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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 14:21
 Bilan de mandat de conseiller municipal et communautaire PCF de Ismaël Dupont (PCF)

Il n'est pas facile de résumer 5 ans et demi d'activités d'élu municipal d'opposition et d'élu communautaire mais voici en version très abrégée, basé sur les prises de position explicites dans les assemblées publiques (conseil municipal et communautaire) un condensé des positions que j'ai pu tenir au Conseil Municipal de Morlaix et au Conseil Communautaire de Morlaix-Communauté. Individuellement ou avec d'autres, mais avec une expression publique en accord je crois avec le mandat confié par les électeurs sur la base des principes et projets que nous défendions en 2014.

Aujourd'hui, il y a 5 élus PCF dans les communes de Morlaix-Communauté et deux élus PCF au conseil municipal de Morlaix (moi et Valérie Scattolin) et nous espérons que pour faire avancer Morlaix et Morlaix-Communauté nous pourrons peser davantage avec le même sérieux, les mêmes idées, les mêmes principes, la même envie de défendre les intérêts de la population dans des majorités d'union de la gauche et à Morlaix Communauté, avec plusieurs élus se retrouvant sur cette approche sociale, solidaire, anti-austérité, anti-libérale. 

Au cours de ce mandat, nous avons en tout cas toujours chercher à rendre compte de nos positionnements, à informer les citoyens sur les ordres du jour et les projets en cours.

 

Au Conseil Municipal de Morlaix :

Finances/ budgets :

- Dénonciation continuelle de la politique d'austérité de Hollande jusqu'en 2017 se traduisant par des pertes de moyens considérables pour la commune de Morlaix. Appel à la résistance contre la politique nationale libérale, pro-patronale, sacrifiant les services publics et les collectivités. 4,5 millions de dotations en moins pour la ville entre 2014 et 2017

- Dénonciation vigoureuse de la baisse de 180 000€ des subventions aux associations morlaisiennes en 2014

- Vote d'une motion de soutien aux associations fragilisées par la politique d'austérité de l'Etat (mars 2015)

- Débat d'orientation budgétaire, novembre 2018: "Ce qui me met en colère, c'est que la politique de l'Etat menée depuis des années se traduit aujourd'hui par 1,2 millions d'euros de dotation d'Etat en moins pour Morlaix par an par rapport au niveau de dotations de 2013. On peut constater et déplorer les conséquences, mais on peut aussi rapporter cela aux causes, à une politique économique globale. Les 13 milliards qu'Emmanuel Macron retire aux collectivités, cela correspond à la poursuite du CICE, les 40 milliards d'euros de cadeaux faits aux entreprises, ça correspond à la suppression de l'ISF, Impôt de solidarité sur la fortune, ça correspond à la baisse de l'impôt sur les sociétés, soit une politique violemment inégalitaire" (Ismaël Dupont).

Services Publics 

- Exigence répétée d'un retour en maîtrise publique des parkings et du stationnement payant. Vote contre l'augmentation des tarifs des parkings Vinci, interpellations répétées pour que les parkings de la gare soient gratuits. Bataille pour la réduction du nombre de places payantes en centre-ville de Morlaix.

- Bataille contre la prolongation en catimini du contrat de gestion de l'eau et l'assainissement avec Véolia. Nous avons obtenu gain de cause grâce à la mobilisation des citoyens, du collectif eau publique Morlaix St Martin des Champs, du Front de gauche et des élus d'opposition. Plaidoyers répétés pour une gestion publique de l'eau.

- Défense à maintes reprises d'une gestion publique du transport en commun.

- Vote contre le cadeau de 215 000€ à Kéolis suite à une « erreur de calcul » sur le reversement des tarifs sociaux de transports. Décryptage des bilans de Kéolis en assemblée communautaire

- Bataille pour la régie publique de l'eau et de l'assainissement en conseil municipal et communautaire

- Défense des personnels de la maison de retraite de la Boissière par l'écriture d'une question orale

- Défense des Assistantes maternelles de la crèche familiale de Morlaix (conditions de rémunération: Employés la mairie de Morlaix, ATSEM, assistantes maternelles de la crèche familiale: des évolutions inacceptables des conditions de travail et de rémunération )

- Intervention pour regretter la hausse de 300€ du forfait mensuel d'hébergement à l'EHPAD de la Boissière rénové. J'ai affirmé la nécessité pour la ville de se pencher sérieusement sur la qualité de la prise en charge des personnes âgées accueillies en EHPAD et sur l'accessibilité pour tous les revenus de ces EHPAD, sachant qu'avec les travaux de l'EHPAD de la Boissière, le coût mensuel moyen de séjour a augmenté de 300€ par mois, pour atteindre 1800€ par mois, soit plus du coût de l'hébergement à la maison de retraite Saint-François. J'ai dit la nécessité d'un financement public, et aussi municipal, important pour les EHPAD et plus largement pour les personnes âgées et l'accompagnement de leur perte d'autonomie et de leur droit à l'autonomie. (juin 2019)

- Intervention pour la défense du bureau de Poste de la Boissière (de juin à novembre 2018) Projet de fermeture du bureau de poste de la Boissière dans la zone commerciale du Leclerc : c'est le service public qu'on assassine!

Fermeture du bureau de Poste de la Boissière: Lettre du PCF Morlaix au directeur de la Poste, secteur de Morlaix (21 juin 2018)

Conseil Municipal du 5 juillet à Morlaix: Madame Le Brun, pourquoi ne pas défendre le bureau de Poste de la Boissière? - Question orale de l'opposition de gauche

- Intervention pour la défense du service de cardiologie à l'hôpital de Morlaix

- Voeu contre la privatisation d'ADP écrit par moi et voté au Conseil Municipal de Morlaix

Education :

- Défense de l'intégration dans le dispositif d'accompagnement de la réforme des rythmes scolaires même si au Front de Gauche nous étions plus que réservés sur les modalités de cette réforme (2014 et 2015)

- Défense des écoles publiques, vote contre l'augmentation des subventions aux écoles maternelles privées (novembre 2014), interpellation sur la baisse des effectifs de certaines écoles publiques, participation aux manifestations de soutien à l'école publique Gambetta quand elle a perdu des postes et communication là-dessus

- Bataille pour qu'on ne mette pas en vente les logements de fonction de l'école Corentin Caër, deux maisons à valeur patrimoniale dont l'une héberge le Comité de chômeurs (mars 2015)

- Vote contre la hausse de 3 % des tarifs de restauration scolaire dans les cantines des écoles publiques (juin 2015)

- Bataille contre la mise en place du Menu Unique à Morlaix et contre la suppression des plats de substitution sans porc et végétariens

- Bataille contre l'interdiction d'accès des écoles pour les fêtes des APE et les évènements culturels et sociaux

- Interventions contre les fermetures de classe et de postes à Gambetta, Jaurès, Corentin Caër. Ecriture d'un voeu de l'opposition au Conseil Municipal de septembre 2018

Fermeture de 4 classes dans les écoles morlaisiennes : Madame Sandrine Le Feur, depuis la Lune où vous semblez perchée, faites vos comptes … (Ismaël Dupont, élu communiste de Morlaix)

Vie quotidienne, infrastructures :

- Demandes répétées pour qu'on accélère la mise en place d'un skate-park, que l'on installe des jeux pour enfants dans les quartiers HLM de Morlaix (La Vierge Noire, le Logis Breton à Pors an Trez) ou qu'on les répare (La Madeleine), et pour qu'on installe une aire de jeux et de détente inter-générationnelle sur le port.

- Défense répétée de la gratuité des parkings gare nord et gare sud pour les usagers du train

  - Opposition au projet d'ascenseur oblique ou de funiculaire enterré sous tunnel  (projet trop cher, trop incertain, pas assez concerté et cofinancé, pas prioritaire) - Juin 2019 

Culture, Sports, Jeunesse :

- Soutien à Trock'Son dont la subvention et la pérennité était menacée

-Demande répétée chaque année d'une plus grande clarté et explicitation des critères pour la définition des subventions aux associations

-Dénonciation des baisses de moyens pour les bibliothèques de Morlaix, qui voient leur fréquentation se réduire en raison d'une implantation peu adaptée pour Les Ailes du Temps, et de la création de médiathèques plus modernes à Plourin et Saint-Martin des Champs

- Défense des subventions des Moyens du Bord, du festival Multiples, de l'AADI, associations cultures bretonnes, du festival du livre jeunesse de la Baie des Livres

- Préoccupation marquée pour trouver des solutions appropriées pour l'installation d'une nouvelle bibliothèque, la mise aux normes ou la relocalisation de la MJC

- Défense de l'accès aux cyclistes du CCM et UCPM et à Amnesty International du local du Pouliet

- Défense d'un projet de terrain synthétique ou semi-synthétique pour les sports collectifs (foot et rugby)

- Soutien à plusieurs reprises à l'association Morlaix St Pol Gym (contre sa baisse de subventions, pour un nouveau praticable), intervention contre la baisse de subvention du club de tennis

- Défense d'un plus grand financement des clubs sportifs de manière à faire baisser le coût des licences et des cours à l'année, notamment pour les jeunes

- Demande d'une plus grande concertation avec les acteurs culturels morlaisiens (MJC, bibliothèque) sur l'aménagement et l'usage du Tiers-Lieu rue de Paris et d'une clarification du projet (moyens humains, coûts de fonctionnement, horaires d'ouverture, accessibilité pour les étudiants)

- Intervention sous forme de question orale en soutien aux Bab Singers:

Bab Singers: C'était leur dernière séance... et on les traite comme des Misérables! - Question Orale de l'opposition de gauche, Conseil Municipal de Morlaix, 5 juillet 2018

- sur le malaise au service culture, la mise sur la touche de l'adjoint à la culture et le dessaisissement des fonctionnaires du service culture, l'échec de l'estival festival de cet été  (septembre 2018)

- Intervention en faveur de soutien au Théâtre du Pays de Morlaix et de l'examen d'un transfert à Morlaix Communauté de la compétence

Social

- Soutien continuel à l'ORPAM (Office des Retraités et Personnes âgés de Morlaix), dont les financements sont fragilisés et non garantis

- Dénonciation de la perte des dotations de solidarité urbaine pour la ville de Morlaix (juin 2014)

- Défense de la création d'une maison des associations (interventions répétées depuis 2014)

-Défense de l'accueil de jour des sans-abris à la Boissière (décembre 2014) : pérénnisation des postes de Coallia

- Défense de la revendication de Sud-Solidaires d'obtenir un local avec un financement de la mairie et de Morlaix-Communauté

Démocratie

- Vote contre l'augmentation de l'indemnité du maire (avril 2014)

- Plaidoyer pour que les séances du Conseil municipal soient filmées (avril 2014)

- Plaidoyer continuel pour que la population ait droit au chapitre sur les projets d'aménagement

- Défense vigoureuse des droits de l'opposition lors de l'adoption du nouveau règlement intérieur (juillet 2014)

- Communication publique des ordres du jour du Conseil Municipal, des compte rendus de commission municipale, de conseils municipaux, présentation des interventions d'Ismaël Dupont dans Le Chiffon Rouge

- Préparation des conseils municipaux avec les syndicats, les associations

- Question orale pour la mise en place d'un budget participatif à Morlaix comme à Saint Martin des Champs et une extension de la démocratie participative (25 juin 2019)

- Défense de l'accès à des salles publics pour l'organisation de débat pour les Gilets Jaunes (février 2019)

Défense des personnels de la mairie :

- Bataille au côté des personnels du local technique de Ploujean intimidés pour qu'ils acceptent de déménager à Kernéguès (octobre et novembre 2014)

- Bataille contre la révision des congés exceptionnels des personnels de la mairie (hiver 2016)

- Mise en avant par des questions orales du malaise des personnels de la mairie et des problèmes de gestion des « ressources humaines » à Morlaix

- Intervention pour les personnels de l'EHPAD de la Boissière, le maintien des personnels contractuels et du taux d'encadrement

- En novembre 2018, critique de la remise en cause des non remplacements d'arrêt maladie et maternité pour les personnels de la mairie, ATSEM dans les écoles notamment 

- Défense d'un maintien en régie directe des travaux sur la voirie et les bâtiments municipaux, plutôt que de les déléguer à des entreprises extérieures

Écologie- santé publique :

-Dénonciation de la curieuse bienveillance et compréhension de Mme Le Brun par rapport aux agriculteurs qui ont incendié l'hôtel des impôts (octobre 2014)

- Écriture et présentation d'une motion contre la Centrale à Gaz de Landivisiau (décembre 2014) votée par la gauche

- Écriture d'une motion contre l'installation de compteurs Linky (mars 2017) votée par la gauche

- Demande d'un accompagnement financier plus conséquent pour la destruction des nids de frelons asiatiques (20 septembre 2018)

Internationalisme – Solidarité humaine

- Motion pour les 6000 prisonniers politiques palestiniens (avril 2014) : adoptée

- Écriture et présentation d'une motion pour un meilleur soutien public à l'accueil des réfugiés à Morlaix

- Défense régulière d'un soutien municipal (inexistant aujourd'hui) aux projets humanitaires et de solidarité internationale de l'association pour un jumelage Morlaix-Wavel (camp de réfugié palestinien du Liban ) et de l'association AFPS (partenariat avec une association qui travaille avec les handicapés dans le camp de Jalazone

Histoire

- Demande de construction d'une fresque ou d'une sculpture d'hommage à Rol-Tanguy à la gare de Morlaix, sur la place Rol-Tanguy (décembre 2014)

 

A Morlaix-Communauté :

Budget/ Finances :

- Vote contre le budget 2015, 2016 (Ismaël Dupont était le seul à prendre la parole en 2015 et à voter contre ces budgets d'austérité marqués par des baisses de moyens pour les associations et les services publics communautaires, et une hausse de la fiscalité locale : TEOM et taxe d'habitation), abstention sur le budget 2017 : en tout, c'est 5,7 millions d'euros qui ont été retirés par l’État à la communauté d'agglo entre 2014 et 2017 du fait de la politique d'austérité.

Démocratie :

- Demande que les conseils communautaires soient filmés, que les comptes rendus intégraux soient publiés sur le site, que les ordres du jour soient mieux connus (toujours mis à l'avance sur le site), que le public soit mieux accueilli et que les décisions s'appuient davantage sur la consultation de la population.

- Demande répétée que les séances du conseil communautaire puissent être filmées et visibles sur le site de la communauté.

- Affrontements réguliers avec Jean-Luc Fichet pour pouvoir faire respecter la démocratie et le rôle de l'élu, exprimer des arguments politiques librement et ne pas dissimuler les sous-bassements de choix idéologiques des contraintes budgétaires et des choix de gestion.

- Remise en cause du resserrement du Conseil Communautaire, du mode d'élection des conseillers communautaires, du manque de représentativité de l'assemblée communautaire

Services Publics :

- Voeu pour la défense des guichets à la gare de Morlaix et du premier TGV en provenance de Paris

- Question orale pour la remise à niveau de la ligne Morlaix-Roscoff

- Défense de la régie publique du transport en commun.

Vers une augmentation du tarif des tickets de bus et des abonnements à Morlaix Communauté?

Transports scolaires . Une hausse des tarifs qui passe mal (Le Télégramme, 23 juin 2018) - Ismaël Dupont à Morlaix Communauté n'a pas voté cette augmentation ni le nouveau schéma transports et a cherché à informer la population dessus

Communiqué d'Ismaël Dupont, élu du Front de Gauche à Morlaix-Communauté: ne pas se laisser confisquer la possibilité du choix d'une gestion publique des transports: Une question élémentaire de démocratie!

- Vote contre l'augmentation du ticket de bus et du prix des abonnements de bus à Morlaix-Communauté:

 

- Défense de l'expérimentation de la gratuité dans les transports en commun

- Défense d'un vrai réseau de transport en commun péri-urbain

- Défense du ramassage au porte-à-porte et contre la réduction du nombre de point de ramassage pour les scolaires empruntant les cars

- Défense d'une véritable ambition de service public dans le projet de territoire

- Défense des personnels de Morlaix-Communauté

- Bataille pour le maintien des déchetteries

- Bataille contre la généralisation des containers enterrés et pour la collecte au porte-à-porte

-Défense de la classe à l'école du cloître St Thégonnec (septembre 2017)

- Vœu pour la défense des bureaux de poste et du service public postal sur Morlaix-Communauté: Zéro fermeture de bureaux de poste dans le pays de Morlaix: voeu présenté au Conseil Communautaire du 13 février 2017 par Ismaël Dupont

- Vœu pour le maintien et des travaux de réhabilitation de la ligne ferroviaire Morlaix-Roscoff

- Décembre 2018: soutien au mouvement et aux revendications des agents de collecte de Morlaix Communauté: PCF Morlaix: faire droit aux revendications des personnels de collecte des déchets de Morlaix-Communauté et trouver une solution de sortie de crise (le 20 décembre 2018)

- Ecriture et présentation d'une motion pour la défense du tribunal d'instance de Morlaix, le soutien au mouvement des robes noires contre la fragilisation du service public de la justice de proximité induit par la réforme de la justice  (approuvé à l'unanimité au Conseil Communautaire du 17 décembre 2018)

" Motion: Réforme de la justice, une menace pour les tribunaux d'instance.

- Défense répétée de la gratuité des parkings gare nord et gare sud pour les usagers du train

Stationnement payant sur le parking nord de la gare de Morlaix: un non-sens pour développer l'usage du train

Communiqué envoyé à la presse le lundi 31 janvier 2011: non aux parkings payants à la gare!

- Interventions multiples pour la densification du réseau de transport péri-urbain et le soutien à une meilleure fréquence des lignes de transport expérimentales vers Plourin et Plouigneau, Plougonven, Le Cloître, quartiers sud de Morlaix en lien avec les interventions du collectif transport Morlaix Sud (conseil communautaire du 5 novembre 2018 ou du 30 septembre 2019 par exemple) 

- Interventions multiples pour expérimenter la gratuité du transport en commun

- Intervention pour un centre de santé public multi-spécialités sur le pays de Morlaix plutôt que des maisons médicales travaillant avec des libéraux (conseil communautaire du 5 novembre 2018)

-écriture et adoption d'un vœu contre la privatisation d'ADP (35 voix pour, 8 abstentions, 2 oppositions)

Culture, Sport:

- Intervention à plusieurs reprises pour la construction d'une école communautaire de musique, de danse et d'arts au Patio, avec des locaux plus adaptés et des tarifs accessibles à toutes les bourses

- Défense d'un soutien à l'école Diwan suite à la suppression des contrats aidés

- Demande d'une gestion concertée avec tous les acteurs de la Manu des projets de développement culturel et économique à la Manu

- Dénonciation du refus difficilement explicable d'accorder une subvention de 800 euros à l'association Dont Acte qui met en place depuis plusieurs années un festival littéraire et artistique rue des Cent Marches dans le quartier de la gare, mettant ainsi en valeur les artistes locaux, de grand talent, et un quartier qui est stratégique sur la redynamisation du quartier de la gare, et une association qui pourtant voit sa demande de subvention refusée pour l'instant (1er avril 2019)

- Réflexion à avoir sur un soutien communautaire aux associations sportives en donnant l'exemple du Morlaix Saint Pol Gym qui sur 400 adhérents n'a qu'une cinquantaine de morlaisiens et qui est pourtant principalement soutenu par la ville, quand l'essentiel de son budget vient des adhérents. Comme ce club, beaucoup d'associations sportives basées à Morlaix ont une dimension de territoire.  Les soutenir permettrait aussi de rencontre l'accès aux inscriptions plus accessible à toutes les familles (1er avril 2019)

- Intervention en faveur d'un vrai soutien public communautaire (financier mais aussi suivi, relation de construction partenariale) à l'AADI qui organise le festival Armor-India et à l'institut franco-indien (cf. notamment 1er juillet 2019)

Social :

- Défense du projet d'épicerie sociale à Morlaix, abandonné faute de soutien de la communauté (janvier 2015)

- défense du Resam face aux critiques d'Agnès Le Brun (avril 2015)

- Réagissant par une remise en cause par la majorité de droite morlaisienne du besoin de surveillance et de contrôle sur les retombées réelles des subventions données dans le cadre des activités du RESAM et de Jeunes en TTTrans et de son lieu de vie jeunesse 18-30 expérimental du 2B voie d'accès au port, j'ai dit mon enthousiasme pour ce projet innovant et très riche de sens pour la jeunesse qui développe l'autonomie, la mixité, la construction collective des jeunes, avec une proximité des partenaires du monde associatif et jeunesse. (1er avril 2019)

- Soutien de la dotation aux centres sociaux Ti an Oll, Ulamir, Carré d'as (1er juillet 2019)

- demande à 3 reprises d'une refonde des tarifs de la piscine communautaire Espace Aquatique à St Fiacre pour garantir un meilleur accès à tous les publics, notamment les jeunes de familles aux revenus moins élevés

Economie :

- Plaidoyer pour contenir l'extension des zones commerciales périphériques (à saint-Fiacre notamment), soutenir le commerce de centre-ville et de centre-bourg, limiter l'emprise sur les zones humides et les terres agricoles

- Question orale pour la défense des personnels de Tilly Sabco et contre le laisser-faire vis-à-vis des actionnaires de Morlaix-Communauté et de la CCI

- Défense de l'agriculture paysanne et non productiviste

- Interventions sur un meilleur contrôle et une plus grande conditionnalité des aides publiques aux entreprises. Demande d'un bilan annuel et d'une meilleure traçabilité et étude d'impact des aides aux entreprises.

- Défense de l'espace de coworking à Plougasnou (port du Diben)

- Intervention à plusieurs reprises sur l'avenir de l'entreprise Tilly-Sabco et le manque de crédibilité des repreneurs

- Intervention contre la recapitalisation publique du golf de Carantec

- Intervention contre les suppressions de poste, d'activités administratives et de maintenance à Hop!

- Interrogation sur l'aide à l'immobilier d'entreprise et à l'investissement pour Sermetta, Les Viviers de la Méloine (par exemple, 1er juillet 2019)

- Interrogation sur les financements de TEBEO ou de BFMTV à travers l'achat de clips publicitaires conjointement avec d'autres collectivités (par exemple, 1er juillet 2019)

Aménagement du territoire :

- défense des orientations du PADD (protection des terres agricoles et zones humides, densification rénovation des centres villes et centres bourg, limitation de l'extension urbaine et de l'extension des zones commerciales)

Internationalisme – Solidarité humaine

- motion pour sortir du traité TAFTA qui a été adoptée sous une forme affaiblie au Conseil de Communauté suivant après que M. Fichet ait refusé une première présentation de la motion (mai et juin 2014)

- vœu pour la mise à disposition d'un local pour l'association d'aide aux migrants et réfugiés «Les Utopistes en action »

- vœu pour l'accueil des réfugiés et la création d'un CADA en pays de Morlaix

- intervention pour le financement du poste d'interprète pour les réfugiés du CAO de Pleyber-Christ

Photo de Morlaix vue du ciel - Valérie Scattolin

Photo de Morlaix vue du ciel - Valérie Scattolin

Lire aussi, ces liens (à compléter):

Conseils municipaux:

2018:

Projet de fermeture du bureau de poste de la Boissière dans la zone commerciale du Leclerc : c'est le service public qu'on assassine!

Conseil municipal du 16 novembre 2018 à Morlaix... Ils ont dit (Monique Kéromnès, Le Télégramme, 17 novembre 2018)

Réforme judiciaire - suppression du tribunal d'instance de Morlaix: motion présentée au Conseil Municipal de Morlaix du mardi 18 décembre et au conseil communautaire du lundi 17 décembre

Conseil Municipal de Morlaix du 18 décembre - Compte rendu dans le Télégramme

2019:

Conseil municipal de Morlaix - Gilets Jaunes et critique salée au menu - Gwendal Hameury, Le Télégramme, 5 février 2019

Employés la mairie de Morlaix, ATSEM, assistantes maternelles de la crèche familiale: des évolutions inacceptables des conditions de travail et de rémunération

Compte rendu du conseil municipal de Morlaix du 10 mai 2019 par Monique Keromnès, Le Télégramme: des comptes et des projets

Voeu pour le référendum contre la privatisation d'ADP présenté par Ismaël Dupont au prochain conseil municipal de Morlaix, 25 juin 2019

Question orale posée par Ismaël Dupont au prochain conseil municipal de Morlaix du 25 juin 2019 - Pour un budget participatif et des procédures de co-construction avec les citoyens et la population des projets municipaux à Morlaix

Interventions d'Ismaël Dupont (PCF-Front de Gauche) au conseil municipal de Morlaix du 25 Juin 2019: Funiculaire, EHPAD, ADP, démocratie participative, solidarité internationale,

Conseils communautaires:

2016:

Conseil communautaire de Morlaix Co du 29 octobre dans la presse

2017:

Morlaix-Communauté, 29 mai 2017: prolongation de 7 ans du contrat de DSP Transport avec Kéolis: seul Ismaël Dupont, élu communautaire PCF-Front de Gauche, vote contre (photos du Conseil Communautaire, Pierre-Yvon Boisnard)

Conseil de Communauté du lundi 25 septembre 2017 - photos Pierre-Yvon Boisnard et compte rendu partiel par Ismaël Dupont

Zéro fermeture de bureaux de poste dans le pays de Morlaix: voeu présenté au Conseil Communautaire du 13 février 2017 par Ismaël Dupont

2018:

Compte rendu du Conseil Communautaire de Morlaix Communauté du 20 mars: les interventions d'Ismaël Dupont, élu PCF-Front de Gauche

Conseil de Communauté de Morlaix-Co du 26 septembre: compte rendu de Ouest-France, Delphine Van Hauwaert: Morlaix, les parkings gratuits, c'est bientôt fini!

Conseil communautaire de Morlaix-Co du 5 novembre 2018 : Photos de Pierre-Yvon Boisnard et compte rendu partiel par Ismaël Dupont, élu PCF-Front de Gauche

Poste. Le commerçant de la Maison de la Presse du centre commercial de Leclerc jette l'éponge (Le Télégramme, 12 novembre 2018)

Conseil communautaire de Morlaix-Co du 17 décembre: sous le signe des Gilets Jaunes, de la grève des agents du service de collecte (photos Pierre-Yvon Boisnard)

2019:

Conseil de communauté de Morlaix-Co du lundi 1er avril 2019: interventions de Ismaël Dupont et photos de Pierre-Yvon Boisnard

Morlaix communauté. Revue de presse sur le Conseil de Communauté du 1er avril 2019, vote du budget - Monique Kéromnès, Le Télégramme, et Delphine Van Hauwaert, Ouest-France- 2 avril 2019)

Interventions d'Ismaël Dupont, élu PCF Front de Gauche - Conseil communautaire de Morlaix-Co du 13 mai 2019

Ouest-France Morlaix : compte rendu du conseil communautaire du 13 mai 2019: les parkings de la gare reviennent sur le tapis

Non à la privatisation d'ADP - Voeu présenté au Conseil Communautaire de Morlaix-Communauté ce lundi 1er juillet par Ismaël Dupont

Conseil communautaire de Morlaix du 1er juillet: le voeu contre la privatisation d'ADP présenté par Ismaël Dupont adopté à 35 voix pour, 8 abstentions, 2 oppositions

Ordre du jour du prochain conseil communautaire de Morlaix Communauté du 30 septembre, et compte rendu du dernier conseil communautaire du 1er juillet 2019

Il n'y a pas de rentabilité à attendre d'un réseau de transport - Conseil Communautaire du 30 septembre 2019 à Morlaix Communauté, compte rendu de Delphine Van Hauwaert, Ouest-France, mercredi 2 octobre

Morlaix-Co: le réseau de bus fait débat (Gwendal Hameury, le Télégramme, 1er octobre 2019)

Conseil de Communauté de Morlaix-Communauté du 30 septembre 2019: interventions Ismaël Dupont (élu de Morlaix, PCF)

 

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 07:55

" Le 21 février 1995, des colleurs d'affiches FN tuent Ibrahim Ali, 17 ans, à Marseille.
Le 1er mai 1995, en marge du défilé FN, Brahim Bouraam est assassiné.
Aujourd'hui, un ex candidat RN attaque une mosquée et blesse 2 personnes.
RN, FN, le nom a changé, pas les pratiques... "

Ian Brossat, porte-parole du PCF, 28 octobre 2019

Attentat de Bayonne : Qui sème la haine récolte le chaos (Fabien Roussel)

Le Parti communiste condamne avec la plus grande fermeté l'attentat d'extrême-droite survenu ce lundi devant la mosquée de Bayonne, par un ancien cadre et candidat du Front National. 

 

Au nom des communistes, j'adresse nos pensées les plus affectueuses aux victimes, à leurs proches et à leurs familles. J'assure de tout  notre soutien nos compatriotes de confession musulmane, face au climat de peur et de haine qu'il leur faut affronter. Jusqu'où tout cela va-t- il nous mener ?

Nous voulons vivre en paix et vivre ensemble, dans la fraternité, dans l'égalité, quelles que soient nos convictions ou nos confessions.

Or nous sommes confrontés à un moment particulièrement grave de l'histoire de notre République. La France peut basculer dans le chaos, sombrer dans la guerre civile si ce climat de haine, alimenté par le racisme, continue de souffler dans notre pays. Tout est fait pour diviser le peuple français.


Le Président de la République doit rappeler et faire vivre nos valeurs républicaines auxquelles nous sommes tant attachées, pour lesquelles tant de vies ont été données.


Nos compatriotes de confession musulmane, au même titre que tous nos concitoyens, ont le droit à la protection de la République. 

Le Parti communiste, fidèle à son histoire, sera toujours auprès des Françaises et des Français pour défendre la République face à l'extrême-droite.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,

Déclaration de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, sur le danger représenté par des militants d'extrême-droite fichés S.
 
Bayonne/terrorisme : "Combien de militant-es d'extrême droite fichés S?" (Fabien Roussel - PCF)
 
 
Un climat malsain, un vent de haine souffle dans le pays.
 
Il est alimenté par des forces et des militants racistes, aveuglés par la haine de l'autre.
 
Il y a dans notre pays plusieurs centaines de militants d'extrême-droite fichés S, classés dangereux. Comme en Allemagne, comme aux Etats-Unis, les forces d'extrême droite s'organisent et s'arment. Les passages à
l'acte se multiplient. Les passerelles entre militants d'extrême droite de l'Union européenne sont connues.
J'interroge aujourd'hui le ministre de l'Intérieur Castaner pour connaitre la réalité de cette situation. Combien d'attentats ont-ils été déjoués, mettant en cause des militants d'extrême droite, identitaires ? Combien d'arrestations pour trafic d'armes issus de ces réseaux ?
 
Combien sont-ils réellement, Fiché S ? Sont-ils armés comme l'était depuis plusieurs années le candidat du Front National auteur de l'attentat contre la mosquée de Bayonne ?
 
Je demande à ce que les enquêtes les plus sérieuses soit poussées et que les français-es soient informés de cette menace. Toute la lumière doit être faite sur cette réalité dans notre pays comme à l'échelle de l'Union européenne.
 
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,
 
Paris, le 30 octobre 2019.
 
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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 07:30
Une dizaine des adhérents du Parti communiste français s’étaient rassemblés ce vendredi 25 octobre pour « planter le cadre de l’entrée du parti pour les prochaines élections municipales dans le Pays de Morlaix ». (Le Télégramme/Cécile Renouard)

Une dizaine des adhérents du Parti communiste français s’étaient rassemblés ce vendredi 25 octobre pour « planter le cadre de l’entrée du parti pour les prochaines élections municipales dans le Pays de Morlaix ». (Le Télégramme/Cécile Renouard)

Le Télégramme, Cécile Renouard, 25 octobre 2019

Parmi les adhérents du Parti communiste, ils étaient une dizaine à s’être rassemblés ce vendredi 25 octobre pour présenter leurs objectifs pour les prochaines élections municipales.

« On est prêt à travailler avec tout le monde. Avec une ligne rouge : la politique de Macron », a résumé Ismaël Dupont, secrétaire départemental du Parti communiste français, ce vendredi 25 octobre. Près de lui étaient rassemblés au siège du parti à Morlaix, 2, petite route de Callac, une dizaine d’adhérents venus du Pays de Morlaix : Morlaix mais aussi Lanmeur, Taulé, Plouigneau, Saint-Thégonnec, Plougonven, Guimaëc… Si « des discussions ont lieu en ce moment dans les communes du Pays de Morlaix », rien n’a encore filtré à cette heure. Hormis la présence de Jérémy Lainé, de Guimaëc, qui repart, « seul du PC », sur la liste du maire sortant Pierre Le Goff.

« Disponibles pour travailler avec tout le monde à gauche »

Tous affichent leur volonté de se positionner pour les prochaines élections, « de redonner l’espoir à la gauche, de résister au rouleau compresseur libéral comme à la progression des idées racistes et populistes d’extrême-droite ». Et rappellent que « s’il a été possible de travailler en bonne entente sur des objectifs partagés et une ambition majoritaire avec le PS et Génération. s », ils sont « disponibles pour travailler avec tout le monde à gauche dans l’intérêt de la population ».

Huit valeurs leur tiennent particulièrement à cœur, valeurs défendues : « La participation citoyenne au niveau des communes et de Morlaix communauté ; le soutien au monde associatif, à la culture et aux politiques sportives ; la laïcité ; une politique d’égal accès effectif aux droits par des dispositifs qui favorisent les familles et personnes aux revenus les plus bas (accès aux cantines, garderies, loisirs…) ; le maintien et l’amélioration des services publics de proximité ; les régies publiques pour les biens communs que sont l’eau, le stationnement, la mobilité ; la gratuité des transports en commun et leur extension ; une agriculture responsable, respectueuse de l’environnement et de la santé ».

https://www.letelegramme.fr/finistere/morlaix/pays-de-morlaix-le-pcf-cherche-a-unifier-les-forces-de-gauche-25-10-2019-12418748.php

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 06:41

 

Le gouvernement a fêté, la semaine dernière, le premier anniversaire de sa loi anti-fraude. Il s’est félicité des résultats, avec 5,6 milliards d’euros récupérés, contre 4 milliards en 2018. Loin des 80 à 100 milliards qui s’échappent chaque année.

Les députés LaREM avaient promis « une très bonne nouvelle » concernant la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales. « La France se bat. La France est en pointe sur ce sujet. Nous allons bientôt tirer un premier bilan, mais je peux déjà vous dire que le taux de recouvrement est largement en hausse », appréciait, à la mi-octobre, Bénédicte Peyrol, vice-présidente du groupe LaREM à l’Assemblée nationale. Un an pile-poil après le vote de la loi anti-fraude, c’est un ministre des Comptes publics tout sourires qui a annoncé, la semaine dernière, les résultats obtenus. Passé les roulements de tambour, Gérald Darmanin a plastronné que l’État a récupéré, à ce jour, 5,6 milliards d’euros en 2019. Contre 4 milliards sur la même période en 2018. Soit « une hausse de 40 % de l’argent qui est dans les caisses de l’État », s’est-il félicité. Sauf que le montant de la fraude et de l’évasion fiscales atteint entre 80 et 100 milliards d’euros par an, selon Solidaires finances publiques. Malgré l’amélioration annoncée, le pas de géant promis par le gouvernement n’est au final qu’un pas de Lilliputien. « Cet anniversaire a un goût particulièrement amer : plutôt que de ramasser quelques miettes, c’est tout le gâteau qu’il faut saisir ! » a ainsi réagi le député et secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

Un arsenal très insuffisant

La faiblesse des résultats réalisés – quand bien même les auteurs de la loi anti-fraude promettent des scores exponentiels dans les années à venir – était largement prévisible. D’abord en raison de la faiblesse des moyens alloués : si une « police fiscale » composée de 25 officiers a bien vu le jour, les services de Bercy ont perdu beaucoup plus d’effectifs en 2019 et subiront une nouvelle purge de 2 000 postes en 2020. Ensuite, du point de vue de la philosophie : la loi votée l’an dernier permet aux grands groupes de négocier pour éviter tout procès. Ce mécanisme baptisé « convention judiciaire d’intérêt public » a permis à Google de payer 465 millions d’euros (en plus d’une amende de 500 millions) pour clore toutes les procédures de redressement engagées contre elle, pour des montants largement supérieurs. « Avec un tel traitement de faveur, les multinationales ne sont plus des justiciables comme les autres dans notre pays », dénonce Fabien Roussel.

La principale avancée de la loi vantée par Gérald Darmanin reste au final l’assouplissement du verrou de Bercy, puisque tous les dossiers de fraude fiscale au-dessus de 100 000 euros sont désormais directement transmis à la justice. Cela a amené l’autorité judiciaire à être saisie à 1 100 reprises entre le 1er janvier et le 30 septembre 2019 sur la question, soit deux fois plus que l’an passé. « Hormis [cela], cette loi reste une coquille vide », mesure Fabien Roussel, pour qui l’arsenal concocté par l’exécutif est très insuffisant. Un système de data mining (exploration de données – NDLR) visant à croiser les informations fiscales a, certes, permis de recouvrer 640 millions d’euros cette année et d’autres mesures n’ont pas encore été évaluées (les obligations de déclaration pour les plateformes en ligne, la déclaration des schémas d’optimisation transfrontaliers et la publication des sanctions administratives). Mais les mailles du filet restent, au final, bien trop lâches pour les champions de la fraude.

« Il faut créer un ministère dédié »

Il est toujours possible de « créer en quelques clics une société offshore dans des paradis fiscaux pour échapper aux radars du fisc », se désole Fabien Roussel. Le député ajoute que les multinationales peuvent comme auparavant faire remonter leurs bénéfices dans des paradis fiscaux via des pays membres de l’Union européenne. Et que les montages, via des trusts pour éviter de payer les droits de succession, sont toujours d’actualité. « Notre pays doit prendre la mesure du fléau et agir sans concession. Il faut stopper les suppressions de postes à Bercy, faire de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales la grande priorité nationale, créer un ministère dédié, renforcer la protection des lanceurs d’alerte, faire la lumière sur les agissements fiscaux des multinationales et instaurer une liste française des paradis fiscaux enfin crédible », liste-t-il. Aucune de ces propositions n’a pour l’instant retenu l’attention de l’exécutif en vue du prochain budget.

Aurélien Soucheyre

 

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 06:39

La réforme des règles de l’assurance-chômage, d’une ampleur inégalée, commencera à entrer en vigueur le 1er novembre, avant de fonctionner à plein à partir du printemps. « On va passer d’un système d’indemnisation chômage à un système d’accroissement de la pauvreté », dénonce la CFDT. Simulations à l’appui, Mediapart en détaille les conséquences catastrophiques pour les chômeurs.

Il y a à peine plus de deux ans, les ordonnances réformant à marche forcée le droit du travail étaient présentées par le gouvernement, sur fond de polémiques et de débats autour de la pertinence d’une telle réforme, et sur la légitimité de l’exécutif tout juste élu à la mener. Cette semaine, une autre secousse majeure va ébranler l’assurance-chômage et les 2,6 millions de Français qui touchent chaque mois de l’argent de Pôle emploi. « La plus grosse réforme de notre système depuis trente ans », souffle en coulisse un haut dirigeant dudit système.

Et pourtant, cette transformation radicale des règles régissant la façon dont les salariés sont indemnisés lorsqu’ils perdent leur emploi ne crée guère de controverse. Mis à part les alertes de certains internautes ayant saisi le sujet à bras-le-corps (par exemple ici et ), le silence reste profond au sujet d’une réforme qui s’apprête à entrer en vigueur – en deux étapes : une partie des changements s’appliqueront à tous ceux qui subiront une rupture de contrat de travail à partir du 1er novembre, et les modifications les plus conséquentes concerneront les ruptures à partir du 1er avril prochain.

Il y a deux ans, Mediapart avait détaillé ce que le gouvernement s’apprêtait à infliger aux salariés avec les ordonnances. Aujourd’hui, pour susciter le débat, il faut expliquer concrètement, simulations à l’appui, ce que l’exécutif va faire vivre aux demandeurs d’emploi, et souvent aux plus fragiles d’entre eux.

Des allocations mensuelles en baisse, divisées par plus de trois dans les pires des cas ; des centaines d’euros versés en moins sans beaucoup d’explications ; des modifications techniques entraînant des conséquences parfois désastreuses, et incohérentes avec le discours gouvernemental valorisant le travail et la reprise d’un emploi à tout prix… Voilà les conséquences attendues d’une réforme largement inspirée par les idées avancées dans une note de 2015 des économistes Corinne Prost et Pierre Cahuc. Ce dernier est très proche de Marc Ferracci, conseiller spécial de la ministre du travail Muriel Pénicaud, et par ailleurs témoin de mariage d’Emmanuel Macron.

Nos calculs (disponibles dans leur intégralité sous l’onglet Prolonger de cet article) sont basés sur les chiffres publics de l’Unédic, l’organisme qui gère le régime de l’assurance-chômage, et sur les simulations de l’association Solidarités nouvelles face au chômage et de l’un de ses animateurs, Jean-Paul Domergue, qui fut directeur juridique de l’Unédic jusqu’en 2015.

 

  • Le discours gouvernemental est trompeur

Le discours du gouvernement sur la réforme de l’assurance-chômage est loin d’être adapté à la réalité du tremblement de terre qui s’apprête à ébranler le régime. Certains à Pôle emploi, en contact direct avec les demandeurs d’emploi, ont bien saisi l’enjeu : dans quelques régions, on parle déjà de la possibilité de recruter des vigiles à partir du printemps, pour éviter les débordements d’allocataires mécontents.

La ministre du travail Muriel Pénicaud, elle, a tenu un tout autre discours lors de son dernier passage sur France Inter, le 22 octobre. Elle a défendu la réforme pied à pied, distillant au passage raccourcis, demi-vérités, voire mensonges purs et simples. « Oui, c’est un peu plus dur [qu’aujourd’hui], mais je trouve aussi logique que quand il y a de l’emploi, il soit pris, et que l’assurance-chômage serve de filet de sécurité entre deux emplois. […] Quand le marché est dynamique, eh bien, il faut aussi retourner à l’emploi »a-t-elle déclaré pour résumer la philosophie défendue par l’exécutif.

Certes, les chiffres du chômage sont encourageants. Les tout derniers, dévoilés le 25 octobre, indiquent une baisse des inscrits à Pôle emploi (catégories A, B et C), en chute de 0,4 % sur un trimestre et de 1,9 % sur un an.

Mais le reste des déclarations de la ministre est moins pertinent. Car le nouveau système de l’assurance-chômage ne sera pas simplement « un peu plus dur » : selon l’Unédic elle-même, sur les 12 premiers mois d’application à plein de la réforme (d’avril 2020 à mars 2021), les droits au chômage baisseront pour… la moitié des 2,6 millions de Français indemnisés.

Le prix à payer pour les demandeurs d’emploi, et en particulier les plus précaires d’entre eux, sera colossal : les nouvelles règles permettront d’économiser plus d’un milliard d'euros dès 2020, puis 2,2 milliards en 2021 et 2,5 milliards en 2022. Une somme nettement plus élevée que ce qu’avait laissé entendre en 2018 le gouvernement, qui comptait sur 1,3 milliard d’économies annuelles en moyenne.

« Une tuerie »a résumé le dirigeant de la CFDT Laurent Berger, pourtant habitué à mesurer ses critiques envers l’exécutif. « On va passer d’un système d’indemnisation chômage à un système d’accroissement de la pauvreté », insiste-t-il.

La ministre explique aussi que face à « un marché du travail très dynamique », il faut que les demandeurs d’emploi se responsabilisent. La preuve ? « 700 000 offres d’emploi, là, disponibles tout de suite », sont recensées sur le site de Pôle emploi. Des chiffres impressionnants, mais dont la réalité concrète est balayée par toutes les recherches sérieuses. Le sociologue Hadrien Clouet résume bien ici la vacuité d’un tel chiffrage, rappelant qu’outre la redondance des offres, la plupart ne correspondent pas à un temps plein. Et qu’elles seront par ailleurs très peu nombreuses (16 % seulement) à finalement ne pas être pourvues en raison d’un manque de candidats.

 

  • Cotiser 6 mois au lieu de 4 entraîne de lourdes conséquences

Muriel Pénicaud assure qu’il est légitime de demander aux chômeurs d’avoir travaillé pendant six mois sur une période de 24 mois (et non plus 4 mois sur 28 mois comme aujourd’hui) pour avoir droit au chômage. Il faudra donc avoir travaillé un jour sur quatre pendant la période de référence, contre un jour sur sept actuellement, et ce dès le 1er novembre. Le motif de ce saut énorme ? « On revient à ce qu’il se passait avant la crise il y a dix ans », assure la ministre.

Sous-entendu : des règles plus protectrices avaient été prises pour compenser les effets de la crise économique mondiale de 2008. Cet argument est faux, et a déjà été démenti plusieurs fois : le changement de règles de 2008 ciblait en fait « les jeunes de moins de 25 ans involontairement privés d’emploi ». Ces derniers avaient beaucoup de mal à cumuler six mois de travail en deux ans, et on ne voit pas pourquoi cela serait différent aujourd’hui.

Cette mesure, dont le gouvernement s’est gardé de parler pendant près d’un an de négociations avec les partenaires sociaux et qui n’a été présentée que quelques semaines avant la finalisation des décrets, pèse lourd dans la balance : elle permettra d’économiser un milliard d'euros par an en 2021 et 2022.

Mais dès les 12 premiers mois de sa mise en œuvre, cette mesure touchera négativement 710 000 personnes, estime l’Unédic. Des personnes fragiles, car « plus jeunes que la moyenne des allocataires » et disposant « de droits plus courts, avec des salaires plus bas »prédisait le directeur général de l’Unédic Pierre Cavard il y a un mois.

La ministre a par ailleurs opportunément oublié d’évoquer une mesure complémentaire de sa réforme, loin d’être anodine. Au nom d’une lutte contre le statut précaire des « permittents », ces demandeurs d’emploi qui travaillent régulièrement, mais sur de petites périodes, le gouvernement a supprimé le principe du rechargement des droits. Depuis 2014, il est prévu que si un chômeur travaille au moins 150 heures (environ un mois) pendant qu’il touche son allocation-chômage, il allonge d’autant la période pendant laquelle il peut toucher de l’argent de Pôle emploi.

Ce mécanisme est incontestablement bénéfique pour les chômeurs puisqu’il les incite à trouver un travail, même court et peu rémunéré. Mais il disparaît dès le 1er novembre : il faudra désormais aligner six mois de salariat minimum pour ouvrir de nouveaux droits.

Et la transition risque d’être brutale, alertent d’excellents connaisseurs du système. Ils sont plusieurs à douter que cette évolution, non expliquée et particulièrement surprenante, ait été comprise par les principaux concernés. Aux demandeurs d’emploi qui n’ont pas épuisé leurs droits et qui sont loin des six mois de travail supplémentaires désormais nécessaires pour les prolonger, ils recommandent carrément de ne pas travailler !

« Si vous aviez droit au départ à moins de six mois d’indemnisation, et que vous travaillez un peu pendant votre période de chômage pour accumuler des nouveaux droits, il faut changer vos habitudes, s’alarme un expert. Le nouveau système ne vous donne droit à une allocation qu’à partir de six mois de travail, et la bascule de l’un à l’autre peut avoir lieu à l’occasion d’un seul jour de boulot, alors même que vous n’avez pas consommé tout ce que le régime précédent vous offrait… Une journée chez un fleuriste pour la Toussaint, un extra dans la restauration, une pige si vous êtes journaliste, et vous pourrez ne plus avoir droit à rienC’est un vrai piège ! »

 

  • Nouvelles règles de calcul, énormes baisses possibles

La seconde vague de la réforme, au printemps, actera une redéfinition sévère des règles de calcul des indemnités. Au lieu d’être définies (comme elles le sont depuis quarante ans) à partir d’une moyenne des salaires touchés les jours travaillés par un salarié pendant un an, elles le seront à partir du revenu mensuel moyen, qu’il ait travaillé ou non, et sur une période pouvant aller jusqu’à deux ans.

Cette transformation majeure, directement transposée des préconisations de Pierre Cahuc, sous-tendait déjà les déclarations répétées des membres du gouvernement, déplorant qu’un chômeur sur cinq puisse toucher « une allocation chômage supérieure à la moyenne de leurs revenus » lorsqu’ils travaillent.

Cette antienne repose sur une arnaque intellectuelle, car elle nécessite de comparer entre elles des périodes de temps différentes, et que les règles de l’assurance-chômage sont ainsi faites que l’allocation ne peut jamais dépasser 75 % du salaire précédent. Mais peu importe les faits. Ce calcul biscornu a permis de justifier le fait qu’à compter du 1er avril, le « salaire journalier de référence » (SJR), qui sert de base à tous les calculs d’indemnisation, va plonger pour tous ceux qui ont travaillé de manière discontinue.

Dans un document interne datant du 11 septembre, Pôle emploi souligne d’ailleurs la « nécessité d’accompagner la réforme, notamment pour les allocataires avec une forte réduction du SJR ». Il y a en effet matière à « accompagnement » : selon l’Unédic, le nouveau mode de calcul fera chuter les droits de 850 000 nouveaux chômeurs, de 22 % en moyenne par rapport aux règles de calcul qui s’appliquaient jusqu’à présent.

La facture sera particulièrement salée pour les 190 000 personnes qui auront travaillé moins de la moitié du temps de la nouvelle « période de référence » de deux ans (ou trois ans pour les plus de 53 ans). Ils verront leur allocation mensuelle moyenne, déjà faible, baisser de… 50 %, passant de 868 euros à 431 euros en moyenne.

Ce que le gouvernement fait aux chômeurs (MEDIAPART - 28 OCTOBRE 2019 PAR DAN ISRAEL)

Que signifient ces chiffres ? Pour Nadia, une salariée ayant travaillé un mois sur deux pendant deux ans, pour 1 425 euros net par mois travaillé, et qui correspond à un profil classique des allocataires Pôle emploi, nos calculs sont éclairants.

Avant la réforme, Nadia aurait touché pendant un an 1 065 euros mensuels, une somme proche de la moyenne de 1 010 euros versée chaque mois par Pôle emploi aux demandeurs d’emploi indemnisés. Après la réforme, Nadia touchera seulement 705 euros, mais pendant deux ans.

Ce que le gouvernement fait aux chômeurs (MEDIAPART - 28 OCTOBRE 2019 PAR DAN ISRAEL)

Des droits qui baissent d’un tiers, mais versés potentiellement deux fois plus longtemps. C’est ce qui permet au gouvernement de défendre sa réforme, en soulignant que dans certains cas, le « capital de droits » que peut toucher un chômeur sera plus élevé.

C’est en effet le cas de Nadia. Avant la réforme, elle aurait touché, durant toute la durée d'indemnisation, au maximum 12 750 euros. Après la réforme, ses allocations totales pourraient atteindre 16 925 euros. Mais cette hausse des droits n’est que théorique : tous les chômeurs ne touchent pas l’intégralité de ce à quoi ils auraient droit avant de retrouver un travail. Selon l’Unédic, seuls 44 % des demandeurs d’emploi indemnisés épuisent totalement leurs droits. En moyenne, ils n’en consomment que 68 %, avant de sortir du chômage.

Par ailleurs, la situation de certains chômeurs pourra être bien plus problématique. En effet, l’indemnisation qui leur sera versée dépendra en grande partie de la façon dont seront réparties leurs périodes de travail. Avec des inégalités criantes, et absurdes. En effet, les nouvelles règles prévoient que la période de référence « personnalisée » pour chaque salarié s’étende du premier jour du premier contrat de travail jusqu’au dernier jour travaillé, sur deux ans maximum. Et quelles que soient les périodes non travaillées entre ces deux jours.

« Les salariés dont l’activité est discontinue et dont une part de l’activité se situe au début de la période de référence seront très désavantagés par rapport à ceux dont l’activité est concentrée sur les derniers mois de la période », analyse l’ancien responsable de l’Unédic Jean-Paul Domergue.

Les différences de traitement seront abyssales entre celui qui aura travaillé six mois d’affilée, pour qui le revenu mensuel moyen retenu ne sera composé que des mois où il a touché un salaire, et celui qui aura travaillé un mois au début de la période de référence, puis cinq mois à la fin de celle-ci : son revenu moyen prendra aussi en compte les 18 mois où il n’a pas travaillé, et donc rien touché. L’arbitraire est total, les salariés choisissant fort rarement leurs périodes de travail…

Nous avons exploré un cas type qui combine plusieurs modifications induites par les nouvelles règles. Et les résultats sont désastreux. Imaginons que Daniel ait travaillé 2 mois, puis qu’il ait été au chômage pendant 18 mois, avant de travailler à nouveau 4 mois. Après quoi il se serait inscrit à Pôle emploi.

Aujourd’hui, l’allocation de Daniel aurait été calculée sur la moyenne de ses salaires touchés durant les quatre mois précédents, puisqu’il suffit de 4 mois de salaires pour ouvrir des droits au chômage. Avec la réforme, il aura besoin de six mois de travail, et se verra donc appliquer un calcul englobant 6 mois de travail et 18 mois non travaillés. 

Ce que le gouvernement fait aux chômeurs (MEDIAPART - 28 OCTOBRE 2019 PAR DAN ISRAEL)

Résultat : là encore, après la réforme, le capital théorique total des droits est plus élevé, de 1 200 euros environ. Mais ce n’est pas avec 282 euros par mois qu’on paye son loyer ou qu’on se nourrit.

Les conséquences de la modification du calcul du SJR seront sans doute encore plus redoutables pour les chômeurs de plus de 53 ans. Pour eux, la durée de la période de référence n’est pas de 2 ans, mais de 3 ans. Une différence destinée à laisser plus de temps à cette population particulièrement fragile pour accumuler les salaires nécessaires à l’ouverture de leurs droits.

Mais avec la réforme, cette mesure de justice sociale se double d’un effet pervers injustifiable : si un salarié de plus de 53 ans étale sur trois années pleines ses six mois de travail nécessaires à l’ouverture de ses droits, le revenu moyen retenu pour calculer son allocation chômage sera encore diminué d’un tiers par rapport à celui de Daniel…

Dernier effet pervers à noter : le nouveau dispositif pourrait pousser certains à optimiser leurs mois de travail, afin que leur salaire journalier moyen soit le plus élevé possible. Par exemple, ils pourront éviter de prendre un travail rémunéré sur une courte période, s’ils craignent de connaître ensuite une longue période sans activité, voire, ils pourront s’arranger avec leur employeur pour que les feuilles de paie couvrent plusieurs mois consécutifs, même si cela ne correspond pas à la réalité.

Voilà qui est paradoxal, alors que le gouvernement a justement construit son discours en faveur de la réforme autour de la nécessité de mettre fin au supposé comportement d’optimisation qui existerait aujourd’hui. Et ce, même si la dernière étude disponible sur le sujet, publiée en 2017 par la Dares, montre que seuls 6 % des chômeurs sont actuellement susceptibles de se livrer à de telles pratiques.

 

  •  Pour beaucoup, la fin du cumul entre chômage et périodes d’emploi

La modification des règles de calcul du SJR cache une autre très mauvaise nouvelle pour les travailleurs précaires : dès le 1er avril, il sera bien plus difficile de cumuler petits boulots et allocation. Le gouvernement attend de cette mesure pas moins d’un milliard d’économies sur la période 2021-2022, bien qu’elle batte en brèche sa supposée priorité accordée à l’emploi. Et qu’elle vise les plus précaires des demandeurs d’emploi.

Aujourd’hui, si un demandeur d’emploi retrouve un job moins payé que son travail antérieur, Pôle emploi continue à l’indemniser partiellement. Demain, ce ne sera plus possible dans la plupart des cas. Le directeur général de l’Unédic a ainsi donné l’exemple d’un salarié touchant une indemnité de 500 euros, qui retrouve un boulot payé 400 euros par mois. Là où il toucherait aujourd’hui 220 euros d’allocation chômage en plus de son petit salaire, cela ne serait plus possible après la réforme.

Le cas de Sarah, que nous avons retenu, illustre bien le problème. Si elle a travaillé un mois sur deux pendant deux ans (pour 1 425 euros mensuels), puis retrouvé un petit boulot à mi-temps (rémunéré 730 euros) pendant qu’elle touche l’allocation chômage, elle aurait aujourd’hui pu cumuler son nouveau salaire, et une allocation de Pôle emploi ramenée à 385 euros par mois. Avec la réforme, ce sera fini, car son nouveau salaire brut dépassera tout juste le plafond de 75 % du SJR, à partir duquel toute indemnisation supérieure est interdite.

Ce que le gouvernement fait aux chômeurs (MEDIAPART - 28 OCTOBRE 2019 PAR DAN ISRAEL)

Des cas de ce type se multiplieront fatalement. Ils seront d’autant plus difficiles à justifier qu’ils concerneront une population fragile. En mars, l’Unédic avait dressé le portrait de ces « allocataires qui travaillent ». Près de 9 sur 10 vivent « dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au niveau de vie médian », et 40 % des ménages concernés par ce cumul emploi chômage vivent sous le seuil de pauvreté.

 

  • Les plus hauts salaires largement touchés

La réforme prévoit que les salariés ayant touché un salaire de plus de 4 500 euros brut verront leur allocation chômage diminuer de 30 % à partir du septième mois de chômage. La mesure sera en vigueur pour toutes les ruptures de contrat intervenues après le 1er novembre, ce qui signifie que les premières baisses d’allocations interviendront à partir du mois de mai.

Prenons l’exemple de François, qui touchait 4 500 euros net par mois avant de perdre son job. Sans la réforme, Pôle emploi lui aurait versé 3 056 euros par mois pendant deux ans maximum. Après la réforme, il n’aura plus droit qu’à 3 056 euros pendant 6 mois, puis à 2 085 euros durant les 18 mois suivants. Soit une baisse d’un quart de ses droits s’il va au bout des deux ans d’allocations.

Ce que le gouvernement fait aux chômeurs (MEDIAPART - 28 OCTOBRE 2019 PAR DAN ISRAEL)

Ce principe de dégressivité des allocations est unanimement refusé par tous les syndicats, CGT comprise, et battu en brèche par l’immense majorité des études économiques. Une étude de l’OFCE a ainsi rappelé fin 2017 que la dégressivité des allocations était tout sauf efficace. En outre, les observateurs les plus pessimistes craignent qu’en touchant d’abord aux droits des plus riches, le gouvernement ne cherche surtout à installer l’idée qu’il est possible de diminuer les allocations chômage, quelle que soit la population visée.

 

  • Une reprise en main par l’exécutif, des résultats incertains

Les diverses modalités de la réforme en cours, et ses conséquences immenses, témoignent d’une reprise en main jamais vue du régime d’assurance-chômage par l’État. C’est la fin d’un pilotage conjoint, en vigueur depuis 1958, par le patronat et les syndicats, qui se sont entendus pendant des décennies sur les règles et les modifications à leur apporter.

Ce changement total de philosophie – le montant des allocations chômage pourra être désormais défini chaque année par arrêté ministériel – n’est pas une surprise. Il est la conséquence directe des dispositions contenues dans la loi sur l’emploi et la formation votée en août 2018. Depuis octobre dernier, le financement de l’assurance-chômage a changé de nature, comme Mediapart le répète depuis presque 18 mois : aujourd’hui, les salariés ne se voient plus prélever sur leur salaire aucune cotisation chômage, cotisations qui alimentaient jusqu’à présent les caisses de l’Unédic. Désormais, ce sont les salariés, mais aussi les retraités et certains chômeurs, qui contribuent à financer les allocations chômage, via la CSG, un impôt directement versé à l’État, qui peut ensuite en disposer à sa guise.

C’est la fin de ce que l’on nomme le modèle assurantiel : chaque salarié versait une partie de son salaire pour s’assurer contre la perte de son emploi. Et comme le montre la réforme en cours, c’est aujourd’hui l’État qui décide quelle part de son budget doit être affectée au financement du régime, y compris en réduisant drastiquement le montant des allocations pour certaines catégories de Français.

Une fois actées, ces réductions majeures des allocations auront-elles un impact positif ? Pousseront-elles réellement ceux qu’elles visent à « retourner à l’emploi », comme le souhaite la ministre du travail ? Et cet emploi sera-t-il durable ?

On se gardera bien de l’assurer, en renvoyant à l’analyse du sociologue Didier Demazière, excellent connaisseur du comportement des demandeurs d’emploi. Nous l’avions interrogé l’an dernier sur l’efficacité du contrôle des chômeurs, et plus largement sur les effets des mesures « d’activation » des demandeurs d’emploi, dont la réduction des allocations est un exemple criant.

Le sociologue indiquait que les mesures d’activation aboutissent bien à une « accélération des sorties du chômage ». Mais il alertait sur les conditions de ces « sorties » : les demandeurs d’emploi risquent d’accepter « des emplois de très faible qualité : des contrats de très courte durée, avec des temps de travail très limités et évidemment des salaires très faibles », ou bien tout simplement « se retirer » du marché du travail, faisant baisser le taux de chômage apparent, mais pas le taux de chômage réel.

Surtout, insiste Didier Demazière, et contrairement à ce que laisse entendre Muriel Pénicaud, « l’acceptabilité des petits boulots est déjà très grande chez les chômeurs » : quand ils s’inscrivent à Pôle emploi, ils sont plus de 90 % à déclarer vouloir un contrat à durée indéterminée, à temps plein. Et pourtant, près de la moitié d’entre eux acceptent « des emplois temporaires de courte durée et à faible temps de travail ».

« Introduire de la contrainte, c’est entretenir cette idée qu’il y a des abus en nombre, qu’il faut sévir pour les réduire. Ce sont des idées qui sont en contradiction complète avec ce qu’on sait aujourd’hui des demandeurs d’emploi et de leur comportement », résume le sociologue.

Et ce, d’autant plus qu’on ne sait rien du comportement de tous ceux qui seront exclus de l’indemnisation. Combien demanderont à toucher le RSA ? Combien de ceux qui ne peuvent plus cumuler petits boulots et allocations toucheront la prime d’activité alors qu’ils n’y avaient pas toujours droit aujourd’hui ? Mystère, aucune étude d’impact n’ayant été réalisée à notre connaissance. Mais cette situation est loin d’être anecdotique, alors que l’exécutif vient de lancer une concertation sur la réforme des minima sociaux, qui pourrait elle aussi aboutir à diminuer les allocations versées aux plus pauvres.

 

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 06:31

 

Le Brésil de Lula a été l’objet des rêves d’une gauche européenne. Celui de Bolsonaro s’apparente à un cauchemar mené par d’anciens « Chicago Boys ». Saisir à la fois les échecs endogènes des gauches latinos et la soif de revanche d’une petite élite ultra-libérale peut clarifier un regard brouillé et clivé sur le géant lusophone.

 « Je hais les voyages et les explorateurs. » Le fameux incipit de Tristes Tropiques, que l’anthropologue Claude Lévi-Strauss écrit après ses séjours au Brésil, demeure pertinent pour la situation actuelle. Le Brésil est en effet l’objet des fantasmes d’une gauche européenne qui aime y faire du tourisme idéologique, mais aussi le laboratoire d’une certaine droite qui fait rimer exploration et exploitation.

L’Amérique latine en général, et le Brésil en particulier, est ainsi le lieu d’une double projection, les rêves de la gauche d’un côté, le cauchemar néolibéral de l’autre. Une situation qui brouille, depuis déjà longtemps, le regard que l’on porte ici sur ce qui se passe là-bas, et divise celles et ceux qui commentent ce qui s’y déroule. La victoire à l’élection présidentielle, il y a tout juste un an, de Jair Bolsonaro, catalysée par l’enfermement de l’ex-président Lula, a encore fait rejouer les failles et crispé les positions.

Les uns s’indignent ainsi du fait que toute une partie de la gauche européenne défende mordicus Lula et le Parti des travailleurs (PT), en dépit de faits de corruption avérés, et ne veulent voir dans l’ancien président qu’un « prisonnier politique ». Les autres ne décolèrent pas contre l’aveuglement politique de ceux qui ne s’interrogent pas sur les conditions de la reprise en main idéologique et économique du pays par une élite menée par d’anciens « Chicago Boys » décidés à prendre leur revanche sur le PT en appliquant au Brésil d’aujourd’hui les recettes mises en place dans le Chili de Pinochet.

Les Chicago Boys désignent ce groupe d’économistes sud-américains formés à l’université américaine sous la houlette de Milton Friedman, ayant mis en œuvre les réformes ultra-libérales de la dictature d’Augusto Pinochet entre 1973 et 1982. Le prix Nobel d’économie de 1976 avait en effet convaincu le général putschiste, plutôt acquis initialement à une vision planifiée de l’économie, de leur laisser les rênes pour expérimenter, à taille réelle, ses préceptes économiques : privatisations massives, restriction du rôle de l’État, ouverture des marchés, retraites par capitalisation, réduction des impôts…

Parmi les diplômés brillants qui rejoignent alors Santiago, un jeune Brésilien, Paulo Guedes, qui s’est notamment lié d’amitié, sur les bancs de l’université de Chicago, avec Jorge Selume Zaror, futur ministre du budget de Pinochet.

Or, Paulo Guedes est aujourd’hui le ministre le plus puissant du gouvernement Bolsonaro, à la tête d’un portefeuille qui fusionne ceux de l’économie, des finances, de l’industrie, de la planification, de l’emploi et du commerce extérieur. Cet ancien banquier est aussi l’homme qui, pendant la campagne électorale brésilienne, a activé ses réseaux pour faire d’un ancien militaire reconnaissant lui-même son absence de compétences en économie, un candidat adoubé par les milieux d’affaires.

En prenant ses fonctions, le super-ministre de l’économie a nommé plusieurs ex-Chicago Boys à des postes stratégiques. Roberto Castello Branco, diplômé de l’université où enseignait Milton Friedman au même moment que Paulo Guedes, a pris la tête de Petrobras, l’entreprise nationale pétrolière au cœur de la corruption de la classe politique brésilienne et des accusations contre Lula. Quant à l’économiste Rubem Novaes, également passé par cette université de Chicago, il a obtenu les rênes de la Banco do Brasil.

Comme l’expliquait alors aux Échos un autre économiste brésilien, Carlos Langoni : « Je plaisantais l'autre jour avec Paulo Guedes en lui disant : “Nous ne sommes plus des Chicago Boys, nous sommes des Chicago Grandfathers.” Mais il m'a immédiatement corrigé : “Il vaut mieux parler de Chicago Oldies.” »

Qu’ils préfèrent se faire passer pour des « grands-pères » ou des « anciens », ces ex-Chicago Boys prennent le contrôle économique du Brésil dans un contexte particulier, et avec une revanche à prendre. L’Amérique latine est en effet le continent où les mesures « d’ajustements structurels » du consensus de Washington, dont l’université de Chicago a été une des matrices intellectuelles, ont été appliquées avec le plus de vigueur et d’aveuglement.

Mais l’Amérique latine est aussi le lieu où ce même consensus a été le plus frontalement contesté par les leaders de gauche qui accèdent au pouvoir au tournant des années 2000 : Hugo Chávez au Venezuela en 1999, Luiz Inácio Lula au Brésil en 2002, Nestor Kirchner en Argentine en 2003, Evo Morales en Bolivie en 2005, Michelle Bachelet au Chili en 2006, Rafael Correa en Équateur en 2007…

Ces gouvernants n’ont en réalité pas grand-chose à voir les uns avec les autres, mais ils constituent néanmoins tous un moment de forte rupture politique et économique, d’autant plus dans les pays qui élisent alors, pour la première fois de leur histoire, des dirigeants qui ressemblent à leur peuple : un syndicaliste issu d’une famille nombreuse et très pauvre émigrée du Nordeste vers São Paulo au Brésil ou un Indien représentant des petits cultivateurs pour la Bolivie.

Pour la gauche européenne qui a encore du mal à se relever de la chute du mur de Berlin, l’Amérique latine devient alors un espace où elle peut projeter un autre récit que le Tina (There is no alternative) cher à Margaret Thatcher. Du Forum social mondial dont la première édition se tient à Porto Alegre en 2001 pour structurer la dynamique altermondialiste enclenchée dans les contestations contre l’OMC, jusqu’à l’intérêt de nombreux mouvements écologistes et climatiques envers les thématiques des droits de la Terre Mère ou du « buen vivir » promues en Équateur ou en Bolivie, l’Amérique latine devient alors un territoire d’espoir pour les gauches européennes.

« Le Brésil, laboratoire mondial »

Observées depuis la fin des années 2010, ces expériences progressistes laissent un goût amer et le sentiment d’une fin de cycle, puisqu’elles s’avèrent au mieux inabouties, au pire perverties. La « révolution bolivarienne » au Venezuela a conduit à un effondrement économiquepolitique et anthropologique du pays, marqué par un exode dont l’ampleur n’est guère comparable qu’à la Syrie.

Rafael Correa, présenté comme un héros et héraut progressiste, n’a jamais hésité à piétiner et intimider la presse et fait le choix d’une économie extractiviste en opposition avec les principes affichés dans la Constitution inédite qu’il avait fait adopter. Les angles morts d’Evo Morales sont également nombreux, en premier lieu sa promotion d’une agro-industrie incompatible avec les « droits de la nature » et le respect de la Terre Mère.

Quant au Parti des travailleurs, si la politique volontariste de Lula a effectivement permis, notamment grâce à la Bolsa Familia, la sortie de millions de Brésiliens de la pauvreté, le leader historique du PT ne s’est pas attaqué au système de corruption endémique, laissant ainsi prospérer les intérêts des grandes industries du pays, même quand ils étaient en contradiction avec ceux des travailleurs qu’il était censé défendre.

Nombre de ces expériences latino-américaines, qui allaient parfois jusqu’à prétendre inventer des formes nouvelles de socialisme ou d’éco-socialisme, ont ainsi laissé intacts plusieurs fondamentaux du capitalisme mondialisé, en dépit de discours frontalement, mais souvent formellement, en rupture avec le consensus de Washington : surexploitation des ressources naturelles, champ libre laissé aux spéculations financières, subordination des politiques sociales aux intérêts des poids lourds des industries nationales…

Accuser la seule action souterraine de l’Empire américain, ou de forces néolibérales abstraites, comme le font en particulier les derniers défenseurs du régime vénézuélien, pour expliquer les échecs, demi-mesures ou trahisons des gauches latinos, serait aussi paresseux que de raisonner uniquement en termes de flux et de reflux : une vague de droite succédant à une déferlante de gauche.

De façon similaire, refuser de voir les impasses et les manques des expériences progressistes du continent latino-américain serait aussi inconséquent que de fermer les yeux sur la volonté qui s’est manifestée de clore définitivement l’expérience du PT au pouvoir en la réduisant à une parenthèse néfaste et en enfermant et délégitimant son leader historique.

Le Brésil représente en effet davantage que le Brésil, au sens où la victoire de Lula a été un des premiers emblèmes, à l’échelle d'un pays-continent, d’une contestation effective du consensus de Washington. Une rupture dont l'effet a été d'autant plus sensible dans un pays marqué par des décennies de mesures outrageusement inégalitaires à l’avantage d’une petite élite rarement exempte de liens endogamiques entre les secteurs politiques, économiques, voire judiciaires et journalistiques.

À cet égard, la nomination du juge fédéral Sérgio Moro, au cœur de la lutte contre la corruption et de l’enfermement de Lula, au poste de ministre de la justice de Bolsonaro, qu’il a osé décrire, contre toute évidence, comme un homme « pondéré », « sensé » et « modéré » a légitimement soulevé des soupçons d'instrumentalisation de la justice à des fins politiques, surtout depuis les révélations du média en ligne The Intercept mettant en cause l’impartialité du juge dans ses investigations.

Le Brésil de 2019 n’est pas comparable, terme à terme, au Chili de 1979. Mais l’arrivée aux commandes à Brasília de Chicago Boys devenus grands-pères à de quoi inquiéter, si on saisit bien le moment de durcissement dans lequel le néolibéralisme est engagé pour continuer à imposer des mesures insoutenables socialement et écologiquement.

Ainsi que l’écrivait récemment le philosophe brésilien Vladimir Safatle : « Il est possible que le Brésil soit aujourd’hui un laboratoire mondial dans lequel sont testées les nouvelles configurations du néolibéralisme autoritaire, où la démocratie libérale est réduite à une simple apparence. L’une des conséquences les plus visibles de ce système, c’est la soumission de toute politique environnementale aux intérêts immédiats de l’industrie agroalimentaire. »

Or, c’est dans les dictatures sud-américaines, et au Chili en particulier, que ce néolibéralisme autoritaire a été expérimenté, ainsi que le philosophe Grégoire Chamayou l’a analysé, en rappelant notamment les visites de Friedrich Hayek à Pinochet ou encore son séjour dans l’Argentine de la dictature militaire, sans compter, de ce côté-ci de l’Atlantique, le projet de Constitution que l’économiste envoya au dictateur portugais Salazar après sa prise de pouvoir.

Le chercheur citait notamment un entretien donné par le théoricien britannique de l’ultra-libéralisme à un journal chilien, en 1981, dans lequel il explicitait sa position : « Personnellement, je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique sans libéralisme. »

Après le Chili, le Brésil est-il donc en train de devenir le nouveau terrain de jeu des apprentis sorciers prêts à passer par-dessus bord la démocratie au nom de l’application à marche forcée de leurs logiques économiques ? Dirigé par un nostalgique de la dictature, le Brésil a en tout cas installé à la tête de son économie, un homme, Paulo Guedes, dont la réforme phare est une réforme radicale des retraites, passant d’un système de répartition à un système par capitalisation.

Une réforme modelée sur celle mise en place au Chili à la fin des années 1970, lorsque Paulo Guedes y vivait et travaillait, par José Piñera, ancien ministre du travail de Pinochet. Un homme qui se trouve être aussi le frère de l’actuel président chilien, premier chef de l’État chilien depuis Pinochet à avoir envoyé l’armée dans les rues de Santiago pour mater et tuer les manifestants contestant les politiques néolibérales et inégalitaires qu’il a mises en œuvre…

 

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 06:00

 

Extrême droite. Sept moments clés d’une dangereuse banalisation
Jeudi, 24 Octobre, 2019

Débat mis en scène sur l’immigration, polémique autour du voile, émission d’Éric Zemmour… Les dernières semaines ont été un condensé de la normalisation des thèses les plus rances à l’œuvre depuis près de quarante ans.

 

Elle vient de loin la banalisation de l’extrême droite, entre médiatisation poussée, emprunt direct à son programme ou campagne sur ses thèmes de prédilection : retour sur les étapes qui ont contribué à cristalliser la montée progressive du Rassemblement national.

1. Le coup de pouce de François Mitterrand

En 1983, Jean-Marie Le Pen, dont le parti n’a pas encore de gros succès électoral (il ne fera que 10 % aux européennes de 1984), adresse une lettre à François Mitterrand pour se plaindre de l’ostracisme dont son parti et lui-même sont victimes. Le chef de l’État s’en ouvre au patron de la chaîne publique Antenne 2. Le Pen est l’invité de l’Heure de vérité, le 13 février 1984, où sa repartie lui ouvre les studios pour longtemps, et il se félicite que « l’omerta (ait) été rompue ». Pas forcément une stratégie mitterrandienne poussée, mais au début des années 1980, rappelle l’historienne Valérie Igounet, Pierre Bérégovoy, secrétaire général de l’Élysée, émet ce commentaire révélateur : « On a tout intérêt à pousser le FN, il rend la droite inéligible. C’est la chance historique des socialistes. »

2. 1989, le foulard à Creil, une aubaine

Le 18 septembre 1989, trois adolescentes voilées cessent de fréquenter un collège de Creil (Oise), sur la demande du principal, Ernest Chénière. Il écrit qu’« une vingtaine de jeunes israélites ne viennent pas le samedi matin, ni le vendredi soir pendant l’hiver. Les professeurs ne peuvent plus l’accepter ». C’est le voile pourtant qui déchaînera seul les passions. L’Humanité du 6 octobre 1989 écrit la « volonté de mettre l’islam au ghetto, relents de racisme, démission éducative ». Lionel Jospin, ministre de l’Éducation, se défausse sur le Conseil d’État. Lequel consacre la liberté de conscience et conclura par l’impossibilité d’adopter une loi générale d’interdiction du voile à l’école. Le FN en profite pour réclamer un « référendum sur l’affaire du tchador ». Et ceux qui portent des croix ? « Ils la portent car ils sont chez eux », répond alors Jean-Marie Le Pen. Le débat est lancé pour longtemps.

3. Années 1990, le flirt poussé de la droite

Le retour de la droite aux affaires en 1986 et les scores du FN font qu’Alain Juppé, en 1990, à la tête du RPR, organise avec l’UDF des états généraux de l’immigration. « Nous n’acceptons ni la xénophobie ni la francophobie », clame Valéry Giscard d’Estaing à la tribune. Dans le texte de synthèse, il était question de fermeture des frontières, de suspension de l’immigration, de prestations sociales réservées aux Français et de l’incompatibilité de l’islam avec la République. En 1991, Chirac, lors d’un banquet du RPR, dénonce « le bruit et l’odeur » d’immigrés forcément polygames, jugeant que « c’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence ». L’homme qui avait instauré en 1976 le regroupement familial change de pied, et, selon Franz-Olivier Giesbert, juge que Le Pen père « répète certaines choses que nous pensons ».

4. Des régionales de la honte au choc de 2002

Le dimanche 15 mars 1998, le FN obtient 275 élus. Dans 12 régions, les conseillers FN sont indispensables à la droite pour élire un président issu de ses rangs. Le Front national propose un accord évacuant l’immigration ou la préférence nationale. La droite se déchire entre partisans d’un cordon sanitaire, tel Philippe Séguin, et d’autres, tel Didier Julia en Île-de-France, qui estiment que « l’on ne va pas perdre la région pour quelques voix ». Dans sept régions, le président de droite est élu avec les voix du FN. Trois démissionnent aussitôt (Franche-Comté, Centre, Haute-Normandie). Quatre autres s’accrochent ; Jacques Blanc (UDF) en Languedoc-Roussillon, Charles Millon (UDF) en Rhône-Alpes, Charles Baur (UDF) en Picardie et Jean-Pierre Soisson en Bourgogne. L’épisode contribue à augmenter la porosité électorale entre droite et FN, et permettre à celui qui, depuis la présidentielle de 1988, fait grosso modo 15 % des voix de passer en 2002 à 16,86 %. Suffisant, dans un contexte de division et de bilan contesté à gauche, pour se retrouver au second tour de la présidentielle, et percer une première fois ce plafond de verre.

5. Avec Sarkozy, l’emprunt direct des idées

Décomplexé sur l’argent, l’ancien président l’était aussi envers les idées du FN. Élu en 2007 en captant l’électorat frontiste, il crée un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale, et du « Développement solidaire » pour adoucir l’intitulé. Comme ministre de l’Intérieur auparavant, il élabore la loi du 24 juillet 2006 réformant accueil des étrangers et droit d’asile, instaurant légalement, selon le Gisti, « l’étranger jetable ». En 2010, le discours de Grenoble envisage la déchéance de nationalité. Sarkozy croit ainsi assurer sa réélection en 2012, il ne fait que… ramener la gauche à l’Élysée.

6. La déchéance d’Hollande laisse des traces

C’est à la suite du drame des attentats de novembre 2015 qu’au nom de « l’unité nationale », François Hollande et son premier ministre, Manuel Valls, reprennent des mesures tout droit sorties du programme du FN. La plus emblématique et décriée par une partie de la majorité : la déchéance de nationalité. Le matin de ces annonces, c’est le refrain du « choc des civilisations » qu’entonnait Manuel Valls : « Nous sommes attaqués parce que nous sommes la France, (…) c’est un combat de valeurs, c’est un combat de civilisations. » Dans la foulée, les régionales de décembre 2015 permettent au Front national de marquer de 9 à 23 points de plus qu’en 2010, au point d’imposer la disparition de la gauche de certains hémicycles. Le pouvoir ne change pas de cap pour autant : les prorogations de l’état d’urgence se multiplient jusqu’en 2017, banalisant un peu plus la restriction des libertés publiques, jusqu’à l’interdiction de manifestations.

7. Un duel avec le RN orchestré par le président

Le début du quinquennat avait été plutôt épargné. Mais à la rentrée, dans un contexte social qui s’annonce des plus tendu pour le gouvernement, les projecteurs sont à nouveau braqués sur la question de l’immigration, pourtant loin d’être la priorité des Français dans les sondages d’opinion. Emmanuel Macron organise cependant un débat dédié à l’Assemblée au cours duquel, il fait sienne l’une des marottes du Front national devenu Rassemblement national, tout en faisant mine de s’en distancier : s’il serait « ridicule » de supprimer l’aide médicale d’État, il faut néanmoins « l’évaluer » et corriger les « excès ». Mais c’est encore à la suite d’un attentat, celui de la préfecture de police de Paris, que les enchères s’envolent. « Société de la vigilance » et appel à « détecter les signaux faibles » de radicalisation, d’abord ; polémique sur la place du voile dans la société à l’initiative d’un ministre de la République, ensuite. Loin de toutes les revendications des gilets jaunes, Emmanuel Macron avait déjà invité le thème de l’immigration dans les conclusions de son grand débat national. Une façon de maintenir un contexte propice à la mise en scène de son duel avec le RN. Un clivage « progressiste » contre « nationaliste » qu’il entend rejouer à chaque occasion, pas inquiet à l’idée de se brûler à force de jouer avec la flamme.

Julia Hamlaoui et Lionel Venturini
Extrême-droite. Sept moments clés d'une dangereuse banalisation (L'Humanité, 24 octobre 2019, Lionel Venturini et Julia Hamlaoui)
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29 octobre 2019 2 29 /10 /octobre /2019 06:32

Ce mardi 29 octobre, la droite sénatoriale dépose un projet de loi qui sera soumis au scrutin pour modifier la loi régissant l’application des principes de laïcité à l’école. En fait, son texte attaque exclusivement les femmes musulmanes porteuses d’un « voile », accompagnant les enfants des écoles primaires en sortie scolaires.

 

 

Nul ne peut ignorer que ce débat intervient après les propos d’Eric Zemmour (récemment condamné pour provocation à la haine religieuse) à la "convention de la droite" organisée par Marion Maréchal Lepen, le 28 septembre dernier, qui a consisté en une virulente dénonciation de l'islam, après le dérapage raciste contrôlé d’un élu d’extrême-droite identitaire au Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Il est choquant que le ministre de l’Éducation nationale ait emboîté le pas, à plusieurs reprises. Ce faisant, il créé un problème là où il n’y en a pas. Sur les 12. 865.650 enfants et 1.146.300 enseignant.e.s et personnels, selon les chiffres même de son ministère, on comptait 900 signalements pour des faits de prosélytisme, dont la grande majorité sont le fait d’élèves de toutes les religions. C’est à l’unité que se comptent les actes prosélytes de la part de femmes porteuses d’un « voile ».

Cette polémique meurtrit profondément la société française et en particulier nos concitoyens musulmans, les parents d’élèves, les enfants et les enseignants. Elle met à mal l’unité de la Nation autour des valeurs républicaines et laïques qui nous sont chères.

Le désir d’égalité est au cœur des mouvements sociaux depuis maintenant plusieurs années. En agitant le « voile », l’extrême-droite, la droite et une partie du gouvernement utilisent la vieille ficelle du « diviser pour mieux régner ». 

Au moment où les directrices et directeurs d'écoles, les enseignant·e·s nous alertent sur leurs dures conditions de travail, ne tombons pas dans le piège. Mobilisons au contraire tous les moyens financiers et humains pour faire vivre nos services publics dans chaque ville et village de la République.

 

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29 octobre 2019 2 29 /10 /octobre /2019 06:26

 

Le chef de Daech, Al Baghdadi, a été tué par un commando états-unien. Il était près d’une base militaire turque en Syrie. Le président Trump veut redorer son blason après avoir lâché les Kurdes et prendre la main sur l’or noir du Nord-Est.

Le chef de l’organisation dite de l’« État islamique » (EI ou Daech selon son acronyme arabe) Abou Bakr Al Baghdadi a été tué dans la nuit du 26 au 27 octobre, lors d’une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie. La nouvelle, qui avait d’abord été révélée par certains médias américains, a été officialisée, dimanche, par Donald Trump. « Il n’est pas mort comme un héros, il est mort comme un lâche », a-t-il martelé, précisant qu’il s’était fait exploser avec sa « veste » chargée d’explosifs, alors qu’il s’était réfugié dans un tunnel creusé pour sa protection. Trois de ses enfants sont morts avec lui. « C’était comme regarder un film », a-t-il raconté, relatant comment il avait visionné en temps réel le raid américain grâce à des caméras embarquées par les forces spéciales. « Capturer ou tuer Baghdadi était la priorité absolue de mon administration », a-t-il ajouté.

« Les cellules dormantes vont vouloir le venger»

Si cette mission a été accomplie uniquement par des militaires américains, elle a bénéficié, selon l’aveu même du locataire de la Maison-Blanche, de l’aide d’un certain nombre de pays. « Merci à la Russie, à la Turquie, à la Syrie, à l’Irak et aux Kurdes syriens », a-t-il précisé. Les uns, les Kurdes et les Irakiens dans le domaine du renseignement, les autres pour avoir laissé les huit hélicoptères emmenant les commandos survoler les zones qu’ils contrôlent. Et puis, au détour d’une phrase, cette information très révélatrice : « La Turquie savait où on allait. » Le village où se trouvait Al Baghdadi depuis moins de 48 heures, Baricha, ne se trouve pas dans la zone frontalière irako-syrienne, à l’est, mais au contraire à 5 kilomètres à peine de la frontière turque, à quelques encablures de la ville d’Idleb toujours sous domination islamiste et djihadiste. Un village chrétien dont la signification est « saint Jésus ». Et puis, étrangement, près de Baricha, a été établie une base militaire turque…

Ce qui est sans doute plus important est de constater d’abord qu’Al Baghdadi a été purement et simplement livré. Il n’était plus d’aucune utilité, notamment pour la Turquie. Il devenait même gênant, y compris pour d’autres groupes djihadistes comme Hayat Tahrir al-Cham dirigé par Abou Mohammed Al Joulani, qui, auparavant avait fondé le Front al-Nosra (al-Qaida en Syrie). Un groupe qui n’a rien à envier à Daech quant aux exactions et à la violence à l’encontre de tous ceux et tout ce qui n’est pas eux. On peut penser qu’un deal a été passé entre la ­Turquie et les États-Unis. Notamment lors du déplacement du secrétaire d’État américain Mike Pompeo à Ankara, alors que se déroulait l’offensive Source de paix, déclenchée par le président Recep Tayyip Erdogan avec le feu vert implicite de Washington, qui venait d’annoncer le retrait de ses troupes. Cet été, déjà, des pourparlers américano-turcs avaient abouti à des accords secrets.

Sans aucun doute, l’annonce de la disparition d’Abou Bakr Al Baghdadi permet au président américain de redorer son blason, bien écorné avec notamment ce lâchage en rase campagne des Forces démocratiques syriennes (FDS), obligées de se désengager des principales positions qu’elles tenaient depuis 2012. Des FDS qui ne sont pas au bout de leurs peines et s’attendent à des représailles de la part de Daech. « Les cellules dormantes vont venger Baghdadi. Donc, on s’attend à tout, y compris à des attaques contre les prisons » gérées par les forces kurdes où sont détenus des milliers de djihadistes, a indiqué à l’AFP Mazloum Abdi, commandant des FDS. Dans un communiqué, ces dernières alertent d’ailleurs sur le fait que des combattants de Daech et certains hauts dignitaires de cette organisation ont déjà trouvé refuge dans ces zones occidentales de la Syrie contrôlées par l’armée turque.

Maintien des soldats américains sur le sol syrien

Évidemment, la concomitance de cette opération contre Al Baghdadi avec l’annonce du maintien – contrairement à ce qui a été dit – de soldats américains sur le sol syrien ne peut que susciter de nombreuses questions. Vendredi, le chef du Pentagone, Mark Esper, déclarait : « Nous prenons maintenant des mesures pour renforcer notre position à Deir ez-Zor, et cela inclura des forces mécanisées pour nous assurer que le groupe “État islamique” n’aura pas accès à une source de revenus qui lui permettrait de frapper dans la région, en Europe, aux États-Unis. » Les champs pétroliers de la province de Deir ez-Zor (est de la Syrie), non loin de la frontière irakienne, sont les plus grands du pays. Quelque 200 soldats américains y sont stationnés. « Nous examinons ­comment nous pourrions repositionner nos forces dans la région afin d’assurer la sécurité des champs pétroliers », a ajouté Esper, tout en réaffirmant que « la mission en Syrie reste ce qu’elle était au départ : vaincre ­l’“État islamique” » De son côté, le ministère russe de la Défense a dénoncé « ce que Washington fait actuellement – saisir et placer sous contrôle armé les champs de pétrole de l’est de la Syrie – (qui) relève tout simplement du banditisme international ».

En réalité, Donald Trump, probablement emporté par son élan lors de la conférence de presse donnée hier matin, a vendu la mèche. « Le pétrole, ça vaut beaucoup pour de nombreuses raisons », a-t-il dit. ­Notamment : « Ça peut nous aider parce qu’on devrait pouvoir (en) récupérer une partie. J’ai l’intention peut-être de faire appel à Aramco (la compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures – NDLR) ou à une autre de ces sociétés pour qu’elles investissent là-bas. Il y a beaucoup de réserves, mais ce n’est pas suffisamment exploité. »

Quelques minutes auparavant, il avait déjà affirmé, à propos de cet or noir situé dans les sous-sols du territoire syrien, que « peut-être il faudra se battre pour sécuriser le pétrole. Peut-être que quelqu’un d’autre voudra le pétrole, il faudra qu’il se batte avec nous (…) Nous sommes prêts à négocier de manière équitable ou bien on l’arrêtera avec nos soldats ». Et de relever que « les Turcs se sont bien battus » et qu’ensuite « cela a été plus facile de discuter avec les Kurdes, de leur dire de se pousser de quelques kilomètres (…) Les Turcs voulaient une zone de sécurité, on est contents de les avoir aidés ».

L’élimination d’Al Baghdadi, pour importante qu’elle soit, ne règle pas grand-chose. D’autant que le jeu trouble de la Turquie, comme relevé plus haut, pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les populations du Nord-Est syrien. Avec l’armée turque, y sont entrés des supplétifs, dont beaucoup d’anciens membres d’al-Qaida et de Daech. Depuis la suspension de l’offensive, le 17 octobre –, dans le cadre d’un accord entre Moscou et Ankara –, émaillée de bombardements et de combats sporadiques, 46 civils ont été tués et 40 membres des FDS ont péri, contre 26 combattants pro-Turcs. Loin de respecter le cessez-le-feu, les supplétifs de l’armée turque tentent de conquérir de nouveaux villages à l’est de Ras al-Aïn et aux alentours de la ville de Manbij.

Al Baghdadi est mort, mais depuis de longs mois maintenant, son poids dans l’Organisation n’était plus le même. Et, comme l’Hydre de Lerne, pour vaincre Daech il ne suffit pas de couper les têtes qui repoussent, mais en finir avec la bête en arrêtant de la nourrir.

Pierre Barbancey

 

 

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29 octobre 2019 2 29 /10 /octobre /2019 06:23

 

La formation de gauche remporte près de 30 % des suffrages à l’élection du parlement du Land. L’AfD arrive en seconde position. La constitution du nouvel exécutif s’annonce difficile.

Le résultat de l’élection de Thuringe souffle le chaud et le froid sur un spectre politique toujours plus ébranlé outre-Rhin. Le bon résultat de Die Linke constitue la partie la plus rassurante de ce scrutin pour le renouvellement du parlement du Land. Le parti qui avait pu, à l’issue du rendez-vous électoral précédent en 2014, constituer une coalition de gauche avec le SPD et les Verts, et faire accéder son dirigeant, Bodo Ramelow, au siège de ministre-président du Land (voir son entretien dans notre édition du jeudi 24 octobre), arrive largement devant toutes les autres formations, améliorant même son résultat d’il y a cinq ans. Il réalise, selon les premières projections communiquées hier à la fermeture des bureaux de vote, quelque 29,5 % (+1,3 %). Par contre, la nouvelle poussée de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) qui rassemble 24 % des suffrages (13,5 %), une extrême droite emmenée dans le Land par l’un de ses leaders nationalistes les plus radicaux, proche du mouvement Thügida (La Thuringe contre l’islamisation de l’occident) et s’emploie à banaliser le IIIe Reich, résonne comme un nouveau coup de tonnerre dans un climat politique délétère.

Nouvel effondrement des partis de la grande coalition

Le scrutin enregistre un nouvel effondrement des partis de la grande coalition. Donnée à 22,5 %, la CDU, qui avait géré le Land sans interruption depuis 1990, avant d’être battue par la coalition de gauche emmenée par Ramelow, perd encore 11 points. Le SPD, lui, passe nettement sous la barre des 10 % (8,5 %, soit - 3,9 points), ce qui devrait exacerber encore le débat interne avant un congrès en décembre, où le parti doit choisir entre la poursuite de l’alliance avec la CDU à Berlin et une rupture, qui signifierait la convocation d’une élection anticipée du Bundestag.

Les scores des partenaires de gauche de Die Linke – celui du SPD, mais aussi, à la surprise générale, des Verts qui n’obtiennent que 5,5 % des voix (- 0,2 %) – hypothèquent la reconduction de la coalition de gauche sortante, qui compterait seulement un total de 43,5 % des voix.

Il paraît toutefois exclu qu’AfD et CDU gouvernent ensemble, le chef de file des chrétiens-démocrates, Mike Mohring, ayant affirmé une opposition déterminée à une telle alliance. Devant cette situation où aucune combinaison d’alliance entre partis démocratiques n’obtiendrait de majorité, l’hypothèse d’un gouvernement minoritaire que continuerait de piloter Bodo Ramelow ou d’une nouvelle élection était le plus souvent évoquée hier soir, avant que ne soit connue la répartition définitive des sièges au sein du Parlement.

Dans ce climat très lourd, la performance de Die Linke tient, au-delà de l’indiscutable charisme de son chef de file, à la résistance tous azimuts engagée par le parti contre la xénophobie et la démagogie des nationaux-libéraux. Preuve lugubre de cette montée en première ligne du parti : une de ses députées sortantes, Katharina König-Preuss, qui préside une commission antifasciste au parlement de Thuringe, a été menacée de mort à quelques heures de la fin de la campagne. Chargée initialement d’enquêter sur un gang terroriste néonazi originaire du Land qui défraya la chronique jusque dans les années 2000 en s’illustrant par une chevauchée sanglante (10 morts) contre des propriétaires ou des clients de kebabs, Katharina a reçu chez elle une sentence au contenu plus qu’explicite : « Ta mort sera cruelle. C’est pas la question (…) Tu vas passer du parlement du Land à la civière. » Interpellée par la presse, la courageuse élue a fait savoir : « Je ne crois pas qu’un néonazi puisse décider du moment de ma mort. » Ambiance. La Thuringe, l’Allemagne ont plus que jamais besoin de Die Linke.

Bruno Odent

 

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