au cours d’une perquisition aux bureaux du milliardaire américain d’origine russe Igor Olenicoff. Son conseiller, Bradley Birkenfeld, ancien banquier d’UBS et complice dans les irrégularités fiscales du milliardaire, a été contraint de collaborer avec le département de la Justice. Son témoignage a déclenché une enquête sur des milliers de comptes secrets ouverts par des citoyens américains en Suisse. La banque a ainsi violé l’accord signé en 2001 avec les États-Unis (le Qualified Intermediary, QI) dans lequel elle s’engageait à fournir l’identité de ses clients américains au fisc de leur pays.

Les auxiliaires d’UBS responsables de l’acquisition des clients aux États-Unis avaient clairement pour mission de contourner ces accords. Leur tâche première était de repérer des personnes aisées et de les aider à s’évader fiscalement en ayant recours aux services d’UBS. Les clients étaient recrutés lors de rencontres mondaines, souvent sponsorisées par la banque. Plus tard, les banquiers d’UBS, soutenus par des avocats et des comptables, ont usé de différentes stratégies pour cacher l’argent de leurs nouveaux clients au fisc américain. Le subterfuge visait à dissimuler les identités des titulaires par le biais de sociétés-écrans situées dans des pays tiers à partir desquels il devenait possible de contourner les accords Qualified Intermediary. Aux riches clients américains, il était également conseillé de déposer l’argent liquide et non déclaré directement en Suisse ou d’acheter des objets de luxe, œuvres d’art et bijoux.

LA BANQUE EST DEPUIS 2013 SOUS LE COUP D’UNE ENQUÊTE EN FRANCE

L’ampleur de ce système est tel que le gouvernement helvétique est entré en scène fin 2008 pour limiter les dangers qu’une condamnation éventuelle (et finalement effective) d’UBS par la justice américaine faisait craindre sur l’économie du pays. L’accord portant sur le partage des données bancaires suspectes entre les deux gouvernements – américain et suisse – représente un tournant historique pour la lutte contre l’évasion fiscale. Le processus d’abolition du secret bancaire pour les non-résidents en Suisse, lancé en 2009, est ainsi renforcé. Le programme mis en place il y a huit ans par le département de la Justice des États-Unis dans le cadre de la lutte contre l’évasion fiscale avait déjà obligé une des plus importantes banques au monde à payer une amende de 780 millions de dollars. Dans le même élan, d’autres banques ont été jugées dans le cadre de la lutte contre l’évasion fiscale américaine : Crédit suisse a dû payer 2,8 milliards de dollars d’amende en 2014 et Julius Baer, 547,25 millions de dollars en 2016.

Aujourd’hui, malgré l’intervention du gouvernement suisse et les progrès dans l’abolition du secret bancaire, UBS est toujours impliquée dans l’évasion fiscale internationale. La « société de services financiers », dont les sièges sont à Bâle et à Zurich, en Suisse, est la plus grande banque de gestion de fortune dans le monde avec des actifs investis de 2 440 milliards d’euros en 2016. Accusée d’avoir contribué activement à cette pratique suivant le même schéma mis en place aux États-Unis, la banque est depuis 2013 sous le coup d’une enquête en France et sera jugée à la rentrée 2018. Six hauts dirigeants de l’institut bancaire actifs dans les deux pays vont être jugés. Parmi ceux-ci, Raoul Weil, ancien numéro trois d’UBS, déjà accusé et acquitté après l’affaire américaine, et Patrick de Fayet, ancien numéro deux d’UBS France.

Demain Madonna, de l’aide au Malawi à son « isla bonita » des Bermudes.

Le guide touristique de la fraude

Suisse

À partir de son adoption en 1934, le secret bancaire suisse a été source de critiques concernant l’éthique des banques qui l’appliquent. Complice de l’évasion fiscale au niveau mondial, le secret bancaire a été limité pour la première fois en 2009 par les autorités des États-Unis. Le partage progressif des informations fiscales s’est ensuite mis en place grâce aux pressions internationales, aux menaces de sanctions économiques et aux procédures pénales contre les banques de la Confédération suisse. Les demandes d’assistance fiscale de la part d’autres administrations nationales ont crû à partir de 2015. L’adhésion de la Suisse aux standards internationaux de transparence fiscale a été signée récemment par un accord d’échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers (EAR). Cet accord, entré en vigueur le 1er janvier 2017, concerne 38 pays mais ne serait effectif qu’en 2018, sur les données de l’année précédente. Le gouvernement helvétique espère régler ainsi certains contentieux avec ses principaux partenaires européens. Plusieurs banques suisses restent cependant impliquées dans l’évasion fiscale et… le secret bancaire, une spécialité nationale de la Confédération !

Federico Boldini

 

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27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 04:42

 

Plus de 1000 participants gonflés à bloc et décidés à ne rien céder à Macron, une salle bondée pour l'allocution de Pierre Laurent, un débat sur le congrès du PCF, des parlementaires présents en nombre, 90 ateliers, 100 intervenants, des communistes très présents, une marche pour les services publics, une chaîne humaine spéctaculaire devant l'Hôpital d'Angers, un meeting devant le CHU avec Ian Brossat ... C'est une université d'été marquante, combative, festive et réussie que vient de tenir le PCF à Angers pendant 3 jours.

Il y avait de la matière et des images à se mettre sous la dent!
Et pourtant, malgré la présence de quelques médias, dont France 3, l'Humanité, l'AFP et quelques régionaux, c'est de nouveau le boycott médiatique qui a dominé.

Dans nombre de commentaires, l'existence même de l'Université d'été du PCF a tout simplement été zappée. Ce traitement bafoue le pluralisme et est inacceptable. Il contrevient aux règles énoncées par le CSA lui-même.

Le PCF proteste avec vigueur et demande au CSA de procéder à un bilan rapide du traitement médiatique des Universités d'été pour que soit établi avec transparence le temps de parole accordé aux différentes formations qui ont tenu des Universités d'été.

Ainsi les citoyens pourront juger sur pièces et les conditions seront établies pour interpeller les moyens d'information visant à corriger ces inégalités.

 

 

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27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 03:39

 

André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée, analyse les résultats de la politique économique menée par Macron et les inquiétudes qu’ils suscitent pour l’avenir de nos concitoyens.

La machine à illusions économiques du Président Macron a ces dernières semaines pris du plomb dans l’aile. En cet été 2018, les dernières données statistiques viennent confirmer ce que nous n’avons eu de cesse de dénoncer depuis le début du quinquennat : la mise en pratique des vieilles recettes du néolibéralisme plombe l’économie, la création d’emploi et le pouvoir d’achat des Français. Pis encore, la politique économique du pouvoir en a accentué les travers : réduction des dépenses publiques, suppression des droits sociaux des travailleurs, accroissement sans précédent des cadeaux fiscaux aux revenus les plus élevés et aux détenteurs de capitaux. Un an après, c’est le cœur de l’efficacité de la politique économique du « Président des Riches » qui est aujourd’hui mise en défaut par les faits. Et « les faits sont têtus ! »

La croissance. 0,2 % au second trimestre 2018. Niveau identique à celui du premier trimestre, soit une croissance deux fois moins forte que la moyenne des pays de la zone euro ou de celle de l’Union Européenne à 28 (0,4 %).

Le nombre de demandeurs d’emploi. 5 627 900 personnes en France métropolitaine à la fin juin 2018 pour les catégories A, B et C. Il progresse au dernier trimestre, comme sur l’ensemble de l’année écoulée (+ 1,4 %), tout en ne reflétant que la partie émergée de l’iceberg de la précarité économique que connaissent des millions de précaires, salariés à temps partiels et autres travailleurs pauvres.

Les salaires. Le salaire mensuel de base (brut) n’a progressé que de 1,5 % au cours de l’année écoulée (de juin 2017 à juin 2018), tandis que dans le même temps les prix à la consommation ont augmenté de 2,3 % en juillet sur un an (1,9 % pour les prix des produits alimentaires). Cela faisait 7 ans que l’ensemble des Français-e-s n’avaient pas perdu autant de pouvoir d’achat, alors même que la hausse de l’inflation semble se poursuivre en parallèle de politiques de compression des salaires dans les entreprises.

La balance commerciale. Un déficit de 33,5 milliards d’€ au premier semestre 2018 selon les dernières données issues des douanes. Les exportations ont représenté l’équivalent de 87,8 % des importations, un taux parmi les plus faibles enregistrés depuis les années 1970. Ces chiffres, quasi records, sont particulièrement alarmants puisqu’ils témoignent très directement à la fois de la poursuite de la désindustrialisation de la France et de sa dépendance croissante aux importations pour sa propre demande intérieure. Ils auront des implications durables pour l’économie de demain avec notamment la perte des savoir-faire et de la maîtrise technique de secteurs entiers.

Alors, faudrait-il croire, comme le psalmodie la communication gouvernementale, que ce constat n’a aucun lien avec des choix politiques devenus insensés ? Faut-il se laisser une nouvelle fois abuser par les digéreurs de la parole présidentielle, pris la main dans le pot de déconfiture libérale, et se réfugiant dans la formule consacrée : « le résultat des réformes n’est pas encore perceptible » ?

Bien au contraire, c’est le moment de dire que ces résultats sont directement corrélés à des choix néfastes pour l’ensemble de l’économie française. C’est le moment de dénoncer encore plus fermement l’hypocrisie qui consiste à faire croire qu’en donnant toujours plus au capital, on en retirerait des retombées positives. Fort logiquement, c’est tout le contraire qui se produit puisque cette politique a accéléré le prélèvement déjà exorbitant opéré sur les richesses produites par le travail des Françaises et des Français par le capital. Et cette explosion du coût du capital se paie cash avec l’augmentation de la rémunération des actionnaires au détriment de celle du travail et des investissements.

Une dernière information économique vient ainsi confirmer le contresens économique et social total poursuivi par le pouvoir. Les bénéfices nets des grands groupes du CAC 40 atteignent des sommets, tandis que ces mêmes groupes continuent de supprimer de l’emploi et des salaires. Les 33 sociétés sur 40 ayant publié leurs résultats sur les 6 premiers mois de 2018 ont déjà accumulé 43,5 milliards d’€ de résultat net. Le CAC 40 est en passe de franchir le cap des 100 milliards d’€ de bénéfices nets annuels, au-delà des résultats d’avant-crise. Mais le plus important est bien de voir que cette explosion des bénéfices se traduit, en même temps, par la dégringolade de l’effort d’investissement de ces mêmes groupes. Moins 12 milliards d’€ d’investissements pour l’ensemble des groupes du CAC 40, le plus bas niveau d’investissement relevé depuis 12 ans par l’étude Ricol Lasteyrie-EY dressant chaque année le « profil financier du CAC 40 », cabinet d’expertise que l’on pourra difficilement taxer de collusion avec les économistes communistes. Les dégâts de la poursuite des mesures d’allègements fiscaux dont bénéficient ces mêmes groupes, comme l’ensemble des « premiers de cordée », notamment avec le CICE, le CIR et les multiples dispositifs en faveur de l’emploi peu qualifié apparaissent ainsi à la vue de tous. Il s’agit en réalité de mesures de pillage des richesses par une poignée au détriment de l’avenir économique du pays.

Aussi, la priorité des priorités économiques serait-elle de retrouver ces premières marges de manœuvres financières, en supprimant dès 2019 ces allègements fiscaux qui alimentent le capital financier et la spéculation au détriment de notre tissu industriel, de l’innovation, de l’emploi et des salaires. La lutte contre le coût du capital doit devenir une grande cause nationale. Car c’est bien aujourd’hui cette ponction croissante sur les richesses produites qui déstabilise toute notre économie et prive durablement notre pays de sa capacité à tracer la voie d’un modèle de développement économique, social et écologique juste et durable. Bien entendu vous n’entendrez aucun économiste ou expert libéral faire état de cette situation alarmante. Dans leur diversité d’analyse, ce sont en revanche les économistes hétérodoxes, notamment communistes, qui portent clairement l’exigence du combat contre ce coût caché du capital.

Pour sortir de cette ornière libérale, il faut donc avoir dès aujourd’hui le courage et la volonté d’affronter dans la durée cette politique gouvernementale dépassée et néfaste sur son terrain fétiche de l’illusion économique.

André CHASSAIGNE

Président du groupe de la

Gauche Démocrate et Républicaine à l’Assemblée nationale

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27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 03:37

 

Conjuguées au réchauffement climatique et à la croissance démographique, les inégalités d’accès à l’eau au Proche-Orient devraient encore s'accroître dans les années à venir. Pour certains experts, l’eau sert d’outil militaire à l’État hébreu pour faire avancer ses projets de colonisation. Elle constitue un point d'achoppement majeur du processus de paix.

Jérusalem, de notre correspondante. - Cinq années de sécheresse consécutives. Selon le ministre israélien de l’énergie et des ressources en eau, Yuval Steinitz, cela faisait « 100 ans » qu’un tel manque de pluie n’avait pas frappé la région. Résultat, les sources d’eau naturelles, notamment au nord d’Israël, ne cessent de voir leur niveau baisser. Et les importantes infrastructures de désalinisation et de traitement des eaux usées créées par l’État hébreu ne suffisent plus à compenser la pénurie.

« Ce type de longue sécheresse n’est pas rare dans la région mais ce sont les effets du changement climatique qui rendent la crise aussi sévère », estime Avner Adin, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialisé dans le traitement de l'eau et les technologies de contrôle de la pollution.

Pour remédier au problème, le gouvernement israélien a annoncé en avril 2018 vouloir mettre les bouchées doubles. Deux nouvelles usines de désalinisation vont être construites le long de la côte méditerranéenne. Le budget de l’opération n’a pas été dévoilé mais il est évalué à 400 millions de dollars, soit environ 344 millions d’euros, par usine. Le réseau de distribution en eau du pays doit également être étendu.

Parallèlement, le gouvernement Netanyahou projette de réduire le pompage des sources naturelles pour réhabiliter les rivières asséchées. Il envisagerait en revanche de prélever de plus grandes quantités d’eau douce dans le lac de Tibériade, pourtant gravement touché par la sécheresse.

Cette sécheresse qui dure frappe également de plein fouet les Territoires palestiniens et la Jordanie, tous deux fortement dépendants d’Israël pour leur fourniture en eau. En 1967, pendant la guerre des Six-Jours, l’État hébreu a pris le « contrôle de toutes les sources d’eau entre la rivière du Jourdain et la mer Méditerranée », rappelle Adam Aloni, chercheur au sein de l’ONG B’Tselem. Au moment des accords d’Oslo, il est décidé que 80 % de l’eau provenant de l’aquifère de la montagne en Cisjordanie seraient exploités par les Israéliens et 20 % par les Palestiniens.

En zone A (sous contrôle palestinien) et B (sous régime mixte), les villes palestiniennes sont en principe alimentées par la compagnie d’eau israélienne Mekorot. Mais chaque été, pendant les mois les plus arides, la pression baisse dans les tuyaux. « Le réseau de distribution passe d’abord dans les colonies israéliennes » et ces dernières « augmentent leur consommation en eau pour l’agriculture », explique Adam Aloni. Les autorités palestiniennes doivent donc rationner l’eau pour que chaque famille puisse en recevoir une fois par semaine, voire une fois toutes les deux semaines.

La situation est également critique pour les Palestiniens vivant dans la zone C, où Israël exerce un contrôle militaire et civil absolu. « Pour construire un puits ou raccorder une pompe à un tuyau, les Palestiniens ont besoin d’un permis. Mais les autorités israéliennes n’en délivrent presque jamais », constate le chercheur. Des « dizaines de communautés palestiniennes » ne sont donc toujours pas connectées à l’eau courante. Elles doivent vivre avec « 20 litres d’eau par jour par personne », une quantité largement inférieure aux recommandations fixées par l’ONU à 100 litres.

Le problème est d’autant plus dramatique dans la bande de Gaza, sous blocus depuis 2007. Contactée par Mediapart, Margaux Chinal, chargée de projets eau et assainissement à l’Agence française de développement, estime que « 95 % de l’eau utilisée » par la population de l’enclave palestinienne est « impropre à la consommation en raison de la pollution » de la nappe phréatique et de « l’intrusion d’eau salée » dans cette dernière.

Côté jordanien, l’eau est aussi une denrée rare. Le royaume hachémite est « le pays qui souffre le plus de la sécheresse dans la région », affirme Avner Adin. En ce moment, les habitants d'Amman ne reçoivent de l’eau « qu’une fois par semaine », précise-t-il. « Sans parler des milliers de réfugiés syriens installés au nord du pays, qui ont besoin de boire et ajoutent au problème. » Lors du traité de paix signé en 1994 avec Israël, la Jordanie s’est toutefois vu garantir un accès au Jourdain et à son principal affluent, le Yarmouk. L’État hébreu « a promis de continuer à fournir de l’eau à la Jordanie, même dans les années de grande sécheresse », souligne le professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem.

«Israël vend aux Palestiniens à plein tarif une eau dont il leur a enlevé l’accès»

Ces dernières années, plusieurs experts, ONG et politiques, notamment en France, n’ont cessé de dénoncer l’emprise israélienne sur les ressources en eau de la région. D’après certains d’entre eux, l’eau servirait d’outil militaire à l’État hébreu pour faire avancer ses projets de colonisation. « Pas du tout », rétorque Avner Adin. Pour preuve, le spécialiste israélien raconte avoir mis sur pied un groupe d’experts « il y a plusieurs années », à la demande de la Croix-Rouge, pour vérifier que l’article 40 des accords d’Oslo relatif à l’eau était correctement respecté.

« Nous en avons conclu qu’Israël se conformait plutôt bien à ses engagements. Il peut y avoir des problèmes au niveau local, des conflits ici ou là, à cause de différentes raisons, mais globalement l’accord est respecté et même parfois au-delà de ce qui a été convenu », assure-t-il.

Adam Aloni réfute cette affirmation. « Nous sommes alertés sans arrêt sur de nouveaux tuyaux qui ont été coupés ou confisqués. Les Israéliens ne veulent pas que les Palestiniens restent dans la zone C, qui représente 67 % de la Cisjordanie, et ils ne leur donnent donc pas accès à l’eau. » Les accords d’Oslo, qui devaient être renégociés au bout de cinq ans, ne l’ont pas été et « la population palestinienne a presque doublé », ajoute-t-il. Selon lui, la part accordée aux Palestiniens serait ainsi tombée à « 14 % » au lieu des 20 % prévus.

Le chercheur de B’Tselem juge par ailleurs que les Israéliens maintiennent les Palestiniens dans une dépendance mortifère. Les accords d’Oslo comprenaient également une clause concernant l’eau que devrait vendre le gouvernement israélien aux habitants des Territoires palestiniens selon leurs besoins. « Le problème, c’est qu’Israël leur vend à plein tarif une eau dont il leur a enlevé l’accès », dénonce Adam Aloni.

Selon les estimations de certaines ONG, le mètre cube d’eau peut coûter jusqu’à 45 shekels (un peu plus de 10 euros) aux Palestiniens vivant dans la zone C. À titre de comparaison, le prix du mètre cube d’eau s’élève à environ 7 shekels (soit 1,64 euro) à Tel-Aviv.

Jugé illégal par Israël et menacé de destruction depuis des années, le village palestinien de Susiya, situé dans la zone C au sud d’Hébron, est un parfait exemple de cette situation ubuesque. « Depuis 2000, nous ne pouvons plus accéder librement aux 28 points d’eau [sources naturelles, puits ou système de récupération des eaux de pluie – ndlr] situés aux abords du village », explique Nasser Nawaja, activiste et porte-parole des 350 habitants de Susiya. « À chaque fois que nos bergers tentent de s’en approcher, les soldats les arrêtent », déplore-t-il, jetant un regard désabusé vers les trois miradors dressés par l’armée israélienne dans la zone tampon instaurée entre le village palestinien et la colonie israélienne voisine.

L’activiste palestinien tient à nous montrer le plus insensé. Aux abords du village, un tuyau gris affleure du sol. Il s’agit d’un pipeline de la compagnie israélienne d’eau Mekorot. Les habitants de Susiya ne sont pas autorisés à s’y raccorder. À quelques minutes de là, en amont de la route 317, l’inégalité de traitement entre Palestiniens et colons saute aux yeux. Des tuyaux serpentent sur une colline pour alimenter Abigail, un avant-poste juif pourtant considéré comme illégal par la loi israélienne.

Pour la communauté palestinienne, les conséquences sont nombreuses. « Ils ne peuvent pas nettoyer et rénover leurs puits », et quand ils y ont accès, « la qualité de l’eau est médiocre », affirme Fadi Arouri, membre de l’ONG italienne GVC (Gruppo di Volontariato Civile). Pour répondre à leurs besoins en eau domestique, les habitants de Susiya sont aujourd’hui contraints de débourser jusqu’à « un tiers de leur salaire », évalue-t-il. Un budget qui les a obligés à se séparer progressivement d’une partie de leur bétail. « En 2000, nous avions 5 500 bêtes et il ne nous en reste plus que 1 800 », confirme Nasser Nawaja.

Ce lundi 2 juillet, Fadi Arouri vient superviser la livraison d’une cargaison d’eau potable financée par un programme de l’UNICEF. « Nous achetons l’eau aux compagnie privées au prix fort et nous la revendons aux habitants de Susiya à un prix symbolique. » Cette fois, l’opération se déroule sans problème. Mais ce n’est pas toujours le cas. « C’est très risqué pour moi de venir livrer ici », souligne le chauffeur du camion-citerne, Hijazi Bhais, originaire d’Hébron. « L’armée israélienne nous harcèle sans arrêt », poursuit-il, racontant avoir déjà reçu des amendes ou s’être vu confisquer son camion par les militaires.

Dans un futur proche, les experts craignent que la situation ne s’aggrave. « La combinaison des projections de croissance démographique et de changement climatique qui affectent déjà cette région permet d’estimer que les Territoires palestiniens seront confrontés à un déficit en eau de 271 millions de mètres cubes d’ici à 2020 », affirme Margaux Chinal. « Israël promeut ses propres intérêts aux dépens des Palestiniens, ignorant leurs besoins et leurs droits. Si la pénurie continue, il y a donc de grandes chances que les disparités s’approfondissent. Israël contrôlera encore plus fermement les ressources en eau et les Palestiniens souffriront d’autant plus », met en garde Adam Aloni.

 

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