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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 12:13
Un nombre record d’expulsions locatives en 2017

mardi 30 octobre 2018

Alors que la trêve hivernale débute le 31 octobre et se terminera le 31 mars prochain, dans un communiqué publié le 29 octobre, la fondation Abbé-Pierre dénombre un record d’expulsions locatives en 2017.

Au total "15 547 ménages ont en effet été expulsés avec le concours de la force publique en 2017 (contre 15 222 en 2016)", note l’association qui lutte contre le mal-logement.

La fondation Abbé-Pierre demande à l’État une "inversion de la courbe", regrettant que le plan national de prévention des expulsions mis en œuvre en 2016 n’ait "pas été en mesure d’enrayer cette hausse de 46% depuis dix ans et de 106% depuis quinze ans". L’association relève tout de même un "signal encourageant : à l’heure où se déploie un second plan de prévention, le nombre de décisions de justice prononçant l’expulsion est, pour la deuxième année de suite, en baisse en 2017, avec 125 971 décisions (contre 129 189 en 2016)".

Invité de franceinfo le 24 octobre dernier, le délégué général de la fondation Abbé-Pierre, Christophe Robert, avait insisté : "Il n’y a pas qu’en hiver qu’on a besoin d’un toit sur la tête, mais toute l’année", rappelant la nécessité que "toutes les collectivités se mobilisent pour ne laisser personne à la rue".

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 12:10
Le gouvernement fait sur le dos des fonctionnaires, des économies drastiques pour réduire les déficits publics (Jean-Marc Canon, CGT)
Le gouvernement fait sur le dos des fonctionnaires, des économies drastiques pour réduire les déficits publics

mardi 30 octobre 2018 - Lettre du cidefe

Lundi 29 octobre au matin, le Premier ministre a dévoilé la feuille de route du gouvernement pour la réforme de la fonction publique.

Le premier objectif est de supprimer 50 000 postes de fonctionnaires d’ici 2022. Le gouvernement souhaite donc inciter les agents à quitter leur emploi via des plans de départs volontaires. Ceux qui acceptent partiraient avec 24 mois de salaire et le droit aux allocations chômage.

Sur France Info, Jean-Marc Canon, secrétaire général de syndicat CGT de la Fonction publique a dénoncé "le gouvernement, le président de la République, de vouloir faire des fonctionnaires (...) le bouc émissaire d’une crise pour laquelle ils ne sont en rien responsables et ils ont choisi de faire sur leur dos des économies drastiques pour réduire les déficits publics.

« il y a déjà plus d’un million d’agents non titulaires sur les cinq millions d’agents de la fonction publique. Les administrations écornent déjà le principe selon lequel un emploi permanent doit être pourvu par un titulaire. Certains agents restent en CDD pendant six ans avant de pouvoir passer en CDI. Au-delà du problème de la précarité, le statut est avant tout un gage de neutralité et d’impartialité des agents, notamment face à des ordres qui pourraient être illégaux donnés par un supérieur ». Il craint ainsi que l’emploi titulaire passe " de la norme à l’exception"

Précarisation du statut des agents : le plan d’E. Philippe pour la Fonction publique

mardi 30 octobre 2018[]

Le 29 octobre, le Premier ministre a réuni le "deuxième Comité interministériel de la transformation publique".

Le chef du gouvernement a annoncé un bouleversement profond de l’action publique. Il a précisé les actions du gouvernement pour mettre en place ses 4 orientations :

- Des services publics plus proches des usagers 
- Des démarches plus simples et plus accessibles 
- Une intervention publique plus claire et plus performante 
- Un Etat qui se transforme lui même

Concernant les territoires, "il faut concentrer les efforts là où il y en a le plus besoin" a t-il affirmé. Pour lui "il est nécessaire de passer d’une logique d’uniformité à une logique d’équité et investir les moyens du service public là où ils sont les plus nécessaires et les plus attendus pour compenser les inégalités.

"Il nous faut aussi organiser les services de l’État avec plus de modularité, dans le sens d’une plus grande différenciation selon les territoires. C’est le sens de la circulaire relative à l’organisation territoriale des services publics du 24 juillet 2018.

Il est important aussi développer la logique contractuelle avec les collectivités territoriales. Certaines régions en font déjà l’expérience (pacte Bretagne). Enfin, dans le cadre de ses missions, l’Agence nationale de cohésion des territoires apportera appui et expertise aux territoires. Nous voulons être à leurs côtés et les accompagner, en particulier les plus fragiles."

Le Premier ministre a confirmé vouloir accroître le recours aux contrats non-titulaires.

Il a rappelé sa volonté de renforcer l’individualisation de la rémunération des agents, et de mettre en place des outils favorisant des plans de suppressions d’emplois massifs, alors que l’objectif de 50 000 postes de fonctionnaires en moins a été avancé d’ici 2022.

Le doublement de la couverture des frais liés aux mobilités, une compensation en cas de salaire moins élevé dans le nouveau poste pouvant durer jusqu’à six ans et le droit au chômage, est mis en avant.

La dématérialisation des démarches, la numérisation des administrations et le recours à l’intelligence artificielle sera amplifié. Des ordonnances médicales aux inscriptions sur les listes électorales en passant par les dépôts de plainte, de nombreux actes administratifs devraient être désormais accessibles en ligne dès 2019.

- Lire l’article de Vie Publique

Le dossier de presse

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 10:27
Le fascisme au Brésil - le communiqué du Parti communiste brésilien

LE FASCISME AU BRÉSIL

"La période entre l'annonce du résultat des élections et l'investiture du nouveau dirigeant peut représenter une grave menace pour la classe ouvrière, les femmes, les Noirs et les Noires, les indigènes, les LGBT, les Immigrés, les habitants du Nordeste, les organisations sociales et politiques de gauche, les syndicats, et surtout pour les communistes" estime le Parti communiste brésilien

LE COMMUNIQUÉ DU PARTI COMMUNISTE BRÉSILIEN

" Malgré la croissance ces derniers jours d'une vague démocratique d'opposition à la menace posée par la candidature fasciste, l'élection de Jair Bolsonaro à la présidence de la République a été confirmée. La société brésilienne est confrontée à un nouveau stade de domination capitaliste dans notre pays. Le cycle de la conciliation de classe a été vaincu et une nouvelle phase de la politique brésilienne commence désormais.

Comme l'atteste l'approbation d'un décret présidentiel créant un Groupe de travail national chargé de réprimer les organisations qui "affrontent l'État brésilien et ses institutions", laissant ainsi la voie à la criminalisation généralisée des mouvements sociaux et des organisations de gauche, Temer gouvernait déjà sous les ordres de Bolsonaro.

Les invasions arbitraires d'universités menées par des agents fédéraux et des représentants de la Justice Électorale, combinées à des actions brutales contre la presse de gauche (comme la perquisition du journal Jornal de Fato) et contre les entités qui menaient des assemblées et des activités contre le fascisme, démontrent que nous vivons déjà dans un état d'exception, qui considère qu'une position politique claire en faveur de la libre circulation des idées et des libertés démocratiques est un crime.

La période entre l'annonce du résultat des élections et l'investiture du nouveau dirigeant peut représenter une grave menace pour la classe ouvrière, les femmes, les Noirs et les Noires, les indigènes, les LGBT, les Immigrés, les habitants du Nordeste, les organisations sociales et politiques de gauche, les syndicats, et surtout pour les communistes.

Il existe des risques réels que la haine et la violence déjà employées pendant la campagne électorale et ayant provoqué des agressions physiques et causé plusieurs morts, soient davantage diffusées par les hordes fascistes encouragées par le clan Bolsonaro et ses partisans.

En outre, de nouvelles attaques contre le droit du travail, les services publics, la souveraineté nationale et les droits démocratiques pourront être menées par un gouvernement et un congrès moribonds souhaitant rendre service au nouveau chef.

Le gouvernement Bolsonaro sera un gouvernement fondé sur la conjugaison entre des forces réactionnaires, parmi lesquelles se trouvent des secteurs importants des forces armées, un Congrès plus conservateur que l'actuel et une Justice sous contrôle. Nous avons pu le constater lors de la campagne électorale du second tour, lorsque diverses allégations d'irrégularités et de crimes commis par le candidat victorieux, telles que la "caisse noire" utilisée pour financer un flot de fake news et de propagande fasciste en tout genre sur Whatsapp, ces accusations ont tout simplement été ignorées par les instances suprêmes de la Justice brésilienne.

Nous serons confrontés à un état d'exception institutionnalisée, fortement militarisée, avec le soutien de groupes paramilitaires fascistes et le soutien social obtenu par la propagande idéologique anticommuniste et antidémocratique qui se manifeste dans divers secteurs de la société.

Bolsonaro, pour se faire élire, a construit une base sociale de soutien à ses idées et ses propositions néo-fascistes, appartenant aux couches supérieures de la bourgeoisie et aux classes moyennes.

Grâce à un stratagème mafieux de propagande frauduleuse financée par de grands hommes d'affaires et diffusée par des groupes ultraconservateurs, à la tête de pasteurs sans scrupules d'églises néo-pentecôtistes, il a réussi à répandre l'irrationalité et la haine et à captiver le cœur et l'esprit des couches populaires et de la classe ouvrière. Ils ont réussi à faire croire que le plus grand mal à combattre au Brésil était la corruption du PT, comme si ce parti avait inventé la corruption, phénomène systémique dans le capitalisme, et qui s'était déjà produite à grande échelle, y compris pendant les gouvernements militaires nés du coup d’État de 1964, mais la censure, la terreur et la peur ne permettaient pas à l'époque ni de la rendre publique, ni de la punir.

Le nouveau gouvernement va approfondir les mesures de criminalisation des mouvements sociaux, de l'activisme social et politique de toutes les tendances et de la gauche en particulier. Il va vouloir faire avancer le processus de privatisations de l’État, la subordination aux intérêts de l'impérialisme américain et la livraison de notre richesse nationale, comme l'a annoncé le nouveau président lors de la campagne, en affirmant que " l'Amazonie n'est pas à nous".

S'il met effectivement en œuvre ce qu'il a promis pendant la campagne électorale, Bolsonaro entend accélérer le retrait des droits civils, politiques, sociaux et du travail, détruire le système unifié de santé pour favoriser les grandes entreprises qui gèrent des plans de santé privés, privatiser l'enseignement public, introduire des cours à distance pour l'école primaire, en plus de lancer par la loi le célèbre projet de "l'École sans parti", c'est-à-dire, l'École bâillonnée.

Le fascisme brésilien est en marche, mêlant des caractéristiques du fascisme traditionnel - comme le recours à la violence contre la gauche et le mouvement ouvrier organisé, la haine de la raison, de la culture et du savoir, l'utilisation de symboles et slogans xénophobes, une idéologie ultra conservatrice dans tous les domaines - avec un modèle économique ultralibéral et basé sur les privatisations. Mais ils ne jouent pas seuls. Une grande partie de la population brésilienne a rejeté le vote pour le candidat du PSL.

C'est pourquoi il est nécessaire d'organiser la résistance, qui sera dure et difficile, mais qui tendra à grandir dès que les gens qui ont cru en ce projet réaliseront qu'ils ont été trompés sans scrupules.

Il est nécessaire que toutes les forces populaires et démocratiques s'unissent immédiatement autour de la construction d'un large front antifasciste qui mobilise les différents couches sociales insatisfaites de l'élection de Bolsonaro et celles qui verront leurs droits affectés par les attaques à venir.

Au sein du front démocratique antifasciste (qui doit rassembler des mouvements, partis et entités représentatifs d'un large éventail de forces démocratiques, progressistes et même libérales), et surtout dans les luttes populaires et dans le mouvement syndical et ouvrier, il faut d'abord renforcer l'unité des organisations politiques et sociales anticapitalistes et anti-impérialistes à travers le Brésil. Seule la classe ouvrière organisée vaincra le fascisme ! "

Oser lutter, oser vaincre !

Comité central du Parti communiste brésilien (PCB)

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 09:15
Brésil, l'impérialisme tient sa revanche (entretien de José Fort avec Rabah Bahloul, 29 octobre - Radio Arts Mada)
Merci à Yvon Huet d'avoir publié ce passionnant entretien sur sa page Facebook où nous l'avons trouvé.
Brésil, l’impérialisme tient sa revanche

(Transcription de l’émission spéciale Brésil ce lundi 29 octobre sur la Radio web, Radio Arts Mada. Manque l’interview de Ulysse Gallier à retrouver tous les matins de cette semaine à 9h sur Radio Arts-Mada)

Rabah Bahloul : Ce soir nous consacrons la totalité de l’émission de au Brésil. Vous connaissez certainement le résultat du deuxième tour de l’élection présidentielle dans ce pays : 55% pour le candidat de l’extrême droite, 45% pour celui de la gauche. A Radio Arts-Mada, nous sommes sous le choc. Un fasciste va présider aux destinées d’un pays de 210 millions d’habitants. Les retombées seront dures pour les démocrates et pour l’ensemble du continent latino-américain. Ce soir, José Fort va réagir à chaud, nous aurons en ligne un jeune Français qui vit au Brésil. José, alors que dire, que penser ?

José Fort

Oui, Rabah, nous sommes sous le choc et pourtant nous nous attendions à un tel résultat. Un fasciste ouvertement xénophobe, homophobe, violent à l’extrême particulièrement à l’égard des femmes, des noirs et des minorités, ancien militaire regrettant que la dictature qui a plongé le Brésil dans la sauvagerie de 1964 à 1985 se soit limitée « à torturer alors qu’il fallait tuer » devient président de la République du Brésil.

Quelques jours avant le scrutin, il a demandé aux « rouges marginaux de quitter le pays, sinon ce sera la prison. » Il s’est engagé à maintenir Lula embastillé, promis au candidat de la gauche Haddad de ne plus « rendre visite » (à Lula) mais de le rejoindre dans sa prison. Il a promis de « cogner dur », de « nettoyer » l’Amazonie et donc les Indiens, tout cela à la grande satisfaction de la Bourse en hausse, de la grande bourgeoisie ivre de revanche, des médias aux ordres, des gouvernants états-uniens tireurs des ficelles en coulisse. Un fasciste s’installe dans ce pays continent. Hier soir, lors de sa première déclaration après l’annonce du résultat il a déclaré, je le cite : « Le Brésil au- dessus de tout, Dieu au-dessus de tout ». Une référence assumée au « Deutschland über alles » (l’Allemagne au dessus-de tout)

Rabah Bahloul

As-tu un début d’explication. Je dis bien un début car j’imagine qu’avec du recul des analyses plus approfondies donneront matière à la réflexion

José Fort
Je vois plusieurs premières explications. Il n’y pas eu au Brésil, contrairement à d’autres pays du continent latino-américain des « commissions vérité » chargées de faire la lumière sur les monstruosités commises par la dictature militaire (1964-1985). Lula l’a souhaité mais l’opposition de l’armée et de la droite était tellement forte qu’il a dû composer.

Trente ans de répression féroce et les responsables de l’ordre brun ont pu finir leur vie en toute impunité. Quant aux nouvelles générations, elles n’ont été que peu ou pas du tout instruites sur l’ampleur des horreurs vécues par les plus anciens.

Après une période de transition marquée par plusieurs scandales et magouilles politiques, Lula arrive à la présidence de la République seulement en 2003 après plusieurs échecs électoraux.

Dilma Rousseff lui succède en 2011 et doit subir un coup d’Etat institutionnel en 2016. De 2003 à 2016, le Brésil enregistre d’importants progrès sociaux, la sortie de la misère pour près de 40 millions de Brésiliens, l’accès à l’éducation, à la santé considérablement amélioré et une présence affirmée du pays sur la scène internationale. Avec aussi dans les sphères du pouvoir, sans que Lula et Dilma ne soient directement impliqués, de graves cas de corruption, une augmentation gigantesque de l’insécurité, des alliances avec des gens peu recommandables du type de celle passée avec le vice-président de Dilma, le félon Tremer, qui a trahi la présidente pour mieux prendre sa place. En se débarrassant de Mme Rousseff, de vrais criminels sont arrivés au pouvoir, des gens dont les turpitudes et le comportement mafieux relèguent les acrobaties budgétaires de l’ex-présidente au rang de peccadille.


Depuis des années, la grande bourgeoisie brésilienne bénéficiant de médias à la botte préparait sa revanche.

Il fallait d’abord se débarrasser de Dilma Roussef. Puis chauffer à blanc l’opinion publique en sortant des affaires touchant le Parti des travailleurs en occultant les propres dérives d’une droite expérimentée en ce domaine. Il fallait surtout mettre hors de combat Lula qui était donné à 40% au premier tour et gagnant au second en l’emprisonnant sous un prétexte fallacieux. Pour finir, en déclenchant une campagne raciste, homophobe, revancharde, fascisante en direction de l’électorat traditionnel de la droite et de son extrême et populiste pour attirer ceux qui sortis de la misère sont retombés dans la précarité. L’oubli des sauvageries du passé, l’invitation aux plus basses pulsions, la corruption, l’insécurité, les fautes commises par des proches du Parti des Travailleurs et enfin le retournement des bénéficiaires hier d’une politique progressiste et aujourd’hui victimes de la crise ont alimenté l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Avec, dans les coulisses, le soutien des gouvernants états-uniens.

Rabah Bahloul. Avant de poursuivre notre entretien je souhaite diffuser à l’antenne une réaction d’un grand artiste brésilien. Et, c’est, Martine, la programmatrice musicale de Radio Arts-Mada qui nous rejoint. Nous t’écoutons Martine.

Arnaldo Antunes est poète, chanteur, musicien et compositeur. C’est une figure emblématique de la musique populaire au Brésil. Voici son cri d’alarme sur le risque de naufrage de sa patrie. Il exprime ce que ressentent aujourd'hui des dizaines de millions de Brésiliens.

Ecoutons ce qu’écrit Arnaldo Antunes. Je le cite :

« Ceci n’est pas un poème, juste un cri du cœur que je ne pouvais pas ne pas lancer et que je ne pouvais exprimer autrement qu’en découpant les phrases dans l’espace.

« J’ai vu, terrifié, le chanteur et compositeur Moa do Katendé assassiné de douze coups de couteau dans le dos pour avoir exprimé son soutien au candidat de la gauche dans un bar de Bahia.

« J’ai entendu, Luiz Melodia, lui aussi noir et compositeur, arborant la même crinière rasta que Moa do Katendé, chanter :

« C’est au cœur du Brésil que j’essaie de sentir encore palpiter entre la lumière et les ténèbres de ce trou obscur qui ne bat plus dans la poitrine de Moa do Katendé. »

Et Arnaldo Antunes de poursuivre :

« Il n’y a plus d’amour à Sao Paulo, il n’y a plus d’amour au Brésil fracturé en ces jours affreux de bottes brutales qui frappent au visage quiconque aime l’art, la culture, l’éducation, la liberté d’expression, la diversité, la citoyenneté, la solidarité, la démocratie. »

« Allons-nous tous continuer à marcher docilement vers l’abîme dans cette folie collective où le Brésil nie tout Brésil possible, aveugle tout futur possible.

Si il n’y a ni droit, ni respect, ni instruction, ni dignité, rien que l’horreur et la haine, la haine et l’horreur, les mots perdent leur clarté, les valeurs perdent leur valeur, la vie perd sa valeur.

« Pas un pouce de terre pour les indiens, pas une goutte de droits civiques ou de droits humains et le retour de la censure et de la haine pour étouffer une fois pour toute le rêve d’une nation qui a l’opportunité de donner au monde sa contribution originale désormais vouée à répéter ce qu’il y a eu de pire dans l’histoire. Plus d’histoire désormais. » Fin de citation.

J’ai choisi ce soir une chanson
d’Arnaldo Antunes. Il interprète « Naturalmente ». Ecoutons.

Rabah Bahloul. L’élection d’un extrémiste, d’un fasciste aura obligatoirement des retombées sur le continent latino-américain ?

José Fort

Oui, bien entendu, et vois-tu Rabah les vautours sont lâchés depuis un certain temps.

Le maintien à la tête de plusieurs pays des gouvernements progressistes et le développement des structures d’intégration économique et politique dans la région ont suscité la haine. A Washington, une feuille de route a été adaptée il y a déjà plusieurs années dotée d’énormes moyens financiers avec pour objectif d’aider les « oppositions dans les pays non amis ». Vous avez bien entendu « pays non amis ». Plusieurs hypothèses de « travail » ont été mises au point. Elles vont depuis l’aide matérielle à la subversion jusqu’à l’étranglement économique, ou encore depuis les actes de terrorisme jusqu’aux campagnes de propagande largement relayées en Europe. L’heure est à l’affrontement de classes aigu dans cette région du monde.
Il y a eu les coups d’Etat « institutionnels » au Paraguay, au Honduras et au Brésil. Il y a des opérations ciblées visant le Venezuela, la Bolivie, le Salvador, le Nicaragua et, depuis plus de 50 ans, Cuba.

Au cours des dernières années, ces pays ont enregistré des avancées sociales importantes et construit des politiques indépendantes et souveraines débarrassées de la main mise des multinationales. Ils ont travaillé à renforcer l’intégration régionale avec notamment la Communauté des Etats latinos américains. Un nouveau paysage politique s’était installé dans ce continent qui était autrefois le « pré carré » des Etats-Unis. Pour l’impérialisme nord-américain, ses banques, ses multinationales et ses terroristes protégés au plus haut niveau de l’Etat US et pour les oligarchies locales un coup d’arrêt s’imposait. Les fautes et les erreurs des gouvernants progressistes ont facilité le travail de destruction. Il faut s’attendre à des événements graves dans cette région du monde.

Déjà au Venezuela, les milieux liés à la grande bourgeoisie et à la mafia ont déclenché une guerre de rue, pour le moment apaisée, et un sabotage économique contre le gouvernement du président Maduro.

En Bolivie, des contrats ont été placés sur la tête du président Evo Morales. Au Salvador et au Nicaragua, les droites les plus extrêmes, avec la complicité des hiérarchies de l’église catholique et des évangélistes tentent de déstabiliser les gouvernements en place. Quant aux Cubains, ils doivent encore et encore affronter menaces et chantages, calomnies et mensonges.
A la Havane, cela fait plus d’un demi siècle que cela dure. Cette fois, avec Trump, l’embargo criminel contre la Grande Ile est renforcé.

Sur tout le continent latino-américain, l’impérialisme US et ses relais européens montrent les dents.

Au Brésil, un ancien capitaine qui veut privatiser les cent plus importantes entreprises nationales, qui annonce l’arrivée de cinq généraux au gouvernement, qui a noyé le pays sous les fausses nouvelles, qui a refusé tout débat public conscient de sa faiblesse congénitale, un véritable pantin aux mains de la grande bourgeoisie et des multinationales va présider le plus grand pays latino, une des dix premières puissances mondiales.
Hier soir, les candidats de la gauche Fernando Hadadd et Manuela D’Avila assurait, pour le premier, à ses 48 millions d’électeurs qu’ils pouvaient « compter sur lui pour garantir la défense de leurs droits et la démocratie » tandis que la seconde assurait que « la tristesse doit rapidement se transformer en résistance ».
Nos amis brésiliens, nos amis latinos, plus que jamais, ont besoin de notre solidarité.

J’ai choisi une dernière illustration musicale. Elle est dure mais correspond pleinement à la situation.

Ecoutons Jean Ferrat interpréter « Le bruit des bottes »

Rabah Bahloul. L’élection d’un extrémiste, d’un fasciste aura obligatoirement des retombées sur le continent latino-américain ?

José Fort

Oui, bien entendu, et vois-tu Rabah les vautours sont lâchés depuis un certain temps.

Le maintien à la tête de plusieurs pays des gouvernements progressistes et le développement des structures d’intégration économique et politique dans la région ont suscité la haine. A Washington, une feuille de route a été adaptée il y a déjà plusieurs années dotée d’énormes moyens financiers avec pour objectif d’aider les « oppositions dans les pays non amis ». Vous avez bien entendu « pays non amis ». Plusieurs hypothèses de « travail » ont été mises au point. Elles vont depuis l’aide matérielle à la subversion jusqu’à l’étranglement économique, ou encore depuis les actes de terrorisme jusqu’aux campagnes de propagande largement relayées en Europe. L’heure est à l’affrontement de classes aigu dans cette région du monde.
Il y a eu les coups d’Etat « institutionnels » au Paraguay, au Honduras et au Brésil. Il y a des opérations ciblées visant le Venezuela, la Bolivie, le Salvador, le Nicaragua et, depuis plus de 50 ans, Cuba.

Au cours des dernières années, ces pays ont enregistré des avancées sociales importantes et construit des politiques indépendantes et souveraines débarrassées de la main mise des multinationales. Ils ont travaillé à renforcer l’intégration régionale avec notamment la Communauté des Etats latinos américains. Un nouveau paysage politique s’était installé dans ce continent qui était autrefois le « pré carré » des Etats-Unis. Pour l’impérialisme nord-américain, ses banques, ses multinationales et ses terroristes protégés au plus haut niveau de l’Etat US et pour les oligarchies locales un coup d’arrêt s’imposait. Les fautes et les erreurs des gouvernants progressistes ont facilité le travail de destruction. Il faut s’attendre à des événements graves dans cette région du monde.

Déjà au Venezuela, les milieux liés à la grande bourgeoisie et à la mafia ont déclenché une guerre de rue, pour le moment apaisée, et un sabotage économique contre le gouvernement du président Maduro.

En Bolivie, des contrats ont été placés sur la tête du président Evo Morales. Au Salvador et au Nicaragua, les droites les plus extrêmes, avec la complicité des hiérarchies de l’église catholique et des évangélistes tentent de déstabiliser les gouvernements en place. Quant aux Cubains, ils doivent encore et encore affronter menaces et chantages, calomnies et mensonges.
A la Havane, cela fait plus d’un demi siècle que cela dure. Cette fois, avec Trump, l’embargo criminel contre la Grande Ile est renforcé.

Sur tout le continent latino-américain, l’impérialisme US et ses relais européens montrent les dents.

Au Brésil, un ancien capitaine qui veut privatiser les cent plus importantes entreprises nationales, qui annonce l’arrivée de cinq généraux au gouvernement, qui a noyé le pays sous les fausses nouvelles, qui a refusé tout débat public conscient de sa faiblesse congénitale, un véritable pantin aux mains de la grande bourgeoisie et des multinationales va présider le plus grand pays latino, une des dix premières puissances mondiales.
Hier soir, les candidats de la gauche Fernando Hadadd et Manuela D’Avila assurait, pour le premier, à ses 48 millions d’électeurs qu’ils pouvaient « compter sur lui pour garantir la défense de leurs droits et la démocratie » tandis que la seconde assurait que « la tristesse doit rapidement se transformer en résistance ».
Nos amis brésiliens, nos amis latinos, plus que jamais, ont besoin de notre solidarité.

J’ai choisi une dernière illustration musicale. Elle est dure mais correspond pleinement à la situation.

Ecoutons Jean Ferrat interpréter « Le bruit des bottes »

COMMUNIQUÉ de PRESSE du BUREAU CONFÉDÉRAL DE LA CGT

LE BRÉSIL S’ABANDONNE AU FASCISME
lundi 29 octobre 2018

Bolsonaro devient président, des temps difficiles s’annoncent pour les travailleurs.

Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu dimanche président du Brésil, avec 55,3% des voix.
Près de 150 millions de Brésilien-ne-s étaient appelés aux urnes à l’issue d’une campagne qui s’est déroulée dans un environnement des plus délétères, méconnu depuis la fin de la dictature des militaires.
Un tel résultat de scrutin, dans le pays le plus important de ce continent et dont les relations commerciales, culturelles et diplomatiques au plan international sont de premier ordre, aura des conséquences importantes en terme géopolitique, tant au niveau continental qu’international.
Ce scrutin au Brésil fait grossir la liste des pays où droite radicale et extrême droite profitent d’une forme de rejet des institutions et des politiques traditionnels, cela se multiplie dans le monde : États-Unis, Brésil, Italie, France, Hongrie, Suède, Allemagne, Autriche…
Dans un pays taraudé par des phénomènes de violences dramatiques, des difficultés économiques catastrophiques, une corruption récurrente et une crise de confiance dans la classe politique, le candidat d’extrême droite est parvenu, avec des discours conjuguant populisme, démagogie et xénophobie, à apparaître comme l’homme providentiel dont le Brésil aurait besoin.
Défenseur de la « famille traditionnelle » et d’une société patriarcale, il a reçu le soutien crucial des puissantes églises évangéliques, tout comme son projet de politique économique ultra-libéral a reçu le soutien des forces patronales et du monde de la finance.
Le bond des marchés financiers lors de ce scrutin démontre, s’il en est besoin, que le monde des affaires se satisfait d’un tel Président. Il promet de privatiser à grande échelle, de réduire les dépenses publiques, de transformer le système de retraite, d’assouplir le « marché » du travail… rien de bon pour le monde du travail ! 
L’état de corruption qui mine le pays et le manque de perspectives économiques anéanties par les politiques récentes ont joué aussi un rôle majeur dans ce résultat.
Les Brésilien-ne-s ont donc été sensibles au discours démagogique, de moralisation de la vie politique et ultra sécuritaire de Bolsonaro.
Le niveau de la corruption politique et les récentes condamnations d’anciens présidents, relevant souvent de conspirations, font que l’on peut parler aussi de désintégration de l’État.
Son agenda est clairement libéral, ses positions radicales, ses prises de positions en faveur de la libéralisation des armes semblent avoir trouvé un écho dans une société conservatrice et profondément inégalitaire. L’ordre fort a séduit également un public modeste épuisé par la précarité et la violence récurrente qu’il subit.
Néanmoins, les classes urbaines aisées demeurent le socle de son électorat, sous influence des évangélistes, des forces de l’argent, qui plébiscitent un projet économique ultralibéral. 
Certains affirment que : « Cette élection est un cirque au milieu du carnaval tragique qui se joue en Amérique latine avec le retour en force des gouvernements réactionnaires. » Une politique dont rêvait la droite brésilienne pour briser les acquis sociaux, avec en complément et non des moindres, une attaque en règle contre la démocratie.
Bolsonaro est un grand adepte de discours haineux à l’égard des militants de gauche, des syndicalistes, des noirs, des homosexuels, des femmes… Autant de repères idéologiques du fascisme qui font craindre des moments difficiles pour tous les progressistes de ce pays. 
La CGT exprime toute sa solidarité aux travailleurs-euses, aux syndicalistes et aux forces de progrès du Brésil et à tous ceux, porteurs d’une société fraternelle, plus juste et émancipatrice. Ils vont devoir résister et combattre dans ce contexte politique et social particulièrement inquiétant.

Montreuil, le 29 octobre 2018

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 08:19
Pittsburgh: le poison de l'antisémitisme a encore frappé

Le PCF condamne le carnage perpétré à la synagogue de Pittsburgh par un suprématiste blanc, adepte de la théorie du complot qui considérait les juifs comme des enfants de Satan et accusait l’association juive HIAS de venir en aide aux réfugiés à travers le monde.

La veille des colis piégés étaient envoyés aux adversaires de Donald Trump par un suprématiste blanc, raciste, antisémite, homophobe, fervent soutien des armes à feu.

Le poison de la haine antisémite et raciale continue de tuer et d’être diffusé en toute légalité puisque le terroriste arrêté s'exprimait régulièrement via «le réseau social de la libre parole», refuge pour l'extrême droite, les suprémacistes blancs et les néo-nazis.

Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde, d’où la nécessité de ne jamais baisser la garde. La lutte contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme aux USA, en France et dans le monde est plus que jamais d'actualité.

Le PCF adresse toutes ses condoléances aux victimes et à leurs familles.

Pittsburgh: le poison de l'antisémitisme a encore frappé
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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 08:00

Au moins 20 blessé-e-s hier à Tunis dans un attentat-suicide sans que les capitales du monde ne réagissent vraiment...

Le PCF exprime toute sa solidarité avec les victimes et leurs familles, et tout son soutien au peuple tunisien et aux forces démocratiques et de progrès du pays.

Les "mesures anti-terroristes" du gouvernement tunisien montrent encore une fois leurs limites lorsqu'elles consistent à réduire les libertés collectives et individuelles puisqu'ainsi que le rappelle l'AFP, "l'état d'urgence reste en vigueur sur l'ensemble du territoire depuis l'attentat de novembre 2015. La présidence tunisienne a annoncé une nouvelle prolongation d'un mois le 5 octobre dernier. L'état d'urgence octroie des pouvoirs d'exception aux forces de l'ordre. Il permet notamment d'interdire les grèves et les réunions "de nature à provoquer (...) le désordre".

PCF - International

29 octobre 2018

Le PCF solidaire des victimes tunisiennes de l'attentat-suicide de Tunis et des forces progressistes en Tunisie
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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 07:22
ANGELA DAVIS: YES, I AM A COMMUNIST! Le parcours de cette grande figure révolutionnaire du mouvement noir de libération aux Etats-Unis
ANGELA DAVIS: YES, I AM A COMMUNIST! Le parcours de cette grande figure révolutionnaire du mouvement noir de libération aux Etats-Unis
ANGELA DAVIS: YES, I AM A COMMUNIST! Le parcours de cette grande figure révolutionnaire du mouvement noir de libération aux Etats-Unis

Angela Davis: "Les Etats-Unis sont en train de vivre une contre-révolution" (Médiapart, 30 novembre)

Angela Davis a raison... en France aussi

Guillaume Galliene rend hommage à Angela Davis, militante communiste, des droits de l'homme, et de la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis, sur France Inter

https://www.cinearchives.org/Films-447-740-0-0.html

Angela Davis reste une icône révolutionnaire, une grande figure du combat d’émancipation, du combat féministe, un symbole des luttes des Noirs américains pour l’égalité.

Les lieux du monde où nous grandissons nous forgent.

S’agissant de ségrégation raciale, Angela Davis a vu le jour dans le premier cercle de l’enfer. Birmingham, Alabama, au cœur de ce Sud raciste et sécessionniste où Rosa Parks osa, en 1955, un acte de révolte fondateur. Ses premiers souvenirs d’enfance ? Les Davis habitent dans un quartier où l'on accepte difficilement l'installation de familles noires modestes.  Les déflagrations des bombes posées par les fascistes du Ku Klux Klan, si nombreuses que son quartier est surnommé « Dynamite Hill » (Colline Dynamite). Les récits d’une grand-mère se remémorant les temps de l’esclavage. Les pancartes « white only ». Alors qu'elle n'a que 12 ans, le boycott d'une compagnie de bus pratiquant la ségrégation raciale marque Angela; les Afro-Américains ne revendiquent que le droit de s'asseoir où ils le souhaitent dans le bus, comme les Blancs, ce qui leur était dénié jusque là. Le 16 septembre 1963, un attentat à la bombe dans une église baptiste de Birmingham tue quatre filles noires que connaissait Angela; les assassins sont des racistes du Ku Klux Klan. 

Ses parents, des professeurs communistes, militent activement contre les lois Jim Crow instituant l’apartheid à l’américaine. À quatorze ans, la jeune fille quitte l’Alabama pour New York, à la faveur d’une bourse d’études.

Au lycée, elle découvre le Manifeste du Parti communiste et fait ses premiers pas de militante dans une organisation marxiste, Advance.

Angela Davis est une élève brillante. En 1962, elle entre à l’université de Brandeis. En première année, elles ne sont que trois étudiantes noires. Elle y découvre Sartre, Camus, s’initie à la philosophie d’Herbert Marcuse, dont elle suit les cours. Marcuse est alors un des maîtres à penser de la lutte contre la guerre du Vietnam. En 1964, elle part, une première fois, pour Francfort, creuset, à l’époque, d’un marxisme hétérodoxe. Elle y étudie Marx, Kant, Hegel et suit les conférences de Theodor W. Adorno. Aux États-Unis, un nouveau vent de contestation se lève, contre l’oppression raciste, contre la guerre du Vietnam.

Angela s'intéresse aux sorts de tous les Afro-Américains, en particulier celui des femmes et des prisonniers. En août 1965, six jours d'émeutes dans le ghetto noir de Watts, un quasi bidonville de Los Angeles, ébranlent le mythe américain de la démocratie et du bien-être pour tous: "l'ordre" y est rétabli au prix de 30 morts. Partout, les ghettos noirs sont en ébullition, comme à Détroit en 1967. Les Afro-Américains ne veulent plus être considérés comme des citoyens de seconde zone.

À son retour, en 1968, la jeune philosophe rejoint les Black Panthers et adhère au Che Lumumba Club, un cercle affilié au Parti communiste. Un an plus tard, titulaire d’une thèse de doctorat dirigée par Marcuse, elle est nommée professeure à l’université de Californie Los Angeles, pour enseigner la philosophie marxiste. Elle adhère au Parti communiste des Etats-Unis.

Le profil de la jeune femme de vingt-cinq ans, sa couleur de peau, ses convictions, ses engagements concentrent la haine de l’Amérique blanche et ultraréactionnaire que veut incarner un certain… Ronald Reagan, alors gouverneur de Californie. À la demande de celui-ci, Angela Davis est exclue de l’université comme dangereuse communiste.

Angela souhaite une révolution socialiste, qui bouleverserait l'ordre social et instaurerait enfin l'égalité entre les êtres humains, quelque soit leur sexe ou leur condition sociale. Elle est de tous les combats contre la discrimination raciale, sans oublier celui pour l'égalité hommes-femmes: "Les femmes noires, écrit-elle, sont victimes d'une pluralité d'oppressions: en tant que femmes, en tant qu'Afro-Américaines et, pour leur quasi-totalité, en tant que travailleuses pauvres. Pour que la femme noire se libère réellement, elle doit mener les trois combats de front".  

Premier acte d’une machination politico-judiciaire dirigée contre la militante communiste. Déjà engagée contre l’industrie carcérale qui broie la jeunesse noire, la jeune femme a pris fait et cause pour trois détenus de la prison de Soledad. Avec l’un d’entre eux, George Jackson, elle entretient une liaison épistolaire, amoureuse. George Jackson est emprisonné depuis des années pour un vol de 70 dollars dans une station-service. La tentative désespérée du jeune frère de ce détenu pour le faire évader tourne au drame. Le 7 août 1970, Jonathan Jackson, le frère de George, fait irruption dans un tribunal de Californie et prend des otages, dont le juge, exigeant la libération de son frère. La prise d'otage se termine par une fusillade entre la police et les preneurs d'otages. Jonathan Jackson, deux autres prisonniers accusés ainsi qu’un juge sont tués au cours de la fusillade.

Angela Davis est soupçonnée d’avoir fourni une arme aux assaillants. Désignée comme ennemie publique numéro un,elle est inscrite sur la liste publiée des dix personnes les plus recherchées des États-Unis.

Par crainte d’être tuée, elle prend la fuite. L’avis de recherche la décrivant comme « armée et dangereuse » est placardé dans tout le pays. Une vague ressemblance avec Angela Davis, une simple coupe afro, valent à des centaines de femmes d’être arrêtées. Le FBI déploie, dans le cadre de son programme de contre-intelligence visant les communistes et les Blacks Panthers, des moyens démesurés pour traquer celle que l’establishment blanc et réactionnaire surnomme « la panthère rouge » ou « la terroriste noire ». Mais, déjà, la solidarité s’exprime. Elle s’affiche au seuil des maisons amies, sur des pancartes : « Nous accueillerons volontiers Angela Davis. »

La fugitive est finalement arrêtée le 13 octobre 1970, à New York.

À la télévision, le président Nixon la condamne avant même qu’elle ne comparaisse en justice. « Cette arrestation servira d’exemple à tous les terroristes », se réjouit-il. Le 5 janvier 1971, l’État de Californie l’inculpe de meurtre, kidnapping et conspiration. Placée à l’isolement, elle risque par trois fois la peine capitale. Un extraordinaire mouvement de solidarité international se développe alors. En Inde, en Afrique, aux États-Unis, en Europe, des millions de voix exigent la libération d’Angela Davis. Les Rolling Stones lui consacrent une chanson, Sweet Black Angel, et John Lennon et Yoko Ono écrivent, Angela tandis que Jacques Prévert écrit pour elle: "Ceux qui enferment les autres sentent le renfermé; ceux qui sont enfermés sentent la liberté"

En France, Sartre, Aragon, Prévert, Genet dénoncent le racisme, le maccarthysme persistant, l’arbitraire de sa détention.

À l’initiative de la Jeunesse communiste, 100 000 personnes foulent le pavé parisien, le 3 octobre 1971, en compagnie de Fania, la jeune sœur d’Angela Davis. L’Humanité se fait le porte-voix de ce mouvement de solidarité.

Celle qui entrait toujours poing levé dans la salle d’audience est finalement acquittée le 4 juin 1972 par un jury exclusivement blanc. Son innocence est reconnue lors du procès.

Le verdict n’efface pas le racisme de la société américaine, mais il lui porte un coup sérieux. Libérée, Angela Davis ne renonce pas au combat pour l’émancipation, pour un autre monde, libéré de l’oppression et de toutes les formes de domination. En la rencontrant, Genet dit avoir acquis « la certitude que la révolution serait impossible sans la poésie des révoltes individuelles qui la précèdent ». Angela Davis incarne toujours cela, cette grâce qui donne sens et noblesse à l’engagement politique.

Une fois libre, Angela poursuit son combat, en reprenant ses cours de philosophie, en publiant de nombreux ouvrages politiques, dont plusieurs sont traduits en français. Elle est aux côtés des Amérindiens qui occupent symboliquement, en 1973, le lieu du massacre historique de Wounded Knee; elle se présente aux élections américaines en 1980 et 1984 pour le parti communiste. Elle s'engage contre la guerre en Irak en 2003 et en 2012 participe à un film documentaire sur la libération des prisonniers politiques à travers le monde.

Sources:

L'Humanité (article de 2013)

ELLES ont réalisé leur rêve de Philippe Godard et Jo Witek, De La Martinière jeunesse 

Une émission récente de France inter à écouter sur le combat d'Angela Davis. On y retrouve l'histoire et la parole de cette militante déterminée des droits de l'homme, professeur de philosophie et militante communiste, membre des Black Panthers :

 

Angela Davis et son combat pour la liberté : émission « ça peut pas faire de mal » par Guillaume Galliene

 

" Il était temps de partir. Pour la première fois depuis que nous avions découvert que la police me recherchait, je sortis. Il faisait bien plus sombre que je ne l’avais cru, mais pas assez pour que je cesse de me sentir vulnérable.

Dehors, à découvert, mon chagrin et ma colère s’alourdissaient de peur. Une peur pure et simple, si puissante et si élémentaire que la seule chose à laquelle je pus la comparer était le sentiment d’engloutissement que je ressentais lorsque, enfant, on me laissait dans le noir. Cette chose indescriptible, monstrueuse, était dans mon dos, elle ne me touchait jamais mais elle était toujours prête à l’attaque. Ma vie était maintenant celle d’une fugitive. Toute silhouette étrange pouvait être un agent déguisé, entouré de limiers qui attendaient dans les bosquets les ordres de leur maître. Je devais apprendre à éviter l’ennemi, à le déjouer. Ce serait difficile, mais pas impossible" (Angela Davis)

 

Cette femme qui fuit la police dans les rues de Los Angeles s’appelle Angela Davis.

En 1970, elle a 26 ans. Elle vient juste d’être nommée professeur de philosophie à l’université de San Diego, en Californie.

Mais elle est aussi communiste, proche des Black Panthers, et elle se bat depuis des années pour libérer le peuple Noir de l’oppression, dans une Amérique encore très ségrégationniste.

Après avoir été accusée (à tort) de complot et de meurtre, elle est contrainte de se cacher.

Au terme d’une traque qui va durer plus de 3 mois, Angela Davis est arrêtée, emprisonnée et risque la peine de mort.

Partout, en Amérique et en Europe, l’opinion publique se mobilise pour crier son innocence. Les Rolling Stones et John Lennon lui écrivent une chanson, Aragon et Sartre défilent à Paris, Jacques Prévert lui adresse un poème.

Ce soir, je vous propose de partir à la découverte de cette héroïne moderne et insoumise, icône du Black Power, pour qui la révolution était une affaire d’honneur : « Quand on s’engage dans la lutte », écrira-t-elle, « ce doit être pour la vie ».

Alors, comment Angela, arrière-petite-fille d’esclave née en 1944, a fait basculer l’histoire des Etats-Unis ?

Voici son autobiographie, écrite « à chaud » à la fin des années 1970, et publiée par la romancière Toni Morrison. Elle est traduite pour la première fois en français, par Cathy Bernheim, aux éditions Aden.

ANGELA DAVIS: YES, I AM A COMMUNIST! Le parcours de cette grande figure révolutionnaire du mouvement noir de libération aux Etats-Unis
ANGELA DAVIS: YES, I AM A COMMUNIST! Le parcours de cette grande figure révolutionnaire du mouvement noir de libération aux Etats-Unis
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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 19:02
Glenn Le Saout et Philippe Martinez

Glenn Le Saout et Philippe Martinez

Glenn Le Saout et Philippe Martinez au congrès de la CGT du Burkina Faso
Glenn Le Saout et Philippe Martinez au congrès de la CGT du Burkina Faso
Glenn Le Saout et Philippe Martinez au congrès de la CGT du Burkina Faso
Glenn Le Saout et Philippe Martinez au congrès de la CGT du Burkina Faso

Notre jeune camarade du PCF pays de Morlaix, Glenn Le Saout, est en séjour de coopération au Burkina Faso pour quelques mois.

Il était aujourd'hui au Congrès de la CGT-B du Burkina Faso avec un autre illustre adhérent de la CGT, Philippe Martinez.  

Travailleuses et travailleurs de tous les pays, unissez-vous face aux forces capitalistes d'exploitation et aux discours de mystification !

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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 18:28
Les libéraux, les libertés, l'argent - par Ian Brossat, PCF

Les libéraux, les libertés et l'argent...

La leçon de ce qui vient de se passer au Brésil, c’est que les libéraux, loin de faire barrage à l’extrême droite, en sont le marchepied.

Emmanuel Macron ne cesse d’affirmer que le combat se situe désormais entre les « progressistes » libéraux et les populistes. Nous avons une nouvelle preuve du contraire. Les libéraux, les élites économiques, ne se préoccupent que de la liberté des riches. Mais ils n’ont aucun problème avec le fait de marcher sur la liberté des pauvres ou des minorités. C’est valable au Brésil, où les marchés financiers ont massivement fait le choix du candidat fasciste. Et c’est valable en France, où Macron lui-même montre chaque jour à quel point sa boussole idéologique n’est rien d’autre que l’argent.

On vient de le voir sur la question de la vente d’armes par la France à l’Arabie Saoudite, qui mène une guerre effroyable au Yémen où près de 4000 civils ont été massacrés. Vouloir cesser ces ventes d’armes serait « pure démagogie », selon Macron, car cela priverait le complexe militaro-industriel français de 12 milliards d’euros de contrats. On l’a vu également avec cette vidéo du « progressiste » Macron recevant le dictateur turc Erdogan à l’Elysée, et le félicitant d’avoir récupéré la résidence du premier ministre, poste supprimé lors de la grande purge de l’année dernière : « Un ministre m’a dit que c’était pour le Premier ministre avant, mais comme tu as réglé le problème... ».

Chez Macron et chez les libéraux la question des droits des peuples et des droits de la personne passe toujours derrière la nécessité de réaliser des profits. Et c’est ce cynisme, cet agenouillement permanent devant les riches et les puissants, qui tiendrait lieu de barrage à l’extrême droite ?

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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 16:10

 

Au terme de la séquence électorale au Brésil, c'est l'inquiétude qui est de mise après l'élection de Jair Bolsonaro (55% des voix contre 45% pour Fernando Haddad du Parti des travailleurs).
L'homme qui a dit tout au long d'une campagne agressive et violente vouloir gouverner « pour la majorité, pas pour la minorité », en pointant d'une manière affirmée les noirs, les femmes, les membres de la communauté LGBT, les militants de gauche, les Indiens, les membres du mouvement paysan des sans-terre (MST) et d’ONG, les défenseurs de l’environnement, les journalistes, plonge le pays dans une profonde fracture.


Ce résultat intervient dans un pays confronté depuis plusieurs années à la fragilité des institutions, avec le coup d'État contre Dilma Rousseff et la prison pour Lula, empêché d'enregistrer sa candidature, contrairement aux recommandations de l'ONU.


Après les États-Unis, l'Europe de l'Est et les Philippines, l'arrivée de Bolsonaro, adepte de la dictature marque un nouveau tournant inquiétant dans un mouvement mondial d'expansion des nationalismes de droite.

Depuis l’annonce des résultats, les messages de félicitations à Bolsonaro des néolibéraux latino-américains et du monde occidental (Trump et Marine Le Pen en tête) ne cessent de tomber. Et pour cause, sa ligne de conduite épouse un recours massif à la police militaire pour gérer les problèmes de criminalité urbaine, une économie clairement néolibérale avec un programme caressant le marché dans le sens du poil : réforme des retraites, indépendance totale de la Banque centrale, privatisations et réduction de la taille de l’État, suppression des droits des travailleurs, renoncement à l'alphabétisation et aux enseignements fondamentaux dans les zones rurales éloignées où les institutions scolaires seraient « trop chères à entretenir » ainsi que soutien à l'agrobusiness qui met en péril la biodiversité du pays.


En promettant « un grand nettoyage du pays des marginaux rouges, des hors-la-loi gauchistes », se profilent une purge comme jamais le Brésil n'en a connue et un risque de basculement vers un régime anti-démocratique, répressif, sans contre-pouvoir, aux couleurs d'un « fascisme rampant ».
La communauté internationale, européenne notamment, qui n'a eu de cesse de brandir le flambeau de la démocratie de part et d'autre de la planète, est restée bien muette ces derniers mois face à la situation brésilienne et porte une lourde responsabilité. Au-delà d'être une menace pour les seuls Brésiliens, c'est un risque d'instabilité pour toute la région où les forces de droite extrême sont à l'offensive, mais également à l'échelle internationale.
Les forces progressistes brésiliennes, loin de baisser les bras comme l'a déclaré Fernando Haddad, vont rester mobilisées. Le PCF, fidèle à ses valeurs et à son soutien permanent, sera à leurs côtés. Il en appelle à la communauté internationale et lui demande de se ressaisir contre la menace de la « peste brune », encouragée par ce résultat, en prenant des mesures politiques humanistes, sociales et solidaires, volontaristes d'émancipation humaine. Cela nécessite pour nous, forces communistes et progressistes, des efforts considérables de solidarité et des propositions claires au service des libertés fondamentales, de la justice sociale de la démocratie et de la préservation de la planète.

 

 

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