De l’affaiblissement des capacités de soins au non-respect des recommandations de l’OMS, l’objectif est de faire la lumière sur la gestion de la crise du coronavirus.
Ils veulent aller plus loin, beaucoup plus loin que la simple participation à la mission d’information Covid-19 chapeautée par le président de l’Assemblée, Richard Ferrand. Hier, les députés PCF ont demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire « visant à identifier les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise du coronavirus ». « Nous voulons lever la chape de plomb démocratique. Nous sommes dans une démarche constructive : il faut pointer ce qui a conduit à l’ampleur de cette crise, pour tirer les conséquences et limiter les pandémies futures », explique André Chassaigne, président du groupe GDR.
« Nous déposons cette commission car nous n’excluons pas que la mission d’information en cours soit une mission d’enfumage. Il pourrait s’agir d’une démarche occupationnelle des députés, alors qu’il faut de l’action. Nous ne sommes pas dans une volonté polémique : nous voulons pointer les dysfonctionnements pour les résoudre véritablement », précise Sébastien Jumel. Les députés PCF ne se satisfont pas de la proposition de Richard Ferrand de transformer la mission en cours en commission d’enquête plus tard, lors d’une « seconde phase ». Le président de l’Assemblée insiste : « Nous cherchons des solutions, pas des coupables. Seul le virus est coupable ! »
« Pour trouver des solutions, l’analyse des erreurs du passé est précieuse. D’autant que des dysfonctionnements majeurs ne sont toujours pas réglés. Il y a urgence sur les masques, les tests, les médicaments, les bouteilles d’oxygène et le gouvernement botte en touche sans vouloir remédier à l’origine de la pénurie », observe André Chassaigne. Le député entend ainsi nationaliser l’usine Luxfer en France, dernier site de fabrication de bouteilles d’oxygène d’Europe, fermée l’an dernier et toujours inactive alors que les salariés sont prêts à relancer la production. L’exécutif refuse aussi de reprendre le site Famar. « Mais peut-on réellement se priver de la fabrication sur le territoire de douze médicaments d’intérêt majeur ? Il faut changer de logiciel au plus vite », alerte Pierre Dharréville.
Le député PCF appelle à « abandonner au plus vite les suppressions de postes et de lits programmées à l’hôpital », et craint que la création de la commission ne soit empêchée. « Nous allons utiliser notre droit de tirage. Mais il existe un précédent : une enquête sur la réforme des retraites a été bloquée par la majorité il y a peu. Nous verrons, mais cela sera révélateur d’un état d’esprit », prévient-il. « Je ne vois pas les raisons d’un refus. Notre commission ne télescope aucune autre. Il faut respecter le droit des parlementaires, d’autant plus sur une crise aussi grave sur laquelle il faut faire la lumière », insiste André Chassaigne.
Dans leur texte, les communistes s’interrogent notamment sur les milliards d’euros enlevés à l’hôpital public, les 100 000 lits supprimés en vingt ans, mais aussi sur le non-respect des recommandations de l’OMS par la France concernant l’arrivée du coronavirus. « Nous n’aurons pas une mémoire de poisson rouge. Cette crise est un accélérateur de la révélation de ce que nous dénonçons depuis des années. Affaiblir l’hôpital public, découper notre appareil productif et industriel, c’est abîmer l’État, sa souveraineté sanitaire et sa capacité d’action au service des citoyens », prévient Sébastien Jumel, qui appelle à repartir dans le bon sens. « En petit comité, le gouvernement prépare les mesures d’après, nous ne sommes pas dupes. Ils vont essayer de conforter leur modèle. Nous en avons un autre et nous allons présenter, mercredi, 74 mesures d’urgence pour le présent et pour les jours heureux d’après », annonce André Chassaigne.
Né en 1900 à Léchiagat-Tréffiagat (Finistère), décédé le 31 août 1976 ; marin pêcheur ; interné politique ; militant de la CGTU, responsable de la section syndicale CGT des marins pêcheurs du Guilvinec (1935-1976) ; membre du comité de la fédération du PCF du Finistère (1952-1953) ; adjoint au maire communiste (1935-1939).
Marin-pêcheur à Léchiagat, il adhéra à la CGTU, selon Eugène Kerbaul, en 1924. Il devint secrétaire du syndicat CGTU des marins-pêcheurs du Guilvinec en 1935, responsabilité qu’il conserva en 1935 après la réunification. Il cessa de pratiquer la pêche à bord de son bateau « La Paix » pour se consacrer à son activité de syndicaliste au sein de la section syndicale CGT des marins pêcheurs du Guilvinec en juillet 1946. Il fut un militant actif du comité local des Pêches ainsi qu’au comité central des Pêches. Il œuvra pour le maintien de l’école d’apprentissage maritime de Guilvinec. Il intervint lors du meeting du lundi 22 février 1965 à Quimper au cœur de la grève des marins. Il intervint au congrès de l’union départementale le 28 mai 1967 à Concarneau sur le problème des pêches. Militant communiste, Joseph Quiniou, Jean Le Coz et Jean-Désiré Larnicol créèrent la cellule du Parti communiste en 1935. La même année, la liste d’Union populaire sur laquelle il figurait aux élections municipales obtint la majorité des sièges. Jos Quiniou devient le premier adjoint. Il refusa de devenir le premier magistrat de la commune car il souhaitait poursuivre son activité professionnelle en association avec son frère René et son camarade Yvon Goarin. Il fut déchu de son mandat en 1940 par le gouvernement Daladier. Arrêté par la police de Pétain, il fut interné à l’île de Ré puis à Voves. Il siégea au comité de la fédération du PCF du Finistère de février 1952 à mars 1953. Son attachement sans faille à l’école publique qui l’avait formé le conduit naturellement à accepter la fonction de délégué cantonal de l’école. Lors de ses obsèques civiles le 2 septembre 1976, Jean-Désiré Larnicol fit son éloge funèbre. François Lagain, secrétaire général de la Fédération nationale des Inscrits maritimes CGT, fit également une intervention.
SOURCES : Arch. comité national du PCF. —Notre Finistère, supplément de l’Humanité Dimanche. —Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne (1968-1981). —Eugène Kerbaul, 1270 militants du Finistère (1918-1945), IRM Bretagne, 1985. —François Tanguy, La CGT dans le Finistère (1944-1968), Editions UD CGT Finistère, 1992. — Hommage rendu par Jean-Désiré Larnicol, in Le Travailleur Bigouden, organe de la section communiste, N° 60, octobre 1976 ; document transmis par Jean Kervision.
Alternative. 74 mesures d’urgence pour que tout change vraiment
Les députés communistes présentent leurs propositions pour mieux faire face à l’épidémie de coronavirus aujourd’hui et préparer demain des jours meilleurs.
Emmanuel Macron n’a pas voulu d’un « comité d’urgence nationale », associant l’ensemble des forces politiques, syndicales et patronales, comme le proposait le PCF. Malgré ce refus, les députés communistes ont dévoilé hier leur plan d’urgence pour faire face à l’épidémie de coronavirus, à travers une série de 74 propositions. Obstinés, ils appellent à la création d’un « comité de suivi sanitaire » en remplacement de l’instance écartée par l’exécutif. Et ils invitent d’emblée à débloquer un plan de soutien de dix milliards d’euros pour l’hôpital public. « Nos soignants sont applaudis tous les soirs mais il y a quelques semaines encore les agences régionales de santé refusaient les budgets et voulaient fermer des lits et supprimer des postes », alerte Sébastien Jumel, qui exclut tout statu quo. « Il faut non seulement abandonner la découpe de l’hôpital mais surtout se doter d’un plan très ambitieux », abonde Pierre Dharréville, qui souhaite « l’annulation intégrale de la dette des hôpitaux », l’augmentation des salaires, la réquisition des cliniques privées et la création d’un pôle public du médicament.
« Un État fort qui protège les biens communs contre la loi du marché »
André Chassaigne défend des nationalisations afin de sauvegarder et développer la souveraineté sanitaire du pays. Luxfer, qui fabrique des bouteilles d’oxygène, et Famar, qui produit 12 médicaments d’intérêt majeur, sont citées alors qu’elles sont sur le point de disparaître. L’occasion, aussi, de sauver des emplois… Sur le front social, les parlementaires demandent le retrait total et définitif des réformes des retraites et de l’assurance-chômage, ainsi que l’indemnisation du chômage partiel à 100 %. Ils plaident pour l’interdiction de toute rupture de contrat de travail fondée sur l’épidémie, l’arrêt du travail dans les secteurs non essentiels où le télétravail est impossible, le rétablissement des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail en entreprise et le respect de la durée maximale de travail de 48 heures hebdomadaires, au lieu des 60 imposées par l’exécutif.
« Nous avons passé notre temps à alerter sur la crise à l’hôpital, celle dans les Ehpad, celle de la remise en cause permanente du droit du travail et de la protection des travailleurs. Aujourd’hui, nous devons être entendus. Et tous les premiers de corvée qui sont en première ligne doivent bénéficier de matériel pour se protéger face au virus », insiste Sébastien Jumel. Afin de relever le défi économique du confinement, les élus PCF demandent de prévoir la fermeture des Bourses européennes, la possibilité de contraindre les banques à prêter à une entreprise lorsqu’elle est éligible au crédit d’État, la modification des statuts de la Banque publique d’investissement afin qu’elle prenne une part importante dans la sauvegarde du tissu économique et la mise en place d’un audit permettant d’identifier les entreprises stratégiques qu’il faut nationaliser. « Nous sommes pour un État fort, un État stratège qui protège les citoyens et les biens communs de la loi du marché », argumente Sébastien Jumel.
La refonte d’un modèle démocratique et citoyen
La suspension des factures d’eau, électricité, gaz et des loyers est aussi prévue pour les plus démunis, avec la mise en place d’un moratoire. La gratuité des péages et des transports en commun, la réquisition des logements vacants, la réouverture des structures d’accueil pour les réfugiés et la sauvegarde de la distribution alimentaire pour les associations d’entraide sont autant de mesures de bon sens en temps de pandémie, mais pas seulement. « Nous proposons des dispositifs d’urgence pour le présent qui préparent aussi les jours heureux d’après », mesure André Chassaigne. L’identification proposée de toutes les familles qui ont des difficultés d’accès à Internet et à l’école à distance pourra aussi servir demain. Les mesures de soutien à la culture, aux prisonniers et aux sans-papiers tracent également un parallèle avec tout ce qui était déjà inacceptable avant le coronavirus. Celles de refonte de notre modèle démocratique et citoyen tout autant.
Et parce qu’ils voient plus loin que la situation hexagonale, les députés PCF appellent enfin au développement d’une couverture de santé mondiale et universelle avec l’ONU et l’OMS, à l’augmentation de l’aide au développement, l’annulation de la dette des pays les plus fragiles, en plus d’un cessez-le-feu international et de la levée des embargos économiques.
Chaque jour, nous publions des points de vue et des tribunes de personnalités analysant la crise du Covid19 et son impact social et économique. Il s’agit de préparer un « jour d’après » qui aille dans le sens d’un progrèsgénéral, tirant les leçons de cette expérience et qui ne soit pas synonyme d’une nouvelle régression.Aujourd’hui, nous donnons la parole à Julien Brugerolles qui est militant sur les questions d’agriculture et d’alimentation
La crise épidémique que nous vivons agit comme un révélateur. Révélateur de la faillite des injonctions libérales visant à couper systématiquement dans nos dépenses publiques, nos services publics, et en particulier nos services de santé. Révélateur aussi des risques inhérents à notre dépendance agricole, et de la fragilité de nos systèmes d’approvisionnement alimentaire. Ce contexte inédit peut-il servir à reprendre les bonnes directions politiques ? C’est ce que beaucoup attendent et demandent. Nous en faisons partie.
Mais c’est aussi ce que défendent depuis 15 jours les plus zélés promoteurs de la concurrence libre et non-faussée, de la compétitivité, des accords de libre-échange, du tout marché et les premiers de la cordée des dividendes. Ils se découvrent tous de soudaines passions pour la souveraineté française ou européenne. Certains se baladent même de département en département pour aller débusquer les dernières usines de produits de première nécessité. Le locataire de l’Elysée tient comme il se doit la tête de la cordée des hypocrites. Le bon soldat politique du capitalisme français prônait, il y a 12 ans déjà, la dérégulation la plus complète de tous les secteurs économiques comme rapporteur de la Commission Attali « pour la libération de la croissance française ». L’agriculture française et notre indépendance alimentaire en ont fait lourdement les frais. Le sinistre rapport Macron – Attali, rendu le 23 janvier 2008, préconisait de « restaurer complètement la liberté des prix et de l’installation de tous les acteurs de la distribution » (Décision fondamentale n°13, décisions 202 à 204). Ce fut chose faite quelques mois plus tard dans la loi de modernisation de l’économie, dite « LME », avec l’instauration de la liberté de négociation des prix entre les centrales d’achat des grandes surfaces et leurs fournisseurs, paraphée par une certaine Christine Lagarde. La grande distribution n’avait jamais eu de si grand cadeau pour alimeter ses marges en boostant pendant plus d’une décennie ses importations de produits alimentaires à bas coût. Mais qui s’en souvient ?
Si je dis cela, c’est qu’il ne faut se faire aucune illusion. En matière agricole et alimentaire, ceux qui nous rejoignent subitement aujourd’hui, qui nous feraient presque des « papouilles » pour garantir des prix minimum d’achat garantis (si si !), sont bien les mêmes qui nous accusaient hier d’être de dangereux dirigistes, des crypto-bolchéviques menaçant le pays d’une économie agricole « administrée ». Depuis quelques jours, ils vont si loin dans leurs actes de contrition que cela prête à croire à une véritable transsubstantiation idéologique !Mais le vernis n’est que de façade. Dans quelques semaines, ils feront tous machine arrière sous la pression de ceux qui tiennent les cordons de la bourse… et les vraies rênes du pouvoir. Une fois le plus dur de la crise sanitaire passée, la cordée des actionnaires de l’agroalimentaire et de la grande distribution va se remettre en marche. Les Nestlé, Danone, Carrefour, Crédit Agricole, Sodexo, Lactalis, Leclerc et consorts, champions toutes catégories du dividende, de l’évasion et de l’optimisation fiscales, vont vite remettre de l’ordre dans les têtes des brebis libérales égarées. Les passions soudaines pour la souveraineté alimentaire et le secours aux producteurs s’envoleront aussi vite qu’elles sont arrivées.
Nos deux champions nationaux de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, n’ont, eux, pas abandonné aussi rapidement la bonne vieille école : ce qu’il nous faut, c’est un « nouveau capitalisme » (Bruno Le Maire sur BFM TV le 30 mars 2020) ! Et faire preuve d’un peu de générosité et de charité avec « un grand appel à la solidarité nationale » avec l’ouverture « d’un plateforme de dons » (Gérald Darmanin, le 30 mars 2020 lui aussisic) ! Tout est dit. Ces deux-là ont au moins le mérite de ne jamais faire semblant d’être autre chose que ce qu’ils sont. Dans quelques semaines, une fois le plus dur de la crise sanitaire passée, ils continueront d’être en première ligne de la guerre néolibérale. Ils nous proposeront une « nouvelle compétitivité », une « nouvelle concurrence »… et de nouveaux sacrifices budgétaires imposés à la société comme au secteur agricole.
On me répliquera sans doute que je suis un peu dur. Qu’il faut voir ce qui sortira de bon de la crise, notamment pour notre agriculture et notre alimentation. Je répondrai simplement par une série de questions ouvertes : le Président de la République a-t-il fait quelque proposition que ce soit dans ces interminables discours pour enrayer le massacre de 30 années de compétitivité-prix imposée à l’agriculture ? A-t-il envisagé d’encadrer les prix d’achat et de vente dans la grande distribution avec l’application de coefficients multiplicateurs ? A t’il prévu d’augmenter fortement le SMIC, et tous les salaires, pour permettre à chacun de se fournir en produits français et sous signe de qualité ou d’origine ? Les ministres de l’Agriculture et de l’Economie ont-ils dans leur tiroir le moindre décret pour interdire dès demain sur les étals les importations qui entrent en concurrence directe avec les viandes de nos éleveurs, les fruits et légumes de nos producteurs ? Ont-ils ordonné l’interdiction du versement de dividendes aux transnationales de l’agroalimentaire, de la distribution ou du secteur bancaire et assurantiel lié à l’agriculture ? Ont-ils ces derniers jours mieux chuchoté à l’oreille de la Présidente de la Commission européenne, l’ultralibérale Ursula Von der Leyen, en lui parlant de l’impérieuse nécessité de stopper immédiatement tous les accords de libre-échange ratifiés et en cours de ratification qui priveront les Européens et les Français de toute souveraineté alimentaire ? Sont-ils disposés à élaborer un régime public et solidaire efficace contre les risques en agriculture incluant les nouveaux risques sanitaires et épidémiologiques ?
Non, l’importance stratégique de notre souveraineté agricole et alimentaire n’est pas l’affaire des néolibéraux. La relocalisation ? Le partage de la valeur ajoutée ? La déconcentration du capital au service d’une agriculture familiale, transmissible et riche en emplois ? La transformation de nos productions ? Vous n’y pensez pas ! Çà ne rentre pas dans les modèles financiers ces trucs là ! Et puis, de toute façon, les faux-nez du « Green New Deal » de la Commission de Bruxelles et de la « verte » communication du Palais de l’Elysée seront là pour faire oublier les grandes orientations qui sont prises. L‘unique objectif, c’est la baisse du budget de la PAC et des moyens consacrés à l’agriculture et à l’alimentation de 500 millions d’Européens. L’unique objectif, c’est de laisser les agriculteurs « s’ajuster » à des marchés ouverts aux quatre vents. Quoi qu’il en coûte en matière de dépendance agricole et alimentaire.
Alain Pagano est maitre de conférences en écologie et responsable de la commission environnement du PCF
La crise sanitaire, les trop nombreux décès qu’elle provoque, la mobilisation pour des solutions de protection de nos concitoyens. C’est ce qui anime la vie des français en ce moment. Point d’ajouts sur ces éléments, mais la volonté de nourrir la réflexion sur cette pandémie sous le seul prisme de l’écologie.
Comment en est-on arrivé là ?
La maladie induite par le Covid-19 est, très probablement, une zoonose, c’est-à-dire une maladie qui a été transmise par des animaux sauvages, et ceux qui sont très fortement suspectés sont des pangolins, des chauves-souris, et ou des civettes, pour les espèces qui sont présentes en Chine, foyer originel de la pandémie. Le virus présent dans ces animaux aurait muté pour passer à l’humain. Ce qui permet de le penser, selon les scientifiques, c’est la très forte ressemblance génétique entre les coronavirus de ces 3 groupes d’espèces[1].
Cette interprétation scientifique s’appuie sur d’autres exemples comparables de zoonoses, ce qui fait dire à d’autres experts que l’humain a une vulnérabilité croissante face aux pandémies de ce type à cause de la destruction accélérée des habitats[2], [3].
Le changement climatique est-il responsable ?
La question qui vient est comment est-il possible que ce virus soit arrivé à l’Humain ? Le changement climatique en est-il la cause ? Ou bien à tout le moins des modifications environnementales ? Il est important de répondre à ces questionnements.
Au-delà du fait qu’en Chine il y a commerce d’animaux sauvages vivants pour des usages d’alimentation, et qu’il aurait favorisé le passage du virus de l’animal à l’humain, des scientifiques pointent également d’autres facteurs : les déforestations, la réduction des écosystèmes favorables aux espèces sauvages, à laquelle s’ajoute l’étalement urbain. Tout cela favorise la probabilité de contacts plus fréquents entre humains et faune sauvage, donc augmente la probabilité de transmission du virus. C’est l’hypothèse la plus fondée scientifiquement aujourd’hui.
Si les virus existent et se propagent de façon naturelle, les activités humaines sont parfois aggravantes pour faire survenir de nouvelles pandémies. La modification de l’environnement consécutive à la surexploitation des ressources naturelles est bien en cause, car la déforestation répond souvent aux besoins de l’agrobusiness plus qu’à la paysannerie de proximité. Cela questionne nos modes de production et de développement, notre respect de la planète, nos modèles de société.
Certains militants de la cause environnementaliste invoquent, un peu vite, le réchauffement climatique comme responsable de cette pandémie. Au stade de nos connaissances scientifiques, c’est périlleux de l’affirmer de manière péremptoire. En effet, on n’en a aucune preuve ! Et donc parler du changement climatique sur cette question, c’est aller vite en besogne, voire contribuer à passer à côté d’autres combats à mener comme la nécessaire protection des écosystèmes et de leur biodiversité.
En revanche, ce que l’on sait, c’est que des mutations génétiques peuvent survenir et être favorisées dans le cadre de changements environnementaux. Ce que l’on peut suspecter, c’est que nouvelles maladies peuvent survenir à cause des changements environnementaux (cf. cas du virus Ebola au Libéria et en Sierra Leone, du virus Chapare identifié en Bolivie, ou encore de la malaria à Bornéo[4]). Les effets du réchauffement climatique pourraient avoir pour effet de faire réapparaitre des maladies ou des virus aujourd’hui non actifs mais qui pourraient le devenir avec la fonte des glaces. Des espèces animales, vecteurs de maladie[5] comme les moustiques, aujourd’hui présents dans des pays tropicaux atteignent ou pourraient atteindre des pays tempérés comme le nôtre[6]. La lutte pour le respect de la planète et des écosystèmes est aussi une lutte pour la santé humaine dans nombre de cas. C’est vrai. Le changement climatique en est parfois la cause. Mais l’exemple le plus probant n’est pas le Covid-19.
Confinement, conséquences écologiques et les jours d’après.
Le confinement est une épreuve pour chacun. Mais, en parallèle des conséquences économiques, politiques et sociales, il a aussi des conséquences écologiques et systémiques marquées. En rupture avec l’avant crise. Suite à la réduction des transports et de l’activité industrielle, les émissions de CO2 ont fortement baissé, ce qui est positif pour la lutte contre le réchauffement climatique. La pollution de l’air a diminué également, ce qui est une bonne nouvelle paradoxale pour la santé de nos concitoyens, cette pollution provoquant de la surmortalité. Cependant, il y a fort à parier que ce ne soit que provisoire si l’après ne change pas de l’avant crise.
Si on peut se féliciter de ces bonnes nouvelles environnementales dans un contexte de mauvaises nouvelles, doit-on envisager l’après comme cela ? Avec une industrie réduite à l’indispensable survie et un confinement généralisé ? La question est volontairement polémique pour susciter le débat.
En effet, alors que nos concitoyens commencent à s’interroger sur les jours d’après, sur la société qu’il faudra réinventer, je crois qu’il convient de réfléchir à quelques propositions pour révolutionner notre société, nos modes de production, dépasser un système capitaliste obnubilé par l’argent, sur-exploiteur des ressources naturelles et impliqué dans la dégradation de la planète. Car ce même système capitaliste, mis en accusation par nombre de nos concitoyens va préparer sa défense, proposer des solutions pour accroitre sa main mise sur la planète et accroitre ses profits, comme il en est capable avec le réchauffement climatique où le droit à émettre du CO2 se négocie sur les marchés financiers.
Ainsi, même un chaud partisan de l’argent roi, défenseur du temple capitaliste, empêtré dans les contradictions du système et sa mise en accusation, s’oblige à des entorses sévères aux lois du marché en relocalisant des productions. Je pense aux masques chirurgicaux et ffp2 qui ne sont plus que rarement produits en France quand l’essentiel provient de pays à bas coûts salariaux, et dans ce cas la Chine.
C’est une bonne chose, surtout si ce n’est pas que provisoire. C’est un bel exemple de ce qu’il faudra généraliser demain pour combiner la protection de nos concitoyens et celle de la planète. Relocaliser ! C’est mettre en place des circuits courts. Circuit court ne vaut pas que pour les produits agricoles, l’alimentation. Cela vaut pour l’industriel également : il est indispensable de faire décroitre fortement le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres, déplacements engendrés par les logiques de délocalisation des productions et de dumping social, fiscal et donc de dumping environnemental
Car en effet, les circuits courts sont un des moyens de réduire l’empreinte carbone exorbitante que représentent les transports[7]. Ils doivent être combinés à un effort d’investissement, de développement vigoureux dans les modes de transports les plus propres ! Pour le transport des personnes, il faut favoriser le ferroviaire et les transports en commun dans nos sociétés de demain. Pour le transport des marchandises, ferroviaire, fluvial et maritime (cargos à voile) doivent être favorisés au détriment du tout camion et des avions.
A l’objectif idéalisé par certains d’une société totalement décroissante qui prendrait le risque de ne pas répondre à des besoins fondamentaux des sociétés humaines (vaincre la faim et la pauvreté, améliorer la santé, rénover thermiquement des logements …), il convient de plaider pour une décroissance des activités inutiles et une croissance de ce qui est utile socialement. Il convient de plaider pour des relocalisations, une production agricole et industrielle de proximité, en investissant dans la recherche pour que les process agricoles comme industriels soient respectueux de l’environnement, et n’épuisent pas les ressources. A l’obsolescence programmée, concept certifié capitaliste destiné à accentuer la vente de nouveaux produits pour faire de nouveaux profits, préférons l’économie circulaire qui implique éco-conception des produits, réparation, économie des ressources pour les produire. Il faut imaginer une société qui produise, si elle se donne les moyens de produire propre et de produire utile.
Par ailleurs, la crise liée au Covid-19 a favorisé nombre de « fake news » voire des théories complotistes sur une fabrication humaine du virus. Il n’en est évidemment rien mais cela montre qu’il faut appeler à la prudence face aux propos hâtifs et aux fausses nouvelles. Cette note montre également la nécessité, au-delà de la recherche médicale sur les traitements et les vaccins possibles pour soigner la maladie qu’il est nécessaire de booster la recherche publique (en postes comme en moyens budgétaires, en possibilités de coopération internationale plutôt qu’en tentations de replis sur soi nationaliste) sur nombre d’aspects et évidemment pour ce qui nous concerne, sur les recherches en écologie. Si l’on se doit agir dans l’immédiateté de la crise, une vision et une action de long terme sont nécessaire, notamment en matière de recherche.
L’hôpital public sort renforcé de cette crise dans son évidence et son utilité. Ce besoin d’un service public fort devrait s’étendre aux médicaments, mais aussi à tout ce qui touche à la gestion des ressources naturelles, à la protection de la santé de la planète car il y a solidarité de destin avec celle des humains. Et il y a solidarité de destins entre humains. La coopération internationale plus que les replis sur soi nationalistes et égoïstes, voilà une valeur pilier de « l’Humain et la Planète d’abord ».
Enfin, pour changer notre société, il faut qu’elle soit beaucoup plus démocratique. Que l’exigence démocratique prenne le pas sur l’appât du gain. Que la santé des salariés prime sur le taux de profit. Dans les entreprises, les CSE (ex CHS) pour le secteur privé comme les comités sociaux (dont l’existence devrait être généralisée dans le secteur public) doivent avoir un pouvoir accru en matière de sécurité au travail et de santé.
Voilà quelques pistes de réflexions qui n’épuisent pas le sujet !
Alain Pagano
[1] Donc, je me permets de le préciser ici, point d’inquiétude à avoir pour votre animal de compagnie, car il n’est a priori pas impliqué dans la zoonose, et ne transmet donc pas le Covid-19 à ce stade.
[2] Cf Actu Environnement du 24 mars. Interview du scientifique C. Lebarbenchon « Le problème ne vient pas des espèces animales mais des changements environnementaux issus de nos activités »
[3] Voir dans le dernier Monde Diplomatique (Mars 2020) l’article D’où viennent les coronavirus ? Contre les pandémies, l’écologie.
[4] cf. « Les épidémies couvent sous les cendres des forêts » de Marina Aizen – Anfibia Buenos Aires traduit dans un récent Courrier International
[5] Par exemple dengue, fièvre jaune, Zika et chikungunya pour le moustique tigre
[6] Le moustique tigre est dorénavant installé dans la majeure partie du Pays sans être, pour l’instant, vecteur de maladies en France métropolitaine
[7] A titre d’exemple, le caractère ubuesque de la chaîne de valeur qui conduit à faire décortiquer au Vietnam des crustacés écossais, puis les faire fumer à Madagascar pour finalement les vendre dans des magasins en Europe…
L’ex-président, défenseur du projet de « révolution citoyenne », a été inculpé pour corruption. Une cabale de plus en Amérique du Sud.
La sentence est tombée le 7 avril : huit ans de prison pour Rafael Correa. L’ancien président de l’Équateur (2007-2017) a donc été condamné en première instance par la Cour nationale de justice (CNJ), pour corruption, qui a assorti la peine « d’une privation du droit de participer en politique pendant vingt-cinq ans ».Il est inculpé avec dix-neuf autres personnes, dont un ancien vice-président, un ancien ministre et d’anciens députés pour un système de pots-de-vin versés par des entreprises.
Exilé depuis 2017 en Belgique, où il a demandé l’asile politique, Rafael Correa a réagi en dénonçant un « show », « une mascarade » et entend bien porter l’affaire « devant la justice internationale ». « Je connais le processus et ce que disent les juges, c’est du MENSONGE. Ils n’ont absolument RIEN prouvé », affirme-t-il sur Twitter.
Faire taire les opposants au libéralisme
Cette décision s’inscrit dans un processus général où les coups pleuvent contre la gauche sud-américaine. Rafael Correa, comme d’autres, incarne un projet alternatif au libéralisme avec la « révolution citoyenne » mise en en place à partir de 2007. L’Équateur connaît alors l’abandon de la dette, d’importants programmes sociaux, le développement de ses infrastructures et une stabilité politique. Ces symboles doivent disparaître et la liste s’allonge chaque jour : Dilma Rousseff en 2016, la condamnation sans preuves en 2018 de l’ex-président brésilien, Lula, le coup d’État en Bolivie en 2019 contre Evo Morales et l’inculpation, aux États-Unis, du président vénézuélien, Nicolas Maduro, pour « narcotrafic » et « blanchiment d’argent » …
Pourquoi une telle décision de justice intervient en pleine crise sociale et sanitaire ? Le pays est désormais dirigé par son ancien vice-président, Lenin Moreno, qui a trahi « la révolution citoyenne » de son prédécesseur. Il applique désormais une politique libérale avec l’appui du Fonds monétaire international (FMI) et des États-Unis qui en ont fait leur allié privilégié. Une succession de mesures d’ajustement structurel (coupes budgétaires, libéralisations, privatisations, etc.) a conduit la population à se soulever l’automne dernier. Cette explosion sociale sans précédent avait été déclenchée par l’augmentation subite du prix des carburants. Cette politique économique a un impact dans la crise sanitaire qui gagne l’Équateur, pays le plus touché en Amérique latine par la pandémie du Covid-19 avec plus de 300 morts. À Guayaquil, qui regroupe 70 % des cas recensés, une surmortalité a été constatée, liée à la surpopulation et à l’absence de services publics.
Le priver de tout droit politique
Face à ces tensions, le président apparaît prêt à tout pour reprendre la main. Le 11 mars, Lenin Moreno a annoncé un nouveau train d’austérité et obtenu une nouvelle aide du FMI de 2,4 milliards d’euros. Son gouvernement a également décidé un confinement strict avec un couvre-feu et le déploiement de l’armée et de la police. Le président avait déjà eu recours à l’état d’urgence pour faire taire les mobilisations sociales (une dizaine de morts et plus de 1 000 blessés).
Les nombreuses critiques émises par l’ex-président Correa, qui reste une voix importante en Équateur, ont favorisé cette décision de la CNJ. Le but est de le priver de tout droit politique. En octobre, Lenin Moreno avait accusé, à la télévision, l’ex-chef de l’État d’orchestrer les manifestations afin de le renverser. « C’est ce qu’ils cherchaient : obtenir en manipulant la justice ce qu’ils n’ont jamais atteint par les urnes. Moi, je vais bien. Ce sont mes camarades qui me préoccupent », s’est inquiété, depuis la Belgique, l’ancien président.
En pleine crise pandémique mondiale : Sanofi va verser plusieurs milliards de dividendes aux actionnaires.
SANOFI, l’une de première entreprise du CAC 40 est aussi un bon soldat, appliquant avec zèle les ordonnances du gouvernement Philippe : RTT imposés, droit syndical bafoué, etc…
Mi-mars, des centaines milliers de masques FFP2 étaient stockés sur certains sites de Sanofi.
L’intervention de la CGT a permis qu’une partie des stocks de masques soit enfin envoyée dans les usines du groupe pour les milliers de salariés qui n’en ont pas depuis le début de la crise sanitaire. Nous n’arrivons pas à comprendre l’inertie qui prévaut dans la protection des salariés, en particulier en production.
Dans le même temps, SANOFI ne s’est pas porté aux côtés des soignants qui ont des besoins en urgence de masques et de surblouses. Pour un acteur de santé, comme aime à se présenter la société, ce n’est pas à la hauteur.
L’opacité est une fois de plus de mise côté production : Sanofi n’a jamais répondu clairement sur le niveau des stocks des principes actifs et médicaments produits sur les sites. Ainsi pas moyen de connaître
les fabrications essentielles !
Conséquences : les salariés de fabrication sont maintenus en activité, donc exposés, ainsi que leurs familles alors qu’ils ne travaillent pas tous sur des fabrications urgentes.
Ce 6 avril, la direction de Sanofi annonce une prime de 15% du salaire de base pour les salariés de production et de R&D venant travailler sur site. C’est clairement une prime d’incitation, d’un montant ridicule mais qui ne vise qu’une chose faire venir travailler les salariés quel que soit le danger existant.
Ce groupe, riche à milliards, préfère la protection de ses actionnaires à celle de ses salariés !
Pour mémoire, en 12 ans, ce sont près de 3000 emplois de R&D et plusieurs milliers dans le groupe que Sanofi a supprimés en France.
Des axes thérapeutiques fondamentaux comme la recherche de nouveaux médicaments anti-infectieux (antibiotiques entre autres) ont été arrêtés en 2018. De quel traitement disposerons-nous demain en cas de virus ou de bactérie plus agressifs ?
A la sortie de cette crise sanitaire, Sanofi devra choisir entre la finance ou la santé des populations.
La CGT a choisi son combat depuis longtemps et continuera la lutte pour un accès aux soins pour toutes et tous, selon les besoins des populations et non la recherche effrénée des profits.
Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête visant à identifier les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise du Covid 19
Exposé des motifs
Mesdames, Messieurs,
L’épidémie de coronavirus est « la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle. » a déclaré le Président de la République lors de sa première intervention télévisée sur le Covid-19, le 12 mars dernier.
« La pandémie est la pire crise mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale, la pire crise depuis que l’ONU a été fondée » a estimé le Secrétaire général de l’ONU ce 31 mars.
Si la dimension historique de cette pandémie sera documentée en temps voulu, ses conséquences sociales, économiques, éducatives ou encore environnementales doivent, au-delà des mesures immédiates, faire l’objet d’une réflexion approfondie de laquelle les Français ne devront plus être exclus. Les auteurs de cette proposition de résolution y prendront évidemment toute leur place.
L’objet de leur présente contribution vise spécifiquement les aspects sanitaires de cette crise. Tous les jours, la France confinée écoute avec effroi la litanie vespérale du Directeur général de la Santé où s’allonge la liste des victimes.
La France constate avec stupeur que son système de santé, classé, il y a encore vingt ans, comme le « meilleur du monde », n’est plus capable d’accueillir tous les malades, cela en dépit de la mobilisation et des efforts souvent héroïques des personnels soignants.
Des mises en garde constantes
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Groupe de la Banque mondiale avaient décidé, en mai 2018, de la création d’un Conseil mondial de suivi de la préparation aux urgences sanitaires, visant à renforcer la sécurité sanitaire mondiale au moyen d’un suivi indépendant rigoureux et de l’établissement de rapports réguliers.
Pour le Président du Groupe de la Banque mondiale, le Dr Jim Yong Kim, l’objectif était de faire en sorte que « la préparation aux pandémies demeure une priorité de l’action au niveau mondial » compte tenu des risques que font peser à la fois l’augmentation des échanges, les voyages incessants, le réchauffement climatique, la perte de biodiversité ou les manipulations de souches virales en laboratoire...
Dans son rapport annuel, publié en septembre dernier, le Conseil mondial de suivi de la préparation avait alerté sur le fait que le monde n'était pas prêt à faire face à une pandémie mondiale, telle que la grippe meurtrière de 1918, alors qu’en se basant sur les récurrences statistiques de l'apparition de souche virale virulente le risque de survenue d’une crise majeure était élevé.
Le rapport énumérait sept mesures urgentes pour préparer le monde aux situations d’urgence sanitaire, parmi lesquelles l’exigence pour les chefs de gouvernement de consacrer une part prioritaire des ressources nationales et des dépenses courantes à la préparation pour garantir la sécurité nationale et mondiale, de construire des systèmes de santé plus effectifs, à même d'envisager et de prévenir la majorité des risques de contaminations, de renforcer les mécanismes de coordination internationaux.
Dans le Livre blanc fixant la stratégie française de défense et de sécurité nationale approuvé et présenté par le Président de la République le 29 avril 2013, les auteurs avaient également estimé qu’« en matière sanitaire, la circulation des personnes et des marchandises, la concentration de populations dans des mégalopoles et la défaillance des systèmes de santé dans certaines zones favorisent la survenue de crises majeures. Le risque existe notamment d’une nouvelle pandémie hautement pathogène et à forte létalité résultant, par exemple, de l’émergence d’un nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou d’un virus échappé d’un laboratoire de confinement. »
Le risque d’une nouvelle pandémie était donc connu des pouvoirs publics et documenté scientifiquement depuis des années.
L’apparition d’un nouveau coronavirus et l’extension de l’épidémie à l’échelle planétaire ne peuvent, on le voit, être qualifiées de "cygne noir", comme on le lit parfois. La pandémie n’était pas totalement inattendue. Le risque a été en revanche durablement méconnu ou sous-estimé, en France comme dans de nombreux autres pays.
Dégradation continue du système de santé public et réactions tardives des pouvoirs publics.
La France faisait originellement figure de « bon élève ». Elle s’était dotée dès 2007 d’un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies, avec la mise en place de l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), chargé de gérer à la fois la réserve sanitaire et les stocks stratégiques de produits de santé. L’établissement public sera toutefois progressivement désarmé, jusqu’à sa dissolution en 2016.
Sans doute les responsables politiques et sanitaires ont-ils jugé, à la lumière des épidémies précédentes, que les risques revêtaient désormais une dimension essentiellement régionale.
La pandémie actuelle apporte un terrible démenti à ces projections hasardeuses et met en relief la négligence et l’idéologie de ceux des responsables publics qui ont oeuvré avec obstination à l’affaiblissement de notre système de santé et des infrastructures publiques de soin. De ceux qui ont mis à mal notre souveraineté sanitaire comme le révèlent dramatiquement les difficultés de notre industrie pharmaceutique à éviter les ruptures de stocks de médicaments. De ceux encore qui ont pensé profitable de soumettre à la logique du marché la production française et européenne de matériel médical.
Il faut le rappeler : cinq milliards d’euros ont été supprimés du budget de la santé dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020, dont un milliard au détriment de l’hôpital public. En vingt ans, 100.000 lits ont été supprimés, dont 17.500 au cours des six dernières années.
Au-delà des conséquences désastreuses des politiques d’austérité budgétaire sur notre capacité à proposer une réponse sanitaire adaptée aux crises, la situation actuelle met en exergue l’impréparation des pouvoirs publics, qui se sont manifestement laissés dépasser par les évènements. La chronologie des faits, des déclarations et des décisions est éclairante et impitoyable.
Le 24 janvier, alors que deux cas du nouveau coronavirus chinois étaient confirmés en France, sur des patients hospitalisés à Paris et Bordeaux, Agnès Buzyn, alors Ministre de la santé, jugeait que « le risque d’importation depuis Wuhan est pratiquement nul » et que « le risque de propagation est très faible ». « Notre système de santé est bien préparé », affirmait-elle encore.
Estimait-on alors que la chaîne de contamination n’était pas encore incontrôlable ? L’OMS avait pourtant alerté dès le 13 janvier sur la possibilité que des cas surviennent dans d’autres pays que la Chine et appelait à ce que des efforts de surveillance active et de préparation soient mis en œuvre dans tous les pays.
Le 17 mars, l’ancienne ministre de la Santé déclarera au journal Le Monde que, dès le mois de janvier, elle avait prévenu le Premier ministre de la gravité potentielle de l’épidémie de nouveau coronavirus. Cette déclaration est grave. Elle interpelle au moins sur deux points : d’une part elle laisse supposer que le Gouvernement, pourtant informé du danger, n’aurait pas agi à la hauteur du risque, d’autre part, elle atteste que la ministre de la Santé aurait délibérément menti sur la gravité de l’épidémie.
Le 30 janvier, le Comité d’urgence convoqué par le Directeur général de l’OMS s’adressait à tous les pays en ces termes : `
« On peut s’attendre dans n’importe quel pays à l’apparition de nouveaux cas exportés de Chine. Par conséquent, tous les pays doivent être prêts à prendre des mesures pour endiguer l’épidémie, notamment par une surveillance active, un dépistage précoce, l’isolement et la prise en charge des cas, la recherche des contacts et la prévention de la poursuite de la propagation de l’infection par le 2019-nCoV, et à communiquer l’ensemble des données à l’OMS. ».
L’annonce est jugée tardive par une partie de la communauté scientifique. La maladie s’était en effet propagée alors à 18 pays, infectant près de 8000 personnes et provoquant la mort de 170 d’entre elles.
Il faudra encore attendre le 29 février pour que le Gouvernement français, lors d’un Conseil des ministres exceptionnel, prenne les premières mesures sanitaires de lutte contre la propagation du virus, en interdisant des rassemblements se tenant en milieu confiné. Cette mesure est présentée conjointement à la décision de faire usage de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Un mélange des genres qui trahit ou une impréparation du Gouvernement ou un manque d’engagement à mettre en œuvre, en urgence, une action collective et solidaire face à une pandémie devenant incontrôlable. Un mélange des genres à l’image également des injonctions contradictoires qui se succèdent au fil des déclarations des membres du Gouvernement et plongent les Français dans l’inquiétude, voire la peur.
Une succession de messages contradictoires
Concernant les tests de dépistage, la communication ministérielle insistera dans un premier temps sur l’utilité des tests: « Nous bénéficions en France d’un test rapide qui va être disponible de plus en plus largement sur le territoire dans les prochains jours" expliquait, le 27 janvier, le directeur général de la santé.
Le 23 février, Olivier Véran, qui vient de succéder à Agnès Buzyn, annonce : « Dans les hôpitaux de Paris, nous allons pouvoir être largement en mesure de répondre aux demandes, quelles qu’elles soient, de réalisation de tests »
En dépit des pressions de l’OMS, qui invitera à plusieurs reprises à tester massivement les populations, le nombre de tests réalisés chaque jour n’évoluera par la suite que faiblement, passant de 2 000 à 4 000 par jour, puis à 9 000 par jour fin mars, avant que le ministre n’annonce, à l’issue de près de deux semaines de confinement de la population, un changement de stratégie avec la commande massive de tests sérologiques afin de pouvoir en réaliser 100 000 par jour en mai ou en juin. Au moment de cette annonce, l’Allemagne réalisait déjà chaque semaine un demi-million de tests.
La question du stock de masques ne sera abordée de son côté que le 23 février. Le ministre de la santé annonce alors « faire le nécessaire pour que (les professionnels de santé) puissent disposer de masques adaptés à chaque situation, dans un marché qui s’est tendu au plan international ». Il ajoute : « Nous allons travailler avec les entreprises productrices de masques FFP2 sur le sol français, et nous passons une commande de masques en quantité »
Un mois plus tard, le 21 mars, le ministre affirme: « C’est parce que nous avons dès le début considéré que la disponibilité en masques allait être une difficulté, qu’il a été décidé, dès le mois de janvier, de recourir à l’importation de masques, avant même l’apparition de premiers cas sur notre territoire national. »
Malgré l’annonce de commandes réalisées en janvier, la pénurie de masque est flagrante. Aucune information ne filtre sur leur livraison. Les experts se bousculent en revanche sur les plateaux de télévision pour en affirmer l’inutilité et ce n’est finalement que le 28 mars qu’interviendra l’annonce de commandes massives de masques à la Chine et la mise en place d’un pont aérien.
Le feuilleton de la « chloroquine » aura de même mis l’accent sur les dysfonctionnements dans la chaine de décision. Dès le 26 février, le professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée Infection à Marseille, explique les raisons pour lesquelles il estimait que la chloroquine pouvait agir efficacement sur la variété de coronavirus en cause. Il annonçait mettre en place un protocole thérapeutique dont les résultats encourageants seront publiés le 17 mars. Alors qu’il n’existe aucune alternative thérapeutique, et que l’usage de cette substance est très documentée, il faudra néanmoins attendre le 24 mars pour que le ministre de la Santé autorise l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour traiter des malades infectés par le Covid-19, en restreignant toutefois le traitement aux patients présentant des formes graves de la maladie, pris en charge à l’hôpital.
Des pesanteurs analogues seront pointées du doigt par d’autres praticiens. C’est ainsi qu’un généticien à la tête d'un important laboratoire de recherche du CHRU de Lille, dénoncera en ces termes la rigidité des autorités quand les laboratoires français pourraient développer rapidement les amorces et enzymes nécessaires à un dépistage massif : « Si on nous avait autorisés, nous les gens de la recherche, j’aurais mon congélateur plein d’enzymes, on aurait fait le protocole et on travaillerait à fond pour le CHU aujourd’hui. C’est comme ça dans toute la France. »
De fait, au fil des jours, de nombreux professionnels de santé et un collectif d’une centaine de médecins ont saisi le Conseil d’Etat ou porté plainte au pénal contre des membres du gouvernement, au motif qu’ils « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ».
Au regard de la gravité de ces accusations et en vertu de sa mission de contrôle de l’action du gouvernement, la représentation nationale a le devoir d’examiner au plus vite les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise pour comprendre comment notre pays n’a pu être en mesure de prévenir la propagation du virus et la multiplication des cas mortels comme en Allemagne ou en Corée du Sud , pays qui semblent s’être mis en situation de mieux juguler l’épidémie.
Sans esprit partisan, une telle commission permettrait de faire la lumière sur les dysfonctionnements et leur origine, d’identifier les responsabilités et de mieux appréhender les moyens efficaces de lutte contre la pandémie qui nous frappe, qui risque de perdurer et éventuellement se reproduire.
Cette commission d’enquête devra ainsi, notamment, établir :
- les raisons qui ont justifié des prises de décisions tardives voire contradictoires, notamment en matière de confinement ;
-pourquoi les pouvoirs publics n’ont pas été en mesure de définir clairement quels étaient les personnels qui devaient impérativement se rendre sur leurs lieux de travail ;
- pourquoi notre pays n’a pas été en mesure de fournir des masques en quantité suffisante, pour protéger les soignants, les travailleurs contraints de se rendre sur leurs lieux de travail, et protéger la population dans son ensemble ;
- pourquoi notre pays se trouve confronté à une pénurie de médicaments essentiels au traitement d’autres pathologies et ce en plein cœur de la crise ;
- pourquoi notre pays n’est pas en situation de faire face à un afflux de malades et d’apporter les soins nécessaires à chacun d’entre eux malgré le dévouement sans faille des personnels soignants ;
- les raisons qui ont conduit le gouvernement à décider de ne pas réaliser de dépistage massif de la population et si ce dépistage aurait permis d’endiguer l’épidémie ;
- les raisons qui ont conduit le gouvernement à décider d’autoriser l’hydroxychloroquine à l’hôpital, uniquement dans la prise en charge des formes les plus graves ;
Article unique
En application des articles 137 et suivants du Règlement de l’Assemblée nationale, est créée une commission d’enquête de trente membres, chargée d’identifier les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise du Covid 19 en France, de les évaluer et d’en tirer les conséquences pour permettre à notre pays d’être en mesure d’affronter, à l’avenir, une autre pandémie.
Dans sa croisade destinée à reconquérir et soumettre les colonies dont l’indépendance devient intolérable, Washington vient d’atteindre des sommets. En pleine explosion du Covid-19 – une épidémie si catastrophiquement gérée par Donald Trump que, d’après lui, un bilan final limité à quelque 100 000 morts démontrerait « l’excellence de ses décisions [1] » –, le procureur général William Barr a annoncé le 26 mars, en conférence de presse, l’inculpation du président vénézuélien Nicolás Maduro pour « narcotrafic » et « blanchiment d’argent » [2]. Selon le Département de la Justice, a précisé le procureur Geoffrey S. Berman, le chef de l’Etat bolivarien a établi un « partenariat de narco-terrorisme avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie [FARC] au cours des vingt dernières années » et, après avoir été l’une des « têtes » du Cartel des Soleils (un supposé cartel vénézuélien de narcotrafiquants), en est désormais le seul « leader » avec pour objectif, aujourd’hui comme hier, d’« inonder les Etats-Unis de cocaïne ». Faisant preuve d’une imagination illimitée dans l’invention de méthodes destinées à déstabiliser, renverser, emprisonner (et même assassiner) les dirigeants qui dérangent, cette accusation extravagante s’accompagne d’une mise à prix de la tête de Maduro – 15 millions de dollars (13,5 millions d’euros) étant promis à qui permettra de le localiser ou de le capturer.
Des poursuites ont également été lancées contre treize autres hauts fonctionnaires du gouvernement vénézuélien, parmi lesquels le ministre de la Défense Vladimir Padrino López, le président du Tribunal suprême de justice (TSJ) Maikel Moreno et, surtout, avec une offre de 10 millions de dollars pour qui les livrera, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Diosdado Cabello, et le vice-ministre de l’économie, Tareck El Aissami.
« Offrir des récompenses comme le faisaient les cowboys racistes du Far West montre le désespoir de l’élite suprématiste de Washington et son obsession envers le Venezuela », a réagi le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza. Ajoutant au caractère grotesque de l’accusation, le montant proposé pour la capture de Maduro n’a été dépassé dans l’Histoire que par les 25 millions de dollars offerts pour la tête d’Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre 2001, et celle d’Ayman al-Zawahiri, actuel chef du réseau terroriste Al-Quaïda. Plus grand « capo » latino-américain du narcotrafic, le colombien Pablo Escobar ne valait « que » 10 millions de dollars et, son successeur mexicain, Joaquín « El Chapo » Guzmán [3], 8,5 millions.
Comme il se doit, cette violente offensive du régime de Donald Trump contre le gouvernement bolivarien a décuplé les débordements, passions et appétits du ban et de l’arrière-ban de la droite extrémiste vénézuélienne (et de ses alliés). A commencer par la principale tête de gondole, le « président » (élu par Trump) Juan Guaido. « Je suis persuadé que les accusations présentées contre les membres du régime sont bien fondées et vont aider à libérer le pays du système criminel qui a séquestré notre peuple depuis tant d’années », a-t-il immédiatement réagi par communiqué. Comme il l’a fait pendant des décennies en annonçant la « chute imminente de Fidel Castro », le cubano-américain (et espagnol) Carlos Alberto Montaner prévoit déjà « la fin du chavisme » dans la presse de Miami : « Après l’accusation formulée contre Maduro et ses acolytes par le Département d’Etat et celui de la Justice, les prédictions changent totalement, jusqu’à ce que quelqu’un de leur entourage décide de les éliminer [4]. » En Bolivie, le secrétaire à la Présidence Erick Foronda, bras droit de Janine Añez, portée au pouvoir par un coup d’Etat, s’est fendu d’un Tweet menaçant pour « le suivant » : « Ils viennent pour toi, Maduro. Tu n’auras pas d’échappatoire. El le suivant est Evo Morales. Tes jours de conspiration sont terminés, délinquant ! »
Confortablement confinée dans l’Hexagone d’où elle appuie les secteurs fascisants qui s’acharnent sur les habitants de son pays d’origine, l’anthropologue et écrivaine franco-vénézuélienneElizabeth Burgos s’enthousiasme dans un message à la journaliste Jurate Rosales : « C’est un coup de maître contre les partisans du dialogue et l’Union européenne, etc. On ne peut pas dialoguer avec un “Wanted” [5]. » Le dialogue, voilà l’ennemi…
Tant les agissements ubuesques de la Maison-Blanche que ce type de commentaires devraient ne provoquer qu’un simple haussement d’épaules accablé. Toutefois, si une chose est de constater leur ineptie, autre chose est d’en mesurer l’ampleur et les possibles prolongements. Raison pour laquelle, des années de propagande politico-médiatique ayant passablement troublé les esprits, on tentera d’analyser ici en profondeur les mensonges et incohérences de cette agression majeure des pitbulls de Washington contre le Venezuela.
Premier rappel indispensable : de tous temps, les Etats-Unis ont instrumentalisé le « narcotrafic », tantôt le combattant, tantôt l’ignorant, tantôt l’utilisant pour leurs sombres desseins. Dans les années 1980, sous l’administration de Ronald Reagan et avec la pleine collaboration de la Central Intelligence Agency (CIA), les « contras » (contre révolutionnaires) nicaraguayens se sont livrés au trafic de cocaïne pour financer leur guerre contre les sandinistes. Dans son rapport du 13 avril 1989, le Comité du Sénat des affaires étrangères mentionna : « Les activités des Contra incluent des paiements aux trafiquants de drogue par le Département d’Etat des Etats-Unis, autorisés par le Congrès en tant qu’aide humanitaire [déjà !], dans certains cas après l’inculpation de trafiquants par des agences fédérales, dans d’autres pendant que les trafiquants étaient sous enquête par ces mêmes agences. » L’un des artisans de ces manœuvres scélérates s’appelait Elliott Abrams. Avant d’être gracié par George H. W. Bush, il fut condamné pour cela à deux ans de prison. Trump en a fait l’actuel responsable (« envoyé spécial ») de sa politique sur le Venezuela, avec pour tâche de contribuer au renversement de Maduro.
Au Panamá, le général Manuel Antonio Noriega a de même pactisé avec les barons du Cartel de Medellín. Depuis la fin des années 1950, il émargeait également à la CIA, qui, à partir de 1967, le rémunéra grassement. Des liens étroits l’unissaient à George H. W. Bush, promu directeur de l’« Agence » en 1976.
Entre 1983 et 1989, Noriega confisque les élections et gouverne de façon autoritaire (mais beaucoup moins que son homologue chilien Augusto Pinochet). Seulement, Noriega se montre soudain moins docile aux injonctions de la Maison-Blanche, qui lui demande une participation accrue à l’agression contre le Nicaragua sandiniste. De gangster ami Noriega se transforme en ennemi scélérat. Déclenchée le 20 décembre 1989, l’« Opération Juste Cause » lance 28 000 « marines », commandos et parachutistes sur Panama City. L’arrestation du trafiquant fait 4 000 morts – essentiellement des civils. Le 29 décembre 1989, par 75 voix contre 20 et 40 abstentions, l’Assemblée générale de l’ONU adoptera une résolution condamnant cette pseudo intervention « anti-narco ».
Peu avant le procès de l’ex-général, embarqué manu militari et incarcéré aux Etats-Unis, le Département de la Justice conclue un accord secret avec le Cartel de Cali (le second, en importance, en Colombie). Si les « narcos » apportent des témoignages contre Noriega, une remise de peine sera accordée à Luis Santacruz Echeverri, frère d’un des chefs du cartel, qui purge alors une peine de vingt-trois ans d’emprisonnement.
Pendant son procès, Noriega prétendit que sa collaboration avec la CIA lui avait rapporté 10 millions de dollars. Il demanda à pouvoir révéler les tâches qu’il avait effectuées pour les Etats-Unis. Le tribunal statua : « L’information sur le contenu des opérations secrètes dans lesquelles Noriega a été engagé en échange de versements présumés est sans rapport avec sa défense » et pourrait « confondre le jury ». En conséquence de quoi, sur cette séquence embarrassante, le silence lui fut imposé. On le condamna à 40 ans de prison [6].
Lors de sa conférence de presse du 26 mars dernier, le procureur général Barr n’a pas hésité à établir un parallèle douteux, mais surtout alarmant : « Nous ne reconnaissons pas Maduro comme président du Venezuela ; c’est déjà arrivé avec Noriega, que nous ne reconnaissions pas non plus. »
En ce qui le concerne, le colombien Álvaro Uribe n’a rencontré aucun problème pour être reconnu. Pourtant, l’Agence du Renseignement du Département de la Défense (DIA) américain lui a attribué, en 1991, le numéro 82 d’une liste de personnalités entretenant des liens étroits avec Pablo Escobar et le Cartel de Medellín [7] ! Uribe n’en a pas moins poursuivi sans encombres sa carrière politique. Accédant à la tête de l’Etat en 2002, il est devenu le principal allié des Etats-Unis dans la région. Ses liens avérés avec les « narco-paramilitaires » ne lui ont pas attiré plus d’ennuis.
Bien que toujours en mouvement, la vie n’opère pas forcément de constants changements : en février 2019, c’est avec l’aide de l’organisation narco-paramilitaire colombienne des Rastrojos que le président fantoche vénézuélien Juan Guaido a traversé clandestinement la frontière pour rejoindre le président Iván Duque (le fils spirituel d’Uribe) à Cúcuta, en Colombie [8]. Pas de problème. Il s’agissait de « bons narcos ».
Les concepteurs de l’acte d’accusation contre le chef de l’Etat vénézuélien comptent manifestement sur le fait que, d’une manière générale, les journalistes n’ont ni mémoire ni archives. Si l’on en croit les « révélations » de Barr au nom de la Justice US, lorsque Chávez a fait de Maduro son ministre des Affaires étrangères, le 7 août 2006, les FARC ont remis à ce dernier 5 millions de dollars, produit du narcotrafic. On est là un paquet de mois avant le 1er mars 2008, jour où un commando de l’armée colombienne bombarde et tue le numéro deux de cette guérilla, Raúl Reyes. Près de son corps, sont, dit-on, récupérés trois ordinateurs, deux disques durs et trois clés USB. Lesquels « révèlent » leurs secrets. Des milliers de courriers électroniques « prouvent » les liens entre l’« organisation terroriste » et Chávez (ainsi que le chef de l’Etat équatorien Rafael Correa). Les gouvernements colombien et américain font feu de tout bois. Un certain nombre de médias influents – The Wall Street Journal,The New York Times, El País (Madrid), etc. – relaient avec délice l’information. Le monde entier apprend ainsi que Chávez, « sans un haussement de sourcils », a donné 300 millions de dollars à la guérilla.
Comprenne qui pourra… Les FARC sont tellement misérables qu’elles quémandent (affirme-t-on à l’époque) 300 millions de dollars à Chávez, mais tellement prospères qu’elles ont auparavant ou en même temps (prétend-on aujourd’hui) arrosé Maduro de 5 millions !
Pour qui ne connaîtrait pas le fin mot de l’histoire des « ordinateurs magiques » de Reyes, on rappellera que le 18 mai 2008, la Cour suprême de justice (CSJ) colombienne a déclaré les informations obtenues à partir d’eux « nulles et illégales ». La Cour contesta en particulier l’existence des fameux e-mails, les documents présentés comme tels se trouvant dans les fichiers d’un traitement de texte (Word) et non dans un navigateur permettant de démontrer qu’ils avaient été envoyés et/ou reçus. En d’autres termes : n’importe qui avait pu les rédiger et les introduire dans les ordinateurs a posteriori [9].
Cette information n’intéressa guère. Dans l’un de ses multiples éditoriaux consacrés au Venezuela, le Washington Post avait déjà résumé à lui seul l’objectif de la formidable campagne d’intoxication : « Si le scandale des ordinateursest utiliséde manière adéquate [c’est nous qui soulignons], il approfondira le trou dans lequel cette supposée “révolution bolivarienne” est en train de se noyer. »
Douze ans plus tard, les méthodes et la thématique n’ont pas changé.
« Durant plus de vingt ans, affirme le procureur général Barr, Maduro et un grand nombre d’alliés ont conspiré avec les FARC, provoquant que des tonnes de cocaïne entrent et dévastent les communautés étatsuniennes. » Si le postulat du jeu est que la conduite de chaque individu ou groupe est rationnelle, nul n’envisagerait de renoncer à une si lucrative poule aux œufs d’or. Pourtant, avant même d’être président, Chávez estimait qu’il fallait en terminer avec le conflit colombien. « Un mouvement de guérilla n’est plus à l’ordre du jour dans les montagnes d’Amérique latine », lança-t-il même en 2008, créant le trouble chez les radicaux, tant colombiens que vénézuéliens.
Lui et Maduro, son ministre des Affaires étrangères, ne ménagèrent pas leurs efforts pour favoriser des négociations de paix entre la guérilla et le gouvernement de Juan Manuel Santos. Tous deux réussirent à convaincre les rebelles, ce qui n’avait rien d’évident (et raison pour laquelle des contacts existaient effectivement entre émissaires vénézuéliens et état-major des insurgés). Lors des obsèques de Chávez, le 8 mars 2013, c’est bel et bien Santos qui déclara, parlant de son homologue bolivarien : « L’obsession qui nous unissait, et qui a été la base de notre relation, était la paix de la Colombie et de la région. Si nous avons avancé dans un processus solide de paix, avec des progrès clairs et concrets, des avancées comme jamais il n’y en avait eu avec la guérilla des FARC, c’est aussi grâce au dévouement et à l’engagement sans limites du président Chávez et du gouvernement vénézuélien. »
Il en faudrait davantage pour que le Département de la Justice américain renonce à ses calembredaines. D’après lui, en 2008, Chávez, « qui était alors président du Venezuela et l’un des leaders du “Cartel des Soleils”, s’est mis d’accord avec Luciano Marín Arango, alias Iván Márquez [futur négociateur des Accords de paix, côté guérilla], pour utiliser les fonds de l’entreprise [pétrolière] d’Etat vénézuélienne PDVSA, pour appuyer les actions terroristes et de narcotrafic des FARC ». C’est l’époque où, toujours d’après les mêmes représentants de la loi et de l’ordre yankees, « Maduro a abusé de son pouvoir comme ministre des Affaires étrangères pour s’assurer que la frontière entre le Venezuela et la Colombie demeure ouverte et, ainsi, faciliter le trafic de drogue ».
Fichtre ! Maintenir les frontières de son pays ouvertes... Nul n’en disconviendra, il s’agit là d’un crime absolu. Sauf, bien sûr, si les Etats-Unis avaient commis un écart analogue... Car, n’ayant pas fermé les leurs, ne demeurent-ils pas, avec 6,8 millions de « clients » (d’après l’ONU), les premiers consommateurs mondiaux de cocaïne ? Faute de questions posées lors de la conférence de presse sur cette complicité de Washington avec les « narcos » colombiens, les procureurs vedettes de la chasse au Maduro ne se sont malheureusement pas prononcés sur la question.
De fait, le Venezuela se trouve coincé entre le premier pays producteur de cocaïne, la Colombie, avec laquelle il partage 2 300 kilomètres de frontière, et la principale destination de la « blanche », les Etats-Unis. Il se trouve donc particulièrement vulnérable – et le constat ne date pas d’aujourd’hui. En octobre 1997, lors d’une visite du président William « Bill » Clinton à Caracas, un accord de coopération pour la lutte contre le narcotrafic (11 millions de dollars) fut signé avec le prédécesseur de Chávez, Rafael Caldera. Raison invoquée à l’époque : « Le Venezuela est la plus importante route de contrebande du narcotrafic [drug-smuggling] depuis la Colombie jusqu’aux marchés illicites. Le pays sert de zone de transit pour environ 100 tonnes de cocaïne et 10 tonnes d’héroïne par an [10]. » Vraiment trop « coooooool », Clinton n’a pas mis la tête de Caldera à prix.
Une telle situation géographique fait par définition naître des « vocations ». Lesquelles, défraient régulièrement la chronique, de multiples façons. Très court florilège. En 1997 (avant Chávez), le « dernier grand capo » après la mort de Pablo Escobar, l’ex-militaire colombien Justo Pastor Perafán, est capturé en plein centre de San Cristóbal (Venezuela). Deux ans plus tard, un Boeing 727 appartenant au prince saoudien Nayef Bin Fawwaz al-Shaalan quitte Caracas au terme d’une réunion de l’OPEP ; lors d’une escale à Paris, la police française y découvre 2 tonnes de cocaïne de la plus grande pureté [11]. Le 10 septembre 2013, c’est également à Paris qu’a lieu une « saisie record » (1,3 tonnes) à bord d’un vol d’Air France en provenance de l’aéroport Maiquetía de Caracas. Parmi les vingt-huit arrestations effectuées au Venezuela, figurent le lieutenant-colonel Ernesto Mora Carvajal (directeur de la sécurité de l’aéroport) et huit membres de la Garde nationale. En août 2011 déjà, lors de la capture d’une « narcoavioneta » transportant 1,4 tonnes de « coke » dans l’Etat de Falcón, on avait découvert que le petit appareil avait décollé de la base militaire de La Carlota (Caracas). En 2016, c’est l’officier de police représentant Interpol, Eliecer García Torrealba, qui tombera. Très remarqués, et pour cause, deux civils – Efrain Antonio Campo Flores et Franqui Francisco Flores de Freitas –, neveux de l’épouse de Maduro, Cilia Flores, finiront, pour le même motif supposé, condamnés en décembre 2017 à 18 ans de réclusion, dans une prison des Etats-Unis [12].
Financée par les barons de la drogue, la corruption à très large échelle s’infiltre à tous les niveaux et contamine, nul n’en disconvient, jusqu’à certains éléments de la police et de l’armée.
Mais quid du « Cartel des Soleils » ?
Il s’agit, peut-on lire ou entendre dans les rubriques « Le Venezuela par les Nuls », d’un gang de généraux né sous la présidence de Chávez et jouissant de sa complicité. Ridicule ! L’expression « Cartel des Soleils » a été utilisée pour la première fois en… 1993, lorsque deux généraux de la Garde nationale furent inculpés pour trafic de stupéfiants. Les « soleils » en question sont les insignes d’épaules que portent les généraux des Forces armées vénézuéliennes (quatre « soleils » pour le général en chef).
La formule revient sporadiquement lorsque des militaires sont impliqués ou arrêtés, mais refait surtout surface en 2015 sous la plume du « journaliste » Emili Blasco, correspondant à Washington du (monarchique, catholique et ultra-conservateur) quotidien espagnol ABC. Chávez est mort, l’« offensive finale » contre la révolution bolivarienne vient de commencer. Sur la base de supposées révélations de la Drug Enforcement Administration (DEA), Blasco fait de Diosdado Cabello, alors président de l’Assemblée nationale, le leader du Cartel des Soleils et l’un des narcotrafiquants les plus puissants du continent (ne connaissant pas encore le procureur général américain William Barr, il oublie de mentionner Chávez et Maduro).
Avec un ensemble touchant, extrapolant à partir du strict minimum de données, la docile corporation des faiseurs d’opinion – à commencer par The Wall Street Journal (Etats-Unis) et El Mundo (Espagne) [13] – se charge de colporter l’accusation. Que les plus prudents de leurs confrères reprennent à demi-mots, à coups de « conditionnels » hypocrites – ce qui suffit à imprimer une « vérité » dans l’opinion. Plus direct, le sénateur républicain cubano-américain Marco Rubio fait de Cabello « le Pablo Escobar vénézuélien ».
Preuves, faits irréfutables ou même moyennement étayés, vérifiables et vérifiés ? Aucun. Jamais.
Dans ce registre, le « think tank » Insight Crime se distingue particulièrement. Organisation supposément indépendante possédant son siège à Medellín (Colombie), Insight Crime a été fondé par Steven Dudley, ex-chef du bureau pour la région andine du quotidien le Miami Herald (« anticastriste », « antichaviste », « anti-tout-ce-qui-bouge-à-gauche ») et par Jeremy McDermott, ancien officier des Forces armées britanniques. Une bonne odeur de souffre, un parfum de barbouzerie. Les différents rapports d’Insight Crime s’appuient essentiellement sur les informations distillées par la DEA ou le Bureau du contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Département du Trésor américain, les « révélations » de transfuges ex-chavistes cherchant à s’obtenir les bonnes grâces de leurs nouveaux amis américains, et des articles de presse. Laquelle presse, reprend à son tour la production d’Insight Crime, dans un classique dispositif de serpent qui se mord la queue. Oubliant au passage quelques particularités évoquées par le « think tank » lorsque, malgré son parti pris, il estime qu’il s’agit (le « Cartel des Soleils ») d’ « un réseau disparate de trafiquants, comprenant des acteurs étatiques et non étatiques », et précise que « s’il y a bien des cellulesdans les principales branches des Forces armées, et à tous leurs niveaux (…), on ne peut pas les décrire comme un cartel, car la manière dont fonctionnent les relations entre ces cellules n’est pas claire [14] ». En matière de de certitudes, on a déjà fait mieux.
Chacun voit midi à sa porte. Difficile pour le non belligérant de discerner où se trouve la vérité. Régulièrement mis en accusation par le rapport que publie chaque année le Département d’Etat américain, le Bureau national anti-drogue (ONA) vénézuélien ne reconnaît en la matière que les données de l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC). Dans son rapport 2019, cet organisme peu suspect de partialité décrit ainsi en quelques lignes lapidaires la situation(§ 578) [15] : « Il y a des indices que, dans la République bolivarienne du Venezuela, les groupes délictueux ont réussi à s’infiltrer au sein des forces de sécurité gouvernementales et ont créé un réseau informel connu comme le “Cartel des Soleils” pour faciliter l’entrée et la sortie de drogues illégales ». Indices, réseau informel… Même un média vénézuélien férocement d’opposition comme Costa del Sol admet : « Les experts en matière de sécurité reconnaissent que ce n’est pas un groupe organisé verticalement comme les cartels du narcotrafic colombien ou mexicain. Ils agissent plutôt comme un groupe d’individus aux connexions bureaucratiques, qui peuvent avoir peu ou aucune coordination les uns avec les autres [16]. »
Qu’on examine le problème par n’importe quelle entrée, la thèse de Chávez, puis Cabello, et maintenant Maduro épluchant d’énormes liasses de billets en dirigeant d’une main de fer un gang criminel structuré ne repose sur aucun élément sérieux. Comme l’a noté l’avocat vénézuélien Juan Martorano, l’existence du Cartel des Soleils relève plus que tout du « mythe urbain » [17].
Le 9 août 2019, l’administration Trump a « certifié » la Colombie d’Iván Duque – preuve de sa bonne conduite et de sa pleine coopération avec Washington en matière de lutte contre la drogue. Dans le même temps, elle « dé-certifiait » la Bolivie (encore dirigée par Evo Morales) et le Venezuela gouverné « par le régime illégitime de Nicolás Maduro ». La pertinence de ces traitements différenciés apparaît avec évidence lorsqu’on sait que, en Colombie, la surface dédiée aux cultures de coca, la matière première de la cocaïne, a atteint des niveaux sans précédents : d’après l’UNODC (Nations unies) elle est passée de 48 000 hectares en 2013 à… 169 000 hectares en 2018 (et même 208 000 hectares d’après le Bureau de la politique nationale pour le contrôle des drogues [ONDCP] de la Maison-Blanche). Et ce, alors que les FARC, longtemps accusées d’être les principales responsables de ce fléau, ont déposé les armes en 2016.
D’après le procureur général « yankee » Barr, plus de 250 tonnes de cocaïne sortent du Venezuela chaque année à destination de l’Amérique centrale et de la Caraïbe « avec le consentement de Maduro ». Ce qui fait de la République bolivarienne LE « narco-Etat » de la région. D’après la très officielle Base de données antidrogues consolidée inter-agences (CCDB), un organisme gouvernemental américain, c’est pourtant en Colombie, pas au Venezuela, que la production de cocaïne a atteint 2 478 tonnes en 2017 (+ 269 % par rapport aux 918 tonnes de 2012).
Peu importe. Les « enquêteurs » étatsuniens persistent et signent : le Venezuela constitue le principal tremplin d’expéditions de drogue vers les Etats-Unis. Nouvelle supercherie.En 2012, d’après l’Organisation des Etats américains (OEA), dirigée alors par le chilien José Miguel Insulza, près de 70 % de la « coke » sortait de Colombie à travers le Pacifique, 20 % à travers l’Atlantique et 10 % via le Venezuela [18]. Vingt ans plus tard (11 mars 2020), s’appuyant sur les chiffres de la CCDB « yankee », le Bureau de Washington pour les affaires latino-américaines (WOLA) parvient au même constat : 84 % de la drogue produite chez Uribe, Santos et maintenant Duque passent par l’Océan Pacifique (que bordent la Colombie et, à un degré moindre, concernant les expéditions, l’Equateur et le Pérou), 9 % empruntent la voie de la Caraïbe occidentale (l’Amérique centrale) et seulement 7 % la Caraïbe orientale (le Venezuela) [19]. En d’autres termes : même ses propres services – le CCDB, le Département de la Défense – mettent en évidence la supercherie de Trump (et de ses « employés »).
Pour illustrer la manipulation du thème des pays de transit, on précisera que, toujours d’après la CCDB, 210 tonnes de cocaïne ont circulé par le Venezuela en 2018 (ce qui est plausible) et… 1 400 tonnes par le Guatemala. De son côté, l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) mentionne dans son dernier rapport (§ 579) que le trafic par la voie maritime depuis les ports du Chili est en constante augmentation, ce qui le convertit, « avec le Brésil et la Colombie, en l’un des principaux pays de sortie de la cocaïne saisie à Valencia et Algésiras, en Espagne, importantes voies d’entrée de ces stupéfiants en Europe ».
Pendant que le régime de Trump amuse la communauté internationale avec ses fantaisies, « des gens », à Miami, Los Angeles, ou ailleurs dans des paradis fiscaux, déposent des centaines de milliers de dollars, sans trop attirer l’attention.
Le 1er novembre 2019, le ministre de l‘Intérieur vénézuélien, Néstor Reverol, informait que, cette même année, les forces de sécurité avaient intercepté et confisqué 29,779 tonnes de drogues de toutes natures, arrêtant 5837 personnes et ouvrant 1 556 procédures judiciaires (d’après la même source, entre 2015 et mars 2020, ce sont 212 tonnes qui ont été saisies). Insuffisant pour bloquer la très peu Sainte Inquisition : 15 millions de dollars, on l’a vu, pour la tête de Maduro, 10 millions pour celles de Cabello et d’El Assaimi, mais aussi pour deux autres piliers du « régime corrompu » et de son « cartel », Hugo Carvajal, ancien chef du Renseignement, ex-député chaviste (et en cavale en Espagne, soit dit en passant) et Cliver Alcalá. Quiconque fournira une information permettant de localiser tous ces gens-là touchera (théoriquement) le gros lot. S’agissant de Maduro, on se permettra ici de donner un indice relevant du très à la mode « journalisme d’investigation » : Palais présidentiel de Miraflores, Final Avenida Urdaneta 1010, Esquina de Bolero, Caracas Distrito Capital (Venezuela). Pour Cliver Alcalá, membre du même gang, pas de difficulté majeure non plus : depuis deux ans, au vu et au su de tous, ce « dangereux narcotrafiquant », vit tranquillement à Barranquilla, en Colombie. Sans que les forces conjointes de la CIA et de la DEA ne l’y aient repéré. Sans que les autorités colombiennes ne l’aient détecté. Et pour cause…
Général au sein des Forces armées nationales bolivariennes (FANB), Alcalá s’est démarqué du pouvoir et, après avoir pris sa retraite en 2013, s’est publiquement opposé à Maduro. Il a été un excellent « client » pour un certain nombre de chercheurs, universitaires et journalistes dits « de gauche », avides des déclarations de « chavistes critiques » leur permettant de rejoindre l’offensive anti-Maduro sans paraître renier Chávez et sa révolution pour lesquels, lorsqu’on pouvait le faire sans s’exposer outre mesure aux condamnations de la majorité conformiste, ils avaient manifesté une certaine sympathie.
Accusé depuis 2014 de liens avec le narcotrafic, Alcalá est entré tout à fait légalement en Colombie par Cúcuta (d’après Migración Colombia). Bien qu’ayant (ou parce qu’il a) épousé en mai 2012 Marta González, une sœur d’Hermágoras González Polanco, alias « El Gordito González », narcotrafiquant et ancien membre de l’organisation paramilitaire des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), Alcalá vivrait encore paisiblement dans son pays d’accueil si [20]...
Le 24 mars, l’épidémie de Coronavirus restreignant la circulation, la police de la route colombienne, dans une opération de routine, contrôle un véhicule qui circule sur la route Barranquilla – Santa Marta. Elle y découvre un arsenal : 26 fusils d’assaut AR-15, des silencieux, des viseurs nocturnes, des casques, des gilets pare-balles, des émetteurs-récepteurs radio, etc. Arrêté, le conducteur confesse qu’il se dirigeait vers la Guajira (département frontalier avec le Venezuela). Deux jours plus tard, une radio colombienne à forte audience, Web Radio, diffuse une déclaration explosive de… Cliver Alcalá, l’un des « narcos » vénézuéliens complices de Maduro recherchés par la Justice des Etats-Unis : « Je me trouve à Barranquilla, dans mon logis, où le gouvernement colombien, depuis longtemps, sait que je suis. » Ce détail précisé, Alcalá dévoile que les armes saisies le 24 appartiennent à un groupe de 90 officiers vénézuéliens (déserteurs) qu’il dirige. Objectif : « Obtenir la liberté du Venezuela ». Comment ? En faisant passer ces armes dans la Guajira vénézuélienne où elles devaient être réceptionnées par un officier – alias « Pantera ». Continuant ses révélations, Alcalá dit ceci : toute cette opération a eu lieu dans le cadre d’un accord passé avec « le président » Guaido, son conseiller politique Juan José « J.J. » Rendon (consultant de multiples candidats présidentiels latinos de droite) et des conseillers américains. Il implique dans le complot Leopoldo López (leader de Volonté populaire, le parti de Guaido), Sergio Vergara (député de VP, bras droit de Guaido) et Iván Simonovis, nommé Coordinateur spécial de la sécurité et du renseignement aux Etats-Unis par le président autoproclamé [21].
Alcalá multiplie ensuite ses interventions sur Twitter et, finalement, livre ses dernières révélations en exclusivité sur Infobae : « Depuis plusieurs mois, nous travaillons à la formation d’une unité pour libérer le pays et éliminer chirurgicalement les objectifs criminels du narcotrafic et du désastre qu’“ils” ont généré dans notre pays [22] ». Assurant une dernière fois qu’il ne fuit pas, comme le laisse entendre la Justice des Etats-Unis – laquelle vient « à sa grande surprise » de le placer sur la liste des « narcoterroristes » de la bande à Maduro ! –, Alcalá précise, évoquant le procureur général Barr : « Je présume qu’il ne connaît pas l’accord confidentiel que nous avons. » Raison pour laquelle il annonce son intention de se mettre à disposition des autorités colombiennes et son entière disposition « à collaborer avec la justice nord-américaine ».
Sur un personnage et un épisode aussi « tordus », les spéculations vont bon train. On ne s’engagera pas ici dans un fatras d’hypothèses oiseuses et de théories. On s’en tiendra aux faits. Alcalá s’est affectivement « rendu » sans perte de temps aux forces de l’ordre colombiennes. Durant son transfert jusqu’à l’aéroport de Bogotá, en vue d’une extradition immédiate aux Etats-Unis, il a eu tout le loisir de donner des interviews téléphoniques et par vidéo sur les réseaux sociaux (ce qui est très fréquent chez les narcotrafiquants détenus !). Evoquant les agents de la Direction nationale du renseignement (DNI) qui l’escortaient, il déclara : « Je les connais, je les ai vus et je traite avec eux depuis plus d’un an. J’ai été constamment en communication avec eux. Par le passé, en Colombie, je me suis réuni avec eux, ici, à Barranquilla [23]. » Les heures qui vont suivre n’apporteront guère de démenti à ces allégations. Lorsque le 27, Alcalá s’apprête à monter dans l’avion dépêché en toute hâte par la DEA pour le ramener à New York (malgré la fermeture des frontières), où l’attend théoriquement une prison de haute sécurité, il le fait sans menottes, de manière détendue, après avoir salué très cordialement et échangé quelques « abrazos » avec ceux qui le surveillaient. Nul doute que les « révélations » les plus explosives sur Maduro vont maintenant se multiplier dans le cadre de négociations dont raffole la Justice étatsunienne pour, en échange d’une réduction de peine, compromettre, diffamer et si possible jeter dans un cul de basse fosse le ou les individus qu’elle poursuit de sa vindicte.
A l’origine de cette séquence, l’arsenal confisqué aux opérateurs d’Alcalá n’était à l’évidence pas de nature à déclencher une opération d’envergure de type invasion ou coup d’Etat. En revanche, il était parfaitement adapté à l’organisation d’opérations de type « élimination chirurgicale » (pour reprendre l’expression de l’ex-général) ou « assassinat sélectif ». L’avenir dira peut-être quels objectifs étaient visés. Mais en tout état de cause, le lot d’armes s’inscrit dans la stratégie de déstabilisation du Venezuela – de la tentative d’assassinat de Maduro le 4 août 2018 à la présence notoire de camps d’entraînements pour mercenaires (liés à Alcalá, en particulier à Riohacha, dans la Guajira). Cette politique de caractère terroriste, dont le régime de Trump donne le « la », atteint son point d’orgue avec la récente mise à prix de Maduro. Une semaine après cette dernière, et le lendemain du jour où le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a présenté un plan de « Gouvernement de transition, sans Maduro ni Guaido », le gouvernement américain a en effet annoncé le déploiement d’une importante opération navale destinée à réduire l’entrée de drogues illégales aux Etats-Unis. « Alors que les gouvernements et les nations se concentrent sur le coronavirus, a expliqué sans rire le maître de la Maison-Blanche, il existe une menace croissante que les cartels, les criminels, les terroristes et d’autres acteurs malveillants tentent d’exploiter la situation pour leur propre profit. » Pour qui n’aurait pas tout à fait saisi la nature de l’opération, le conseiller à la Sécurité nationale Robert O’Brien a ajouté qu’il s’agit de réduire les ressources financières du narcotrafic, lequel « fournit au régime corrompu de Maduro (…) et à d’autres acteurs pernicieux les fonds nécessaires à la réalisation de leurs activités malignes ».
Au moins dix garde-côtes, des destroyers, des navires de guerre de dernière génération, des porte-hélicoptères, une brigade d’infanterie, des membres des forces spéciales et une importante couverture aérienne – P-8 (version militaire du Boeing 737), E-3 Awacs, E-8 JStars – vont prendre progressivement position, théoriquement dans le Pacifique et l’Atlantique, en réalité massivement face aux côtes du Venezuela. Un marteau pilon ! Pour combattre… des mouches. Les cargaisons maritimes de « coke » quittent les côtes latino-américaines à bord de « go fast » (vedettes rapides), de bateaux de pêche, de mini-sous-marins, de navires commerciaux et de porte-conteneurs ; les expéditions aériennes utilisent des avions de tourisme. Des cibles et objectifs sans commune mesure avec le déploiement spectaculaire de cette armada.
Au moment où les Nations Unies demandent une suspension des mesures coercitives unilatérales (dites « sanctions ») contre le Venezuela et Cuba (ainsi que l’Iran) pendant la crise du Coronavirus, Trump a donc opté pour une authentique déclaration de guerre. Brandie à la face du monde, la « cocaïne » de Maduro est l’équivalent de la petite fiole de poudre de perlinpimpin de Colin Powell accusant Saddam Hussein, devant l’Assemblée générale des Nations unies, de disposer d’armes de destruction massive. Cette dangereuse surenchère a au moins une cause aisément détectable : l’échec de la stratégie du « président fantoche » censé faire tomber Maduro. Pauvre Guaido ! Il fait pourtant tout ce qu’il faut : il approuve les sanctions qui martyrisent ses compatriotes, il célèbre la mise au ban de Maduro, il appuie le déploiement de la force navale. Il n’en a pas moins été congédié sans ménagements. En proposant un plan de transition « sans Maduro ni Guaido », Washington a signé la fin de cette comédie. Et le Guaido en question s’est montré pour ce qu’il est et n’a jamais cessé d’être : une marionnette. Depuis janvier 2019, il joue au chef de l’Etat légitime, inébranlable, ferme, crâne, intrépide, viril, courageux, « reconnu par la communauté internationale », et ne cédant sur rien. Que Trump lui intime de se retirer, et il obtempère sans résistance, sans une once de dignité : « Oui chef ! bien chef ! » Comme on dit au Mexique, « qui paye le mariachi choisit la chanson ».
Quinze millions de dollars pour la tête de Maduro ! En tant qu’objectif prioritaire des « faucons » étatsuniens, le chef de l’Etat vénézuélien, à travers ce procédé original, succède à l’irakien Saddam Hussein et au libyen Mouammar Kadhafi– avec, en ce qui concerne ces derniers, les dénouements que l’on connaît. Certes, le pouvoir vénézuélien tient bon. Malgré les énormes difficultés quotidiennes (qu’aggravent le Coronavirus), une très large fraction des secteurs populaires l’appuient. Les discussions se poursuivent avec l’opposition modérée. Les Forces armées demeurent loyales. Evoquant « la furia bolivariana », l’alliance « civico-militaire » (très mal comprise à l’étranger) prépare, au cas où, la défense du pays.
Mais c’est précisément cette résistance aux desseins de la puissance impérialiste qui incite cette dernière à utiliser les méthodes les plus extrêmes (quand bien même elles seraient cousues de gros fil blanc). « Des millions pour la tête de… » Maduro, Cabello, El Aissami ! Une telle promesse de récompense attire les avides comme la lumière attire les papillons. On trouve toujours des hommes qui aiment les sales besognes. Quelque militaire félon, acheté, opportuniste ou intimidé par la puissance de l’ennemi. Des paramilitaires (colombiens ou venézolano-colombiens). Des barbouzes, des aventuriers. Des mercenaires de compagnies de sécurité privée. Des « spécialistes » américains – surgis, par exemple, du sein de l’armada en cours de déploiement.
Pour ce type de coup tordu, les méthodes ne manquent pas. L’opération commando permettant de séquestrer la cible. Le drone, chargé de l’assassiner. Le bombardement « chirurgical ». La balle d’un « sniper ». Le coup d’Etat mené par un secteur minoritaire de l’armée…
Le pire n’est bien entendu jamais sûr. On ne négligera pas la capacité de la révolution bolivarienne à déjouer les plans ennemis. Ni même un changement de pouvoir lors de la prochaine élection américaine, Trump semblant moins doué pour gérer une pandémie que pour semer la terreur et la mort dans ce qu’il croit être son pré-carré. Néanmoins, en l’état, au mépris du droit international, la préparation d’un crime potentiel se déroule sous nos yeux. Une conspiration. La séquestration ou l’assassinat d’un chef de l’Etat reconnu par l’Organisation des Nations unies et qui n’a commis aucun crime, sauf ceux de défendre la Constitution et la souveraineté de son pays.
Nul n’est obligé d’aimer le président vénézuélien. Nul n’est contraint d’appuyer la révolution bolivarienne. Mais, tout de même… A l’époque où il existait en France une gauche digne de ce nom, elle aurait crié, à l’unisson, toutes tendances confondues : « Nous sommes tous Maduro ! Trump, pas touche au Venezuela ! »
[3] Chef du Cartel de Sinaloa, considéré comme le « trafiquant le plus dangereux du monde » par les Etats-Unis, Joaquin Guzmán a été capturé en février 2014 par les autorités mexicaines (après une première évasion), extradé aux Etats-Unis et condamné à perpétuité par le tribunal de New York, le 17 juillet 2019.
[9] Sur cette affaire, lire Maurice Lemoine, « La Colombie, Interpol et le cyberguérillero », Le Monde diplomatique, juillet 2008.
[10] The International Herald Tribune, 14 octobre 1997.
[11] Condamné en France à dix années par contumace, le prince est depuis protégé par son pays.
[12] Les deux jeunes hommes sont tombés dans un piège tendu par des agents de la DEA : des informateurs payés par cette agence leur ayant promis 20 millions de dollars en échange de cocaïne, ils auraient prévu d’obtenir la marchandise auprès d’un intermédiaire se fournissant auprès des FARC. Du fait de leur arrestation, le crime n’a pas été commis. Ils ont été condamnés pour « conspiration en vue de… ».
[20] D’après Caracol Radio, Marta González, l’épouse d’Alcalá, a une sœur, Lucy, qui a été en couple avec le truand José Guillermo « Ñeñe » Hernández, assassiné en 2019 et au cœur d’un scandale d’« achats de votes » au profit de l’actuel président Iván Duque. Sur cette affaire, lire : http://www.medelu.org/La-Colombie-aux-temps-du-cholera
Au moment où les États-Unis vont vivre une semaine de pandémie très difficile, Donald Trump lance un ultimatum guerrier au Venezuela pour chasser Nicolas Maduro de la présidence de la République bolivarienne.
Lors d’une conférence de presse, le 1er avril, le président américain s’est rêvélé incapable de répondre aux inquiétudes sociales, économiques et sanitaires des Américains et a préféré engager une nouvelle offensive contre le Venezuela. En compagnie du secrétaire d’État à la Défense et du chef d’Etat-Major des Armées, il annonce « un grand plan de lutte contre le crime organisé et le narcotrafic latino-américains », tout en ne ciblant qu’un seul pays : le Venezuela, et qu’une seule personne : Nicolas Maduro.
Cette annonce arrive quelques jours après l’annonce de Mike Pompéo d’un « cadre pour une transition démocratique » au Venezuela qui vise en réalité à démanteler les institutions vénézuéliennes.
Ce document propose d’installer un « Conseil d’Etat » transitoire sans Nicolas Maduro ni Juan Guaido, sans membre du Parlement ni pouvoir judiciaire. Cette instance aurait pour mission d’organiser des élections présidentielles et législatives dans un délai de 6 à 12 mois. Il s’agit en fait de forcer le départ immédiat de Maduro tout en laissant l’Assemblée nationale aux mains de Guaido pourtant en grande difficulté dans son pays.
Cette « proposition » n’a rien d’une ouverture de négociation mais est bel et bien un nouvel ultimatum guerrier car il s’accompagne de très inquiétants mouvements de troupes US et de matériel militaire.
Alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et la secrétaire exécutive de la CEPAL (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes), demandent la levée générale des sanctions économiques et financières contre tous les pays dont le Venezuela, et appellent à cesser les conflits et guerres partout sur la planète pour mobiliser les énergies et ressources contre la pandémie de Covid 19, les Etats-Unis menacent d’une intervention militaire et l’Union européenne prend le parti de l’hostilité s’alignant sur les décisions de Donald Trump. En effet, le 3 avril 2020, le vice-président de la Commission européenne à la politique étrangère affirme son accord avec la proposition des Etats-Unis de « cadre pour une transition démocratique ». La France a, elle aussi, communiqué sur le site du ministère des Affaires étrangères en indiquant que « la France soutient une solution politique et pacifique à la crise que connaît le Venezuela dont l’issue passe par la tenue d’élections législatives et présidentielles libres, transparents et crédibles ». La France et l’Union européenne s’alignent une nouvelle fois sur l’Administration américaine dans son obsession à contrôler le Venezuela.
Or le moment n’est certainement pas à de nouveaux actes d’ingérence mais bien à la solidarité et à la coopération internationale. Cette solidarité internationale passe par la levée immédiate des sanctions économiques et financières envers le Venezuela mais aussi envers Cuba et tous les pays frappés d’embargos et dont les populations n’ont pas accès à l’aide internationale dans ce contexte de pandémie virale.
La France ne doit en aucun cas apporter de soutien de quelque nature que ce soit aux Etats-Unis dans leur tentative de déstabilisation du Venezuela, état indépendant et souverain en particulier en pleine pandémie.
Le Parti communiste français condamne avec force les manœuvres militaires étasuniennes au large du Venezuela de même que le soutien de la France et de l’UE au « cadre de transition » que les Etats-Unis cherchent à imposer.
Le PCF exprime à nouveau sa totale solidarité avec le peuple vénézuélien et les forces démocratiques et de paix vénézuéliennes.
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Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.