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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 08:32
Bretagne, Mouvement de la Paix: Il y a 2 ans nous avons gagné le Traité d’Interdiction des Armes nucléaires (TIAN). Ensemble gagnons sa ratification par la France
Bretagne, Mouvement de la Paix: Il y a 2 ans nous avons gagné le Traité d’Interdiction des Armes nucléaires (TIAN). Ensemble gagnons sa ratification par la France

https://www.mvtpaix.org/…/il-y-a-2-ans-nous-avons-gagne-le…/
Il y a 2 ans nous avons gagné le Traité d’Interdiction des Armes nucléaires (TIAN). Ensemble gagnons sa ratification par la France
Pour éloigner la menace sur l’humanité d’une destruction volontaire (guerre nucléaire)
ou involontaire (par erreur humaine ou technologique). 

Déclaration du Mouvement de la paix – France –
à l’occasion du deuxième anniversaire
de l’adoption du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires à l’ONU

Résumé de la déclaration

Il y a deux ans le 7 juillet 2017 le long combat contre l’arme nucléaire engagé par le Mouvement de la Paix à travers l’appel de Stockholm en 1950 a été marqué par un succès historique à savoir l’adoption aux Nations Unies d’un Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (1)

Ce succès a été acquis grâce à la mobilisation de millions de personnes dans le monde, de centaines d’associations, d’organisations mais aussi la détermination politique d’institutions internationales comme l’ONU et d’Etats dont les 122 Etats qui ont voté le TIAN. La pertinence de la Campagne mondiale ICAN (pour l’abolition de l’arme nucléaire), fondée sur le respect du droit international humanitaire, dont le Mouvement de la Paix a assuré la promotion en France dès le début, a été reconnue par l’attribution du Prix Nobel de la Paix à cette campagne en décembre 2017.

Aujourd’hui un vaste front mondial s’est constitué pour l’élimination des armes nucléaires, 122 Etats à l’ONU, le Vatican, la Croix-Rouge internationale, la Conférence syndicale Internationale (CSI) qui regroupe toutes les organisations syndicales au plan mondial, le réseau mondial de maires pour la Paix, le réseau des parlementaires pour la paix, la campagne mondiale ICAN ,le réseau international des médecins pour la prévention des guerres nucléaires – Prix Nobel de la Paix en 1985, le mouvement international Pugwash de scientifiques prix Nobel de la paix 1995  etc..

Dans ce contexte, Le Mouvement de la Paix appelle à développer tous azimuts les actions pour la ratification du TIAN par la France en s’appuyant sur les succès déjà obtenus et en multipliant les actions au cœur de la société et au plus près des gens dans les communes, les quartiers, les entreprises, les fêtes et festivals populaires qui auront lieu durant l’été, afin de mobiliser toutes les composantes de l’opinion publique.

Au 6 juillet 2019, 70 Etats ont signé le TIAN, 24 Etats l’ont déjà ratifié.  Il entrera en vigueur lorsque 50 États l’auront signé et ratifié.

Il est encourageant de constater que des villes comme Paris, Washington, Berlin ont approuvé l’appel mondial des villes en faveur du Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires.

Nous pouvons gagner !

Il y a 2 ans nous avons gagné le Traité d’Interdiction des Armes nucléaires (TIAN).

Ensemble gagnons sa ratification par la France, pour éloigner la menace sur l’humanité d’une destruction volontaire (guerre nucléaire) ou involontaire (par erreur humaine ou technologique).

 


Le 6 juillet 2019
Le Mouvement de la Paix

 

Déclaration dans sa globalité

Il y a deux ans, le 7 juillet 2017, le long combat contre l’arme nucléaire engagé par le Mouvement de la Paix à travers l’appel de Stockholm en 1950 a été marqué par un succès historique à savoir l’adoption aux Nations Unies d’un Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (1)

Ce succès a été acquis grâce à la mobilisation de millions de personnes dans le monde, de centaines d’associations,  d’organisations mais aussi la détermination politique d’institutions internationales comme l’ONU et d’Etats dont les 122 Etats qui ont voté le TIAN. La pertinence de la Campagne mondiale ICAN (pour l’abolition de l’arme nucléaire), fondée sur le respect du droit international humanitaire, dont le Mouvement de la Paix a assuré la promotion en France dès le début, a été reconnue par l’attribution du Prix Nobel de la Paix à cette campagne en décembre 2017.

Aujourd’hui un vaste front mondial s’est constitué pour l’élimination des armes nucléaires, 122 Etats à l’ONU, le Vatican, la Croix-Rouge internationale, la Conférence syndicale Internationale (CSI) qui regroupe toutes les organisations syndicales au plan mondial, le réseau mondial de maires pour la Paix, le réseau des parlementaires pour la paix, la campagne mondiale ICAN , le réseau international des médecins pour la prévention des guerres nucléaires – Prix Nobel de la Paix en 1985, le réseau Pugwash de scientifiques – prix Nobel de la paix 1995- etc..

Tous, ensemble, nous avons gagné non seulement le TIAN mais aussi des traités pour l’interdiction des autres armes de destruction massive tels que le traité d’interdiction des armes chimiques et le traité d’interdiction des armes bactériologiques. Nous sommes maintenant en mesure de gagner l’élimination totale des armes nucléaires.

Cependant il faut être conscient des obstacles et des adversaires qui se dressent devant nous et qui portent le nom des lobbies militaro-industriels et des Etats dotés de l’arme nucléaire y compris la France.

Dans ce contexte les USA jouent un rôle extrêmement grave en essayant de casser tout ce qui a été obtenu de positif dans ce combat pour l’élimination des armes nucléaires comme par exemple le retrait des USA du traité ABM (2), du Traité INF ( 3), de l’accord sur le nucléaire iranien et la relance de la course aux armes nucléaires par les USA, la non ratification du Traité d’interdiction des essais nucléaires etc.

Hélas, la France est engagée dans un processus similaire sur certains points comme l’a montré la conférence de presse commune des USA, du Royaume Uni , de la France le 27 mars 2017 à New York, à l’initiative des USA (Dépêche AFP) pour s’opposer à l’adoption du TIAN à l’Onu, mais aussi le quasi doublement des crédits consacrés aux armes nucléaires en France (de 3,5 à 6 milliards d’euros par an, contre une petite centaine de millions d’euros contre le réchauffement climatique) pour le renouvellement quasi complet de l’arsenal en armes atomiques de la France dans le cadre de la loi de programmation militaire.

Les neuf prochains mois qui précèdent la conférence d’examen du Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP) (4) qui aura lieu à New York en avril/mai 2020 seront déterminants pour gagner la mise en œuvre du TIAN et le développement du processus d’élimination des armes nucléaires face aux obstacles et à la volonté de certaines puissances en particulier celles dotées de l’arme nucléaire (et leurs alliés) d’empêcher le succès de cette conférence comme ils l’ont déjà réussi parfois dans le passé.

Dans ce contexte, Le Mouvement de la Paix appelle à développer tous azimuts les actions pour la ratification du TIAN par la France en s’appuyant sur les succès déjà obtenus et en multipliant les actions au cœur de la société et au plus près des gens dans les communes, les quartiers, les entreprises, les fêtes et festivals populaires qui auront lieu durant l’été, afin de mobiliser toutes les composantes de l’opinion publique.

Nous entendons favoriser toutes les expressions et actions possibles en tous lieux et selon toutes les modalités possibles et en particulier:

  • autour du 7 juillet 2019 pour fêter l’adoption du TIAN le 7 juillet 2017 à l’ONU
  • les 6 et 9 aout à l’occasion de l’anniversaire des bombardements des USA sur Hiroshima et Nagasaki
  • le 21 septembre dans le cadre de la journée internationale de la paix et des marches pour la Paix qui auront lieu le samedi 21 Septembre dans toute la France
  • le 26 septembre lors de la journée international de l’ONU pour l’élimination des armes nucléaires
  • lors des manifestations sociales pour souligner que la fin de la course aux armements nucléaires et la réorientation des ressources qui y sont consacrées libéreront des moyens considérables pour gagner la « bataille » pour le climat.
  • Lors de la semaine de la solidarité internationale 15 novembre au dimanche 1er décembre 2019
  • Lors de la semaine de l’ONU pour le désarmement du 24 au 30 octobre
  • Le 10 Décembre pour le droit de l’Homme à la Paix
  • lors de toutes les marches pour le climat ; car comme l’a rappelé le Secrétaire Général de l’ONU, 100 jours avant la Journée internationale de la paix 2019, action pour la paix et action pour le climat sont liées et aussi urgente l’une que l’autre.

Durant les 9 mois qui viennent le Mouvement de la paix appelle donc à l’action et, sur la base des actions conduites au niveau local, s’engage dès à présent dans la constitution d’une délégation importante d’une centaine d’ambassadeurs (drices) pour la paix et le désarmement nucléaire qui, devant l’Onu et au sein de la conférence mondiale d’examen du TNP (3) à New York en Avril 2020 ,exprimera l’exigence du désarmement nucléaire, exigence partagée par 76% de l’opinion publique en France selon le sondage IFOP/La Croix/Mouvement de la Paix de juin 2018.

Au 6 juillet 2019, 70 Etats ont signé le TIAN, 24 Etats l’ont déjà ratifié.  Il entrera en vigueur lorsque 50 États l’auront signé et ratifié. Il est encourageant de constater que des villes comme Paris, Washington, Berlin ont approuvé l’appel mondial des villes en faveur du Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires Nous pouvons gagner. Mais il faut accélérer le processus en développant la pression sur le Président de la République, les parlementaires et le gouvernement pour que la France ratifie le TIAN. Nous devons être de plus en plus nombreux et unis autour de cet objectif.

Il y a 2 ans nous avons gagné le Traité d’Interdiction des Armes nucléaires (TIAN).

Ensemble gagnons sa ratification par la France, pour éloigner la menace sur l’humanité d’une destruction volontaire (guerre nucléaire) ou involontaire (par erreur humaine ou technologique).

 


Le 6 juillet 2019
Le Mouvement de la Paix

Roland Nivet

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 08:27
Sans-Papiers. Comment les gilets noirs ont pris le Panthéon (L'Humanité, 15 juillet 2019 - Nadège Dubessay)
Sans-papiers. Comment les gilets noirs ont pris le Panthéon
Lundi, 15 Juillet, 2019

Ils veulent « des papiers pour tous ». Vendredi, les gilets noirs ont occupé le monument parisien et demandé à être reçus par le premier ministre. En guise de réponse, les CRS ont chargé.

 

Le rendez-vous était fixé ce vendredi à 12 h 30 à la sortie de la station Luxembourg du RER B. On avait informé l’Humanité d’une occupation coup de poing des gilets noirs. Tout devait rester secret. Aux portes du jardin du Luxembourg, dans les beaux quartiers de Paris, Michel Rimbert et Jean-Claude Amara, deux piliers de l’association Droits devant !, discutent tranquillement avec un petit groupe. Où sont donc les centaines de sans-papiers annoncés ? « T’inquiète, ils vont arriver », rassure Jean-Claude Amara. L’objectif ? Pénétrer dans le Panthéon, nécropole des grands personnages de France, « là où nombre de figures qui y reposent, de Victor Hugo à Aimé Césaire, auraient soutenu notre combat d’aujourd’hui », explique le militant. Au Panthéon, on s’assoit sur les marches. Quelques groupes épars sont déjà là. Mais toujours pas de sans-papiers en vue, ou si peu. Hakim, lui, prend des photos. « C’est beau, hein ? dit-il avec un large sourire. Regarde le toit, c’est de l’ardoise, et là, c’est du zinc. » Il faut dire qu’il s’y connaît, Hakim. Depuis six ans qu’il est en France, il accumule les boulots de couvreur. Dans une autre vie, en Kabylie, il créait des bijoux. À ses côtés, Patricia nous explique, elle, comment elle survit depuis deux ans. « Je garde une petite fille une fois par semaine. » Au Cameroun, elle avait décroché un master. Et puis elle a voulu rejoindre sa mère en France. « Mais, sans papiers, tu ne vis pas. » On arrête là les présentations. Car un passant glisse à voix basse : « Dans 20 secondes… » Tout s’accélère alors. Quelques-uns bloquent les vigiles à l’entrée, des centaines de sans-papiers venus d’on ne sait où envahissent les lieux. Tout le monde court. Certains s’arrêtent et se prosternent devant la statue de la Convention nationale. L’image est forte. La joie se lit sur tous les visages. On se sourit, on se parle, on fait des selfies. Ils ont réussi ! « Gilets noirs ! Gilets noirs ! » scandent les sans-papiers alors que des calicots se déploient autour des colonnes corinthiennes.

Cet hiver, ils avaient déjà envahi la Comédie-Française

Très vite, les touristes sont évacués et les CRS arrivent. Ils encerclent les 700 gilets noirs, qui se sont tous assis dans le calme. Beaucoup veulent aller aux toilettes. Des négociations s’entament. « Ils se croient où ? À l’hôtel ? » s’énerve un CRS. Hakim est là, en pleine discussion sur Skype avec son cousin, « un sans-papiers lui aussi ». Soutenu par les associations de lutte pour les droits des migrants et des sans-papiers la Chapelle debout et Droits devant !, le mouvement des gilets noirs regroupe des sans-papiers issus de dizaines de foyers de travailleurs d’Île-de-France. Ils se présentent comme « des sans-papiers, des sans-voix, des sans-visage pour la République française » et demandent « des papiers et des logements pour toutes et tous » ainsi que la réquisition des 200 000 logements vides à Paris. Ils n’en sont pas à leur premier coup d’essai. Cet hiver, ils avaient envahi la Comédie-Française. En mai, investi un terminal de l’aéroport de Roissy contre la collaboration d’Air France dans les expulsions. En juin, occupé le siège du groupe Elior (restauration collective, propreté), à La Défense, pour dénoncer son sale business avec les sans-papiers. « La CGT était venue nous soutenir », se souvient Houssam El Assimi, militant de la première heure à la Chapelle debout. « Suite à cette action, 203 certificats de concordance ont été délivrés, qui donneront des Cerfa (formulaires administratifs réglementés – NDLR) en vue de régularisations. »

« Maintenant, on veut frapper plus haut »

Ce vendredi, tous étaient venus sous la coupole du Panthéon, devenue la caisse de résonance de leurs vies maltraitées, pour obtenir un rendez-vous avec le premier ministre. Rendez-vous demandé il y a un mois par courrier, sans réponse. « Édouard Philippe a dénoncé notre action, mais il a bien été obligé de nous reconnaître », avance Houssam El Assimi. « Pendant trois ans, nos négociations avec le ministère du Travail n’ont jamais abouti, explique Michel Rimbert. Nous avions pourtant des centaines de dossiers, où l’on apportait des preuves que les sans-papiers travaillaient. Alors maintenant, on veut frapper plus haut. » Aïcha approuve d’un signe de la tête. Arrivée de Côte d’Ivoire il y a quinze ans, elle donne aujourd’hui des cours de français, d’alphabétisation. Mais n’a toujours pas de papiers. « Nous, on est des moins que rien. Pourtant, les Européens qui viennent dans mon pays vivent dans de belles maisons, on les appelle les “expats”… Écris ça, hein ! » nous glisse-t-elle. « Hier colonisés, aujourd’hui exploités, demain régularisés », reprennent en chœur les gilets noirs, alors que les témoignages affluent. Ils racontent les patrons voyous. Les boulots de merde pour 20 euros. Le travail sans protection. La nuit, dehors, porte de la Chapelle. La queue devant la préfecture. Les contrôles au faciès. La peur. Boubou sait qu’il peut être embarqué par la police. Mais il n’a plus peur. En Mauritanie, il a été torturé, emprisonné pour avoir simplement manifesté. Ici, il survit. Mais, dit-il, « depuis qu’il y a le collectif, ensemble, nous sommes forts ». Il n’est pas 17 heures. Les CRS évacuent tout le monde par la porte arrière. Dehors, d’autres gilets noirs, des députés, des syndicalistes sont venus soutenir l’action. Deux heures plus tard, les CRS chargeront, frapperont à l’aveugle avec une violence rare sur des gens totalement pacifiques. Une quarantaine de sans-papiers sont alors menottés, embarqués au commissariat. D’autres contrôlés. Une jeune femme en état de choc s’approche. Elle ne peut plus arrêter de pleurer, de trembler. Les CRS viennent de lui foncer dessus.

Nadège Dubessay
Occupation du Panthéon : le sort des gilets noirs se règle au tribunal
Lundi, 15 Juillet, 2019

Une quarantaine d’immigrés et leurs soutiens se sont rassemblés lundi 15 juillet devant le palais de justice de Paris pour soutenir seize de leurs camarades interpellés vendredi dernier, suite à leur action coup de poing dans le célèbre monument.

 

Assis sur un rebord du parvis du tribunal de grande instance de Paris, S. attend la décision du juge. Le jeune Malien lève les yeux vers le bâtiment en verre où se reflète le soleil de midi. « Je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit, souffle-t-il. Normalement je dors à côté de lui mais là, de voir sa place vide dans le lit, ça me rendait trop nerveux. » « Lui », c’est son petit frère de 20 ans. Vendredi 12 juillet, il faisait partie des quelque 700 immigrés gilets noirs qui ont occupé pacifiquement le Panthéon pour réclamer « des papiers pour tous ». En guise de réponse, trente-sept ont été interpellés manu militari. Et seize d’entre eux incarcérées au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, avec le risque d’être expulsées du territoire français.

Le sort du frère de S. se jouera mardi 16 juillet, face au juge des libertés et de la détention (JLD) qui doit statuer sur le maintien, ou non, en CRA. Mais dès ce lundi, S. a tenu à être présent pour soutenir les huit premiers camarades convoqués aujourd’hui. A ses côtés, une quarantaine de gilets noirs et membres du collectif La Chapelle debout discutent entre eux, à l’affût des dernières nouvelles de la salle d’audience. « Cette situation est absurde, voilà un mot auquel je pense souvent, glisse S. Ce sont des criminels qui devraient être au tribunal et pas des innocents venus revendiquer leurs droits. » Une logique qui n’est visiblement « pas celle de l’Etat français ».

Trois avocats sont chargés de plaider pour leur libération. Me Sophie Weinberg fait valoir, entre autres, que ces contrôles d’identité n’ont pas de fondements légaux et que les interpellations ne pouvaient avoir comme motif l’occupation du Panthéon. « Elles ont toutes été effectuées à l’extérieur du monument », précise une des membres du collectif La Chapelle Debout, présente sur le lieu des arrestations vendredi. « Juste parce que ce sont des étrangers, ils ne sont pas considérés comme des manifestants ou des sujets politiques, à l’inverse des gilets jaunes par exemple », s’agace un membre de La Chapelle Debout.

Devant le TGI des Batignolles, tous les gilets noirs rencontrés assurent vivre et travailler en France. « Nous sommes légitimes à demander des droits », insiste S. En face de lui, un homme plus âgé tient une pochette bleue dans ses mains. C’est le dossier administratif d’un de ses amis, sénégalais, lui aussi retenu au CRA de Vincennes. « On dit que c’est un ‘’sans-papiers’’, mais il en a des papiers, un passeport, un acte de naissance… c’est juste que pour ce pays, ce ne sont pas les bons ! », relève une jeune femme, qui connait bien son cas.

En début d’après-midi, l’attente prend fin. Deux femmes, membres de La Chapelle Debout, sortent du tribunal en souriant, les bras en l’air. Immédiatement, un petit groupe se presse autour d’elles pour entendre la décision du juge. « Il a déclaré que les contrôles d’identité et les arrestations étaient illégales », annonce l’une des militantes. Le procureur n’a pas fait appel de la décision, les huit personnes sont libres. « C’est important, cela veut dire qu’on ne peut pas nous arrêter parce qu’on revendique nos droits », poursuit-elle. Toute l’assistance applaudit, soulagée, et scande « Libérez nos camarades ! ». Une liesse de courte durée. Les audiences des huit autres incarcérés doivent avoir lieu ce mardi. « Malgré tout, maintenant, nous continuerons sans peur notre combat et nous ne nous découragerons plus », assure un gilet noir. 

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 08:18
Nucléaire militaire - la sécurité des Français en danger - Jean-Marie Collin, porte-parole de l'ICAN France

Tribune de Jean-Marie Collin, porte-parole de l'ICAN France, publiée dans Ouest-France de lue sur le site internet du PCF Pays Bigouden, Le Travailleur Bigouden: http://pcbigouden.over-blog.com

 

Le risque de guerre et d'emploi d'arme nucléaire n'a jamais été aussi élevé. Les accords de contrôle des armes nucléaires s'érodent et perdent en crédibilité. Face à cette situation alarmante, la diplomatie française contribue avec les autres puissances nucléaires à déstabiliser la pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire et, en même temps, les parlementaires sont aux abonnés absents !

Depuis 1945, les relations internationales sont fondées sur l'équilibre de la terreur. Autrement dit, sur le pari qu'aucun État ne va employer en premier l'arme nucléaire. Pendant combien de temps ce pari est-il tenable ?

Cet « ordre » nucléaire est principalement fondé sur le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui vient de tenir son dernier comité préparatoire (28 avril-10 mai), avant la Conférence d'examen quinquennal de 2020. L'échec de ce comité, à se mettre d'accord sur le futur de ce traité, annonce la perte de crédibilité du régime de non-prolifération et donc d'une plus grande insécurité.

Alors à qui la faute ? Aux 186 États qui n'ont pas la bombe ou aux États qui ont adopté le Traité d'interdiction des armes nucléaires pour renforcer la norme internationale d'interdiction de cette arme de destruction massive ? Ces derniers estimant qu'il est de leur devoir d'agir contre le risque d'une utilisation – accidentelle, volontaire ou malveillante – de l'arme nucléaire aux conséquences catastrophiques pour l'ensemble de l'humanité. Évidemment non !

« Un petit gang »

L'ambassadeur sud-africain – dont l'État a volontairement éliminé son arsenal nucléaire – a apporté la réponse : « Certains États parties ne peuvent pas fonctionner comme un petit gang Ce « gang » est composé des États-Unis, de la Russie, du Royaume-Uni, de la France et de la Chine.

Ces cinq États, aux régimes politiques opposés, sont en effet dans une attitude des plus incohérentes qui risque d'entraîner le TNP vers sa fin. Tous ont refusé, avec des argumentaires communs, les recommandations exprimées par la majorité de ce comité qui constituaient pourtant un bon point de départ pour la conférence de 2020. Pire, ces cinq États renoncent à leurs obligations de désarmement (article 6 du TNP et multiples autres engagements acceptés en 1995, 2000, 2010) en poursuivant la modernisation et le renouvellement de leurs arsenaux nucléaires. La France, par exemple, augmente son budget nucléaire de 60 %, soit 37 milliards d'euros qui seront dépensés entre 2019 et 2025. Comme l'a clamé la ministre des Armées : « Nous affûtons nos armes, toutes nos armes ! »

Une menace constante

L'objectif du TNP est d'amener plus de sécurité. Or, par leur refus de mettre fin à leurs arsenaux nucléaires, ils renforcent l'insécurité mondiale. Le plus incompréhensible est qu'ils se menacent les uns les autres à travers des exercices simulant une frappe nucléaire !

Les parlementaires sont censés contrôler l'action du gouvernement (article 24 de la Constitution), mais, dans ce domaine, nous observons tout le contraire. Il est inquiétant de voir que la réflexion engagée l’an dernier, avec la mission des députés Fanget et Lecoq, a disparu. Cela fait en effet près d'une année que nous attendons la création de la « délégation permanente à la dissuasion nucléaire, à la non-prolifération, à la maîtrise de l'armement et au désarmement », adoptée à l'unanimité par la commission des Affaires étrangères. Pourquoi n'est-elle pas encore en place ? Il est largement temps que les parlementaires prennent leur responsabilité.

La France, qui possède le troisième arsenal nucléaire au monde, doit arrêter de fuir ses engagements. Oui, il est possible de la complimenter pour ses efforts passés. Mais ils ne servent à rien, si son discours et ses actions restent figés dans une politique de défense datant du siècle dernier.

Les armes nucléaires représentent un problème de sécurité qui doit trouver une fin définitive autre que celles de la menace constante et du risque de leur utilisation. Croire que nous échapperons éternellement à une détonation nucléaire est une vision stratégique naïve et une erreur politique grossière !

(Ican - Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires)

Tribune publiée par Ouest-France

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 08:10
Commandement militaire : Macron à la course aux armements et à la « guerre des étoiles » (PCF, 15 juillet 2019)
Commandement militaire : Macron à la course aux armements et à la « guerre des étoiles »

Ce 13 juillet, le discours aux armées du Président de la République a marqué un nouvel infléchissement guerrier et atlantiste de la politique militaire française.

Officiellement, la création en septembre prochain d’un « Grand commandement de l’espace », le renouvellement du parc des satellites français, ou le lancement du nouveau sous-marin nucléaire d’attaque s’inscrivent dans la perspective d’une future défense européenne. En pratique, celle-ci n’est que l’alibi d’une adaptation sans cesse plus poussée d’Emmanuel Macron à la course aux armements et à la « guerre des étoiles » initiées par Donald Trump.

La présence, le 14 juillet, au côté du chef de l’État, du secrétaire général de l’Otan, la nomination à la tête de la direction des affaires politiques et de sécurité du ministère des Affaires étrangères d’une figure du néoconservatisme à la française, les postures belliqueuses adoptées récemment à l’égard de la Russie ou de l’Iran, vont toutes dans ce sens.

De même, l’annonce de la constitution d’un commandement militaire dédié à l’espace ne fait qu’emboîter le pas à l’administration nord-américaine. Elle remet en cause le Traité international de l’espace, pourtant signé par la France et les États-Unis, lequel en son article 4 prohibe la mise en orbite d’armes nucléaires ou de destruction massive. À l’inverse, les annonces présidentielles s’inspirent de l’armée de l’espace chère à la Maison Blanche et elles aboutissent à laisser libre cours au Space Act de 2015, qui autorise les entreprises américaines à s’emparer des ressources de l’espace.

Non seulement la doctrine militaire de Monsieur Macron va amputer les finances publiques de 37 milliards d’euros rien que pour la modernisation de l’arme nucléaire (inscrits dans la loi de programmation militaire 2019-2025), alors que l’austérité saigne déjà à blanc les services publics et le pouvoir d’achat des Français. Mais elle entraîne notre pays dans la folle stratégie de tensions internationales mise en œuvre par Trump.

La France doit plutôt recouvrer son indépendance et se faire porteuse de propositions de paix. Ce qui implique qu’elle se désengage de l’Alliance atlantique, qu’elle agisse en défense du droit international, qu'elle signe et ratifie le Traité international d'interdiction des armes nucléaires (TIAN), pour le respect de tous les traités internationaux aujourd’hui violés par les États-Unis.

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 08:02
16 juillet 1942 - La rafle du Vel d'Hiv! - N'oublions jamais l'implication de l'Etat français dans les crimes contre l'humanité antisémites !
16 juillet 1942 - La rafle du Vel d'Hiv! - N'oublions jamais l'implication de l'Etat français dans les crimes contre l'humanité antisémites !

16 juillet 1942 : La rafle du Vel d'Hiv !
À l'aube du 16 juillet 1942 débute à Paris la « rafle du Vel d'Hiv ». Elle voit l'arrestation par surprise de plus de treize mille Juifs parisiens de 2 à 60 ans.
13.152 personnes sont appréhendées par la police française les 16 et 17 juillet 1942, y compris 4.000 enfants de moins de 16 ans.
C'est beaucoup... et néanmoins deux fois moins que le quota fixé par les Allemands et la préfecture de police ! Les actes de solidarité heureusement n'ont pas manqué : quelques policiers ont laissé fuir leurs victimes, des concierges, des voisins, des anonymes ont ouvert leurs portes et caché des Juifs...
Embarqués dans des autobus, les personnes seules et les couples sans enfants sont convoyés vers le camp de Drancy, au nord de Paris.
Les familles avec enfants sont quant à elles dirigées vers le Vélodrome d'Hiver, rue Nélaton, dans le XVe arrondissement de Paris (aujourd'hui disparu).
Plus de 8.000 personnes dont une majorité d'enfants vont s'y entasser pendant plusieurs jours, parfois jusqu'au 22 juillet, dans des conditions sordides : pas de couchage, ni nourriture, ni eau potable, avec un éclairage violent jour et nuit, au milieu des cris et des appels de haut-parleurs. Seuls trois médecins et une dizaine d'infirmières de la Croix-Rouge sont autorisés à intervenir.
Les familles du Vel d'Hiv sont transférées de la gare d'Austerlitz vers les camps d'internement de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, dans le Loiret. Au mois d'août suivant, les mères sont enlevées à leurs enfants par les gendarmes et convoyées vers les camps d'extermination de Pologne. Les enfants seront à leur tour envoyés deux semaines plus tard à Auschwitz-Birkenau qui, depuis le début juillet, s’est transformé de camp de travail forcé en camp d'extermination à l'échelle industrielle.
Aucun n'en reviendra. Les internés de Drancy prennent également le chemin d'Auschwitz-Birkenau. Quelques dizaines tout au plus reviendront de l'enfer.
La rafle accentue la collaboration entre Vichy et l'occupant allemand dans le domaine de la «question juive». Mais elle entraîne aussi un début de fracture dans l'opinion française, jusque-là massivement indifférente ou attentiste. Peu à peu, certains citoyens basculent dans la Résistance, plus ou moins active ; d'autres, à l'inverse, se radicalisent et basculent dans l'antisémitisme et la collaboration.
Il a fallu attendre le 16 juillet 1995 pour qu'à la faveur d'un très beau et très émouvant discours, un président, Jacques Chirac, reconnaisse officiellement « que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l’État français ».

Robert Clément - sur sa page Facebook

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 07:54
PCF: Gironde. L'ancien résistant et déporté Georges Durou (1924-2019), militant de la paix et de la mémoire, vient de nous quitter
PCF: Gironde. L'ancien résistant et déporté Georges Durou (1924-2019), militant de la paix et de la mémoire, vient de nous quitter

Georges Durou, vient de nous quitter.
A l'annonce de cette triste nouvelle, la direction du PCF, au nom de tous les communistes tient à rendre hommage à ce grand résistant, militant de la Paix, passeur de mémoire et s'associe à la peine de nos camarades de Gironde.
Communiqué de Sébastien Laborde, secrétaire départemental PCF Gironde :
C'est avec tristesse que nous apprenons la disparition de notre camarade Georges Durou. Résistant et déporté, Jo aura eu toute sa vie la volonté de transmettre la mémoire de ce que fut la résistance à Bègles, sa ville, et en Gironde.

Arrêté à quinze ans pour distribution de tract, il est interné au fort du Hâ de Bordeaux puis au camp de Mérignac duquel il tentera de s'évader par trois fois. Il est ensuite envoyé au camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen puis à l’usine-camp de concentration Heinkel.
Il en reviendra à jamais marqué par l'épreuve de l'internement mais aussi, et peut être surtout, par les formidables gestes de solidarité et de résistance auxquels il aura participé durant ces années d'horreur qu'il racontera au travers d'un livre "Mes printemps de barbelés".

Georges de retour des camps militera à l'UJFP et au PCF, puis ensuite au plan syndical, aux PTT dont il sera un responsable de l'organisation CGT en Gironde.
Il sera un des fondateurs de l'Institut d'histoire sociale d'Aquitaine.

Il n'aura eu de cesse jusqu'à la fin de sa vie de raconter la résistance communiste en Gironde avec notamment un énorme travail de recherche autour de l'appel de Charles Tillon lancé à Gradignan le 17 octobre 1940 depuis le moulin de Moulineau.
Comment évoquer le travail de mémoire de Georges sans parler de l'association des familles de fusillés de Souge. 256 hommes fusillés entre 1940 et 1944 à Merignac dont la mémoire reste vive.

Georges aura toute sa vie été un militant acharné pour la justice et la paix.

J'adresse au nom de la fédération de Gironde du PCF à sa famille et à ses proches mes sincères et fraternelles condoléances.

Sébastien Laborde

PCF: Gironde. L'ancien résistant et déporté Georges Durou (1924-2019), militant de la paix et de la mémoire, vient de nous quitter
Hommage de Stephane Bailanger (sur sa page Facebook)
 
Georges Durou (1924-2019)

Mon camarade et ami Jo (Georges Durou) nous a quitté, il avait 95 ans. Il était communiste, résistant, déporté et pacifiste.

Issu d'une famille ouvrière, Jo fut très tôt sensibilisé à la lutte antifasciste dans les années 1930. Jeune communiste, il a 16 ans lorsqu'il est arrêté pour distribution de tracts à la gare Saint-Jean en 1940. Condamné, il passe alors plusieurs mois en prison, au Fort du Hâ. Considéré par les services de la police et de la préfecture de Bordeaux comme un militant actif jugé "dangereux", il n'est pas libéré après avoir purgé sa peine. Au contraire, il est envoyé au camp de Mérignac, camp d'internement. Là, il verra partir nombre de ses amis vers le camp de Souge où l'Occupant fusillait résistants et otages, au gré de sa politique répressive et avec la complicité active de la police et de la préfecture de Bordeaux. Toute sa vie, il ne cessera d'honorer la mémoire de ses amis, il passa bien des journées aux archives départementales pour cela à l'heure de la retraite.

Mais en 1943, après trois tentatives d'évasion, il est déporté dans un camp de concentration en Allemagne, à Sachenhausen (au nord de Berlin). Deux années où il vécu le quotidien des déportés politiques au triangle rouge, les brimades, les coups, la faim et la soif jusqu'à ces fameuses "marches de la mort". Lorsqu'il rentra en France en 1945, sa jeunesse était déjà bien abîmée. C'est aussi l'une des raisons du choix du titre de ses mémoires, "Mes printemps de barbelés", qu'il écrivit à 88 ans.

Comme ses compagnons d'infortune ayant survécu, il travailla à la Reconstruction. Militant cégétiste, il participa dans les années 1950 à de nombreux conflits syndicaux, son emploi aux PTT fut menacé à ce titre. Le militantisme au PCF est de famille chez Jo, dont la soeur Simone Rossignol, fut maire de Bègles de 1971 à 1984.

A partir de la seconde moitié des années 1990, il oeuvra pour le devoir de Mémoire, en participant à des conférences, à des rencontres avec les publics scolaires. C'est à ce titre qu'il est intervenu 4 années de suite dans mes classes au Collège Lapierre à Lormont. Président de l'Association du Souvenir des fusillés de Souge, il participa à toutes ses activités jusqu'à ce que ses forces l'abandonnent. Pacifiste, il reçu le bâton de "pèlerin de la paix" au cours d'une cérémonie à la bourse du travail.

J'ai salué Jo une dernière fois l'an dernier à la fête girondine de l'Humanité, à Villenave d'Ornon. Ses jambes ne le portaient plus mais il se souvenait de notre travail auprès des scolaires. Toute sa vie fut hantée par les souvenirs de sa jeunesse dramatique, c'était pour lui un fardeau autant qu'un honneur. Jo disait aux élèves, en commentaire des photographies de ses camarades fusillés, qu'ils étaient aussi sa famille. Aujourd'hui, il vient de les rejoindre dans l'éternité. C'est donc à nous, désormais, de reprendre le flambeau.

C'est avec émotion que je termine ces lignes. J'ai des bobines de camescopes et des photographies de nos activités qu'il me faudra bien exploiter un jour ou remettre à l'Association du Souvenir.

Je reviendrai prochainement sur le parcours de Jo. Ses obsèques auront lieu lundi 22 juillet à 11h45 à Mérignac.
 
Stephane Bailanger (sur sa page Facebook)
 
 
 
 
 
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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 07:50
Afrique. Affaire des missiles en Libye : le double jeu de Paris
Jeudi, 11 Juillet, 2019

Des armes achetées par la France aux États-Unis ont été retrouvées dans un camp abandonné par le maréchal Haftar, le chef de guerre qui attaque la capitale Tripoli.

 

L’affaire est pour le moins embarrassante pour le gouvernement français. Le New York Times vient de révéler que les quatre missiles antichars découverts par les forces loyales au gouvernement d’union nationale (GNA) sur une base reprise fin juin au maréchal Haftar (qui a lancé en avril une offensive sur la capitale) étaient la propriété de la France.

« Les missiles Javelin trouvés à Gharyan (ouest) appartiennent effectivement aux armées françaises, qui les avaient achetés aux États-Unis, a déclaré le ministère français des Armées, confirmant les assertions du quotidien américain. Ces armes étaient destinées à l’autoprotection d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contre-terrorisme. » Toutefois, ces munitions, « endommagées et hors d’usage », étaient « temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction » et « n’ont pas été transférées à des forces locales », assure Paris, qui se défend de les avoir fournies aux troupes du maréchal Haftar, sans pour autant expliquer comment elles ont fini sur cette base. « Il n’a jamais été question ni de vendre, ni de céder, ni de prêter ou de transférer ces munitions à quiconque en Libye », insiste le ministère français des Armées, qui ne dit pas non plus pourquoi ces munitions, stockées dans un pays en guerre, n’ont pas été rapidement détruites.

Le nœud gordien libyen

En réalité, l’affaire aurait pu en rester là. Mais dans le dossier libyen, depuis la guerre menée en 2011 sur volonté de la France de Sarkozy entraînant avec elle les États-Unis d’Obama et bien d’autres pays dont le Royaume-Uni, mais également les Émirats arabes unis, les antagonismes sont forts. Emmanuel Macron cherche à être le deus ex machina pour trancher le nœud gordien de cette Libye déchirée, affirmant soutenir le GNA mais aidant, en sous-main, les forces du maréchal Haftar, ce que montre la découverte de ces missiles. Ce n’est pas du goût de Washington, qui appuie, comme Moscou, au grand jour le maréchal et n’apprécie pas le double jeu de Paris. D’autant que le GNA bénéficie de l’aide de Doha et d’Ankara. D’où les révélations du New York Times. Selon l’agence de coopération pour la défense et la sécurité du Pentagone, la France a bien donné son accord, en 2010, pour l’acquisition de 260 missiles Javelin de fabrication américaine et les éléments associés, pour un coût total estimé à 69 millions de dollars (soit au cours actuel un peu plus de 61 millions d’euros).

Ces missiles particulièrement efficaces ont été utilisés notamment lorsque le maréchal Haftar a lancé la bataille pour reprendre Benghazi (est) aux islamistes épaulés par le Qatar et la Turquie. Haftar était alors soutenu par les Émirats, l’Égypte et… la France, qui avait dépêché des forces spéciales, comme l’a révélé François Hollande après qu’un hélicoptère dans lequel se trouvaient trois soldats français d’élite a été abattu lors d’une « dangereuse opération de renseignement », selon ses propres paroles. C’était en juillet 2016.

Yémen même salade

Autre fait troublant, ces Javelin auraient été retrouvés dans des caisses sur lesquelles il était indiqué qu’ils avaient été vendus en 2008 aux Émirats, important partenaire militaire des États-Unis. Ce qu’a démenti Abou Dhabi. Volonté de dissimulation pour masquer l’aide de Paris ou imbroglio international comme les armes françaises utilisées au Yémen par l’Arabie saoudite et dont une partie était officiellement destinée (et payée par Riyad) à l’armée libanaise ? Dans ce domaine, tout est possible. Pour notre part, nous avions constaté en avril 2011 alors que les combats faisaient rage entre la rébellion et les troupes de Mouammar Kadhafi dans la localité de Ras Lanouf qu’avaient été abandonnés par les troupes gouvernementales des missiles rangés dans des caisses en provenance de Corée du Nord qui étaient censées renfermer des « pièces détachées pour bulldozer ».

La France a reconnu tardivement avoir apporté du renseignement au maréchal Haftar dans la lutte antidjihadiste dans l’est et le sud du pays mais continue à réfuter tout soutien militaire dans son offensive contre Tripoli lancée il y a trois mois, tuant plus de 1 000 personnes, dont plus d’une centaine de civils et, parmi eux, des dizaines de migrants.

Pierre Barbancey
Afrique. Affaire des missiles en Libye: le double jeu de Paris (L'Humanité, Pierre Barbancey, 11 juillet 2019)
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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 06:50
1970-1973 : Salvador Allende par Neruda (J'avoue que chez vécu)

Les mémoires en prose de Pablo Neruda (1904-1973), mises en forme de manière posthume par Miguel Otero Silva et Mathilde Urrutia, sous le titre "J'avoue que j'ai vécu", sont d'une richesse et d'une beauté bouleversante.

Elles s'achèvent par des portraits politiques, et notamment celui de Salvador Allende, le président socialiste qui au moment où Neruda écrit vient d'être liquidé par la junte d'extrême-droite appuyée par Nixon et la CIA. A Neruda lui-même, il ne reste plus que quelques heures à vivre.

Le diplomate poète Pablo Neruda a adhéré au Parti Communiste en 1945, après avoir joué un rôle important pour faciliter l'exil des républicains espagnols pendant la guerre d'Espagne. Il a été sénateur des provinces minières du nord du Chili, puis a dû rentrer dans la clandestinité et l'exil avec la dictature de Videla, radical populiste qui s'est retourné contre les populistes qui avaient contribué à son élection (1946). En 1970, Pablo Neruda est le candidat du Parti communiste aux élections présidentielles chiliennes, avec l'option partagée par le parti et par le poète mondialement connu, prix Nobel de littérature, et immensément populaire au Chili, de pouvoir se retirer si l'unité populaire est possible à réaliser entre les six ou sept partis qui peuvent défendre un projet et des intérêts communs à gauche et qui en 1969 encore avancent chacun dans leur couloir.

"La seule façon de précipiter l'unité, écrit Neruda trois ou quatre ans plus tard, était que les communistes désignent leur propre candidat. Quand j'acceptai la proposition, nous rendîmes public le point de vue du parti. Notre appui irait au candidat qui réunirait l'ensemble des suffrages. Si l'accord se révélait impossible, je maintiendrais ma candidature jusqu'aux élections. C'était un moyen héroïque d'obliger les autres partis à se mettre d'accord. En acceptant, je dis au camarade Corvalan qu'il allait de soi qu'on ne refuserait pas mon désistement futur, étant personnellement convaincu qu'il serait inévitable. Il était fort improbable que l'unité pût se faire autour d'un communiste. En termes clairs, tous avaient besoin de nos voix (y compris quelques candidats de la démocratie chrétienne) mais aucun n'entendait nous donner la sienne.

Pourtant, l'annonce de ma candidature, sortie de ce matin marin de l'Ile-Noire, se répandit comme une traînée de poudre. On me demandait partout. J'étais très ému de voir des centaines ou des milliers d'hommes et de femmes du peuple me serrer sur leur cœur, m'embrasser et pleurer. A tous, habitants des faubourgs de Santiago, mineurs de Coquimbo, hommes du cuivre et du désert, paysannes qui m'attendaient durant des heures avec leurs enfants dans les bras, travailleurs qui vivaient leur détresse du Bio-Bio jusqu'au détroit de Magellan, à tous je leur parlais ou lisais mes poèmes, sous la pluie battante, dans la boue des rues et des chemins, contre le vent austral qui fait grelotter les gens.

L'enthousiasme me gagne. Il y avait de plus en plus de monde à mes réunions, de plus en plus de femmes. Fasciné et terrorisé, je commençai à penser à ce que j'allais devenir si j'étais élu président de la république la plus farouche, la plus dramatiquement sans solutions, la plus endettée et, sans doute, la plus ingrate. On y acclamait les présidents le premier mois; puis, justement ou injustement, on les martyrisait durant les cinq ans et onze mois qui les séparaient de nouvelles élections. 

Par bonheur, la nouvelle arriva: Allende surgissait comme candidat unique possible de l'Unité populaire".

Neruda connaît déjà Allende et l'admire. Il admire sa santé, sa vigueur et sa résistance physique, sa capacité à supporter un rythme de vie et de campagne démentiel  Ils ont fait des campagnes électorales ensemble. Il a de la sympathie pour lui.

En 1958, Allende était déjà le candidat commun du FRAP (Front de l'action populaire, regroupant Parti socialiste et Parti communiste) contre Jorge Alessandri, fils de l'ancien président de la République, homme de l'affairisme, du libéralisme et de l'oligarchie. Il était arrivé en seconde position. Quand il se présente aux élections présidentielles de septembre 1970, Salvador Allende est âgé de 62 ans. Trapu, d'une rondeur trompeuse mais rassurante, le regard vif derrière de grosses lunettes d'écaille, le docteur Salvador Allende est une figure politique de premier plan depuis plus de 30 ans. Son style de vie bourgeois ne lui vaut pas que des sympathies. C'est un ami de jeunesse d'Edouardo Frei, le président de droite chrétienne modérée de 1964 à 1970. Il habite dans un des quartiers résidentiels cossus de Santiago. Il a possédé un yacht. Sa femme et ses deux filles élégantes fréquentent la bonne société. C'est un esthète collectionneur d’œuvres d'art. C'est la quatrième élection présidentielle de l'ancien médecin de l'Assistance publique et des hôpitaux de Valparaiso, qui fut élu député dès 1939 et organisa la campagne de Pedro Aguirre Cerda, le premier président de front populaire au Chili, à cette époque. Cet ancien ministre de la santé (1942), fondateur du Parti socialiste chilien (1943) est décrit par les conservateurs chiliens comme un "redoutable communiste prêt à transformer le Chili en démocratie populaire et à supprimer toutes les libertés". Kissinger et le département américain, avec la CIA et des compagnies capitalistes transnationales comme ITT (International Telegraph and Telephone), feront tout pour empêcher l'élection d'Allende, et ensuite pour faire chuter le gouvernement d'unité populaire.          

Le reste, laissons Neruda le raconter lui-même dans les dernières lignes de J'avoue que j'ai vécu, et de sa vie.

Pablo Neruda va mourir le 24 septembre 1973, 13 jours après le putsch militaire du 11 septembre, 13 jours après la mort de son "ami" Allende.

1970-1973 : Salvador Allende par Neruda (J'avoue que chez vécu)

 

Allende

Mon peuple a été le peuple le plus trahi de notre temps. Du fond des déserts du salpêtre, des mines du charbon creusées sous la mer, des hauteurs terribles où gît le cuivre qu'extraient en un labeur inhumain les mains de mon peuple, avait surgi un mouvement libérateur, grandiose et noble. Ce mouvement avait porté à la présidence du Chili un homme appelé Salvador Allende, pour qu'il réalise des réformes, prenne des mesures de justice urgentes et arrache nos richesses nationales des griffes étrangères.

Partout où je suis allé, dans les pays les plus lointains, les peuples admiraient Allende et vantaient l'extraordinaire pluralisme de notre gouvernement. Jamais, au siège des Nations unies à New York, on n'avait entendu une ovation comparable à celle que firent au président du Chili les délégués du monde entier. Dans ce pays, dans son pays, on était en train de construire, au milieu de difficultés immenses, une société vraiment équitable, élevée sur la base de notre indépendance, de notre fierté nationale, de l'héroïsme des meilleurs d'entre nous. De notre côté, du côté de la révolution chilienne, se trouvaient la constitution et la loi, la démocratie et l'espoir.

De l'autre côté il ne manquait rien. Ils avaient des arlequins et des polichinelles, des clowns à foison, des terroristes tueurs et geôliers, des frocs sans conscience et des militaires avilis. Tous tournaient dans le carroussel du mépris. Main dans la main s'avançaient le fasciste Jarpa et ses neveux de Patrie et Liberté, prêts à casser les reins et le coeur à tout ce qui existe, pourvu qu'on récupère l'énorme hacienda appelée Chili. A leur Côté, pour égayer la farandole, évoluait un grand banquier danseur, éclaboussé de sang. Gonzalez Videla, le roi de la rumba, lequel, rumba par-ci, rumba par-là, avait depuis belle lurette livré son parti aux ennemis du peuple. Maintenant c'était Frei qui livrait le sien aux mêmes ennemis, et qui dansait au son de leur orchestre, avec l'ex-colonel Viaux, son complice ès forfaiture. Ils étaient tous tètes d'affiche dans cette comédie. Ils avaient préparé le nécessaire pour tout accaparer, les miguelitos, les massues et les balles, ces balles qui hier encore avaient blessé notre peuple à mort à Iquique, Ranquil, Salvador, Puerto-Montt, José Maria Caro, Frutillar, Puente Alto et autres nombreux endroits. Les assassins d'Hernan Mery dansaient avec ceux qui auraient dû défendre sa mémoire. Ils dansaient avec naturel, avec leurs airs de bondieusards. Ils se sentaient offensés qu'on leur reproche ces «petits détails».

Le Chili a une longue histoire civile qui compte peu de révolutions et beaucoup de gouvernements stables, conservateurs et médiocres. De nombreux présidaillons et deux grands présidents : Balmaceda et Allende. Curieusement, l'un et l'autre sortent du même milieu: la bourgeoisie riche, qui se fait appeler chez nous «aristocratie». Hommes de principes, obstinés à rendre grand un pays amoindri par une oligarchie médiocre, ils eurent la même fin tragique. Balmaceda fut contraint au suicide parce qu'il refusait de livrer aux compagnies étrangères nos riches gisements de salpêtre. Allende fut assassiné pour avoir nationalisé l'autre richesse du sous-sol chilien : le cuivre. Dans les deux cas, les militaires pratiquèrent la curée. Les compagnies anglaises sous Balmaceda, les trusts nord-américains sous Allende, fomentèrent et soulèvements d'état-major.

Dans les deux cas, les domiciles des présidents furent mis à sac sur l'ordre de nos distingués «aristocrates». Les salons de Balmaceda furent détruits à coups de hache. La maison d'Allende, avec le progrès, fut bombardée par nos héroïques aviateurs.

Pourtant, les deux hommes se ressemblent peu. Balmaceda fut un orateur fascinant. Il avait une nature impérieuse qui le rapprochait chaque jour davantage du pouvoir personnel. Il était sûr de la noblesse de ses intentions. Les ennemis l'entouraient à chaque instant. Sa supériorité sur son entourage était si grande, et si grande sa solitude, qu'il finit par se replier sur lui-même. Le peuple qui aurait dû l'aider n'existait pas en tant que force, c'est-à-dire n'était pas organisé. Ce président était condamné à agir comme un illuminé, comme un rêveur : son rêve de grandeur resta à l'état de rêve. Après son assassinat, les trafiquants étrangers et les parlementaires du cru s'emparèrent du salpêtre , les étrangers, en concessions; les représentants du cru, en pots-de-vin. Les trente deniers perçus, tout rentra dans l'ordre. Le sang de quelques milliers d'hommes du peuple sécha vite sur les champs de bataille. Les ouvriers les plus exploités du monde, ceux des zones du nord du Chili, ne cessèrent plus de produire d'immenses quantités de livres sterling pour la City de Londres.

 

Allende ne fut jamais un grand orateur. Gouvernant, il ne prenait aucune décision sans consultations préalables. Il était l'incarnation de l'anti-dictateur, du démocrate respectueux des principes dans leur moindre détail. Le pays qu'il dirigeait n'était plus ce peuple novice de Balmaceda, mais une classe ouvrière puissante et bien informée. Allende était un président collectif; un homme qui, bien que n'étant pas issu des classes populaires, était un produit de leurs luttes contre la stagnation et la corruption des exploiteurs. C'est pourquoi l'oeuvre réalisée par Allende dans un temps si court est supérieure à celle de Balmaceda ; mieux, c'est la plus importante dans l'histoire du Chili. La nationalisation du cuivre fut une entreprise titanique. Sans compter la destruction des monopoles, la réforme agraire et beaucoup d'autres objectifs menés à terme sous son gouvernement d'inspiration collective.

Les œuvres et les actes d'Allende, d'une valeur nationale inappréciable, exaspérèrent les ennemis de notre libération. Le symbolisme tragique de cette crise se manifeste dans le bombardement du palais du gouvernement; on n'a pas oublié la Blitzkrieg de l'aviation nazie contre des villes étrangères sans défense, espagnoles, anglaises, russes; le même crime se reproduisait au Chili; des pilotes chiliens attaquaient en piqué le palais qui durant deux siècles avait été le centre de la vie civile du pays.

J'écris ces lignes hâtives pour mes Mémoires trois jours seulement après les faits inqualifiables qui ont emporté mon grand compagnon, le président Allende. On a fait le silence autour de son assassinat; on l'a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autorisée à accompagner son cadavre immortel. La version des agresseurs est qu'ils l'ont découvert inanimé, avec des traces visibles de suicide. La version publiée à l'étranger est différente. Aussitôt après l'attaque aérienne, les tanks - beaucoup de tanks - sont entrés en action, pour combattre un seul homme : le président de la République du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son cœur généreux, entouré de fumée et de flammes.

L'occasion était belle et il fallait en profiter. Il fallait mitrailler l'homme qui ne renoncerait pas â son devoir. Ce corps fut enterré secrètement dans un endroit quelconque. Ce cadavre qui partit vers sa tombe accompagné par une femme seule et qui portait toute la douleur du monde, cette glorieuse figure défunte s'en allait criblée, déchiquetée par les balles des mitrailleuses. Une nouvelle fois, les soldats du Chili avaient trahi leur patrie.


Neruda, J'avoue que j'ai vécu, traduction de Claude Couffon

 

 

La dernière photographie de Salvador Allende inspectant le Palacio de La Moneda.

La dernière photographie de Salvador Allende inspectant le Palacio de La Moneda.

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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 09:02
À l’Assemblée, l’opposition fait front commun contre le Ceta
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Le traité de libre-échange conclu entre l’Union européenne (UE) et le Canada arrive à l’Assemblée nationale, mercredi 17 juillet. Forts du soutien des agriculteurs et des écologistes, tous les groupes d’opposition, sans exception aucune, ont fait savoir qu’ils voteront contre le projet de loi de ratification.

C’est un vote clé qui arrive à l’Assemblée nationale, mercredi 17 juillet. Et pourtant, les nombreux débats qu’il suscite n’auront certainement pas le temps d’être développés dans l’hémicycle, où les quelque soixante amendements déposés ont toutes les chances d’être rejetés. Une fois les élections européennes passées, l’exécutif a choisi de profiter de la torpeur estivale pour faire ratifier le traité de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada (Ceta) par les quelques députés encore présents en session extraordinaire.

Un calendrier que le secrétaire d’État en charge du commerce, Jean-Baptiste Lemoyne, avait justifié par la nécessité de mener à bien l’étude d’impact qui accompagne le projet de loi de ratification. « Les questions commerciales ont été au cœur de la campagne, on ne les a pas du tout escamotées », faisait-il valoir dans un débat organisé par Mediapart, fin juin. Pour que « le Parlement soit pleinement informé », il fallait conduire une inspection visant « à travailler sur les filières agricoles sensibles », et une étude d’impact du Ceta sur l’économie française, réalisée par des économistes du CEPII, ajoutait-il.

Deux séries de travaux qui, selon Jean-Baptiste Lemoyne, « ont pris du temps ». D’où un vote en juillet. Ces études étant désormais sur la table, l’exécutif et la majorité estiment que tous les voyants sont au vert pour une ratification de l’accord commercial, avant le deuxième anniversaire de l'entrée en vigueur provisoire de l'essentiel du texte, le 21 septembre 2017. Malgré les « garanties » mises en avant par le rapporteur du projet de loi, le député La République en marche (LREM) Jacques Maire, les inquiétudes sont encore vives dans les rangs de l’opposition.

En témoignent les échanges qui ont précédé l’adoption du texte en commission des affaires étrangères, dans la soirée du 9 juillet. Forts du soutien des agriculteurs et des écologistes qui, une fois n’est pas coutume, se retrouvent pour dénoncer ce que la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) qualifie de « mauvais coup » du gouvernement, les élus d’opposition ont donné ce soir-là un avant-goût des débats qui ne manqueront pas d’agiter l’hémicycle, mercredi après-midi.

Des socialistes à la droite de Les Républicains (LR), en passant par La France insoumise (LFI) et Libertés et territoires, la totalité des représentants qui se sont exprimés en commission ont affirmé que leur groupe voterait majoritairement contre la ratification du Ceta, à l’exception des députés d’Agir – rattachés à l’UDI, mais proches de la majorité – qui opteront sans doute pour l’abstention. Pendant plus de trois heures, chacun a exprimé ses réticences à l’encontre d’un accord qui, selon l’élu communiste Jean-Paul Lecoq, « menace notre environnement, notre agriculture et notre modèle social à long terme ».

Pour LR, Pierre-Henri Dumont a conditionné le vote de son groupe à une demande : rouvrir la discussion sur la viande bovine. Sans grand espoir que la majorité y réponde favorablement, comme il le confiait à Mediapart quelques jours plus tard. « Nous ne voulons pas que l’agriculture, ses hommes, ses productions, ses traditions, ses paysages, soit demain le secteur de notre économie sacrifié au nom d’un libéralisme sans barrières, sans régulation », a fait valoir le député en commission, en précisant toutefois que la droite n’était pas « hostile par nature » aux accords de libre-échange, à condition d’en revoir le modèle.

S’il a lui aussi ringardisé le Ceta, dont il estime qu’il est la « lointaine queue de comète d’une autre vision du monde », Jean-Luc Mélenchon a critiqué de façon plus générale le libre-échange avec lequel il souhaiterait « en finir ». « Nous sommes au contraire pour la relocalisation maximale de toutes les activités. Ce n’est pas faire du repli, c’est se demander à quoi sert de déménager le monde quand ça ne sert à rien », a-t-il souligné au nom de son groupe, soulignant également le risque de « surproduction » des « produits les plus discutables », comme le gaz de schiste.

Guère « convaincu » par les « garanties » apportées par la majorité – notamment sur le contrôle des produits OGM pour lesquels le Canada ne prévoit pas d’étiquetage, alors qu’il en est le quatrième producteur mondial – le leader de LFI a aussi insisté sur le « problème politique » que pose la clause des tribunaux d’arbitrage. « Est-ce que nous acceptons que les litiges soient jugés autrement que dans la loi du pays où le conflit surgit ? » a-t-il interrogé, rappelant que c’est dans cette logique que « l’Allemagne a été condamnée à un milliard d’euros d’indemnités pour être sortie du nucléaire ».

 

C’est sur le volet environnemental que la députée socialiste Laurence Dumont a consacré l’essentiel de son intervention. « Tous les jours, les effets du réchauffement climatique se révèlent au monde et votre majorité avance à marche forcée vers des accords qui amplifient le phénomène et n’apportent aucune contrainte sur le respect des accords de Paris », a-t-elle souligné, mettant en lumière le double discours d’Emmanuel Macron en la matière. Et l’impossibilité de mesurer les effets du Ceta depuis sa mise en place partielle, « quoi qu’en disent les rapports censés nous convaincre ».

« C’est le niveau zéro de la politique »

C’est aussi pour que « les parlementaires soient assurés que nos ambitions environnementales soient pleinement protégées à long terme », que le député Matthieu Orphelin, qui a quitté le groupe LREM en février, a annoncé déposer une motion d’ajournement du projet de loi de ratification de l’accord. « Dans le cas où cette motion serait rejetée en séance le 17 juillet, je voterai contre », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Ce proche de Nicolas Hulot – qui a lui aussi appelé à « rejeter le Ceta » dans les colonnes du JDD insiste également sur la nécessité d’avoir de vrais débats démocratiques sur les accords de libre-échange, au moment où celui conclu entre l’UE et les pays du Mercosur divise jusque dans les rangs de la majorité. Et rend toutes les discussions autour de la ratification du traité avec le Canada « épidermiques », de l’aveu même de la députée LREM Martine Leguille-Balloy.

Si le Ceta a été signé avant l’accord de Paris, la France se veut toutefois rassurante quant aux engagements du Canada en matière climatique. Le rapporteur du projet de loi de ratification, Jacques Maire, a ainsi rendu public un courrier récemment adressé par Jim Carr, le ministre canadien de la diversification du commerce international à son homologue français, Jean-Baptiste Lemoyne. Le Canada s’y montre favorable au « veto climatique ». « Avec ce veto (…) nous avons l’assurance qu’aucune entreprise canadienne ne pourra remettre en question devant un tribunal d’arbitrage notre réglementation environnementale », promet Lemoyne, dans le JDD.

Mais comme l’a souligné la députée LREM Nicole Trisse en commission, et comme s’en inquiétait déjà Matthieu Orphelin dans Les Échos, le sujet reste tout de même suspendu aux résultats des prochaines élections fédérales du Canada, prévues fin octobre. Le leader du parti conservateur Andrew Scheer, qui a voté contre l’accord de Paris, y est donné favori devant Justin Trudeau. « Pour avoir un débat serein sur le Ceta, je veux avoir des assurances sur le veto climatique, et peut-être aussi, attendre les résultats des élections au Canada », estime Matthieu Orphelin.

Aussi mesurées soient-elles, toutes les interventions des représentants de l’opposition ont provoqué un léger agacement et quelques levées de sourcils parmi les députés de la majorité présents en commission des affaires étrangères, le 9 juillet. Car pour eux, l’heure n’est plus à tergiversation dès lors que les inquiétudes ont été balayées par l’étude d’impact du CEPII. « Cette étude répond dans l’ensemble à ce que nous avions demandé, même si des améliorations sont encore souhaitables », a indiqué la présidente de la commission Marielle de Sarnez, qui s’était pourtant abstenue, lors du vote du texte au Parlement européen, le 15 février 2017.

Rappelant les « liens forts, d’amitié et de compréhension mutuelle » que la France entretient avec le Canada, la députée MoDem a affirmé qu’il n’y avait pas grand risque à signer un « accord innovant » avec « un pays qui nous ressemble et qui partage nos valeurs ». Un argument repris en boucle par les autres élus de la majorité : « Si nous ne signons pas d’accord avec le Canada, avec qui en signerons-nous ? » ont interrogé plusieurs d’entre eux. La députée LREM Annie Chapelier a même cru bon d’apporter un « éclairage historique » en rappelant le nombre de Canadiens tués au cours des deux guerres mondiales.

« C’est hors sujet ! » lui a rétorqué l’élu LR Michel Herbillon, qui avait déjà regretté, quelques minutes plus tôt, que le rapporteur évoque lui aussi dans son introduction le rôle joué par le Canada pendant la guerre. « Pardon de le dire, mais ce n’est pas le sujet. On aime beaucoup le Canada et la question n’est pas de remettre en cause le Canada en tant que pays », a-t-il eu besoin de rappeler. « C’est le niveau zéro de la politique, c’est ridicule. S’ils en sont à dire ça, c’est bien qu’il y a un sujet quelque part », commentait Pierre-Henri Dumont (LR), quelques jours plus tard, auprès de Mediapart.

L’autre argument que la majorité ne manquera pas d’utiliser dans l’hémicycle mercredi a été glissé par la députée LREM Marie Lebec, rapporteuse pour avis, lors d’une conférence de presse organisée à l’Assemblée, juste avant le passage du texte en commission. « Sur la question de nos oppositions et malgré les prises de parole médiatiques, nous espérons un soutien de leur part car l’accord [entre l’UE et le Canada – ndlr] a démarré sous Nicolas Sarkozy et a été validé sous Hollande », avait-elle souligné.

Dans le JDD, Jean-Baptiste Lemoyne s’étonne lui aussi de la position de LR et du PS sur le sujet. « Mon ancienne famille politique est désormais sans cap, sans boussole, sans chef et sans colonne vertébrale, dit-il. Et quand je vois le député socialiste Boris Vallaud demander un référendum alors même qu’il était secrétaire général adjoint de l’Élysée de François Hollande quand celui-ci a signé le Ceta au nom de la France, je me dis qu’au bal des reniements le Parti socialiste est roi. » Également esquissé par Jacques Maire en commission, l’argument a suscité une vague de vociférations.

En février 2017, lors de son adoption par le Parlement européen, la majorité des eurodéputés français s’étaient opposés au traité de libre-échange de l’UE avec le Canada. La plupart des élus LR avaient soutenu le texte, à l’exception de six d’entre eux qui s’étaient abstenus (Michèle Alliot-Marie, Arnaud Danjean, Angélique Delahaye, Michel Dantin, Brice Hortefeux, Nadine Morano). Quant aux libéraux de l’UDI-MoDem, ils s’étaient divisés entre l’abstention (Marielle de Sarnez, Nathalie Griesbeck), l’opposition (Jean Arthuis, Robert Rochefort) et l’approbation (Sylvie Goulard, Dominique Riquet).

Le vote à Strasbourg a entraîné l’application provisoire de la quasi-intégralité du Ceta, à l’exception du chapitre sur l’arbitrage État/investisseur. Depuis, treize parlements nationaux ont donné leur feu vert. Le rejet par un seul parlement suffirait à suspendre le texte.

A l'Assemblée, l'opposition fait front commun contre le Ceta (Médiapart, 15 juillet 2019 - Ellen Salvi)
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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 07:44
Edmée & The Flyroots

Edmée & The Flyroots

A l'invitation de la fédé PCF des Côtes d'Armor, les groupes " Edmée & The Flyroots " et "Callipyge" seront présents cette année sur l'espace Bretagne de la fête de l'Humanité, au côté des stands PCF du Finistère, du Morbihan, d'Ille-et-Vilaine et des Côtes d'Armor, espace Bretagne qui sera inauguré à 17H30 le vendredi par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité, avec Lassana Bathily, et où auront lieu des débats politiques, un fest-noz le vendredi, en même temps qu'il accueillera aussi l'association des Bretons de Paris.  

ça promet!

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