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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 14:51
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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 07:11
1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 68/ François Tanguy (1925-1987)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère:

68/ François Tanguy (1925-1987): un pilier de la CGT Finistérienne

Né le 2 avril 1925 à Landerneau (Finistère), mort en juillet 1987 à Brest (Finistère) ; ouvrier maçon ; secrétaire général de l’union départementale CGT du Finistère (1956-1978) ; membre du bureau fédéral de la fédération du PCF du Finistère (1952-1965).

François Tanguy, dit Fanch Tanguy, était le fils d’un plâtrier. A la mort de son père, sa mère devint blanchisseuse pour élever ses quatre enfants. Après avoir participé à 19 ans à la Résistance et s’être engagé dans la 1ère Armée, il se trouvait à la frontière autrichienne avec son unité au moment de la capitulation du Reich le 8 mai 1945.

Revenu à la vie civile, il adhéra à la CGT en 1946 et s’engagea de plus en plus dans la vie militante. En 1950, employé comme maçon dans une entreprise du bâtiment de Brest, il fut élu délégué du personnel puis fut élu dans le même temps secrétaire de l’union locale de Landerneau.

En 1951, il remplaça Pierre Mazé, promu à la fédération du bâtiment, à la direction du syndicat CGT du bâtiment de Brest. C'était le frère d'Edouard Mazé, tué lors de la manifestation du 17 avril 1950 à Brest (cf. "Un homme est mort" de René Vautier, et BD de Kris et Davodeau)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 38/ Edouard Mazé (1924-1950)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

En 1952, François Tanguy œuvra à la constitution de l’union syndicale départementale du bâtiment (USB).

Le 28 février 1952, grève pour les 30 Francs de l'heure dans le bâtiment à l'appel de trois syndicats CGT-CFTC-FO. La quasi-totalité des travailleurs a quitté les chantiers à Brest. Fanch Tanguy prend la parole, traduit en arabe par un travailleur algérien: "... Si depuis 1950, nous avons imposé cinq accords de salaires, depuis notre dernier accord les prix ont sérieusement grimpé et justifient les 30 francs horaire.... Le gouvernement que nous voulons, c'est un gouvernement qui remplit le ventre des travailleurs... Ce que nous obtiendrons de la commission paritaire sera fonction de l'action que vous aurez engagée au sein de vos entreprises, sous toutes les formes; actions que vous ferez connaître..." C'est ce jour là que naît l'Union Syndicale du Bâtiment (USB). A 88% des travailleurs, on décide de la poursuite de la grève chez Campenon au bout de 9 jours de grève le 4 mars 1952. Les patrons du bâtiment ne veulent consentir qu'à 5% d'augmentation. La grève se poursuit, comme dans la métallurgie, chez les dockers, aux Trolleybus, à l'Arsenal. Le 20 mars 52, Brest compte 8000 grévistes, dont 5000 du Bâtiment. Le Conseil municipal de Brest, bien ancré à gauche, est solidaire du mouvement social. L'arrivée au pouvoir comme chef de gouverneme de Antoine Pinay, "l'homme du gros patronat" (Fanch Tanguy) - un ancien collaborateur, qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, a été décoré de la Francisque, a été nommé au conseil national vichyste, poste qu'il a occupé jusqu'en 42, qui a fait partie des réseaux clandestins de l'OTAN mis en place en 49 dans le cadre de la guerre froide et de la politique anti-communiste - "a donné toutes les espérances aux patrons de notre département pour ne pas satisfaire aux légitimes revendications de la classe ouvrière". Le gouvernement Pinay baisse les prix d'articles de grande consommation pour refuser d'indexer les salaires sur les prix et accroit la présence des forces répressives menaçant le mouvement social.  Le 25 mars 1952, à Brest, des grévistes manifestants sont matraqués et arrêtés par les CRS  et ne sont relâchés le soir que suite à l'intervention des forces syndicales. "Le lendemain, au Bouguen, devant les habitants en émoi, les CRS cernent les baraquements du foyer de l'O.N.C.O.R où sont hébergés les travailleurs nord-africains. Cette démonstration s'effectue sous les ordres du commissaire Danzé et a pour objectif d'interdire le meeting qui doit se tenir à cet endroit pour protester contre l'arrestation, la veille au soir, de trois travailleurs algériens"  (Fanch Tanguy, La CGT dans le Finistère 1944-1968, II. Sur tous les fronts) Une délégation syndicale intervient et obtient leur libération, promettant d'annuler le meeting contre l'arrêt des expulsions des grévistes qui ne peuvent payer leur hébergement au foyer de l'O.N.C.O.R. Les patrons du bâtiment, petits et gros, font bloc pour refuser de donner satisfaction aux revendications. Dans la métallurgie, les patrons refusent toute commission paritaire, et à la direction des trolleybus aussi, c'est le blocage. Les patrons prennent argument de la baisse des prix Pinay, reviennent sur leur proposition antérieure d'augmentation de 5%. Dans ces conditions, la CGT décide d'une marche de la faim sur Quimper. Afin de lui donner tout le retentissement nécessaire, les unions locales CGT et CFTC de Brest lancent un appel à la cessation générale du travail et à un rassemblement, le 31 mars, au nouveau théâtre.   

François Tanguy raconte cette marche de la faim de 80km de Brest à Quimper - mais les grévistes de Morlaix, Concarneau, Douarnenez, vont aussi rejoindre Quimper - une véritable épopée.

Les routes, les ponts, les carrefours stratégiques, les gares, les ponts de chemin de fer sont surveillées par d'importantes forces policières, fusil à la bretelle. A Quimperlé, 400 CRS font route vers Quimper, un camion de CRS stationne à Landivisiau, 12 au Pont-de-Buis, 8 à Châteaulin.

A Brest, le départ est prévu au Petit Paris. Chaque responsable a la conduite et la responsabilité d'un groupe à de 25 grévistes. Il est prévu que la municipalité de Châteaulin offre un casse-croûte, le syndicat de la poudrerie de Pont-de-Buis également, ainsi qu'un commerçant de Daoulas.

Les "marcheurs de la faim" viennent en réalité en bicyclette, tandems, motos. Chaque participant reçoit un exemplaire de la chanson à entonner, "La Marche de la Faim", qui est composée sur l'air des "Bats d'A.F" (Chant de marche des bataillons d'Afrique):

"Il est toujours sur cette terre

des requins qui (ne travaill'pas) bis

Tandis que nous les prolétaires

Nous produisons (tout de nos bras) bis

Toujours aux mêmes les sacrifices 

Ils ont l'espoir (que ça dur'ra) bis

Toujours aux mêmes sacrifices

Oui mais bientôt (tout ça chang'ra) bis

Et en avant! Tous en avant!

REFRAIN

Nous allons sur la grand'route

Ventre creux (et sans faiblir) bis

Le PINAY peut bien s'en foutre

Mais son règne va finir, oui va finir

Nous aurons notre victoire

Qui s'inscrira dans l'hist(oire)

Tous unis dans la bat(aille)

Place à ceux qui travaillent"

Puis la musique du Bergot prend place en tête du défilé, suivie par le comité central de grève, les marcheurs de la faim et les manifestants appelés par les Unions Locales. Devant le défilé qui remonte la rue Jean Jaurès, les commerçants ont cessé toute activité. Au rond-point, qui n'est encore qu'un amas de terre, au nom des syndicats et du comité central de grève, François Tanguy donne alors lecture du serment, adopté la veille, par le comité central de grève:

"Nous travailleurs brestois, en lutte contre la misère, nous affirmons notre solidarité absolue avec nos camarades brestois qui entreprennent une héroïque marche de la Faim.

Nous faisons le serment solennel de rester toujours unis comme un bloc et de lutter avec la plus grande énergie, par tous les moyens et jusqu'à la victoire, pour:

1. Le réajustement de nos salaires au coût de la vie;

2. Une baisse réelle et durable du coût de la vie par la diminution des profits capitalistes, la suppression des taxes de guerre et de vie chère;

3. Le maintien et l'augmentation des crédits de reconstruction, d'investissement;

4. La réduction des dépenses militaires, seule source d'économie possible.

Nous proclamons solennellement que nous ne permettrons pas que les travailleurs, l'ensemble des petites gens, soient acculés à plus de misère encore pour garantir les profits capitalistes et faire face aux charges écrasantes d'un budget de guerre qui conduit à la catastrophe.

Nous exigeons des députés de notre département qu'ils défendent ces propositions à l'Assemblée Nationale.

Nous appelons toute la population du Finistère à s'unir avec nous afin d'obtenir, par une action commune, un gouvernement démocratique au service du Peuple de France, qui assure le progrès du pays et le bien-être des travailleurs, la liberté et la paix".

Après ratification à main levée, le départ est donné. 

Pendant que les marcheurs de la faim font route pour rejoindre Quimper, un magnifique meeting se tient au nouveau théâtre. Bien que FO ait boycoté la grève, 4000 à 5000 travailleurs se retrouvent rue Yves Collet pour entendre les dirigeants syndicaux: Pierre Mazé, Charles Cadiou, Stephan pour la CGT prennent la parole, ainsi que Jean Bourhis pour la CFTC.

Pour rejoindre Quimper, en milieu ou fin d'après-midi, les marcheurs ont emprunté des chemins de traverse, des champs, des rivières et des monts, pour éviter les barrages de la police et des CRS. Les marcheurs jouent au chat et à la souris avec les "forces de l'ordre". François Tanguy a lui reçu le mandat de prendre le train, comme un voyageur ordinaire, pour assurer la prise de parole à Quimper.   

"Le meeting a lieu, à la débauche du soir, aux nouvelles Halles à Quimper. Sans attendre, de nombreuses entreprises sont désertées par les travailleurs qui viennent en s'échelonnant (les rassemblements de plus de 3 personnes sont interdits par le préfet) vers le lieu de réunion... Rue Kéréon, la concentration s'effectue et un cortège prend rapidement forme; le drapeau est sorti, les marcheurs, tiennent toute la rue; les "flics" derrière et surpris, ne peuvent plus rien; la Marche de la Faim est entonnée, elle retentit puissamment dans la rue et se prolonge jusqu'au dernier couplet:

"...Et en avant! tous en avant!

Ils voudraient même notre poitrine

Mais nous, nous ne (marcherons pas) bis

En Tunisie, en Indochine

Contre nos frères (qui luttent là-bas) bis

Nous n'acceptons pas la misère

La liberté (avec le pain) bis

Nous l'aurons dans une France prospère

Avec la paix (pour tous demain) bis

Nous allons sur la grand route..."

Les fenêtres s'ouvrent tout au long du parcours et nous arrivons aux nouvelles Halles débordantes et pleines à craquer. L'ambiance est formidable, les thèmes des allocutions sont ceux développés le matin à Brest. Il fait nuit lorsque les Marcheurs de la Faim vont regagner la salle Le Guyader pour se restaurer et passer la nuit sur la paille étalée dans la salle de bal".

Le lendemain, les marcheurs de la faim reviennent sur Brest après des haltes à Châteaulin et Pont-de-Buis, et doivent retrouver la manifestation brestoise des travailleurs qui remonte à partir de 16h la rue Jean Jaurès, pendant que des camions de CRS encerclent la place.  "Soudain, à l'intersection de St Martin, les Marcheurs de la Faim débouchent juste devant le cortège et continuent leur route vers la maison des syndicats, sous les saluts et applaudissements des manifestants, mais également des personnes présentes sur les trottoirs. Avant d'aller se restaurer à la cantine Floch, rue Amiral Réveillère, une joyeuse assemblée regroupe tous les grévistes, et écoute les péripéties des Marcheurs de la faim".

(Fanch Tanguy, La CGT dans le Finistère 1944-1968, II. Sur tous les fronts)

Finalement, les patrons, avec le soutien de la droite au pouvoir et du gouvernement de réaction d'Antoine Pinay, reviennent même sur leur promesse d'augmentation des salaires de 5% et la CGT doit interrompre la grève (500 000 F de dons avaient été collectés pour la caisse de solidarité aux grévistes) tout en continuant la lutte par d'autres moyens.

Cette période 1951-1952, en pleine phase chaude de la guerre froide, est une période d'intense mobilisation pour Henri Martin et contre la guerre d'Indochine, contre le réarmement allemand, contre l'implantation de l'OTAN et des forces armées américaines en Europe (le 20 février 1952 arrive comme en pays conquis à Brest une unité de l'armée de terre américaine - les "US Go Home" peints au goudron par les militants communistes et cégétistes sur des centaines de murs de Brest, sur la chaussée, la sous-préfecture, la gare, le foyer du marin, les châteaux d'eau, comme à la place de Strasbourg, doivent être effacés par la police), contre la venue du général Ridgway. En mai 52, Jacques Duclos et le rédacteur en chef de l'Humanité, André Still, sont arrêtés. Les journaux du Parti communiste sont saisis. C'est le cas de "Ouest-Matin" et de son rédacteur, le dirigeant communiste brestois Louis Le Roux. 

La CGT  dénonce:  "Le 27 mai, à Paris, 10 000 policiers sont mobilisés pour la venue du général américain Ridgway, lequel, après avoir utilisé en Corée des armes microbiennes, est appelé Ridgway la peste. La puissante manifestation, aux cris de "U.S Go Home!" qui a eu lieu le 28 mai à Paris est reprimée avec une brutale sauvagerie. Elle fait un mort et un nombre considérable de blessés. Le député et secrétaire du parti communiste Jacques Duclos est arrêté et écroué à la prison de Fresnes. Il est inculpé d'atteinte à la sûreté de l'Etat... En parlant d'attentat et de complot, le ministre de l'intérieur reprend les traditions des gouvernements qui, au cours de notre histoire, ont usé de ce subterfuge pour instaurer la dictature des classes exploiteuses... Il n'y a actuellement, en France, qu'un seul complot, c'est celui des classes dirigeantes contre la paix, les libertés, les conditions d'existence des masses laborieuses".   

Dans la foulée, des manifestations ont lieu à Morlaix, à Brest, et un meeting à Quimper, au gymnase, où Louise Tymen rend la parole devant 1000 personnes au nom de l'Union locale. Des militants à Brest remplacent le drapeau américain sur le monument américain par le drapeau tricolore, avec une mention sur une planchette "Les patriotes s'inclinent devant les libérateurs mais chassent les occupants". Faute de trouver les auteurs de l'action anti-impérialiste, trois femmes appartenant à l'organisation brestoise de l'UFF, l'Union des Femmes Françaises, dépendante du Parti communiste, Mesdames Bernard, Lagrange, Bozec, sont arrêtées et écrouées à la prison de Landerneau.  

François Tanguy fut élu au bureau de l’union départementale à l’issue du congrès de l’UD du Finistère qui se tint les 21 et 22 novembre 1953 à Douarnenez devenant alors un des adjoints d’Henri Ménès.

Dans le même temps il fut élu secrétaire de l’union locale de Brest en 1954.

Il devint secrétaire général de l’union départementale à l’issue des travaux du congrès de l’UD les 7 et 8 avril 1956 à Quimper remplaçant Henri Ménès, secrétaire de l’UD depuis 1950. Il dirigea alors l’UD du Finistère pendant plus de trois décennies jusqu’en 1978 connaissant la même trajectoire que Marcel Piriou dans le Morbihan ou Robert Daniel dans les Côtes-du-Nord.

Il fut l’un des artisans de la mise en place en 1970 du comité régional CGT Bretagne dont Marcel Piriou fut le premier secrétaire. Attentif à l’histoire syndicale, il rédigea une histoire de la CGT dans le Finistère (1944-1968) en trois volumes éditée quelques mois avant son décès. Cette œuvre de près de 1 000 pages, préfacé par Miche Coz, secrétaire de l’UD qui lui succéda, montre combien son histoire personnelle se confondit avec l’histoire des luttes syndicales du Finistère.

Il fit partie du bureau de la manifestation du 13 avril 1956 qui réunit 3000 personnes contre le mouvement initié par Pierre Poujade. Il représenta la CGT au comité de vigilance et de défense républicaine constitue à Brest le 14 mai 1958. Il prit la parole lors du meeting intersyndical le 1er février 1960 à Brest à l’issue de la grève nationale pour la défense des libertés démocratiques et républicaines pour qu’un terme soit mis à l’insurrection Alger. Il prit la parole lors du meeting du 11 février 1962 à Brest après événements de Charonne. Il prit la parole le 19 mars 1962 à Brest lors du meeting à la maison des syndicats après la signature des accords d’Évian. Il intervint au nom de la CGT lors de la manifestation du 8 mai 1968 à Brest devant 20 000 personnes.

Fanch Tanguy eut aussi des responsabilités politiques au sein du PCF auquel il adhéra en 1948. Il intégra le bureau de la fédération en 1953 y siégeant avec d’autres responsables de l’UD comme Henri Ménès et François Tournevache.

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes: 67/ François Tournevache (1919-1993)

Il siégea jusqu’en 1965 au bureau de la fédération dirigée par Pierre Le Rose (1953-1956) puis par Paul Le Gall (1956-1969).

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 45/ Paul Le Gall (né en 1925)

Il suivit une école de formation des cadres du PCF d’un mois puis de quatre mois au début des années 1960. Il siégea au comité de la fédération jusqu’à la partition en deux entités effectuée en 1969.

Sources: François Tanguy, La CGT dans le Finistère (1944-1968), Éditions UD CGT Finistère (3 volumes), 1992.

(https://maitron.fr/spip.php?article172973, notice TANGUY François dit Fanch par Alain Prigent, version mise en ligne le 14 mai 2015, dernière modification le 8 juillet 2018).
 
1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 68/ François Tanguy (1925-1987)
1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 68/ François Tanguy (1925-1987)
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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 57/ Eugène Kerbaul (1917-2005)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 56/ Pierre Cauzien (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 55/ Albert Jaouen (1909-1976)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 54/ Pierre Hervé (1913-1993)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 53/ Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier (1910-2007)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 52/ Yves Le Meur (1924-1981)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 51/ Jean Burel (1921-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 50/ Jacob Mendrès (1916-2012)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 49/ Henri Tanguy dit Rol-Tanguy (1908-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 48/ Carlo de Bortoli (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 47/ Robert Jan (1908-1987)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 46/ Denise Roudot (1933-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 45/ Paul Le Gall (né en 1925)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 44/ René Le Bars (1933-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 43/ Louis Le Roux (1929-1997)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 42/ Pierre Corre (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 40/ Joséphine Pencalet (1886-1972)

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 38/ Edouard Mazé (1924-1950)

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 33/ Pierre Guéguin (1896-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 32/ Jean-Louis Primas (1911-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 31/ François Paugam (1910-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 30/ Angèle Le Nedellec (1910-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 29/ Jules Lesven (1904-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 28: Raymonde Vadaine, née Riquin

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 27/ Jeanne Goasguen née Cariou (1901-1973)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 26/ Gabriel Paul (1918-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 25/ François Bourven (1925-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 24/ Yves Autret (1923-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 23/Pierre Jaouen (1924-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 20/ Paul Monot (1921-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 19/ Jean-Désiré Larnicol (1909-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 18/ Jean Le Coz (1903-1990)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 17/ Alain Cariou (1915-1998)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 16/ Jean Nédelec (1920-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 15/ Alain Le Lay (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 14/ Pierre Berthelot (1924-1986)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 12/ Andrée Moat (1920-1996)

1920-2020: cent ans d'engagements communistes en Finistère: 11/ Jean Le Brun (1905-1983)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 10/ Denise Larzul, née Goyat (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 07:00
Tartous, 2010

Tartous, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Alep, 2010

Alep, 2010

Retour en Syrie... 2010-2020...

Témoignage

(Épisode 1)

Dix ans, une révolution avortée et une guerre atroce sont passées sur ce pays dont la liberté et l'espoir ont été durablement confisqués, dont l'identité a été profondément chamboulée et altérée dans cette décennie de barbarie, de détresse et de deuil.

A l'été 2010, il y a bientôt dix ans, j'ai eu la chance de visiter pendant cinq semaines une partie de la Syrie avec ma famille. Damas, Bosra, Qanawat et le djebel druze, Tartous, Lattaquié, Hama, Apamée, le Krak des Chevaliers, les châteaux croisés de Marqab et de Saône, Alep, St Siméon, Serguilla, Maarat-al-Nouman, la frontière turque au nord, le monastère de Mar Moussa, la ville des Mille et une nuits de Raqqa, Palmyre, le village chrétien de Maaloula où l'on parle encore l'araméen, la langue de Jésus, Résafé, Ougarit, la ville du premier alphabet connu...

Un voyage touristique dans une dictature... C'est vrai … Mais faut-il s'interdire de rencontrer les peuples et les cultures d'une bonne moitié de la planète ?

Nous savions que le régime était dictatorial, policier, qu'il avait commis de nombreux crimes, notamment lors de l'occupation du Liban et contre les Frères Musulmans (en 82 à Hama, Alep, etc), les Kurdes et les opposants de gauche, notamment au début des années 1980 lors du règne de Hafez-al-Assad, mais nous voulions aussi découvrir un peuple, une histoire et une vieille culture métissée extrêmement riche du Proche-Orient, et il se disait à l'époque que Bachar-al-Assad avait à cette époque au moins partiellement « libéralisé » le régime, ce qui était évidemment une stratégie de communication éphémère, un leurre, la parenthèse d'ouverture n'ayant duré en réalité que quelques mois.

Nous avons trouvé là-bas des paysages et des villes antiques extraordinaires, une cuisine succulente, une histoire et une culture d'une extrême richesse et ancienneté, ouvertes à une grande diversité d'influences et d'héritages, et surtout des gens très accueillants, ouverts et chaleureux, dans un pays très jeune.

Nous avons été invités dans de nombreuses familles, à Tartous, Hama, Raqqa, Maraat al-Nouman, et eu des échanges amicaux avec plusieurs Syriens, sans doute plus que dans la plupart des autres pays que nous avons eu la chance de découvrir.

Bien sûr nous essayions de ne pas trop parler politique pour ne pas embarrasser nos interlocuteurs s'ils n'évoquaient pas eux-mêmes la question, conscients que c'était un sujet risqué pour eux, et où la liberté d'expression pouvait se payer cher. Nous avons sympathisé avec des gens qui ont certainement dû ensuite se retrouver, par contrainte, déterminisme ou choix, rattachés ou affiliés à des camps opposés dans la guerre civile. Pendant les premières années de la guerre, et toujours maintenant, même si on s'habitue au pire, nous avons eu honte de notre impuissance, et de l'inaction de la France et des démocraties, laissant Bachar-al-Assad commettre les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité les mieux renseignés, les fameuses "lignes rouges" étant franchies à de nombreuses reprises en toute impunité ...

En 2010, nous étions loin de nous imaginer que la révolte populaire et citoyenne, puis la révolution allait éclater 6 mois plus tard, ni qu'une guerre parmi les plus atroces de l'époque contemporaine, à rebondissements et renversements de fronts, une guerre qui dure déjà depuis 9 ans et qui n'est pas terminé, allait s'ensuivre, faisant, sur une population de départ de 24 millions, au moins 400 000 morts, 80 000 disparus, des dizaines de milliers de torturés dans les prisons de Bachar-al-Assad (un rapport d'Amnesty International en août 2016 établissait à 17 000 le nombre de prisonniers morts sous la torture dans les geôles inhumaines du régime entre mars 2011 et décembre 2015, plus 13 000 détenus victimes d'exécutions extra-judiciaires sur la même période), au moins 5,5 millions de réfugiés à l'étranger et 7 à 8 millions de personnes déplacées de l'intérieur en Syrie. Des centaines de milliers de personnes plongés dans l'extrême misère, dont les habitations et le cadre de vie ont été détruits, qui ont vu mourir de nombreux membres de leurs familles et des proches, et s'exiler de nombreux autres. Les millions de réfugiés syriens de l'intérieur et de l'extérieur, et ceux des villes aux habitations et infrastructures sanitaires en grande partie détruites, risquent encore de payer un prix exhorbitant avec l'épidémie du COVID-19. Quelques dizaines de médecins et de respirateurs artificiels pour les camps de réfugiés du nord de la Syrie, comment faire ?

Le pays que nous avons pu visiter en 2010 est aujourd'hui largement détruit, et pas simplement matériellement, on peut dire qu'il n'existe plus, et même si les bases de la société et de la culture sont toujours présentes sans doute, une partie des femmes et des hommes aussi, tous sont quelque part enfants de la guerre, modifiés par celle-ci, avec en plus pour ceux qui ont cru à la révolution et à une démocratisation la désillusion de l'espoir brisé, et du maintien au pouvoir d'un régime qui a fait la guerre à son peuple. Le pays, comme jadis le Liban, est aussi durablement clivé entre communautés, mémoires antagoniques, des procédés de déplacements forcés employés comme procédés de purification ethnique, confessionnel et politique, se sont multipliés et préparent de nouvelles tensions et drames à venir.

Ce n'est que trois semaines après notre voyage en Syrie, à l'occasion de la fête de l'Humanité, que nous avons rencontré et discuté avec un militant communiste syrien réfugié en France hostile au régime de Bachar-al-Assad (il y avait deux partis communistes au moins, l'un acceptant le simulacre de représentation légale dans une opposition compatible avec le régime, l'autre ayant complètement rompu avec le régime et étant persécuté, et les deux partis étaient présents à la fête de l'Humanité à quelques dizaines de mètres de distance), celui-ci nous ayant fait découvrir l'excellent essai de Caroline Donati « L'exception syrienne » sur la situation du régime syrien et de la société en 2009, et leur histoire proche et plus lointaine, que nous avons ouvert les yeux sur les violences et rapines de ce régime du temps de Bachar-al-Assad et sa fragilité due notamment à la fragilisation économique des classes moyennes avec la politique de libéralisation et de privatisation de secteurs clefs de l'économie, autrefois contrôlées démocratiquement, la politique de « modernisation », de « réformes structurelles », et de privatisation au profit d'un clan au pouvoir ayant marginalisé davantage le parti Ba’th et creusé les écarts entre une élite enrichie et « mondialisée » et une majorité appauvrie.

Bien sûr, si l'étincelle n'avait pas déclenché un soulèvement dans la Tunisie de Ben Ali, avec à peu près les mêmes causes et les mêmes revendications, ou sur la place Tahrir au Caire face au régime ploutocratique et policier de Hosni Moubarak, peut-être que le soulèvement de la société syrienne aurait été différé, ou pris d'autres formes. L'extrême violence de la répression des manifestations populaires laïques et multiconfessionnelles pour la dignité, le pain et la liberté, les snipers, l'emprisonnement, la torture et la mort pour mater des manifestants désarmés, a contribué à enclencher la militarisation du conflit en Syrie, les déserteurs de l'armée refusant de massacrer leur peuple n'ayant d'autre choix que celui de l'autodéfense et de prendre les armes contre le régime, les États du Golfe franchisant ensuite des groupes qu'ils armaient en fonction de leur propre agenda politique et de leurs intérêts idéologiques ou stratégiques.

C'est à l'été 2011 que commencent à se multiplier les désertions au sein de l'armée, sachant que le régime avait recours massivement à la conscription pour pouvoir contrôler les jeunes, les embrigader, et les enrôler dans son travail de police et de « pacification ». Les références et affiliations à différents groupes islamiques sunnites sont liées ensuite, pas forcément que à des projets idéologiques, mais à des besoins d'argent et d'armement pour pouvoir se battre, et donc à une logique de « franchise» et de communication à l'endroit des donateurs du monde arabe. La radicalisation sectaire et idéologique indéniable des groupes armés d'opposition, le développement du djihadisme islamiste, de la violence de chefs de guerre mafieux, l'arrivée de volontaires étrangers fanatisés, n'ont fait que croître au cours d'un conflit devenant de plus en plus brutal même si une grande partie des enrôlés dans la résistance armée se sont d'abord engagés pour défendre leur ville et leur quartier, se protéger ou se venger, eux et leurs proches, parvenir à destituer le tyran sanguinaire, l'enrôlement islamiste, plus ou moins superficiel, venant dans un second temps. Le devenir islamiste fondamentaliste d'une bonne partie de la résistance militaire à Bachar Al-Assad et ses alliés est également lié au manque de soutien effectif des « démocraties occidentales » vis-à-vis de la rébellion. Certes l'ASL a été armée en partie par les Français et les alliés des américains, et les milices kurdes par les Américains et les Français, mais il n'y a eu aucune protection militaire ou diplomatique efficace contre les bombardements, y compris aux armes chimiques, des villes et quartiers passés à la rébellion, aucune zone d'exclusion aérienne, aucune initiative probante pour stopper la puissance machine répressive et criminelle du régime et de ses Alliés. Du coup, la résistance a trouvé les alliés qu'elle a pu.

En France et en Europe, l'opinion a été relativement frileuse sur une intervention énergique (pas forcément une « invasion ») en Syrie pour protéger une population luttant à armes inégales contre une autocratie sanguinaire. Plusieurs facteurs : une tendance isolationniste et une indifférence teintée de fatalisme sur les conflits du reste du monde, la mise en doute des affirmations sur les crimes de guerre de Bachar al-Assad (tortures massives, attaques chimiques, populations civiles et hôpitaux ciblées spécifiquement), l'efficacité dans certains milieux de la thèse d'un régime particulièrement gênant pour l'impérialisme américain, voire pour les Israéliens, et aussi, une certaine acceptation culturaliste, « voire raciste », d'une violence qui ne concerne que les Arabes entre eux, voire de l'idée que la démocratie ne peut convenir aux Arabes et qu'une dictature laïque n'est qu'un moindre mal. Le fiasco des guerres d'ingérence en Libye, en Irak, en Afghanistan était aussi un argument sérieux.

La tactique de Bachar-al-Assad et de la garde rapprochée du régime, officiers de l'armée et des services de renseignement, élites économiques liées au clan alaouite au pouvoir, face à une révolte démocratique soutenue de par la majorité de la population, a été :

- La terreur militaire, policière, la fanatisation des chabbihas (délinquants souvent d'origine alaouite agissant comme milices au-dessus de toute loi civile et morale pour terroriser les populations supposées hostiles au régime), le viol comme arme de guerre, la torture systématique et la terreur carcérale pour éloigner les moins téméraires des manifestations et provoquer une radicalisation et une militarisation de l'opposition.
- Un discours se posant comme le garant du maintien d'une Syrie laïque et multiconfessionnelle face à la « menace » d'une prise de pouvoir des sunnites et des islamistes. Une politique visant à « communautariser » et « confessionnaliser » le conflit, et à maintenir pour le régime un bloc de soutien populaire chez les alaouites, les chrétiens, les druzes, au nom de la peur de l'Autre. La Syrie était composée en 2011 d'environ 75% à 80 % de Sunnites, de 10 % à 12 % d'Alaouites (entre 2 et 2,5 millions de personnes), moins de 8 % de Chrétiens rattachés à différentes églises (grecque orthodoxe, grecque catholique, syriaque, arménienne, etc), 5 à 10% de Druzes, 10 % de Kurdes (qui sont sunnites en majorité). L'image de propagande d'un régime protégeant les minorités, et tout particulièrement les Chrétiens, a un usage interne comme externe et aura une certaine efficacité persuasive sur les Occidentaux, notamment dans certains milieux chrétiens européens et à droite. Là encore, les horreurs de Daech en Syrie et en Irak vont servir à accréditer cette idée d'une dictature garante de la stabilité du pays et de la survie des minorités.
- Une politique pragmatique vis-à-vis des Kurdes acceptant provisoirement le fait accompli de leur autonomisation au nord du pays (Afrin, Rojava) en échange d'un accord de non-agression avec le régime et d'une lutte pour empêcher la progression de l'Armée Syrienne Libre. « Dès l'été 2011, le PYD est ainsi parvenir à négocier avec Damas son retour progressif dans les trois poches de peuplement kurde, du contrôle de la frontière et de l 'éloignement de l'Armée Libre Syrienne de ces régions, marquant ainsi le retour implicite d'une logique communautaire en zone kurde... En échange, les forces de sécurité (du régime) ne sont plus intervenues dans les trois régions kurdes au nord de la Syrie, ce qui leur a permis de se redéployer dans les villes de la Syrie centrale au printemps 2012 » (Arthur Quesnay et Cyril Roussel, dans Pas de printemps pour la Syrie).
- Une diabolisation des opposants, des terroristes « instrumentalisés » par les islamistes, des infiltrés de l'étranger, l'impérialisme occidental (d'abord américain, avec ses alliés européens, israéliens, du Golfe) quand le pouvoir, fort de son soutien à l'Iran et au Hezbollah, se voulait officiellement un adversaire résolu du sionisme et de l'hégémonie américaine dans la région (même s'il collaborait depuis des années avec les Etats-Unis, notamment en externalisant la torture contre les Islamistes et en en livrant certains aux Américains après 2001 pour être envoyés à Guantanamo).
- Une consolidation d'alliances internationales : avec la Russie, dont Bachar garantissait l'accès à la Méditerranée par le port de Tartous et le maintien de sa base militaire, et qui voulait contrer le développement de l'influence de l'OTAN, turque et américaine, dans la région, mais surtout engager un bras de fer gagnant avec les États-Unis et leurs alliés, les États oligarchiques, réactionnaires et atlantistes du Golfe. La bataille de Syrie a été pour la Russie une revanche sur les engagements trahis par l'invasion en Libye, et une manière de renforcer son image de puissance internationale sur le retour, avec une force de frappe militaire et stratégique sur laquelle il faut compter.
- La libération et l'instrumentalisation des militants islamistes les plus radicaux pour qu'ils constituent un front d'opposition violente susceptible de venir combattre et éradiquer l'opposition démocratique et laïque et de servir de « repoussoir » pour la société syrienne et la communauté internationale. Le régime syrien avait déjà utiliser au Liban cette instrumentalisation d'éléments islamistes radicaux.
- Une guerre de propagande et de désinformation à l'échelle nationale et internationale pour servir cette tactique.

Contre toute morale de l'histoire, cette tactique a fonctionné, même si le régime n'aurait pas tenu sans le soutien militaire au sol de l'Iran et du Hezbollah et par les bombardements aériens de la Russie de Poutine. Elle a eu des effets différés avec l'émergence de Daech, que le régime a laissé se développer à l'est du pays, qu'il n'a quasiment jamais affronté, mais qui lui a permis ensuite, auprès des occidentaux, de se poser en « mal nécessaire » et seul rempart contre un « foyer de terrorisme » dans un pays livré au chaos. Aujourd'hui, Bachar al-Assad, avec le plus parfait cynisme, la plus grande impudence, peut cracher sur ses victimes avec des formules du type : « le tissu social syrien se porte mieux qu'avant la guerre », « nous avons gagné une société plus saine et plus homogène » (propos tenus le 1er novembre 2016, cités par les auteurs de Dans la tête de Bachar al-Assad).

Le régime de Bachar-al-Assad a aussi bénéficié des divisions et du manque de légitimité populaire et de leadership de l'opposition en exil, divisions et défaut de légitimité qui sont allés croissants au cours du conflit, cette opposition étant un patchwork de personnalités politiques et de notables parrainés par les puissances étrangères hostiles à Bachar-al-Assad aux plans divergents, sans toujours de lien véritable avec la résistance s'organisant sur le terrain, dont les leaders sont rapidement devenus des chefs de guerre et des groupes armés en concurrence, pour le pouvoir, l'argent, la reconnaissance internationale, voire l'idéologie, avec la militarisation du conflit.

Mais revenons à 2011... Les quartiers qui se sont soulevés les premiers sont à la fois ceux où il y avait une visibilité de l'accaparement des richesses par une élite prédatrice, et ceux où la répression du régime a été immédiate et disproportionnée. Les quartiers mobilisés ont rapidement mis en place des coordinations locales organisant les manifestations, les rendez-vous et mots d'ordre, ce fut un espace d'invention et de première implication démocratique extraordinaire.

L'intellectuel de gauche, formé dans la culture communiste, Yassin al-Haj Saleh, esquissait une interprétation de classe de la révolution syrienne, valable aussi pour la Tunisie et l’Égypte, en y associant le poids de la mouvance islamiste, principale force d'opposition organisée à ces dictatures, même si ce n'était pas la force motrice et initiatrice du mouvement populaire en 2011, dans un article écrit à Damas en juin 2011 - « La révolution des gens ordinaires : questions morales, culturelles et politiques » : « Au final, on peut dire que la révolution syrienne a éclaté contre une modernisation économique libérale privilégiant les riches, contre une modernité sans contenu émancipateur, se limitant au secteur bancaire, aux universités privées et aux voitures de luxe. C'est une révolution contre un régime qui a fait de « modernisation et développement » une doctrine masquant la relation privilégiée et illégitime entre le pouvoir et l'argent. C'est une révolution contre les riches qui ont pillé le pays du temps du socialisme baathiste avant de devenir les seigneurs de l'économie libérale. Et contre les idéologues qui ont fait de la « modernité » une nouvelle religion... »

L'ensemble de l'article publié en France dans le recueil d'articles La Question Syrienne (Sindbad, Actes Sud, 2016, Yassin al-Haj Saleh), passionnant, mérite d'être cité plus largement:

« La révolution syrienne constitue une expérience hors du commun pour des centaines de milliers de Syriens, une épreuve aussi bien morale que politique, un renouvellement psychique autant qu'un changement social. C'est une insurrection contre soi et une révolution contre ce qui est.
Défiant les dangers de détention, de torture et de mort, des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, bouleversent leurs vies et se renouvellent à travers la participation au mouvement de protestation. Ils sortent plus forts de cette expérience, plus courageux et plus entreprenants. Ainsi ils se respectent eux-mêmes davantage ».

« Aujourd'hui, il existe deux forces en Syrie : le régime et le soulèvement populaire, que j'appelle « intifada ».
La première possède les armes, l'argent et la peur mais est dépourvue de tout sens. La deuxième possède le défi et le goût de la liberté. L'intifada est l'incarnation de l'altruisme extrême : le sacrifice. Le régime est l'incarnation de l'égoïsme extrême qui pourrait mener à la destruction du pays pour faire survivre une clique médiocre aux plans intellectuel, politique et éthique. L'intifada est une révolte morale et politique, elle produit la plus grande rupture dans l'histoire contemporaine de la Syrie depuis l'indépendance. Le régime, lui, est en guerre contre la société syrienne ; pour qu'il survive, il faut que la société soit malade, divisée et dépourvue de confiance en elle-même ».

« Désormais, la Syrie n'est plus la Syrie d'Al-Assad ou du Baath. En nommant et ressuscitant les noms, l'intifada se fait créatrice de subjectivités, d'initiatives et d'actions libres, alors que le régime a tout fait pour réduire la Syrie et les Syriens à des objets soumis à une seule et unique subjectivité libre : Al-Assad. L'intifada dévoile la richesse longtemps occultée de la Syrie, sa richesse sociale, culturelle et politique, la richesse de ses enfants dont les traits ont été effacés. Elle leur donne la parole : ils crient, ils protestent, se moquent, chantent et reprennent l'espace public ou plutôt le libèrent d'une occupation quasi totalitaire ».

« La politique de Bachar-al-Assad, celle de la « modernisation et du développement » se base essentiellement sur le renouvellement des outils et appareils (nouvelles voitures, centres commerciaux, hôtels et restaurants luxueux, banques, écoles et universités privées pour l'élite du pays), mais sans contenu humain ou politique d'intérêt général. Rien en matière de droits politiques, de libertés publiques, de solidarité sociale, de culture. Bien au contraire, la solidarité sociale et nationale entre les Syriens s'est gravement délitée... Cette combinaison entre un régime politique suranné et inhumain d'un côté et une vitrine matérielle brillante de l'autre est la marque de fabrique du système en place. Cela fait de lui plus qu'un régime autoritaire : il s'agit d'un système social, politique et intellectuel basé sur la discrimination presque raciale par le monopole du pouvoir et de la richesse nationale. Ce monopole est une des raisons majeures de la protestation populaire et explique pourquoi celle-ci a débuté dans les régions périphériques et rurales du pays et les banlieues. La libéralisation économique qui a eu lieu il y a quelques années a engendré un modèle de développement favorable aux grandes villes au détriment de la province, aux centres au détriment des quartiers « périphériques » et à de nouvelles banlieues riches au détriment des anciennes banlieues populaires, vers lesquelles on a expulsé la population déclassée, qui a subi les conséquences désastreuse de ce « développement » libérale autoritaire.
Marginalisés, ces zones ont vu grimper le taux de chômage en raison du changement de la nature de l'offre (utilisation des nouvelles technologies, langues étrangères). Cela s'ajoute au recul du rôle social de l’État et à la transformation de ses représentants locaux en notables fortunés et arrogants, gouvernant la population tels des émissaires étrangers n'ayant ni respect ni sympathie à son égard. Le cousin germain du président, Atef Najib, qui avait arrêté puis torturé des enfants de Deraa juste avant le déclenchement de l'intifada, puis suggéré à leurs pères que ses hommes en fassent de nouveaux à leurs épouses s'ils étaient impuissants, est l'exemple type de l'homme de pouvoir brutal, inhumain et bénéficiant d'une impunité absolue.
Certains intellectuels ont contribué à entretenir cette situation en défendant une approche autoritaire de la laïcité qui se contente de réduire le rôle de la religion dans la vie publique sans se prononcer sur le système politique et les élites qui en tirent profit. Cette approche aristocratique et mensongère de la laïcité a justifié la conduite brutale et méprisante du pouvoir à l'égard des classes populaires et la suppression des garde-fous éthiques et intellectuels censés protéger la vie de la majorité. (…)
Au final, on peut dire que la révolution syrienne a éclaté contre une modernisation économique libérale privilégiant les riches, contre une modernité sans contenu émancipateur, se limitant au secteur bancaire, aux universités privées et aux voitures de luxe. C'est une révolution contre un régime qui a fait de « modernisation et développement » une doctrine masquant la relation privilégiée et illégitime entre le pouvoir et l'argent. C'est une révolution contre les riches qui ont pillé le pays du temps du socialisme baathiste avant de devenir les seigneurs de l'économie libérale. Et contre les idéologues qui ont fait de la « modernité » une nouvelle religion... »
« (...) La révolution syrienne rassemble divers milieux locaux qui se révoltent contre les privations et l'intrusion brutale des services de sécurité dans leurs vies et réseaux de solidarité. Elle mobilise aussi des individus modernes, éduqués et cultivés, des hommes et des femmes aspirant à la liberté et à l'autonomie individuelle. Ce qui relie ces deux catégories est leur attachement au travail comme moyen de subsistance, mais aussi comme boussole morale dans leur vision du monde. Elles constituent ensemble la société syrienne « publique » par opposition à celle, « privée », qui se définit par le pouvoir, l'argent ou par une prétendue distinction culturelle et intellectuelle.
La liberté que défendent et pour laquelle se sacrifient des jeunes, croyants et non croyants, de la classe moyenne éduquée et de ses franges les plus défavorisées, signifie pour eux la reconstruction politique et éthique autour de la valeur travail. Une valeur radicalement opposée à celle du pouvoir et de ses alliés... La primauté du mot d'ordre de « liberté » indique tout simplement que l'on est convaincu que la justice dépend de l'élimination de la tyrannie ».

Subhi Hadidi, Ziad Majed, Farouk Mardam-Bey, trois intellectuels de gauche syriens et libanais vivant aujourd'hui en Europe, dressent aussi une analyse de classe des facteurs socio-économiques qui ont favorisé l'insurrection syrienne en 2011 dans leur essai paru en 2018, Dans la tête de Bachar Al-Assad (Actes Sud) :

« La « marche du développement et de la modernisation » entamée par (Bachar Al-Assad) aboutit en 2005 à l'adoption officielle d'une politique économique néo-libérale dissimulée sous le label « économie sociale de marché »... La Syrie adhéra en 2005 à la grande zone arabe de libre-échange ; un accord de libre-échange signé avec la Turquie entra en application début 2007 ; une bourse des valeurs ouvrit à Damas en 2009 ; les capitaux affluaient de partout en provenance surtout des pays du Golfe. Le résultat fut catastrophique malgré un taux de croissance flatteur de 5 %: le nouveau cours renforça en effet le caractère monopolistique du capitalisme syrien désormais mondialisé au détriment des petites et moyennes entreprises soumises à une forte concurrence étrangère, et les classes populaires pâtirent de l'inflation galopante et de la suppression ou de la réduction de la subvention aux produits de première nécessité. Les plus affectés furent les paysans dont était naguère issue la majeure partie des cadres du Baath et que Hafez-al-Hassad considérait comme la principale base sociale de son régime. En plus de la disparition des aides multiformes qui leur étaient accordées par l’État, une loi promulguée en 2004 portant sur les relations agraires laissant les plus démunis d'entre eux à la merci des investisseurs privés. Conjuguée avec une sécheresse de quatre ans, la crise sociale dans les campagnes eut pour conséquence un exode d'une ampleur sans précédent vers les grandes villes. Entre 2004 et 2008, la population rurale active se réduisit de moitié, et la part de l'agriculture dans le PIB passa de 40 % à 17,6 %.
En revanche, la bourgeoisie affairiste accumulait les fortunes en milliards de dollars, placées en grande partie dans les paradis fiscaux, et creusait davantage le fossé entre elle et les 33 % de la population qui vivaient en-dessous du seuil de pauvreté, dont près d'un tiers dans un état d'extrême pauvreté. Le nom qui a longtemps illustré la fulgurante ascension de cette classe est celui de Rami Makhlouf, le cousin maternel de Bachar, dont on disait qu'il contrôlait 60 % de l'économie syrienne, aucun secteur n'échappant à sa rapine, de la téléphonie mobile aux boutiques hors taxes en passant par la banque, le pétrole, le BTP, le transport et le tourisme. Il fonda en 2006 avec 70 hommes d'affaires un holding tentaculaire, le premier en Syrie, en se réservant 51 % des actions. Comme lui, d'autres cousins et proches de Cachar, et avec eux les enfants et les neveux des hommes de confiance de son père, ont été, dans ces années 2000, les agents les plus actifs de la transition du « socialisme » au néo-libéralisme. Si la bourgeoisie d’État du temps de Hafez offrait sa protection à la bourgeoisie d'affaires et lui soutirait en échange un généreux pourcentage de ses bénéfices, il s'agissait désormais d'une fusion des deux dans une même classe sociale dominante, soudée par les mêmes intérêts, les mêmes convictions et le même mode de vie. Cette classe étant née et ayant grandi et prospéré à l'ombre du pouvoir absolu des Assad, il était illusoire d'imaginer que la libéralisation économique puisse la conduire à revendiquer des réformes démocratiques, même mineures... Ceux qui se demandent pourquoi les Syriens se sont révoltés en 2011 devraient ne pas oublier, entre beaucoup d'autres raisons, l'insupportable insolence de la nouvelle classe dominante ».

Publié en 2013 aux éditions La Découverte, l'essai collectif Pas de printemps pour la Syrie, sous la direction de François Burgat et Bruno Paoli, donne aussi des clefs pour comprendre l'enchaînement qui a conduit d'une révolte populaire demandant une inflexion démocratique du régime, la justice sociale, la fin de la corruption et du clientélisme, à une guerre civile à tendance communautaire et attisée, exploitée, instrumentalisée par des forces extérieures livrant une concurrence pour l'hégémonie politique et économique dans la région.

Dans ce livre, la militante communiste Nahed Badawie, membre du parti de l'action communiste syrien, emprisonnée de 1987 à 1991, puis une deuxième fois lors du premier « printemps de Damas » de 2000, consécutif à la mort d'Hafez-al-Assad, témoignait devant François Burgat depuis son exil à Beyrouth :

« Le plus important, c'est de bien comprendre que le régime savait que sa seule chance de l'emporter face à une protestation démocratique dépassant toutes les divisions confessionnelles était de restaurer ces divisions et de faire prendre à la révolte la tournure d'un affrontement interconfessionnel. La grande différence entre cette révolte de 2011 et celles des années 1980, c'est en effet que, lorsque les Frères musulmans s'étaient révoltés à Hama (et dans de nombreuses autres villes du pays), seuls les sunnites les avaient soutenus. Alors qu'en 2011, dès le début, la mobilisation, au moins chez les intellectuels, avait une assise dans absolument tous les compartiments de la société. Cela dit, il n'est pas faux pour autant de reconnaître que les sunnites étaient majoritaires. Il y a à cela deux explications.
D'abord le fait que le mouvement a pris plus largement dans les quartiers défavorisés. Or, si les défavorisés n'étaient pas tous sunnites, les sunnites défavorisés l'étaient en quelque sorte doublement : au même titre que tous les autres, mais aussi en tant que sunnites ; les chrétiens ou les Druzes défavorisés, et plus encore, les alaouites entrevoyaient, pour améliorer leur condition, des possibilités de passe-droits, des chances d'accéder à l'appareil d’État ou à des emplois. Rien de tel pour les sunnites. Ensuite, si la mobilisation a mobilisé à parts égales les intellectuels de toutes les confessions, il n'en a pas été vraiment de même dans les couches populaires : au sein des minorités chrétienne, druze ou alaouite, à la différence des intellectuels, ces composantes dévalorisées de la société se sont malheureusement montrées bien plus réceptives à la propagande destinée à les couper de la majorité sunnite.
S'agissant des groupes islamistes radicaux comme Jabhat al-Nosra, … leur légitimité est forte car ils luttent contre – et donc protègent de – la terrible violence de l’État (…).

Nahed Badawie toujours :

« Parmi les procédés employés par le régime dès le début pour instiller la peur et la haine sectaire, je me souviens de cette petite vidéo terrifiante que nombre de mes amis avaient reçue sur leur téléphone et qui leur avait été communiquée très officiellement sur leur lieu de travail – alors qu'il était très dangereux d'avoir sur son portable des vidéos de la révolution. On y voyait un supposé révolutionnaire, clairement identifié comme un « salafi », brandir plusieurs secondes une tête qu'il tenait par les cheveux et dont s'écoulait encore du sang. Cette propagande, si grossière soit-elle, avait malheureusement un réel impact sur les gens de condition modeste. Cela ne prenait pas sur les intellectuels et tous ceux qui avaient une réelle capacité d'analyse. Mais je me souviens que même un ami ingénieur, malgré son bagage scientifique, ne mettait pas en doute les plus grossières de ces « preuves ».
Un des moments forts de mon expérience militante, c'est peut-être la première fois où j'ai crié moi-même : « Le peuple veut la chute du régime ! ». Il faut rappeler que les autorités ont tué des manifestants dès les premières semaines. Chaque vendredi était donc inévitablement suivi d'une cérémonie d'enterrement qui regroupait dix fois plus de gens que ceux qui avaient participé à la manifestation. Alors le régime s'est mis à ouvrir le feu sur ces cortèges qui prenaient des allures de manifestations... Ce qui était émouvant dans ce genre de circonstances, c'est cette sensation que les Syriens de confession et de quartiers divers se découvraient les uns les autres pour la première fois. Des gens qui ne se seraient jamais parlé apprenaient à se connaître ».

Ismaël Dupont - 10 avril 2020

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:58
Covid-19: Décès de Liliane Marchais le 9 avril à l'âge de 84 ans - l'hommage de Fabien Roussel
Covid-19: Décès de Liliane Marchais le 9 avril à l'âge de 84 ans - l'hommage de Fabien Roussel

Le message de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Liliane Marchais nous a quittés
 
Liliane Marchais nous a quittés ce jeudi 9 avril à l'âge de 84 ans après plusieurs années de combat dans un EPHAD. Le Covid 19 aura eu raison de cette grande dame, membre du secrétariat fédéral du PCF du Val-de-Marne de 1961 à 1976 et épouse de Georges Marchais, secrétaire national du PCF.
 
Au nom du PCF, j'adresse mes plus sincères condoléances et toute mon amitié à ses deux enfants, Olivier et Annie, à ses petits enfants et à tous les communistes du Val de Marne et notamment ceux de Champigny où
la famille habitait.
 
Née en 1935 à Malakoff, elle débute sa vie active en tant qu'ouvrière à la CSF de Malakoff. Elle adhère au Parti communiste en 1952 et à la CGT en 1953. Membre de la direction exécutive de la fédération CGT des Métaux entre 1960 et 1964, elle fait son entrée au sein de la direction du PCF du Val-de-Marne à la même période. Elle continua de siéger au bureau fédéral PCF du Val-de-Marne jusqu'en 1996, puis au comité fédéral.
À partir de la fin des années 1960, Liliane Garcia fut la compagne de Georges MARCHAIS, qu'elle avait rencontré dans ses activités militantes, à Malakoff et dans les organismes de la fédération Seine-Sud.
 
Liliane avait un caractère bien trempé qui se distinguait par la franchise et la sincérité. Comme tous ceux qui l’ont rencontrée, je me souviendrai toujours de ses yeux bleus, de son sourire toujours présent et de ses éternelles Gitanes aux lèvres, comme de la sagesse et de la camaraderie qu’elle apportait dans toutes ses rencontres. Au sein de la fédération du Val-de-Marne, elle a plus particulièrement suivi la formation des cadres et plus particulièrement celle des femmes. Elle a toujours défendu la place des femmes dans les instances de direction du Parti permettant à de nombreuses camarades d'accéder à des postes de responsabilités, au sein de collectivités comme au sein du Parti.
 
Aujourd'hui elle aurait été la première à saluer le service public de la santé, le dévouement et le professionnalisme des personnels des hôpitaux et des EPHAD qui luttent contre ce virus qui aura eu raison d'elle.
 
Le PCF rendra un hommage à Liliane Marchais dès que les mesures de confinement le permettront.
 
 
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,
 
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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:42
Covid_19 : Il n'y aura pas de victoire sur la pandémie en sacrifiant les migrants (PCF, 11 avril 2020)
Publié le 11/04/2020 par PCF
Covid_19 : Il n'y aura pas de victoire sur la pandémie en sacrifiant les migrants

Tout le monde s’accorde à dire que la pandémie du Covid-19 amplifie les inégalités. De nombreux gouvernements en Europe appellent à la solidarité, appellent la population à faire « bloc » pour lutter contre cette pandémie. Mais derrière ces mots, des populations sont oubliées et, entre autres, les personnes migrantes.

Une fois de plus, l’UE est incapable de s’accorder sur ce sujet, incapable de faire preuve de solidarité, d’humanité et peut-être même incapable d’aborder le sujet.

Et pourtant, les conditions sanitaires des demandeurs d’asile en Grèce sont sordides, indignes depuis des mois. Le gouvernement conservateur grec a suspendu le droit d’asile et a remplacé les « camps » existants sur les îles en centres de détention fermés. Des lieux où il sera totalement impossible de contenir l’épidémie du coronavirus. L’accès à l’eau est très insuffisante pour permettre les règles d’hygiène nécessaire et la surpopulation rend totalement impossible la distanciation sociale imposée pour réduire les risques de transmission. Ce sont des dizaines de milliers de personnes abandonnées sans défense contre le virus. Plusieurs détenus du centre de rétention administrative de Moria sur l’île de Lesbos viennent d'entamer une grève de la faim pour alerter sur leur situation que le gouvernement grec qualifie lui-même de "bombe sanitaire".

Au même moment, l’Italie ferme de nouveau ses ports à un bateau de l’ONG allemande Sea Eye qui a, à son bord, 150 migrants en utilisant l’argument de l’épidémie.

La France refuse de libérer les personnes détenues en centre de rétention administrative alors que toute demande d’asile, tout recours sont impossibles durant l’état d’urgence sanitaire mais elle accepte volontiers le renfort de personnes en attente de régularisation pour aider les producteurs de fruits et légumes à ramasser leur récolte.

Ce n’est pas le virus qui aggrave les inégalités mais plutôt les politiques de discrimination, et le mépris.

Le Portugal a annoncé il y a quelques jours une régularisation temporaire de tous les immigrés présents dans le pays en raison de la pandémie. Cela leur permet d’accéder à des droits sociaux et au système de santé pendant la période d’impossibilité d’examens des dossiers administratifs. C’est un premier pas, certainement insuffisant mais intéressant tout de même qui devrait inspirer l’Union européenne.

Le Parti communiste français demande au gouvernement d’examiner au plus vite la possibilité de régularisation des sans-papiers présents sur le territoire national et leur permettre d’accéder aux droits sociaux et droit à la santé.
Le PCF demande la libération de toutes les personnes détenues en centre de rétention administratif pour leur permettre de se protéger au mieux du virus.

L’heure est à la solidarité avec toutes et tous sans laisser personne de côté.

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:14
Appel urgent pour une aide d’urgence à Gaza – levée immédiate du siège ! (Agence média Palestine, 8 avril 2020)

Par Coordination Européenne des comités et associations pour la Palestine, 6 avril 2020

À l’attention de :

Mr Josep Borrell, Haut Commissaire Européen aux Affaires Étrangères

Ministres des Affaires Étrangères des pays européens,

Paris, le 6 avril 2020,

Appel urgent pour une aide d’urgence à Gaza – levée immédiate du siège !

Cher Mr Borrell,

Chers Ministres des Affaires Étrangères des pays membres de l’UE

Face à la pandémie de coronavirus, les gouvernements du monde entier prennent des mesures d’urgence de façon à protéger la santé de leurs citoyens et de stabiliser leurs économies.

Pour près de 2 millions de personnes de la bande de Gaza occupée et assiégée, avec les 129  cas de COVID-19 confirmés au 1er avril et deux mille personnes en quarantaine pour soupçon de contamination, le situation est au bord de la catastrophe. Les instruments, les lits de soins intensifs et les moyens de prévention pour faire face à l’éventualité d’une propagation de la contagion, sont manquants ou tout à fait inadéquats. Dans cette situation, aucune réponse efficace face à la crise actuelle n’est possible à Gaza.

Plus d’une décennie de blocus illégal et de fréquentes attaques brutales de l’armée israélienne font que 2 millions de gens vivent dans une situation de surpeuplement désespérant, dans un environnement marqué par l’exiguïté et des conditions de logement désastreuses, avec notamment un manque de 60% d’équipements médicaux, une fourniture d’énergie électrique gravement limitée, une malnutrition massive et l’eau courante dans seulement 10% des logements.

La prévision de l’ONU selon laquelle Gaza serait inhabitable en 2020 est pleinement devenue réelle, comme l’a plusieurs fois rappelé le rapporteur spécial de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Michaël Lynk. Le panel d’experts de l’ONU sur la crise sanitaire a demandé qu’il n’y ait pas d’exception concernant le COVID-19, puisque “tout un chacun a droit à ce qu’on intervienne pour sa survie”.

En dépit de la préoccupation exprimée par le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres face au manque de ressources dans les camps de réfugiés, dans les villages déplacés et malgré l’appel à ne pas faire de la crise sanitaire une guerre, Israël ne fournit pas le soutien nécessaire et adapté aux structures de soins de Gaza auquel il est tenu en tant que puissance occupante, en contrevenant et en faisant constamment exception à ses obligations.

La communauté internationale ignore la situation critique des Palestiniens de Gaza depuis trop longtemps. Jusqu’à maintenant l’Europe s’est montrée incapable de se tenir à ses principes et déclarations et de mettre fin à sa complicité avec le système israélien d’occupation, d’apartheid et de colonialisme de peuplement.

Les Palestiniens doivent pouvoir accéder à des traitements médicaux et nous avons la responsabilité de les soutenir en mettant fin aux restrictions imposées par Israël. En vertu de la Quatrième Convention de Genève, Israël, en tant que puissance occupante, a le devoir d’assurer la sécurité et le bien-être des populations civiles dans les zones sous son contrôle. Le blocus maintenu par Israël sur la bande de Gaza est une mesure qui prive sa population de nourriture, de carburant et d’autres biens de premières nécessité ; il constitue une forme de punition collective, en violation de l’article 33 de la Quatrième Convention de Genève.

C’est dans cet esprit que nous en appelons à l’UE et aux gouvernements européens pour:

  • Mettre en oeuvre immédiatement toutes mesures économiques et politiques y compris des sanctions et des mesures de rétorsion sous l’égide du droit international, pour faire pression sur Israël pour qu’il mette fin au siège de Gaza.
  • En contact direct avec les Ministres de la santé de Gaza et de Cisjordanie, assurer la livraison directe aux autorités publiques locales de cargaisons adéquates de fournitures médicales et sanitaires nécessaires à la détection du coronavirus et pour la prise en charge des personnes affectées ainsi que des éléments nécessaires à la prévention de la diffusion du virus dans la communauté et dans les hôpitaux locaux.
  • Permettre à ceux qui ne peuvent être traités à Gaza d’accéder effectivement à d’autres hôpitaux.
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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:07
Malakoff, 2018. Léa Figuères est décédée du Covid-19 à 97 ans. La femme de l’ancien maire de Malakoff, Léo Figuères, s’est intéressée à la vie de la commune jusqu’à sa mort. Elle était présente lors de l’inauguration de la place dédiée à son époux, ici en 2018. Ville de Malakoff

Malakoff, 2018. Léa Figuères est décédée du Covid-19 à 97 ans. La femme de l’ancien maire de Malakoff, Léo Figuères, s’est intéressée à la vie de la commune jusqu’à sa mort. Elle était présente lors de l’inauguration de la place dédiée à son époux, ici en 2018. Ville de Malakoff

Coronavirus : l’ancienne résistante et militante communiste Léa Figuères s’est éteinte

L’épouse de l’ancien maire communiste de Malakoff, Léo Figuères, avait 97 ans. Infectée par le Covid-19, cette figure de la commune est décédée ce lundi, à l’hôpital Béclère.

 

Elle avait résisté de toute son âme à l'occupation de la France par l'Allemagne nazie. Quatre-vingts ans plus tard, le Covid-19 l'a terrassée. Léa Figuères, 97 ans, s'est éteinte à l'hôpital Béclère à Clamart, ce lundi, après une semaine d'hospitalisation. Ses proches n'ont pas pu lui rendre visite.

À Malakoff, où elle a passé presque toute sa vie, tout le monde l'appelait Andrée. En référence au prénom clandestin, dont elle avait hérité à 19 ans en rejoignant les rangs de la Résistance dans la région lyonnaise.

« Elle était l'épouse de l'ancien maire Léo Figuères [ NDLR : décédé en 2011 ] mais aussi une personnalité militante, décrit Jacqueline Belhomme, l'actuelle maire PCF. Elle était connue pour cela à Malakoff. Elle était de toutes les commémorations. »

Léa était une « vraie battante », se rappelle Miloud Sebaa, un des membres de l'association Les Amis de Léo Figuères. « Quand elle est née, son père a dit J'ai une fille, elle n'ira pas à la guerre !. Et pourtant, dès qu'elle a quitté l'adolescence, elle s'est engagée dans la Résistance », rigole-t-il.

C'est à cette époque qu'elle rencontre son futur époux Léo Figuères. Il est responsable clandestin des Jeunesses communistes dans la zone sud de la France. « Elle était son agent de liaison. Elle prenait les consignes du donneur d'ordre et les lui donnait sur le terrain », explique Miloud Sebaa.

Ils posent leurs valises dans les Hauts-de-Seine en 1945

La fin de la guerre sonne le début de leur histoire de famille. Leur premier enfant, Jean-Pierre, naît en 1945. « Je disais toujours à mes parents qu'ils m'avaient conçu entre deux bombardements », s'amuse l'intéressé, aujourd'hui âgé de 74 ans.

Cette même année, la famille pose ses valises à Montrouge dans l'atelier du peintre Fernand Léger, un grand ami du couple. Le temps passe. En 1955, dix ans après la guerre, Léo et Léa trouvent un appartement rue Guy-Moquet, du nom d'un autre héros de la guerre, à Malakoff. Ils n'en repartiront jamais.

Très vite, le couple « s'implique dans le tissu social et associatif » de Malakoff, raconte leur aîné. Léo prend la direction de la section locale du Parti communiste français. Puis enfile l'écharpe de maire 1965. Il ne la retirera qu'en 1996.

Léa s'investit quant à elle dans plusieurs associations locales. Elle devient responsable au sein de l'ANACR, l'Association nationale des anciens combattants et ami(e) s de la Résistance. Et sera décorée de la Croix du combattant volontaire de la Résistance.

Elle veillait au cocon familial

Si elle n'a jamais exercé de mandat électif comme son mari, Léa Figuères a toujours conservé sa carte d'adhérente au PCF. « Elle était militante, distribuait des tracts, vendait le journal l'Humanité », rembobine Jean-Pierre Figuères, qui vit aujourd'hui à Antony.

Le fils aîné, d'une fratrie de quatre enfants, évoque « une mère aimante » et « bienveillante » qui, il y a quelques semaines, demandait encore à son fils de 74 ans s'il avait « bien mis son cache-col pour le froid ».

« Elle avait créé un vrai cocon familial, raconte Jean-Pierre. Quand mon père rentrait à la maison, c'était la maison, plus la mairie. Si quelqu'un venait toquer pour des soucis de mairie, elle lui disait de prendre rendez-vous à l'hôtel de ville. Elle nous préservait. »

Dans le quartier, « tout le monde la connaissait ». L'ancienne maire (PCF), Catherine Margaté, qui a pris la succession de Léo Figuères en 1996, lui rendait souvent visite. « C'était une femme très attachante et très impliquée dans la vie de Malakoff, confie Catherine Margaté. Elle était attachée à faire connaître la Résistance aux jeunes. »

L'ex-élue parle d'une femme « attentionnée » et « curieuse » dotée « d'une mémoire extraordinaire ». « Elle s'intéressait à tout, raconte la maire honoraire « peinée » de sa disparition. J'étais allée lui rendre visite en janvier dernier et elle m'avait posé des questions sur la campagne municipale en cours. »

Ses proches n'ont pu la voir à l'hôpital

Depuis plusieurs mois, Léa Figuères était plus faible. Elle ne sortait presque plus de l'appartement dans lequel elle a vécu pendant près d'un demi-siècle. Le 30 mars dernier, elle a été admise à l'hôpital Béclère après une mauvaise chute. « Les médecins ont fait des analyses et ils se sont aperçus qu'elle avait aussi contracté le Covid-19 », confie Jean-Pierre Figuères.

Le virus s'attaque à ses poumons. Elle est placée sous sédatifs. Une semaine plus tard, elle s'éteint. Laissant derrière elle quatre enfants, huit petits-enfants et huit arrière-petits-enfants.

« C'est très difficile. Aucun de ses proches n'a pu la voir, même avant son hospitalisation puisque nous étions confinés », explique Jean-Pierre. Le fils aîné avait tout de même échangé par téléphone jeudi dernier. « Elle m'avait dit à bientôt », souffle le fils.

Léa Figuères sera inhumée dans le village de Los Masos dans les Pyrénées-Orientales, aux côtés de son mari. La cérémonie, confinement oblige, aura lieu en petit comité. « C'est encore plus difficile à vivre. On ne pourra pas tous venir, regrette Jean-Pierre. Mais on s'est dit que, cet été, on s'y retrouverait tous. »

(Source: http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/coronavirus-l-ancienne-resistante-et-militante-communiste-lea-figuieres-s-est-eteinte-08-04-2020-8296053.php?utm_campaign=facebook_partage&utm_medium=social&fbclid=IwAR3Rmo2bZMBgrkJLx9DpPaQDB5-THF6-DbT7Mc3Dq-GDjUe_EsyczyzyQmM)

Mercredi, 8 Avril, 2020 - L'Humanité
Carnet. Léa-Andrée Figuères, ancienne résistante, est décédée

Léa-Andrée Figuères, ancienne résistante, s’est éteinte le 6 avril, emportée par le coronavirus à l’âge de 97 ans.

 

Léa-Andrée Figuères, ancienne résistante, s’est éteinte le 6 avril, emportée par le coronavirus à l’âge de 97 ans. Militante à l’Union des jeunes filles de France dans le Cher, Léa Lamoureux rejoint à 19 ans la Résistance à l’occupant nazi dans la région lyonnaise en 1941 pour devenir Andrée dans la clandestinité. Elle fut la compagne de toujours de Léo Figuères. À ses côtés, elle mène le combat avec les Jeunes communistes de la zone sud et sera décorée de la croix du combattant volontaire de la Résistance. Depuis, adhérente du PCF, restant jusqu’au bout fidèle à ses idéaux de jeunesse, elle a aussi poursuivi le combat de mémoire comme responsable au sein de l’Anacr pour que ne soit pas oublié le rôle des communistes dans la Résistance. Militante également aux parents d’élèves, elle a toujours été attentive aux questions de l’éducation. Elle a fait en sorte que les œuvres de Léo soient republiées avec le concours de l’Association des amis de Léo Figuères, dont elle était la présidente d’honneur. Selon sa volonté, elle sera inhumée dans le village de Los Masos (Pyrénées-Orientales), aux côtés de Léo. L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:00
Nûdem Durak

Nûdem Durak

 

TURQUIE / BAKUR – Alors que la pandémie du coronavirus fait des ravages en Turquie et au Kurdistan du Nord, plus de 50 000 prisonniers politiques, dont une bonne partie sont des journalistes, politiciens ou artistes kurdes, sont interdits de quitter la prison tandis que les autres condamnés du droit commun ou des terroristes de DAECH sont libérés petit à petit…
 
Parmi ses prisonniers politiques kurdes, il y Selahattin Demirtas, avocat, écrivain et politicien d’HDP, des dizaines de maires comme Gultan Kisanak et des artistes dont le seul crime est d’affirmer leur identité kurde. On veut vous parler de la chanteuse kurde Nûdem Durak à titre d’exemple pour montrer l’enfer que les Kurdes vivent en Turquie…
 
Cela fait 5 ans que la chanteuse kurde Nûdem Durak est en prison pour avoir osé chanter dans sa langue maternelle. Elle doit retrouver sa liberté en 2034. Un châtiment de 19 ans pour lui enlever le goût de chanter les chansons de son peuple… ou montrant la fausseté du discours officiel turc parlant de leurs « frères kurdes ».
 
La justice turque a condamné la chanteuse kurde Nudem Durak à 19 ans de prison pour avoir enseigné la musique kurde.
 
Originaire de Cizre, Nûdem est bien connue dans toute sa communauté pour enseigner des chansons folkloriques locales en langue kurde aux enfants. Les Kurdes sont persécutés depuis des décennies par les gouvernements de Turquie, d’Iran et de Syrie dans tout le Kurdistan. (Vous pouvez entendre Nûdem chanter en kurde ici)
 
Pour le gouvernement turc, qui a même interdit le mot «Kurdes» jusqu’aux années 1990 (les appelant plutôt «Turcs des montagnes»), chanter était tout simplement inacceptable. Nûdem a été arrêtée en 2015 et inculpée sous la vague notion de propagande parce que les chansons qu’elle chantait étaient dans sa langue maternelle.
 
En avril 2015, Nûdem Durak a été condamnée à dix ans et demi de prison pour «promotion de la propagande kurde» en se produisant dans sa langue maternelle. En juillet 2016, sans accusation ni condamnation supplémentaires, sa peine a été portée à 19 ans. Des amis rapportent qu’elle était recherchée par la police depuis au moins 2014. La chanteuse a été arrêtée avec trois autres femmes, mais elles ont été libérées.
 
Nûdem Durak est actuellement détenue dans la prison fermée de Mardin où elle devrait rester jusqu’en septembre 2034.
 
Pour soutenir Nûdem Durak

Signez la pétition Free Nûdem Durak 
Chantez pour elle, écoutez ceux et celles qui l’ont déjà fait…

Ecrire à Nûdem

Nudem Durak
M Tipi Kapalı Cezaevi
Bayburt
TURQUIE

Pour plus d’info cliquez : songfornudemdurak.org
Suivez la campagne de solidarité sur les réseaux sociaux.

Facebook “Song for Nudem Durak” @songfordurak

 

Source:

https://kurdistan-au-feminin.fr/2020/04/10/turquie-une-chanteuse-kurde-condamnee-a-19-ans-de-prison-a-cause-la-musique-kurde/?fbclid=IwAR2KpElBXV5c8hMGv9efJU2iGNWSF3DfvTMYyiWztKLqMEi9JfWjChYBlmc

 
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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 13:16
COVID 19 - Adresse de Fabien Roussel et du PCF aux salarié.e.s (avril 2020)
COVID 19 - Adresse de Fabien Roussel et du PCF aux salarié.e.s (avril 2020)
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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 13:13
Signez la pétition Le Jour d'après - Défendons ensemble des mesures urgentes et de long terme pour la justice sociale et climatique
Défendons ensemble des mesures urgentes et de long terme pour la justice sociale et climatique


Tirons les leçons de la crise actuelle et pallions aux dysfonctionnements générés par les politiques menées depuis des années. 
La protection et la promotion des services publics doit être une priorité, dès aujourd’hui et pour demain. Ils sont les garants de notre santé, de notre éducation, de notre avenir. Ils sont les meilleures armes face à des inégalités croissantes et les garants du respect des droits fondamentaux. Les protéger, c’est investir dedans. C’est aussi revaloriser les personnes qui y travaillent et leur donner les moyens d’agir. 

La crise sanitaire actuelle est une loupe grossissante d’inégalités criantes.

Nous ne pourrons accepter que les choix politiques qui seront faits viennent les accentuer. Ils devront au contraire les réduire, en priorité pour les femmes, aujourd’hui en première ligne de la crise, et pour les plus vulnérables, en France et dans le monde. 


Enfin, nous voyons aujourd’hui toute la violence humaine et sociale d’une crise qui a pris nos sociétés de cours. Ne faisons pas la même erreur face à la crise climatique, dont les effets se font déjà sentir fortement et qui seront encore plus dévastateurs à l’avenir.

Les choix faits pour demain ne doivent en aucun cas privilégier le court terme, et sacrifier la planète à une croissance « coûte que coûte ». Une autre voie est possible, et ensemble, nous pouvons la défendre. 

Aujourd’hui, nous avons le pouvoir de construire le monde de demain, pour qu’il soit  le reflet de nos aspirations : un monde plus juste, durable et solidaire.  

Ne laissons pas les décisions se prendre sans nous et contre nous. Nous avons le pouvoir citoyen.

 

*Pétition à l’initiative de : Action Non-Violente COP 21, Alternatiba, Attac France, CCFD Terre Solidaire, Confédération paysanne, CGT, Convergence nationale des Services Publics, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fondation Copernic, Greenpeace France, les Amis de la Terre France, Oxfam France, Reclaim Finance, Unef, Union syndicale Solidaires, 350.org. Pétition soutenue par : Action Aid France, Fidl, Il est encore temps, Le mouvement, MNL, Notre affaire à tous, Partager c’est sympa, SOL, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, UNL.

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