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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 20:10
Persécution et résistance des communistes sous Vichy en 1941 - Mendès France témoigne dans ses "Ecrits de Résistance" rédigés pendant les heures sombres de l'occupation

J'ai eu beaucoup de plaisir il y a quelques mois à lire cette nouvelle édition intégrale des "Écrits de résistance" de Pierre Mendès France (publiés par les éditions du CNRS en 2018), qui fut le plus jeune député de France, élu dans l'Eure, puis un soutien et ministre du Front Populaire, raison pour laquelle, en plus de ses origines juives et de sa volonté de continuer le combat après l'occupation de la France par les Nazis, il fut emprisonné d'abord au Maroc, puis en Algérie et à Clermont-Ferrand, jugé et condamné de manière complètement arbitraire pour désertion et trahison alors qu'il avait rejoint l'Afrique du Nord pour continuer la lutte à bord du "Massilia", avant de s'évader de prison, de vivre en clandestin pourchassé pendant plus de six mois en France occupé, puis de rejoindre Londres et la France Libre, pour laquelle il servira avec beaucoup de courage comme pilote, comme Émile Ajar dit Romain Gary. Son témoignage sur l'héroïsme et le pittoresque des équipes de pilote de la France Libre, comme celui de Romain Gary dans La Promesse de l'Aube, est passionnant et émouvant, d'autant plus que la majorité de ces hommes sont morts en mission de combat. En 1942, Mendès France raconte sa captivité et son procès, et à cette occasion il se fait chroniqueur de la persécution qui frappait les communistes en 1941. Ces quelques lignes qui en disent long sur son admiration et son empathie à chaud vis-à-vis des communistes dans la Résistance méritent d'être cités à l'heure où des donneurs de leçon prêts à tous les révisionnismes historiques, comme Michel Onfray, voudraient nier l'implication précoce des communistes dans la Résistance Nationale.

Ismaël Dupont

Témoignage de première main de Mendès France sur la persécution visant les communistes dans la région de Saint-Etienne et Clermont Ferrand en 1941:

« Pendant les derniers mois de mon séjour à Clermont-Ferrand, j'ai vu arriver à la prison de plus en plus de prévenus communistes. C'était le début de la période durant laquelle les militants communistes, ou qualifiés communistes, furent traqués d'une manière impitoyable, période qui atteignit son apogée à partir de la guerre germano-russe, c'est-à-dire, après mon évasion.
Un jour, c'était un jeune instituteur, orphelin de guerre, bien noté, qui était condamné à cinq ans de prison pour une distribution de tracts assez insignifiants.
Un autre jour, c'était cet enfant de dix-neuf ans dont j'ai parlé, que Perré faisait condamner à vingt ans de travaux forcés. D'ailleurs, les soldats qui étaient poursuivis pour désertion, pour manque de respect à leurs supérieurs, pour vol, etc, faisaient toujours l'objet de recherches spéciales au cours desquelles on essayait d'établir qu'ils étaient ou avaient été communistes ; on n'était pas exigeant pour les preuves ! Si l'on pouvait réunir quelques éléments de présomptions d'une affiliation, même ancienne, au parti, la condamnation était automatiquement doublée ou triplée.
Le tribunal militaire de Clermont-Ferrand jugea ainsi un jour une tenancière de café, veuve de guerre, qui n'avait jamais eu la moindre activité politique. Des consommateurs qui étaient venus dans son établissement avaient abandonné sur une table, en s'en allant, un tract communiste, soit par négligence, soit dans l'espoir que quelqu'un le ramasserait et le lirait. Quelques minutes plus tard, des  gendarmes consommant à leur tour, constatèrent la présence du tract et dressèrent procès-verbal contre la propriétaire du café. Celle-ci fut inculpée de « reconstitution de ligue dissoute » ! (C'était la qualification classique de tous les faits de propagande communiste.). Le tribunal la condamna à six mois de prison et à la fermeture de son établissement, c'est-à-dire à la perte de son gagne-pain. La pauvre femme, qui n'avait jamais été communiste jusque-là, l'est certainement devenue après pareille mésaventure.
 
(…) Le même jour, le tribunal avait à examiner le cas d'un vieux bonhomme qui était le maire d'une petite commune du Puy-de-Dôme. Il avait été communiste autrefois, s'était incliné devant la dissolution du parti et avait continué à administrer paisiblement son village. Il était revenu de l'autre guerre avec la croix de guerre et avec la médaille militaire et était âgé d'environ soixante-cinq ans. Un habitant de la commune, ancien communiste, lui aussi, étant mort, il l'avait accompagné jusqu'au cimetière ; là, il avait lu un petit discours pour saluer le défunt, rappeler qu'ils avaient partagé les mêmes sentiments et exprimer l'espoir que, plus tard, les circonstances étant devenues meilleures, leur idéal pourrait enfin se réaliser. Une lettre anonyme dénonça ce discours – prononcé sur le bord d'une tombe, et qui n'avait provoqué sur l'instant ni protestation, ni incident – comme un acte de propagande communiste. Le vieux maire fut inculpé, à son tour, de reconstitution de ligue dissoute et, en dépit de son âge, jeté en prison.
 
(…)
Généralement, les sanctions étaient sévères, surtout dans les derniers temps de mon séjour à Clermont-Ferrand. Presque tous les jours, nous voyions arriver à la prison deux, trois, quatre ouvriers venant de Saint-Etienne, du Puy, de Thiers ou de Clermont-Ferrand même. On les renvoyait rapidement devant le tribunal et les peines distribuées s'élevaient, le plus souvent, à plusieurs années de prison, et parfois, à dix, quinze ou vingt ans de travaux forcés.
Les militants communistes manifestaient, il faut le dire, un magnifique courage. Leur attitude était en tous points parfaite. Ils se tenaient très bien, n'avaient jamais d'incidents avec les gardiens ou avec d'autres détenus, leurs cellules étaient toujours les plus propres. Ils avaient entre eux une sorte de discipline et de solidarité que l'on ne prenait jamais en défaut. Un nouveau venu arrivait-il, il était aussitôt entouré, aidé, encouragé. On le rassurait, on lui venait en aide. Les prévenus communistes recevaient tous des colis alimentaires qui arrivaient avec une régularité exemplaire. Leurs femmes et leurs enfants étaient soutenus, au besoin, pécuniairement. Nous avions pour cette organisation silencieuse une véritable admiration ».
 
Mendès France, Liberté, liberté chérie… (1940-1942), Écrit en 1942 (chapitre 5, En Prison) publié dans Pierre Mendès France , Écrits de résistance, Biblis Inédit, CNRS Editions, 2018 p.161 à 163

 

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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 06:51

 

Selon une idée répandue en France et en Europe, la situation économique et sociale africaine s’expliquerait uniquement par la croissance démographique du continent, dans laquelle d’aucuns croient voir une menace migratoire. Or cette croissance a des causes qu’il faut aborder afin de la mettre en perspective, chiffres à l’appui…

*Félix Atchadé est médecin

La démographie africaine, notamment la croissance de sa population, est devenue un sujet éminemment politique en France, et en Europe. En juillet 2017, Emmanuel Macron répondant à une question sur un éventuel plan Marshall pour l’Afrique embrayait, après avoir parlé de « crise civilisationnelle », sur la démographie africaine en affirmant qu’« il ne sert à rien de dépenser des milliards d’euros [dans] des pays qui ont encore 7 à 8 enfants par femme»[1]http://www.liberation.fr/planete/2017/11/28/macron-a-ouagadougou-il-n-y-a-plusde-politique-africaine-de-lafrance_161311 . Quelques mois plus tard, il réitérait son propos à Ouagadougou : « Le nombre d’enfants par femme, ça ne se décrète pas, c’est un choix intime. […] Mais quand une femme a 7, 8, 9 enfants, êtes-vous bien sûr que c’est véritablement son choix? [2]CEA, Profil démographique de l’Afrique, Addis-Abeba, Éthiopie, 2016. » !

Ces discours participent à une campagne idéologique visant à accréditer l’idée que la situation socio-économique qui prévaut en Afrique n’a d’explication qu’en rapport avec sa démographie. Et, plus grave, qu’elle est un danger pour le reste du monde ou, à tout le moins, pour la France et l’Europe. Il s’agit ici de s’interroger sur l’état des lieux et les perspectives qui en découlent. Quelle est la situation démographique en Afrique ? Dans quel contexte socio-économique se fait la croissance démographique? Quelles sont les conséquences de cette croissance démographique ? Qu’en est-il des migrations en Afrique? La France et l’Europe doivent-elles craindre un afflux massif d’immigrés en provenance d’Afrique ? Quelles solutions pour cette croissance démographique rapide ?

CONTEXTE GÉNÉRAL ET HISTORIQUE

Bien que les taux de croissance démographique aient ralenti, la population mondiale continue de s’accroître de 81 millions de personnes chaque année. L’Afrique contribue fortement à ce phénomène. Depuis 2015, l’Afrique subsaharienne compte plus d’un milliard d’habitants, et représente aujourd’hui 12 % de la population mondiale[3]Ibid. . Elle a la croissance démographique la plus rapide du monde (2,5 % sur la période 2010- 2019), une fécondité élevée (5,1 enfants par femme) et une population jeune (43 % de la population est âgée de 0 à 14 ans). Le taux de croissance démographique annuel du continent, qui était de 2,7 % sur la période 1990- 2015, devrait se maintenir à 2,4 % les dix prochaines années.

La population devrait atteindre, selon les divers scénarios de la Division de la population des Nations unies, 1,418 milliard de personnes d’ici à 2030 ; 2,467 milliards de personnes d’ici à 2050 ; 4 milliards en 2100. Les sept pays qui contribuent le plus à cette croissance sont le Nigeria, l’Éthiopie, la République démocratique du Congo, la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda et l’Afrique du Sud. Ces sept pays représentent 61 % de la croissance démographique totale de l’Afrique sur la période 1980-2015. Les historiens s’accordent sur le rôle important des facteurs climatiques et de leurs conséquences (sécheresses, disettes, famines, épidémies) dans le passé et sur les effets tragiques des traites négrières sur les dynamiques démographiques et sociales africaines. De 1700 à 1900, contrairement aux autres régions du monde qui voient doubler ou tripler leur population, celle de l’Afrique noire stagnera ou augmentera légèrement. Son poids dans la population mondiale, croissant depuis l’Antiquité, ne fera que reculer du XVIe siècle à la fin du XIXe. Globalement, la croissance démographique du continent restera lente jusqu’au XXe siècle (de 0,13 % à 0,21 % par an selon les périodes). La période de colonisation intense (1880-1920) fut même encore une phase de ralentissement ou, parfois, de régression démographique brutale dans certaines régions (en raison du travail forcé, des déplacements de populations, de l’importation de maladies, etc.)[4]Ibid. .

 

Après 1950, l’Afrique subsaharienne se peuple très rapidement et à des rythmes qui vont même croissant de 1950 à 1990 (2 % à 2,8 %), et se stabilise depuis à 2,7 %. Cette croissance est liée au maintien de la fécondité et au recul de la mortalité. D’ici à 2050, cette croissance devrait baisser et se chiffrer à 1,9 %. Selon de nombreux chercheurs, dans son ensemble, l’Afrique subsaharienne est entrée dans le processus global de la transition démographique, avec une baisse préalable de la mortalité dès les années 1950 et 1960, suivie plus récemment d’un début de recul de la natalité, mais seule une minorité de pays suit le modèle classique.

 

LA FÉCONDITÉ : DES DÉCLINS À DES RYTHMES INÉGAUX

Le taux de fécondité moyen total des régions de l’Afrique a baissé de moitié ces trente dernières années, et cette tendance devrait se poursuivre à l’avenir. Ce taux est actuellement estimé à 4,7 enfants par femme. La vitesse et l’ampleur de cette baisse varient considérablement d’un pays à l’autre. Si certains pays, tels que Maurice, les Seychelles et l’Afrique du Sud affichent des taux bas, d’autres, tels que le Niger, le Mali, la Somalie, le Tchad, l’Angola, la République démocratique du Congo, le Burundi, l’Ouganda, la Gambie et le Nigeria continuent d’enregistrer des taux relativement élevés. La fécondité des femmes africaines est passée, selon les pays, de 6 à 8 enfants dans les années 1960 à 2,6 à 8 aujourd’hui. Dans la grande majorité des pays et des sociétés, le désir d’enfants est toujours puissant et l’image de la famille nombreuse valorisée, même si dans l’ensemble la demande d’enfants recule((Ibid.)). La preuve du changement en cours est que mondes urbains et ruraux sont aujourd’hui bien distincts, et dans l’ensemble on est loin des fécondités voisines entre villes et campagnes que l’on observait dans les années 1970. Dans tous les pays, les fécondités sont sensiblement plus faibles en ville : elles se situent souvent entre 3 et 4 enfants, contre 5 à 6 enfants en milieu rural. Dans les capitales et les grandes villes notamment, la fécondité est nettement plus basse qu’ailleurs, la demande d’enfants moins élevée, le mariage plus tardif, la polygamie moins répandue((Ibid.)).

Le rôle de l’instruction s’affirme partout, comme dans les autres régions du monde. En dehors de quelques rares pays (Niger, Tchad ou Mali), le simple fait d’avoir suivi un enseignement primaire modifie déjà sensiblement les normes et les comportements, mais c’est surtout l’accès au niveau secondaire (ou plus) qui, pour le moment, conduit à une chute brutale de la fécondité (autour de 3 enfants dans de nombreux pays). De même, on note que les différences régionales de fécondité s’accroissent dans les pays, conséquence des inégalités de développement, économique, éducatif ou sanitaire. La fécondité va d’une région à l’autre de 5 à 6,9 enfants par femme au Bénin, de 4,4 à 6,6 au Cameroun et de 3,7 à 5,7 au Kenya. L’Afrique n’est plus dans la situation des années 1970 ou 1980 où, en dehors de quelques rares pays (Maurice, Cap-Vert, Afrique du Sud, Zimbabwe), le recours à la contraception était négligeable, avec des prévalences comprises entre 1 % et 5 % chez les femmes mariées. Depuis, il y a eu des progrès réels, mais dans l’ensemble lents et souvent limités aux grandes villes et aux groupes sociaux les plus instruits ou favorisés.

 

UNE POPULATION JEUNE ET DE PLUS EN PLUS URBAINE

L’Afrique affiche une structure jeune des âges, avec environ deux cinquièmes d’habitants âgés de 0 à 14 ans, et près d’un cinquième d’habitants (19 %) âgés de 15 à 24 ans. Les enfants âgés de 0 à 14 ans représentaient près de 45 % de la population africaine en 1980. Bien que ce chiffre ait baissé à 41 % en 2015, il a augmenté en valeur absolue pour passer de 213,5 millions en 1980 à 473,7 millions en 2015((Ibid.)). La population en âge de travailler et active (âgée de 25 à 64 ans) a augmenté plus rapidement que tout autre groupe d’âge, passant de 123,7 millions de personnes (33,3 %) en 1980 à 425,7 millions de personnes (36,2 %) en 2015((Ibid.)). La population âgée (de 65 ans et plus) s’est également accrue, passant de près de 15 millions en 1980 à plus de 40 millions en 2015. Si ce groupe d’âge est le moins nombreux de la population totale (3,1 % en 1980 et 3,5 % en 2015), il devrait atteindre toutefois 6 % d’ici à 2050((Ibid.)). La population urbaine est actuellement estimée à 40 %, contre seulement 27 % en 1980. Malgré la rapidité de cette urbanisation, qui est la plus forte parmi toutes les régions du monde, l’Afrique reste le continent le moins urbanisé de la planète. La population urbaine africaine devrait augmenter de 867 millions d’habitants dans les trente-cinq prochaines années. L’Afrique sera majoritairement urbaine d’ici à 2050, avec près de 56 % de personnes vivant en zone urbaine.

 

L’AFRIQUE ET LES MIGRATIONS INTERNATIONALES

L’Afrique subsaharienne occupe aujourd’hui une place dominante dans les discours politiques et médiatiques portant sur l’immigration en Europe. Les images de migrants tentant de traverser les barrières qui séparent le Maroc des enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla, les arrivées d’embarcations vétustes dans l’île italienne de Lampedusa ont frappé les esprits. Et depuis les mesures politiques, policières et diplomatiques se sont succédé en France et en Europe pour cibler les priorités d’action sur l’Afrique et la Méditerranée. L’Afrique subsaharienne est vue comme un réservoir massif et problématique de migrants, à l’égard duquel les Européens devraient avoir des politiques de contrôle de frontière. En 2017 vivaient en dehors de leur pays d’origine 258 millions d’individus, soit une nette hausse par rapport à 1990, où ils étaient 153 millions((ONU, « Population Division (2015). Trends in International Migrant Stock: The 2017 Revision », déc. 2017 (https://esa.un.org/unmigration/. Consulté le 9 mai 2018).)). En proportion de la population mondiale, selon les statistiques de l’OCDE, en un siècle la part des migrants est passée de 5 % à 3 %. L’Afrique compte pour 10 % dans les migrations internationales (35 % pour l’Europe et 25 % pour l’Asie). En Afrique, les migrations s’effectuent avant tout dans l’espace régional. En 2015, par exemple, 52 % des migrants africains se trouvaient en Afrique, l’Europe n’en recevant que 27 %. L’Afrique n’accueille que 8,5 % des migrants du monde, loin derrière l’Europe (31,15 %), l’Asie (30,75 %) et l’Amérique du Nord (22,1 %). Au total, 34 millions d’Africains sont en situation de migration internationale, contre 104 millions d’Asiatiques, 62 millions d’Européens et 37 millions de Latino-Américains((Vincent Adoumié et Jean-Michel Escarras, les Mobilités dans le monde, Hachette Supérieur, 2017, chap. 3, p. 52))

 

Les deux principales destinations des migrations africaines sont la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest, et l’Afrique du Sud en Afrique australe. Les gros flux de migrants partent du Mali, de la Guinée et du Burkina en Afrique de l’Ouest ; du Mozambique, de l’Angola, du Zimbabwe et du Lesotho en Afrique australe. D’autres pays sont autant des pays d’émigration que d’immigration (Sénégal, Nigeria, Ghana). Les principaux corridors migratoires sont ceux qui relient le Burkina à la Côte d’Ivoire ; le Zimbabwe et le Lesotho à l’Afrique du Sud; le Kenya, l’Ouganda, l’Érythrée et le Soudan à l’Afrique du Sud((Alain Antil et al., « Migrations : logiques africaines », in Politique étrangère, 2016/1 (printemps), p. 11-23.)). Le discours sur l’immigration escamote l’économie politique des migrations internationales de ces dernières décennies. Les personnes qui tentent d’émigrer ne sont pas des migrants appauvris et privés de tout, issus de la pression démographique. Ce sont des gens qui peuvent profiter des perspectives d’emploi offertes par les pays riches. L’explication des poussées migratoires accrues de ces dernières années doit plus à la mondialisation capitaliste qu’à la simple croissance démographique((Amartya Sen et Jean-Christophe Valtat, « Il n’y a pas de bombe démographique », in Esprit, no 216, 1995, p. 118-147.)).

CONCLUSION

La croissance démographique est devenue un sujet de prédilection de l’analyse des problèmes de l’Afrique. Elle ne doit pas pour autant apparaître comme le facteur privilégié ni, à plus forte raison, l’unique explication. Cette croissance démographique dans les pays où elle est la plus rapide, comme certains pays du Sahel, est en rapport avec une forte fécondité. Les niveaux élevés de fécondité qui y sont observés sont en rapport avec la situation socio-économique de ces pays. La Conférence internationale du Caire sur la population et le développement, en 1994, avait montré que l’accès à l’éducation, à la santé, au développement, singulièrement pour les femmes, amenait à une baisse du taux de fécondité. Le progrès social et plus particulièrement l’amélioration de la santé génésique et le respect des droits des femmes sont le meilleur moyen pour réduire la fécondité, et partant pour amorcer le ralentissement de la croissance démographique. Que l’on permette aux pays africains de mettre en oeuvre des choix endogènes de développement, créateurs d’emploi, valorisant les richesses du sol et du sous-sol au profit des populations, avec de larges programmes sociaux et un retour des services publics, et l’on verra automatiquement baisser le taux de fécondité. Voilà la réalité qu’il faut opposer au retour des discours dominants. 

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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 06:48

Salah Hammouri et Elsa Lefort à Lifta, un village palestinien près de Jérusalem qui a été dépeuplé par les forces sionistes en 1948. (Photo fournie par Salah Hammouri)

 

Je risque actuellement d’être expulsé par Israël de ma ville natale, Jérusalem, où je suis né d’un père palestinien de Jérusalem et d’une mère française et où j’ai vécu toute ma vie.

Mon épouse, Elsa Lefort, est citoyenne française. Elle a été expulsée par Israël en 2016 alors que nous attendions notre premier enfant. Depuis quatre ans, je suis séparé de ma femme et de mon fils.

Nos vies ont été complètement bouleversées par la politique d’Israël et par les fausses accusations et la diffamation continue visant à discréditer ma réputation et mon travail de défenseur des droits de l’homme.

Les autorités israéliennes ont récemment intensifié leurs attaques contre moi. Le 3 septembre, j’ai été informé que le ministre de l’Intérieur israélien avait l’intention de révoquer mon statut de résident permanent de Jérusalem, en affirmant que j’aurais « manqué de loyauté » envers l’État d’Israël.

Israël jette le poids de l’occupation sur moi, comme il l’a fait avec d’innombrables autres Palestiniens. Et ce n’est pas la première fois.

Lorsque j’avais 16 ans, j’ai été arrêté et détenu pendant cinq mois en raison de ma participation à des activités étudiantes pendant la deuxième intifada. En 2004, j’ai été arrêté à nouveau et j’ai passé cinq mois de plus en détention sans accusation ni procès.

En 2005, j’ai été emprisonné pour avoir prétendument planifié une attaque contre Ovadia Yosef, le défunt parrain spirituel et fondateur du parti ultra-orthodoxe Shas.

J’ai nié les accusations portées contre moi et j’ai purgé la plus grande partie d’une peine de sept ans. J’ai été libéré en 2011 dans le cadre d’un accord d’échange de prisonniers.

Le ministre israélien de l’intérieur, Aryeh Deri, est l’actuel chef du parti Shas.

Transfert de population

Après avoir fait l’expérience de l’oppression et de la brutalité de l’occupation israélienne à un jeune âge, j’ai décidé de devenir un défenseur des droits de l’homme passionné.

Pour tenter de reprendre le contrôle de ma vie après plusieurs années de prison, je me suis inscrit à l’université, j’ai obtenu mon diplôme de droit et je me suis immédiatement inscrit à un programme de droits de l’homme pour ma maîtrise. C’est à cette époque que j’ai rencontré Elsa.

En 2015, Elsa et moi avons décidé de nous rendre en France pour rendre visite à sa famille avant la naissance de notre fils. Au retour d’Elsa, le 5 janvier 2016, elle a été détenue à l’aéroport Ben Gourion pendant deux jours et s’est vue finalement refuser l’entrée.

Elsa avait un visa d’un an qu’elle avait reçu dans le cadre de son travail au consulat français de Jérusalem, et était alors enceinte de sept mois. Malgré cela, elle a été détenue seule à l’aéroport, s’est vu refuser tout contact avec quiconque, n’a reçu aucune assistance médicale et a ensuite été renvoyée en France.

L’objectif d’Israël était de refuser à notre fils le droit de naître à Jérusalem et d’obtenir le statut de résident de Jérusalem.

L’expérience de ma famille n’est pas unique et mon cas n’est qu’un exemple de la pratique systématique d’Israël en matière de transfert de population et de manipulation démographique en Palestine, en particulier à Jérusalem.

Depuis 2018, suite aux amendements apportés à la loi sur l’entrée en Israël, le ministre de l’Intérieur israélien est habilité à révoquer la résidence des Palestiniens à Jérusalem pour « manquement à la loyauté envers Israël ».

Le concept même est ridicule. Comment peut-on attendre d’une population brutalement soumise et colonisée qu’elle prête serment de loyauté à son occupant ?

L’amendement et une série d’autres politiques israéliennes sont contraires au droit humanitaire international et visent à accélérer le retrait des Palestiniens de Jérusalem.

Israël a employé diverses stratégies pour imposer un ratio de 30:70 de Palestiniens par rapport aux Juifs israéliens dans la ville. Depuis 1967, il a révoqué la résidence de plus de 14 500 Palestiniens de Jérusalem, et des milliers d’autres font face à des défis quotidiens pour maintenir leur résidence et leur existence dans la ville.

Inaction

Il y a eu quelques dénonciations internationales de la politique israélienne de révocation de la résidence sur la base d’une « violation de la loyauté », y compris mon cas.

La France a répondu à l’annonce d’Israël qu’il allait révoquer ma résidence en déclarant que je « devrais pouvoir mener une vie normale à Jérusalem » avec ma femme et mon fils.

Israël a déjà révoqué de manière punitive le droit de résidence de plus de 13 Palestiniens de Jérusalem. Parmi eux, trois membres élus du Conseil législatif palestinien et l’ancien ministre de l’Autorité palestinienne chargé des affaires de Jérusalem.

La liste continuera de s’allonger à moins que la condamnation internationale ne s’accompagne d’une action face aux violations permanentes des droits des Palestiniens par Israël.

 

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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 06:26

 

Selon l’économiste, la crise sanitaire doit faire prendre conscience que les modèles d’un capitalisme financier mondialisé qui néglige les besoins essentiels et l’écologie « ne peuvent être poursuivis ». ENTRETIEN

Une deuxième vague frappe les pays européens, les contraignant à de nouvelles mesures limitant l’activité économique : cela signifie que cette crise laissera des traces durables ?

HENRI STERDYNIAK La seconde vague va accentuer l’effet de la première. Après la première vague, on pouvait penser que l’activité reprendrait très rapidement avec un retour à la normale de l’économie, mais cette deuxième vague, extrêmement forte, montre que la pandémie est là pour durer. Elle crée ainsi un effet d’incertitude beaucoup plus grand. Dans un certain nombre de secteurs, les chefs d’entreprise n’ont plus aucune perspective claire. D’un point de vue économique, c’est le pire scénario.

Icon QuoteLaisser l'économie au capital, en corrigeant avec un impôt sur les plus riches pour donner aux pauvres n'est pas suffisants.

Les pays ne sont pas touchés de la même manière, pourquoi ?

HENRI STERDYNIAK Les structures économiques et sociales des pays sont très différentes. Dans les pays asiatiques où il y a un très grand contrôle social et politique, comme en Chine, au Japon, en Corée du Sud ou au Vietnam, l’épidémie a été maîtrisée très rapidement. Aux États-Unis ou dans les pays émergents, les gouvernements ont sacrifié en quelque sorte la population à l’économie. Les pays européens ont essayé de concilier la santé de la population avec les libertés individuelles, avec des mesures relativement limitées qui se sont traduites par un échec. Mais il ne faut pas en tirer la conclusion que seul le contrôle social et politique permet de prendre des mesures importantes et efficaces…

D’un point de vue économique et social, les mesures sont-elles à la hauteur ?

HENRI STERDYNIAK Les gouvernements ont pris des mesures nécessaires, en oubliant les ménages les plus pauvres qui sont les victimes de la crise. Il y a actuellement trois visions du monde. Une vision chinoise, capable de planification à long terme, de mobiliser l’ensemble de la société vers de grands projets. Le modèle américain, où l’on fait confiance aux entreprises en oubliant complètement les contraintes écologiques, et en s’accommodant des inégalités sociales. Puis un modèle européen, avec des divergences de points de vue entre les pays, avec un grand nombre de contradictions. L’idée centrale est celle d’un capitalisme technologique vert, qui repose sur la croyance que les progrès technologiques et les entreprises innovantes permettront de s’affranchir des contraintes écologiques. C’est le cœur des plans de relance français et européen, sans mettre les fonds nécessaires et sans direction claire. L’Europe est un géant qui n’a pas la capacité d’agir.

Lire aussi : Eurogroupe. L'épidémie n'y change rien : l'austérité l'emporte sur la solidarité européenne

Vous envisagez deux sorties de crise possibles, l’une qui ne serait qu’un retour au monde d’avant, en pire. L’autre est beaucoup plus positive…

HENRI STERDYNIAK La crise de 2008 a révélé la fin de l’illusion d’un capitalisme financier de l’exubérance financière. La crise sanitaire doit faire prendre conscience que les modèles d’un capitalisme financier mondialisé où les grandes entreprises développent des besoins artificiels, modifient nos modes de production sans tenir compte des contraintes écologiques, en négligeant les besoins essentiels, en creusant les inégalités ne peuvent être poursuivis. Un producteur automobile ne devrait pas avoir le droit de mettre en production une voiture qui va très vite, une autre qui soit très lourde comme un SUV, sous prétexte que le taux de marge est plus grand. Idem pour une banque qui décide de se développer sur les marchés financiers plutôt que sur les crédits à ses petites entreprises clientes. Laisser l’économie au capital, en corrigeant avec un impôt sur les plus riches pour donner aux plus pauvres n’est pas suffisant. Il faut absolument contraindre les choix des entreprises. L’avenir n’est pas complètement désespéré, mais cela implique des choix politiques.

 

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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 06:25

 

 

Chute des effectifs, inégalités hommes-femmes, opacité à tous les étages… L’Humanité publie en exclusivité ce volet du rapport de l’Observatoire des multinationales, qui souligne la nécessité d’un contrôle démocratique des grandes entreprises.

C’est la partie immergée de l’iceberg, celle que les multinationales voudraient laisser sous la surface des flots. Lors de la présentation de leurs rapports annuels, elles communiquent volontiers sur leurs résultats financiers ou leurs engagements éthiques – désormais codifiés sous l’appellation fourre-tout de « responsabilité sociale et environnementale » (RSE). Pas sur l’étendue des destructions d’emplois ou le nombre d’accidents du travail. C’est pourtant cette réalité que s’attache à documenter l’Observatoire des multinationales, dans ce dernier chapitre de son rapport annuel.

1 Les dommages collatéraux de l’internationalisation

Plus de 4,8 millions de salariés travaillent, dans le monde, pour une entreprise du CAC 40. Ces chiffres de 2019 sont en hausse de 8 % par rapport à ceux de 2017. Pour autant, cette augmentation cache de grandes différences entre les groupes. Sur la première marche du podium, Teleperformance (331 065 salariés) et Carrefour (321 383 salariés) illustrent à eux seuls cette disparité. Car si le premier a vu ses effectifs monde augmenter en deux ans de plus de 128 %, le second affiche sur la même période, le record de destruction d’emplois (– 15 % d’effectifs). L’analyse plus fine de ces fluctuations amène en outre l’Observatoire des multinationales à conclure que « les fortes augmentations sur deux ans des effectifs sont souvent dues à des fusions plutôt qu’à de vraies créations de postes ». Et de citer : EssilorLuxottica, Safran-Zodiac ou encore Thales-Gemalto. En revanche, certains grands groupes sont « engagés dans une politique délibérée de réduction des effectifs comme Carrefour, Sanofi, la Société générale ou encore Orange ». Une liste qui fait tristement écho à l’actualité des plans de licenciement massifs annoncés ces dernières semaines dans les trois premières entreprises.

L’étude s’est également penchée sur la proportion des salariés du CAC 40 couverts par des accords collectifs et représentés par des élus du personnel. L’évolution de ce taux est révélatrice à plus d’un titre. D’abord parce que, globalement, il est à la baisse sur l’ensemble des 12 groupes qui publient leurs données, à la seule exception de STMicro en ce qui concerne la couverture de ses salariés par des accords collectifs, ainsi que de L’Oréal, Total et Bouygues sur le volet représentation des salariés. Chez Teleperformance, par exemple, seuls 20 % des salariés sont couverts par une convention collective. « On peut y voir un effet de la croissance de leurs effectifs dans des pays où les salariés sont moins bien protégés », analyse l’Observatoire. Preuve en est, le leader mondial des centres d’appels est sous le coup d’une plainte portée par le syndicat international UNI Global Union et trois organisations françaises (CGT, FO et CFDT) pour conditions de travail « choquantes et insalubres » dans 10 pays, dont la France, l’Albanie, la Grèce, la Colombie et les Philippines.

2 Une féminisation de façade

Depuis le débarquement d’Isabelle Kocher de la direction opérationnelle d’Engie, plus aucune femme ne dirige un groupe du CAC 40. Pourtant, « le CAC 40 communique beaucoup sur la cause féminine et l’égalité femmes-hommes ». Mais « si l’on regarde qui, concrètement, détient le pouvoir au sein des grands groupes, la réalité est encore éloignée de ces beaux discours », relève le rapport.

Certes, leurs conseils d’administration (CA) affichent, en moyenne, 43,4 % de femmes dans leurs effectifs. « Mais ce chiffre n’est atteint que parce que la loi les y oblige », temporise Sophie Binet, en charge de l’égalité femmes-hommes à la CGT. Promulguée en 2011, la loi dite Copé-Zimmermann impose en effet un quota minimal de 40 % de femmes dans les CA des grands groupes français. « On ne fait pas de l’égalité par le haut. Cette féminisation obligatoire ne doit pas cacher la réalité des temps partiels forcés et des inégalités salariales dont les femmes sont victimes », insiste la syndicaliste. Mais, à ce sujet, poursuit-elle « il est très difficile d’avoir des données fiables ». D’ailleurs, le rapport épingle la faible communication des grands groupes en la matière et rappelle que, s’il « existe depuis quelques années un index officiel de “l’égalité salariale”, il n’est pas toujours établi à l’échelle des groupes tout entiers (mais seulement de leurs filiales françaises). Surtout, il est structuré de telle sorte que les grandes firmes puissent facilement afficher des scores supérieurs à 80, voire à 90 sur 100 ». Pour certaines entreprises, ce « féminisme washing » tourne même parfois à l’argument commercial, « quand, comme L’Oréal par exemple, elles visent une clientèle féminine ».

Selon les chiffres de l’Observatoire des multinationales, si « en 2019, les femmes représentaient un peu plus de 38 % de l’effectif du CAC 40, 32,6 % de l’effectif cadre, elles n’étaient plus que 18,8 % dans les comités exécutifs ». En d’autres termes, le pouvoir de surveillance et de décision demeure à la main des hommes, à plus de 80 %. En outre, poursuit le rapport, « 5 groupes du CAC 40 n’ont encore aucune femme dans leur comité exécutif », dont Vivendi et EssilorLuxottica, qui « ont pourtant une majorité de femmes dans leur effectif global ».

3 Le trou noir des accidents du travail

Très prolixes en matière d’indicateurs financiers, les rapports annuels des entreprises sont beaucoup plus discrets quand il s’agit de santé au travail. L’Observatoire dévoile malgré tout les données existantes : « D’après les chiffres publiés, les activités du CAC 40 ont occasionné 55 décès accidentels au travail (ou sur le trajet pour s’y rendre) en 2019. Ce chiffre est particulièrement élevé chez ArcelorMittal (21 décès déclarés). Le groupe sidérurgique (1) est suivi par Saint-Gobain (5 décès déclarés), puis Total et Engie (4 décès chacun). Les chiffres manquent pour beaucoup de firmes de l’indice paris ien. »

Cette opacité peut s’expliquer tant par des soucis d’image de marque que par des impératifs financiers : plus le nombre d’accidents du travail augmente dans l’entreprise, plus son taux de cotisation à la branche AT/MP (accidents du travail/maladie professionnelle) de la Sécu augmente également.

L’Observatoire dévoile malgré tout des données concernant les taux de fréquence des accidents du travail (c’est-à-dire le nombre d’accidents avec arrêt par million d’heures travaillées) et leur taux de gravité (nombre de jours d’absence par millier d’heures travaillées). Sur les 13 entreprises répertoriées, Carrefour (1) se retrouve à la première place (avec un taux de fréquence de 22,75 et un taux de gravité de 0,7), suivi d’Hermès, Veolia et Teleperformance. Ces chiffres n’étonnent pas Frank Gaulin, délégué CGT Carrefour : « Les conditions de travail se sont considérablement dégradées dans le groupe depuis 2005, avec une réduction constante des effectifs. Dans la grande distribution, nous sommes confrontés à de multiples pathologies : syndrome du canal carpien (pour les caissières), nombreuses chutes et accidents avec les engins de manutention… »

(1) Les entreprises n’ont pas répondu à nos questions.

 

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 18:39
Suzanne Lanoy - Source: Lecteurs de L'Humanité - Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Suzanne Lanoy - Source: Lecteurs de L'Humanité - Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Portrait de résistante communiste:

11. Suzanne Lanoy, une enseignante en résistance

(100 ans d'engagements communistes)

Suzanne Lanoy, Suzanne Blin de son nom de jeune fille, naît à Bully-en-Gohelle le 8 juillet 1913.

Suzanne Blin était la fille d’un cheminot des mines, Paul Blin, et d’Hélène Demailly. Elève du cours complémentaire de Bully-les-Mines (Pas-de-Calais) de 1924 à 1929, elle fit de brillantes études à l’École normale d’institutrices d’Arras (Pas-de-Calais) où elle entra avec le numéro 1 en 1929. Admise en 4e année à l’ENI de Rennes (Ille-et-Vilaine), puis surveillante à l’ENI de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) où elle fut sanctionnée en 1935 (aucune trace ne figurait dans son dossier), elle fut reçue première au concours du professorat des écoles normales et des écoles normales supérieures en 1935. Institutrice stagiaire dans le Pas-de-Calais, à Fleurbaix puis au cours complémentaire d’Hesdin, elle exerça dans les ENI de La Roche-sur-Yon (Vendée) de 1935 à 1936 puis de Douai (Nord) de 1936 à 1940, date de la fermeture par le gouvernement de Vichy, des ENI considérées comme des foyers de laïcisme et de républicanisme. De 1940 à sa mort en 1944, elle enseigna à l’école primaire supérieure de Douai, rue Fortier. En mars 1940 à Douai, elle épousa René Lanoy un instituteur. Un garçon naquit en 1942.
En 1934, Suzanne Blin adhéra au Parti communiste et mit ses connaissances au service du mouvement ouvrier. De 1936 à 1939, elle donna des conférences à la Maison de la Culture à Lille, ainsi qu’aux militants ouvriers à Douai. En 1936, elle devint la secrétaire parlementaire du député-mineur de Douai, Henri Martel.

Dès l'automne 1940, un groupe d'instituteurs d'Arras décide de ne pas accepter la trahison et l'occupation allemande. Suzanne en fait partie, distribuant les journaux et tracts du Parti communiste, puis du Front National constitué en 1942. Elle appartient au Front National des instituteurs du Nord et du Pas-de-Calais. Leur publication prend le titre de "La Pensée libre". Suzanne est la rédactrice de ce journal destiné aux enseignants et aux intellectuels. À la fin de 1942, elle créa un nouveau journal du Front National : Vaincre.
La qualité du travail et les résultats obtenus firent désigner René Lanoy, en avril 1943, comme responsable départemental du Front National du Pas-de-Calais, responsabilité qu’il exerça jusqu’à la Libération sous le pseudonyme de « Gilbert ».

Après la répression des mineurs de charbon, une répression féroce s'abat sur le Nord et le Pas-de-Calais. Les arrestations se comptent par centaines. Le Front National du Pas-de-Calais est décapité. Tous ses membres sont arrêtés. La résistance se réorganise peu à peu. Au début de 1943, Suzanne Lanoy prend l'initiative de réunir à son domicile des professeurs et des instituteurs, tous illégaux. Suzanne qui a enseigné à l'Ecole normale d'instituteurs jusqu'à ce que Pétain décrète la fermeture de ces établissements se voit confier la responsabilité du groupe. Membre du PCF depuis 7 ans, elle a acquis un sens de l'organisation et du contact populaire. Elle exerce son métier de professeur au collège Marceline Desbordes-Valmore le jour. Les nuits sont en grande partie consacrées à l'action illégale. Avec René son mari, elle travaille à la réorganisation du Parti et des Comités de femmes. Ils reconstituent des comités du Front National dans le Douaisis et le Cambresis. Suzanne, fichée aux renseignements généraux, devient une cible prioritaire de la police. Elle est convoquée au commissariat une première fois, questionnée toute la journée, puis remise en liberté, faute d'éléments probants sur son travail illégale. Les Renseignements Généraux vont ensuite pister Suzanne avec la Gestapo. 

La police allemande eut vent de l’activité clandestine de René Lanoy ; elle perquisitionna à son domicile le 1er mars 1944 et découvrit un poste TSF et des documents ayant servi à la rédaction des journaux clandestins. Suzanne est arrêtée à son domicile à sept heures le matin, en l'absence de René. On trouve un poste de radio derrière un mur et des documents analysant la situation militaire dans le Nord et le Pas-de-Calais, ainsi que des sabotages effectués dans la région par les F.T.P.F.

Suzanne Blin-Lanoy fut conduite au siège de la police allemande, le Sichereitsdienst (service de sécurité SS), quai du Maréchal-Foch à Douai et y fut sauvagement torturée pendant cinq jours alors qu’elle était enceinte. Elle se suicida pour ne pas parler. Les SS menacent d'envoyer son enfant en Allemagne dans un orphelinat. La violence qui entoura son mort fut telle que les autorités allemandes tentèrent de le présenter aux membres de sa famille et aux responsables de l’administration française comme le fruit d’un suicide. A ses sœurs qui souhaitaient lui rendre visite le 7 mars 1944, les autorités allemandes font savoir qu’elle s’est pendue la veille. Les Allemands l’enterrèrent à la sauvette le lendemain au cimetière de Douai et laissèrent des agents sur place au cas où René Lanoy viendrait se recueillir sur la tombe. Quelques jours après, des résistants plantèrent une croix portant ces mots : « Suzanne Lanoy, héroïne de la résistance morte pour la France le 6 mars 1944 ». René Lanoy, prévenu, évita l’arrestation à son domicile. Peu de temps après, un commandant FTP abattit le tortionnaire de Suzanne Lanoy.
Un vibrant hommage lui fut rendu dans la Pensée française d’avril-mai 1944.
René Lanoy trouva la mort dans un accident de voiture à la mi-décembre 1944. Il allait être nommé préfet du Pas-de-Calais.

Source:

Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Odette Hardy-Hémery, Michel Rousseau (Maitron)

SOURCES : Arch. Nat., F17/23612 B. —RGASPI, Moscou, 495 270 8480.— Jean Estager, Ami, entends-tu. La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Messidor-Éditions sociales, 1986. — Catherine-Astol, Le genre de la Résistance, la Résistance féminine dans le Nord de la France, Sciences Po les Presses, Paris 2015.p317à 319. — Notes de Jacques Girault

lire aussi:

Portrait de résistante communiste - 10. Olga Bancic, héroïne de la résistance FTP-MOI parisienne (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste: 9. Renée Losq, une grande dame de la résistance nantaise (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 8. Marie Louise Kergourlay Résistante de Guingamp à Paris (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 7. Yvonne Abbas (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 6. Hélène Le Chevalier, résistante costarmoricaine et militante du secours populaire clandestin (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 5. Jacqueline Lautier dite Ginette (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste : 4 - Marie-Claude Vaillant-Couturier (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 3 - Maï Politzer 1915-1943 (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste: 2 - Madeleine Braun, cofondatrice du Front National, première femme vice-présidente de l'Assemblée Nationale (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - France Bloch-Sérazin, Chimiste de la résistance armée, 1913-1943 (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste: 11. Suzanne Lanoy, une enseignante en résistance (100 ans d'engagements communistes)
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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 14:53
Le 21 juillet 1945 (archives municipales de Morlaix) -Photo transmise par Anne Cousin

Le 21 juillet 1945 (archives municipales de Morlaix) -Photo transmise par Anne Cousin

Le 21 juillet 1945 (archives municipales de Morlaix)

Le 21 juillet 1945 (archives municipales de Morlaix)

Le 21 juillet 1945 (archives municipales de Morlaix)

Le 21 juillet 1945 (archives municipales de Morlaix)

Source:

Site des bibliothèques de la ville de Morlaix

http://bibliotheques.ville.morlaix.fr/154-de-gaulle-a-morlaix:

 

"À midi quinze, sous un soleil éclatant, alors que les cloches sonnent à toute volée, le général de Gaulle arrive à l’Hôtel de Ville, sous les applaudissements". L’article du Télégramme du 9 septembre 1960 relate la venue du chef de l’État dans la cité du viaduc la veille.

"Follement acclamé", le général de Gaulle descend de sa voiture rue d’Aiguillon, face au café "Le Celtique" où il est accueilli par le Dr Jean Le Duc, maire de Morlaix, résistant. Après avoir salué les personnalités et la foule, le président de la République monte à la tribune pour une brève allocution. Après un déjeuner "intime" dans la salle des mariages, le cortège reprend la route pour Lannion.

Pour ces quelques heures de présence "gaullienne", la ville s’est pavoisée aux couleurs françaises, les fenêtres bordant le passage du convoi présidentiel regorgent de spectateurs enthousiastes. Les pompiers ont même dû intervenir pour faire évacuer du toit d’une maison de la place des Otages de nombreuses personnes imprudentes qui s’y sont placées pour mieux voir. La place des Otages est noire de monde.

Ce n’est pas la première fois que le général de Gaulle honore de sa présence la ville de Morlaix. Les archives municipales conservent sous la cote 21 Fi 3 treize photographies illustrant la venue du président du gouvernement provisoire de la République française (G.P.R.F.) le 21 juillet 1945.

Dans le Télégramme du jeudi 19 juillet, le maire, Jules Hyppolite Masson, est convaincu que "toute la population veillera à ce que la cité ait, ce jour-là, une physionomie particulièrement avenante. Toutes et tous auront à cœur d’accueillir dans l’ordre et l’enthousiasme le grand Citoyen…". À l’hôtel de ville, les plaques du souvenir sont décorées et fleuries. Au premier étage, des parterres fleuris sont disposés "avec goût par les ouvriers de la ville". Sur la façade de la mairie, une grande croix de Lorraine est installée. À l’entrée de la ville, rue de Paris, M. Gouriou, architecte de la ville, fait dresser deux grandes colonnes qui "montreront au chef du G.P.R.F. combien la population morlaisienne est sensible à l’honneur qu’il lui fait de venir lui rendre visite".

Enfin le grand jour arrive. "Jamais Morlaix ne vit foule si dense et si enthousiaste". Dès 9h du matin, une population nombreuse parcourt les rues de la ville. Le cortège présidentiel arrive de Saint-Brieuc vers 11h45 et s’arrête place des Jacobins. Le Général descend de son auto pour se rendre à pied à la mairie où se trouvent réunis la Lyre morlaisienne – société musicale – et les délégations des sociétés patriotiques. Tandis que les cloches des églises résonnent, la sonnerie "Aux champs" et "La Marseillaise" retentissent. Une jeune fille, Mlle Normand, offre un bouquet de fleurs au Général. Le chef du gouvernement provisoire dépose ensuite une gerbe devant la plaque du souvenir. Une minute de silence est observée tandis que la Lyre exécute la sonnerie "Aux morts". Les autorités civiles, militaires et religieuses et notamment les 60 maires de l’arrondissement sont présentés au Général dans la salle des mariages. Du balcon M. Masson puis le général de Gaulle prononcent des discours.

À midi 30, le Général sort de l’Hôtel de Ville. Il passe devant la foule, fait le tour de la place Thiers et de la place Émile-Souvestre. Rue d’Aiguillon, il fait enlever la corde du barrage pour se mêler au public qui l’acclame. Un déjeuner rapide pour 90 couverts est servi à l’Hôtel de l’Europe par M. Pichon.

Le Général quitte Morlaix à 13h33 pour Brest "follement applaudi". "Ainsi prend fin une cérémonie qui marquera dans l’histoire de Morlaix". Une cérémonie rondement menée, et chronométrée, de moins de 2h…

 

 Archives municipales de Morlaix

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 12:02
La ville de Morlaix vue du ciel (photo Valérie Scattolin)

La ville de Morlaix vue du ciel (photo Valérie Scattolin)

Le prochain conseil municipal de Morlaix aura lieu le jeudi 12 novembre à 18h30 en viséo-conférence par mesure de précaution sanitaire. Ce conseil municipal intermédiaire sera moins dense que celui prévu en décembre. Le vote du budget n'interviendra que fin mars, avec un débat d'orientation budgétaire en février normalement, pour permettre de mettre en place un plan pluriannuel d'investissement et faire en sorte de bonifier les partenariats avec l’État, Morlaix Communauté, en tenant compte des soutiens à l'investissement dans notre projection budgétaire et nos arbitrages.

A l'ordre du jour:

- Achat de 5 000 masques en tissu et de 20 000 masques chirurgicaux de type IIR (0,16 centimes HT l'unité) dans un groupement de commandes avec Morlaix-Communauté

- Convention pour la mise à disposition des bâtiments communaux pour les associations

- Modifications marginales, liées au nouveau décret du 4 juin 2020, sur les frais de remboursement des frais de mission aux agents en déplacement dans le cadre de leur service ou de leur restauration (on passe au réel pour les frais de restauration)

- Modifications marginales sur le remboursement de frais aux élus dans le cadre de leurs fonctions et du droit à la formation (extension aux droits de garde d'enfants et d'assistance aux personnes âgées ou handicapées)

- Tableau des effectifs: Titularisation de 5 ATSEM, passage de 90% à 100% de temps de travail d'un agent du service économat, création de deux postes pour la plateforme culturelle du 9 rue de Paris, La Virgule: un poste de médiateur culturel, catégorie B ou C, un poste d'agent d'accueil, catégorie C

- Autorisation de recours au service civique pour la Mairie de Morlaix (demande d'agrément pour devenir organisme employeur)

- Plan de formation 2020 pour les agents

- Rétrocession par la société d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) Bretagne d'un terrain agricole à Ploujean

- Cession d'un immeuble d'habitation, hérité dans le cadre du legs de Madame Mariage, à Plougonven: 127 000€ (sans frais de notaire)

- Acquisition de terrain à Keranroux à Ploujean pour les travaux de sécurisation de l'école Notre-Dame-de-Ploujean dans le cadre des travaux d'aménagement du carrefour à l'entrée de Ploujean (intersection rue des Perdrix et de la rue de la Maison de paille)

- Acquisition d'une propriété 5 impasse de Kermahotou 

- Subventions pour le fonds d'intervention pour l'habitat

- Subventions pour le fonds de modernisation des enseignes et façades commerciales

M. Le Maire, Jean-Paul Vermot, fera aussi un point d'information sur les mesures prises dans le cadre du deuxième confinement face à la crise sanitaire: pour les agents de la ville de Morlaix, les écoles, le soutien au commerce, etc.

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 11:19
Baromètre IPSOS/Secours Populaire  - La pauvreté augmente là où la fortune des milliardaires a connu une hausse de 24% entre avril et juillet 2020

Baromètre IPSOS/Secours Populaire

Le baromètre IPOS/ Secours populaire publié le 30/09/2020 établit que les français estiment qu’une personne seule est pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 1228€. Il s’agit du seuil de pauvreté subjectif moyen qui est supérieur au SMIC mensuel 2020 (1219€) et au seuil de pauvreté officiel INSEE (1063€).

Ce même rapport indique que 64% des français les plus modestes se restreignent sur la qualité de leur alimentation pour des raisons financières.

81% des français estiment que leurs enfants ont plus de risques de connaître la pauvreté et la peur de basculer soi-même dans la pauvreté est en hausse de 3 points sur un an.

La crise sanitaire entraîne une perte de revenus importante dans 16% des cas.

57% des français ne sont pas partis en vacances l’été 2020 pour raisons financières.

44% des parents estiment que leurs enfants accusent un retard scolaire important et sera d’autant plus difficile à rattraper que la situation sociale est délicate.

Pendant les deux premiers mois de confinement 1270 000 personnes ont sollicité l’aide du Secours Populaires. 45% de ces personnes étaient inconnues du Secours Populaire jusque-là.

Tout le monde ne vit pas la crise de cette façon tragique :

En 2017 le monde comptait 2158 milliardaires en dollars, en 2020 ils sont 31 de plus pour atteindre 2189. La fortune de ces milliardaires a connu une hausse de leur richesse de 24% entre avril et juillet 2020 pour constituer un total de 10200 milliards de dollars.

Les 25 plus riches ont vu leur richesse augmenter de 255 milliards de dollars entre mi-mars et fin mai 2020.

Le contraste est saisissant : ceux qui sont déjà riches s’enrichissent quand les pauvres s’appauvrissent. Les entreprises licencient à tour de bras pendant que les actionnaires continueront de percevoir leurs dividendes auprès de nombreuses sociétés, démontant ainsi que la financiarisation de l’économie phagocyte l’économie réelle au profit de quelques-uns.

Comment, dans ce contexte, comprendre et accepter que le gouvernement continue de verser des aides diverses et variées à des entreprises sans exiger la moindre contrepartie en terme d’emplois, de formation ou d’investissement ?

Sans une inflexion radicale de ces politiques, ceux qui vont payer la facture de la crise sanitaire sont ceux qui n’en peuvent déjà plus, les premiers de corvée. Vont-ils se laisser faire ? les ingrédients d’une explosion sociale sont déjà réunis.

Ronan Tanguy, trésorier de la fédération du Finistère du Parti communiste - Section PCF du Relecq-Kerhuon, 9 novembre 2020 

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 10:59

Le conseil de communauté du lundi 9 novembre 2020 a eu lieu pour la première fois en viséo-conférence en raison du contexte sanitaire. C'était un contexte de communauté dense et important qui a duré 3h20.

Il a examiné un certain de nombre de rapports:

- sur le prix et la qualité du service Collecte et valorisation des déchets

- Sotraval (traitement des déchets ordures ménagères et emballages ménagers)

- Eau et assainissement, rapports annuels 2019 des délégataires

Taux de rendement de 75% très faible pour notre réseau eau.

"Le bilan du service eau et assainissement a été tiré lors du conseil communautaire de Morlaix communauté (Finistère), lundi 9 novembre 2020. Le taux de rendement est de 75 %, ce qui est très faible.

« On perd un million de m³ d’eau par an », constate Guy Pennec. Le vice-président chargé de l’eau à Morlaix communauté tire le bilan du service, ce lundi 9 novembre 2020, au conseil communautaire de Morlaix communauté (Finistère). Il n’est guère brillant. « Nous avons un taux de rendement de 75 %. C’est très faible », poursuit l’élu.

En cause ? Un réseau plutôt vieillissant, qu’il faut impérativement refaire. « Les tuyaux PVC ont fait nos années pendant longtemps. Sauf qu’aujourd’hui, la réglementation nous rattrape. » Un sujet brûlant, alors que la ressource n’est pas insatiable.

Une qualité satisfaisante

L’objectif, à terme ? Obtenir un taux de « 1,2 % de renouvellement, ce qui nous amènerait à 120 ans de renouvellement sur le réseau ». En revanche, un point positif a été soulevé : cela concerne la qualité. Les analyses bio sont satisfaisantes à 80 % sur l’ensemble du réseau". (Ouest-France)

- le rapport sur l'assainissement individuel et collectif du SPANC - année 2019

- le bilan 2019 des Aides économiques: Total de 275 563€ en 2019

 Aide à l'immobilier d'entreprises: 189 089€ dont 109 080€ pou Viséo SA (installation rue du Poulfanc à Morlaix à la place du bâtiment Orange

Passe commerce artisanat: 19 bénéficiaires, dont 8 à Morlaix, pour un total de 119 822€

Aide aux associations: 17 900€

Projet labellisé par les pôles de compétitivité: 10 760€ pour Hémarina (HemDental Care)

- Rapport d'activité 2019 pour la délégation de service public pour l'exploitation du réseau de transports collectifs, rapport présenté, avec les enjeux du transport en commun et de la mobilité, par Roger Héré, vice-président transport et mobilités, premier adjoint à Plouigneau:

Les données de l'activité:  près de 1 623 064 km réalisés en 2019, avec 69% des kms effectués sur le réseau péri-urbain (lignes régulières et Morlaix), 31% sur le réseau urbain

Progression de 15% du nombre de voyages par rapport à 2018

9,80 % des voyages réalisés avec des titres oblitérables

2586 voyages réalisés pour le service Flexo PMR (légère baisse p/t à 2018) 

Fréquentation des lignes de transport à la demande + 20% entre 2018 et 2019

Données économiques et financières:

Charges commerciales de 5,675 092€

Charges de personnel 21,66% des charges totales

Charges de sous-traitance (transport scolaire, etc): 49% des charges totales

Charges externes (assurance, charges de personnel intérimaire, personnel mis à disposition, publicités, etc): 597 004€

Charges liés au groupe Kéolis: 217 814€

Charges fiscales; 104 235€

Kéolis fait apparaître un résultat d'exploitation de la DSP positif de 295 000€ avant imppôt.

Pour ce qui est des recettes, les recettes liées aux ventes de titre représentent 710 205€ (la part du ticket unitaire représente 23,42€ des recettes totales, soit 164 193€, 390 259€ pour les abonnements scolaires) tandis que la participation de Morlaix Communauté au déficit structurel d'exploitation du réseau de transports est de 4,871 000€. 

La recette vente de titre moyenne par voyage est de 0,26€

Et le taux de couverture des produits (recette usagers + autres recettes) sur les charges d'exploitation est de 15,2%

Au regard de l'exonération de Versement Transport pour les entreprises impactées par le Covid, Morlaix Communauté rajoute en 2020 294 854€ au budget transport en compensation de ces pertes de versement transport.  Premièrement : la taxe prélevée aux entreprises de plus de onze salariés – le montant correspond à 1 % de sa masse salariale – Versement Mobilités. Cette dernière n’a pu être reversée en mars-avril 2020, date du premier confinement, car la plupart de ces entreprises n’avaient plus d’activités et étaient fermées. « Cela représente 294 854 €. Une subvention exceptionnelle a été ajoutée en fonctionnement dans le budget transport », rappelle François Girotto. (Ouest-France)

- Rapport d'activité de la concession de la CCI sur le Port de Morlaix: un résultat déficitaire établi à 58 933€ en 2019 ( déficit de 43 765€ en 2018)

- Bilan de réalisation du Programme local de l'habitat pour 2019

 

***

Des décisions importantes ont été prises lors de ce conseil communautaire du 9 novembre:

- Présenté par la Vice-Présidente Personnels de Morlaix-Communauté Catherine Tréanton, le versement d'une prime COVID pour les personnels qui ont été mobilisés sur le terrain pendant le 1er confinement afin de reconnaître la prise de risque de ces agents: 35€ par jour travaillé; Ou 15€/jour pour les agents venus sur leur lieu de travail à la demande de la collectivité pendant le 1er confinement (travail de bureau). Coûts estimatifs pour Morlaix-Communauté: 35 200€ et 37 500€, soit un total estimatif de 72 700€ pour le versement de ces primes pour le travail en mars et avril 2020 pendant le premier confinement. 

- Plan de financement prévisionnel de 1, 099 million d'euros HT pour l'Espace Jeunes Entreprises (espace de coworking, bureaux individuels et collectifs, sur 900 m2 rue du Poulfanc dans le quartier de la gare à Morlaix dans l'ancien bâtiment Orange aujourd'hui partagé par le groupe d'économie numérique Viséo)

- Une demande de financement de 667 596€ de l'Etat dans le cadre de la DSIL, 200 000€ pour la Région, 216 846€ pour Morlaix-Communauté pour aménager en complément du projet SE/cW et du Centre de culture Scientifique, technique et industriel (dit Espace des Sciences) pour le jardin de la manufacture, l'aménagement de la Galerie du Leon à la Manufacture, la cour des Magasins et la Cour des Jardins.

- Simplification de la procédure d'attribution des marchés publics pour gagner du temps sur les attributions de chantiers et pouvoir faire travailler plus vite les entreprises

- Création de poste de Direction Général Adjoint ressources (il y avait déjà un poste de DGA, mais vacant) pour piloter les activités Ressource (Finances, Ressources Humaines, Commande Publique, Systèmes d'information et usages numériques, Travaux et Patrimoine immobilier)

- Baisse des revenus de l'espace aquatique de Morlaix (sur Saint Fiacre Plourin-les-Morlaix). Comblement du déficit par Morlaix Communauté en décision budgétaire modificative. Les revenus générés par l’Espace aquatique du pays de Morlaix. Le premier confinement lui a fait perdre une exploitation importante. « Une subvention exceptionnelle de 200 000 € sera versée. »

- Entrée au capital d'une société coopérative de production de masques à Guingamp, Scic "La Coop des Masques" pour 5000€

- Signature de la Convention avec le Département du Finistère pour le développement des clauses d'insertion dans les Marchés Publics

- Soutien à la prolongation de l'expérimentation Territoire Zéro chômage de longue durée à Saint-Thégonnec-Loc-Eguiner avec une volonté affirmée par Guy Pennec et Jean-Paul Vermot d'étendre cette expérimentation pour laquelle Saint-Thégonnec-Loc Eguiner joue un rôle de fer de lance dans la région à l'ensemble du territoire de Morlaix Communauté. 

- Subventions complémentaires au centre social Ti an Oll (coordination actions pour l'accès aux enfants porteurs de handicap à des loisirs éducatifs) pour 3500€ et à l'ULAMIR pour 2500€.

Au sujet de cette délibération Cohésion Sociale, je suis intervenu (2h02- 2h08) du conseil communautaire pour plaider pour une reconduction de l'aide délivrée en 2019 (6300€) aux Utopistes en action pour la maison d'accueil de l'Ecole Alternative des Monts d'Arrée, aide qui n'avait toujours pas été versée en 2020 et qui permet de financer le loyer de cette maison pour des jeunes migrants au Cloître Saint Thégonnec et ses charges fixes (électricité - chauffage). Une viséo-conférence avait lieu le lendemain avec les Utopistes en action qui  permis d'avoir des échanges encourageants.

Jean-Paul Vermot, le président de Morlaix-Communauté a aussi annoncé en fin de conseil un soutien complémentaire de 300 000€ au commerce local sous forme de chèques d'achat bonifiés pour doper la consommation locale au sortir du confinement, pour un effet levier d'environ 900 000€ (avec aide départementale et régionale) pour favoriser la consommation dans les commerces locaux. Sachant que Morlaix-Communauté accompagne aussi les commerçants pour le click en collect, la prise en charge des outils numériques. 

Ismaël Dupont, 11 novembre 2020

 

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