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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 08:00
Qui est Olivier Véran, le nouveau ministre de la santé ?
Mardi, 18 Février, 2020

Le nouveau ministre de la Santé a été de tous les coups portés à la Sécurité sociale depuis 2017, défendant l’austérité et tentant de supprimer huit mentions sur neuf de la Sécu dans la Constitution.

 
Nommé quelques heures plus tôt ministre de la Santé, Olivier Véran a donné hier le coup d’envoi, devant les députés, des débats sur la réforme des retraites, vantant « un texte dont l’ambition est grande et même immense ». Nullement impressionné par la tâche, cet habitué des plateaux TV, qui y défend avec zèle l’action de l’exécutif, s’attendait à cette nomination. « Je suis prêt, je le suis depuis longtemps », confiait-il dimanche, après l’annonce de la démission d’Agnès Buzyn, partie mener la campagne parisienne. « C’est un manque de sérieux incroyable. Quel mépris pour la réforme des retraites, qui dépend de ce ministère. Et quel mépris pour les personnels hospitaliers, en pleine crise de l’hôpital », s’indigne le député PCF Alain Bruneel. Olivier Véran, lui, se frotte les mains. L’ambitieux neurologue de 39 ans, jusqu’à présent rapporteur du volet organique de la réforme des retraites, se retrouve propulsé en première ligne.
Le nouveau ministre des Solidarités et de la Santé est surtout connu pour s’être attaqué frontalement à la Sécurité sociale, en juillet 2018. En plein examen de la réforme de la Constitution, le député LaREM de l’Isère fait voter un amendement afin de supprimer huit mentions de la Sécurité sociale sur neuf dans la loi fondamentale. Son objectif était d’inscrire le terme de « protection sociale » à la place. « Il n’existe pas actuellement de définition juridique du périmètre de la protection sociale, contrairement au terme de “Sécurité sociale”, qui inclut une notion de redistribution entre actifs et retraités, entre personnes bien portantes et malades… La Sécu n’est pas soumise à la concurrence, la protection sociale, si ! » dénonçait alors la CGT, qui a remis en janvier un diplôme de la « casse sociale » à Véran. Son projet, révélé dans nos colonnes, avait suscité une telle indignation que le gouvernement avait été forcé de reculer. Sans rien abandonner de sa volonté de sabrer la Sécu, comme le montre l’actuelle réforme des retraites. À l’époque, le nouveau ministre poursuivait un vieux rêve de la droite. À savoir « absorber la loi de finances de la Sécu dans la loi de finances tout court », analysait Frédéric Pierru, sociologue de la santé. Avec pour but de « stabiliser la part des dépenses sociales par rapport au PIB », ajoute le chercheur au CNRS. D’ailleurs, la seule garantie à ce jour apportée par l’actuelle réforme des retraites est de contraindre le montant global des pensions à une part maximum dans le PIB…
Une nomination qui frise la provocation

En 2017, c’est Olivier Véran qui est choisi par la majorité macroniste pour devenir rapporteur des budgets de la Sécu. Dès le premier d’entre eux, il défend mordicus une coupe de 4,2 milliards d’euros, dont 1,2 milliard rien que pour un hôpital public déjà exsangue. « En trois ans, il a retiré 3,1 milliards d’euros à l’hôpital public. Il est comptable de la situation catastrophique dans laquelle se trouvèrent les soignants et les soignés », assène Alain Bruneel. Les syndicats des professionnels de santé ont d’ailleurs vertement accueilli, dimanche, le nouveau ministre.

« Pour nous, mettre comme ministre celui qui avait été à la manœuvre pour faire voter la loi de finances qui motive aujourd’hui le mouvement à l’hôpital, ça frise la provocation », a réagi Christophe Prudhomme. Le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France ajoute avoir « peu d’espoir que la politique change » avec cette nomination. Le secrétaire d’État Cédric O a d’ailleurs affirmé, hier, que « les Français ne verront pas les différences » entre Buzyn et Véran. C’est bien le problème.

Alors que les démissions, y compris de chefs de service, se multiplient dans l’hôpital public pour protester contre le sort qui leur est imposé par le gouvernement, Olivier Véran a annoncé, hier, vouloir lancer « une enquête nationale pour consulter les hospitaliers, pour tenter de saisir le sens de leur engagement et les raisons du mal-être ». « On n’a pas besoin d’une enquête de plus. La plus belle enquête qui existe, et qu’il faut écouter au plus vite, c’est ce qui est exprimé tous les jours par les soignants », insiste Alain Bruneel.

Pour amadouer son monde, Olivier Véran assure comprendre les hospitaliers. « J’ai été aide-soignant de nuit, j’ai été médecin », rappelle le neurologue, devenu député PS en 2012 quand Geneviève Fioraso, dont il était suppléant, a été nommée ministre par Hollande. Il a ensuite suivi Macron, dont il était le référent santé lors de la campagne de 2017. Il assure encore aujourd’hui avoir « le cœur à gauche », et a parfois soutenu des propositions courageuses sur le prix des médicaments, l’aide médicale d’État, le cannabis thérapeutique ou la question de la fin de vie. Il s’était un temps dressé contre le fait de faire supporter les mesures dédiées aux gilets jaunes au budget de la Sécu. « Mais il finit toujours par se soumettre à Macron et n’est surtout pas de gauche. Quand on s’attaque à des droits fondamentaux comme les services publics, la retraite ou la cotisation sociale, on n’est pas de gauche », tranche Alain Bruneel.

Car Olivier Véran a aussi porté le transfert massif des cotisations sociales (maladie et chômage) vers la CSG. Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre de se réclamer d’Ambroise Croizat, y compris au sujet des retraites. Ce qui lui a valu cette remarque acerbe du communiste Pierre Dharréville : « Vous n’êtes pas les exécuteurs testamentaires de Croizat. Vous êtes les exécuteurs tout court ! »

Un adversaire de la Sécurité Sociale au ministère de la santé: qui est Olivier Véran, le nouveau ministre ? (Aurélien Soucheyre, L'Humanité, 18 février 2020)
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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 07:41
Les députés communistes et GDR (Groupe démocrate et républicaine: communistes + alliés des DOM TOM) demandant un référendum sur le projet de réforme des retraites, 17 février 2020

Les députés communistes et GDR (Groupe démocrate et républicaine: communistes + alliés des DOM TOM) demandant un référendum sur le projet de réforme des retraites, 17 février 2020

Assemblée nationale. « On ne saurait voir bafouées autant de règles démocratiques »
Mardi, 18 Février, 2020

Le projet de loi sur les retraites est arrivé hier dans l’Hémicycle. L’opposition de gauche, déterminée, a fustigé le texte et appelé l’ensemble des députés à soutenir le recours au référendum.

 

Sous les roulements de tambour, la marche déterminée de Richard Ferrand a quelque chose de martial. Beaucoup plus que d’habitude, au moment où le président de l’Assemblée nationale entre dans l’Hémicycle. À l’ordre du jour : la réforme des retraites. L’examen du texte le plus dangereux et contesté du quinquennat a démarré hier devant la représentation nationale. D’emblée, juste avant la séance, les députés communistes et membres du groupe GDR ont fait front, épaule contre épaule. Salle des Quatre-Colonnes, ils forment une ligne compacte.

Olivier Véran a osé se réclamer d’Ambroise Croizat

Le premier d’entre eux porte un tee-shirt floqué d’un immense « R ». Le dernier bombe le torse avec la lettre « M ». « Référendum » peut-on lire en passant de l’un à l’autre. « Nous avons pris l’initiative d’une bataille déterminée pour que le peuple soit consulté sur ce projet de loi qui remet en cause fondamentalement notre contrat social », tonne sans micro André Chassaigne. « Nous avons derrière nous le peuple uni dans sa majorité : 67 % des Français veulent un référendum sur la réforme des retraites », poursuit le président de groupe, qui termine ainsi : « Nous lançons un appel à l’ensemble des députés de respecter la volonté du peuple. » Et l’ensemble des élus de scander à l’unisson : « Référendum ! Référendum ! Référendum ! »

La voix du peuple est donc entrée à l’intérieur du Palais-Bourbon. Mais au pupitre, dans l’Hémicycle, c’est un ennemi résolu des conquis sociaux qui prend en premier la parole : Olivier Véran. Le ministre de la Santé a été nommé dimanche soir à ce poste, en remplacement d’Agnès Buzyn. Sûr de lui, il reprend sagement à son compte les mensonges du gouvernement. La « réforme » aurait ainsi trois objectifs : « l’universalité, la solidarité et la responsabilité », lance-t-il. Qu’importe, pour Olivier Véran, qui provoque ensuite la gauche en se réclamant d’Ambroise Croizat. Le ministre du Travail communiste, bâtisseur de la Sécurité sociale qui a généralisé le droit à la retraite, espérait certes créer une « caisse unique ». Mais il voulait par-dessus tout « libérer les travailleurs de l’obsession permanente de la misère », et leur assurer un droit inaliénable à la retraite, en tant que « nouvelle étape de la vie » plutôt que comme « antichambre de la mort ». Tout l’inverse de ce que veut faire Macron. Hué, le ministre de la Santé l’a encore été quand il s’est exclamé en souriant : « C’est beau la démocratie sociale », alors que les syndicats ont été méprisés par le gouvernement.

Mais c’est Laurent Pietraszewski qui a décroché la palme de l’abject en crachant à l’opposition : « Prenons garde que l’obstruction mécanique ne transforme certains députés en robots d’une organisation terroriste d’obstruction. » Le secrétaire d’État chargé des retraites faisait ici référence aux 41 000 amendements déposés en séance. « La lutte sera implacable, et nous ferons tout ce que nous pourrons pour dévoiler toujours plus son contenu et pour bloquer cette loi », qui constitue « un viol du droit des gens », avait peu de temps avant prévenu le député FI Jean-Luc Mélenchon.

« Vous avez le pouvoir et le devoir de mettre fin à ce cauchemar »

L’élu PCF Pierre Dharréville a ensuite défendu une motion de rejet préalable, déployant un réquisitoire implacable contre cette réforme. « Vous avez le pouvoir, et même le devoir, de mettre fin à ce cauchemar, à ce supplice, à cette lourde faute », a-t-il insisté auprès de tous les députés. Marqué par « un sentiment de profanation » devant ce texte, le député a listé l’ensemble des injures qui constituent la démarche de l’exécutif. Celle faite à des « organisations syndicales dessaisies » ; aux parlementaires avec un texte composé de 29 ordonnances ; au Conseil d’État, qui a rendu un avis cinglant devant une étude d’impact « insincère » et « lacunaire » ; mais aussi à tous les Français, dont 67 % souhaitent l’organisation d’un référendum. « On ne saurait voir bafouées autant d’institutions et de règles démocratiques. On ne saurait enfin décider contre le peuple au nom duquel nous sommes rassemblés », argumente Pierre Dharréville, qui estime que « rarement une loi aura autant mérité le rejet ».

La motion a finalement été repoussée. Les communistes devaient ensuite, avec les insoumis et les socialistes, défendre une motion référendaire. « Peut-on imaginer qu’une telle réforme, aussi importante, se fasse sans le peuple, ou malgré le peuple, voire, plus grave encore, contre le peuple ? » interroge le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui voulait inviter les députés à la raison. « Le moment est venu de mettre fin à l’incompréhension et la colère de nos concitoyens. Et de la meilleure façon qui soit en démocratie : en redonnant la parole au peuple. »

Aurélien Soucheyre avec Lola Ruscio
Assemblée nationale, Retraites: On ne saurait voir bafouées autant de règles démocratiques (L'Humanité, 18 février 2020, Lola Ruscio et Aurélien Soucheyre)
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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 07:33
Retraites. Fabien Roussel écrase les insultes de Guérini et de LREM - L'Humanité, Aurélien Soucheyre, 19 février 2020
Retraites. Roussel écrase les insultes de Guérini
Mercredi, 19 Février, 2020 - L'Humanité

Les élus PCF d’aujourd’hui seraient indignes de ceux d’hier ? Leur secrétaire national Fabien Roussel n’a pas laissé passer l’offense infligée par le dirigeant de LaREM, Stanislas Guérini, qu’il a éreinté mardi en plein débat sur les retraites.

 

Il ne fallait pas le chercher. Mardi, en plein débat sur la réforme des retraites, Fabien Roussel a étrillé les députés de la majorité. Le secrétaire national du PCF a vertement répondu à Stanislas Guérini, délégué général de LaREM. Un duel violent, déclenché lundi soir par le macroniste qui s’en est pris directement à l’histoire des communistes. « Le député Guérini a insulté ici les députés communistes. Il a convoqué Croizat. Il a convoqué Thorez. Et en insultant leur mémoire il a insulté tous les députés communistes et tous les communistes », démarre dans l’hémicycle Fabien Roussel. Le député du Nord poursuit sa charge en utilisant toutes ses cordes vocales : « Comment osez-vous faire ça ici ? Oui nous, le Parti communiste français, nous avons versé le sang dans la Résistance, et nous l’avons fait avec d’autres. Oui nous, nous avons écrit le programme Les Jours Heureux et nous avons créé la Sécu, et nous l’avons fait avec d’autres. Mais vous, vous avez fait quoi, avec d’autres ? Pour nous, nos racines, c’est la France, et pour vous c’est quoi ? C’est la finance ! » La veille, Stanislas Guérini avait ainsi provoqué ses opposants : « Ce débat sera un rendez-vous de l’histoire social de notre pays. Et je vous le dis avec un peu de tristesse pour l’histoire des communistes : vous n’êtes pas à la hauteur de l’histoire sociale de notre pays. Vous n’êtes pas à la hauteur de votre histoire. Celle d’Ambroise Croizat que vous avez cité, celle de Maurice Thorez, celle du Conseil national de la Résistance. » Puis le dirigeant du parti présidentiel, perfide, avait continué de la sorte : « Vous n’êtes pas d’accord avec tout ? C’est normal. Si vous étiez d’accord avec tout nous serions sur les mêmes bancs. Mais vous n’êtes d’accord avec rien », avant de citer Maurice Thorez, secrétaire général du PCF de 1930 à 1964. « Il disait ‘‘mieux s’unir pour obtenir le bonheur sur la terre que se disputer sur l’existence d’un paradis dans le ciel’’. Eh bien je vais vous dire comment je comprends moi cette citation : pour moi la gauche qui ne fait rien, elle ne sert à rien. La gauche qui s’oppose à tout, elle ne sert à rien du tout. » Outré, Fabien Roussel lui renvoie le missile: « Comment pouvez-vous dire que nous nous opposons à tout quand c’est vous qui dîtes non à tout. Vous, qu’est-ce que vous avez fait ? Vous, vous êtes ‘‘en même temps’’ ! Vous auriez été beaux dans la Résistance ! Vous auriez été ‘‘en même temps’’ quoi ? ». Les députés LaREM s’étouffent alors et roulent des yeux. Mais le communiste continue sa démonstration : « Quand on vous propose de taxer les riches et le capital, vous dîtes non. Quand les forces de gauche vous font des propositions, vous dites non. Tout ce que vous proposent les syndicats, vous dîtes non. Vous n’écoutez pas les Français. Et quand on vous propose un débat dans tout le pays vous dîtes non. » Fabien Roussel fait ici référence à la proposition des communistes d’organiser un référendum sur la réforme des retraites, qui a été rejetée lundi soir avec dédain et malhonnêteté intellectuelle par les macronistes. « Alors venez chercher les communistes, osez venir faire le débat dans les usines, dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les bureaux ? Osez dire ce qu’il y a dans votre texte de loi. Osez le référendum, voilà ce que nous voulions vous dire ! », termine Fabien Roussel devant des députés devenus palots. Plus tôt, les porte-parole des députés PCF s’étaient eux aussi indignés. « Nous n'avons pas de leçon à recevoir de Stanislas Guérini. Comment ce monsieur, invisible jusqu'à hier, ose-t-il nous donner des leçons sur nos valeurs, dire que la gauche ne sert à rien, lui qui est à la tête d'un parti qui a mis la République en miettes ? », assène Sébastien Jumel. « Au nom de quoi peut-il se permettre de nous dire ce qu'il nous a dit ? Nous n'avons pas de leçon de progrès social à recevoir de LaREM. Les leçons de progrès social qui nous ont été données par Guérini m'évoquent un type qui roulerait à contre-sens sur l'autoroute en faisant des appels de phares », tranche Pierre Dharréville, déterminé à mener « une bataille extrêmement offensive » dans l’hémicycle.

Aurélien Soucheyre, L'Humanité, 19 février

Retraites. Fabien Roussel écrase les insultes de Guérini et de LREM - L'Humanité, Aurélien Soucheyre, 19 février 2020
Assemblée nationale. Les députés LaREM rejettent la motion référendaire
Mercredi, 19 Février, 2020 - L'Humanité

Lundi, les élus de la majorité ont voté contre l’organisation d’une consultation populaire sur les retraites. Ils mentent sur leur réforme et craignent l’avis des Français.

 

Ils n’ont écouté que d’une oreille distraite les échanges. Puis les députés LaREM ont repoussé par 160 voix contre 70 la motion référendaire déposée par les communistes. Lundi soir, en ouverture du débat sur la réforme des retraites, les élus PCF, PS, FI et quelques Libertés et territoires (LT) ont appelé à laisser les Français décider de l’adoption ou non du texte voulu par Macron. « C’est un acte rare, un acte fort ! » tonne André Chassaigne en lançant la procédure. « Peut-on imaginer qu’une telle réforme, aussi importante, se fasse sans le peuple ou malgré le peuple, voire, plus grave encore, contre le peuple ? » interroge le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

La réponse, pour LaREM, est oui. Et tant pis si 67 % de nos concitoyens se déclarent favorables à la tenue d’un référendum. « La démocratie représentative est la règle, la démocratie référendaire est l’exception », argumente Laurent Pietraszewski, qui qualifie la démarche de « manœuvre dilatoire pour empêcher l’Assemblée de faire ce pour quoi elle a été élue ». Le secrétaire d’État aux retraites oublie bien vite que la réforme est composée de 29 ordonnances, qui privent l’Assemblée de ses propres prérogatives législatives au profit de l’exécutif.

Un mépris pour le peuple et la démocratie

Il raille même ses opposants. « Quelle serait la question du référendum ? Pour ou contre un système solidaire par répartition ? Pour ou contre le maintien d’un système dans lequel les pensions des femmes sont 40 % moins élevées que celle des hommes ? » ironise-t-il sous les huées. « Pourquoi pas 41 000 référendums pour chacun de vos amendements ? » poursuit Jean-René Cazenove. « Vous nous dites “nous savons ce que veut le peuple” mais seulement un million de Français ont signé pour votre référendum sur ADP », moque le député LaREM, étalant son mépris pour le peuple et la démocratie.

Car le million de signatures atteint pour ADP est un score exceptionnel, largement suffisant pour déclencher un référendum en Suisse ou en Italie. Au mépris, l’élue Modem Nathalie Elimas ajoute le mensonge, affirmant que la réforme des retraites est fidèle à ce qui est écrit « noir sur blanc dans le projet du candidat Macron élu démocratiquement ». Faux, dénonce Olivier Faure. « Puisque les Français n’ont jamais été consultés, qu’ils le soient désormais », répond le premier secrétaire du PS, qui invite la Macronie à renoncer publiquement à tout 49-3. « On le veut, ce référendum, on veut voir et savoir si les Français avalent vos bobards », interpelle enfin l’insoumis François Ruffin. Passé le rejet et le comportement irresponsable des élus LaREM, le député PCF Sébastien Jumel leur a promis une « bataille de tranchées dans l’Hémicycle ».

Lola Ruscio et Aurélien Soucheyre
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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 07:00
Les députés communistes se battent pour que les revenus du conjoint ne soient pas pris en compte dans le calcul de l'allocation adulte handicapé et obtiennent une première victoire à l'Assemblée
 
Coup de théâtre le 13 février à l’Assemblée nationale : la majorité s’est retrouvée minoritaire et la disposition qui met fin à la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'Allocation Adulte Handicapé a été votée !

Ce n’est qu’une première manche de gagnée, mais à nouveau, la majorité se couvre de ridicule et de honte, une semaine après avoir refusé d’augmenter le congé de deuil pour enfant de 5 à 12 jours.

Voici le communiqué de presse de Marie-George Buffet qui a porté cette disposition il y a un an.
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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 06:30
Appels des communistes du Finistère aux manifestations contre la réforme des retraites du jeudi 20 février

Communiqué de la section PCF du pays de Quimper

Retrait du projet de réforme des retraites, et sinon un référendum !

Les communistes du pays de Quimper appellent à faire entendre une nouvelle fois et avec force en participant à la manifestation intersyndicale du jeudi 20 février à 11h place de la Résistance à Quimper, l’exigence majoritaire de retrait de la contre-réforme gouvernementale des retraites.

Non M. le président, vous n’avez pas reçu mandat des Français, pas même des 18 % des inscrits qui ont voté pour vous au 1er tour de la présidentielle, et dont certains ont été abusés, pour casser leur modèle social pendant 5 ans et formater notre société aux besoins de la finance.

La démocratie serait pitoyable si elle se réduisait à mettre, ou pas, un bulletin dans l’urne tous les 5 ans, et à gagner le droit de se taire entretemps.

Les Français sont 61 % à soutenir le mouvement social qui réclame l’abandon de ce projet, de plus en plus critiqué, y compris par le Conseil d’État, et qui met en mouvement contre lui le monde ouvrier comme celui de la culture, les avocats comme les enseignants, les jeunes comme les retraités.

Ils sont 67 % à vouloir être consultés par référendum sur un projet qui touche si profondément à leur vie, à celle de leurs enfants, de leurs petits-enfants.

Car ce que nous portons face à vous, M. Macron, c’est bien un projet de société, une conception de l’humain et de la vie ensemble, il s’agit de partage et de solidarité, de lutte contre l’injustice et les inégalités.

Et pourtant vos député-e-s se sont opposés ce lundi à l’Assemblée Nationale à cette exigence démocratique et républicaine de consultation des citoyen-ne-s portée par les communistes avec le soutien de toute la gauche.

Pour ceux du moins qui étaient présents, car certains comme Annaïg Le Meur, députée de la circonscription de Quimper, avaient semble-t-il à faire ailleurs...

Elle fait pourtant partie de ce petit groupe de députés En Marche désignés par Macron pour porter sa bonne parole et expliquer au bas peuple combien il était sot de ne pas avoir décelé les merveilles cachées dans ce projet.

Mais nul n’en doute, elle aurait voté sans état d’âme contre cette demande de référendum.

LREM ce n’est pas La République En Marche, c’est La Retraite En Moins, et la démocratie aussi.

La démocratie, c’est l’expression du peuple, son droit d’intervention dont personne ne peut le dessaisir.

Retrait du projet, et sinon un référendum !

Toutes et tous ensemble, c’est le message que nous ferons retentir jeudi 20 février à 11h place de la Résistance à Quimper.

Communiqué section PCF de Brest, 18 février 2020: 

Les communistes du pays de Brest appellent à faire entendre une nouvelle fois et avec force en participant à la manifestation intersyndicale du jeudi 20 février à 11h place de la Liberté à Brest , l’exigence majoritaire de retrait de la contre-réforme gouvernementale des retraites.
Non Monsieur le président, vous n’avez pas reçu mandat des Français, pas même des 18 % des inscrits qui ont voté pour vous au premier tour de la présidentielle, et dont certains ont été abusés, pour casser leur modèle social pendant 5 ans et formater notre société aux besoins de la finance.

La démocratie serait pitoyable si elle se réduisait à mettre, ou pas, un bulletin dans l’urne tous les 5 ans, et à gagner le droit de se taire entre-temps.

Les Français sont 61 % à soutenir le mouvement social qui réclame l’abandon de ce projet, de plus en plus critiqué, y compris par le Conseil d’État, et qui met en mouvement contre lui le monde ouvrier comme celui de la culture, les avocats comme les enseignants, les jeunes comme les retraités.

Ils sont 67 % à vouloir être consultés par référendum sur un projet qui touche si profondément à leur vie, à celle de leurs enfants, de leurs petits-enfants.

Car ce que nous portons face à vous, M. Macron, c’est bien un projet de société, une conception de l’humain et de la vie ensemble, il s’agit de partage et de solidarité, de lutte contre l’injustice et les inégalités.

Et pourtant vos député-e-s se sont opposés ce lundi à l’Assemblée Nationale à cette exigence démocratique et républicaine de consultation des citoyen-ne-s portée par les communistes avec le soutien de toute la gauche.

LREM ce n’est pas La République En Marche, c’est La Retraite En Moins, et la démocratie aussi.

La démocratie, c’est l’expression du peuple, son droit d’intervention dont personne ne peut le dessaisir.

Retrait du projet, et sinon un référendum !

Toutes et tous ensemble, c’est le message que nous ferons retentir jeudi 20 février à 11 h place de la Liberté à Brest

Brest PCF

pcf_brest@yahoo.fr

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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 07:08
Gauche. Les nouveaux défis du communisme municipal
Mardi, 18 Février, 2020 - L'Humanité

En campagne pour les élections de mars, les édiles et candidats PCF ou apparentés entendent défendre leurs « conquis », comme proposer une version 2020 de ces politiques publiques au service des classes populaires.

 

Àl’heure d’un nouveau scrutin les 15 et 22 mars prochain, « la créativité communiste municipale » est toujours d’actualité, affirme le maire de Montreuil, Patrice Bessac, l’un des deux édiles d’une ville de plus de 100 000 habitants étiquetés PCF et candidat à la tête d’une liste de large rassemblement. Incarnée par l’expression « communisme municipal », la gestion des villes par le PCF, qui cette année fête ses 100 ans, a marqué autant l’histoire de la formation que celle du pays. « Rien que dans la période qui s’étend de 1965 à aujourd’hui, environ 2 900 communes ont eu à un moment ou un autre un maire communiste ou apparenté, ce qui représente 10 millions d’habitants. Cela donne l’ampleur de l’impact de l’action communiste à l’échelle loc ale », explique l’historien Roger Martelli. Un espace qui « s’est rétracté à partir de 1984 et surtout des années 1990, constate-t-il. Mais un ancrage non négligeable s’est maintenu au-delà de ce qu’est l’influence nationale du Parti commun iste ».

Si nombre des politiques d’abord mises en œuvre dans leur commune ont traversé les frontières locales, les élus communistes se revendiquent toujours de l’innovation dans leur gestion communale. Pour le maire de Seine-Saint-Denis, celle-ci s’articule désormais autour de « trois grands axes » que l’on retrouve peu ou prou chez nombre de ses homologues : « le partage, l’écologie du quotidien, la participation citoyenne ». « On tourne des pages mais c’est toujours le même livre », résume Michèle Picard, la maire de Vénissieux (Rhône).

En matière sociale, les édiles du PCF partent avec une certaine expérience. « Ce qui a caractérisé cette gestion communiste, c’est la volonté de réduire les inégalités en utilisant les ressources de la pu issance publique, détaille Roger Martelli. Cela s’est traduit en premier lieu par des politiques ambitieuses de constructions de logements sociaux, mais aussi de mise à disposition des plus modestes de services publics de qualité dans le domaine de la santé, de la culture, ou encore de l’enfance. »

Régie publique de l’eau, transports gratuits, arrêtés anti-expulsion…

Forts de ces « conquis », les maires communistes ont de nouveaux projets. « Nous avons créé à Montreuil la première mutuelle communale santé d’une ville de plus de 100 000 habitants », prend en exemple Patrice Bessac, qui prévoit de l’étendre et propose également en vue du prochain mandat un « check-up santé » gratuit pour tous les jeunes de 18 ans. « L’accessibilité des services » est aussi une marque de fabrique, souligne Philippe Bouyssou, maire dans le Val-de-Marne : « Je suis très fier qu’à Ivry les enfants des familles les plus modestes puissent manger à la cantine pour 42 centimes d’euro ou que l’union sportive puisse proposer les licences les moins chères du département. » Régie publique de l’eau, lutte contre la spéculation immobilière, transports gratuits, arrêtés anti-expulsion figurent aussi sur l’arc des politiques communistes. À Tarnos (Landes), on mise également sur l’économie sociale et solidaire, explique son maire, Jean-Marc Lespade. Comme avec la société coopérative d’intérêt collectif de restauration, qui approvisionne personnes âgées, salariés de la zone industrialo-portuaire, écoles, avec 6 000 repas par jour. Soit de « nouvelles formes de solidarité », selon l’édile de Raismes (Nord), Aymeric Robin. « Cela permet de créer de l’emploi non délocalisable, pas dans une logique de profit mais de redistribution des richesses produites », pointe l’élu du bassin minier, qui propose d’élargir l’ « écoferme » déjà créée avec « une ressourcerie ».

« Le communisme municipal a souvent été réduit à de l’action sociale mais “l’Humain d’abord”, c’est aussi la place qu’on laisse aux individus dans l’élaboration des politiques », assure Aymeric Robin, fier du slogan lancé par son homologue de la ville voisine de Saint-Amand-les-Eaux, l’ancien député Alain Bocquet. « Nous avons eu le trophée de la concertation », ­enchaîne-t-il, exemples d’« urbanisme ­participatif » à l’appui. Une ­exigence démocratique qu’il s’agit de mettre en œuvre dès la campagne, indique Philippe Bouyssou : « La désignation d’un tiers de notre liste par les citoyens eux-mêmes est une véritable innovation. »

Tandis que l’écologie caracole en tête des préoccupations des Français, le communisme municipal version 2020 entend en faire un de ses points forts. « Red is new green », a lancé le PCF lors des élections européennes pour tenter de tourner la page de l’image productiviste qui lui colle à la peau. Sur les territoires, le slogan national se décline au quotidien. « Incontestablement, il y a une prise de conscience chez les communistes », confirme Jean-Marc Lespade. Les maires PCF ont ainsi figuré ces derniers mois parmi ceux qui ont pris des arrêtés antipesticides. « Selon le baromètre des villes cyclables, les deux communes de plus de 100 000 habitants en plus forte progression sont Grenoble et Montreuil », se réjouit Patrice Bessac, qui pointe aussi le développement de l’isolation thermique des logements ou de la géothermie. Un enjeu d’importance dans une ville conquise par EELV entre 2008 et 2014. Leur bilan et projet restent cependant disputés. À l’instar d’Ivry-sur-Seine, où une coalition réunissant FI, PS et EELV se présente face à Philippe Bouyssou. La principale pomme de discorde concerne le projet d’incinérateur défendu par le candidat ­communiste. « Cette reconstruction va permettre de traiter les déchets en polluant beaucoup moins que l’usine actuelle et c’est aussi un lieu de production de chaleur urbaine en remplacement d’une multitude de petites usines de chauffe qui brûlent du gaz, du charbon ou du fioul », oppose le maire.

« Il n’y a jamais d’acquis, ce sont des droits qu’il faut défendre »

Plus au sud, dans la banlieue lyonnaise, Michèle Picard explique que « la première préoccupation des Vénissians, c’est la sécurité ». Un terrain semé d’embûches pour la gauche, qui doit faire face à la surenchère sécuritaire de la droite : « Mes opposants dans la campagne veulent doubler, voire tripler la police municipale », constate l’élue. Mais « une ville est un puzzle », poursuit-elle. « Si vous faites de la sécurité sans faire de prévention, d’éducation, si vous ne développez pas la culture, le sport, les politiques d’emploi, cela ne fonctionne pas », assure l’édile, tout en rappelant qu’il s’agit d’ « une mission régalienne de l’État ».

Souvent assimilé aux villes de la banlieue rouge, le communisme municipal s’est aussi invité en zone rurale. En Auvergne, Saint-Amant-Roche-Savine, un petit village de 500 habitants, dont le député André Chassaigne a été maire de 1983 à 2010, est connu aux alentours pour son festival la Belle Rouge, explique Serge Joubert, le maire actuel, qui évoque aussi l’expérience menée pour accueillir des réfugiés. Si l’agriculteur tout juste retraité insiste sur le fait qu’à l’échelle d’une petite commune « on est parfois impuissant », la priorité numéro un reste le service public : « Avec un collège sur la sellette, c’est la grosse bagarre. »

Tout n’est pas rose (ou rouge) pour autant. Comme dans toutes les communes de France, les maires communistes doivent faire face à l’austérité budgétaire imposée par les gouvernements successifs. « En 2013, nous avions 1,6 million de dotation, en 2020 nous avons 60 000 euros », dénonce le maire de Tarnos. Le constat est unanime. « En quatre ans, nous avons perdu 6 millions d’euros. C’est la moitié d’une école, un an et demi de maintenance de tous nos équipements publics. À cela s’ajoute la contractualisation, qui contraint par ricochet les investissements », fustige la maire de Vénissieux. Mais pour eux, comme pour Patrice Bessac, « même en temps de crise, de difficultés financières, il faut continuer d’inventer, de s’appuyer sur les citoyens. Il est toujours possible de se battre, de trouver des idées nouvelles ». « Tout faire pour maintenir le périmètre des services publics tel qu’il est aujourd’hui avec un conservatoire, une médiathèque, un cinéma d’art et d’essai, deux théâtres, deux galeries d’art, des équipements sportifs, un accès aux vacances, des foyers de retraités, des maisons de quartier… Ne rien vouloir lâcher, c’est déjà en soi d’une extrême modernité. Cela crée une identité de la ville qui dév eloppe l’attachement de ses habitants », ajoute Philippe Bouyssou.

Mais, dans ces villes comme ailleurs, l’abstention, en particulier des classes populaires, gagne tout de même du terrain. « Une partie de la population ne se reconnaît plus dans ces notables qui ne ressemblent plus au corps social et qui n’habitent plus les mêmes cités populaires qu’eux. C’est particulièrement vrai dans le Val-de-Marne », avance l’historien Emmanuel Bellanger, dans un entretien au Monde. Un argument que réfute le maire d’Ivry-sur-Seine : « Parmi les élus communistes d’Ivry, la plupart d’entre nous habitons dans des cités populaires. Cette proximité, je ne suis pas certain qu’elle existe dans les autres forces politiques », réplique-t-il. « Dans nos villes, les habitants sont là depuis longtemps, il y a le sentiment d’une banalité de nos politiques publiques comme si elles existaient partout ailleurs », estime le maire val-de-marnais, qui reconnaît que la crise de confiance nationale dans les partis de gauche à force de « trahisons » ne les épargne pas. Aymeric Robin, qui doit faire face à un RN qui a recueilli 43 % des voix aux européennes, en tire une conclusion : « Il n’y a jamais d’acquis, ce sont des droits qu’il faut défendre. » « Le vote RN est aussi l’expression d’un sentiment d’abandon de la République parce qu’on ferme des classes, des bureaux de poste, des hôpitaux… Le communisme municipal est un rempart parce qu’on a cette proximité avec les habitants, mais jusqu’à quand ? » interroge-t-il, renvoyant à « un malaise beaucoup plus profond ». « Les colères peuvent se transformer en amertume », met aussi en garde Roger Martelli. « Alors que les gilets jaunes ont témoigné du phénomène de relégation des catégories p opulaires, poursuit l’historien, cette façon (du communisme municipal – NDLR) de ra ccorder la fierté des territoires populaires et la fibre sociale mérite d’être aujourd’hui encore poursuivie. »

Julia Hamlaoui
Gauche. Les nouveaux défis du communisme municipal (Julia Hamlaoui, 18 février 2020)
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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 06:59
Éducation. Comment la réforme du bac ronge le lycée de l’intérieur (L'Humanité, 17 février 2020)
Éducation. Comment la réforme du bac ronge le lycée de l’intérieur
Lundi, 17 Février, 2020

À travers l’exemple d’une discipline, les sciences économiques et sociales, une enquête révèle les effets délétères des mesures du ministre Blanquer dans le secondaire, pour les professeurs comme pour les élèves.

 

Mise en concurrence des disciplines, fragilisation des équipes, recul de l’interdisciplinarité, renforcement des inégalités sociales, territoriales et éducatives… C’est, à travers le sort d’une discipline parmi d’autres, un inquiétant tableau du lycée sous Blanquer, que brosse une enquête, réalisée par l’Association des professeurs de sciences économique et sociale (Apses) et publiée le 11 février par le média en ligne AOC. Elle met des données chiffrées, précises et factuelles, sur ce que l’on pouvait jusqu’ici percevoir seulement à travers des témoignages.

Premier enseignement : « La dégradation des conditions de travail des enseignants et des conditions d’enseignement des élèves » relève Igor Martinache, du bureau de l’Apses. Selon les 650  répondants (sur quelque 5 000 profs de SES) à l’enquête, le nombre moyen d’élèves par enseignant est passé de 170 à 203 entre 2018 et 2019. Conséquence pour les profs, « un alourdissement des tâches associées » : corrections, renseignement des livrets et des bulletins, rédaction d’avis pour Parcoursup, réunions d’équipe…

Les solidarités professionnelles volent en éclats

La réforme a « fragilisé les équipes pédagogiques », écrit l’Apses, et généré « de fortes tensions entre certaines disciplines » en organisant « une véritable mise en concurrence de celles-ci ». Un exemple : la spécialité « Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques » (HGGSP) a vu les profs d’histoire-géographie et ceux de SES s’opposer pour savoir qui pourrait l’assurer – ces heures d’enseignement conditionnant l’existence ou la disparition de postes. Aux dépens, finalement, des SES : 84 % des répondants n’interviennent pas en HGGSP en première, et seulement 5 % assurent 1 h 30 au moins sur les 4 heures de la spécialité.

En positionnant les chefs d’établissement en arbitres, cette compétition entre disciplines renforce ce que l’Apses nomme la « managérialisation des établissements ». Selon l’enquête, « l’attribution d’une spécialité peut être utilisée comme un moyen de s’assurer l’allégeance des collègues d’une discipline préoccupés par la sauvegarde d’un poste. » Une évolution qui fait voler en éclats les ­solidarités professionnelles et personnelles. C’est la confirmation d’une enquête, menée fin 2019 par le Snes-FSU, montrant que pour un prof sur deux (50,4 %) « les conflits ont augmenté », tandis que 44,2 % avouaient rencontrer moins leurs collègues.

« Une ségrégation scolaire, qu’elle soit de niveau ou d’origine sociale »

Convaincre les chefs d’établissement, mais aussi séduire les familles pour que le plus grand nombre d’élèves choisissent la « bonne » spécialité : « Dans le lycée Blanquer, écrit l’Apses, les enseignants ont la tâche implicite de se transformer en entrepreneurs de leur “marque disciplinaire” » pour ne pas la voir s’effacer. Ainsi, d’un lycée à l’autre, la « demande » des familles et les rapports de forces à l’intérieur de l’établissement font varier – parfois considérablement – les conditions d’enseignement, au détriment de la valeur nationale du diplôme.

D’autres conséquences se confirment. Il y a le bachotage et le stress permanents, générés par les évaluations constantes, et dénoncés par les mouvements contre les « E3C ». L’éclatement du groupe-classe, qui implique une hétérogénéité ingérable, par exemple, en SES, entre les élèves qui suivent la spécialité mathématiques et les autres. Le recul de l’interdisciplinarité, en revanche, était un peu passé sous les radars. « Les synergies entre les programmes des différentes disciplines d’une même série » de l’ancien bac (par exemple entre histoire-géo et SES, ou philosophie et SES) sont devenues impossibles. Ainsi « toutes les spécialités ne se vaudront pas aux yeux des formations de l’enseignement supérieur », ce qui aura pour effet de renforcer « la ségrégation scolaire, qu’elle soit de niveau ou d’origine sociale », et les « délits d’initiés » permettant à des familles, mais pas à d’autres, de faire les « bons » choix pour leurs enfants. Or, conclut Igor Martinache, « le lycée n’est pas seulement le lieu où l’on se prépare pour l’enseignement supérieur. C’est un temps pour réfléchir, construire ses capacités réflexives, sa citoyenneté… » C’est bien la nature profonde du lycée, sa fonction quasi anthropologique, que la réforme ronge de l’intérieur comme un poison. Une réalité désormais solidement établie, et que le ministère ne pourra se contenter de nier à grands coups de menton, selon sa stratégie habituelle.

Olivier Chartrain
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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 06:40
Santé. Les Grenoblois au secours de leur clinique

 

Lundi, 17 Février, 2020 - L'Humanité

Alors que son actionnaire principal envisage la vente de la « Mut », usagers et soignants s’unissent pour préserver l’accès pour tous à des soins de qualité.

 

Au service de cancérologie du groupement hospitalier mutualiste de Grenoble, Nicolas Albin, cancérologue, ne cache plus ses inquiétudes. « À ce stade, c’est un problème éthique. La santé est-elle une marchandise comme les autres ? » Le brouillard qui entoure le devenir de la « Mut », comme l’appellent affectueusement les habitants, se fait de plus en plus pesant. Le personnel a appris il y a tout juste un an que l’actionnaire majoritaire de la clinique, Adrea Mutuelle, envisageait sa cession à un groupe privé lucratif. C’est pour l’éviter que médecins et employés ont décidé de créer une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) et de prétendre à son rachat. Classée sous le statut d’établissement de santé privé d’intérêt collectif (Espic), la Mut assure une mission de service public, au même titre qu’un hôpital public, sans but lucratif : les patients y sont traités de la même manière, quelle que soit leur situation. Une offre de soins précieuse qui serait fortement menacée en cas de vente à un acteur lucratif. « En cancérologie, on opère mais on propose aussi un accompagnement, des soins de support. Tout cela pourrait disparaître avec une gestion privée lucrative, puisque ce ne serait plus assez rentable », s’inquiète le médecin.

Avec 437 lits, 1 100 salariés et 200 médecins, la Mut est le deuxième acteur de santé en Isère après le CHU Grenoble-Alpes. Si sa vente au privé lucratif n’est pas encore avérée, le destin de la clinique grenobloise de Belledone, absorbée par le géant C2S l’année dernière, fait planer le doute. D’autant plus que l’intégration d’Adrea Mutuelle dans un nouveau groupe laisse penser à un montage financier. « Notre sentiment est qu’il veut dégager des fonds et vendre au plus offrant », s’inquiète Jean-Philippe Moutarde. Dans le quartier Saint-Bruno où il réside, à deux pas de la clinique, ce mutualiste dans l’âme est bien décidé à ne pas voir partir la Mut dans les filets d’un groupe privé lucratif. « Il y a un attachement presque familial des Grenoblois à la clinique. Une génération l’a vue naître, l’autre y est née », s’émeut-il. Avec d’autres habitants, il a mis sur pied un collectif d’usagers prêt à défendre bec et ongles l’esprit de la Mut, créée en 1957.

Dangers sur la maternité et le service des urgences

Aux côtés du personnel, plusieurs fois appelé à débrayer, les usagers ont multiplié les rassemblements et réunions pour défendre le statut d’Espic. Une pétition contre la vente atteignait ce week-end plus de 13 000 signatures. Une mobilisation sans relâche qui émeut jusqu’à la mairie de la ville aux trois roses. « Certaines activités hospitalières sont rentables et d’autres par nature coûteuses. Un repreneur à but lucratif ne s’embarrassera sûrement pas de ces dernières. (…) L’esprit mutualiste, dont vous vous devez de porter la concrétisation, empêche de sacrifier l’égal accès aux soins de qualité sur l’autel de la rentabilité », a écrit le maire de Grenoble, Éric Piolle (EELV), le 7 février au président d’Adrea Mutuelle.

Au-delà de la vente, c’est aussi le flou entretenu par l’actuel propriétaire, qui n’a pas répondu aux sollicitations de l’Humanité, que dénoncent les défenseurs de la Mut. « C’est très opaque. Adrea a choisi la stratégie d’en dire le moins possible », regrette Joëlle Estivals, représentante du collectif des usagers. La Grenobloise craint notamment que le rachat de la Mut par le privé lucratif ne signe la fin de la maternité. « Elle a pourtant très bonne réputation, on y expérimente une des neuf maisons de naissances en France. Ce sont des maternités alternatives où les femmes peuvent accoucher comme à la maison », note-t-elle. Les urgences, activité peu rentable par excellence, soulèvent elles aussi de vives inquiétudes. Si le service venait à fermer, ses 33 000 passages annuels se déporteraient sur le CHU, où la situation est déjà très tendue, à l’image de la majorité des hôpitaux publics. « Il y a un vrai risque sanitaire », met en garde le cancérologue Nicolas Albin. Le médecin craint qu’un nouvel actionnaire privé ne prenne la ­décision d’arrêter les remboursements de dépassements d’honoraires et les soins les moins rentables : un changement qui sonnerait le glas de l’égalité des patients et exclurait les moins fortunés de la Mut.

Une situation que la création d’une société coopérative d’intérêt collectif préviendra, espère le médecin. C’est avec cette nouvelle société, étendard de la démocratie en entreprise, où une personne est égale à une voix en assemblée générale, que le personnel de la Mut s’est porté candidat à son rachat le 10 février. « C’est une façon pour les médecins et les salariés de prendre leur destin en main et de défendre le statut d’Espic de la clinique », s’enthousiasme-t-il. Si le cancérologue admet que l’aspect financier du projet n’est pas encore au point, « il tient la route d’un point de vue médical ». Il est d’ailleurs appuyé par le maire Éric Piolle. « La Scic est un projet qui embrasse (les garanties d’une offre de soins précieuse) et il est donc tout à fait logique que la ville soutienne cette belle, riche et ambitieuse initiative », a-t-il écrit le 10 février dans un courrier de soutien. L’édile a aussi précisé que, dans le cas où la candidature de la coopérative serait retenue par Adrea Mutuelle, la ville de Grenoble s’allierait aux salariés et usagers, invités à prendre part au projet, dans sa gouvernance. Mais, pour le moment, la patience est de mise : l’actionnaire majoritaire de la clinique n’a pas encore communiqué sur l’avenir de la Mut.

Marie Toulgoat
Santé. Les Grenoblois au secours de leur clinique mutualiste (L'Humanité, Marie Toulgoat, 17 février 2020)
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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 06:31
Photo Ouest-France Morlaix - 10 décembre 2019

Photo Ouest-France Morlaix - 10 décembre 2019

Morlaix. Rassemblement jeudi contre le projet de réforme des retraites

L’intersyndicale de Morlaix (Finistère) appelle au rassemblement contre le projet de loi sur la réforme des retraites jeudi 20 février 2020, à 11 h, place des Otages.

Alors que le projet de loi sur la réforme des retraites est en examen au Parlement, l’intersyndicale morlaisienne, qui regroupe la CGT, FO, FSU, Sud Solidaires, appelle au rassemblement, jeudi 20 février 2020, contre le projet de loi de réforme des retraites, place des Otages, à Morlaix, à partir de 11 h. L’objectif pour l’intersyndicale morlaisienne ? Participer au renforcement de la contestation contre le projet de loi et continuer à instaurer le doute dans la majorité gouvernementale.

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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 06:23
Samedi 22 février, 14h à Saint-Martin des Champs, Maison des assos du Binigou: Débat public sur les centres de santé organisé par le comité de défense de l'hôpital
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