« Notre pays ne remplit pas ses devoirs à l’égard des plus vulnérables. » Ce terrible constat sur les Ehpad, corroboré par des élus FI et PCF, a été dressé par une députée LaREM... en 2017. Depuis, le gouvernement a reçu une foule de rapports alertant sur la situation catastrophique dans les établissements pour personnes âgées dépendantes. Mais les solutions proposées ont quasiment toutes été enterrées.
Avant même d’être frappés de plein fouet par l’épidémie de coronavirus, les Ehpad étaient déjà en « profonde crise ». La sonnette d’alarme a été tirée à maintes reprises, et de nombreux rapports ont été remis au gouvernement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, qui n’a jamais répondu à la hauteur des enjeux. Dès septembre 2017, les députés PCF et FI s’émeuvent d’une grève de 117 jours dans un établissement, les Opalines à Foucherans (Jura). La commission des Affaires sociales met en place une « mission flash » en urgence, conduite par Monique Iborra. « Notre pays ne remplit pas ses devoirs à l’égard des plus vulnérables », alerte la députée LaREM, qui livre des conclusions au vitriol. Les Ehpad sont en sous-effectif grave, avec des conditions de travail indignes. Les accidents du travail y sont deux fois supérieurs à ceux du BTP. Les salaires des personnels beaucoup trop faibles, et les prix souvent exorbitants pour les familles. La tarification à l’acte est qualifiée « d’équation kafkaïenne », et le service rendu insuffisant. « Les Ehpad sont un lieu de souffrance de notre société. Souffrance de la maltraitance et souffrance au travail », dénonce le député PCF Pierre Dharréville.
En 2018, 31 mesures pour «changer de modèle»
Mais le gouvernement refuse tout plan ambitieux et se cache derrière des promesses. Les parlementaires reviennent à la charge en mars 2018. Le sénateur LR Bernard Bonne pointe dans un rapport« une dérive sanitaire de l’Ehpad », et appelle à une réforme globale. Quelques jours plus tard, Monique Iborra et l’élue FI Caroline Fiat (lire aussi notre entretien) présentent une nouvelle mission. « La profonde crise des Ehpad ne peut laisser indifférent », écrivent-elles, sachant que les « professionnels expriment ne plus pouvoir exercer dans des conditions humaines et décentes leur métier », avec le soutien des directions et l’interrogation constante des familles. Elles indiquent en outre que les structures privées sont en moyenne plus chères et moins dotées en effectifs que les publiques. Et s’inquiètent que, avec 24,5 aides-soignants et 6 infirmiers pour 100 résidents, le temps de soin et de toilette est « inférieur à une heure par jour ». Elles proposent enfin un plan de 31 mesures pour un « changement de modèle ».
Buzyn alertée : il manque 60 000 postes
Olivier Véran, alors rapporteur du budget de la Sécurité sociale, les chiffre à 7 milliards d’euros. Soit beaucoup trop pour le gouvernement. Mais l’exécutif, conscient que la question monte, prend soin de déployer sa communication. La ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, assure qu’un plan est en préparation. En janvier 2019, elle reconnaît que les Ehpad sont « à bout de souffle », et que 20 000 postes vont être créés, sur 60 000 manquants… En mars, lors des assises des Ehpad, elle annonce « des mesures fortes », dès lors que le rapport de Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, lui sera remis. « Le gouvernement passera à l’action pour porter des solutions immédiates » qui feront « une différence dès 2019 », affirme-t-elle.
Beaucoup de promesses pour quelques mesurettes
Agnès Buzyn reçoit le rapport quelques jours plus tard. Il préconise la création de 80 000 postes d’ici à 2024, l’utilisation de 3 milliards d’euros sur dix ans pour rénover les Ehpad, des baisses de reste à charge de 300 euros pour les plus modestes et un soutien de 550 millions pour les services d’aide à domicile. Mais l’heure n’est pas encore à présenter la « loi grand âge ». Si bien qu’en août 2019, la ministre en est toujours à promettre « de l’argent pour les Ehpad », pour le budget… de 2020. En octobre 2019, nouveau rapport, cette fois-ci signé par l’ancienne ministre du Travail Myriam El Khomri, qui propose 825 millions d’euros pour de nouvelles embauches. « Nous ne sommes pas préparés au vieillissement de la population », s’inquiète alors Agnès Buzyn, qui finira par présenter des mesurettes après avoir beaucoup communiqué et ignoré la proposition de loi « d’urgence pour la santé » des parlementaires PCF, pourtant conséquente et budgetée.
La loi grand âge, lancée au son du clairon avec une vaste consultation en ligne à l’automne 2018, devait donner des pistes, élaborer des solutions. Il y a eu des milliers de réponses, des propositions. Depuis, rien
À la liste des cyniques et des imbéciles dopés par la crise, on peut ajouter Christophe Barbier, avec mention, sur BFM, appelant à une reprise rapide pour l’économie : « Pour sauver quelques personnes âgées, on va mettre des milliers de gens au chômage ? » Cynique et imbécile, au service de cette perversion intellectuelle qui a fait de « l’économie » et plus précisément du profit et de la rentabilité, quoi qu’il en coûte, l’alpha et l’oméga des politiques libérales. C’est précisément parce que la santé de tous, et plus encore celle des personnes âgées, lui a été soumise que nous en sommes là.
On pensait des propos comme ceux-ci proscrits par les pages les plus sombres de l’histoire, car il ne s’agit pas de « quelques personnes très âgées », mais de près de 8 000 morts désormais dans les Ehpad, dont environ 300 appartiennent au groupe Korian, avec 30 000 lits. Les bénéfices de la société, cotée en Bourse, ont progressé de 10,4 % l’an passé et sa présidente, dont le salaire avoisine le million d’euros, se flattait de sa solidité. Aurait-on oublié les grèves qui se sont multipliées, cette même année, pour les salaires, les conditions de travail et d’accueil, les moyens d’aide et de soin ? Pour « l’économie », l’âge et la dépendance sont un marché et, disons-le avec rage, « les vieux » sont une marchandise.
En juin et juillet 2018, devant la Mutualité française et devant le Congrès, Emmanuel Macron évoquait la dépendance. Au rythme actuel, elle devrait concerner 1,6 million de personnes en 2030, 2,5 millions en 2060. Il invitait à regarder le problème en face : « Ne pas le voir ou considérer que ce serait l’affaire de quelques-uns, c’est ne pas nous traiter dignement nous-mêmes », ou encore, « il nous faut construire pleinement le financement et l’organisation de ce risque social ». En les laissant au privé ?
La loi grand âge, lancée au son du clairon avec une vaste consultation en ligne à l’automne 2018, devait donner des pistes, élaborer des solutions. Il y a eu des milliers de réponses, des propositions. Depuis, rien. Le monde d’après, comme on dit maintenant, va-t-il apporter des réponses ? Il faudrait, il faudra, changer de vision de « l’économie ».
Carte scolaire à Brest : la section PCF du pays de Brest demande un moratoire sur toutes les fermetures de classes et les suppressions de postes dans les écoles publiques de la ville.
Le comité technique spécial départemental du Finistère a entériné la nouvelle carte scolaire pour l’année 2020/2021. Après la fermeture du collège Kerichen en 2016, de l’école Desnos en 2018, et des regroupements d’écoles de ces dernières années, une nouvelle fois, la ville de Brest paie un lourd tribut. 4 fermetures de classe sont prévues dans les écoles Sanquer, Jacquard, Jean Macé et Kérichen. Et aucun moyen supplémentaire pour les enfants en zone REP, ni pour le suivi des élèves allophones (classes UPE2A) ne sont alloués.
Le service public de l’Education nationale est une nouvelle fois fragilisé. Le service public est pourtant la seule richesse de celles et ceux qui ne possèdent rien.
Nous le rappelons, fermer des classes dans l’école publique : - c’est dégrader les conditions d’apprentissage de nos enfants et mettre en danger leur avenir. - c’est manquer l’occasion d’améliorer le taux d’encadrement dans toutes les écoles brestoises. - c’est manquer l’occasion de rétablir la justice en donnant plus de chances aux enfants les plus fragiles. - c’est faire un cadeau sur mesure aux écoles, collèges et lycées privés qui représentent jusqu’à 50 % des effectifs. En effet, pour la plupart, les enfants qui, suite à ces fermetures, intégreront une école privée, continueront l’ensemble de leur cursus dans le secteur privé, alimentant ainsi une spirale délétère pour l’ensemble du service public d’Education sur notre territoire. - c’est aussi risquer une baisse d’attractivité de notre ville.
Parce que la qualité de l’éducation n’a pas de prix, les communistes de la section du pays de Brest soutiennent et accompagnent la lutte des parents d’élèves, des personnels, des enseignant.e.s , des brestois.es et des élu.e.s pour la défense des moyens de leurs écoles publiques.
Le maire de Nice met les quartiers populaires sous couvre-feu à partir de 20 heures, contre 22 heures dans le reste de la ville. La LDH l’attaque en justice.
Le 15 avril, la préfecture des Alpes-Maritimes a reconduit le couvre-feu interdisant les déplacements dans 24 communes du littoral et de plus de 10 000 habitants entre 22 heures et 5 heures. C’était sans compter le maire de Nice, Christian Estrosi, « Monsieur Plus » de la sécurité, qui profite de la nécessaire lutte contre la pandémie pour multiplier les effets d’annonce et stigmatiser une partie de la population niçoise. Le même jour, l’édile a reconduit un arrêté municipal daté du 7 avril, instaurant un couvre-feu différent selon les quartiers. Il est en vigueur à partir de 20 heures pour ce que le quotidien local appelle les « quartiers chauds ». C’est-à-dire les quartiers populaires, là aussi où se trouvent notamment les populations d’origine étrangère. Les bons bourgeois niçois, qui ont, eux, la permission de 22 heures, peuvent dormir tranquillement, la racaille ne viendra pas hanter leurs nuits, pas spécialement plus belles que leurs jours !
Un arrêté honteux, à la mesure de Christian Estrosi qui, tout en se présentant comme opposé au Rassemblement national des Le Pen et Vardon (le représentant niçois de l’extrême droite), s’aligne sur leurs thèses racistes et discriminatoires. Nice est la ville où les effectifs de la police municipale sont les plus importants de France. 2 600 caméras traquent les faits et gestes des passants. Ce n’est visiblement pas suffisant pour cet adepte de Big Brother qui se présente en sauveur suprême et s’en prend à ceux qui « veulent en réalité m’empêcher de vous protéger ».
La Ligue des droits de l’homme (LDH) dénonce « une manœuvre politicienne » qui vise « à stigmatiser et à faire montre d’autoritarisme envers les populations des quartiers populaires, ainsi collectivement punies ». Pointant du doigt le caractère discriminatoire de la mesure, la LDH a saisi le tribunal administratif contre l’arrêté municipal. Le référé est examiné aujourd’hui.
Un exercice nucléaire en pleine crise du Coronavirus ?
Le mardi 31 mars 2020, les Forces aériennes stratégiques (FAS) auraient réalisé une simulation de frappe nucléaire. Montrer ses muscles même en pleine pandémie de coronavirus semblerait être une priorité pour le ministère des Armées.
Les exercices de frappes nucléaires ne sont pas des actes anodins. Quatre sont réalisés chaque année, chacun ayant pour objectif de simuler un raid nucléaire et de délivrer un missile ASMP-A (d’une puissance de 300 kilotonnes) ; heureusement dans ce cas factice. Ce type d’exercice a pour objectif de montrer que la politique de dissuasion nucléaire fonctionne ; même en temps de crise. Qui en aurait douté ? La Russie ou la Chine, pour ne citer que ces deux États figurant parmi les cibles de l’arsenal nucléaire de la France ?
Si le Président de la République, d’après différentes déclarations, n’est pas encore prêt à signer le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), il aurait été en cette période de crise mondiale nettement plus préférable de s’abstenir de montrer sa capacité à provoquer des conséquences humanitaires catastrophiques.
Étrange message envoyé, quand, dans le même temps l’ensemble de la planète subit un désastre sanitaire grave ; même s’il n’est pas comparable à celui que provoquerait l’utilisation d’une arme nucléaire. En cas de détonation nucléaire, ne cherchez ni personnel de santé, ni masque ou gel hydroalcoolique…
Cette politique de défense — qui repose sur la perspective d’utiliser une arme de destruction massive —, en contradiction avec toutes les règles du droit international humanitaire, est à l’inverse de ce que de nombreuses personnalités et scientifiques préconisent sur « l’après » crise sanitaire :
Bertrand Badie, « autrefois, la guerre visait la puissance et impliquait de mobiliser les instruments classiques de puissance. Désormais, la faiblesse est au centre de la cible, elle est pour tous, la principale menace et justifie la mobilisation de recettes plus sociales que militaires. Erreur impardonnable de ne pas l’avoir compris à temps » ;
Edgar Morin, il faut « ressentir plus que jamais la communauté de destins de toute l’humanité » ;
Jean Jouzel, il faut « inventer un nouveau modèle de développement » ;
Corine Pelluchon, il faut « nous conduire à habiter autrement le monde » ;
L’entrée en vigueur et la mise en œuvre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) devient encore plus urgente ; car il va permettre de stigmatiser les États possédant des armes nucléaires, et exercera sur eux une pression juridique, politique, diplomatique, et économique…
Tout d'abord, au nom de la fédération du PCF du Finistère, nous voulons témoigner de notre soutien et de notre solidarité à tous ceux pour qui cette période est difficile au plan matériel, au plan humain, ou des conditions de travail. Tout le monde, à un titre ou un autre, est touché et inquiet sur les conséquences de cette crise du coronavirus. Nous pensons en particulier à ceux qui vivent seuls, à ceux qui sont âgés, malades, à ceux qui se font du souci pour leurs proches, et aussi au plan financier, car certains ont des revenus amoindris voire pas de revenus du tout et des soucis pour l'avenir.
Le Parti communiste lance depuis quelques jours au niveau du Finistère un appel à souscription exceptionnelle pour faire face à trois défis majeurs :
- Le financement des élections: Le décalage du second tour ou l'obligation possible de rejouer le 1er tour, au moins dans les villes et communes où le 1er tour du 15 mars n'a pas suffi à faire élire un conseil municipal, pourrait avoir un impact financier supplémentaire pour le PCF. Pour l'instant, l'apport de la fédération du Finistère pour soutenir les campagnes de nos candidats sur différentes communes où les communistes étaient engagés avec d'autres forces et sensibilités dans des élections municipales est déjà significatif et la contribution pourrait encore augmenter avec le report des élections liée à la crise du COVID-19. Il nous faut donc assurer le financement de ces élections municipales, après le financement des élections européennes l'an passé où la contribution du PCF Finistère a dépassé les 20 000€. A moyen terme nous aurons d'autres rendez-vous électoraux à préparer en 2021: sénatoriales, départementales et régionales. Le Parti communiste est un des partis qui dépend le moins de l'aide public et dont le financement des activités repose essentiellement sur la cotisation des adhérents (le plus grand parti de France en nombre d'adhérents), le reversement des indemnités de ses élus (qui ne gagnent pas d'argent avec leur mandat), et les dons, nombreux et importants chaque année.
- Faire face au manque à gagner pour certaines sections lié à l'impossibilité, du fait du confinement et de la crise sanitaire, d'organiser des initiatives politiques traditionnelles qui faisaient aussi, en plus de leur intérêt festif et politique, rentrer de l'argent pour l'activité politique (banquets, fêtes et repas du 1er mai, …etc). Pour les fêtes et initiatives d'été, nous sommes encore dans le brouillard sur notre capacité ou non à les maintenir. Sans doute que celles du mois de juillet dans le Pays Bigouden devraient être annulées, ce qui aura des conséquences financières. Comme beaucoup d'autres associations, le PCF est fragilisé dans son financement par cette crise du Covid.
- Soutenir la direction nationale du PCF et financer les initiatives engagées dans le cadre du centenaire du PCF . C'est pourquoi nous demandons aux adhérents et sympathisants qui le souhaitent et le peuvent de nous aider à contribuer à cet effort pour financer nos actions afin de faire connaître et célébrer la belle histoire de 100 ans de combats pour l'émancipation humaine du Parti communiste français, une histoire qui continue bien sûr, et des batailles qui ont besoin de moyens financiers pour se déployer dans un contexte de lutte de classes toujours bien présent.
Notre parti à l'échelle départementale n'a plus de salariés, de permanents, mais nous avons des locaux à entretenir et dont les charges doivent être financés, et des frais liés à nos activités politiques (journaux, tracts, formations militantes, conférences d'éducation populaire, initiatives).
Nous vous rappelons que vos dons à l'ADF PCF 29, sont à envoyer au siège de la fédération – Fédération du Parti communiste du Finistère, 5 rue Henri Moreau, 29 200 BREST – et sont déductibles à 66 % de vos impôts.
Nous comptons sur vous!
Cet engagement est d'autant plus important que, pour la bataille du jour d'après, le Parti communiste devra continuer à être à l'offensive pour peser afin que l'affrontement de classe intense qui devrait accompagner la crise sociale et économique liée au Coronavirus permette réellement de remettre en cause les orientations poursuivies depuis des décennies, de remises en cause de l'hôpital public, de la Sécurité Sociale, des services publics et solidarités.
Pour que les défenseurs du capitalisme ne fassent pas payer à ceux qui sont en première ligne aujourd'hui, les travailleurs, l'addition de la crise, ce qui pourrait se traduire par une nouvelle dégradation des droits sociaux et syndicaux.
Au contraire, cette période critique, qui montre l'épuisement d'un système qui nous mène dans le mur et amplifie les conséquences de l'épidémie, peut être propice pour construire un front majoritaire nouveau afin de bâtir une politique de développement humain et de progrès social remettant en cause les directives néo-libérales et capitalistes et les intérêts de la finance au niveau français, européen et mondial. Plus que jamais, nous avons besoin du Parti communiste pour mener avec d'autres ces combats. C'est pourquoi il nous faut aussi continuer à poser la question autour de nous, et c'est possible même en temps de confinement, d'une adhésion au Parti communiste.
Depuis le 1er janvier 2020, nous comptons 12 nouveaux adhérents dans la fédération, sans compter les adhésions à la JC. L'objectif départemental est d'ici la fin de l'année du centenaire de faire aussi bien que en 2019, c'est à dire de faire adhérer au moins 60 nouveaux camarades de plus dans le département.
Portez-vous bien. Prenez soin de vous.
Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère
Cette carte montre fort logiquement que c’est dans les grandes agglomérations, où la densité de population est la plus importante, qu’il y a le plus de cas de covid 19 et le plus d’hospitalisations.
Elle dit aussi que la concentration urbaine avec ses contraintes de promiscuité dans les transports, dans les quartiers, dans les immeubles, dans les ascenseurs… a été, en l’absence de masques, un vecteur majeur de la contagion.
Elle ne dit pas, par contre,
-que cette concentration urbaine s’est accompagnée pendant les quatre derniers mandats présidentiels, d’une concentration sanitaire qui a détruit progressivement les hôpitaux ruraux sans transférer les moyens matériels, financiers et humains correspondants sur les hôpitaux publics restants, contraints de fonctionner en flux tendus,
-que le déficit capacitaire et le manque de moyens qui en ont résulté ont été la cause d’une surmortalité qui doit imposer dès aujourd’hui une révision en profondeur de la politique sanitaire et l’arrêt immédiat et total des fermetures de postes et de services.
L’épidémie de covid 19 montre aussi clairement qu’une refonte de la politique d’aménagement du territoire s’impose, qui prenne en compte l’ensemble des territoires ruraux et ne soit plus seulement centrée sur les seules métropoles.
Elle apporte chaque jour la preuve qu’au quotidien comme en période de crise ce sont nos services publics qui apportent une réponse à nos besoins vitaux, que la solidarité en direction des plus faibles, des plus pauvres, des plus touchés passe par nos dispositifs de sécurité sociale et de retraite. Les premiers comme les seconds ont été constamment décriés et attaqués ces dernières décennies et plus intensément encore ces derniers mois mais devront être préservés et confortés demain, au nom de l’intérêt général.
1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère:
76/ Louise Tymen (1925-2015)
Louise Tymen était de ces militantes discrètes, modestes, toujours présentes, d’une grande efficacité. Elle avait adhéré au PCF en 1945 à l’âge de 20 ans et très rapidement s’engagea dans l’activité militante politique et syndicale.
En 1948 elle fut élue au comité fédéral du parti dans le Finistère avec la responsabilité du « travail vers les femmes ». Il y avait alors seulement 6 femmes sur 54 membres dans cet organisme de direction départemental. Peu nombreuses, elles ont joué pourtant un rôle important.
Marie Lambert qui fut de mai 1947 à février 1949 secrétaire départementale du PCF et de 1948 à 1951 la 1ère femme députée du Finistère, elle quitta le département en 1952. Catherine Lagatu, ancienne résistante, quitta le Finistère en 1951 pour la région parisienne où elle fut de 1954 à 1965 conseillère de Paris et sénatrice de 1968 à 1977.
Louise Tymen a été membre du bureau fédéral du PCF de 1956 à 1964, et du comité de la section de Quimper de 1948 à 1972.
Elle était de ces militants qui apportaient beaucoup d’informations sur la vie sociale et économique aux correspondants départementaux (Louis Le Roux et Robert Goulm notamment) du quotidien régional communiste « Ouest-Matin » de 1948 à sa disparition en 1956.
Louise militait dans la cellule de son quartier du Moulin-Vert à Quimper, cellule qui portait le nom d’Alain Quiniou, employé de banque communiste et cégétiste quimpérois, résistant de la 1ère heure, mort en déportation à Mauthausen en mai 44. Jamais elle ne manquait une réunion, toujours présente pour les ventes de l’Huma, les tractages et le porte à porte. Elle était l’une des chevilles ouvrières de la fête du « Travailleur Quimpérois » que les communistes organisaient chaque 1er mai au bois du séminaire et qui rassemblait des milliers de personnes ; Jean Ferrat, Isabelle Aubret, Marc Ogeret, Francesca Solleville, Pierre Vassiliu, entre autres, y ont été accueillis tour à tour par des foules enthousiastes.
Elle fut très active dans l’organisation des initiatives contre les guerres coloniales, l’armement nucléaire et pour la défense de la paix.
En 1955 elle prit la parole à Quimper devant un millier de personnes qui manifestaient contre la venue en France du général US Ridgway et les menaces de guerre bactériologique que les USA faisaient peser sur la Corée.
En 1956 elle fut inquiétée par la police pour avoir distribué des tracts contre la guerre coloniale que menait la France en Algérie et avoir protesté contre l’emprisonnement de 2 jeunes élèves de l’école normale de garçons de Quimper, Jean Cann et René Quiniou, qui firent plus d’un mois de prison pour avoir réclamé la paix et l’indépendance de l’Algérie.
En 67-68 elle fut impliquée au plan syndical dans les manifestations pour la défense de l’emploi en Bretagne sur le thème de « l’Ouest veut vivre ».
En janvier 1970 elle fut déléguée de la section PCF de Quimper au congrès départemental du parti à Audierne qui entérina la création de 2 fédérations communistes dans le département. Cette délégation comprenait aussi Jean-François Hamon (secrétaire de la section), Jean Le Berre (trésorier), Basile Larzul, Théo Le Coz, Daniel Trellu et Piero Rainero.
Employée dans un garage automobile à Quimper, Louise fut amenée à quitter son emploi dans les années 60 et devint peu après secrétaire administrative de l’union locale CGT de Quimper où elle joua un rôle important. Jacqueline le Louet, longtemps secrétaire générale de l’UL, avait coutume de dire : «C’est Louise qui tient la boutique ».
En effet, présente quotidiennement dans son bureau qui était situé au-dessus du gymnase municipal rue Jean-Jaurès, elle accueillait les délégués et les représentants des entreprises, les écoutaient, les renseignaient avec la connaissance remarquable qu’elle avait du monde ouvrier de la ville et de toute la Cornouaille.
Membre de la CE et du bureau de l’UD CGT elle fut aussi élue de son syndicat au Conseil d’Administration de la Sécurité Sociale à Quimper pendant une dizaine d’années.
A partir des années 70, elle n’exerça plus de responsabilités au PCF, se consacrant totalement à l’action syndicale.
A la fin de sa vie, sa santé ne lui permettant plus de vivre seule à domicile, elle séjourna dans la maison de retraite Ty Glazik à Quimper où des camarades et des amis venaient régulièrement la voir. Elle était très contente lorsque l’on venait lui remettre sa carte du PCF. Elle lisait beaucoup, y compris chaque jour son journal l’Humanité. Elle s’est éteinte en 2015 et ses obsèques eurent lieu dans l’intimité familiale.
Emmanuel Macron dit être « en guerre ». Pourtant, beaucoup de mesures pour combattre l’épidémie de Covid-19 n’ont pas été prises. Sur la plan économique, fortunés et patronat semblent décidés à ne rien lâcher. Écologistes, insoumis et socialistes avancent des propositions et les députés PCF ont présenté 75 mesures d’urgence. En voici sept incontournables.
1. Sauver l’hôpital public
Où se situe la première ligne dans le pays ? Dans les hôpitaux publics. Si le confinement a été décrété afin de limiter le nombre de victimes et de ne pas submerger les hôpitaux, le soutien financier massif n’est toujours pas au rendez-vous. Des milliards ont été débloqués pour les entreprises, mais rien du côté de la Sécurité sociale. Malade, affaibli par des décennies de coupes drastiques, l’hôpital public fait pourtant face, grâce au dévouement des soignants. « Il faut de toute urgence abandonner les plans de restructuration en cours qui prévoient toujours plus de suppressions de lits et de postes, et sauver l’hôpital public », affirme l’élu PCF Pierre Dharréville. Un projet de loi, rédigé par les députés communistes après leur tour de France des hôpitaux, est déjà sur la table. « Nous pouvons débloquer 10 milliards d’euros pour les hôpitaux, afin de les redévelopper selon les besoins réels des citoyens. La santé n’est pas une marchandise, mais un droit sacré », précisent-ils, tout en appelant à supprimer la dette des hôpitaux et à augmenter les salaires des soignants. Des propositions partagées par la France insoumise, mais pas par le gouvernement, qui pourrait se servir de l’épidémie pour défendre le développement de partenariats public/privé toujours plus poussés.
2. Nationaliser, réquisitionner et relocaliser
L’Europe ne compte plus aucune fabrique de bouteilles d’oxygène, précieuses pour sauver des vies. La dernière usine Luxfer de France a cessé son activité en 2019. « Elle peut produire 200 000 bouteilles par an. Les plus légères au monde. Les salariés sont prêts à relancer l’activité en neuf semaines. Le pays doit pouvoir fabriquer des bouteilles sur son sol sans être dépendant de la production à l’étranger », insiste le député PCF André Chassaigne. Il demande en conséquence la nationalisation du site, tout comme celui de Famar, qui produit 12 médicaments d’intérêt majeur. « Les Français n’ont jamais validé la délocalisation des médicaments et la fin de leur souveraineté sanitaire », ajoute la députée FI Mathilde Panot, qui soutient les nationalisations. « Nous devons aussi créer un pôle public du médicament. Il s’agit de biens qui ne peuvent être laissés à la loi du marché », pointe Pierre Dharréville. Le député réclame des réquisitions massives afin d’équiper en masques et protections chaque salarié contraint de sortir de chez lui. Et de développer au plus vite un dépistage massif de la population.
3. Rétablir l’ISF et réaliser une révolution fiscale
L’économie est gravement fragilisée. Le gouvernement a annoncé que les Français allaient « devoir faire des efforts ». Mais lesquels ? Ceux qui en font déjà depuis des lustres ? Ou ceux qui reçoivent sans cesse des cadeaux ? La dette du pays pourrait augmenter demain de 150 milliards d’euros. Faudra-t-il sacrifier toujours plus les services publics, pourtant si utiles, pour rembourser un jour ? Face à cette situation, les parlementaires les plus à gauche de l’Hémicycle appellent à rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) au plus vite, voire à l’augmenter, et à supprimer la flat tax. De quoi rapporter plus de 5 milliards d’euros par an. Et des dizaines de milliards supplémentaires en créant de nouvelles tranches d’impôt, afin de le rendre toujours plus progressif, en faisant participer chacun selon ses moyens au redressement du pays, sans hausse pour la majorité des Français. Des plans de renégociation de la dette, qui a bondi en 2008 au moment de sauver les banques, peuvent également être échafaudés, et la part illégitime supprimée. Depuis que les Français restent chez eux, on le voit, la création de richesse s’effondre. Les petites mains sont celles qui font tourner le monde, et il apparaît plus que jamais logique de partager les fruits récoltés.
4. Obliger les banques et les assureurs à participer
L’État s’est porté garant pour 300 milliards d’euros de prêts bancaires afin de sauver le tissu économique. Mais la décision de prêter ou non revient ensuite aux banques. Les députés PCF veulent obliger les banques à prêter. Ils revendiquent de bloquer les versements de dividendes aux actionnaires, alors que les députés PS proposent une loi visant à interdire toute aide aux entreprises qui continuent d’en verser. Le gouvernement souhaite aussi mettre les assureurs au pot, pour une somme entre 200 et 400 millions d’euros. Une broutille, alors même que les assureurs ont préparé des contrats qui excluent le risque épidémique. Les parlementaires PS appellent déjà à les faire contribuer à hauteur de 500 millions d’euros. « Il faut aussi modifier les statuts de la Banque publique d’investissement afin qu’elle prenne une part importante à la sauvegarde des entreprises, et mettre en place un audit pour nationaliser les structures stratégiques », mesure l’élu PCF Sébastien Jumel.
5. Déployer un bouclier social
L’urgence, pour le gouvernement, était de déroger au droit du travail pour aller au-delà de sa durée légale, jusqu’à 60 heures par semaine pour les salariés en première ligne. Les députés PCF, en ces temps exceptionnels, exigent de ne pas aller au-delà des 48 heures légales prévues par les normes européennes. Ils demandent aussi le rétablissement des CHSCT en entreprise, l’indemnisation du chômage partiel à 100 % du salaire net au lieu de 84 %, et aussi l’interdiction « de toutes les ruptures de contrat de travail à l’initiative de l’employeur fondées sur un motif lié à la crise sanitaire ». Les insoumis veulent parallèlement « bloquer, au niveau du 1er mars, les prix à la consommation », encadrer les loyers et instaurer la gratuité pour tous « des quantités nécessaires au bien-être pour l’électricité, l’eau et le gaz ». Ils défendent aussi la « prise en charge totale par l’État des frais d’obsèques des personnes décédées du fait du virus ». Tous s’entendent pour maintenir les droits des chômeurs et des intermittents du spectacle.
6. Développer la solidarité internationale
La crise étant mondiale, les députés PCF plaident pour le développement d’une couverture de santé internationale et universelle avec l’ONU et l’OMS, l’augmentation de l’aide au développement, l’annulation de la dette des pays les plus fragiles, en plus d’un cessez-le-feu mondial et de la levée des embargos économiques. Soit l’inverse d’une compétition exacerbée pour obtenir des masques.
7. Instaurer un gouvernement d’unité nationale
Toutes ces propositions auraient pu être étudiées dans le cadre d’un « comité d’urgence nationale » proposé par les communistes et associant l’ensemble des forces politiques. L’exécutif n’en a pas voulu. EELV lui a néanmoins tendu une nouvelle perche en proposant une « grande conférence de sortie de crise » pour apporter des réponses « à la hauteur des accords de Matignon de 1936 et du Front populaire, du Conseil national de la Résistance de 1945 ou encore des accords de Grenelle de 1968 », selon son secrétaire national, Julien Bayou. Un exercice démocratique contraire, jusqu’à présent, à la pratique du pouvoir par le président Emmanuel Macron.
Au cours d’une longue intervention télévisée de plus de deux heures, le Premier ministre a livré de menus détails sur l’après confinement. Mais il a surtout saisi l’occasion de faire le service après-vente de la gestion gouvernementale de crise.
Ceux qui attendaient de la conférence de presse du Premier ministre de ce dimanche des précisions sur les modalités du déconfinement, annoncé pour le 11 mai par Emmanuel Macron, ont vu leurs espoirs rapidement douchés par Edouard Philippe. Car les détails du plan, dont l’élaboration a été confié à Jean Castex, n’était pas pour cette fois. Lors de cet exercice de « clarté, d'explication », selon sa formule, dont le format a été initié il y a trois semaine, l’hôte de Matignon s’est contenté d’en égrainer les grands « principes ». A savoir : « préserver la santé des Français » et « assurer la continuité de la vie de la nation ». « Nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire », a martelé le Premier ministre tandis que Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, a fait part du bilan chiffré de l’épidémie. Le nombre de décès s’élève désormais à 19 718 (dont 395 en 24 heures), 30 610 malades sont hospitalisés (dont 890 nouveaux patients en 24 heures, mais avec un solde négatif de 29) et 5 744 sont en réanimation (dont 137 admissions en 24 heures, avec un solde négatif de 89).
Avant d’évoquer les grandes lignes du plan de déconfinement « progressif » qui doit être présenté d’ici fin avril, Edouard Philippe s’est lancé dans le service après vente de la gestion gouvernementale de la crise. Augmentation du nombre de places en réanimation de 5000 à 10 500, production et importation des masques chirurgicaux et FFP2, rapatriement de 160 000 Français depuis l’étranger, respect du confinement (13,5 millions de contrôle et 800 000 infractions constatées)… A l’en croire, tout serait presque parfait. Pourtant, les changements de pied et retards pris notamment sur le matériel (masques, gants, tests, mais aussi médicaments de réanimations et respirateurs) sont légion…
Seules annonce réellement concrète, celle faite par le ministre de la Santé, Olivier Véran sur le rétablissement, à partir de ce lundi, d’un « droit de visite pour les familles », « très encadré », dans les Ehpad ainsi que dans les établissements qui accueillent les personnes en situation de handicap.
Pour l’avenir, en revanche, rien de précis. Le quotidien à partir du 11 mai « sera différent mais nous retrouverons la liberté à laquelle nous sommes attachés », a déclaré le premier ministre qui en a profiter toutefois pour annoncer « une crise économique qui ne fait que commencer » et qui « sera brutale ». L’occasion pour lui de rappeler, une fois encore, les mesures de sauvegarde prises par son gouvernement (chômage partiel, prêts garantis par l’Etat et fonds de solidarité), ainsi que les mesures d’urgences sociales (prolongation des droits sociaux et aide exceptionnelle de solidarité aux foyers les plus modestes).
C’est autour de trois grands « axes » qu’Edouard Philippe et Olivier Véran ont présenté les « hypothèses » de travail quant au déconfinement, à nouveau justifié dimanche par la nécessité de faire repartir l’économie : « respect des gestes barrières », « tester vite et massivement » ceux qui ont des symptômes ou ont eu un contact avéré, « isolement des porteurs du virus ». « Nous allons apprendre à vivre avec le virus », a martelé Edouard Philippe. Ce qui passera par la « prévention ». A défaut de masques chirurgicaux ou FFP2, pour lesquels le ministre de la Santé a reconnu que perduraient des « tensions » dans l’approvisionnement, le port d’un masque « grand public », qui « répondra à des normes » (lesquelles, on n’en sait rien), sera et probablement rendu « obligatoire » dans les transports publics lors du déconfinement. Prévention qui passera aussi par l’augmentation des tests, notamment virologiques (PCR), avec un objectif de 500 000 tests par semaine d’ici le 11 mai. Sachant qu’on en est encore loin… Mais surtout, le chef du gouvernement a insisté sur la « responsabilité individuelle » de cette prévention. « Nous allons tous être acteurs de ce déconfinement ».
Enfin, sur la délicate question du retour à l’école, les zones d’ombre du « déconfinement progressif », annoncé par Emmanuel Macron, ne sont pas levées. Seule assertion : « les écoles n’ouvriront pas partout le 11 mai. » Le gouvernement dit réfléchir à plusieurs scenarii, dont une réouverture des écoles « par territoire », en commençant par les zones les moins touchées par le Covid, ou encore par « moitié de classe ». Rien de concret, donc, si ce n’est que « c’est localement que des solutions seront trouvées ».
Ce nouvel exercice de transparence n’a peut-être, au final, fait que renforcer ce sentiment que le gouvernement continue de naviguer à vue. Seules les précisions de l’infectiologue Florence Ader, qui pilote l’essai clinique Discovery, auront permis, au moins sur un point, de clarifier l’état des connaissances et études en cours sur le Covid-19. « On va très vite », a-t-elle indiqué, sans cacher les incertitudes (sur les disparités hommes femmes, sur les déterminants des formes graves, sur les causes du faible impact sur les enfants, sur l’immunité, etc.). Des points justement cruciaux pour maitriser la circulation du virus… Et donc d’envisager le chemin du déconfinement.
Dimanche, 19 Avril, 2020
Déconfinement. Beaucoup de questions, peu de réponses
Avec l’annonce du déconfinement le 11 mai, une série d’interrogations se sont fait jour sans que le premier ministre ne puisse, dimanche, totalement les lever.
Assurer le service après-vente de l’allocution présidentielle s’est avéré être un casse-tête pour Édouard Philippe, dimanche. Dès le matin, Matignon s’est échiné à prévenir : aucune grande annonce n’est programmée lors de la conférence de presse du premier ministre. D’ailleurs Jean Castex, en charge de l’organisation du déconfinement annoncé pour le 11 mai, assure que le dévoilement de son plan ne se fera pas avant fin avril. Le chef du gouvernement s’est donc livré à un exercice qui se veut « pédagogique », alors que le nombre de décès frôle les 20 000, mais que le total des personnes hospitalisées décroît. Le format, déjà vu trois semaines auparavant, comprenait scientifiques et ministre de la Santé à ses côtés.
La première mise au point est cependant venue de l’Élysée même, à propos du confinement prolongé pour les personnes âgées évoqué par le président lors de son intervention lundi dernier. Devant la levée de boucliers des plus de 65 ans, qui représentent une part non négligeable de l’électorat macroniste, le rétropédalage ne s’est pas fait attendre. « Le chef de l’État ne souhaite pas de discrimination entre nos concitoyens après le 11 mai » et « en appellera à la responsabilité individuelle », a indiqué l’Élysée vendredi soir.
Écoles, port du masque, transports en commun... plusieurs scénarios à l’étude
À l’autre bout de l’échelle générationnelle, la future réouverture des écoles est au cœur des préoccupations. « La reprise à partir du 11 mai sera progressive », insiste sur tous les tons Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale. Plusieurs scénarios seraient à l’étude rue de Grenelle : un déconfinement par tranche d’âge, par catégorie d’élèves ou encore par région. Les uns comme les autres posant une série de problèmes à propos desquels le ministre renvoie au travail en cours. « Nous échangeons actuellement avec les partenaires sociaux, les fédérations de parents, les délégués de la vie lycéenne mais aussi les collectivités territoriales pour déterminer les modalités précises de cet accueil », assène Blanquer, promettant une réponse d’ici deux semaines.
Les collectivités, communes en tête, sont aussi mises à contribution par le président de la République pour « permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public ». Si nombre de villes, départements et régions ont multiplié les commandes et mettent en place des réseaux citoyens pour en confectionner, beaucoup alertent. « La somme de ces initiatives, aussi louables soient-elles, ne nous permettra pas de fournir des masques à tous les habitants au 11 mai », prévient Philippe Bouyssou, maire PCF d’Ivry, dans un courrier au préfet du Val-de-Marne. « Il est indispensable que le rôle des collectivités soit clarifié au niveau national en matière de commande, d’approvisionnement, de stockage et de distribution », demande également le maire EELV de Grenoble, Éric Piolle. De la même façon, le gouvernement est attendu au tournant sur la question des tests ou du traçage numérique, dont l’examen est pour l’instant prévu sans vote au Parlement.
Autre gros nœud de la reprise de l’activité : les transports en commun. Si les grandes villes, à l’instar de Paris, ont prévu de développer les pistes cyclables pour désengorger bus et métro sans saturer la circulation automobile, les opérateurs de transports en commun y estiment impossible le respect de la « distanciation sociale » et recommandent d’y rendre obligatoire le port du masque. Pour l’heure, l’exécutif préfère l’usage du terme « systématique »… À vingt jours du 11 mai, les questions demeurent plus nombreuses que les réponses.
En Inde, la peur de la faim surpasse celle du virus
Par Côme Bastin
La deuxième population mondiale est confinée depuis le 25 mars. Cette décision sanitaire prise par le premier ministre Narendra Modi sans préavis jette des centaines de millions d’Indiens dans le dénuement le plus total.
Bangalore (Inde), correspondance.– Le 23 mars, Aklhakh Makandar pose ses valises dans un minuscule dortoir de Bangalore, la capitale économique du Sud. Venu du Nord, ce migrant s’est vu promettre un travail de livreur, près de l’immense marché central. De quoi envoyer de l’argent à sa femme et ses deux filles restées au village.
Mais le lendemain, comme 1,3 milliard de ses compatriotes, il écoute le premier ministre Narendra Modi décréter le plus grand confinement du monde face au coronavirus. «Tout s’est arrêté alors que je venais à peine de commencer mon job, témoigne Aklhakh Makandar. L’hôtel a fermé et je me suis retrouvé à la rue sans revenu. »Dans sa malchance, il tombe cependant sur un bon Samaritain. À 26 ans, Navneet Fullinwans l’accueille dans le lycée de son père, transformé en refuge pour travailleurs. Dans les salles de cours, les lits ont remplacé les tables et les chaises. Sommaire, mais salutaire.
Le cas d’Aklhakh Makandar est malheureusement loin d’être isolé. En Inde, 80 à 90 % des emplois relèvent du secteur « informel » : de petites tâches payées à la journée, au noir, qui se pratiquent souvent à même la rue. Autant de travailleurs sans économies, plongés dans la misère du jour au lendemain, incapables de payer un loyer ou même de s’acheter à manger. En l’absence de tout transport, il ne leur reste que leurs pieds pour regagner les campagnes qu’ils avaient quittées en bus dans l’espoir d’une vie meilleure.
On assiste sans doute au plus grand exode depuis la partition avec le Pakistan en 1947. Sauf que, pour compliquer l’affaire, les frontières entre les 27 différents États de l’Inde ont été bouclées. «En voyant les images de ces déshérités jetés sur les routes, mon père et moi avons décidé d’agir à partir du 5 avril, raconte Navneet Fullinfaws. Grâce aux dons de nombreux habitants, nous parcourons Bangalore pour livrer des rations de nourriture dans les quartiers les plus pauvres. »
Mourir de faim ou du virus ? La formule revient pour décrire le dilemme auquel le sous-continent fait face. Le confinement semblait être inévitable. Bientôt plus peuplée que la Chine sur un territoire trois fois plus réduit, championne du monde de la pollution et des maladies pulmonaires, déficiente en infrastructures hospitalières : l’Inde rassemble tous les ingrédients pour que le Covid-19 fasse un carnage. « Sans confinement, 300 à 500 millions d’Indiens auraient été infectés d’ici juillet, avec deux millions de morts », projette Ramanan Laxminarayan, vice-président de laPublic Health Foundation of India.
Le prix que cette décision fait payer aux plus pauvres est néanmoins glaçant. Dans les bidonvilles surpeuplés, où le concept de « distanciation sociale » tient de la farce, on guette le bout du tunnel. À l’annonce de la reconduction du confinement jusqu’au 3 mai, des émeutes ont explosé mardi 14 avril à Bombay. Depuis trois semaines, les migrants pris au piège des frontières attendaient une reprise, mais ils ont vu leurs espoirs douchés au bâton par la police. Quelques jours plus tôt, des travailleurs désespérés avaient mis le feu à un refuge de Delhi, surchargé, incapable de nourrir ses occupants. L’un d’eux est mort dans les eaux de la rivière Yamuna lors de la répression.
Parmi les élites, le confinement fait consensus, mais pas son organisation. «C’était nécessaire pour réduire la progression de l’épidémie mais les dégâts sur les travailleurs de ce pays sont immenses », juge Dushyant Dave, président de l’association des avocats à la Cour suprême indienne. Pour ce juriste, la mise en place du confinement viole les droits constitutionnels fondamentaux. «Prévenir 1,3 milliard d’habitants seulement quatre heures à l’avance et fermer subitement les frontières internes d’un pays aussi complexe, c’est courir au désastre. Des millions d’Indiens n’ont pas les documents nécessaires pour bénéficier des aides. Et, malheureusement, le gouvernement n’a pas corrigé la trajectoire lors de la reconduction du confinement. » Une réalité que Navneet Fullinfaws constate chaque jour sur le terrain, à Bangalore : « L’État du Karnataka distribue de la nourriture à ses citoyens. Mais ici, beaucoup des pauvres viennent d’un autre État et n’y sont donc pas éligibles ! »
Il est difficile d’obtenir des chiffres précis sur la situation, alors que les travailleurs de l’économie informelle échappent par définition aux statistiques et que le pays est cloîtré. Par téléphone, l’ONG Jan Sahas a néanmoins réussi à sonder l’anxiété de plus de 3 000 travailleurs migrants dans le cadre d’une étude baptisée «Voix des citoyens invisibles ». Elle conclut que la moitié n’ont pas pu regagner leurs villages. Les deux tiers répondent ne plus pouvoir tenir financièrement plus d’une semaine et ne pas savoir comment accéder aux subventions qui leur sont destinées.
Ainsi en est-il des 4 milliards d’euros débloqués par le gouvernement central dès le 24 mars pour soutenir les 55 millions d’ouvriers du bâtiment subitement au chômage. «Notre base de données montre qu’environ 94 % n’ont pas de contrat ni de carte de travail, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas prétendre à ces prestations, précise Ashif Shaik, directeur de l’étude. 17 % n’ont de toute façon même pas de compte en banque ! »
« Le gouvernement a bien essayé de prendre des mesures, comme verser de l’argent sur les comptes des femmes pauvres via un programme d’inclusion bancaire. Mais, dans l’ensemble, sa gestion a été assez médiocre », estime Vivek Kaul, économiste. Avec trois semaines de confinement supplémentaires, l’homme craint que la demande, déjà trop faible en Inde avant le virus, ne s’effondre totalement. «Chaque jour supplémentaire de verrouillage est terrible pour l’économie informelle. Mais étant donné l’état des infrastructures de santé en Inde, la question est de savoir s’il existe une autre option. »
L’Inde, où l’on compte 0,7 lit d’hôpital pour 1000 habitants contre 7 en France, est engagée dans une course pour se préparer au pic de coronavirus prévu fin juin sans affamer sa population. À partir du 20 avril, des ouvertures sont prévues dans certains secteurs économiques, notamment l’agriculture, alors que les récoltes sont prêtes dans les campagnes et que les prix des légumes explosent en ville.
Entre le début du confinement et ce dimanche 19 avril, le nombre de cas en Inde est passé de 500 à 15 000. Il a donc été multiplié par 30 en 25 jours. Au regard du faible nombre de tests réalisés, les vrais chiffres sont, hélas, sûrement plus élevés. Un bilan mitigé, même si la courbe aurait probablement été plus exponentielle en l’absence de mesures.
Au milieu de ce sombre tableau, le formidable élan de solidarité qui parcourt le pays suscite l’optimisme. Après presque un mois de calvaire, personne n’est mort de faim en Inde. Mais la société civile ne nourrira pas les plus pauvres ad vitam æternam. «Le confinement ne peut pas être prolongé beaucoup plus longtemps. La seule solution pour l’Inde est de cheminer vers l’immunité collective, juge Jayaprakash Muliyil, épidémiologiste au Christian Medical College. Pour cela, les jeunes doivent progressivement ressortir, le travail et les activités agricoles doivent reprendre. » Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), plus de 400 millions de travailleurs indiens plongeront sous le seuil de pauvreté si le confinement s’éternise. Encore quinze jours, dans le meilleur des scénarios.
:
Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.