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9 janvier 2020 4 09 /01 /janvier /2020 07:00
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose
Délégation du Finistère au Congrès de Strasbourg du PCF en 1947: Daniel Trellu, Gabriel Paul, Pierre Le Rose, Marie Lambert

Délégation du Finistère au Congrès de Strasbourg du PCF en 1947: Daniel Trellu, Gabriel Paul, Pierre Le Rose, Marie Lambert

Manifestation du Front Populaire à Concarneau

Manifestation du Front Populaire à Concarneau

Marcel Cachin à la fête de la Bretagne avec le comité fédéral du Finistère et Pierre Le Rose

Marcel Cachin à la fête de la Bretagne avec le comité fédéral du Finistère et Pierre Le Rose

Pierre Le Rose au début des années 1980

Pierre Le Rose au début des années 1980

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère

9/ Pierre Le Rose

Marie-Pierre Le Rose et sa sœur ont fait don à l'hiver 2015-2016 à la Fédération du Parti Communiste Français du Finistère des archives de leur père, ancien résistant et ancien secrétaire départemental du Parti Communiste du Finistère, puis adjoint au maire à Concarneau, un militant exceptionnel qui a consacré sa vie à ses idéaux de justice sociale et de progrès. Un homme que nous admirons beaucoup, d'une grande qualité humaine, en qui nous voyons un exemple et un modèle de rigueur politique et morale et de dévouement.

Ce fut une grande joie et un honneur pour nous de pouvoir explorer pendant plusieurs mois les traces d'un intérêt exceptionnel de ce passé de militant, ses documents issus de la Résistance, du CNR, ses lectures communistes, ses rapports, ses comptes rendus de réunions de cellules et de sections, et à travers cela, de restituer une époque passionnante et inspirante de notre histoire.

Nous avons commencé à lire les compte rendus de réunions de sections, de cellules, de comité de rédaction "d'Ouest-Matin", de comités fédéraux de Pierre Le Rose, alors secrétaire départemental du Parti Communiste, en 1955-1956, dans un contexte de guerre d'Algérie, de réorientation par rapport à l'héritage de Staline suite au XXe congrès, d'effort constant pour renforcer l'audience du parti communiste dans les masses et pour réaliser les conditions d'un rassemblement populaire à gauche. 

On y découvre un PCF fort dans le Finistère (2533 adhérents, 2 sièges de députés, le 2e parti en nombre de voix aux élections législatives de début 1956), avec une implantation dans les quartiers, les entreprises. Un Parti qui est relativement serein, avec de forts consensus, sans beaucoup de débats idéologiques et politiques contradictoires, même si parfois on voit des doutes, des désaccords et des contradictions affleurer, mais avec un effort qui est dirigée surtout vers l'action, l'organisation, la "propagande" et l'explication auprès du grand public, et une très forte préoccupation pour les problèmes sociaux quotidiens de la population. Le Parti est organisé en cellules, plus ou moins active, il s'appuie sur une presse importante, y compris avec une dimension départementale et régionale (Ouest-Matin), et un travail collectif considérable, même si comme aujourd'hui, des problèmes d'organisation existent. Il est amusant de découvrir dans ces carnets le fonctionnement du Parti et son quotidien, il y a plus de 60 ans, avec des différences importantes de contexte mais aussi beaucoup de similitudes avec les préoccupations et discours actuels des adhérents du Parti Communiste. 

Pierre Le Rose est le fils de Théophile Le Rose, né à Concarneau le 11 février 1900, qui était lui-même un militant communiste.

Article du Maitron en ligne, Gilles Pichavant: http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article205575

Engagé à 18 ans, Théophile Le Rose était au dépôt de Brest au moment des événements faisant suite aux révoltes de la Mer Noire. Il était ami avec Théo Le Coz qui sera plus tard directeur de La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime.

Voilier, Théophile succéda à son père à la tête de la voilerie artisanale et familiale employant cinq ouvriers. Pierre Le Rose est l'un de ses deux fils, qui naît le 10 février 1923 à Concarneau.

Théophile participe au mouvement populaire qui se développe après février 1934. Il adhère au Parti Communiste en 1935 et est présent dans les différentes activités du Front Populaire (campagne électorale de 1934 où Pierre Guéguin entre au Conseil Général, de 1935 avec l'élection aux municipales de la liste de front commun, de 1936 avec la victoire aux législatives).

CF. Pierre Guéguin, premier conseiller général communiste de Bretagne, fusillé à Châteaubriant par les nazis

Il participe au soutien à l'Espagne Républicaine (accueil des réfugiés, organisation des Brigades Internationales).

Il organise la manifestation départementale du Front Populaire le 7 juin 1936 à Concarneau, prépare la première fête de la Bretagne du Parti Communiste à Concarneau en août 1936 avec Marcel Cachin, réceptionne et achemine Jacques Duclos en novembre 1937. Théophile Le Rose développe aussi des relations étroites avec Alain Signor, élu au Comité Central au Congrès d'Arles en 1937. Il décède après la fête de l'Humanité de Garches, le 8 juillet 1938.

Son fils, Pierre Le Rose, commence à s'intéresser à la vie politique à partir des événements de 1934 et de 1936, de la construction du Front Populaire. Il participe aux manifestations comme enfant, lit "l'Huma" à laquelle son père est abonné. Il vend des Bonnets phrygiens, insignes du Front Populaire, à la manifestation du 7 juin 1936: Pierre a alors 13 ans. Son père décède quand Pierre atteint sa quinzième année.

En 1940, à dix-sept ans, il quitte l'école pour prendre la direction de la Voilerie qu'avait conservée sa mère au décès de Théophile. Il conserve un contact avec le Parti, désormais clandestin après les accords germano-soviétiques, et il a connaissance des premiers tracts du Parti Communiste, alors plus que jamais persécuté: l'appel du 10 juillet 1940 notamment.

Au printemps 1943, avec une équipe de jeunes amis, il constitue les premiers groupes de FTP de la région de Concarneau. Parallèlement, en liaison avec Alphonse Duot, secrétaire de la section clandestine du Parti à Concarneau (reconstituée à la suite des arrestations de 1942), il organise les groupes de la J.C, le Front National et plus tard les F.U.J.P et le Front Patriotique de la Jeunesse. Il rédige et confectionne des tracts, des journaux écrits à la main ("L'étincelle", organe du Parti et des J.C, "l'Insurrectionnel", bulletin du Front National). Il participe aux diverses actions des FTP, à la propagande du Parti et des Jeunesses Communistes, au recrutement.

Au Printemps 1944, Pierre Le Rose participe à la création du Comité Local de Libération dont il devient le Secrétaire. Désigné par ses camarades de la Libération (le 15 août 1944 à Quimper, Concarneau n'est pas encore libérée), il devient membre du Comité Départemental de Libération pour représenter les "Forces Unies de la Jeunesse Patriotique". Il contribue dans ce cadre à la mise en place des délégations spéciales en remplacement des institutions de Vichy et à la réintégration des Conseils Municipaux dissous en 1939 par Daladier: Concarneau, Guilvinec, Léchiagat, etc.

Il devient membre actif du Front National (l'organe unitaire de la Résistance créé par les Communistes pour fédérer largement la résistance intérieure) pour lequel il fait ses premiers meetings (Douarnenez, avec Albert Trévidic), à Concarneau aux rassemblements des J.C dont il est membre du Bureau Régional. Pierre le Rose est coopté au Comité Régional du Parti Communiste mi-décembre 1944.

Il prend la parole au Congrès du Front National présidé par Joliot-Curie en janvier 1945. Il est élu aux Etats généraux de la Renaissance Française le 14 juillet 1945. Pierre Le Rose était dans la délégation du Finistère au Congrès des JC constitutif de l'U.J.R.F début avril 1945.

En mai 1946, Pierre Le Rose est élu au secrétariat fédéral du Parti Communiste (dont Marie Lambert, première députée femme du Finistère à la Libération, devint première secrétaire). Il restera à cette fonction sous la direction de Daniel Trellu (1949-1952) et sera élu secrétaire fédéral en février 1953. En mars 1956, Pierre Le Rose devient permanent d'Ouest Matin à l'agence de Brest et il fait son retour à Concarneau la même année. Il est secrétaire de la section de Concarneau entre 1957 et 1968. Des raisons de santé ne lui permettront pas de militer pendant quelques années et il quittera le Comité fédéral en 1968, pour y revenir en 1970 lors de la division du PCF finistérien en deux fédérations. Il sera élu trésorier fédéral en 1979.

Pierre Le Rose, infatigable militant, s'est aussi investi à la présidence des parents d'élèves du lycée dans le cadre de la FCPE, à l'ANCR, il a été secrétaire du Comité du souvenir de Châteaubriant, secrétaire du comité de jumelage de Concarneau dans lequel il s'est beaucoup investi pour développer, par-delà les souvenirs douloureux de la guerre, la fraternité franco-allemande. En 1977, il devient conseiller municipal de Concarneau et responsable du groupe communiste de 1977 à 1983.

Ismaël Dupont

Lire aussi:

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 1/ Daniel Trellu (1919-1998)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

 

Pierre Le Rose: une trajectoire communiste en Finistère

Pierre Le Rose, un homme multicarte... Voyage dans l'histoire

La Résistance et les communistes à Concarneau (à partir des notes et archives de Pierre Le Rose)

Résistance bretonne: L'insurrectionnel, organe local du Front National de Libération, juillet 1944 (Archives Pierre Le Rose)

L'étincelle: journal de la Résistance communiste de Concarneau, Mai 1944- Juin 1944: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose

Chronique des sections du PCF en Finistère 1955-1957: les carnets de Pierre Le Rose, dirigeant départemental du PCF

Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose

L'audience du Parti Communiste à la libération dans le Finistère

"A propos d'une ignominie: être dignes des 27": Pierre Le Rose rend hommage à Pierre Guéguin et Marc Bourhis, fusillés de Chateaubriant concarnois (L'Unité, journal communiste de Concarneau, novembre-décembre 1979)

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9 janvier 2020 4 09 /01 /janvier /2020 06:29

le 08 janvier 2020,

POUR 2020 : MOBILISONS-NOUS POUR NOS RETRAITES !

EXIGEONS LE RETRAIT DU PROJET DE LOI !

 

Combattre pour nos retraites dans le privé comme dans le public, c’est combattre aussi pour que nos enfants et nos petits-enfants aient droit à une retraite décente. Au contraire de ceux qui prônent cette réforme parce qu’ils ont le nez fixé sur des déficits qu’ils créent de toutes pièces, notre lutte est totalement intergénérationnelle.

Nous sommes devant le même combat qu’ont mené et gagné dans des conditions autrement plus dures et dramatiques, nos parents et nos grands-parents.

 

L’attaque contre nos régimes de retraites est une attaque des milieux financiers de notre système de solidarité basé sur la répartition et la redistribution. Le gouvernement déroule le tapis rouge aux fonds de pensions. La première étape a été franchie en privatisant la retraite des hauts cadres de plus de 10 000€ par mois. Cela coûtera à notre régime 4,7 milliards d’euros annuels tout en remportant bien plus aux multinationales des fonds de pensions. Le but du gouvernement est sa généralisation.

 

Le gouvernement s’en prend ainsi frontalement à notre modèle social issu du Conseil National de la Résistance.

La convergence nationale des services publics s’indigne de la campagne gouvernementale et de certains médias nationaux contre la protection sociale solidaire, contre les services publics.

Cette campagne stigmatise leurs salariés comme s’ils étaient des privilégiés alors que ce sont les 42 régimes qui seraient détruits, notamment ceux du privé (80% des salariés). Or ces différents régimes sont le fruit des nécessités, des luttes et revendications liées à la réalité d’exercice des métiers. Cette diversité sert de prétexte à Macron pour diminuer les retraites de toutes et tous. Au nom de l’uniformisation Macron a déjà supprimé quatre des principales sources de pénibilité !

(

Cette réforme, sa « règle d’or », s’en prend dans l’immédiat aux retraitées et retraités actuels.

En 2019 comme en 2020, en violation de la loi, les pensions ne sont pas toutes revalorisées, même de l’inflation. D’ici 2025 ils veulent couper 15 Md supplémentaires, voire plus.

 

Cette réforme vise les futurs retraitées et retraités de tous les régimes, les générations futures :

-  Travailler plus tard : quand bien même l’âge pivot de 64 ans, + 2 ans de surcote souvent indispensable, serait supprimé, il y a d’autres moyens d’obliger à travailler jusqu’à 66 ans, voire 70 ans (pensions trop faibles, cumul emploi –retraite …).

-   Baisser les pensions. Quelles que soient les promesses, l’Etat, via sa nouvelle « gouvernance innovante », aurait tout pouvoir pour  baisser les pensions à tout moment : lorsqu’on est actif on obtiendrait de moins en moins de points  pour un même salaire, puis une fois retraité le point serait peu revalorisé ou même  baissé.

-  Les nombreux dispositifs de solidarité de la Sécurité Sociale qui compensent les aléas de la vie (maladie, maternité, réversion, chômage, ...) devraient théoriquement disparaître : pas de travail, pas de point, c’est ça « l’équité ». Ils se transformeront en assistance « qui coute un pognon de dingue » et seront donc rabotés sans fin, comme par exemple en Suède (plus aucune réversion). 

 

Cette réforme va amplifier, à la retraite, les inégalités salariales entre les femmes et les hommes

 

Cette réforme s’inscrit dans un projet ultra libéral de l’avenir.

.

 

C’est pourquoi la Convergence services publics :

 

Soutient les appels à la grève et appelle à participer aux manifestations unitaires des 9 et 11 janvier pour le retrait de cette réforme et à participer aux caisses de grève

Demande le retrait du projet gouvernemental,

Exige conformément à son Manifeste, l’ouverture de négociations pour la reconquête des services publics et de de la protection sociale,

Afin de déterminer nos besoins individuels et collectifs que cela soit fait en lien avec des débats publics associant les citoyens -usagers, personnels et élus-.   

 

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 13:01
Une partie de l’équipe de Morlaix Ensemble entourant Jean-Paul Vermot, tête de liste. (Le Télégramme/Cécile Renouard)

Une partie de l’équipe de Morlaix Ensemble entourant Jean-Paul Vermot, tête de liste. (Le Télégramme/Cécile Renouard)

 
Les bons vœux de Jean-Paul Vermot et de Morlaix Ensemble
 
Les vœux de bonne année de Jean-Paul Vermot, tête de liste de Morlaix Ensemble, ont été l’occasion de présenter son projet et de lancer la campagne en égratignant au passage la maire-candidate et ses dernières annonces.
 
Fini les fêtes de fin d’année, place aux bons vœux de Jean-Paul Vermot et de son équipe de Morlaix Ensemble en ce lundi 6 janvier : « 2020 est une année décisive pour l’avenir de notre ville. Nous la souhaitons active, pas seulement pour la campagne municipale, mais pour tout le nouveau mandat qui s’ouvrira ».
 
Si la tête de liste entend développer, en ce jour symbolique, le programme élaboré avec son équipe, comme un nouvel écho à la campagne menée sur les réseaux sociaux ainsi que dans les réunions de quartiers et thématiques, il n’hésite pas non plus à égratigner au passage les dernières annonces effectuées par la mairie, et par l’équipe d’Agnès Le Brun, maire-candidate à sa propre succession. La campagne est bel et bien lancée.
 
Un projet « ambitieux et réaliste »
 
Morlaix Ensemble s’engage donc à mettre en œuvre « une dynamique de centre-ville complète (logements, emplois, commerces, parkings), un investissement pluriannuel dans les équipements publics (maison des associations, complexe sportif, dispensaire de santé), un plan de lutte contre la pauvreté et pour l’emploi (« à l’image de  Saint-Thégonnec et de son programme zéro chômeur de longue durée »), un grand projet culturel (« le retour d’un grand festival d’été pour attirer les grandes foules comme avant »), un projet urbain pour relier la ville à son port et à sa baie (« on voit qu’un nouveau quartier se développe autour du port. Il nous faudra l’étudier avec les urbanistes pour mettre en valeur le port et la baie de Morlaix »), une vaste refonte des déplacements dans Morlaix (navettes écologiques et gratuites, vélo, voiture), un projet écologique de préservation de l’environnement et de la santé… ».
 
« Baisser la pression fiscale »
 
Autre élément fort de son programme, « la pression fiscale » Jean-Paul Vermot insiste sur la nécessité de s’y attaquer : « En mutualisant ce qui aurait dû l’être depuis 2008, le théâtre, le musée, Langolvas, nous devrons baisser la pression fiscale à long terme ». L’objectif est, pour lui, de « se rapprocher de la moyenne des villes de la communauté ».
 
L’enjeu pour Morlaix Ensemble est ainsi de changer le visage de Morlaix marqué notamment par « la plus forte baisse de la population des 40 plus grandes villes bretonnes, un des plus forts taux de logement vacant en Bretagne, la pression fiscale la plus forte du territoire communautaire… ». Des indicateurs « critiques » qui font réfléchir l’homme de campagne : « depuis 12 ans, sur ces sujets, où est la politique municipale ? ».
 
« On pourrait croire »
 
L’interrogation est clairement adressée à Agnès Le Brun, maire-candidate. « On pourrait croire que la majorité actuelle a longtemps fermé les yeux devant de nombreuses difficultés pour « ouvrir les vannes » à l’approche des élections et tenter de faire oublier ces deux très longs mandats ». Sont désignés notamment l’annonce du  « terrain synthétique » peu avant Noël (« Nous le réclamions depuis le début du mandat ») ou encore la nouvelle gestion « des parkings » (« Nous demandions depuis des années le retour en gestion municipale des parkings, c’est chose faite… On nous traitait à l’époque d’« idéologues », nous étions les vrais pragmatiques »).
 
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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 11:08
Manifestation et perturbations ce jeudi

Le Télégramme, Cécile Renouard, 7 janvier 2020

 

 

L’intersyndicale CGT, FSU, SUD et FO appelle notamment à un nouveau rassemblement jeudi 9 janvier. Dans un communique, elle s’exprime après les discussions entre le gouvernement et les organisations s L’intersyndicale CGT, FSU, SUD et FO appelle notamment à un nouveau rassemblement jeudi 9 janvier. Dans un communique, elle s’exprime après les discussions entre le gouvernement et les organisations syndicales qui ont eu lieu ce mardi 7 janvier : « Une fois encore, le gouvernement reste sur ses positions. Il dit vouloir chercher une porte de sortie mais n’en ouvre aucune. Au lieu d’engager de véritables négociations, il s’obstine à vouloir dégrader notre système de retraite en allongeant la durée de cotisation et en refusant une réelle prise en compte des situations de pénibilité ».

 

Jeudi 9 janvier est annoncée comme une nouvelle grande journée de grève et manifestation. Le rendez-vous aura lieu, comme les autres fois, place des otages à 11 h. Des perturbations sont attendues sur les lignes de bus, certaines écoles publiques primaires…

Ce jeudi 9 janvier est attendue une grande journée de grève et de manifestation. La première de 2020 après les journées marquantes de décembre, notamment jeudi 5 décembre avec 3 200 manifestants, mardi 10 avec plus de 1 000 manifestants ou encore mardi 17 décembre avec 2 200. Le motif reste le même : la mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
L’appel à la mobilisation est lancé à Morlaix par l’intersyndicale CGT, FO, FSU et Sud. D’autres appels sont également effectués par les syndicats CGT et SNJ (Syndicat national des journalistes) du Télégramme. Ou encore par le secrétaire départemental des JC29, Glenn Le Saout, qui appelle ainsi « l’ensemble des étudiants, jeunes, précaires, gilets jaunes, stylos rouges, blouses blanches etc à se joindre au mouvement ». À travers son communiqué, il affirme que « les jeunes communistes du Pays de Morlaix seront une nouvelle fois avec les forces syndicales dans la rue ». Et proposera alors « un café solidaire » et « une campagne de signatures contre la réforme des retraites ».

Perturbations à Linéotim et Morlaix Co

Comme pour les précédentes mobilisations, des perturbations sont annoncées en différents points du territoire. Morlaix Communauté a ainsi averti des risques de perturbations sur la collecte des déchets ainsi qu’aux accueils des déchetteries communautaires*. Le réseau Linéotim Morlaix, dont l’agence commerciale restera ouverte, affiche, lui, sur son Facebook un point précis : les « lignes 1 et 2 seront en fonctionnement normal à l’exception du départ de 19 h 33 de Keriven sur la ligne 1 et du départ de 19 h 32 de l’espace aquatique sur la ligne 2, non assurés », « les lignes 3 et 4 ne circuleront pas », « les services directs A et B seront en fonctionnement normal à l’exception du départ de 12 h 05 de la ligne A du lycée Tristan-Corbière et du service A1, non assurés », « le Flexo PMR sera assuré de 12 h à 18 h 30 » et « l’ensemble des autres lignes et services scolaires fonctionneront normalement ».

Le point dans les écoles publiques primaires

Concernant les établissements scolaires primaires publics, l’impact de la mobilisation sera également ressenti dans le fonctionnement de certaines classes et certains services périscolaires (garderie et restauration), sauf à l’école Emile-Cloarec. À Corentin Caer, cinq enseignants seront, en effet, en grève et un service minimum d’accueil (SMA) sera mis en place au Poan Ben. À Gambetta, un enseignant sera en grève, la garderie du matin ne fonctionnera pas mais celle du soir, si. La restauration scolaire ne sera pas assurée pour les maternelles mais uniquement pour les élèves de l’élémentaire. Un SMA sera assuré au Poan Ben. À Jean-Jaurès, cinq enseignants seront en grève. Si la garderie du matin n’accueillera pas les enfants, celle du soir, si tout comme la restauration scolaire. Un SMA sera en place dans l’établissement. À Jean-Piaget, tous les enseignants seront en grève et un SMA fonctionnera à Jean-Jaurès. Au Poan Ben, cinq enseignants seront en grève, un SMA sera mis en place dans l’établissement. Et tous les services de garderie et de restauration seront assurés.

Les parents d’élèves dont les enseignants sont grévistes et qui souhaitent inscrire leur enfant au SMA, doivent contacter la Ville de Morlaix, qui a mis en place le dispositif, par téléphone au 02 98 63 10 41 ou par courriel à scolaire@villedemorlaix.org

* Contact auprès de Morlaix Co au 0 800 130 132.

https://www.letelegramme.fr/finistere/morlaix/manifestation-et-perturbations-ce-jeudi-07-01-2020-12472820.php

 

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 11:07
Morlaix Ensemble - Jeudi 9 Janvier, 18h30 - Atelier participatif Santé et Solidarité à Morlaix, salle socio-culturelle de Ploujean
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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 08:57
lapetitionretraite.fr atteint les 110 000 signataires en 2 jours. Le PCF appelle à amplifier la mobilisation

Pour signer la pétition, aller au l'adresse suivante:

Retrouve le texte et les signataires sur : https://lapetitionretraite.fr/

 
lapetitionretraite.fr atteint les 110 000 signataires en 2 jours. Le PCF appelle à amplifier la mobilisation
 
 
Selon le journal l'Humanité, la pétition exigeant le retrait de la réforme des retraites, lancée il y a 36h, a déjà enregistré 110 000 signataires, validées par le site lapetitionretraite.fr.
 
Parmi les signataires, de nombreuses personnalités nouvelles s'ajoutent aux initiateurs et notamment, Yvan Le Bolloc’h, comédien, Bruno Gaccio, comédien, Gilles Perret, réalisateur, Edwy Plenel, journaliste,
cofondateur de Mediapart, Henri Pena-Ruiz, philosophe, Gustave Massiah, militant altermondialiste, Jean-Philippe Melchior, sociologue, Dominique Noguères avocate, responsable associative...
 
Un certain nombre d’élu-es et responsables politiques nationaux ont rejoint l’appel des initiateurs parmi lesquels l’ensemble des député-e-s et sénateurs-trices communistes, Ian Brossat (adjoint à la maire de
Paris, porte-parole, PCF), Cécile Cukierman (sénatrice, porte-parole, PCF), Manon Aubry (députée européenne, LFI), Alexandra Cordebard, (maire du 10° arrondissement de Paris PS), Luc Carvounas (député PS du Val-de-Marne PS), Alice Bosler (coordinatrice nationale, Jeunes de Génération.s)...
 
Des syndicalistes en nombre figurent également parmi les nouveaux signataires, en particulier Laurent Brun (secrétaire général, CGT-cheminots), Paul Devin (secrétaire général, Syndicat national des personnels d’inspection-FSU), Louis Boyer (ancien président, Union nationale lycéenne)...
 
Ce résultat, atteint en moins de deux jours, marque la volonté d’engagement de nombreux citoyens et citoyennes aux côtés du mouvement social, contre le projet gouvernemental de casse du système des
retraites.
Cette pétition appelle à faire du 9 une journée de forte mobilisation qui, après celles du mois de décembre, montrera que le pays n’est pas dupe des manœuvres du gouvernement pour diviser les salarié-es et
opposer les générations.
 
Le président de la République doit entendre ce qu’exprime une majorité de nos concitoyen-nes et retirer son texte afin d’ouvrir de véritables négociations comme le demandent notamment les initiateurs et signataires
de la pétition.
 
La pétition, instrument populaire efficace, peut contraindre le
gouvernement à reculer si des centaines de milliers de salariés et de
citoyens s’y joignent
 
Vous pouvez retrouver les signataires sur le site lapetitionretraite.fr
 
 
Pour lapetitionretraite.fr, Parti communiste français,
 
Paris, le 8 janvier 2020.
 

Une majorité de citoyennes et de citoyens le demandent : retrait de la réforme Macron !

Depuis le 5 décembre, des millions d'hommes et de femmes se retrouvent dans les grèves, dont beaucoup en reconductible, et les manifestations à l'appel des organisations syndicales.

Ils et elles rejettent la réforme du système de retraites que veulent leur imposer le président de la République et son gouvernement.

Ce projet n'est pas acceptable, car il est porteur de régression des droits de chacune et chacun : toutes les hypothétiques avancées proposées par le gouvernement devraient être financées par des baisses de pensions ou par l’allongement de la durée de la vie au travail. D’autres choix sont pourtant possibles.

C’est pourquoi nous demandons le retrait du projet présenté par le Premier ministre, afin que soient ouvertes sans délai de vraies négociations avec les organisations syndicales, pour un système de retraites pleinement juste et solidaire, porteur de progrès pour toutes et tous, sans allongement de la durée de la vie au travail.

Premiers signataires :

  • Éliane ASSASSI, sénatrice, Parti communiste français
  • Clémentine AUTAIN, députée
  • Guillaume BALAS, coordinateur, Génération.S
  • Josiane BALASKO, comédienne
  • Julien BAYOU, secrétaire national, Europe écologie-Les Verts
  • Ester BENBASSA, sénatrice, Europe écologie-Les Verts
  • Olivier BESANCENOT, porte-parole, Nouveau Parti anticapitaliste
  • Éric BEYNEL, porte-parole, Union syndicale Solidaires
  • Frédéric BOCCARA, économiste, membre du CESE, Parti communiste français
  • Paul BOUFFARTIGUE, sociologue CNRS
  • Marie-Pierre BRESSON, adjointe à la maire de Lille, co-présidente, Union des démocrates et des écologistes
  • Pierre CAILLAUD-CROIZAT, petit-fils d’Ambroise Croizat
  • Gilles CANDAR, historien
  • Damien CAREME, député européen, Europe écologie-Les Verts
  • André CHASSAIGNE, député, Parti communiste français
  • Jean-Louis COMOLLI, cinéaste, écrivain
  • Éric COQUEREL, député, La France insoumise
  • Alain COULOMBEL, porte-parole, Europe écologie-Les Verts
  • Laurence DE COCK, historienne
  • Anne DE HARO, Gauche démocratique et sociale
  • Dyenaba DIOP, porte-parole, Parti socialiste
  • Sylvie DURAND, secrétaire générale, Union générale des ingénieurs, techniciens et cadres-CGT
  • Eric FASSIN, sociologue
  • Olivier FAURE, premier secrétaire, Parti socialiste
  • Caroline FIAT, députée
  • Gérard FILOCHE, Gauche démocratique et sociale
  • Christakis GEORGIOU, chercheur, université de Genève
  • Gaël GIRAUD, économiste
  • Raphaël GLUCKSMANN, député européen, Place publique
  • Cécile GONDARD-LALANNE, porte-parole, Union syndicale Solidaires
  • Roland GORI, professeur honoraire des universités, psychanalyste, essayiste, président de l’Appel des appels
  • Pierre JOUVET, porte-parole, Parti socialiste
  • Régis JUANICO, député, Générations.S
  • Aurore LALUCQ, députée européenne, Place publique
  • François-Michel LAMBERT, député, co-président, Union des démocrates et des écologistes
  • Jean-Luc LAURENT, ancien député, Gauche républicaine et socialiste
  • Frédéric LEBARON, sociologue (Savoir/Agir)
  • Marie-Noëlle LIENEMANN, sénatrice, Gauche républicaine et socialiste
  • Myriam MARTIN, conseillère régionale LFI Occitanie, porte-parole, Ensemble
  • Philippe MARTINEZ, secrétaire général, Confédération générale du travail
  • Corinne MASIÉRO, comédienne
  • Laurent MAUDUIT, journaliste, cofondateur de Mediapart
  • Emmanuel MAUREL, député européen, Gauche républicaine et socialiste
  • Dominique MEDA, sociologue
  • Jean-Luc MÉLENCHON, député, La France insoumise
  • Gérard MEYLAN, comédien
  • Claire MONOD, coordinatrice, Génération.S
  • Chantal MONTELLIER, dessinatrice et écrivaine
  • Gérard MORDILLAT, écrivain
  • Jean NUMA-DUCANGE, historien
  • Jean-François PELLISSIER, porte-parole, Ensemble
  • Roland PFEFFERKORN, professeur émérite de sociologie
  • Michel PINÇON, sociologue, ancien directeur de recherche CNRS
  • Monique PINÇON-CHARLOT, sociologue, ancienne directrice de recherche CNRS
  • Christine POUPIN, porte-parole, Nouveau Parti anticapitaliste
  • Philippe POUTOU, porte-parole, Nouveau Parti anticapitaliste
  • Audrey PULVAR, journaliste, responsable associative
  • Adrien QUATTENENS, député, La France insoumise
  • Yvon QUINIOU, philosophe
  • Gilles RAVEAUD, économiste
  • Sandra REGOL, secrétaire nationale adjointe, Europe écologie-Les Verts
  • Fabien ROUSSEL, secrétaire national, Parti communiste français
  • Alain RUSCIO, historien
  • Stéphane SAINT-ANDRÉ, président, Les Radicaux de gauche
  • Jean-Paul SCOT, historien
  • Sylvie SCOT, professeur d’histoire retraitée
  • Gabrielle SIRY, porte-parole, Parti socialiste
  • Stéphane SIROT, historien et sociologue
  • Françoise SIVIGNON, médecin
  • Jo SPIEGEL, président, Place publique
  • Valère STARASELSKI, écrivain
  • Henri STERDYNIAK, économiste (Les économistes atterrés)
  • Sophie TAILLÉ-POLIAN, sénatrice, Génération.S
  • Benoît TESTE, secrétaire général, Fédération syndicale unitaire
  • Marie-Christine VERGIAT, responsable associative
lapetitionretraite.fr atteint les 110 000 signataires en 2 jours. Le PCF appelle à amplifier la mobilisation
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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 08:19
La Mâle-mort entre les dents, Conlie, 1870, avec Tristan Corbière et Jean Moulin - l'écrivaine Fabienne Juhel, le vendredi 10 janvier à 18h à Dialogues Morlaix

L'écrivaine Fabienne Juhel sera sur Morlaix le vendredi 10 janvier à 18h, invitée de la librairie Dialogues, pour une causerie débat sur son dernier roman autour de Tristan Corbière et de la "Pastorale de Conlie". 

 

L’AUTRICE
Née à Saint-Brieuc, Fabienne Juhel est professeure de lettres dans les Côtes-d’Armor. Son premier roman, La Verticale de la lune, a été publié en 2005 par Zulma, les suivants au Rouergue, dans « la brune » : Les bois dormants (2007), À l’Angle du Renard (2009) pour lequel elle a obtenu le Prix Ouest France / Étonnants Voyageurs, Les Hommes Sirènes (2011), Les Oubliés de la Lande (2012), Julius aux alouettes (2014), La Chaise numéro 14 (2015) et La femme murée (2018).

En 1995 elle est nommée commissaire de l’exposition qui célèbre la naissance de Tristan Corbière et est chargée, en 2006, du contenu du site officiel du poète par la ville de Morlaix. En tant que spécialiste du poète, il lui a fallu de l’audace pour oser le placer au coeur du camp de Conlie, alors même qu’il n’y est allé qu’en imagination. Mais le génie de la romancière est là : elle qui tricote souvent ses livres avec le fil de l’Histoire, et adore les personnages écorchés par la vie sait nous faire ressentir la pulsation du poète au souffle de son indignation devant le massacre.

L’HISTOIRE
Novembre 1870, Conlie. Un jeune homme malingre, affublé d’un uniforme trop grand pour lui, se fait passer pour un soldat et pénètre dans le camp où l’armée de Bretagne est rassemblée. Tristan Corbière ne vient pas se battre, il vient pour dénoncer, avec sa plume de poète, la plus monstrueuse trahison qui soit. Les milliers de Bretons qui se sont mobilisés pour rejeter les Prussiens hors de France, croupissent ici, dans la boue et le froid, sans ravitaillement et sans armes, en proie aux maladies et au désespoir, abandonnés par le gouvernement français. Novembre 1930, Quimper : le sous-préfet Jean Moulin découvre, stupéfait, grâce à « La pastorale de Conlie » que Corbière écrivit, cette honteuse tragédie oubliée. Un roman poignant qui révèle une vérité brûlante au souffle de la poésie.

EXTRAIT
"– Je crois que tu es venu ici pour rien, Corbière. Veni, vidi… et nul vinci sur ta feuille de route, l’ami...
Mais tu n’es pas venu pour te battre, tu es venu pour voir. Tu es venu pour raconter Conlie, t’improviser journaliste de terrain ; journaliste poétique, correspondant de guerre, et croquer quelques dessins par là-dessus, écrire des couplets bien sentis.
Une diatribe pour crier à la trahison !
Le ver est dans le fruit.
La pomme est pourrie.
Le poète est dans la place...
D’ici peu, tu pourras dire :
– J’ai tout vu à Conlie, j’en suis sûr".

LE MOT DE L’ÉDITRICE chez Bruno Doucey

"– Le Breton est un peu le Nègre blanc du Français dit Tristan Corbière à Jean Moulin. Laisse-moi te conter le désastre de Conlie ainsi que la trahison des politiques, lui annonce-t-il.
Des jambes de sauterelles, une longue pipe, une barbichette bravache : la silhouette dégingandée du poète de Roscoff hante les pages de ce livre avec panache. Et l’on sent Fabienne Juhel jubiler de faire ainsi revivre Tristan Corbière, s’amuser d’oser le voir pénétrer dans le camp de Conlie, pour témoigner de l’intérieur de cette grande tragédie méconnue. Le poète maudit fut en réalité réformé, mais que diable le réel ! Il n’a évidemment pas pu croiser Jean Moulin, mais peu importe la chronologie !
Ce fantôme est si présent, si vivant, qu’il nous entraîne à ses côtés donnant à voir la boue, le froid, la faim, la souffrance, la mort mais aussi la colère et le désespoir des Bretons trahis par la République. Dans une langue aussi chatoyante et piquante que celle de Corbière, l’autrice nous offre une découverte haletante".

 

Lire aussi sur le Chiffon Rouge:

La Pastorale de Conlie - Tristan Corbière dénonce dans un poème de facture novatrice et populaire le martyre des soldats Bretons de novembre à décembre 1870 sur le plateau de Conlie

Tribut à Tristan - 1. Epitaphe

Tribut à Tristan: 2- A la mémoire de Zulma, vierge-folle hors barrière et d'un LOUIS - Colonelle à la Commune

Tribut à Tristan - 3. Bohème de chic

Tribut à Tristan - 4. Le poète contumace

Tribut à Tristan 5 - Frère et soeur jumeaux (Les Amours Jaunes, 1873)

Tribut à Tristan - 6 : Le bossu Bitor (Gens de Mer, Les Amours Jaunes, 1873)

 

A noter que le poète morlaisien Jean-Albert Guénégan sera lui-même le 23 janvier à 17 h 30 à la MJC de Morlaix à propos de Corbière. 

Fabienne Juhel

Fabienne Juhel

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 08:05
Blanquer (très) généreux avec le privé
Mardi, 7 Janvier, 2020

Outre l’obligation pour les communes de financer les maternelles privées, Un décret paru fin décembre élargit encore les compensations…

Il tergiverse sur les salaires des profs. Mais, lorsqu’il s’agit de soutenir l’école privée, Jean-Michel Blanquer n’a aucun problème à sortir le chéquier. Un décret publié au Journal officiel le 31 décembre et orchestrant la loi Blanquer vient de nouveau en faire la preuve. Présenté comme une grande avancée ­sociale, ce texte voté en juillet dernier abaisse l’âge de l’instruction obligatoire de 6 à 3 ans. Avec, pour conséquence, de contraindre les communes à financer désormais la scolarité de tous les enfants de maternelle. Ceux des établissements publics (ce qu’elles font déjà), mais aussi, et c’est la nouveauté, ceux des maternelles privés sous contrat…

Ce cadeau au privé a bien sûr fait grincer des dents. Or, à la lecture du décret d’application paru la semaine dernière, il s’avère que les étrennes vont être encore plus généreuses. Jusqu’ici, le ministre avait promis de compenser l’effort des municipalités uniquement pour celles qui n’attribuaient aucun financement aux maternelles privées. Coût pour l’État : environ 100 millions d’euros. Finalement, le décret ne fait aucune distinction entre communes. Toutes vont bénéficier de la prise en charge du surcoût occasionné par la loi Blanquer. Ce qui va inévitablement faire grimper la facture budgétaire bien au-delà des 100 millions d’euros initialement prévus…

Bref, l’enseignement ­catholique peut sabrer le champagne et saluer cette rentrée inespérée d’argent frais et public. D’ailleurs, ses responsables ne comptent pas perdre de temps. Ils ont déjà prévu, compte tenu de ce nouveau mode de calcul, de réclamer aux communes dès cette année les versements correspondant à l’égalité complète entre les deux systèmes éducatifs. Espérons qu’ils remercient aussi Jean-Michel Blanquer. L’ancien élève du collège privé ­Stanislas, à Paris, semble avoir bien retenu les leçons de son enfance.

Laurent Mouloud

Ils n'ont pas honte! - Blanquer (très) généreux avec le privé L'Humanité, 7 janvier 2020 (et Café pédagogique)

Voir aussi cet article du café pédagogique:

 

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/01/06012020Article637138935376721237.aspx

Blanquer généreux avec les maternelles privées 

 

Finalement toutes les communes pourront demander une compensation de l'Etat pour la prise en charge des maternelles privées. L'extension à 3 ans de l'instruction obligatoire fixée par la loi Blanquer impose aux communes la prise en charge des dépenses des maternelles privées sous contrat. C'est son principal effet, les jardins d'enfants étant prolongés et la scolarisation à 3 ans à Mayotte ou en Guyane de tous les enfants n'étant pas prévue avant des années. Si le nombre d'enfants scolarisés en maternelle ne devrait pas ou très peu augmenter en 2020, par contre tout change pour les maternelles du privé sous contrat dont les frais seront pris en charge dans toutes les communes grâce à un transfert financier de l'Etat.  

C'est ce qui résulte du décret et de l'arrêté publiés au J.O. du 31 décembre. " En ce qui concerne les classes élémentaires et préélémentaires, les communes de résidence sont tenues de prendre en charge, pour les élèves domiciliés sur leur territoire et dans les mêmes conditions que pour les classes correspondantes de l'enseignement public, les dépenses de fonctionnement des classes sous contrat, sous réserve des charges afférentes aux personnels enseignants rémunérés directement par l'Etat", affiche le décret qui modifie l'article R 442-44 du Code de l'éducation. L'arrêté fixe les documents comptables à fournir.

Le ministre avait d'abord déclaré que la subvention de l'Etat ne serait versée qu'aux communes qui n'avaient pas avant la loi soutenu les maternelles privées. Finalement le décret va au-delà en ne distinguant pas entre les communes. Toutes vont pouvoir bénéficier de la prise en charge du surcoût causé par la loi Blanquer. Seules celles qui traitaient déjà à égalité les maternelles privées et publiques, par exemple en rémunérant les atsem des écoles privées, ne bénéficieront pas du soutien de l'Etat. Celui-ci sera établi au vue de la hausse réelle de dépenses entre 2018-2019 et 2019-2020.

 

Le principal effet de la loi Blanquer sera bien ce vaste transfert d'argent public vers l'école privée. Le budget 2020 l'estime à 100 millions. Mais le nouveau mode de calcul, qui impose un coût réel par élève égal entre public et privé,   pourrait faire monter le transfert vers le privé au delà des 100 millions.

 

En septembre 2019, Yann Dorison, secrétaire général adjoint de l'enseignement catholique, prévoyait une montée en douceur pour les communes. "Nous allons réclamer ce qui nous est dû, mais intelligemment", disait-il. "Si l'écart est important entre le montant du forfait versé par les communes et celui qu'elles devront verser dès que les décrets d'application seront passés, il faudra planifier cette montée en charge... S'il est possible de mettre au point des échéanciers , il ne sera pas question de discuter du montant du forfait". Le mode de calcul final adopté par le ministre va permettre à l'enseignement catholique de demander dès 2019-2020 des versements correspondant à l'égalité complète entre les deux systèmes éducatifs. Pour les écoles catholiques c'est un afflux de ressources inespéré.

 

Le décret

L'arrêté

Y Dorison

Dossier Loi Blanquer

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 07:19
Le gouvernement ne conçoit la concertation qu'en mode " Cause toujours" (Ian Brossat - PCF)
Le gouvernement ne conçoit la concertation qu'en mode " Cause toujours" (Ian Brossat - PCF)
 
 
Le Parisien relève ce soir que le gouvernement a d'ores et déjà transmis le projet de loi relatif aux retraites au Conseil d'État. 
 
 
Cette information livrée par le Ministre des relations avec le Parlement Marc Fesneau intervient alors que s'ouvrent demain des discussions avec les organisations syndicales sur la prise en compte de la pénibilité et
le travail des séniors.
Cette concomitance en dit long sur la conception de la concertation portée par le gouvernement. Il ne la conçoit qu'en mode "Cause toujours". 
 
À peine ouvertes, les discussions sont déjà closes. 
 
Le seul élément qui est susceptible de conduire le gouvernement à changer de posture, c'est la mobilisation des jours à venir : la journée du 9 janvier qui s'annonce massive, la pétition lancée hier à l'initiative de toutes les forces de gauche qui recueille déjà plusieurs dizaines de milliers de signatures sont autant d'éléments qui seront décisifs au rapport de forces. 
 
Ian Brossat, porte-parole du PCF,
 
Paris, le 7 janvier 2020.
 

Pour signer la pétition, aller au l'adresse suivante:

Retrouve le texte et les signataires sur : https://lapetitionretraite.fr/

 

Une majorité de citoyennes et de citoyens le demandent : retrait de la réforme Macron !

Depuis le 5 décembre, des millions d'hommes et de femmes se retrouvent dans les grèves, dont beaucoup en reconductible, et les manifestations à l'appel des organisations syndicales.

Ils et elles rejettent la réforme du système de retraites que veulent leur imposer le président de la République et son gouvernement.

Ce projet n'est pas acceptable, car il est porteur de régression des droits de chacune et chacun : toutes les hypothétiques avancées proposées par le gouvernement devraient être financées par des baisses de pensions ou par l’allongement de la durée de la vie au travail. D’autres choix sont pourtant possibles.

C’est pourquoi nous demandons le retrait du projet présenté par le Premier ministre, afin que soient ouvertes sans délai de vraies négociations avec les organisations syndicales, pour un système de retraites pleinement juste et solidaire, porteur de progrès pour toutes et tous, sans allongement de la durée de la vie au travail.

Premiers signataires :

  • Éliane ASSASSI, sénatrice, Parti communiste français
  • Clémentine AUTAIN, députée
  • Guillaume BALAS, coordinateur, Génération.S
  • Josiane BALASKO, comédienne
  • Julien BAYOU, secrétaire national, Europe écologie-Les Verts
  • Ester BENBASSA, sénatrice, Europe écologie-Les Verts
  • Olivier BESANCENOT, porte-parole, Nouveau Parti anticapitaliste
  • Éric BEYNEL, porte-parole, Union syndicale Solidaires
  • Frédéric BOCCARA, économiste, membre du CESE, Parti communiste français
  • Paul BOUFFARTIGUE, sociologue CNRS
  • Marie-Pierre BRESSON, adjointe à la maire de Lille, co-présidente, Union des démocrates et des écologistes
  • Pierre CAILLAUD-CROIZAT, petit-fils d’Ambroise Croizat
  • Gilles CANDAR, historien
  • Damien CAREME, député européen, Europe écologie-Les Verts
  • André CHASSAIGNE, député, Parti communiste français
  • Jean-Louis COMOLLI, cinéaste, écrivain
  • Éric COQUEREL, député, La France insoumise
  • Alain COULOMBEL, porte-parole, Europe écologie-Les Verts
  • Laurence DE COCK, historienne
  • Anne DE HARO, Gauche démocratique et sociale
  • Dyenaba DIOP, porte-parole, Parti socialiste
  • Sylvie DURAND, secrétaire générale, Union générale des ingénieurs, techniciens et cadres-CGT
  • Eric FASSIN, sociologue
  • Olivier FAURE, premier secrétaire, Parti socialiste
  • Caroline FIAT, députée
  • Gérard FILOCHE, Gauche démocratique et sociale
  • Christakis GEORGIOU, chercheur, université de Genève
  • Gaël GIRAUD, économiste
  • Raphaël GLUCKSMANN, député européen, Place publique
  • Cécile GONDARD-LALANNE, porte-parole, Union syndicale Solidaires
  • Roland GORI, professeur honoraire des universités, psychanalyste, essayiste, président de l’Appel des appels
  • Pierre JOUVET, porte-parole, Parti socialiste
  • Régis JUANICO, député, Générations.S
  • Aurore LALUCQ, députée européenne, Place publique
  • François-Michel LAMBERT, député, co-président, Union des démocrates et des écologistes
  • Jean-Luc LAURENT, ancien député, Gauche républicaine et socialiste
  • Frédéric LEBARON, sociologue (Savoir/Agir)
  • Marie-Noëlle LIENEMANN, sénatrice, Gauche républicaine et socialiste
  • Myriam MARTIN, conseillère régionale LFI Occitanie, porte-parole, Ensemble
  • Philippe MARTINEZ, secrétaire général, Confédération générale du travail
  • Corinne MASIÉRO, comédienne
  • Laurent MAUDUIT, journaliste, cofondateur de Mediapart
  • Emmanuel MAUREL, député européen, Gauche républicaine et socialiste
  • Dominique MEDA, sociologue
  • Jean-Luc MÉLENCHON, député, La France insoumise
  • Gérard MEYLAN, comédien
  • Claire MONOD, coordinatrice, Génération.S
  • Chantal MONTELLIER, dessinatrice et écrivaine
  • Gérard MORDILLAT, écrivain
  • Jean NUMA-DUCANGE, historien
  • Jean-François PELLISSIER, porte-parole, Ensemble
  • Roland PFEFFERKORN, professeur émérite de sociologie
  • Michel PINÇON, sociologue, ancien directeur de recherche CNRS
  • Monique PINÇON-CHARLOT, sociologue, ancienne directrice de recherche CNRS
  • Christine POUPIN, porte-parole, Nouveau Parti anticapitaliste
  • Philippe POUTOU, porte-parole, Nouveau Parti anticapitaliste
  • Audrey PULVAR, journaliste, responsable associative
  • Adrien QUATTENENS, député, La France insoumise
  • Yvon QUINIOU, philosophe
  • Gilles RAVEAUD, économiste
  • Sandra REGOL, secrétaire nationale adjointe, Europe écologie-Les Verts
  • Fabien ROUSSEL, secrétaire national, Parti communiste français
  • Alain RUSCIO, historien
  • Stéphane SAINT-ANDRÉ, président, Les Radicaux de gauche
  • Jean-Paul SCOT, historien
  • Sylvie SCOT, professeur d’histoire retraitée
  • Gabrielle SIRY, porte-parole, Parti socialiste
  • Stéphane SIROT, historien et sociologue
  • Françoise SIVIGNON, médecin
  • Jo SPIEGEL, président, Place publique
  • Valère STARASELSKI, écrivain
  • Henri STERDYNIAK, économiste (Les économistes atterrés)
  • Sophie TAILLÉ-POLIAN, sénatrice, Génération.S
  • Benoît TESTE, secrétaire général, Fédération syndicale unitaire
  • Marie-Christine VERGIAT, responsable associative
 
Le gouvernement ne conçoit la concertation qu'en mode " Cause toujours" (Ian Brossat - PCF)
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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 07:00
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)
Photo Marie Salou (deuxième en partant de la gauche) provenant des Archives de Brest et vue sur la page Facebook Brest 44 - Journée internationale de lutte des femmes, pour l'égalité des droits] Le 27 avril 1975, au château de Brest, une plaque est inaugurée en mémoire des résistants et otages arrêtés et incarcérés en ce lieu avant d'être déportés ou fusillés. Sur la photo, trois résistantes que nous avons décidé de mettre à l'honneur en cette journée. De gauche à droite: ----- Yvette Castel-Richard, née en 1913 à Brest, membre du P.C.F clandestin, intègre les F.T.P en 1942 comme agente de liaison. Organise la manifestation des brestois du 28 avril 1942 pour demander plus de nourritures aux autorités civiles. Arrêtée en octobre 1942, internée à Brest, Vitré et Rennes.

Photo Marie Salou (deuxième en partant de la gauche) provenant des Archives de Brest et vue sur la page Facebook Brest 44 - Journée internationale de lutte des femmes, pour l'égalité des droits] Le 27 avril 1975, au château de Brest, une plaque est inaugurée en mémoire des résistants et otages arrêtés et incarcérés en ce lieu avant d'être déportés ou fusillés. Sur la photo, trois résistantes que nous avons décidé de mettre à l'honneur en cette journée. De gauche à droite: ----- Yvette Castel-Richard, née en 1913 à Brest, membre du P.C.F clandestin, intègre les F.T.P en 1942 comme agente de liaison. Organise la manifestation des brestois du 28 avril 1942 pour demander plus de nourritures aux autorités civiles. Arrêtée en octobre 1942, internée à Brest, Vitré et Rennes.

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère

8 - Marie Salou (née Marie Cam) - 1914-2011

Marie Cam-Salou est née en 1914 à Saint-Marc, aujourd'hui un quartier de Brest, jadis une commune indépendante,  d’un père ouvrier à l’Arsenal de Brest (Finistère) et d’une mère travaillant à la Poudrerie de Saint-Nicolas au Le Releq-Kerhuon (Finistère). Marie Cam avait deux sœurs plus âgée qu’elle. Elle se maria le 4 juin 1932 avec Goulven Salou, ajusteur à l’arsenal. Ils eurent deux enfants.

Marie Salou milita au Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme où elle s’occupa notamment de l’aide aux enfants de républicains espagnols.

Elle adhéra au Parti communiste en 1939.

Après la déclaration de guerre et la mobilisation, le couple fut séparé. En 1940, son mari se retrouva à Dakar (Sénégal), puis Casablanca (Maroc), où il entra dans la Résistance. En avril 43 il intégra la 1re DFL et fut envoyé en Tunisie. Il participa à la libération de l’Italie, au débarquement de Provence, et l’avancée sur Marseille, Lyon, et Colmar.

Membre du P.C.F clandestin, elle héberge les résistants recherchés par la police ou les allemands. Début 1942 elle aide plusieurs prisonniers républicains espagnols à fuir la ville. Elle participe à la manifestation du 28 avril 1942. En Août 1942 elle saccage avec une amie la vitrine de la L.V.F rue de Siam. Arrêtée en octobre 1942 par des policiers français, elle est brutalisée. Internée, elle est finalement remise aux allemands qui la juge à Fresnes en 1943. Déportée, elle revient en 1945 très affaiblie. ----- Angèle Kerlirzin-Le Nédelec, née en 1910 à Scrignac. Membre du P.C.F clandestin. A la débâcle elle cache des armes récupérés par son mari. Participe à la diffusion des tracts du P.C.F et F.N. Elle participe à la manifestation du 28 avril 1942 et à la tentative de manifestation patriotique du 14 juillet 1942. Arrêtée en octobre, elle est également internée à Brest, Vitré et Rennes. Libérée en Novembre 1943, elle gagne les Côtes-du-Nord et intègre les F.T.P.

Elle fut libérée le 28 avril 1945 à Mauthausen (Allemagne).

Revenue en France, tout en continuant à militer au Parti communiste, elle adhéra et milita, à l’Union des Femmes Française, à la FNDIRP, à l’ARAC.

On la décora de la Médaille de la déportation, de celle du Combattant volontaire de la Résistance, de la Croix de guerre 39-45, de la Médaille militaire. Elle fut fait Chevalier de la légion d’honneur.

 
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article130357, notice SALOU Marie [CAM Marie] par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 mai 2015.
Marie Salou, résistante communiste brestoise - De Brest à Mathausen, itinéraire d'une déportée (1942-1945) - Témoignage recueilli par Jean Nédélec

 

Résistance et répression des communistes brestois de 1939 à 1943 (à partir des souvenirs et des enquêtes d'Eugène Kerbaul, résistant communiste)

Grâce à Bérénice Manac'h, qui avait entretenu une correspondance soutenue avec lui suite à la publication du Journal intime d'Etienne Manac'h, nous avons pu accéder la semaine dernière à un certain nombre d'écrits mis en forme et tapés sous forme de brochures par notre camarade Jean Nédelec, ancien instituteur communiste, militant laïc, décédé à 97 ans en 2017. Voir sa biographie complète dans le Maitron en ligne:

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article147014&id_mot=

La lecture du témoignage consigné par Jean Nédélec d'après les archives de Marie sur le terrible destin de guerre de Marie Salou nous a vraiment passionné. 

Un récit jusqu'au bout de la nuit concentrationnaire. Une résistante dont la capacité à survivre aux tortures des nazis n'a pas été le moindre acte de résistance.

Nous avons voulu qu'un  maximum de lecteurs puisse accéder au témoignage de déportation de cette femme admirable, militante communiste, témoignage qui a d'autant plus de valeurs que souvent on lit essentiellement les récits de déportation de déportés survivants très instruits ou appartenant plutôt à la bourgeoisie. Fille d'un père travaillant à l'arsenal de Brest et d'une mère employée à la Poudrerie du Relecq-Kerhuon, Marie Salou, née Cam, adhéra au Parti Communiste en 1939 après avoir déjà milité à ses côtés pour les républicains espagnols et leurs réfugiés et pour la Paix et le Front Populaire. Avec Jeanne Goasguen, elle dirigea l'Union départementale clandestine des femmes patriotes au début de l'occupation. 

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article130357, notice SALOU Marie [CAM Marie] par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 mai 2015.

Nous reproduisons ici le témoignage recueilli par Jean Nédélec en 2006 sur la déportation de Marie Salou.

Celui-ci a été mis en ligne auparavant par le site les Amis de la résistance du Finistère (ANACR) et le site pôle Jean Moulin.

http://www.lesamisdelaresistancedufinistere.com

Lire aussi:

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 1/ Daniel Trellu (1919-1998)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

 

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

Itinéraire d'une Déportée
De Brest a Mauthausen

Marie SALOU
1942-1945

 

par Jean Nédélec d'après les archives de Marie Salou

01.10.1942- arrestation
Fin novembre, prisons: Château de Brest, Centrale de Rennes
11.12.1942 : jugement à Rennes
13.04.1943 : départ de la centrale de Rennes pour la prison Jacques Cartier
Juillet 1943 : départ pour la prison de Fresnes
Aout 1943 : jugement allemand
23.12.1943 : départ de Fresnes pour I'Allemagne. Arrivée à Karlsruhe
8 jours a Francfort sur Ie Main 4 jours a Guenmiz
07.01.1944: arrivée à Walheim
14.02.1944: depart pour Lubeck en passant par Berlin et Hambourg
Mai 1944 : départ pour Cottbus
07.11.1944: départ pour Ravensbruck
07.11.1945: départ de Ravensbruck pour Mathausen
20.03.1945: bombardement d' Amsteten
24.05.1945: libération par la Croix Rouge Internationale 11.06.1945: arrivée à Brest

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Marie Salou, née Cam, a vu le jour le 30.11.1914 à St Marc. Dès l'âge de 16 ans elle apprend le métier de couturière, trois ans d'apprentissage auprès d'ouvrières très expertes, avant de devenir elle-même ouvrière. Très vite elle va connaître la vie militante, notamment au moment de la guerre civile en Espagne.

En 1936, elle faisait partie de l'Association Nationale du soutien de l'enfance malheureuse avec Jeanne Cariou, Alice de Bortoli, Mmes Bernard, Riou et Duchêne.

Ces femmes avaient pris en charge les réfugiés républicains espagnols qui avaient fui la guerre civile de leur pays. Ils étaient hébergés dans des baraquements à Berthaume qui servaient de lieux de vacances pour la commune de Lambezellec dont le responsable était M. Le Berre et son épouse, instituteurs a l'école de Kerraloche. Le Secours Populaire était aussi partie prenante dans cette action. Marie Salou, en juin 1939, va faire un nouveau pas dans sa vie en adhérant au Parti Communiste Français.
Dès 1940 va commencer sa vie de résistante. Tout d'abord avec des distributions de tracts et des journaux clandestins du Parti Communiste. En aout 1941, elle ajoute à ses activités celles d'hébergement de résistants du P.C et du F.N. en mission (il s'agit bien entendu du Front National de la Résistance) Goulven Salou son mari, prisonnier évadé, avait du partir en zone libre en janvier 1941. En février, restant seule avec sa fille, il lui a fallu travailler cinq mois au Fort de Penfeld où était cantonnée l'organisation Todt qui s'occupait de la construction du Mur de l'Atlantique.

Elle réussissait dans cet endroit à lâcher quelques tracts rédigés en allemand qui lui étaient fournis par Charles Cadiou. En avril 41, elle héberge Venise Gosnat*, responsable national et son épouse, en attendant qu'on leur trouve une planque dont devait se charger Jean Le Nedellec.

* Venise Gosnat, alias Georges, inter-régional responsable de la résistance communiste en Bretagne (décembre 1940- décembre 1942)

 

En juin 41, Marie a voulu rejoindre Goulven à Dakar. Hélas, elle ne faisait qu'un aller-retour a Paris n'ayant qu'un laisser passer pour la ligne de démarcation. Revenue a Brest, elle se remettait au travail, il fallait bien vivre. Cette fois ce fut au Fort Montbarrey ou étaient détenus prisonniers les républicains espagnols. Avec Jeanne Goasguen qui leur procurait de fausses cartes d'identité, elles réussirent à faire sortir certains qui retournèrent en Espagne combattre Franco. Marie arrête de travailler en février 42, l'argent circulant entre les deux zones. Elle apprend à ce moment que les espagnols ont été envoyés aux lies d'Aurigny-Guernesey ou plusieurs sont morts et la plupart déportes en Allemagne.
Marie Salou va prendre une part active à la préparation et au déroulement de la manifestation des femmes, organisée par le P.C.F. mais signée "Union des femmes patriotiques", devant l'annexe de la mairie, rue Danton, le 28.01.1942.

A l'issue de cette manifestation, elle est interpellée, mais relâchee faute de preuves et d'aveu. Au mois d'aout, avec Raymonde Valaine, protégées par un groupe de F.T.P. elles saccagent la vitrine de la L.V.F. (Ligue des volontaires français contre le bolchevisme, qui recrute pour la Werhrmacht).

Cela se passait rue de Siam, à quelques mètres d'une sentinelle allemande postée a l'entrée de la Préfecture Maritime occupée par la Kriegsmarine. Avant que les allemands du poste de garde avaient été en mesure d'intervenir, les deux patriotes réussissent à se perdre dans la foule sous la sauvegarde des F.T.P. qui eux-mêmes se replient sans anicroche. Marie Salou possède a son actif de résistante bien d'autres actes de bravoure comme cette prise de parole à la porte de l'Arsenal contre le depart des ouvriers pour le S.T.O. (service du travail obligatoire pour I' Allemagne) et sa responsabilité comme agent de liaison avec le Finistère Sud .....
Le 1er octobre 1942, à la veille de la rentrée scolaire, au retour d'une promenade avec sa fille Andrée, elle est arrêtée par la police de Vichy. Andrée sera recueillie, pendant la durée de la déportation de Marie, par la sœur de son mari, Goulven.

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 Arrestation et Déportation

C'est le début pour Marie Salou d'un long calvaire qui va la mener de Brest a Mauthausen, jusqu'à sa libération, le 24 avril 1945, par la Croix Rouge Internationale. Le 1er octobre 1942, des messieurs en chapeaux mous nous attendaient raconte Marie. Après une fouille en règle, ils n'ont rien trouvé, mais ils m'ont quand même embarquée. Le plus gros des arrestations eut lieu ce jour-là. Toute la police était sur les dents, même les agents de ville. Nous avons été répartis dans les différents commissariats de la ville de Brest, les hommes un moment à la prison de Pontaniou où j'ai vu les gendarmes, gantés de blanc, les y enfermer. Je n'y suis pas restée parce qu'on n'y gardait pas les femmes. Par la suite, nous avons été regroupés au Château d'où les hommes sont partis pour Rennes afin d'être interroges par la SPAC (Section de Protection Anticommuniste) lis en sont revenus bien amochés : Albert Abalain, son bridge cassé, Paul Le Guen les pieds écrasés etc. .. Conduites également à la Centrale de Rennes avec trois compagnes : Yvette Richard, Angele Le Nedellec et Raymonde Vadaine, nous avons été nous aussi jugées par la SPAC et condamnées à cinq ans de prison. Le 18 avril 1943, nous avons été remises aux allemands et emprisonnées a la prison Jacques Cartier de Rennes où se trouvaient déjà des camarades hommes. Le 23 juillet, c'est le départ pour Fresnes avec une de mes compagnes. Là, dans une baraque qui servait de tribunal, nous avons été rejugées le 28 août et condamnées à mort, ainsi que 19 hommes qui seront fusilles le 17 septembre 1943 au Mont Valerien.*

* Dans le Chiffon Rouge:

Albert Rannou: Lettres de prison d'un résistant communiste brestois né à Guimiliau fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

Dernière lettre de Paul Monot, résistant brestois fusillé au Mont-Valérien le 17 septembre 1943 avec Albert Rannou et 17 autres résistants brestois dont André Berger et Henri Moreau

Lettre de Joseph Ropars, résistant communiste brestois, écrite à sa mère et à sa soeur le jour de son exécution le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

Lettre à ses parents de la prison de Rennes du résistant communiste brestois Albert Abalain, fusillé au Mont-Valérien le 17 septembre 1943 (fonds d'archives ANACR 29)


Après six mois passes à Fresnes, j'ai quitté mes compagnes de cellule. Le 23 décembre je partais pour l'Allemagne, Raymonde Valaine m'avait devancée d'un mois. Le lendemain, 24 décembre, j'étais dans la prison de Karlsruhe, après avoir fait le voyage avec Capelle, une autre française, arrêtée pour avoir hébergé un déserteur allemand. II y avait aussi deux allemandes: Anne Roth, arrêtée pour avoir aide son fiancé à déserter (il faisait partie de la DCA de Guilers) II ne voulait pas servir Hitler. II s'est évadé, fut repris et fusillé, Anne condamnée à deux ans de prison. II y avait aussi Alma qui avait volé dans les colis destinés aux soldats partant pour le front russe.
Huit jours avant un convoi de françaises, était parti pour Lubeck. Le voyage avait duré trois mois. Je passais la nuit de Noël a Karlsruhe. Anne et Capelle sont allées à la Messe de Minuit et je suis restée avec Alma qui en a profité pour voler les provisions des autres. lci c'était le régime pois chiches bourrés de charançons. Nous sommes restées quatre jours à Karlsruhe qui était la plaque tournante vers les différentes destinations. Nous avons été transférées à Heildelberg ou je retrouvais plusieurs résistantes françaises qui étaient en Allemagne depuis déjà un bout de temps. On les baladait de prison en prison. II y avait Margot qui en état à sa 24ème prison et qui est morte depuis son retour. II y avait aussi Yvonne Muller, vendeuse aux Halles de Paris et une vieille dame de Bayonne.
Le 1er janvier 1944, j'étais à Francfort-sur-Main. Nous avons atterri dans une énorme pièce qu'ils appelaient Presidium. La vivaient depuis un certain temps quelques femmes russes dont deux étaient malades. Les autres allaient au travail dans la journée et rentraient le soir. Nous avons séjourné huit jours dans cette pièce ou les châlits étaient infectés par les poux, les punaises et les puces. Des que les SS arrivaient, iI fallait se ranger pour que la chambrière dise combien nous étions. Le matin nous avions un ersatz de café dans des gamelles toutes grasses puisque nous les lavions a l'eau froide. L'ersatz de café était accompagné d'une tranche de pain que nous frottions a l'ail.

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A la suite de mille ruses nous avions réussi à ramasser une tête d'ail sur Ie quai de la gare d'Heildelberg. A midi nous avions une soupe de choux rouges, bien grasse elle aussi. Pour la nuit de la Saint-Sylvestre nous avons demandé de coucher sur les bancs et les tables, à cause des parasites. On nous avait répondu affirmativement, mais au milieu de la nuit les SS sont arrivés comme des fous, criant "Schnell in bet" (Vite au lit) en nous envoyant des coups de bottes. Avant de quitter ce fameux Présidium, avec quel soulagement, nous avons assisté à une scène affreuse. Une couverture avant disparu, une russe avait été soupçonnée de I'avoir volée pour s'en faire une jupe. Un matin arrivent les SS qui appellent la femme, la frappent tant et plus. Pour en finir lui jettent un seau d'eau en pleine figure et lui ordonnent de laver Ie parquet de la pièce qui faisait bien dix metres de long sur six mètres de large. De là, nous avons passé une nuit à Kassel dans la prison qui avait été bombardée. Ensuite, un train nous a conduites à Magdebourg. lci nous avons été séparées et je suis partie seule de mon bordo J'ai passé une nuit dans une baraque à Leipzig avec des hommes de plusieurs nationalites.
Ce fut ensuite Gueimenitz ou j'ai passé trois jours avec quatre allemandes, dont I'une avait été arrêtée, avec toute sa famille, parce que son frère, qui était sur Ie front russe, avait critique I'état-major du grand Reich dans son courrier Une russe était venue nous rejoindre. Elle venait soi-disant d'un camp de travail. Elle avait un de ces pochons à I'oeil. Elle portait une grosse veste matelassée, mais rien dessous. Comme j'avais des vêtements je lui ai passé des tricots et Ie soir, lorsque j'ai exprimé de coucher près d'elle, les allemandes m'en ont dissuadé en me disant que Ie lendemain cette femme serait tuée. Effectivement, elle est partie seule Ie lendemain. Je suis arrivée à Waldheim Ie 7 janvier 1944. Là, comme mes trois compagnes, j'ai été tondue. J'avais de longs cheveux, et pas de poux. La forteresse gardait les cheveux pour en faire de la bure. Lorsque la première est passée à la toise, nous I'avons entendue. Nous nous demandions ce qu'on lui faisait. Quand nous I'avons vue, Ie crane complètement rasée, les autres se sont mises à pleurer, et moi de les consoler en leur disant que ça ne faisait rien puisque nous serions bientôt Iibres. L'une d'elles avait plus de cinquante ans et n'était condamnée qu'à un an. Elle a tout de même passé à la toise. Je suis passée la dernière. lis me demandaient s'iI fallait Ie faire aussi a la "Frantzose" En me demandant ma peine, j'ai répondu ' A mort'. « Allez, vite aussi » fut la réponse. J'ai été mise en cellule toute seule, il faisait plusieurs degrés en dessous de zéro. Je pensais rester dans cette prison jusqu'à la fin puisque ma condamnation à mort avait été commuée en réclusion. La discipline était très dure. C'était une vieille prison, mais propre. N'empêche qu'il n'y avait pas mal de punaises. Toutes les semaines, je devais laver mon parquet à I'eau de lessive. Le linge aussi était changé chaque semaine. La nourriture était mangeable, mais pas suffisante. Nuit et jour, j'entendais les colonnes qui partaient au travail. De temps en temps, on me donnait des peaux de lapins qu'il fallait découper en tout petits morceaux afin de récupérer les poils ou j'enlevais l’arête des plumes de poulets.
Le 13 février, on est venu me chercher pour aller au bureau, puis au grenier, afin de récupérer mes vêtements. Au retour on me change de cellule. La gardienne me prévient de me tenir prête pour 6 heures Ie lendemain. Je me demande ce qui va se passer. Le lendemain en effet on me conduit au bureau. On me remet un pain et un peu de margarine. Après maintes discussions, un homme d'un certain age est arrive, un policier d'une soixantaine d'années. II m'ordonne de le suivre. Dehors il fait froid, on gelait, les enfants allaient à l'école en luge. Après quelques pas, nous sommes entrés dans un commissariat ou on m'a passé les menottes, et en route pour la gare ou il a fallu attendre Ie train. Avec mon gardien, nous avons voyagé dans les compartiments réservés au personnel des chemins de fer. Je ne comprenais pas grand-chose de ce que me disait mon gardien. II ne parlait qu'allemand, bien qu'il prétendait être natif de Metz. Les employés qui voyageaient avec nous lui ont demandé qui j'étais, ce que je faisais là. J'avais I'air bien, avec mon crane rasé et les menottes. Mon gardien leur disait que j'étais française et précisait pourquoi j'étais dans ce train. C'était de grosses et grandes exclamations "Oh,scheinerie" (cochonne) Les femmes enviaient mes bas, elles demandaient au gardien si j'en avais dans mon balluchon . Elles auraient bien voulu en prendre mais Ie gardien Ie leur refusa. A midi nous étions à Berlin. Pour traverser cette ville, nous avons pris Ie métro, dans Ie compartiment des ballots. Mon gardien s'y est d'ailleurs fait disputer pour y être entre.

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Je regardais partout si je ne distinguais pas de visage connu, quelqu'un qui aurait pu m'aider à me lâcher de mon garde du corps. J'entendais parler français, peut-être des ouvriers de I'arsenal ,requis pour Ie S.T.O., mais hélas ! Nous avons repris un train pour Hambourg, ou après un nouveau changement, nous étions Ie soir même, vers 19 h à Lubeck. Nous avons pris un tramway pour se rapprocher du gasthaus (centre d'hébergement) qui était retiré de la ville et c'est la que mon 'cavalier' m'a laissée. Je retrouvais à nouveau une cellule glaciale, seule, avec seulement une couverture. Étant arrivée trop tard Ie soir , je n'ai pas eu de pain, mais Ie lendemain on m'a donné ce qui allait avec Ie pain, Ie "zulag" (repas) qui était un jour une cuillerée de confiture, un morceau de margarine ou un peu de petit sale que j'ai dû manger comme cela. Heureusement qu'il y avait de I'eau dans la cellule, car je crevais de soif. La soupe se composait surtout de rutabagas et pois cassés. Souvent des asticots surnageaient. Le lendemain après-midi, j'ai entendu les françaises qui allaient à la promenade. Au retour quelqu'un a frappé doucement à ma porte en me disant que des camarades que je connaissais étaient là, et que Ie soir, après la seconde cloche, il me faudrait vider I'eau de ma cuvette de water avec un chiffon et qu'a ce moment quelqu'un me parlerait. Ce que je fis et j'entendis des conversations dans tous les sens. J'appris ainsi que les françaises et les belges étaient nombreuses et travaillaient en atelier. Moi, dans ma cellule, je découpais des uniformes verts de gris, tout macule de sang et qui sentaient Ie "macchabée" à plein nez. Malgré cela, la nuit j'avais tellement froid que je m'en servais comme couverture Un jour, a la suite d'une dispute dans une cellule, on me transporta ailleurs afin de mettre à ma place une camarade qui, je crois avait perdu la tête. Je me retrouvais ainsi, avec trois campagnes qui, dans la journée, allaient aux ateliers et je restais seule. Un jour qu'ils nous avaient prêté un livre Assimil, j'ai appris la phrase" Je voudrais aller à I'atelier" Ce qui fut fait et là je confectionnais des sacs à provision, Ie moins possible évidemment. Les gardiennes, en général, n'étaient pas terribles, à part le chef nommée Jansen, qui était pendue au judas.
Le 9 mai, je suis partie en train, pour Cottbus. II faisait un temps splendide. Nous étions au moins 150, dans ce train. Nous avions presque I'impression d'être Iibres. Hélas! Nous avons passe une nuit dans la gare de Stettin qui avait été bombardée. Arrivées a Cottbus, nous avons retrouvé des camarades du convoi qui nous avait precédées lei, la nourriture était mangeable, mais peu copieuse. Dans la prison, nous travaillions en atelier à la confection de chemises d'hommes. Le pensum était de 7 chemises par jour, nous en faisions 7 par semaine. Nos gardiens étaient fous de rage. lis nous ont transférées à I'atelier de tissage ou avec des brins de jonc ou des feuilles de mars nous devions faire des boules. La encore, il nous était demandé une boule par jour. Nous la faisions dans la semaine, ce qui fait que nous étions privées de nourriture. Lors des promenades, nous devions ramasser des glands sous Ie chêne de la cour, ou les épluchures lorsque nous passions devant les cuisines. Pour finir, nous avons été gardées en cellule et nous n'avions plus droit aux promenades que de temps en temps, parce que nous étions au moins 300 françaises et que ça faisait un tel chahut ces sorties!
Nous étions cinq par cellule de trois Iits. Deux avaient Ie droit de coucher par terre, avec une couverture. C'etait des cellules à tinettes, nous avions un unique broc d'eau pour notre toilette. Nous devions nous laver toutes les cinq dans la meme eau et après la toilette c'etait Ie Iinge. Sur les six mois nous n'avons pas eu de Iinge de rechange. En juin 44, j'ai fait une otite carabinée qui a duré plus d'un mois. Un jour j'ai ete conduite au spécialiste, en ville, avec 39° degré de fièvre menottes aux mains. Le docteur avait décidé de me mettre à I'infirmerie, mais comme il n'y avait plus de place je n'y suis pas allée.
Nous avons quitté Cottbus début novembre, avec une gardienne que nous surnommions Villette.
Elle nous donnait souvent des nouvelles et nous souhaita bon courage en nous quittant. Nous allions dans un camp très dur. Des le depart nous en avons eu un aperçu. Nous étions rangées par cinq, sous la garde de la Wermacht. Pour ma part, mal rangée, j'ai reçu une bonne paire de claques. Le long du parcours nous avons chanté tout ce que nous avons pu : la Marseillaise, l'lnternationale, et tous les chants patriotiques de chez nous. Nos gardiens nous disaient: « Chantez, ce soir vous déchanterez. » En effet, dans la nuit, nous avons débarqué en pleine campagne.

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RAVENSBRÜCK

Le 9 mars 1944, nous étions à Ravensbruck. C'est là que me fut attribué Ie numéro 85225 de ma déportation. Aussitôt rangées par cinq et en colonnes nous sommes entrées dans ce camp, dont nous apercevions au loin les lumières. A cette heure tardive, des colonnes de prisonnières partaient au travail. Nous avons fait une pause devant les douches, puis nous y avons été enfermées, entassées. Dans la nuit il y a eu des bombardements. Avant Ie jour les "kubels" (récipients) débordaient. Nous étouffions et étions malades avec les odeurs. Aussi, au petit jour, les portes s'étant ouvertes, quel soupir de soulagement. Hélas ! C’était pour voir des choses de plus en plus horribles. Comme ils n'avaient pas Ie temps de s'occuper de nous, ils nous ont plaquées dans une tente immense, d'au moins 400 mètres carrés où se trouvaient plusieurs centaines de hongroises dont plusieurs avaient déjà perdu la tête. Puis nous avons fait des kilomètres à pied et ensuite sur des wagons découverts. Vers 11 heures, ils se sont décidés à nous donner une soupe. Ensuite de fut une nouvelle pose devant les douches, à I'entrée du camp. Nous étions près du cabanon ou étaient enfermées les folies. De là, nous avions vue sur la morgue ou nous voyions arriver des cadavres entravés, sur des charrettes a bras .. Nous sommes restées là, jusqu'à la nuit, sans que personne, s'occupe de nous, puis ramenées à la tente ou deux femmes se promenaient avec un bâton, pour mettre de "I'ordre" si besoin était. Nous étions épuisées et il nous fallait dormir à même Ie sol. II y régnait une odeur infecte. Le lendemain nous avons été reconduites devant les douches, toute la journée, avec seulement une soupe dans Ie ventre. Cette fois, dans la soirée, nous sommes passées à la douche, par groupes. On nous mettait nues afin de nous enlever nos affaires personnelles et on nous donnait de vielles frusques à la place. En plein mois de novembre, je recevais une chemise à fleurs en crêpe de chine artificiel, une jupe de coton bayadère et un manteau avec une croix blanche dans le dos, car c'était une régie pour toutes. Ensuite nous avons été dirigées vers Ie bloc 32 et réparties en colonnes de travail pour Ie lendemain. Le lever avait lieu à quatre heures du matin, souvent par 25° ou 30° degrés au-dessous de zéro, et après avoir bu une espèce de lavasse appelée café, il nous fallait monter sur Ie "lager strass" (Ia grande rue) pour I'appel qui durait jusqu'au petit jour. Nous devions nous ranger, la "blockova" (Ia surveillante) nous comptait et nous devions attendre que les SS viennent contrôler. Pendant ce temps nous essayions de nous réchauffer en tapant du pied. Après cet appel il fallait rejoindre sa colonne en nous cachant Ie visage afin d'apparaitre plus vieilles pour éviter la corvée. Ces fameux wagons arrives, à I'extérieur du camp, nous avions bien 800 mètres de marche a pied pour nous y rendre. Certains allaient au sable, d'autres au 'betrieb' (atelier de couture) Moi je faisais partie des 'wagons'. Le travail consistait à tirer les produits des rapines qui venaient des pays de l'Est. Nous y trouvions les objets les plus hétéroclites: des équipements militaires, capotes, bidons, chaussures, machines à écrire, machines à tricoter, vêtements, literie, porcelaine, cristaux. II y avait un hangar pour ranger chaque catégorie d'objets. Par exemple, pour la literie, il y en avait sur une longueur de 500 mètres au moins. Parfois nous trouvions, enfoui dans un tapis de table noué aux quatre coins, un tricot commencé. C’était du linge que I'on sentait, entassé à la hâte par quelques réfugies.

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 Je me rappelle, un jour nous avons trouvé des gamelles militaires, presque toutes neuves. Je m'étais promis d'en prendre une, à la place de ma vieille. J'attendais la soupe, quant tout à coup je sens qu'on me l'arrache des mains et aussitôt je reçois un violent coup sur la tête. L'instant d'après, je me tourne vers une camarade qui portait des lunettes, qui lui étaient indispensables. Je m’inquiète de savoir s'il lui était arrivé le même coup. Or, elle aussi avait change sa gamelle et le SS qu'on appelait "Ie fou" lui avait assené un coup également et cassé ses lunettes. Le soir, tard, nous rentrions au camp ou il fallait passer à la fouille. Souvent nous ne pouvions pas nous défaire tellement nous avions les mains engourdies par le froid. Après la fouille, nous avions quelquefois une tranche de pain et un rond de saucisson, en rentrant au block une soupe et un nouveau morceau de pain. Notre réconfort, c'était quand Marie-Claude ou Danielle venaient nous donner des nouvelles. Avant de se coucher, il fallait faire la grande toilette, à I'eau glacée, car le matin c'était impossible. II ne fallait pas se laisser gagner par la vermine.
Vers février 45, les russes approchant, nos gardiens étaient sur les dents. II y avait de l’énervement dans I'air. Pendant plusieurs jours, ils nous ont fait passer sur le "lager strass" des journées entières, avec notre balluchon, prêtes a partir. Nous étions un peu inquiètes. Le soir on rentrait au block. Un jour, dans I'après-midi, nous en avions marre et nous sommes rentrées au block par les fenêtres. Mal nous en a pris. Aussitôt entrées, la "stoupova" nous en faisait sortir, avec son baton et dehors le SS que l'on appelait 'le marchand de vaches' parce que c'était lui qui préparait les colonnes de transport, nous attendait pour nous taper dessus à coups de planches et nous faisait remonter à la pose. Un après-midi, nous passions devant le block quand nous vîmes un SS s'en prendre à une grand-mère bretonne, la tabasser tant et plus. Notre camarade lui tenait tête en lui disant : « Vous en faites pas, bientôt ce sera votre tour»

 

MATHAUSEN

Début mars, c'est un nouveau départ. Je me réjouissais, bien que nous que nous sachions que ce serait de plus en plus dur. Je disais aux camarades: « Ne vous tracassez pas, c'est un nouveau pas vers la Iiberté.» Malheureusement, combien ne I'ont pas connue cette Iiberté? Après avoir été parquées dans un block pour la nuit, nous avons rejoint la voie ferrée pour monter dans des wagons à bestiaux, 70 par wagon. Nous avons reçu pour le voyage: un pain, un morceau de margarine et du saucisson. Ce voyage dura cinq jours et cinq nuits. Aussi, il y avait longtemps que le pain était dans les talons avant I'arrivée. Ce fut un voyage infernal. Nous devions uriner dans nos gamelles, les dysentériques de même. Nous avons été bombardés de nuit. Pour ma part, j'ai réussi a dormir une seule nuit, pendant ces cinq nuits. J'ai cru devenir folle. Aussi, quand j'ai entendu les beuglements annonçant l'arrivée, quel ouf! Hélas, dans plusieurs wagons, il y avait des morts. Nous apprenions, en arrivant, que nous étions a Mathausen. Le sol était recouvert de neige. Nous avions une bonne marche à faire et Ie tout dans une montée. II a été proposé que les malades montent en camion. Les plus fatiguées se sont armées de courage et ont pris la route. Nous n'avions pas fait 200 mètres que certaines commençaient à tomber. Des que I'une tombait un SS approchait. D'une balle silencieuse, il I'abattait et repartait. Enfin nous avons aperçu sur les collines les lueurs du camp. II était peut-être minuit et nous avons attendu jusqu'à I'après-midi devant les cuisines.

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Heureusement, je ne sais par quel subterfuge, les cuisiniers qui étaient espagnols pour la plupart, avaient réussi a nous donner un peu de café chaud. Nous sommes ensuite passées aux douches, entre une haie de SS et de capots qui nous mettaient un grand K dans Ie dos, de celles qui leur paraissaient mal en point, puis badigeonnaient les endroits pileux d'un produit désinfectant. Je ne vous raconte pas la scène, d'autres I'ont fait avant moi. Nous sommes sorties de la, habillées d'un caleçon long et d'une chemise d'homme. Nous avons été placées en quarantaine, sous la garde de tziganes. Pendant la soupe, elles organisaient une certaine pagaille, ce qui amenait une trentaine de françaises à ne pas en avoir. Quand les vêtements arrivaient de I'étuve, elles les resquillaient si bien qu'i1 y avait plusieurs camarades qui sont restées en caleçon un certain temps. Des fois, au milieu de la nuit, on nous appelait encore pour la douche.
Dès notre arrivée, ils ont formé un transport pour malades. Gardées dans un block, parquées comme des betes, elles y sont restées quelque temps et réexpédies à Bergen- Belsen. Sur 300, 3 seulement sont rentrées en France. Dans Ie block où nous étions, les premières ont réussi a avoir un lit, les dernières, couchant à même Ie sol. Pour ma part, j'étais entre deux camarades, têtes bêche. Le 19 mars, nous avons été appelées pour former soi-disant un commando des champs. Bien que plutôt méfiantes, nous envisagions la possibilité de pouvoir manger des légumes. Le lendemain 20 mars, nous avons été réveillées à quatre heures du matin, et au sortir du block installées sur un "lager strass". Quelle ne fut pas notre surprise de nous voir encadrées par des civils, les fusils braqués sur nous. On se demandait si c’était des prisonniers. II y en avait un tous les deux mètres, des vieux et des jeunes, nous avons su que c’était la "volkstum". Nous sommes descendues, cinq par cinq, à pied, jusqu'à la gare de Mauthausen. II y avait aussi une colonne d'hommes. Nous étions environ 200 femmes et 80 hommes. Puis nous avons pris Ie train, debout tout Ie long. Celles qui savaient I'allemand essayaient de deviner ou nous allions, mais motus. Nous avons traversé Ie Danube, et des kilomètres après nous nous disions que I'on ne retournerait sans doute pas au camp. Mais à la gare d' Amsteten, nous sommes descendues et la nous ont remises une pelle et une pioche à chacune d'entre nous. II s'agissait de déblayer les voies de chemin de fer bombardées la veille et recouvertes de glaise. Moins d'une heure apres avoir commencé à déblayer, c'était une alerte. Le bombardement a duré quatre heures. Nous avons du nous réfugier dans un bois. Les bombes tombaient sur la gare et hélas! Les deux dernières étaient pour nous. Le petit bois a été complètement retourné. Nous entendions crier les camarades "Adieu, adieu". Quand nous avons pu relever la tête, c'était un triste spectacle. Certaines étaient en charpie à la cime des arbres, dont une Olga, rescapée d' Auschwitz. Yvonne, de Bordeaux, avait Ie bassin fracture. La petite Rosette (Therese Rigaut) et moi nous nous sommes dépêchées de gratter la terre avec nos mains pour déterrer les compagnes qui étaient ensevelies, dont une petite roumaine, Berthe, ancienne elle aussi d' Auschwitz Elle avait des côtes fracturées et elle s' en est tirée. II y avait aussi deux soeurs belges qui étaient déjà toutes violacées ainsi que Yvonne Kieffer. Nous avons eu 90 tués. L'alerte terminée, les habitants de I'orée du bois sont venus et ils ont fait boire du schnaps à certaines. Ce jour la, nous sommes rentrées tard au camp, après un voyage très pénible. Les mortes ou mourantes étaient arrivées avant nous. Nous avons vu descendre les corps au crématoire. Quelques jours après, il y eut un moment d'affolement. C'était appel sur appel, ils ne savaient pas au juste combien il y avait de manquants. Pendant ce temps, au camp, ils ont voulu une colonne pour nous remplacer Ie lendemain, mais ayant su que nous avions été bombardées, elles ont protesté. Elles ont été menacées d'être enfermées dans la salle de douches et fusillées. Ce fut une grande panique parce qu'elles ont cru qu'on allait les gazer, mais tout s'est passé sans anicroches.
Quand tout a été remis en ordre, une partie des camarades a été gardée au camp, et le plus grand nombre descendu dans une horrible carrière ou nous nous couchions à même le sol, sauf les blessées du bombardement qui avaient droit à une paillasse. Nous logions dans une grande baraque, entourée d'un ruisseau, à I'orée d'un petit bois, ou nous avions des biches comme voisines. Dans I'obscurité, à la moindre alerte, lorsqu'il fallait se lever pour aller faire ses besoins, on marchait sur des blessées. Les dernières nuits, on ne pouvait même pas s'allonger. Le matin, avant de commencer Ie travail, il fallait sortir de cette carrière, marcher et rentrer au camp pour défiler, en rang, devant ces messieurs.

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CROIX ROUGE INTERNATIONALE


Nous sommes revenues sur les lieux du travail qui consistait à ramasser des pommes de terre pour les mettre dans des caves. Nous les transportions à deux à I'aide de ' draguers' ( petites caisses a brancard). C'était un travail éreintant, surtout que le soir il fallait monter au camp pour la fouille. Heureusement, sur Ie travail nous pouvions manger des pommes de terre ou du pissenlit. Un jour, nous avons même découvert un silo de betteraves pour vaches, mais elles n'étaient pas faciles a manger.
A la mi-avril Nous avons appris par les groupes résistants clandestins du camp que la croix internationale était sur les Iieux. Nous avons eu un espoir lorsque les norvégiennes et les hollandaises sont parties. Cependant, la vie devenait de plus en plus pénible. La nourriture diminuait toujours et Ie crématoire marchait à plein. Lorsqu'il nous arrivait de sortir la nuit, nous voyions de longues flammes s'élancer dans le noir et cette odeur de viande grillée qui nous remplissait les narines. Le 22 avril, nous étions descendues au sillon, comme d'habitude. Dans I'après-midi, nous avons vu une voiture s'arrêter près de nous, un homme en descendre et annoncer à une camarade qui se trouvait sur la route que le lendemain nous serions rapatriées. Aussitôt, plusieurs laissèrent éclater leur joie, à la grande colère des SS bien entendu. Un d'entre eux assena une bonne paire de claques à celle qui se trouvait la plus près de lui. Les plus sages continrent leur joie, car il fallait toujours se méfier. Au retour du travail, nous avons vu monter les malades au camp. Nos gardiennes SS avaient disparu, elles devaient se cacher. Nous sommes partis à la douche. Pendant que nous attendions notre tour, nous avons vu passer devant nous, un groupe d'hommes nus, plutôt des squelettes qui montaient du petit camp. lis étaient recouverts d'une simple couverture et allaient sûrement à la chambre a gaz.
Plus près de nous quelques prisonniers étaient là Ie visage tourné vers le mur et bien surveillés.
Nous avons réussi à savoir qu'ils y étaient depuis plusieurs jours, sans manger. C’était des Alsaciens et de Lorrains qui avaient refusé de porter I'uniforme allemand. Après la douche, retour à la carrière. Le lendemain matin, nous sommes montées au camp ou nous avons attendu à nouveau dans la salle de douche. Enfin, nous avons été conduites au terrain de sport (qui servait évidemment aux SS) De là nous avons vu arriver toute une colonne de camions de la Croix Rouge Internationale dans lesquels sont montées les plus pressées. Faute de places, plusieurs d'entre nous n'ont pu y grimper. Désespérées, nous sommes retournées à la salle de douche et I'après-midi d'autres camions sont arrivés pour nos prendre. II nous a été distribué du pain à la sciure de bois et du pâté confectionné avec les vieux chevaux malades, couverts de plaques, que nous avions vu revenir du front russe. Nous avons protesté et nous avons obtenu qu'il nous soit distribué du pain des SS et du saucisson mangeable. Nous avons traversé une grande partie de I' Autriche en car, de jour et de nuit. Le 24 avril au matin, les cars sont montés sur Ie bac qui traverse le lac de Constance.

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Aussi, c'est avec un Ouf ! de soulagement que nous avons posé nos pieds sur le sol Suisse, car jusque la nous n'étions sures de rien. Dans ce pays d'accueil, nous avons été bien reçues sur Ie quai. II y avait presque une infirmière pour chacune. Nous avons passé une visite médicale.
Celles jugées incapables de continuer le voyage sont restées en Suisse ou plusieurs, hélas, sont mortes.
Voila un résumé de mon parcours à travers I'univers concentrationnaire. J'aurais beaucoup aà ajouter. Je voudrais pouvoir oublier, mais c'est impossible quand nous voyons tant de camarades laissées derrière nous. Pour que ceci ne se renouvelle pas, noud devons crier bien fort ce qui s'est passé. Nous n'avons pas lutté contre le nazisme, contre la mort, pour voir ce qui se passe aujourd'hui.

 

Rédigé d'après les notes remises par Marie Salou à Jean Nédélec
    Brest     Mai 2006

 
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