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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 06:54

 

Des marinas, des terres côtières, les entreprises de gaz et d’électricité, l’aéroport d’Athènes… Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis entend vendre les fleurons publics pour mener sa politique libérale.

Le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a beau être issu de l’aile la plus droitière de la droite, cela ne l’empêche pas de brader le patrimoine national au profit de compagnies étrangères. La semaine dernière, le fonds de privatisation grec (HRADF) a annoncé que dix groupes se sont portés candidats pour acquérir 30 % des parts de l’Aéroport international d’Athènes (AIA). Cette entreprise est une manne. Avec ses 24 millions de passagers annuels, AIA génère un demi-milliard d’euros par an. Toute ressemblance avec une situation existante en France n’est pas que pure coïncidence. Sur les rangs pour s’en emparer, on trouve les français Vinci Airports et… Aéroports de Paris, dont le gouvernement d’Édouard Philippe entend se défausser ! La vente de ces parts entraînera une perte de contrôle par la puissance publique au profit d’une entité allemande, AviAlliance Gmbh, qui détient déjà 40 % des parts de l’aéroport et qui est elle-même propriété d’un fonds de pension canadien.

Le gouvernement semble prêt à vendre toutes les infrastructures pourtant importantes dans un pays dont une partie des ressources provient de la manne touristique. La semaine dernière encore, s’est tenu le quatrième sommet euro-arabe. À cette occasion, le ministre du Tourisme, Harry Theoharis, a courtisé les détenteurs de pétrodollars. « Les infrastructures touristiques existantes décrites dans le plan du fonds de privatisation grec, telles que les marinas, forment un portefeuille riche qui peut attirer les intérêts d’investisseurs du monde arabe », a-t-il exposé. Nombre de ces lieux où peuvent accoster les bateaux, souvent des yachts de luxe, sont en vente. Le 21 octobre, a été lancée la mise en concession pour trente-cinq années d’un port de plaisance à Itea, en Grèce centrale, dans le but d’accroître l’activité portuaire. Des terres côtières sont également mises à l’encan.

Le processus de dénationalisation ne s’arrête pas au seul secteur touristique. Un projet inquiète une partie de la gauche : la vente d’Hellinikon, près d’Athènes, un lieu qui a, par le passé, servi d’aéroport et aux JO d’Athènes. Un super-complexe immobilier d’une valeur de 8 milliards d’euros doit y voir le jour. Les services de base sont également touchés. Le 24 octobre, les fonctionnaires d’Athènes étaient en grève contre un projet de loi, en examen à la Vouli (le Parlement), qui permet de privatiser la maintenance des parcs, le nettoyage des rues et l’éclairage public. À Athènes, les habitants se mobilisent contre la vente de l’eau au privé. L’électricité est également dans le viseur, tout comme le gaz. Ainsi, le gouvernement actuel entend vendre 65 % de ses parts dans l’opérateur Depa, quand l’exécutif précédent souhaitait conserver une prééminence du public.

L’argent des privatisations, une goutte d’eau dans un océan de dettes

C’est là une différence notable entre le gouvernement de Tsipras (2015-2019), à qui la troïka a tordu le bras en 2015 afin qu’il vende les entreprises publiques, et celui de Mitsotakis, qui est, lui, très fier d’appliquer un tel programme. Preuve que le choix du privé est érigé en politique, le premier ministre avait promis avant son élection que le projet d’« Hellinikon se débloquera dès la première semaine de gouvernement ». Jusqu’à présent, il était bloqué en raison d’un recours. Le champion de la droite nationaliste grecque escompte récupérer 1,5 milliard d’euros cette année en privatisant à tout-va. Cette politique est pleinement en accord avec ce que demandent les autres États européens à Athènes depuis 2011 : 50 milliards d’euros de ventes… qui bénéficieront en premier lieu aux capitalistes de leurs frontières. Elle sera en revanche sans effet sur la dette, qu’elle est censée réduire. Depuis cette date, seuls 6 milliards d’euros de fonds ont été levés grâce aux diverses dénationalisations. Or, la dette grecque s’établissait à 334 milliards d’euros à la mi-2018. Les privatisations, si elles aboutissaient, représenteraient une goutte d’eau dans un océan de dettes. Même Christine Lagarde, alors présidente du Fonds monétaire international, estimait à la mi-2018 que la dette grecque était insoutenable à long terme et qu’il fallait se préparer, si nécessaire, à l’alléger.

Gaël De Santis

 

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 06:53

 

Hier, tandis que le président américain Donald Trump annonçait le retrait de la signature des Etats Unis de l’accord sur le climat adopté à Paris en décembre 2015, l’Elysée déclarait dans un communiqué : « Nous le regrettons et cela rend encore plus nécessaire le partenariat franco-chinois sur le climat et la biodiversité». Il est vrai que le président de la République entamait le même jour un voyage officiel en Chine. Avec la volonté, entre autre, de trouver des débouchés pour la viande bovine française. Car les cours sont en baisse sur le marché intérieur, tandis que la France importe de plus en plus de viande de vaches laitières de réforme pour sa consommation intérieure, notamment dans la restauration collective. Elle importe aussi beaucoup de soja d’Amérique du sud pour nourrir son bétail. Mais elle exporte surtout des jeunes bovins maigres pour l’engraissement chez nos voisins italiens et espagnols. Ce n’est pas ainsi que l’on participe au freinage du réchauffement climatique.

Selon les chiffres récemment fournis par le ministère de l’Agriculture, les effectifs de bovins sont en recul sensible en France. Sur douze mois, le cheptel bovin français décroit de 267.000 têtes. Au premier semestre 2019 par rapport à la même période en 2018 le cheptel bovin recule de 1,6% par rapport à la même période en 2018. Mais le nombre d’animaux de 1 à 2 ans d’âge décroit de 7,6% pour les mâles et de 4,8% pour les génisses. Enfin, entre mai 2016 et mai 2019 le nombre de vaches faisant naître un veau par an est en recul de 1 million de têtes. C’est le cas dans les troupeaux de vaches laitières comme dans les troupeaux de vaches dites « allaitantes » qui sont suivies au pré par leur veau de l’année.

Selon une étude de l’Institut de l’élevage, 35% des élevages laitiers et 16% des élevages de bovins allaitants sont aujourd’hui en situation critique sur le plan économique. C’est dans le Grand-Ouest, le plus grand bassin laitier du pays que la situation des producteurs de lait de vache est la plus difficile avec 49% des élevages en situation critique. Dans ce même grand bassin, 42% les élevages de bovins à viande, communément appelé « allaitants», sont aussi en grande difficulté. Le trop bas prix du lait et de la viande sont la cause principale de ces difficultés économiques.

On peut raisonnablement penser que l’augmentation de la productivité de chaque vache laitière débouche progressivement sur une réduction du nombre de bêtes à production de lait constante en volume. Mais il en va différemment pour les vaches allaitantes. A la faveur des départs en retraite des éleveurs, certaines exploitations sont accaparées par des céréaliers et passent ainsi des productions animales aux productions végétales quand la qualité des sols s’y prête. On peut aussi penser que la double pression d’un faible revenu annuel et d’un manque de fourrage imputable aux sécheresses estivales a conduit des éleveurs de bovins allaitants à « décapitaliser » pour moins acheter de la nourriture du bétail, surtout quand on travaille à perte en nourrissant ce bétail.

Un constat lucide en Bourgogne-Franche-Comté

Se pose alors une question que la Fédération nationale bovine (FNB) de la FNSEA - dont le président Bruno Dufayet participe au voyage présidentiel en Chine- n’ose guère aborder depuis des années. N’a-t-on pas, à la faveur de la prime à la vache allaitante, trop augmenté le nombre global de mères charolaises , limousines , blondes d’Aquitaine , Rouge des prés , salers, Aubrac et quelques autres pour toucher davantage de primes sans se soucier suffisamment des débouchés en viande bovine ? Surtout quand beaucoup de fermes ne produisent plus assez d’herbe et d’autres végétaux pour nourrir le troupeau ? Surtout que, facteur aggravant, le libre échange dans l’Union européenne et les importations en provenance des pays tiers ont tendance à tirer vers le bas le prix de la viande bovine de qualité ? Car cette viande est concurrencée par celle des vaches laitières de réforme vendues moins chères et valorisées en viande hachée dont la consommation atteint désormais 57% des viandes bovines consommées en France !

Récemment, la Chambre régionale d’Agriculture de la région Bourgogne-Franche-Comté, a consacré une étude a la recherche d’une plus grande autonomie fourragère aux élevages laitiers et allaitants dans le but de « développer l’autonomie alimentaire » des troupeaux « pour augmenter la résilience des exploitations face aux aléas climatiques plus fréquents » ; ce dont rend compte « Le Jura agricole et rural » du 25 octobre 2019. Les travaux sont partis d’une étude du réseau « Galacsy», un observatoire régional, qui démontre que « depuis 2015, en lait de plaine, la marge brute de l’atelier lait subit une hausse des charges. Les cours des aliments et l’achat de fourrages ou coproduits suite à la sécheresse de 2018 ont fait grimper le niveau du poste alimentation, entraînant une baisse significative de la marge de l’atelier lait ». On imagine facilement que la sécheresse de 2019, succédant à celle de 2018 n’aura rien arrangé, tant dans l’élevage allaitant que dans l’élevage laitier.

Concernant ce dernier, le journal jurassien donne le témoignage de Christian Colmagne qui, en association avec son frère, produit du lait pour les fromages « comté » et « morbier » en Appellation d’origine protégée (AOP) à Champagne-sur-Loue dans le Jura. Outre les cultures céréalières, la ferme dispose de 25 hectares de prairies permanentes, de 15 hectares de prairies temporaires et cultive chaque année 3 hectares de betteraves fourragères. «Depuis 5 à 6 ans, nous privilégions les surfaces fourragères au détriment des cultures car nous voulons sécuriser l’atelier le plus rentable : La production de 175.000 litres de lait en AOP morbier et comté», dit-il.

Des cultures sur la ferme plutôt que du soja importé

Outre le séchage du foin en grange, l’exploitation s’efforce aussi d’être autonome en protéines végétales via des associations d’herbes qui vont de la luzerne au dactyle en passant par le trèfle violet, le trèfle blanc et la fétuque . De même, un mélange d’orge d’hiver, de pois et de vesce permet de récolter et de transformer à la ferme un aliment dont l’usage évite les achats de tourteaux de soja en hiver.

Au nom de la Chambre régionale d’agriculture, Sophie Dubreuil argumente dans le même sens quand elle écrit dans le même hebdomadaire : « Dans un contexte climatique de plus en plus perturbé, la sécurisation de l’alimentation du troupeau devient un enjeu majeur, quelle que soit la production. La réduction d’achats d’aliments peut passer par l’activation de différents leviers : la baisse du chargement, le stockage de fourrages, la diversification des cultures, le pâturage tournant(…) la mise en place de cultures fourragères adaptées comme le méteil ou le sorgho peut être une alternative à la culture du maïs gourmande en eau».

Commission et ministres en panne de réflexion

Pour aider les éleveurs à s’engager dans cette nouvelle orientation, - que l’actuelle phase de décapitalisation induite par le manque de fourrage va encore accentuer- il faudrait peut-être modifier certaines aides européennes à budget constant : favoriser à travers les aides annuelles les cultures fourragères qui donnent une alimentation équilibrée produite sur l’exploitation plutôt que de faire croître en nombre les têtes de bétail dans le troupeau, par exemple. Il reste à voir si la France et son ministre de l’Agriculture peuvent proposer quelque chose de cohérent dans ce domaine. A voir aussi comment réagiraient alors le Commissaire européen en charge de l’agriculture ainsi que les ministres des autres pays membres de l’Union.

Pour l’instant chacun cherche à tirer le meilleur parti des aides, sans produire la moindre réflexion prospective en ce début de siècle marqué par les changements climatiques. Dans le cadre du voyage présidentiel en Chine, il se disait hier que l’on allait faire goûter la viande de la vache auvergnate de race « Salers » aux gastronomes chinois dans le but de mettre en place une filière d’exportation. Sans jamais se poser les questions suivantes. Peut-on en même temps importer plus de soja des pays d’Amérique du sud pour nourrir nos bovins et aussi plus de viande bovine pour concurrencer celles que nous produisons ? Doit-on à partir de là parier sur les débouchés chinois pour vendre la viande que nous produisons en France à partir d’une alimentation du bétail en bonne partie importée ? Si on veut en même temps, être plus autonome en protéines animales et réduire le bilan carbone des viandes que nous produisons, ne vaut-il pas mieux s’intéresser à ce qui commence à se faire en région Bourgogne-Franche-Comté ?

 

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 06:49

 

ÉNERGIE. L’OUVERTURE DU MARCHÉ A DE L’EAU DANS LE GAZ (L’HUMANITE - Mercredi 6 Novembre 2019 - Pierric Marissal)

Les Français se disent peu satisfaits de la fin du monopole de l’électricité et du gaz. Le baromètre du Médiateur, publié mardi, met aussi l’accent sur la précarité énergétique.

La seule donnée en hausse depuis le dernier baromètre est que les Français sont au courant – à 87 % d’entre eux – que le marché de l’énergie est ouvert à la concurrence. Et ils en sont de plus en plus insatisfaits. Il faut dire qu’en 2019, 61 % des consommateurs ont été sollicités pour souscrire à une offre de fourniture d’électricité ou de gaz naturel. « Faut-il voir un lien entre la baisse de confiance et la hausse des démarchages ? » interroge le Médiateur. Car, la confiance dans ce marché ouvert depuis 2007 se ­dégrade bel et bien : – 5 points en un an, – 10 points depuis 2015. « Si les commerciaux qui présentent les offres de différents fournisseurs ont sans doute contribué à faire réaliser aux consommateurs qu’ils peuvent changer de fournisseur d’énergie, ceux-ci véhiculent parfois des informations inexactes ou ont des pratiques commerciales contestables, ce qui rend les consommateurs plus méfiants », poursuit le communiqué.

La faute en premier lieu à l’usine à gaz que constitue la fixation des tarifs de l’électricité, mise en place par la loi Nome en 2010. « Ce texte oblige EDF à vendre un quart de sa production nucléaire aux autres opérateurs, c’est subventionner la concurrence, explique Valérie Gonçalvès, de la FNME-CGT et secrétaire générale de l’association Droit à l’énergie SOS futur. « La loi a inscrit une nouvelle tarification par un empilement des coûts complètement opaque. Preuve que les Français n’y adhèrent pas, ils sont encore plus de 80 % au tarif réglementé de l’électricité. » Et la promesse initiale de la mise en concurrence – baisser la facture énergétique – n’est clairement pas tenue. « On ne voit d’ailleurs pas du tout comment cela aurait pu fonctionner, explique François Carlier, délégué général de l’association de défense des consommateurs Consommation Logement Cadre de vie (CLCV). L’ouverture à la concurrence a fait rentrer sur le marché des acteurs qui ne produisent quasiment rien, ce sont juste des systèmes d’information et du marketing. Et on se retrouve dans cette situation ­absurde : pour que la concurrence puisse exister, il faut augmenter les tarifs réglementés. » L’exacte raison pour laquelle ceux de l’électricité ont bondi de 5,9 % cet été. Ainsi, pour la première fois, selon le baromètre, les Français qui pensent que l’ouverture à la concurrence conduit à une hausse des prix (+ 7 % en deux ans) sont aussi nombreux que ceux qui pensent qu’elle entraîne une baisse.

Le nombre d’interventions pour impayés est en augmentation

Si le Médiateur s’inquiète des conséquences de la hausse des tarifs sur la précarité énergétique, il omet de rappeler qu’est inscrit dans la loi l’engagement de la diminuer de 15 % d’ici à 2020… « La précarité énergétique n’est pas près de baisser, d’ailleurs le nombre d’interventions pour impayés est en augmentation, rappelle Valérie Gonçalvès, qui met en garde : 10 % d’augmentation du prix de l’énergie feraient basculer plus de 400 000 ménages supplémentaires dans cette précarité. » Et de fait, 63 % des Français disent que les factures énergétiques représentent une part importante des dépenses de leur foyer, contre 56 % en 2016. Les jeunes en souffrent tout particulièrement. Ils sont 45 % à restreindre le chauffage pour ne pas avoir des factures trop élevées et 26 % ont souffert du froid l’hiver dernier.

Face à ces résultats, la FNME-CGT rappelle ses solutions, au nombre desquelles la mise en place d’un service public de l’énergie avec la nationalisation des filières industrielles, la baisse de la TVA à 5,5 %, voire à 0 % pour ce produit de première nécessité, l’interdiction des expulsions et des coupures tout au long de l’année pour les familles en situation de précarité et un plan gouvernemental à la hauteur des enjeux concernant la réhabilitation des logements privés et publics, collectifs et individuels.

Pierric Marissal

 

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 06:17

 

Après le « grand débat » et face aux critiques soulevées par le mouvement des « gilets jaunes », Emmanuel Macron promettait de rapprocher les services publics des citoyens, notamment par l’installation dans chaque canton d’une maison France Services. À Saint-Paul-de-Fenouillet, petite commune rurale des Pyrénées-Orientales, ces promesses semblent bien éloignées de la réalité.

Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales), de notre envoyée spéciale.– Sur la porte du bureau de poste de Saint-Paul-de-Fenouillet, commune de moins de deux mille habitants dans les hauts cantons des Pyrénées-Orientales, plusieurs autres logos s’accolent à l’oiseau bleu sur fond jaune. Celui de Pôle emploi, de la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat), de la Mutualité sociale agricole (MSA), celui de l’Assurance-maladie et de la Caisse des allocations familiales (CAF). Depuis un an, l’exigu bureau de poste de la commune s’est transformé en « maison de services au public », dite MSAP. 

Sur leur site internet, les MSAP, créées sous le gouvernement Valls en 2014, se présentent comme « une offre de proximité et de qualité à l'attention de tous les publics »« un lieu unique » où les usagers seraient accompagnés par des agents dans leurs démarches de la vie quotidienne. Les maisons de services au public promettent également d’articuler « présence humaine et outils numériques ».

Il suffit pourtant de pousser la porte de la poste du bourg, entre 9 heures et 12 heures le matin et 14 heures et 16 heures l’après-midi, pour déchanter. La « maison de services » offre plus une vaste collection de sigles qu'un réel accès aux différents services publics essentiels. Pourtant, dans ce département, les besoins sont nombreux. Les Pyrénées-Orientales sont le département français qui compte le plus fort taux de chômage, au-delà de 14 %. Alors qu’au niveau national, on enregistrait une baisse de 0,7 % du nombre d’inscrits à Pôle emploi au premier trimestre, les chiffres concernant le département sont en hausse de 1,7 %. C’est la plus forte augmentation de tout le pays. Bien que toutes les catégories soient touchées, les femmes payent le prix le plus fort, avec une hausse du nombre de demandeurs d'emploi de 2,18 % cette année.

A l'intérieur, la postière est seule pour gérer le bureau de poste et la MSAP. photo KZ

À Saint-Paul-de-Fenouillet, dans le bureau de quelques mètres carrés d’un blanc immaculé, les affiches de La Poste chevauchent celles de Western Union, de Colissimo, des feuilles blanches avec des inscriptions au feutre indiquant que les mandats en cash ne sont plus acceptés ou encore une grande affiche de la MSAP où est inscrit que « le service public s’engage pour améliorer la qualité de service ».

À côté des trois uniques chaises, dans un coin, un ordinateur est installé. L’écran, positionné en hauteur, est visible de tous. Une fois allumé et quand la connexion fonctionne correctement, ce qui n'est pas toujours le cas selon Caroline, habitante de la commune, l’ordinateur donne accès à Internet. « On peut aussi imprimer gratuitement », ajoute la mère de famille. Sur le bureau de l’ordinateur, l’accès est direct aux sites des organismes de service public cités ci-dessus.

« La poste n’est pas ouverte assez régulièrement et assez souvent pour accéder aux services. Il faut se mettre à la place de la population qui vieillit. Pour la MSAP, personne n’est au courant. J’habite ici depuis vingt ans et je ne connais personne qui s’y rend et qui en est content », souffle Bruno, patron du bureau de tabac et maison de la presse du village.

Pendant que Caroline remplit son dossier de la MSA, visible des trois habitants qui attendent sur une chaise de poster une lettre ou de récupérer un colis, la postière, coincée derrière son guichet, enchaîne les petites tâches et les envois à un rythme soutenu. Elle n’accordera pas un instant à Caroline. « J’aide quand je peux, mais c’est très compliqué », indique t-elle. La postière préfère ne pas donner son nom et balaye rapidement les questions sur ses conditions de travail : « C’est plus de travail pour moi, mais si ça peut nous permettre de garder le bureau et de ne pas fermer, ça me va. » Elle explique avoir demandé, pour assurer un meilleur service, à disposer des créneaux de rendez-vous pour ses missions liées à la MSAP. On ne lui a pas répondu.

Selon une des affiches: «Le service public s’engage pour améliorer la qualité de service» © KZ

Dans la commune, le désengagement de l’État s’est fait progressivement. Les permanences qui se tenaient auparavant en mairie ont été supprimées les unes après les autres. Le contrôleur des impôts, la CAF, la Carsat ne passent plus, une fois par mois, dans le bureau que le maire leur prêtait pour entendre et aider les habitants de la commune.

Interrogé sur les raisons de ces suppressions, le maire, Jacques Bayona, tente une explication : « Le personnel qui venait part à la retraite et puis les nouveaux, ils ne veulent pas forcément venir jusqu’à Saint-Paul. Et puis, ils ont d’autres missions ailleurs. Les services publics ont de moins en moins d’agents, ils dématérialisent de plus en plus, les permanences physiques se font moins, d’où la création des MSAP et demain, des maisons France Services. »

Promesse formulée par Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse, censées apporter des réponses au « grand débat » pour tenter de calmer les « gilets jaunes », les MFS à venir ressemblent à s’y méprendre aux MSAP, en service depuis 2014. Pensées par le gouvernement Valls comme des solutions aux fermetures répétées des services publics, les MSAP se sont rapidement multipliées, jusqu’à atteindre les 1 300 points de contact, dont 500 au sein du réseau de La Poste.

Mais le modèle est à bout de souffle, et mal financé. Ce qui avait poussé le ministère de la cohésion des territoires à geler pendant plusieurs mois toute nouvelle création de MSAP. Quelques mois plus tard, le chef de l’État annonçait pourtant la création, d’ici « la fin du quinquennat » et « dans chaque canton », d’« un endroit où l’on puisse trouver une solution aux problèmes », avec un nouveau logo et surtout un nouveau nom : les maisons France Services. 

Dans un entretien donné au Parisien en juin dernier, Jacqueline Gourault, la ministre de la cohésion des territoires, donnait les détails sur ces guichets uniques : « Vous avez déjà sur le territoire 1 340 maisons de services au public, mais elles sont de niveaux très différents. L’idée est d’élever leur niveau général avec un panier commun de services et d’en créer au moins cinq cents supplémentaires d’ici trois ans, de façon à mailler tout le territoire. »

Dans le village de Saint-Paul-de-Fenouillet, une nouvelle fermeture de service public est au cœur des discussions. Il s'agit de celle de la trésorerie publique. La fermeture programmée s’inscrit dans un projet de réorganisation de la Direction générale des finances publiques dans le département et toute la région. Dans une lettre adressée au directeur régional des finances publiques datée du 20 septembre 2019, la présidente socialiste de la Région, Carole Delga, exprime ses inquiétudes :

« De ce projet de réorganisation, je ne retiens que deux éléments essentiels. Le premier, c’est que le nombre de suppressions de trésoreries envisagées approche les 135 sur la Région Occitanie. Le second, et, sans aucun doute, le plus inquiétant, c’est la mise à l’index des populations les plus fragiles. Il existe sur nos territoire des personnes qui ont besoin d’un contact humain pour rétablir leurs droits et leurs permettre d’échanger sur des situations sociales et fiscales compliquées. Internet n’est pas la solution à tout. »

En milieu rural, le service public minimum se fait désirer  (MEDIAPART - 1 NOVEMBRE 2019 PAR KHEDIDJA ZEROUALI)

« La ruralité profonde ne fait pas la mendicité »

Pour l’instant, la commune possède toujours une trésorerie où les habitants du canton peuvent se rendre, tous les matins du lundi au vendredi. Sur les documents de travail de la DGFIP, que nous avons pu consulter, cette trésorerie se transformera en « accueil de proximité » dont Carole Delga, la présidente de la Région, estime que les « contours sont mal définis ». Elle craint que cela « n’abouti[sse] qu’à une augmentation des dépenses de fonctionnement pour les collectivités locales ».

Contactée, la DGFIP estime qu'il est « impossible aujourd'hui de dire ce que seront exactement ces points de contact tant que la concertation n'est pas close », avant de préciser que « d'un département à l'autre, cela pourrait revêtir plusieurs formes différentes ». Dans les communes où la trésorerie sera remplacée par un « accueil de proximité », plusieurs scénarios sont envisageables : la trésorerie pourrait fermer et la compétence pourrait être transférée à une MSAP ou à une nouvelle MFS – la trésorerie pourrait elle-même se transformer en MFS, ce qui obligerait les agents de la DGFIP à répondre à des questions relatives à d'autres organismes de service public. Les finances publiques pourraient aussi s'installer en mairie pour des permanences dont on ne connaît pour l'heure pas la fréquence. En somme, « personne ne sait pour l'instant ce qui va se passer exactement, on discute encore », assure la DGFIP.

« Nous avons choisi d'agir plutôt que de réagir », écrit Guy Lary à la fin d’un courrier de l'association des maires, des adjoints et de l'intercommunalité des Pyrénées-Orientales dont il est le président. Les habitants et les élus se mobilisent contre la suppression annoncée de 13 trésoreries sur 17 dans le département à l’horizon 2022, et les agents des finances publiques du département ont mené une grève tournante pendant plusieurs jours. La DGFIP assure pourtant qu’« aucune trésorerie ne sera fermée, du moins pas sans l'accord des élus locaux ». Elle affirme enfin que le « nouveau réseau de proximité » est toujours en cours de négociation.  

À Saint-Paul-de-Fenouillet, le 10 octobre 2019, habitants, agents des finances publiques et plusieurs élus de la communauté de communes se sont eux aussi mobilisés devant la trésorerie de leur commune. Parmi eux, Vincent Paumard, secrétaire adjoint du syndicat Solidaires des finances publiques dans les Pyrénées-Orientales. Il estime que ces suppressions seront d’abord préjudiciables aux territoires ruraux : « Ils veulent faire croire aux habitants et aux élus locaux que les finances publiques seront plus présentes sur le territoire, mais on est très loin du compte. » Pour le syndicaliste, les maisons France Services comme les « points de contact » ne sont ni plus ni moins que des « coquilles vides ».

Vincent Paumard craint également que les quelques agents dédiés ne soient pas suffisamment formés pour répondre à des questions portant à la fois sur les retraites du régime général, les retraites du monde agricole, les allocations familiales, les impôts, etc. « Les habitants seront obligés pour avoir des informations précises de faire de longs trajets vers Perpignan, Prades ou Céret », trois villes qui se situent au minimum à une heure de voiture.

La communication de l’exécutif va pourtant à rebours de ce qu’il se passe sur le terrain. Le 17 octobre 2019, le ministre de l’action et des comptes publics Gérald Darmanin lançait un appel à candidatures, « destiné aux communes souhaitant accueillir des services des finances publiques actuellement localisés dans les métropoles » : « Pendant longtemps, l’État a trop eu tendance à concentrer tous les services administratifs dans les grandes métropoles. Nous voulons revenir sur cette politique pour renforcer notre présence dans les territoires. Cette démarche s'inscrit dans l'objectif fixé par le président de la République et le premier ministre de rapprocher les administrations de nos concitoyens. »

Dans la communauté de communes de l’Agly Fenouillèdes, pour garder des services publics, les maires se doivent de maîtriser l’art de la négociation. L’association des maires, des adjoints et de l’intercommunalité des Pyrénées-Orientales s’en est fait une spécialité. Depuis plus de cinq mois, son président Guy Ilary bataille pour conserver un accès aux finances publiques sur le territoire, même a minima. Il assure avoir obtenu le maintien d'au moins deux agents pour la communauté de communes de l'Agly Fenouillèdes pour la trésorerie basée à Saint-Paul-de-Fenouillet.

Le maire, Jacques Bayona, est néanmoins bien en peine de s’exprimer sur ce sujet : « On essaye d’éviter la fermeture de la trésorerie. On y garderait l’équivalent de deux temps-pleins mais pour l’instant, rien n’est signé. Nous sommes encore en négociation mais l’idée serait que ces agents des finances publiques soient aussi en capacité de répondre aux questions relatives aux autres organismes comme la CAF ou la MSA, par exemple. »

La crainte première de l’édile est que, par l’installation d’un nouveau lieu dédié aux services publics, La Poste ferme son guichet, « et je ne veux pas être le maire qui a fait fermer la poste », explique celui qui se représentera en mars 2020. « On veut travailler avec eux et pas contre eux, insiste-t-il, mais pour l’instant, c’est vrai que ce que propose la MSAP n’est pas suffisant, l’ordinateur est mal placé, l’accompagnement n’est pas optimal. Du coup, beaucoup des habitants vont jusqu’à Estagel [soit un trajet de 18 kilomètres – ndlr] pour avoir accès aux services. »

D’autres maires de communes rurales sont moins dans la retenue. Le 24 octobre 2019, dans les colonnes du journal local, L’Indépendant, le maire d’Arles-sur-Tech, René Bantoure, s’exprimait après un échange avec Didier Bonnel, directeur départemental des finances publiques : « La ruralité profonde ne fait pas la mendicité. L’association des maires, des adjoints et de l’intercommunalité départementale m’a aussi annoncé des avancées. Mais je le redis : le compte n’y est pas. » Pour l'élu, la dématérialisation des services publics ne peut pas constituer la seule réponse dans un monde rural et vieillissant : « L’hyperruralité n’est pas prête, notamment les anciens qui vivent une paupérisation plus élevée que la moyenne départementale du fait des loyers moins chers. Il faut laisser du temps à la ruralité. »

Une analyse que partage Charles Chivilo, maire de la commune de Maury, voisine de Saint-Paul-de-Fenouillet, et président de la communauté de communes Agly Fenouillèdes. Dans son village aussi, il a fallu se battre ces dernières années pour garder un guichet postal ou obtenir un distributeur de billets. Il estime aujourd’hui qu’il ne peut pas lutter contre le désengagement de l’État, alors, il trouve des petites solutions, comme une MSAP itinérante :

"Est-ce que les services de l'Etat doivent être rentables ?"

Une heure de bus jusqu'au « centre du monde »

De son côté, Caroline ne croit pas que l’installation d’une MFS changera grand-chose. Mère de trois enfants, de 6, 10 et 15 ans, elle explique avoir du mal à boucler ses fins de mois. Si elle se rend à la poste pour ses démarches administratives, c’est parce qu’elle n’a pas d’ordinateur chez elle, ça coûterait trop cher, « et puis, c’est parfois difficile de tout remplir depuis son portable », ajoute-t-elle. Elle raconte ses demandes de rendez-vous avec une assistante sociale qui, depuis un an, sont restées sans réponse.

Elle estime que sa commune et celles des alentours sont « très mal desservies en services publics ». Alors, quand ça devient trop urgent, elle va à Perpignan, et peut ainsi discuter avec des agents en chair et en os. Mais cela lui prend la journée : « Quand je dois aller à Perpignan pour accéder à la MSA ou à la CAF, je passe une heure dans le bus, puis je dois prendre un autre bus de la gare à la MSA, pour y rester une demi-heure. En tout, aller-retour, ça fait trois heures. Mais en vrai, c’est beaucoup plus long, puisqu’il n’y a pas beaucoup de bus et que les horaires ne conviennent jamais. »

Depuis la petite commune des Fenouillèdes, seuls quatre bus roulent le matin, et trois l’après-midi, le plus tard à 16 h 50. Beaucoup d’habitants se retrouvent alors coincés.

« Ici, si t’as pas le permis, t’es dans la merde », résume Zahid, 25 ans, à la terrasse d’un café-restaurant sur la place centrale du village. « Je ramasse les poubelles pour la communauté de communes, explique le jeune homme. Je suis en CDD, mais j’aimerais bien avoir un CDI. Je gagne 1 200 euros par mois mais, comme dirait le rappeur SCH, “Se lever pour 1 200, c’est insultant » Rien que pour se déplacer, le jeune homme dit dépenser 150 euros par mois, surtout en essence.

« J’ai dû vite passer le permis parce que sinon, c’est la galère. Par exemple, là, je demande la CMU [couverture médicale universelle – ndlr]. Si je veux que mon dossier avance, je vais devoir descendre à Perpignan, ça va me prendre la journée si j’y vais en bus, détaille Zahid. L’ancienne assistance sociale qui venait à Saint-Paul avait fait les démarches pour ma demande mais je n’ai plus aucune nouvelles. Tant que je suis en bonne santé, ça va. Mais dès que je vais tomber malade, ça va être plus compliqué. »

Les longs trajets de bus pour aller en ville pénalisent aussi les lycéens. Pour Bruno, du bureau de tabac-presse, la plus grosse problématique pour les jeunes de la commune reste le manque de transport : « Quand ils sont lycéens, ils se lèvent à 6 heures du matin et rentre à 19 heures le soir. Parce que leur lycée de proximité est à Perpignan. On est la dernière roue du carrosse, aussi sur l’éducation. Pourquoi ils ont construit un lycée à Argelès et rien sur la zone des Fenouillèdes ? Et après, ce jeune grandit et il n’y a pas beaucoup de travail ici. S’il veut travailler à Perpignan en bus, ce n’est pas possible : s’il finit à 19 heures, il ne pourra pas rentrer. C’est quand même à l’État d’y pallier. »

Pendant que Zahid raconte ses « galères » de transport, Jeannine, serveuse au Pouss Café, virevolte entre les tables de ses habitués. Née en 1943, elle a toujours habité à Saint-Paul-de-Fenouillet. À bientôt 76 ans, elle continue de travailler pour son fils qui tient le restaurant. Elle mange sur place le midi et son salaire l’aide à compléter sa maigre retraite. « Je crois que je travaillerai jusqu’à ma mort », rapporte-t-elle.

Pourtant, elle a travaillé dès ses 14 ans dans une usine de tournerie sur bois, pour préparer des commandes. D’abord comme apprentie, puis comme salariée. Elle y restera jusqu’à ses 22 ans. Puis elle se marie, donne naissance à son premier fils et devient poissonnière, rue Arago, à quelques mètres de son café actuel. « Je n’étais pas vraiment salariée. La poissonnerie était à mon mari et moi je l’aidais, c’était naturel », raconte-t-elle entre deux cafés. Sa poissonnerie a fermé, aucun de ses enfants n’a voulu la reprendre. « On n’est pas les seuls à avoir fermé. C’est vrai qu’il y a vraiment moins de commerces et de services qu’à l’époque. On a l’impression qu’on nous laisse de côté, déplore la serveuse. Mais j’aime mon village et j’espère bien y rester jusqu’à la fin. »

Le sentiment d'abandon de Jeannine est partagé par de nombreux habitants du village, rapporte le maire. « Et c'est sur ce terreau que le Front national [aujourd'hui Rassemblement national, RN – ndlr] prospère », souffle-t-il. L'élu a longtemps ferraillé avec le député de la circonscription, Louis Aliot. Ce dernier lui reproche de refuser de le recevoir. « Je ne reçois pas l'extrême droite », tranche Jacques Bayona.  

Charles Chivilo, maire de Maury, s'était présenté contre le député RN lors des précédentes législatives. Sur la deuxième circonscription des Pyrénées-Orientales et sous l'étiquette du Parti radical de gauche en tant que suppléant de Christine Espert, pour En Marche!, ils avaient perdu de peu : 49,44 % contre le RN qui avait récolté 50,56 % des voix. « Les idées d'extrême droite rongent la pensée des gens ici, se désole Charles Chivilo. Ce sentiment d'abandon dans le milieu rural les sert beaucoup. Le Rassemblement national se sert de la haine. Les gens sont tellement excédés qu'ils sont prêts à tout et n'importe quoi. En plus, en face, on a une classe politique complètement déconnectée, avec des lois et des directives très éloignées de ce qu'on vit vraiment. Ça me fait très peur ce climat. »

Après deux défaites en 2008 et 2014, Louis Aliot se représentera de nouveau à la mairie de Perpignan. Avec plus de 122 000 habitants, la capitale des Pyrénées-Orientales est la plus grande ville ciblée par le Rassemblement national.

 

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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 06:27
PLFSS 2020, PILLAGE, MANIPULATION ET MENSONGE D’ÉTAT : IL FAUT STOPPER LA MISE À MORT DE LA SÉCU ORCHESTRÉE PAR MACRON

Démantèlement de la Sécu, mort de la Sécu, fin de la Sécu, les formules fleurissent et nous les entonnons à juste titre. Seulement le risque c’est qu’à force de les scander, de les reprendre, de les relayer, nous finissions par les banaliser. Nous suggérons dans le fond que l’idée est en marche, qu’elle progresse inexorablement, poussée par une nécessité économique dont on ne dit jamais le nom, même si nous la savons mue par la doxa néolibérale, violente, inhumaine et abjecte. On s’habitue, les mots finissent par perdre leur sens, il faudrait en finir avec un système jugé « inefficient », on remballe tout, les retraites en premier, le reste suivra.

On joue à se faire peur ? Malheureusement pas du tout, et nous réaffirmons plus que jamais que la Sécu est bien en train d’être mise à mort.

En effet, les députés viennent d’achever l’examen et le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2020, il sera ensuite débattu au Sénat. Malgré les réserves d’une partie de sa majorité qui, en commission, avait contribué au rejet du texte, le gouvernement a réussi à le faire adopter. Il confirme ainsi la détermination du pouvoir à ne rien lâcher sur sa politique d’austérité à préparer la fin de la Sécurité sociale voulu par Macron.

 

Confusion des genres, affirmation d’une politique qui ne nous épargne aucun mauvais coup.

Qui se souvient des faibles mesures « lâchées » par Macron, début décembre 2018, pour tenter d’endiguer le mouvement des « gilets jaunes » ? Hausse de la prime d’activité, exonération des cotisations salariales sur les heures supplémentaires (du Sarkozy dans le texte), baisse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les retraites inférieures à 2 000 euros (que ce même gouvernement avait lui-même décidé d’augmenter quelques mois auparavant). Aujourd’hui, presque un an après, l’Assemblée nationale va donc voter le budget 2020 de la Sécurité sociale. Et que découvre-t-on, à l’article 3 du budget ? C’est la Sécu qui va payer les mesures « gilets jaunes » !

 

Piquer dans les caisses de la Sécu, pour favoriser … son déficit !

Ce qui signifie que Macron va payer ses quelques mesures en piquant dans les caisses de la Sécu.

2,7 milliards d’euros seront supportés par la Sécurité sociale, ce qui mécaniquement va creuser un déficit de façon totalement artificielle. Si les budgets de l’État et de la Sécurité sociale sont séparés, c’est précisément pour que l’État ne puisse pas piocher dans le budget de la Sécu pour financer tout et n’importe quoi, à commencer par payer les heures supplémentaires à la place des patrons par exemple.

 

Et ce n’est pas tout…

Le gouvernement continue de rogner sur la santé, sa décision d’économiser cette année encore 4,2 milliards sur les dépenses de santé est actée. Avec une enveloppe fermée qui n’augmentera que de 2,1% (la simple reconduction des moyens nécessitant plus de 4%).

900 millions d’euros d’économies supplémentaires sont demandées à l’hôpital public, déjà exsangue, et dont les urgences mènent depuis plusieurs mois une grève historique des personnels.

La plupart des retraités continueront de voir le pouvoir d’achat de leur pensions diminuer, alors que le projet Delevoye s’apprête à en finir purement et simplement avec notre système de retraite par répartition, social et solidaire.

 

La Loi Veil abrogée…en 2018

Malgré les attaques qu’elle a subies, la Sécurité sociale est une institution autonome de l’État, et elle doit le rester, et c’est justement avec ce principe fondateur que Macron veut en finir. La loi de financement de la sécurité sociale 2020 lui en fournit l’occasion. Elle supprime encore un peu plus la frontière entre budget de l’Etat et budget de la Sécurité sociale en créant de toutes pièces un «déficit». Et lors du débat parlementaire, le gouvernement s’est refusé, malgré les demandes de députés, y compris de la majorité, à faire assurer la compensation de ces mesures par l’Etat, et non par la Sécu, comme le prévoit loi dite « Veil » du 25 juillet 1994. Ainsi depuis le rapport Charpy-Dubertret remis en 2018, dans la continuité du PLFSS 2019, le gouvernement revient sur la loi Veil en choisissant délibérément de ponctionner dans les recettes de la Sécurité sociale. La Sécurité sociale (donc nos cotisations sociales) ne peut financer que les prestations sociales (retraites, santé, allocations familiales, accidents de travail). Ici elles sont encore une fois détournées pour aller compenser n’importe quel déficit de l’État, et financer de quoi faire baisser la colère portée par les gilets jaunes !

 

La réalité budgétaire issue des comptes des finances publiques

11

Milliards d'excédent pour la Sécu

4.7

Milliards d'exonérations en plus pour 2019

5.4

Milliards de déficit présenté pour 2019

Voilà ce que l’on nous présente : 5,4 milliards de déficit en 2019 et 5,1 milliards en 2020 !

La réalité est tout autre : Excédent de 11 milliards en fait pour 2019, car la sécu s’est désendettée de 11 milliards en 2019. Elle est d’ailleurs en excédent depuis 2014 !

De 2012 à 2020 la dette de la Sécu va baisser de 10% à 7,6% du PIB (la dette de l’État sur la même période augmentera de 72% à 83% du PIB !).

Les dépenses de Sécu sont en hausse de 2,2% quand le PIB augmente de 2,7% et la masse salariale est en hausse de 3,3% !

Les exonérations sur les heures supplémentaires c’est 1,9 milliards ! Celles sur la prime de Noel c’est 1,2 milliards, la baisse (après la hausse) pour les retraités à faible pension de la CSG c’est 1,5 milliards, les baisses de forfait social 0,6 milliards ! Le total des exonérations représente près de 5 milliards.

En supprimant les excédents on évite ainsi d’augmenter les prestations : Ainsi en 3 ans on a vu une baisse des prestations familiales de 2%, allocation logement 3%, 2,3% pour les retraites inférieures à 2 000 euros par mois, 5% pour celles supérieures à 2 000 euros.

 

TOUT CELA RELÈVE D’UNE MANIPULATION,
 

C’EST CELA QU’ONT VOTÉ LES DÉPUTÉS !

 

LE PLFSS 2020 C’EST LE PILLAGE

EN RÈGLE DE LA SÉCU !
 

CEUX QUI VEULENT SA MORT

COMMENCE PAR LA DÉPOUILLER.

 

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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 06:22

Le capital financier est la vraie question cachée de la réforme des retraites. Frédéric Boccara, membre des Économistes altérés et de la direction du PCF sur LCI

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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 06:12

 

Nouvelle illustration de la consanguinité entre Bercy et le monde de la finance : la patronne de la Fédération bancaire française, Marie-Anne Barbat-Layani, est nommée secrétaire générale des ministères économiques. Le porte-parole du lobby bancaire qui lui succède est le haut fonctionnaire qui fut chargé de défendre le projet de taxe Tobin à Bruxelles.

Ce sont deux informations qui, à première vue, n’ont guère d’intérêt et méritent juste de figurer dans le « carnet » des nominations, tenu par la presse économique : par un communiqué publié jeudi, la Fédération bancaire française (FBF) a annoncé que sa directrice générale, Marie-Anne Barbat-Layani, a demandé à être « déchargée de ses responsabilités » pour voguer vers de nouvelles aventures – elle va devenir secrétaire générale des ministères économiques et financiers, c’est-à-dire de Bercy. Et le puissant lobby bancaire précise que Benoît de La Chapelle Bizot, actuel directeur général délégué de la FBF, est nommé par le comité exécutif de la FBF directeur général par intérim.

Pourtant, ces informations n’ont rien d’anecdotique. Au contraire, elles illustrent jusqu’à la caricature la totale consanguinité qui existe désormais entre les cercles dominants de la haute fonction publique de Bercy et les milieux d’affaires et, tout particulièrement, les milieux de la finance et de la banque. Ce n'est pas nouveau : de nombreux hauts fonctionnaires essuie-glace, pour certains issus de la gauche pour d’autres de la droite, travaillent un jour dans les grandes directions de Bercy, se mettent le lendemain au service de la finance. La victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle a constitué l’accession au pouvoir de cette oligarchie, qui auparavant restait dans les coulisses du pouvoir.

Nous avons déjà évoqué les pérégrinations professionnelles de Marie-Anne Barbat-Layani et de Benoît de La Chapelle Bizot. Les nouvelles aventures de ces deux personnalités viennent donc le confirmer : la finance et Bercy sont deux mondes totalement poreux ; la Fédération bancaire française, c’est le quartier général de la direction du Trésor et de l’Inspection des finances ; l’Agence des participations de l’État (EPA) est devenue une petite banque d’affaires lovée au cœur de l’État qui a les mêmes pratiques opaques que les banques d’affaires privées qu’elle fait travailler.

Et tout ce petit monde se connaît si bien et a des intérêts si bien partagés que l’on peut travailler alternativement du côté de l’État ou du côté de la banque sans que cela ne fasse de différence. Qui défend l’intérêt général ? Qui défend les intérêts privés ? Dans le nouveau monde d’Emmanuel Macron, dont Marie-Anne Barbat-Layani et Benoît de La Chapelle Bizot sont deux figures révélatrices, ces questions n’ont plus de sens car les intérêts privés sont en passe de dissoudre l’État de l’intérieur.

C’est peu dire en effet que le parcours de Marie-Anne Barbat-Layani est emblématique des mœurs qui sévissent au ministère des finances – les mœurs d’une petite oligarchie parisienne qui tient le haut du pavé dans la haute fonction publique ou dans la vie des affaires, et parfois des deux côtés alternativement. Née le 8 mai 1967, elle fait, à ses débuts, un parcours des plus classiques. Passée par l’École nationale d’administration (1993), elle rejoint aussitôt après la plus influente direction du ministère des finances, celle du Trésor, avant de devenir attachée financière à la représentation de la France auprès de l’Union européenne, à Bruxelles.

Mais ensuite, son cheminement devient plus intéressant. Elle rejoint alternativement des cabinets ministériels de gauche puis de droite, pour mettre en œuvre des politiques qui sont censées être opposées. En 2000, elle est ainsi conseillère technique auprès de Christian Sautter, qui est alors pour une très courte période ministre des finances. Puis, quelques années plus tard, on la retrouve en 2010-2012 directrice adjointe du cabinet du premier ministre, François Fillon, en charge des questions économiques.

Avec des hauts fonctionnaires, toujours les mêmes, qui conseillent alternativement la gauche et la droite, allez vous étonner, ensuite, qu’il n’y ait plus guère de différence entre les politiques économiques d’un camp et de l’autre. C’est le propre de l’oligarchie : elle survit à toutes les alternances et peut défendre perpétuellement les mêmes intérêts.

Mais de l’époque de Christian Sautter jusqu’à celle de François Fillon, Marie-Anne Barbat-Layani n’est pas restée inoccupée. Entre ces deux fonctions, elle a fait une immersion dans le privé, de 2007 à 2010. Et où cela, précisément ? Dans une grande banque, évidemment. Et cela aussi est évidemment symbolique car, au fil des ans, la direction du Trésor, qui joue un rôle majeur dans la conduite des affaires économiques et financières françaises, est devenue une annexe des grandes banques privées et une caisse de résonance des puissants intérêts du lobby bancaire, lequel lobby se montre en retour généreux et embauche à tour de bras les figures connues de cette même direction. Pendant les trois années qui ont précédé son arrivée à Matignon, Marie-Anne Barbat-Layani a donc été directrice générale adjointe de la Fédération nationale du Crédit agricole.

Mais poursuivons. Si le parcours de notre haute fonctionnaire retient l’attention, c’est aussi à cause de la suite de sa carrière. Par un décret du président de la République, Nicolas Sarkozy, en date du 8 mai 2012, elle « est nommée inspectrice générale des finances ». Cette nomination est légale, certes, mais doublement stupéfiante. Car pour pouvoir être nommée inspectrice générale des finances, une haute fonctionnaire doit avoir au moins 45 ans. Or, dans le cas de Marie-Anne Barbat-Layani, la règle était embarrassante car son 45e anniversaire tombait précisément le 8 mai 2012, soit deux jours après le second tour de l’élection présidentielle qui a vu la victoire de François Hollande sur… Nicolas Sarkozy.

Cela n’a pourtant pas gêné Nicolas Sarkozy, qui est resté en fonctions jusqu’à la cérémonie de passation des pouvoirs, le 15 mai. Loin d’expédier seulement les affaires courantes, il a donc aussi signé quelques décrets avantageant certains de ses proches. Parmi lesquels celui qui a permis à Marie-Anne Barbat-Layani de faire un grand pas dans sa carrière professionnelle.

Cette promotion de dernière minute surprend d’autant plus que les postes à l’Inspection générale des finances sont évidemment en nombre limité et que d’autres hauts fonctionnaires, qui avaient peut-être d’importants états de service à faire valoir, voulaient se mettre au service de l’intérêt général pour de longues années.

Oui, pour de longues années ! Car avec Marie-Anne Barbat-Layani, nous ne sommes toujours pas arrivés au bout de nos surprises. Lorsque l’on devient inspectrice des finances, il faut en effet attendre un an et demi pour devenir définitivement membre titulaire de ce grand corps de l’État. Et ce statut est une formidable protection : c’est la garantie d’un emploi à vie. Quand bien même déciderait-on de « pantoufler » dans le privé, on peut à tout moment revenir à l’Inspection en cas de pépin.

Or, nommée ric-rac à l’Inspection générale des finances, Marie-Anne Barbat-Layani y est restée pile 18 mois, pour en être titulaire. Par un nouveau décret en date du 15 novembre 2013 du président de la République, devenu dans l'intervalle François Hollande, elle a donc été titularisée dans le grade d'inspectrice générale des finances à compter du 8 novembre précédent. Mais l'encre de ce décret était à peine sèche que déjà la haute fonctionnaire faisait… ses valises ! Et c’est ainsi que le 10 décembre 2013, la Fédération bancaire française a annoncé par un communiqué que Marie-Anne Barbat-Layani devenait sa nouvelle directrice générale, à compter du 2 janvier 2014. 

En clair, l’intéressée a juste attendu les délais de convenance, son titre d’inspectrice générale des finances en poche, pour sauter du train en marche et, abandonnant le service de l’intérêt général, passer dans le camp de la finance. Et là, elle a acquis très vite la réputation d’être dans le camp radical de la finance, dénonçant le laxisme de l’État à l’ombre duquel elle avait fait le début de sa carrière, ou la trop grande rigidité des règles sociales.

Alors, avec le retour vers Bercy de l’intéressée comme secrétaire générale, la boucle est bouclée : le système endogame se révèle pour ce qu’il est.

Le parcours de Marie-Anne Barbat-Layani est d’autant plus révélateur qu’il croise celui d’un autre haut fonctionnaire, Benoît de La Chapelle. Ancien de la direction du Trésor, ex-directeur de cabinet de Jean-Pierre Jouyet du temps où ce dernier était secrétaire d’État aux affaires européennes sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le haut fonctionnaire est responsable à partir de 2010 des « affaires financières et monétaires » au sein de la représentation permanente française auprès des institutions européennes. C’est lui qui est supposé défendre (mollement) le projet de création d’une taxe sur les transactions financières, alias taxe Tobin, si vivement combattue par le lobby bancaire français et par la Fédération bancaire française dirigée par Marie-Anne Barbat-Layani.

Or, comme le révèle à l’époque Mediapart, en novembre 2014, on apprend que le même Benoît de La Chapelle a rejoint la FBF pour devenir… le bras droit de Mme Barbat-Layani, la commandante en chef du combat contre la taxe Tobin. Faut-il s’étonner, avec de pareils hauts fonctionnaires experts en grand écart, que le grand débat autour de cet impôt, relancé sous le gouvernement de Lionel Jospin à la fin des années 1990, n’ait jamais eu de retombées concrètes ?

Quoi qu’il en soit, là aussi, la boucle est bouclée, puisque Benoît de La Chapelle succède donc, au moins à titre intérimaire, à l’ex-patronne du lobby bancaire. Ce qui permettra des relations pour le moins rapprochées à l’avenir, pour ne pas dire intégrées, entre le ministère des finances et les cercles dominants du monde bancaire. Avec des passerelles aussi bien organisées, le monde de la banque a donc bel et bien colonisé les sommets de l’État.

Et si le constat ne fait guère de doute, c’est qu’il en existe de nombreuses autres illustrations. À preuve, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui vient de BNP Paribas ; à preuve encore, le patron de la Caisse des dépôts et consignations qui vient de l’assureur Generali : c’est en fait à une véritable privatisation des postes clés de la République à laquelle nous assistons. Emmanuel Macron revendique cette porosité ; il y a donc de fortes chances qu’elle s’accélère.

Le seul mystère dans cette affaire est le point de chute à Bercy pour Marie-Anne Barbat-Layani. Car le poste de secrétaire générale est purement technique et est assez peu convoité par les grands oligarques de la maison.

 

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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 16:04
Parti communiste. Ian Brossat le 8 novembre à Douarnenez et Quimper
(Photo DR)

Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste, tête de liste du PCF aux dernières élections européennes, maire adjoint au logement à Paris, sera présent à Douarnenez (29), le vendredi 8 novembre, de 17 h à 19 h, à l’invitation du café-librairie L’ivraie, pour une présentation-débat de son livre « Airbnb la ville ubérisée », sur les conséquences des plateformes de location de vacances pour particuliers sur les prix des logements à Paris et dans les métropoles. À 20 h, il participera à une réunion publique à Quimper, aux halles Saint-François, sur l’enjeu des élections municipales avec d’autres candidats aux municipales du PCF dans le Finistère.

https://www.letelegramme.fr/finistere/douarnenez/parti-communiste-ian-brossat-le-8-novembre-a-douarnenez-et-quimper-04-11-2019-12425175.php

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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 15:33
Israël va libérer Heba Al-Labadi (AFPS, Oven Ziv, 972mag - 5 novembre 2019)

Heba Al-Labadi, une citoyenne jordanienne d’origine palestinienne, était en grève de la faim depuis 41 jours pour protester contre sa détention administrative, sans inculpation ni jugement. Elle a été arrêtée par les Israéliens alors qu’elle allait de Jordanie à un mariage à Jénine.

Le Ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, a envoyé un « tweet » selon lequel son pays est arrivé à un accord avec Israël en faveur de la libération de Heba Al-Labadi ainsi que d’Abdul Rahman Miri, autre citoyen jordanien en détention administrative. Le Premier Ministre Netanyahu a confirmé l’accord, le 4 novembre.

La décision survient à la suite d’une campagne mondiale menée par les militants jordaniens, palestiniens et israéliens pour faire libérer Heba Al-Labadi, 24 ans, arrêtée par les forces israéliennes le 20 août en franchissant le Pont Allenby alors qu’elle allait à un mariage en Cisjordanie avec sa mère. Son arrestation serait liée aux rencontres qu’elle aurait eues avec des membres du Hezbollah pendant un voyage à Beyrouth, où elle rendait visite à sa soeur.

Israël s’est refusé à inculper Al-Labadi. Au lieu de cela, elle a été placée en détention administrative, une pratique dont use Israël pour détenir des Palestiniens (et quelques fois certains Juifs) sans inculpation ni jugement — indéfiniment . Les ordres de détention administrative sont revus tous les six mois mais les détenus ne sont pas informés de quelles infractions ils sont accusés, ni des preuves accumulées à leur encontre.
Al-Labadi a rejeté toutes les accusations. Au cours des dernières semaines, elle a été transférée plusieurs fois pour des soins médicaux de la prison de Jalma à l’Hôpital Bnei Zion à Haïfa.

« La libération de détenus administratifs est sans précédent », a déclaré Raslan Mahajne, l’avocat de Heba Al-Labadi.

Le travail juridique, la pression de l’opinion, et le fait que les Jordaniens aient rappelé leur ambassadeur à Amman ont contribué à obtenir sa libération. Et bien sûr, la capacité de résistance de Heba, étant donné qu’elle a continué sa grève de la faim malgré des conditions difficiles. Elle est une héroïne. Il n’est pas facile de continuer à tenir pendant plus de 70 jours en détention et sous interrogatoires, et plus de 40 jours en grève de la faim.

Son avocat a déclaré qu’il a rendu visite à Heba Al-Labadi [le 3 novembre] pour l’informer de la campagne de protestation et des manifestations en Jordanie, en Cisjordanie et en Israël pour sa libération. « Malgré les tentatives pour l’isoler, je l’ai informée de ce qui se passait à l’extérieur, du Tribunal Militaire d’Ofer, et à l’extérieur de l’Hôpital Bnei Zion à Haïfa où elle était hospitalisée. Elle a été fortement encouragée par toute cette solidarité. » Selon Mahjana, Heba Al-Labadi aura besoin de soins et d’une surveillance médicale.

Le week-end dernier, des militants avaient lancé une campagne demandant la libération de la détenue. Ils ont organisé des manifestations à Jérusalem et à Tel Aviv, et lancé une campagne sur Internet avec une photo de la jeune femme légendée en arabe et en hébreu : « Avez-vous entendu parler de moi ? ». Un certain nombre de militants israéliens ont également lancé une grève de la faim symbolique de 40 heures, pour marquer les 40 jours pendant lesquels Heba Al-Labadi a refusé toute nourriture pour protester contre sa détention arbitraire.

Traduction de l’anglais (original) par Yves Jardin, du GT Prisonniers de l’AFPS

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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 06:08

Ian Brossat, porte parole du PCF, maire adjoint à Paris en charge du logement et candidat à la mairie de Paris, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 4 novembre sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40

Violences urbaines : "on a besoin de moyens pour la police et pour la justice" 

On assiste depuis quelques semaines à une escalade des violences urbaines : Béziers, Chanteloup-les-Vignes, et d'autres quartiers touchés ces derniers jours en région parisienne. "Ces violences sont inacceptables, estime Ian Brossat. Elles se produisent dans des quartiers populaires, et ce sont les habitants de ces quartiers qui en souffrent le plus. D'après ce que je comprends, à Chanteloup-les-Vignes, c'est lié à une espèce de guerre des territoires : la maire se bat pour réhabiliter un quartier et les trafiquants se battent pour préserver le trafic, menacé par la transformation du quartier.

Ça pose la question de la place de l'État et de la police nationale dans ces quartiers : on a besoin de remettre l'État dans un certain nombre de quartiers, où il a reculé au cours de ces dernières années. On a besoin de moyens, de policiers, pour lutter contre la délinquance et démanteler ces trafics qui pourrissent la vie des habitants des quartiers populaires. Des policiers formés, en nombre et soutenus par leur hiérarchie. Quand on habite un quartier populaire, on a le droit à la sécurité au même titre que n'importe quel Français et aujourd'hui, ça n'est pas le cas".

Les policiers sont parfois découragés, au motif qu'il n'y a pas toujours de réponse pénale à leurs interpellations, soulève Patrick Roger. "Ils ont raison ! répond Ian Brossat. On a besoin de sanctions à la clef et que la justice soit ferme. On a trop abandonné ces quartiers : on a besoin de moyens pour la police et pour la justice".

Ian Brossat : "Je suis persuadé que la mobilisation contre la réforme des retraites sera au final très large"

La fin de l'année s'annonce assez mouvementée sur le plan social, notamment à la SNCF. Ian Brossat est opposé à la réforme des retraites et soutient l'appel à la grève illimitée. "Je soutiens la mobilisation des cheminots, confirme-t-il. Je suis persuadé qu'elle sera au final très large, car cette réforme des retraites n'inquiète pas que les cheminots. C'est une grève interprofessionnelle, car il y a une inquiétude très forte sur ce que sera cette réforme. On nous dit que ce sera une réforme des retraites par points : en Suède, ça c'est traduit par une baisse des pensions de retraite pour 92% des femmes. Cette réforme risque donc de se traduire par une baisse des pensions".

Le gouvernement doit-il retirer son projet de réforme ? "Oui ! Il y a une hypocrisie totale du gouvernement qui dit d'un côté que tout est ouvert et en réalité, tout est bordé. Il faut introduire de nouveaux paramètres : on vit pus longtemps, on sera à la retraite plus longtemps. C'est un défi majeur pour notre société. Nous devons nous poser cette question : ne faut-il pas dépenser globalement plus d'argent pour nos retraites, et où faut-il aller le chercher ? Par exemple du côté des revenus financiers des entreprises".

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