commenter cet article …
A Cœur Ouvert du 1er trimestre est paru avec des articles concernant les sujets qui seront au cœur des élections européennes et des luttes dans notre secteur.
En voici le sommaire et en page 8, un article du Dr Brice, candidat aux élections européennes...
Christiane Caro
Animatrice de A Cœur Ouvert
Sommaire :
Édito : «Un pays industrialisé sans industrie », Léon Deffontaines , Tête de liste du PCF aux élections européennes, membre du Comité Exécutif National du PCF
Construire des possibles ensemble, maintenant :
Regagner notre maitrise industrielle filière industrie et technologie de la santé, Jean-Luc Maletras - Animateur secteur électronique (1982-1999) Fédération des Travailleurs de la Métallurgie CGT
Lutte à l’hôpital de Guingamp : Médecins cubains, Gaël Roblin, Conseiller municipal – Guingamp
Médicaments et Europe : production de médicaments, symptomatique d’une Union Européenne enfermée dans le carcan néo-libéral, Charlotte Balavoine, Responsable Europe – Conseil National PCF
L’enfance et la vieillesse : secteurs délaissés et maltraités
La Loi grand-Âge : le bien-vieillir attendra, Bernard Lamirand, Président du Comité d’honneur national pour la Reconnaissance de l’œuvre d’Ambroise Croizat, Membre de la Commission Retraité-es PCF
Protection de l’enfance : après les constats de la crise, quelles propositions ? Véronique Sanchez-Voir, Assistante sociale – CHU de Grenoble, Commission nationale santé PCF
La fin des illusions, Dr Christian Brice, Praticien urgentiste, responsable régional Bretagne, membre du CA national AMUF
Conférence régionale du PCF Bretagne ce samedi 24 février de 9h30 à 16h30 à Lanester, à la salle du Ponton devant le Quai n°9:
Plus de 40 camarades du Parti communiste breton, fédérations du Morbihan, des Côtes d'Armor, d'llle-et-Vilaine et du Finistère réunis pour échanger sur les Européennes et la fête de l'humanité Bretagne.
Le midi une conférence de presse a eu lieu pour présenter la démarche de notre liste aux Européennes, avec Amar Bellal et Taran Marec, candidats aux Européennes, et Gladys Grelaud, porte-parole régionale du PCF Bretagne, en présence de dirigeants des 4 fédérations bretonnes (Elsa Koerner, Aurélien Guillot, Marc Bacci, Guenola Le Huec, Yannick Le Cam, Ismaël Dupont) et du responsable départemental de LRDG Morbihan Jean-Philippe Olivieri.
10 camarades représentaient la fédération du Finistère du PCF à cette conférence régionale à Lanester: Michel Tudo Deler, Claude Bellec, Jeannine Daniel, Gladys Grelaud, Taran Marec, Jean-Louis Pascal, Denis Huet, Sergine Le Fief, Yannick Le Bohec, et Ismaël Dupont
La dernière conférence régionale du PCF Bretagne avait eu lieu précédemment à Grâces le 17 juin 2023.
Monsieur le vice-président du Sénat, cher Pierre Ouzoulias,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Madame la Secrétaire générale de la Confédération Générale du Travail, chère Sophie Binet,
Mesdames, Messieurs les présidents d'association,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes rassemblés ici, rue de Plaisance, devant ce lieu où, clandestins, Missak et Melinée Manouchian vécurent au plus dur de la guerre. Une petite rue toute simple, comme il y en a tant dans notre pays, une rue où frémissait un amour, une rue où grandissait un espoir, celui, formidable, de la Résistance à l'oppresseur et du triomphe de la liberté.
Nous sommes ici pour rendre hommage à cet homme, Missak Manouchian et à cette femme, Mélinée Manouchian ; à leurs frères et à leurs sœurs de combat : Celestino, Olga, Joseph, Georges, Rino, Thomas, Maurice, Spartaco, Jonas, Emeric, Léon, Szlama, Stanislas, Cesare, Armenak, Marcel, Roger, Antoine, Willy, Amedeo, Wolf, Robert et les dizaines de milliers d'autres, ceux qui furent arrêtés plus tôt, ceux qui furent arrêtés ensuite, ceux qui furent déportés et qui ne revinrent jamais, ceux qui survécurent. Tous ces hommes et ces femmes, nés ici ou ailleurs, qui coururent tous les risques pour que nous vivions libres et debout. En pleine humanité.
Dans sa dernière lettre à Mélinée, Missak Manouchian écrivait : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement. »
Regarde, Missak. Combien tu avais raison. À travers Mélinée et à travers toi, c'est toute la mémoire de tes camarades, de Joseph Epstein, des FTP-MOI que la Nation salue avec infinie reconnaissance. Celle de tous ces étrangers, Polonais, Roumains, Italiens, Arméniens, ces athées, ces croyants, ces juifs, ces agnostiques, francs-maçons, unis pour défendre leur liberté, la liberté, celle de la Grande Révolution, celle de la République contre la nuit fasciste.
Cher Missak, dans cette cohorte fraternelle qui croyait si fort à l'unité du genre humain, à l'égalité des hommes et à l'universalité de leurs droits, je veux avoir un mot particulier de tes camarades juifs : il y avait si peu de juifs dans la France de cette époque ; ils furent pourtant si nombreux à tes côtés malgré la haine plus féroce encore qu'ils devaient affronter à travers l'entreprise génocidaire nazie et ses fidèles soutiens vichystes français. Avec toi, avec tous, au sein du PCF, ils étaient au combat pour la liberté, pour l'égalité, pour la grande fraternité humaine.
À travers toi, Missak, c'est l'étranger, l'Arménien amoureux de la France des Lumières, de Hugo et Rolland que nous célébrons. C'est le poète amoureux des mots, autant que de la Révolution française.
Cette fascination, Mélinée la décrira plus tard : « Paris, ce nom évoquait en lui tout un univers de choses possibles, d'espérances vécues, de rêves réalisables. Il se répétait les noms de Marat, Robespierre, Danton, Saint-Just, les grands encyclopédistes qui avaient été les prophètes et les artisans de la grande Révolution. »
Telle était la France dont tu rêvais et qui nous anime encore aujourd'hui.
Avec tes camarades, vous aviez toutes et tous l'internationalisme chevillé au corps. Un sens aigu de l'humanité, qui te fit proclamer, quelques heures avant de mourir sous les balles allemandes : « Je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit. [...] Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre, qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... »
Bonheur, ce mot de Saint-Just qui court, intact, jusqu'à tes lèvres, à quelques heures de la mort et nous pousse encore aujourd'hui.
Menuisier à La Seyne puis ouvrier chez Renault, Missak, tu partageais la vie des travailleurs étrangers en France ; celle de la classe ouvrière.
Tu en explores la belle fraternité, la solidarité entre ouvriers français et étrangers face aux concurrences attisées par le patronat. Tu affrontes aussi la xénophobie, le racisme, qui montent comme une mer terrible avec la crise des années 30 avant de devenir idéologie d'État avec l'arrivée de Pétain au pouvoir.
Dans ton poème «Restons éveillés», dédié «aux travailleurs immigrés », tu soulignes à quel point ceux-ci doivent se prémunir en permanence contre le poison des haines raciales. Prenons garde de ne pas oublier ce message.
L'affiche rouge, les FTP MOI. 20 et 3 étrangers et nos frères pourtant.
Il en fallait du courage à ces partisans pour entreprendre une guérilla en plein Paris, notamment en cette année 1943, quand le rapport des forces dans la capitale leur était si défavorable.
Ils étaient jeunes et rien ne les destinait à la guerre.
Je pense à ceux de ma région que nous honorons tous les ans, à la même période, l'italien Eusébio Ferrari, jeune résistant communiste de 22 ans abattu à Anzin avec ses camarades, le polonais Tadeus Cichy et le français René Denys. Leur premier fait d'arme fut d'accrocher en haut d'un pylône électrique un drapeau rouge sur lequel est écrit : « Courage et confiance, nous vaincrons ». C'était le 30 juin 40, quelques jours après l'appel de De Gaulle et Tillon.
Plus tard, ils furent à l'origine d'une attaque à Lille au cours de laquelle deux officiers allemands furent tués.
A Paris, dans le Nord, à Marseille, dans les Cevennes, partout en France, une jeunesse résistante s'est levée.
Ces jeunes hommes, ces jeunes femmes, épris de justice, farouches partisans de la paix et du respect de la dignité humaine se voyaient avant tout comme les soldats d'une armée de Libération de la France. Ils n'étaient pas animés par la haine.
À ce titre, le combat dans la Résistance ne s'est jamais confondu avec du terrorisme, avec des attaques contre des civils, des femmes, des enfants, qu'ils soient Français ou même de nationalité allemande.
Ils avaient un sens aigu de l'humanité et de leur engagement, y compris jusque dans les choix de leur cible, quand bien même les crimes nazis furent parmi les pires que l'Humanité ait connus.
Cette humanité préservée au cœur de l'horreur n'a pas empêché les Allemands de les qualifier, eux, ces Résistants, ces soldats de la liberté et du bonheur, de « terroristes », de « dangereux communistes », de « juifs », tous ces mots ayant la même valeur d'insulte dans la langue nazie.
Je veux aussi parler de Mélinée Manouchian qui t'accompagne ce jour, au Panthéon. Je veux, à travers elle, saluer le rôle des femmes dans la Résistance et dans les FTP-MOI. C'est Olga Bancic, cette Roumaine au courage infini, qui traque et livre des armes au groupe Manouchian, dont celle qui tue le colonel SS Julius Ritter. C'est aussi Cristina Boïco qui repère les dignitaires nazis, identifie leur adresse, leurs horaires de départ, de retour, donne toutes les informations qui permettent les coups d'éclat qui retentissent dans tout le pays. Olga et Cristina donnent au peuple cet espoir sans lequel il n'y a pas de combat. Les résistantes tinrent tous les rôles. Elles vécurent toutes les répressions. Car les nazis ne les épargnèrent pas, ces femmes, arrêtées, déportées, décapitées. Elles méritent toute la reconnaissance de la Nation.
Mes chers amis, mes camarades, si nous saluons aujourd'hui le soldat Manouchian, nous sommes aussi fiers de l'appeler camarade. C'est un si joli nom, camarade.
Car dans dans la France des années trente, celle des ligues factieuses mais aussi celle du Front populaire, Missak Manouchian fait le choix de l'antifascisme et de la démocratie. Il fait le choix de rejoindre le Parti communiste.
C'est dans le fond de son histoire, dans l'espoir de ce combat communiste, qu'il se forge une conscience politique à même de le tenir debout quand l'Occupation survient.
Cette trajectoire, il la partage avec tant de militantes et de militants communistes. C'est pourquoi cette entrée au Panthéon, je la vis comme un honneur mais aussi comme une réparation. Pour elles toutes. Pour eux tous.
Un honneur car elle rend hommage, enfin, à ce peuple travailleur, à ce monde du travail, à ces hommes et femmes qui, sans distinction d'origine, de couleur, de religion, firent le choix de s'unir contre l'occupant. Que le PCF soit représenté par Missak Manouchian, l'ouvrier, le poète, l'arménien, le communiste est un immense honneur pour nous. Une fierté.
C'est une réparation aussi car la Résistance communiste était jusqu'ici comme tenue en lisière des hommages républicains. Malgré tous les combats, malgré tous les morts. Enfin, aux cotés de Jean Zay, Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Simone Veil, Jean Moulin, Josephine Baker, les communistes, morts pour la France, retrouvent la place qui est la leur dans l'histoire de la Nation.
Nous sommes fiers d'avoir participé à la libération de la France, d'avoir contribué à l'union des mouvements de résistance et à la création du Conseil national de la Résistance. Avec Jean Moulin, le gaulliste, avec Robert Chambeiron, l'ami de Pierre Cot, le ministre radical du Front populaire, avec Louis Saillant, le syndicaliste, le socialiste, avec Gaston Tessier, le catholique, avec tant d'autres, nous dessinions, dans la pénombre de la clandestinité, la France nouvelle à naître.
Nous sommes fiers de notre camarade Pierre Villon, celui qui a proposé ce texte qui va devenir, avec l'apport de tous, le programme de la Résistance tout entière : les Jours heureux.
Car l'engagement héroïque de ces hommes et de ces femmes a été nourri par le formidable espoir placé dans la construction de ce programme incroyablement ambitieux, qui imaginait la France dans laquelle ils rêvaient de vivre alors que le pays était encore occupé. Quelle audace fallait-il pour réaliser cela tout en étant pourchassé.
Merci à toutes celles et tous ceux, militants et élus communistes, citoyens de progrès, historiens, d'Albert Ouzoulias au lendemain de la guerre, à Pierre Ouzoulias, son petit-fils et sénateur, tous ceux qui ont amené le Président de la République à prendre cette juste et grande décision. Et je l'en remercie.
Merci à Eluard, Aragon, Ferré, à tous ces artistes qui ont écrit et chanté la légende.
Merci à Henri Krasucki, déporté lui-même et aux dirigeants de la CGT d'avoir toujours fait vivre cette mémoire, aux côtés des communistes, de ces militants qui, tous les ans depuis 1944, honorent leur mémoire.
Oui, Missak, Mélinée, vous avez tant mérité l'hommage de la nation française.
La France est votre pays. Qu'elle est belle quand elle a vos visages, le visage de l'amour, de la vie, de la liberté. Le visage de l'humanité en plein soleil.
Hommage à Missak et Mélinée Manouchian et aux combattants de la Résistance des FTP MOI et du parti communiste et des jeunesses communistes à Morlaix place Rol Tanguy à la gare de Morlaix à l'occasion de l'entrée de Missak et Melinee Manouchian au Panthéon, qui accueille pour la première fois des ouvriers et des personnalités communistes en son sein.
Un moment d'une grande intensité avec Roger Heré chantant l'affiche rouge avec sa voix magnifique, Patricia Paulus lisant la lettre à Mélinee, les discours de Marc Corbel pour la CGT, de Daniel Ravasio pour la section PCF pays de Morlaix, de Taran Marec pour les jeunesses communistes du Finistère, et celui d'Ismaël Dupont sur l'histoire du groupe Manouchian et des FTP Moi pour le PCF Finistère.
Merci à tous les participants à ce bel hommage, notamment nos camarades du PCF Carhaix Huelgoat et des Jeunesses communistes et à Pierre-Yvon Boisnard et Daniel Laporte pour leur reportage photo.
Une cinquante de personnes était présente à cet hommage qui s'est terminé en déposant une gerbe et des fleurs en l'honneur de Missak et Mélinée Manouchian et en chantant la Marseillaise et l'Internationale.
« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants »
Sur l’AFFICHE ROUGE de la Propagande Nazie, au-dessus des images d’attentats, d’un corps criblé de balles, de déraillements, et d’armes censées identifier les résistants à des criminels, les visages et les noms de dix camarades arrêtés à la mi-novembre 1943.
Dix sur vingt-trois du groupe Manouchian qui furent condamnés à mort, dont 21 exécutés avec Missak, leur commandant militaire, le 21 février 1944, au Mont Valérien, il y a 80 ans, jour pour jour.
A l’affiche en haut, de gauche à droite:
Szlama Grzywacz : 35 ans, juif polonais, de Wolomin, communiste depuis 1925, qui logeait chez les Krasucki avant guerre, de la même ville que la famille de Henri Krasucki.
Thomas Elek : 20 ans, juif hongrois, né à Budapest, dans une famille d'intellectuels communistes qui émigre en France en 1930. Il quitte le lycée Louis Le Grand pour s’engager dans la Résistance en 1941.
Wolf Wajsbrot: 19 ans, juif polonais né à Krasnik. Apprenti mécanicien engagé dans les FTP-MOI en 1942.
Robert Witchitz, 20 ans, né dans le département du Nord, d’une famille juive polonaise. Le jeune homme milite à la Jeunesse communiste et travaille comme ajusteur.
Moska ou Maurice Fingercweig dit "Marius". Né à Varsovie en 1923. Ouvrier tapissier, militant de la Jeunesse communiste, il s'engage dans le 2e détachement juif des FTP-MOI et prend part à des actions armées.
Son père et ses deux frères sont morts en déportation.
Plus bas :
Joseph Boczov: 38 ans. Juif hongrois, c’est un chimiste, spécialiste des explosifs. Communiste depuis longue date, ancien des Brigades Internationales, il devient chef du détachement FTP-MOI, qui se spécialise dans le déraillement de trains transportant des troupes et du matériel de guerre allemands.
A sa droite :
Spartaco Fontano, 22 ans, fils d’antifascistes italiens réfugiés en France après sa naissance. Il interrompt ses études à l’École des arts et métiers en 1942 pour rejoindre les FTP.
A son père, sa mère, sa sœur, il écrit : « Ma mort n’est pas un cas extraordinaire, il faut qu’elle n’étonne personne et que personne ne me plaigne, car il en meurt tellement sur les fronts et dans les bombardements qu’il n’est pas étonnant - que moi, un soldat, je tombe aussi. »
Célestino Alfonso, 28 ans, menuisier, espagnol, responsable des Jeunesses Communistes à Ivry, Combattant et commissaire politique dans les Brigades Internationales où il a dû croiser notre Henri Tanguy, devenu Rol-Tanguy suite à la mort de son copain Rol pendant la Guerre d’Espagne.
« La mort n’éblouit pas les yeux des partisans », le vers des Strophes pour ce souvenir d’Aragon, poème chanson sous le nom de l’Affiche Rouge avec Léo Ferré, s’applique si bien à sa dernière lettre de condamné à mort, écrite le 21 février 1944 à ses parents, ses frères et sœurs, sa femme et son fils :
« Je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France.
Je vous demande beaucoup de courage comme j'en ai moi-même: ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j'en suis très fier.
Ma vie a été un peu courte, mais j'espère que la vôtre sera plus longue.
Je ne regrette pas mon passé, si je pouvais revivre, je serais encore le premier. »
et Marcel Rajman, 21 ans, juif polonais, ouvrier du textile, tricoteur, jeune communiste engagé dans la Résistance depuis le début de l’occupation dans les « Bataillons de la Jeunesse » sous la direction d’Albert Ouzoulias, qui écrit ses paroles étranges et pleines d’euphorie à sa mère dans sa dernière lettre, lui l’auteur de « 13 attentats » de la Résistance (mettons des guillemets), et de l’exécution du Patron SS du STO Julius Ritter :
« Excuse-moi de ne pas t’écrire plus longuement, mais nous sommes tous tellement joyeux que cela m’est impossible quand je pense à la peine que tu ressens. Je ne puis te dire qu’une chose, c’est que je t’aime plus que tout au monde et que j’aurais voulu vivre rien que pour toi. Je t’aime, je t’embrasse, mais les mots ne peuvent dépeindre ce que je ressens. »
Sa maman sera gazée à Auschwitz.
Et enfin
Missak MANOUCHIAN, arménien, qui signe sa dernière lettre à Mélinée, son orpheline bien aimée, une lettre signée « Manouchian, Michel ».
Missak le poète, l’animateur d’une revue culturelle et politique arménienne, Zangou, l’ouvrier, l’amoureux, le militant communiste infatigable depuis 1934, le rescapé du Génocide arménien, qui a grandi dans des orphelinats, en Syrie et au Liban, avant d’arriver en France, à Marseille, à 18 ans, comme son amour, Mélinée Soukémian, née à Constantinople (Istanbul) et ayant été éduquée dans des orphelinats à Smyrne, et à Thessalonique et Corinthe en Grèce, après le massacre de ses parents dans le Génocide de 1915, qui coûta la vie à 1,200 000 Arméniens au moins.
Avec eux, et ils ne figurent pas sur l’Affiche Rouge, furent arrêtés, jugés, et moururent:
Roger Rouxel, ouvrier tourneur, 18 ans, réfractaire du STO
Georges Cloarec, 21 ans, d’origine bretonne, mais né en Eure-et-Loir, ouvrier agricole, refractaire du STO
Rino della Negra, 21 ans, footballeur talentueux du Red Star né dans le Pas-de-Calais et d’origine italienne
Jonas Geduldig, juif polonais, ancien des Brigades Internationales, 25 ans
Emeric Glasz, juif hongrois, mécanicien, 22 ans
Léon Goldberg, juif polonais, 20 ans
Stanislas Kubacki, bûcheron communiste polonais, ancien des Brigades Internationales, 36 ans
Cesare Luccarini, italien, 22 ans
Antonio Salvadori, ouvrier du bâtiment, 23 ans
Amadeo Ussiglio, terrassier carreleur, 32 ans
Willy Schapino, juif polonais, 33 ans
Arpene Tavitian, arménien soviétique, 49 ans, l’aîné du groupe.
Et la belle Olga Bancic seule femme du groupe Manouchian des 23, même si les femmes étaient très nombreuses dans la FTP MOI, dont beaucoup d’autrichiennes, de polonaises, de tchèques, de hongroises, de roumaines germanophones, qui faisaient du renseignements et un travail de propagande auprès des troupes d’occupation.
Elle fait partie du groupe des 23 de Manouchian, mais n’a pas fusillée le 21 février 1944 contrairement à ses camarades mais est décapitée le jour de son trente-deuxième anniversaire, le 10 mai 1944 en Allemagne, à Stuttgart, après avoir été affreusement torturée.
Olga Bancic est une juive roumaine née en 1912 en Bessarabie, alors province russe, ouvrière et communiste depuis ses 16 ans, qui fut arrêtée et maltraitée par la dictature fasciste en Roumanie avant d’arriver en France et de reprendre le combat avec la MOI, le PCF, et la Résistance.
Sous le pseudonyme de « Pierrette », elle était chargée de l’assemblage des bombes et des explosifs, de leur transport et de l'acheminement des armes avant et après les opérations. Elle a ainsi participé indirectement à une centaine d'attaques contre des allemands et des collaborateurs.
A sa fille Dolorès, appelée ainsi en hommage à la passionaria Dolores Ibarruri, elle écrit :
« Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi. »
On ne peut pas ne pas citer non plus Joseph Epstein, communiste juif polonais, "Colonel Gilles, arrêté avec Missak Manouchian à la sortie de la gare d’Evry Petit-Bourg le mardi 16 novembre 1943. C’était le grand chef politique des FTP-MOI.
Le 16 novembre 1943, 68 partisans FTP-MOI sont arrêtés par la police française, ses brigades spéciales et renseignements généraux, qui les traquaient depuis des mois.
En tout, en quatre rafles l’année 1943, 200 résistants de la FTP MOI auront été arrêtés en région parisienne entre mars et début décembre. L’organisation combattante qui organisait des attentats à Paris est très affaiblie et la lutte armée dans la capitale ne reprendra vraiment qu’au moment de l’insurrection.
Cette histoire vient de loin :
Les résistants d’origine étrangère engagés dans les FTP MOI pour beaucoup fuient des pays où ils ont été persécuté par le racisme, l’antisémitisme, le fascisme, et lui ont parfois mener la guerre aussi, une guerre qu’ils reprennent en France. Avant d’être des patriotes français, ce sont des antifascistes, des communistes, des militants internationalistes, des révolutionnaires. Leur combat est politique au sens plein.
Manouchian meurt sans « haine en lui contre le peuple allemand » comme il l’écrit dans sa lettre à Mélinée parce qu’il est anti-nazi et pas anti-allemand. Il est pour l’union des travailleurs et des peuples dans un objectif de révolution et d’émancipation sociale et humaine. Voir des nationalistes d’extrême-droite héritiers de la collaboration s’associer à l’hommage national à Missak et Mélinée Manouchian, deux militants qui ont sacrifié leur vie à combattre ces idées racistes et xénophobes, et autoritaires, est un scandale !
Beaucoup des militants FTP-MOI ont milité dans un PCF et une JC alors que les militants communistes étaient traqués, arrêtés, après la Pacte Germano-Soviétique, avant même l’installation de Vichy, puis après la débâcle, les communistes étant la cible privilégiée de Vichy avec les Juifs et les Franc-maçons. Cela a été le cas du jeune Guy Môquet, livré ensuite aux allemands comme « otage » subversif et interné politique et fusillé à Châteaubriant le 22 octobre 41.
La MOI - Main d’œuvre Immigrée - est une des structures créée par le PCF dans les années 1920 (d'abord sous le nom de Main d’œuvre étrangère) pour organiser par groupe de langues les ouvriers immigrés appelés en nombre pour la reconstruction de la France après la première guerre mondiale.
La MOI dépendait directement de la direction centrale du PCF et visait à faire progresser son influence dans le prolétariat d'origine étrangère afin de favoriser les objectifs révolutionnaires et d'émancipation.
Dans la clandestinité, la MOI joue un rôle important dans la participation des immigrés et étrangers - juifs persécutés et entrés dans la clandestinité et la résistance, anciens des Brigades internationales, arméniens, exilés antinazis allemands et autrichiens, prisonniers de guerre soviétiques - à la Résistance.
La MOI a également édité en France une presse en langue étrangère et de nombreuses publications communautaires et antiracistes.
A partir de l’été 1941, sur la base d’une Organisation Spéciale et d’un entraînement militaire déjà donnés à des Jeunesses Communistes clandestins, le Parti communiste s’engage dans la lutte armée contre l’occupant nazi et ses collaborateurs à Paris et dans tout le pays. Le signal de ce déclenchement de la lutte armée contre l’occupant est donné sur le sol de France par Pierre Georges, Colonel Fabien, quand il tue l’officier de marine Allemand Moser à la station Barbès-Rochechouart en août 1941 pour venger à la fois les crimes abominables de l’armée nazie en Union Soviétique et l’exécution de ses camarades de la jeunesse communiste, Henri Gautherot et Samuel Tyszelmann, fusillés le 19 août 1941 par les Allemands suite à la manifestation patriotique du 11 août 1941.
Auparavant les communistes, et singulièrement les communistes juifs de la FTP MOI avaient dénoncé les rafles dites du billet vert des juifs étrangers d’Ile-de-France en mai 1941 – plus de 4000 juifs étrangers raflés et qui iront presque tous en déportation à Auschwitz quelques mois plus tard.
Et beaucoup de jeunes ouvriers juifs, notamment originaires d’Europe centrale et de l’est, ont à ce moment rejoint la rejoint la Résistance communiste.
Et parmi les 522 otages fusillés d'août 1941 à juin 1942 par les Allemands, 124 étaient juifs, soit 20%, et la plupart étaient communistes. Parmi ces résistants juifs MOI figuraient notamment le père du chanteur Jean-Jacques Goldman, Albert Goldman.
Les MOI comptent environ 300 militants d’origine juive étrangère, mais aussi de nombreux italiens, espagnols, polonais, et arméniens, etc.
Ce sont ces résistants d’origine étrangère organisés dans l’action directe contre l’occupant et ses collaborateurs par le Parti Communiste qui sont honorés par la Nation avec l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon, Mélinée décédée en 1989 à qui l’on doit la publication des œuvres poétiques de Missak Manouchian qui était une grande âme « ivre de liberté » et d’amour en même temps qu’un grand Résistant, le premier honoré d’une entrée au Panthéon parmi d’autres résistants communistes qui auraient pu y prétendre aussi :
Marie-Claude Vaillant Couturier, Martha Desrumaux, Danielle Casanova, Rol-Tanguy, Henri et Cécile, Guy Môquet, Croizat, Marcel Paul, etc. Cela viendra peut-être un jour. Il ne faut désespérer.
En tout cas c’est un oubli et une injustice réparés, celui infligés au combat des communistes pour le progrès humain et social en France, se traduisant par de grandes conquêtes sociales (La Sécurité Sociale et les retraites par répartition, les congés payés, la limitation du temps de travail, les services publics, EDF, le statut de la fonction publique), un héritage que tente de détruire et d’effacer le président Macron et l’idéologie néo-libérale qu’il sert, comme celui de la tradition d’accueil de notre pays, et du droit d’asile, battu en brèche par la récente loi immigration.
C’est ce qui rend cet hommage à Missak et Mélinée Manouchian si important, au moment où la peste brune, le racisme et la guerre reviennent dans le monde, en Europe, et où l’extrême-droite est banalisée et plus forte que jamais en France.
« Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement ». écrivait Manouchian dans sa dernière lettre. Soyons dignes de lui et de son sacrifice !
Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère.
Mélinée Soukémian est née le 13 novembre 1913 dans une famille de fonctionnaires hauts gradés de l'administration ottomane des Postes de Constantinople. Elle a 3 ans quand ses parents arméniens sont massacrés par les Turcs dans le cadre du plan organisé de génocide en 1915 qui a fait près plus d'un million de victimes arméniennes. Orpheline, elle est recueillie avec Armène sa soeur, d'un an de plus qu'elle, dans une mission protestante de Smyrne, sur la mer Egée (Izmir), puis transportée après la guerre Greco-Turcs se traduisant par de nombreux massacres et des épurations ethniques en Grèce d'Europe à Thessalonique et à Corinthe, dans un orphelinat. Le 14 octobre 1926, grâce au comité américain su Secours arménien et syrien, Mélinée et sa soeur Armène arrivent à Marseille.
Mélinée Soukémian est née le 13 novembre 1913 dans une famille de fonctionnaires hauts gradés de l'administration ottomane des Postes de Constantinople. Elle a 3 ans quand ses parents arméniens sont massacrés par les Turcs dans le cadre du plan organisé de génocide en 1915 qui a fait près plus d'un million de victimes arméniennes. Orpheline, elle est recueillie avec Armène sa soeur, d'un an de plus qu'elle, dans une mission protestante de Smyrne, sur la mer Egée (Izmir), puis transportée après la guerre Greco-Turcs se traduisant par de nombreux massacres et des épurations ethniques en Grèce d'Europe à Thessalonique et à Corinthe, dans un orphelinat. Le 14 octobre 1926, grâce au comité américain su Secours arménien et syrien, Mélinée et sa sœur Armène arrivent à Marseille. Elle suit une école de dactylo à Marseille puis au Raincy, en région parisienne. Elle s'installe dans le 2e arrondissement de Paris. Ses propriétaires, amis et protecteurs sont des parents de Charles Aznavour, alors Shahnourh Aznavourian, un petit protégé de Missak et Mélinée Manouchian qui vont accompagner ses premiers contacts avec la chanson. Majeure en 1934, elle a le statut d'apatride et relève de l'Office des réfugiés arméniens. Missak et Mélinée tombent amoureux l'un de l'autre en 1935, après s'être rencontrés en 1934. Ils sont tous les deux communistes, viscéralement antifascistes, membres de la HOG, le comité de secours pour l'Arménie, et de la MOI (Main d’œuvre étrangère du Parti communiste, avec ses groupes de langues). Il vit au 79 rue des Plantes à Paris et elle rue Louvois dans le 2e arrondissement. Il a 28 ans, est "beau comme une statue grecque" assure Mélinée, elle en a 22. Leur mariage est célébré le 22 février 1936, l'année du Front Populaire, tout un symbole. En 1937, Missak et Mélinée Manouchian accompagnent les deux enfants Aznavourian, Aïda et Charles à un radio-crochet de la place Pigalle, et le futur Charles Aznavour, 10 ans, termine premier en imitant le style de Maurice Chevalier !!! Aïda, seconde! Le 26 septembre 1939, Missak est arrêté avec d'autres militants communistes suite au Pacte Germano Soviétique, transporté à la prison de la Santé. Le 7 octobre, il est relâché contre une promesse de mobilisation volontaire dans l'armée comme 83 000 étrangers engagés volontaires. Il rejoint sa caserne à Colpo dans le Morbihan, près de Vannes. Pendant ce temps, la police continue à traquer les communistes, et Mélinée, doublement suspecte en tant qu'étrangère, citoyenne de seconde zone (elle n'a par exemple pas le droit de recevoir un masque à gaz) et communiste, est contrainte de détruite de nombreux documents compromettants sur les activités de la HOG et des communistes arméniens. En juin 1940, à la débâcle puis la démobilisation, Missak est affecté de manière autoritaire à l'usine Gnome et Rhône d'Arnage, dans la Sarthe, sous le contrôle des autorités. Elle fabrique des moteurs d'avions. Missak vit alors au Mans. Mélinée, enceinte, se sent contrainte d'avorter. En juin 41, Missak est de nouveau arrêté, dans le cadre d'une rafle préventive contre les communistes organisée sur ordre des nazis avant leur attaque contre l'Union soviétique. Elle est envoyé à Compiègne, au camp de Royalieu. Mélinée fait 120 km à vélo pour le rejoindre, lui remettre un colis et le saluer à la barbe des sentinelles allemandes. A l'été 41, Missak est de nouveau libéré, les autorités allemandes n'ayant pu établir avec certitude qu'il était toujours communiste. Il devient alors responsable de la section arménienne de la MOI, une de ses 14 branches, sous la direction de Louis Grojnowski, de Jacques Kaminski, et de Victor Blajek qui a remplacé Arthur London. Durant plusieurs mois, le couple s'implique dans le TA, le travail allemand alors sous la direction d'Arthur London, consistant à infiltrer pour le coup les supplétifs de l'Armée allemande d'origine soviétique, et les enrôlés des régions annexées du Reich.
En mars 42, la FTP MOI se met en place comme unité combattante structurée sous la direction de Boris Holban, militant communiste juif roumain de Bessarabie, région située entre la Moldavie et l'Ukraine actuelle, né en 1908. Le premier détachement est plutôt constitué de Roumains comme Holban, le second regroupe des juifs polonais le troisième des Italiens, et le quatrième s'occupe des déraillements. Les FTP-MOI s'inspirent des premières expériences de lutte armée de l'OS-MOI. Manouchian est un adjoint d'Holban, puis prendra sa place à partir de l'été 1943, sous la direction de Joseph Epstein, "Colonel Gilles", quand Holban est muté vers d'autres tâches. Mélinée participe aussi à certaines opérations des FTP-MOI. Elle quitte l'organisation après les arrestations de novembre 43, dont celle de son mari. C'est donc entre l'été 43 et mi-novembre 43 que Manouchian dirige les FTP-MOI de région parisienne avant la rafle du 16 novembre et l'exécution de 22 d'entre eux le 21 février 1944. Après l'arrestation de Manouchian, Mélinée est cachée par les parents de Charles et Aïda Aznavour. La douleur du deuil digérée, Mélinée reprend sa place dans la Résistance et le "travail allemand" de renseignement de la MOI. Elle résiste du côté de Thouars dans les Deux Sèvres, à Paris, écrit des tracts à destination de "malgré-nous" supplétifs allemands arméniens enrôlés dans la Wehrmacht. Elle participe au retournement de soldats allemands d'origine soviétique qui rejoignent la Résistance en juillet 1944. Après la guerre Mélinée milite à la JAF, la Jeunesse arménienne de France. Elle devient française en 1946. Puis elle fait le choix de rejoindre l'Arménie soviétique où elle vivra de à partir de 47 à Erivan. En 1963, elle rentre à Paris et elle décède le 6 décembre 1989.
Source: Gérard Streiff, Missak et Mélinée Manouchian, Un couple en Résistance. L'Archipel, Janvier 2024, 21€