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16 novembre 2019 6 16 /11 /novembre /2019 06:24
La grande majorité de la population estudiantine est en souffrance (Pierre OUZOULIAS Sénateur Communiste du groupe CRCE – 13 novembre 2019)

Plus d’un étudiant sur deux ne mange pas tous les jours à sa faim. Près d’un sur deux a renoncé à se soigner par manque d’argent. Il n’y a que 175 000 places en résidence étudiante pour 700 000 étudiants boursiers, et le loyer représente plus de 70 % du budget moyen des étudiants. Plus d’un étudiant sur deux est obligé de travailler pour étudier et subsister, et les étudiants salariés occupent les emplois les plus précaires, les plus harassants et les moins rémunérés ; ainsi, ils composent près de 60 % de la main-d’œuvre des plateformes de prestations.

À tout cela s’ajoutent des conditions d’enseignement indignes et un sous-encadrement pédagogique chronique.

La grande majorité de la population estudiantine est en souffrance. L’aggravation de ses conditions d’existence conduit à la désespérance, à des drames humains et à des gestes désespérés comme celui d’Anas, qui sont autant de cris de détresse que vous ne pouvez ignorer.

Les conséquences de ce mal-être endémique sont catastrophiques pour notre pays : de moins en moins d’étudiants poursuivent un cursus complet, le nombre de doctorants baisse chaque année et la fuite des cerveaux est maintenant manifeste.

Or, à cette crise majeure, vous répondez par une baisse des moyens alloués à l’enseignement supérieur. La dépense par étudiant atteint aujourd’hui son plus bas niveau depuis 2008, et il n’y a dans votre projet de loi de finances aucune ambition d’arrêter cette chute. À la jeunesse qui souhaite s’investir dans la connaissance, la culture et les œuvres de la pensée, vous envoyez le message détestable qu’elle ne serait qu’une charge, un fardeau improductif qu’il faudrait continûment alléger ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées du groupe SOCR. – M. Jean-Pierre Corbisez applaudit également.)

 

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.

 

M. Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Ouzoulias, vous abordez une réalité, une dure réalité : la précarité étudiante, parfois la misère étudiante.

Cette réalité a été remise en lumière par la tragique immolation d’un jeune, vendredi dernier, à Lyon. C’est évidemment vers lui, ses proches et la communauté étudiante et universitaire de Lyon que nos pensées se tournent aujourd’hui. Frédérique Vidal s’est rendue sur place dès samedi pour échanger avec eux.

Cette réalité, à laquelle nombre des gouvernements qui se sont succédé ces dernières années avaient cherché à répondre, nous avons choisi de la prendre à bras-le-corps. C’est ainsi que nous avons supprimé la cotisation de sécurité sociale de 217 euros qui était payée par les étudiants à chaque rentrée. De même, nous avons annoncé, voilà deux mois, une augmentation des bourses à hauteur de 46 millions d’euros. En outre, les bourses sont désormais versées à date, le 5 du mois – et même, par anticipation, en début d’année pour les étudiants qui ont constitué leur dossier.

Ces progrès sont concrets et tangibles ; on ne peut pas les nier.

 

Mme Cécile Cukierman. La précarité non plus, on ne peut pas la nier !

 

M. Gabriel Attal, secrétaire d’État. Évidemment, des situations difficiles demeurent ; évidemment, il faut poursuivre l’effort et faire mieux connaître les dispositifs d’aide – quasiment cinquante – qui existent à l’université. Je pense en particulier aux aides pour les situations d’urgence.

De fait, la précarité peut s’ajouter à la précarité en cas de rupture ou lors de tout autre moment difficile. L’enquête en cours à Lyon vise à déterminer si l’université et le Crous étaient informés de la situation très difficile de ce jeune et à comprendre pourquoi les aides disponibles ne lui ont pas été proposées.

Poursuivre l’effort, c’est aussi le sens du revenu universel d’activité : la concertation sur ce sujet doit nous conduire à repenser une partie de l’accompagnement social des jeunes. Nous sommes résolus à continuer dans cette voie.

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16 novembre 2019 6 16 /11 /novembre /2019 06:18

 

 

 

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 était très attendu par les professionnels de santé et paramédicaux mobilisés et en grève depuis six mois. Ils seront d’ailleurs de nouveau dans la rue le 14 novembre.

Mes collègues du groupe CRCE et moi-même serons à leurs côtés, car leurs revendications sont légitimes.

Mais voilà, madame la ministre, vous refusez d’affronter Bercy et de changer de cap ! Vous poursuivez les exonérations de cotisations et remettez ainsi en cause les fondamentaux de notre protection sociale, née du programme du Conseil national de la Résistance.

Nous craignions les attaques de la réforme des retraites, mais finalement vous n’en avez jamais assez, surtout quand il faut prendre aux familles, aux salariés, aux retraités, aux jeunes et aux plus fragilisés. On pourrait parler de boulimie !

Vous avez décidé de vous attaquer comme jamais au secteur de la santé, bien que celui-ci ait déjà souffert ces dernières années. Là, pour 2020, c’est le coup de massue : l’hôpital public va servir de variable d’ajustement à votre budget, avec un objectif de croissance de l’Ondam à 2,3 % en 2020, alors que vous savez pertinemment que celui-ci devrait être à 4,5 %.

Les services d’urgence et de nombreux SAMU traversent une crise grave, très grave. Ils multiplient les grèves et les 4,2 milliards d’euros d’économies sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour les personnels hospitaliers. Ils sont en souffrance, en raison du manque de moyens en personnel ; ils ne veulent plus travailler dans des conditions indignes, pour eux-mêmes, mais surtout pour la qualité des soins aux patients.

Et vous, madame la ministre, votre seule réponse est de fixer une progression de l’Ondam à 2,1 % pour l’hôpital, en dessous de l’évolution naturelle des dépenses de santé. Décidemment, quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage !

Et ce n’est pas votre réforme du financement des hôpitaux de proximité qui va changer la donne. Vous aurez beau jeu de déplacer les services pour mutualiser toujours davantage les moyens. Les malades, eux, ne déménagent pas avec les hôpitaux !

Vous allez donc éloigner encore davantage les services de santé des populations, qui n’arrivent déjà plus à trouver un médecin de ville et des médicaments.

L’obligation pour les industriels de constituer un stock de sécurité de deux à quatre mois sur les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur et les sanctions contre les laboratoires pharmaceutiques en cas de pénurie du médicament, prévues par ce PLFSS, vont dans le bon sens, mais elles arrivent trop tardivement par rapport à la crise que connaissent les malades.

Il n’est pas normal que, en France et en Europe, la puissance publique ne soit plus en capacité de produire des médicaments, d’autant que nous disposons, dans les pharmacies des hôpitaux, notamment à l’AP-HP, d’un savoir-faire à valoriser. Les hôpitaux ont tendance à délaisser leurs pharmacies pour assurer d’autres financements essentiels comme les investissements et les travaux de rénovation.

Sur ce sujet, vous avez fait adopter à l’Assemblée nationale un amendement visant à offrir aux établissements de santé une visibilité pluriannuelle, et non plus seulement annuelle, sur l’évolution de leurs ressources financières. Mais si c’est pour leur dire que les caisses resteront vides pendant trois ans, à quoi cela sert-il ?

L’État doit arrêter de se défausser sur la sécurité sociale et assumer les travaux de rénovation et de modernisation des hôpitaux publics.

L’État doit également assumer ses dépenses lui-même ! Les « gilets jaunes » se sont mobilisés, exprimant la colère populaire et le ras-le-bol face à la fin des services publics, aux fins de mois difficiles et aux petits salaires. Le président Macron a fait des annonces et mis en place des aides d’urgence pour répondre à cette colère, mais ce n’est pas au budget de la sécurité sociale de les porter ! C’est au budget de l’État que doivent être imputées les dépenses légitimes liées aux « gilets jaunes ».

Ce sont 3 milliards d’euros que vous prenez à tous les services de santé pour les donner aux autres salariés. La colère des uns ne peut pas se régler par un tour de passe-passe qui consiste à déshabiller les infirmiers, les aides-soignantes, les aides à domicile et les retraités, tous en lutte, pour habiller, très légèrement, certaines catégories de travailleurs pauvres.

Ce PLFSS est truffé de contradictions. Alors que 60 000 femmes par an doivent faire plus de quarante-cinq minutes de trajet pour se rendre à la maternité, plutôt que de maintenir les maternités de proximité et les services de maternité dans les hôpitaux de proximité, vous préférez éloigner davantage et payer l’hôtel aux mères concernées.

Ce mécanisme est un non-sens pour les femmes enceintes, qui devront se rapprocher de la maternité quelques jours avant la date prévue de l’accouchement, alors que nous savons toutes que les accouchements ne se déclenchent pas quand on fait la réservation de sa chambre d’hôtel !

Ces contradictions sont trop nombreuses pour ne pas penser qu’il s’agit en réalité d’une volonté délibérée de faire des économies sur le dos des plus précaires, en réduisant les indemnités journalières pour les parents de familles nombreuses, ou encore en refusant de réindexer les pensions de retraite de 4 millions de retraités qui dépassent 2 000 euros par mois.

Nous savons que vous préparez le prochain mauvais coup avec la réforme des retraites. Si le PLFSS 2020 ne prévoit finalement aucune mesure s’y rapportant, la fusion des caisses au sein des Urssaf s’apparente bien à un test pour préparer la fusion des régimes dans le système de retraite par points.

En attendant votre future loi sur la dépendance, dont nous ne connaissons même plus la date, à force de la voir reportée, ce PLFSS prévoit pour 2020 une enveloppe de 405 millions d’euros pour les Ehpad. Je voudrais relativiser ces chiffres par rapport aux besoins actuels et à venir de nos aînés.

Madame la ministre, nous avons déposé plusieurs dizaines d’amendements visant à supprimer la taxe sur les salaires ou à instaurer un moratoire sur les fermetures de lits et de services, etc.

En conclusion, votre projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 est très dangereux. Vous faites le choix de l’austérité contre l’humain et la santé. Vous faites le choix du libéralisme contre celui du service public.

L’argent existe, vous le savez, il est dans la poche de ceux que vous avez décidé de privilégier, ceux à qui vous faites des cadeaux depuis plusieurs mois et qui n’ont nullement besoin de plus pour l’hôpital public, puisqu’ils ne le fréquentent pas.

En plus d’être dangereux en l’état, votre projet de loi n’est pas fiable. Surprise de dernière minute : vous annoncez vouloir présenter, le 20 novembre, des mesures qui ne figurent pas dans le projet de loi. Nous nous apprêtons donc à discuter un budget incertain et donc insincère !

Pour toutes ces raisons, madame la ministre, nous ne voterons pas votre budget !

 

 

 

 

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16 novembre 2019 6 16 /11 /novembre /2019 06:12

 

Le Référendum d’Initiative Partagée (RIP) est un exercice inédit de consultation visant à faire participer les citoyen.ne.s à une décision majeure du pays. Des conséquences économiques et sociales de grande envergure en découleront : après le scandale de la privatisation des autoroutes, celle des Aéroports de Paris est une atteinte inacceptable aux biens communs de la nation et au service public. ADP appartiennent aux Français·e·s. C’est aux Français·e·s de décider de leur devenir. Si la décision de faire référendum sur le sujet l’emporte, un vrai débat pourra s’engager sur les orientations fondamentales du pays concernant les services publics. Comme cela a été le cas pour le traité de Constitution européenne en 2005.

 

 

924 000 Français·e·s ont déposé leurs signatures sur le site du ministère de l’Intérieur au 6 novembre selon le Conseil constitutionnel. Chaque semaine, 15 à 25 000 personnes s’inscrivent, malgré une non-communication orchestrée par le pouvoir. La mobilisation s’organise sur le terrain. Ainsi, de très nombreuses sections, fédérations ouvrent leurs locaux pour organiser des permanences ADP. De très nombreuses mairies, et singulièrement à direction communiste, organisent l’information et facilitent la signature au plus près de nos concitoyen.ne.s. Au niveau national nous participons à la coordination nationale ADP qui regroupe des syndicats CGT-FSU- Solidaires..., des associations, ATTAC, Copernic, Convergences des services publics… ; des partis politiques, EELV, Ensemble, FI, Générations, NPA… Nous participons également à l’inter groupe des parlementaires qui se sont prononcés pour l’organisation du RIP sur ADP.

La bataille de l’Information est lancée

73 % des Français.e.s sont contre la privatisation selon l’IFOP. Dans le même temps ils/elles ne comprennent pas la démarche du RIP, principalement par manque d’informations. Les parlementaires ont demandé par différents courriers à être reçus par E. Macron, par le président du Conseil constitutionnel, le président du CSA et la direction de France Télévisions et Radio France. L’achat de spots pour diffusion sur les radios du réseau France Bleu et France Info par les parlementaires est prévu. Une lettre des parlementaires est adressée à l’ensemble des maires pour les inciter à accompagner le RIP et sera rendu public au congrès des maires le 19 novembre prochain.

Nous organisons une bataille sur les réseaux sociaux, jeudi 14 novembre à 17 h :

Facebook et Twitter ont annoncé qu’ils n’acceptaient plus le sponsoring politique. C’est ainsi qu’ils refusent toute publicité pour l’obtention d’un référendum. Nous vous proposons de lever l’obstacle en diffusant sur vos sites, réseaux sociaux un « funnyclip » de 20 secondes.

Ce clip est conçu avec le personnage d’un travailleur au sol d’un aéroport en utilisant le code du gilet jaune comme clin d’œil et la voix off d’une agent d’accueil d’un hall d’attente. Ce clip non siglé, libre de droit permet dans cette période électorale de permettre aux villes, aux élu.e.s, aux candidat.e.s et à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent de le faire circuler sans que cela soit imputable dans les comptes électorales.

Dans ce contexte difficile, la barre du million est primordiale

Primordiale pour lancer la machine médiatique et avoir un effet d’entraînement. Primordiale pour rappeler les propos du Président de la République, le 25 avril dernier, déclarant vouloir "aller plus loin" (sur le RIP) "en en simplifiant les règles, en permettant que l'initiative puisse venir de citoyens, un million de citoyens qui signeraient une pétition et qu'elle puisse prospérer en projet de loi et, si elle n'était pas examinée par les assemblées, aller au référendum".

Nous le prendrons au mot. Un meeting national du million sera organisé à ce moment-là.

Cela passe par une bataille de terrain

Il s’agit d’amplifier les permanences dans les sections, la tenue de meetings départementaux, des points ADP sur les lieux de passages (marchés, gares, places, restos universitaires, etc.) lors des initiatives du Parti (de la réunion de cellule à la soirée festive), sur les manifestations, sans oublier les réunions ateliers citoyens pour préparer les municipales, avec des ordinateurs ou formulaires CERFA.

Nous répondons favorablement à l’appel de la coordination nationale ADP qui propose de mettre le paquet du 14 au 30 novembre suite à une proposition du comité départemental du Val-de-Marne. « Un village ADP » des syndicats, associations, partis est organisé sur la place de la République à Paris, le 30 novembre prochain.

Nous insistons sur une évidence, beaucoup de communistes n’ont toujours pas « cliqué » pour demander un référendum. Faire le tour minutieux des adhérent.e.s, a minima par téléphone n’est donc pas inutile.

Eliane Assassi, Pierre Laurent

Ce clip sera sur les réseaux le 15 novembre à 17 h.

 

 

 

 

 

 

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15 novembre 2019 5 15 /11 /novembre /2019 06:41

Les soignants et médecins des Urgences, soutenus en cela par une large majorité de la population, ne cessent de réclamer des effectifs, des lits et une reconnaissance professionnelle par une augmentation de salaires : pleinement conscients que leurs mauvaises conditions de travail, le manque criant de personnels sont synonymes de dégradation des conditions d’accueil et de prises en charge des patients, ils ne veulent plus travailler dans ces conditions indignes pour eux-mêmes et les personnes dont ils/elles ont la responsabilité, au risque de les mettre en danger. Dans les EHPAD, la psychiatrie, les maternités, les personnels de santé n’en peuvent plus et les usagers sont lésés par la fragilisation des services publics et des financements de la santé.

La situation de notre système de santé et particulièrement de nos hôpitaux publics est dramatique.

Les personnels du centre hospitalier de Morlaix ont répondu présents à l'appel de grève intersyndicale du jeudi 14 novembre. 

Au moins 200 personnes (personnels ; comité de défense de l'Hôpital de Morlaix ; citoyens) ont manifesté à l'occasion de cette journée d'action.

Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
Jeudi 14 novembre, toutes et tous ensemble, pour le droit à la santé, pour l’humain d’abord ! Manifestation Morlaix
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15 novembre 2019 5 15 /11 /novembre /2019 06:16

 

Soutien inconditionnel à l’opposition, financement de militants « pro-démocratie », validation d’un scénario de fraude électorale écrit à l’avance, service après-vente : les États-Unis ont accompagné toutes les étapes de la déstabilisation de la Bolivie afin d’obtenir un « changement de régime ».

«Être indien et être de gauche anti-impérialiste est notre péché », estimait Evo Morales lors de l’annonce de son retrait. Avec l’administration américaine la plus viscéralement anticommuniste depuis la chute de la maison néoconservatrice en 2006, symbolisée par le départ du ministre de la Défense Donald Rumsfeld, Evo Morales constituait en effet une cible prioritaire pour les faucons de Washington. Et le communiqué de la Maison-Blanche, une fois la sale besogne accomplie, prenait des allures de célébration victorieuse, Donald Trump qualifiant la démission d’Evo Morales de « moment significatif pour la démocratie dans l’hémisphère Ouest (le continent américain – NDLR) » et applaudissant l’armée bolivienne, « qui s’est conformée à protéger non pas un seul homme mais la Constitution de la Bolivie ». Même enthousiasme chez le secrétaire d’État, Mike Pompeo, exprimant son « plein soutien aux conclusions de l’étude de l’Organisation des États américains (OEA) » publiée le 10 novembre, « recommandant de nouvelles élections en Bolivie pour assurer un processus véritablement démocratique représentatif de la volonté du peuple ».

Qualifiée par le Forum de Sao Paulo (1) de « ministère des colonies » du gouvernement des États-Unis, l’OEA a joué un rôle central dans le putsch fomenté contre le gouvernement progressiste d’Evo Morales. Fidèle à sa mission proclamée dès sa création en 1948 d’endiguer la pénétration communiste, l’organisation, qui se targue de défendre la « démocratie » et les « droits de l’homme », a bien réclamé l’annulation de la présidentielle – tout en confirmant qu’Evo Morales avait remporté le premier tour – sur des bases hautement contestables.

Une fraude imaginaire

Le 8 novembre, une équipe de chercheurs et d’analystes du Center for Economic and Policy Research, think tank basé à Washington, publiait une étude au vitriol sur le « travail » bâclé de l’OEA. « L’analyse statistique des résultats des élections et des feuilles de dépouillement des élections du 20 octobre en Bolivie ne montre pas que des irrégularités ou des fraudes ont affecté le résultat officiel procurant au président Evo Morales une victoire au premier tour », affirment-ils, avant de mettre publiquement en accusation les méthodes comme les objectifs de l’OEA : « Le communiqué de presse de l’OEA du 21 octobre et son rapport préliminaire sur les élections en Bolivie soulèvent des questions troublantes quant à l’engagement de l’organisation en faveur d’une observation électorale impartiale et professionnelle. L’OEA devrait enquêter pour savoir comment de telles déclarations, qui (peuvent) contribuer au conflit politique en Bolivie, ont été faites sans aucune preuve. »

C’est pourtant ce rapport frauduleux que les États-Unis de Trump, le Brésil de Bolsonaro ou l’Argentine de Macri ont brandi pour discréditer la victoire de Morales et fournir des munitions idéologiques à son opposition. Et c’est ce même rapport que des « militants des droits de l’homme » formés grâce aux subsides du département d’État (2), à l’image de l’activiste bolivienne Jhanisse Vaca-Daza, ont exhibé sur les chaînes d’information étrangères pour convaincre l’opinion publique d’une triche pourtant largement imaginaire.

Plutôt mort que rouge

Mais le « golpe », le coup d’État, vient de beaucoup plus loin, même si les avancées sociales comme la popularité d’Evo Morales ont considérablement ralenti son exécution. « L’opposition de droite n’a aucune chance pour l’élection présidentielle de décembre 2009 », notait un câble du département d’État (daté du 29 octobre 2008) révélé par WikiLeaks. Rendant compte de ses intenses contacts avec Carlos Mesa, principal opposant d’Evo Morales, l’administration Obama donne la mesure du futur « putschiste » : « Mesa pense que la dégradation de l’économie et l’incapacité d’Evo à améliorer la vie des Boliviens vont l’affaiblir. (…) Il nous dit que son parti ressemblerait idéologiquement à un parti social-démocrate et qu’il espérait renforcer ses liens avec le Parti démocrate. » Puis le « centriste » précise qu’il « n’a rien contre le Parti républicain ». Il joindra le geste à la parole en se rendant à Washington en 2017, déclarant vouloir rétablir les relations diplomatiques au plus haut niveau avec les États-Unis de Donald Trump, que la Bolivie avait rompues en 2009, déjà à la suite d’une tentative de coup d’État.

Le 25 janvier 2019, le secrétaire d’État, Mike Pompeo, annonçait la nomination d’Elliott Abrams au poste d’envoyé spécial au Venezuela, avec pour objectif clairement affiché d’obtenir le renversement de Nicolas Maduro. Le retour de ce « spécialiste » de l’Amérique du Sud symbolisait également celui du slogan « better dead than red » (plutôt mort que rouge), et de dirigeants nord-américains prêts à financer des escadrons de la mort au Salvador ou une junte militaire massacrant les populations indigènes au Guatemala. « Être indien et être de gauche anti-impérialiste est notre péché », dixit Evo Morales.

(1) Créé en 1990, le Forum de Sao Paulo rassemble les partis politiques et organisations de gauche en Amérique latine.(2) Des militants boliviens formés par l’ONG Canvas et le département d’État américain accusaient déjà cet été Evo Morales d’être responsable des incendies en Amazonie, en lieu et place du président brésilien, Jair Bolsonaro.

Marc de Miramon

 

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15 novembre 2019 5 15 /11 /novembre /2019 06:14

Le récit et l’analyse des évènements en Bolivie provoquent la nausée chez tout citoyen non aliéné. 

Les derniers restes du journalisme libre seraient-ils tombés en même temps que le Mur de Berlin ? Aucun media, excepté « L’Humanité », la France Insoumise, et quelques autres, peu de sites comme « le Grand soir », « Mémoire des luttes », ne prend le moindre recul, ne fait preuve de la moindre curiosité, pour se rapprocher des faits et s’éloigner du journalisme toujours à charge lorsqu’il s’agit de plomber les « révolutions » , de criminaliser tel ou tel, syndicaliste, intellectuel, qui ose contester le néolibéralisme, seule organisation possible des sociétés humaines, nous l’a-t-on assez seriné.

Jusqu’à quand allons-nous en rester à la seule critique du système médiatique et mettre enfin chacun en face de ses responsabilités ? Jusqu’à quand vont-ils, ces médias à charge, remuer la queue au lieu d’aboyer ? Il ne s’agit pas d’imiter tel ou tel « aboyeur » qui « maltraite les médias », impoli, rentre dedans, mais d’être poliment irrespectueux. Même morts, nous les ferions encore cracher la haine, l’acharnement, la lobotomisation, le vide sidéral.

Morales n’échappe pas à ce contexte guerrier. Morales ? trop marqué? Qui est-ce celui là ? Morales ? Il a une gueule « pas claire » et s’habille comme un père noël. Cela suffit pour que la meute soit lâchée. Il faut que chaque Français se le dise et le répète : le « dictateur » Evo Morales a été renversé par son peuple. A Santa Cruz, comme à Washington, on sait coopter les adeptes du libéralisme, les as de la guerre idéologique...

Ce Morales n’est après tout qu’un Indien. Dehors les Indiens du Palacio Quemado (Palais présidentiel) !, éructe Luis Fernando Camacho. Dehors la whipala ! Plus jamais la Pachamama n’entrera ici ! « C’est le retour de la Bible ! », lance-t-il. Le Palais présidentiel fourmille désormais de suprématistes, de racistes religieux... Camacho, en lien avec l’Eglise évangéliste, cacique en chef des forces conservatrices de Santa Cruz, blanches et riches, se comporte déjà en bon vieux dictateur tropical. La nouvelle présidente autoproclamée (ancienne Vice-présidente du Sénat), Jeanine Añez, est arrivée avec une Bible d’un mètre de haut. Cette dame, Présidente d’opérette, nous rejoue un air de Guaidó. Elle qui était vaguement sénatrice, s’avère la parfaite « dame de paille » qu’il faut pour un coup d’Etat fasciste.

Le gouvernement Morales, pour prouver sa bonne volonté, avait accepté un audit des résultats des élections générales par la CIA, en l’occurrence, par l’OEA. Dès son arrivée à La Paz, la commission de l’OEA a invalidé les résultats, avant même d’avoir procédé au recomptage des voix (opération longue). L’objectif n’était donc pas de permettre de nouvelles élections, mais bien de renverser Morales. Et l’on voudrait nous faire croire que la lutte des classes n’existerait plus ?

 

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 06:28

 

Suite à la tentative d’un étudiant lyonnais de 22 ans de mettre fin à ses jours en s’immolant par le feu, le PCF prend pleinement part à l'appel à la mobilisation et aux rassemblements de soutien organisés dans toute la France ce mardi 12 novembre devant les CROUS

 

 

C'est avec la rage au ventre que nous apprenons son geste désespéré, entraîné par le refus du CROUS de renouveler sa bourse. Actuellement entre la vie et la mort, le PCF lui apporte son soutien et souhaite son rétablissement au plus vite, pour qu'il continue sa bataille pour la justice sociale.

Les responsables sont, sans difficulté, nommés : les politiques antisociales du gouvernement d’Emmanuel Macron, de ce gouvernement des riches. Depuis le début du quinquennat, les étudiants doivent faire face à la baisse des APL, la hausse des factures d’électricité, d’eau de gaz, les réductions drastiques des budgets à n'en plus finir, alors que les bourses stagnent et que le coût des études ne cesse d'augmenter. Qui plus est, de nombreux étudiants sont contraints de se salarier pour subvenir à leurs besoins, ce qui met en péril la réussite de leurs études. Cet étudiant est une énième victime de la précarité et de la paupérisation des étudiants qui s’est aggravée sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Tous les ans, des étudiants sombrent dans la précarité. En commettant l’irréparable, il veut mettre fin à ce silence qui les tue aussi sûrement que la faim.


Nous partageons sans concessions son appel à se battre contre la montée du fascisme et le libéralisme qui nous divisent et nous précarisent.

Le PCF exige des mesures concrètes d’urgence : une augmentation en nombre et en montant des bourses avec un financement par des cotisations patronales, la construction de 100 000 nouveaux logements étudiants publics par an, la rénovation des logements existants et la nationalisation des résidences étudiantes privées, ainsi qu’un réinvestissement massif dans l’enseignement supérieur public à hauteur de plusieurs milliards d’euros par an. Pour reprendre ses mots, la lutte doit continuer pour en finir avec la précarité étudiante. Plus que jamais, nous continuerons à nous battre pour l'effectivité de la gratuité des études, pour un enseignement supérieur public qui permette la réussite de tous et toutes et qui fasse avancer la société toute entière.

 

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 06:24

 

Le 7 novembre se tenait à Fabien une réunion des secrétaires départementaux. Pierre Lacaze rapportait sur la préparation des municipales (nous reviendrons sur son intervention). Igor Zamichiei, lors de la séance de l’après-midi, évoquait la situation politique nationale et les initiatives du PCF. Extraits.

 

 

Dans notre pays, la montée en puissance du duo Le Pen–Macron, la violence de la politique de classe menée par le gouvernement comme en témoigne la réforme de l’assurance chômage, l’utilisation politique du fait migratoire, la libération de la parole raciste, de la haine antimusulmans, nourries par le pouvoir et les grands médias, tout cela doit nous préoccuper au plus point dans un contexte d’affaiblissement politique, électoral et idéologique, de la gauche et des écologistes. (…)

Dans cette situation, deux questions politiques doivent devenir notre boussole : Comment mettre en difficulté le pouvoir, comment obtenir une victoire politique, ne serait-ce que partielle, contre Emmanuel Macron ? Comment remettre la question de classe au cœur du débat politique ?

À l’heure où le salaire des patrons du CAC 40 vient d’atteindre un nouveau record à 5,77 millions d’euros en moyenne, et alors que le gouvernement, comme l’a dit fortement André Chassaigne, est le premier « fabriquant de pauvres » et veut remettre en cause notre système de solidarité avec la réforme des retraites, c’est une urgence politique. Nous avons besoin de victoires politiques.

Les élections municipales, nous en avons parlé ce matin, sont une partie de la réponse à cette question. Pour une double raison : premièrement empêcher Emmanuel Macron de se doter de points d’appui à son projet dans les communes ; deuxièmement, à l’inverse, nous doter de points d’appui pour faire progresser notre projet et l’unité des forces de gauche.

L’autre partie de la réponse tient dans notre capacité à établir des priorités politiques dans les combats nationaux à mener et éviter tous pièges de la situation politique.

Et dans l’activité des fédérations, au regard de nos forces militantes, nous devons veiller je crois à faire le lien entre ces enjeux pour ne pas nous disperser. Non pas nationaliser les municipales évidemment, mais inscrire les batailles municipales dans le contexte national. »

Igor Zamichiei donnait quelques exemples d’actions à mener (Hôpital public, violences faites aux femmes, marche climat, assurance chômage).

« La bataille pour le référendum ADP entre, quant à elle, dans une phase décisive. Le Conseil constitutionnel a enregistré, à la date de mercredi, 924 000 soutiens. À l’approche du million, deux enjeux me semblent décisifs : premièrement marquer le coup en demandant l’abandon du projet et en mettant en difficulté le Président de la République qui a lui-même proposé d’abaisser le seuil des futures procédures à un million de signatures ; deuxièmement, profiter de cette étape franchie pour tenter de créer un effet d’entraînement et de faire grandir la dynamique de signatures dans les semaines qui viennent.

Nous vous proposons de décider de deux semaines d’action nationale des communistes pour le référendum ADP, du 14 au 30 novembre, avant que l’actualité ne soit dominée par le mouvement social contre la réforme des retraites.

Faire échouer le projet gouvernemental

J’en viens précisément à l’enjeu des retraites, bataille majeure de la seconde partie du quinquennat.

Comme l’évoquait Christian Picquet dans son rapport au dernier Conseil national, le Président de la République a confirmé tous les éléments d’un projet en rupture avec les grands principes de notre pacte social. Comme l’avait indiqué le document élaboré en juin par notre collectif de travail, le macronisme a décidé de bloquer la part de la richesse nationale consacrée aux retraites à 14 % du produit intérieur brut. La conséquence du système par points serait par conséquent un effondrement du niveau des pensions.

Le calendrier de l’exécutif est une loi-cadre pour juin 2020. Le pouvoir et les grands médias préparent idéologiquement le terrain sur le thème du « travailler davantage » et cherchent à opposer les salarié·e·s du public et du privé, les salarié·e·s des différents régimes spéciaux et veut criminaliser le mouvement social. Mais, simultanément, E. Macron et son gouvernement n’ont pas à cette heure de majorité dans le pays pour soutenir leur politique. Nous nous dirigeons donc vers une immense bataille sociale, idéologique et politique.

La journée du 5 décembre et ses suites immédiates vont être décisives pour installer un rapport de force avec le pouvoir. Le rôle du PCF va être essentiel dans cette bataille. Pour décrypter le projet de réforme et révéler les intentions réelles du gouvernement. Pour avancer des éléments de contre-projet. Pour travailler à l’unité des forces de gauche. Pour nourrir le mouvement social, car bien que l’unité syndicale progresse, des différences importantes persistent tant en termes de contenu que de stratégie syndicale pour faire échouer le projet gouvernemental.

Le CEN du 12 novembre adoptera un document qui synthétise le contre-projet proposé par le PCF sur les retraites. Fabien Roussel s’exprimera publiquement dans la foulée pour le mettre en débat dans le pays et au sein des forces de gauche. Un modèle de tract national avec ces éléments sera mis à disposition des fédérations. Enfin, nous proposons qu’un meeting se tienne en sa présence début décembre à la Bourse du travail de Saint-Denis, ouvert aux autres forces de gauche, pour apporter notre soutien à la journée de mobilisation du 5 et présenter nos propositions. »

Le rapporteur évoque ensuite le climat de haine entretenu dans le pays, les paroles et les actes racistes et antimusulmans qui se multiplient. « Deux remarques préalables sur ce sujet : Premièrement, nous devrions veiller à ne pas opposer ces faits révoltants et l’utilisation politique de ces faits par le pouvoir. (…) Deuxièmement, nous devrions reconnaître que pour être à la hauteur nous buttons sur des obstacles politiques réels, des débats légitimes et donc travailler à les dépasser en veillant à l’unité du Parti. »

Le PCF a publié un texte pour appeler à participer à toutes les initiatives prises dans le pays contre le racisme.

Le rapporteur rappelait enfin le travail de préparation du centenaire du PCF.

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 06:09

 

Avant l’arrivée d’Evo Morales, en 2006, la Bolivie collectionnait les changements de gouvernement par coup d’Etat comme d’autres les timbres-poste.

Aujourd’hui, les choses désormais sont claires : ce que traverse la Bolivie s’appelle un coup d’Etat, œuvre collective du corrompu Carlos Mesa, déjà repoussé par les Boliviens et qui fut même président de la République, celle des Blancs et des riches.

Deuxième acteur : un chef mafieux, raciste, fasciste, un cacique sans scrupules, Fernando Camacho, véritable patron des anti-moralistes à Santa Cruz, terre riche et raciste. Les Indiens ont-ils une âme ? A Santa Cruz, les Blancs les traitent de « perros » (chiens), de « indios de mierda »... Un coup d’Etat avec, comme toujours, des tireurs de ficelle : Trump, Bolsonaro, Macri...

Depuis la première élection, « historique », d’Evo Morales, un Indien à la Présidence, le MAS (Mouvement vers le socialisme), la COB (Centrale ouvrière bolivienne), les syndicats les plus combattifs, les réseaux, le mouvement social, ont porté sur les fonds baptismaux une nouvelle Bolivie. La réussite du projet « non capitaliste » fait pâlir d’envie beaucoup de pays latino-américains, et intéresse vivement Washington, qui vit déjà son Ambassadeur expulsé pour insupportable ingérence. Faut dire que la Bolivie possède des réserves de lithium parmi les plus importantes au monde...

C’est ce qui gêne Washington, c’est qu’un Indien soit à la tête de l’Etat, autant que la nationalisation des secteurs stratégiques, notamment des hydrocarbures. La Bolivie plurinationale était enfin devenue indépendante, souveraine.

Une insurrection avait déjà fait, dans les années 2000, plus de 70 morts. Le 20 octobre dernier, une majorité de Boliviens, essentiellement indiens, ont porté en tête des élections générales Evo Morales, qui briguait un quatrième mandat consécutif. (Les masistes ont gagné les dernières législatives). La Constitution prévoit que celui qui arrive premier avec plus de 50% des voix, ou obtient plus de 10 points d’écart avec le second est élu ; sinon, le président sera élu lors d’un deuxième tour. Le résultat, serré, s’est joué à peu de choses ; les voix des hauts plateaux, majoritairement favorables à Evo Morales, sont arrivées tard, comme d’habitude. Evo a dépassé les 10 points d’écart avec le candidat de la droite.

Immédiatement, les conservateurs de tout bord, tous les opposants, à l’unisson avec Washington, l’OEA (Organisation des Etats Américains) et l’Union européenne, ont hurlé à la fraude sans pouvoir le démontrer. Pour prouver sa bonne volonté et sa bonne foi, Evo Morales a accepté une deuxième élection, et a fait appel pour un audit aux pompiers pyromanes : l’OEA. Dès son arrivée à La Paz, la délégation de l’OEA déclara, sans même avoir commencé de travailler, qu’elle ne reconnaissait pas les résultats électoraux. La violence commença à s’emparer de la rue ; Evo Morales fit tout pour l’apaiser. Mais la revendication première de nouvelles élections ne satisfait plus les opposants...

Evo a donc estimé sage de démissionner, pour préserver tous les masistes... Les premières heures et journées furent terribles car de véritables milices attaquaient physiquement les masistes, pillaient et brûlaient leurs maisons...

Un début de solidarité internationale, timide, a permis à Evo Morales et au vice-président Garcia Linera, d’avoir la vie sauve. Le gouvernement mexicain leur a accordé l’asile politique, et envoyé un avion militaire pour les récupérer. Nous avons été surpris, depuis le début du coup de force, par la brutalité de la droite, qui rapproche ce coup d’Etat des pratiques de Bolsonaro et de Trump.

Le pays est plongé dans un dramatique vide de pouvoir, qui ne saurait durer trop longtemps afin d’éviter trop d’exactions. Aujourd’hui se réunit le Parlement. Masistes et antimasistes se retrouveront face à face pour tenter de trouver une issue parlementaire : avaliser la démission d’Evo Morales et trouver des candidats... Tâche difficile, même si les masistes sont majoritaires au Parlement. Voter, dans un sens ou dans l’autre, a un coût politique. Les députés seront-ils présents, malgré les dangers encourus (leur vie n’est pas garantie, certains syndicalistes ont été emprisonnés, ont même été « disparus »), voteront-ils ? Une solution constitutionnelle peut émerger...

La plupart des politiques boliviens ont refusé de faire acte de candidature. Seule, la Vice-présidente du Sénat accepte d’affronter Evo, qui se trouve pour l’heure au Paraguay, et qui doit rejoindre, par avion militaire mexicain, Mexico. Plus nous serons solidaires, plus son séjour mexicain sera court.

Washington digère mal de Chili, l’Argentine, et cherche à resserrer son étau.

Tous Boliviens ! Tous des « chiens d’Indiens » !

 

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 06:08

 

Le président a été victime d’un coup d’État, sous la pression des militaires. Sa démission, dimanche, ne met pas un terme à la crise politique. Alors que la droite et l’extrême droite se disputent le pouvoir, la gauche est la cible de représailles.

«Civique », politique, policier ou militaire, un coup d’État est un coup d’État. Les événements en Bolivie concentrent d’ailleurs tous ces traits. La situation est d’une rare gravité : irruption des forces armées et policières, agissements brutaux et racistes, vacance d’un pouvoir désormais lorgné par plusieurs factions de la droite et de l’ultradroite, affrontements entre partisans et opposants à l’ex-président Evo Morales… Tout peut désormais arriver. Aux premières heures du 11 novembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé aux « acteurs de premier plan (de) s’abstenir de recourir à la violence, (de) réduire la tension et (d’)observer une modération maximale ». Entendra qui voudra.

Quoi qu’il advienne, le 10 novembre marque une rupture historique. Le président Evo Morales, premier Indien à être élu à cette fonction en 2005, dans un pays où transpirait la ségrégation, a renoncé au pouvoir « pour éviter un bain de sang », vingt et un jours après l’élection présidentielle qu’il a remportée dès le premier tour. Une victoire contestée – avant même la tenue du scrutin, rappelons-le – par l’opposition de droite incarnée par Carlos Mesa, président intérimaire dégagé par la rue en 2005, et principal concurrent d’Evo Morales. Les groupes fascisants de l’Est riche de la Bolivie, dont le Comité civique de Santa Cruz, de Luis Fernando Camacho, n’ont pas été en reste. Comme il est désormais de coutume dès lors que la gauche est au pouvoir, l’Organisation des États américains (OEA), commanditaire des basses œuvres de Washington dans la région, a été la cheville ouvrière de la déstabilisation.

« Je renonce, nous renonçons, je ne veux plus voir de familles maltraitées sur ordre de Mesa et Camacho. (…) Nous renonçons pour qu’ils ne continuent pas à brûler des maisons, à intimider nos familles », a insisté, le 10 novembre, Evo Morales, dans une adresse à ses « frères et ses sœurs » qu’il a prononcée depuis Chimoré. Quelques heures plus tôt, le syndicaliste et paysan « cocalero » avait pourtant proposé de convoquer de nouvelles élections afin de mettre un terme à la grave crise politique, et stopper la spirale des brutalités à même d’embraser le pays. En ce sens, il se rangeait aux recommandations de l’OEA, qui, après un audit à charge, exigeait un nouveau scrutin, estimant que la journée électorale du 20 octobre était entachée de « fraudes ». « De nouvelles élections permettront, en votant, au peuple bolivien d’élire démocratiquement de nouvelles autorités. (…) Cette décision prise, j’appelle à faire baisser la tension », avait souhaité Evo Morales. Le message n’a jamais été entendu ; la machine conspiratrice était déjà à l’œuvre.

Une cascade de démissions de ministres

Sur le plan judiciaire, le parquet général s’était mis en chasse avec pour cible le Tribunal suprême électoral. Sa présidente, Maria Eugenia Choque Quispe, a depuis été arrêtée et exhibée menottes aux mains, tel un trophée de guerre. Le commandement militaire, après avoir autorisé des « opérations aériennes et terrestres contre des groupes armés agissant hors du cadre de loi », a lâché les autorités légales pour s’en aller rejoindre le camp des putschistes. Le général et commandant en chef des forces armées, Williams Kaliman, a ainsi « suggéré » à Evo Morales de démissionner. Il n’y a pas besoin d’être un expert pour comprendre la gravité de cette irruption des militaires dans le champ du politique. Encore moins en Amérique latine. Quelques minutes plus tard, c’était au tour du commandant général de la police, Vladimir Yuri Calderon, d’exiger de Morales qu’il renonce à son poste. Il s’est ensuivi une cascade de démissions des ministres des Mines, de l’Intérieur, de l’Environnement, sous la pression de graves menaces. Le président de la Chambre des députés, Victor Borda, a lui aussi jeté l’éponge, non sans préciser que sa maison avait été brûlée et que son frère, pris en otage par les groupes dits « civiques » de Potosi, avait été par la suite traîné nus pieds dans les rues par ces troupes de choc de l’extrême droite. Le logement de la sœur d’Evo Morales a lui aussi été saccagé. Des maires et d’autres autorités affiliés au Mouvement vers le socialisme (MAS) ont été victimes d’agressions similaires. Début novembre, Patricia Arce, la maire de Vinto, dans le département de Cochabamba, a été humiliée par une horde d’extrémistes qui, après avoir brûlé la mairie, l’ont offerte à la vindicte populaire, après lui avoir coupé les cheveux et l’avoir aspergée de peinture rouge. Parce que femme, indienne, « massiste ». Dans ce climat de revanche politique, les partisans de l’ancien président craignent désormais pour leur vie.

Depuis 2006, le dirigeant indien est l’homme à abattre

Acculé par les forces policières et militaires, pris en tenaille par les opposants et des groupes fascistes décidés à s’emparer de La Paz, la capitale politique, Evo Morales a préféré s’éloigner du pouvoir pour éviter une guerre civile. Son vice-président, Alvaro Garcia Linera, la jeune présidente du Sénat, Adriana Salvatierra, et le premier vice-président de celle-ci ont fait de même. « La lutte continue », a promis Evo Morales, en précisant qu’il n’avait pas l’intention de fuir car il « n’(a) commis aucun délit ». Le doute d’une éventuelle arrestation plane, à l’heure où nous écrivons ces lignes. Pis, son intégrité physique n’est plus assurée. « Vingt personnalités de l’exécutif et du législatif de Bolivie » ont trouvé refuge dans l’ambassade du Mexique à La Paz, a précisé le chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard. « S’il en décidait ainsi, nous offririons aussi l’asile à Evo Morales. » Mexico, à l’image du camp progressiste continental, a dénoncé le coup d’État dont a été victime le président.

Désormais, aucun scénario n’est à écarter. L’heure de la guerre interne a sans doute sonné au sein de l’extrême droite et de la droite néolibérale. S’il revient au Parlement, dominé par l’ancien camp présidentiel, de désigner un remplaçant, la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Anez, a déjà fait valoir son droit à devenir la cheffe de l’État par intérim. L’extrémiste Luis Fernando Camacho, avocat et riche entrepreneur, a pris la tête d’une grève de deux jours, dans l’espoir de s’imposer comme le leader d’une prétendue fronde citoyenne. Les comités et autres fronts dits civiques avaient déjà été à la manœuvre en 2008, en prônant à l’époque la sécession des riches régions de l’Est d’avec l’État plurinational issu de la Constituante de 2007. Ces groupes extrémistes ont maintes fois dit qu’ils ne reconnaîtront pas l’élection de Evo Morales, qu’ils qualifient de « dictateur ». Et ce ne sont pas les seuls.

Depuis 2006, date de la nationalisation des hydrocarbures, Evo Morales est l’homme à abattre. Carlos Mesa, arrivé à la tête du pays après la sanglante répression d’octobre 2003, durant la guerre du gaz et la destitution de Gonzalo Sanchez de Losada, a dû courber l’échine face à la popularité du syndicaliste. La droite continentale, l’OEA et les États-Unis en ont fait une cible de choix. En 2008, d’ailleurs, l’ambassadeur états-unien a été expulsé de Bolivie pour son implication dans le soulèvement sécessionniste. La bonne santé économique du pays n’a jamais empêché les intrigues et autres conspirations en sous-main. Le référendum de février 2016 permettant à Evo Morales de se présenter pour un nouveau mandat a été le prétexte pour enclencher la machine à déstabiliser, au terme d’une vaste opération d’enfumage (voir article ci-contre). « Être indien et être de gauche anti-impérialiste est notre péché », a résumé Evo Morales, lors de l’annonce de son retrait.

Le 10 avril 2019, le Sénat des États-Unis a adopté une résolution demandant au président Morales de ne pas se présenter à l’élection du 20 octobre. Douze parlementaires boliviens – tous opposants – avaient demandé à Donald Trump d’intervenir en ce sens et que « l’OEA fasse de même afin d’éviter la consolidation de la dictature totalitaire d’Evo Morales ». Alors que le Chili s’embrasait, l’OEA n’a eu d’yeux que pour la Bolivie, bombardant de communiqués comminatoires le pays andin. Pas un mot sur les morts et les tortures à Santiago.  

Cathy Dos Santos

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