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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 07:08
Jaurès, débat à l'Assemblée Nationale avec Clémenceau en 1906: la question de la violence des travailleurs en colère et de la violence capitaliste ordinaire

1906, débat à la chambre avec Clémenceau -

Jaurès:

«  La violence (…) est chose visible, palpable, saisissable chez les ouvriers : Un geste de menace, il est vu, il est noté. Un acte de brutalité, il est vu, il est retenu. Une démarche d'intimidation est saisie, constatée, traînée devant les juges (…) Le patronat n'a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l'intimité d'un conseil d'administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers, ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l'universelle vindicte patronale. Cela ne fait pas de bruit ; c'est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l'homme palpitant et criant, la machine ne grince pas et c'est en silence qu'elle broie ».

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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 06:51
69 ans de la mort d'Ambroise Croizat - les députés communistes célèbrent le père de la Sécurité sociale et du système des retraites par répartition
Assemblée nationale. Ambroise Croizat, un puissant antidote au macronisme
Mercredi, 12 Février, 2020 - L'Humanité

Hier, les députés PCF lui ont rendu hommage, en rappelant la modernité de son œuvre, que le chef de l’état entend détruire.

A u milieu d’une salle de l’Assemblée nationale, Pierre Caillaud-Croizat sourit doucement depuis de longues minutes. Entouré de députés communistes, il se déclare « heureux d’être parmi ceux qui défendent le nom et l’œuvre de Croizat aujourd’hui ». En ce 11 février 2020, cela fait 69 ans jour pour jour que son grand-père Ambroise Croizat est décédé. « Lui rendre hommage ici au moment où le gouvernement veut détruire les retraites, contre l’avis des Français, nous semblait évident », indique André Chassaigne. Aux côtés du président du groupe GDR, Fabien Roussel honore la mémoire de celui qui fut ministre communiste du Travail de 1945 à 1947, bâtisseur de la Sécurité sociale et cheville ouvrière de la généralisation des retraites pour les Français. « Croizat a montré qu’il était possible de mener de grandes réformes dans ce pays, de belles réformes de progrès acceptées par la quasi-unanimité des Français, car véritablement dédiées à l’intérêt général », souligne le secrétaire national du PCF. « Quand on a un ministre qui vient du PCF et de la CGT, ça aide », ajoute-t-il, avant de rappeler que l’œuvre de Croizat peut être renforcée : « Notre pays est beaucoup plus riche aujourd’hui qu’en 1946. Il est possible d’aller encore plus loin. »

« Avant la Sécu, les Français vivaient dans la terreur de la maladie...»

Tel n’est pas le projet de Macron, qui veut en substance détruire la Sécu et vendre les retraites des Français. « Voir des députés LaREM brandir Croizat comme référence est scandaleux car leur projet est diamétralement opposé. Ils veulent la casse des retraites et la casse de nos garanties collectives », s’indigne au passage Frédéric Sanchez, secrétaire général de la fédération CGT métallurgie. Un poste autrefois occupé par Croizat, avant qu’il ne participe à la rédaction du programme du Conseil national de la Résistance et n’entre au gouvernement à la Libération. « Avant la Sécu, les Français vivaient dans la terreur de la maladie et de l’accident de travail, car, dès qu’ils étaient souffrants, non seulement ils n’étaient plus payés car ils ne pouvaient plus travailler, mais ils devaient en plus payer des sommes considérables pour se soigner, s’ils avaient une appendicite par exemple », raconte l’historien Michel Etiévent.

Croizat va réussir à conjurer cette « angoisse du lendemain » en bâtissant la Sécu avec les Français et les militants CGT. « Il a annoncé dans l’Hémicycle que les retraites ne devaient plus être l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie, et c’est ce qui a été mis en place », apprécie Michel Etiévent, également biographe de Croizat. « Il a bâti la cotisation sociale, où chacun participe selon ses moyens et reçoit selon ses besoins, en socialisant les richesses créées », insiste Bernard Lamirand. Le président du Comité d’honneur Ambroise-Croizat raconte que le projet est né en 1936, quand Croizat, député du Front populaire et syndicaliste, a vu les adhésions à la CGT augmenter considérablement : « Avec tout l’argent récolté, il a appelé les fédérations à créer une maternité, une mutuelle, un centre de vacances… Il imaginait déjà une Sécu étendue à tous les Français. »

Et voulait aligner toutes les retraites vers le haut, « au lieu de niveler vers le bas les pensions comme l’entend Macron », insiste Pierre Caillaud-Croizat. « Nous ne manquerons pas de le rappeler et de défendre son œuvre lors des débats », conclut Fabien Roussel. Juste avant, André Chassaigne proposait d’accoler une plaque sur la place occupée par Croizat dans l’Hémicycle. « Cinquième travée, place 3 ! » a répondu Michel Etiévent en un éclair.

69 ans de la mort d'Ambroise Croizat - les députés communistes célèbrent le père de la Sécurité sociale et du système des retraites par répartition
Le rêve de Croizat, un cauchemar pour Macron
Mardi, 11 Février, 2020

L’œuvre du bâtisseur de la Sécu et du droit à la retraite est menacée. Son rôle en tant que ministre du Travail est même relativisé. Son apport reste indéniablement considérable devant l’histoire et porteur d’avenir.

 

Il s’agit du plus grand ministre du Travail que la France ait connu. Plus encore : du « seul ministre des travailleurs » de notre histoire. De qui s’agit-il ? Ambroise Croizat, bien sûr, ministre communiste du Travail de 1945 à 1947, dont le nom revient dans le débat public. Rien de plus normal, tant le projet du bâtisseur de la Sécurité sociale et du droit à la retraite est indémodable. Mais son œuvre est menacée par la réforme des retraites de Macron, qui tente parfois de gommer la figure même de Croizat. À entendre ses ministres, le communiste n’a rien fait. Les retraites et la Sécurité sociale ne seraient l’œuvre que des seuls gaullistes Pierre Laroque et Alexandre Parodi. Même l’ancien ministre PS du Travail François Rebsamen s’est converti à cette version erronée de l’histoire, en lançant mi-ignare, mi-suffisant, que « celui qui a marqué » son ministère en 1945, « c’est le général de Gaulle ». 

 

Pour leur répondre, citons Pierre Laroque lui-même. « Il faut dire l’appui irremplaçable d’Ambroise Croizat » dans la création de la Sécu, insistait en son temps le haut fonctionnaire. « C’est fou. La loi instaurant la Sécu, on ne l’appelle pas loi Croizat alors qu’il faudrait. Et on cite à sa place Laroque, qui a participé à la rédiger. Imagine-t-on faire de même pour la loi sur l’IVG, en retirant le nom de Simone Veil et en l’attribuant à son directeur de cabinet ? » interroge en souriant l’historien Michel Étiévent. Et le biographe de rappeler le formidable parcours de celui qui est né en 1901 en Savoie. Ouvrier métallo dès 13 ans, Croizat devient plus tard secrétaire général de la métallurgie CGT. Membre du PCF dès 1920, il est élu député du Front populaire en 1936. « Son apport est considérable lors des accords de Matignon, qui instaurent les congés payés et la semaine de 40 heures. Il est l’auteur de la loi sur les conventions collectives, primordiales car le droit oral et divin du patron est remplacé par une convention écrite établie par les salariés », insiste Étiévent. Ceux qui prennent de haut Croizat peuvent commencer à pâlir.

Le syndicaliste participe au programme du CNR

Ils n’ont pas terminé. En 1943, Croizat est nommé par la CGT à la commission consultative du gouvernement provisoire, autour du général de Gaulle. Il participe à la rédaction du programme du Conseil national de la Résistance (CNR), et y inscrit l’objectif de création de la Sécu. « Nous, combattants de l’ombre, exigeons la mise en place d’un plan complet de Sécurité sociale vivant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail avec gestion par les intéressés et l’État », écrivent les résistants. À la Libération, Croizat devient ministre du Travail.

« La Sécu n’est pas tombée du ciel et n’est pas l’œuvre d’un beau général. C’est le résultat d’un combat pour la dignité qui vient du fond des siècles et s’enracine alors. En 1945, le rapport de forces est clair : le PCF fait 29 % des voix, il y a 5 millions d’adhérents à la CGT, une classe ouvrière grandie par la Résistance et un patronat mouillé dans la collaboration », tranche Étiévent. Le pays est à reconstruire, mais il est fort d’esprits soudés. Croizat entend briser « l’angoisse du lendemain, de la maladie ou de l’accident de travail, en cotisant selon ses moyens et en recevant selon ses besoins ». Concernant les retraites, il martèle : elles ne doivent plus être « l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie ».
 

 

 

Aidé par une foule de citoyens et de militants CGT sur le terrain, il généralise la retraite pour tous les Français et double les montants. « On doit également à ce combat des prestations familiales uniques au monde, les comités d’entreprise, la médecine du travail, la reconnaissance des maladies professionnelles, la prime prénatale et plus encore… » pointe l’historien. Un tournant révolutionnaire, d’autant plus que, avec la Sécu, « les travailleurs s’emparent d’une grande partie du capital en le socialisant et en l’orientant uniquement vers le bien-être », apprécie Étiévent. Ce qui ne s’est pas fait sans l’opposition de la droite. De Gaulle, d’ailleurs, découpe la Sécu en tranches dès qu’il reprend la main en 1967 et instaure le paritarisme : la gestion à 75 % pour les salariés et 25 % pour le patronat passe à 50-50.

Tout cela est bien souvent ignoré au sommet. Et parfois plus. Croizat n’est entré qu’en 2012 dans le Larousse… Les ministres sont néanmoins capables de se rappeler à son bon souvenir en le détournant, quand cela les arrange. Ils ont plusieurs fois osé affirmer vouloir achever le « rêve » de Croizat, qui espérait créer un régime « universel ». « Il y avait 1 093 caisses d’assurance privées et des inégalités insupportables. Croizat a voulu les regrouper dans un seul régime général, avec l’idée de tout aligner sur les plus hauts conquis sociaux, notamment ceux de la SNCF. Tout l’inverse de ce que propose le gouvernement, qui veut tout aligner vers le bas et baisser les pensions », s’indigne Étiévent. Détruire le rêve de Croizat, plutôt que l’accomplir en somme, en transformant la Sécu en coquille vide et en livrant nos vies aux fonds privés. « Croizat est parvenu à couvrir tous les Français de façon digne, avec 138 caisses de Sécu et 113 caisses d’allocations familiales. Avant lui, sur 7 millions de salariés, 5 millions n’avaient aucune protection sociale. On vivait dans la terreur de la maladie. C’est ce qu’il faut retenir », ajoute le biographe.

Un progrès immense que Croizat savait en danger. « Ne parlez pas d’acquis sociaux, mais de conquis sociaux, parce que le patronat ne désarme jamais », prévenait-il

 
Aurélien Soucheyre
Ambroise Croizat (au centre) à la sortie du Conseil des ministres, en juillet 1946. Mémoires d’Humanité/Archives départementales de la Seine-Saint-Denis - L'Humanité, 11 février 2020

Ambroise Croizat (au centre) à la sortie du Conseil des ministres, en juillet 1946. Mémoires d’Humanité/Archives départementales de la Seine-Saint-Denis - L'Humanité, 11 février 2020

Pierre Caillaud-Croizat : « Dire qu’il n’aurait joué aucun rôle, c’est du révisionnisme »
Mardi, 11 Février, 2020

Le petit-fils du ministre communiste du Travail rappelle l’action décisive de son grand-père dans la mise en place de la Sécurité sociale. Il analyse le projet de casse des retraites. Entretien.
 

 

Pierre Caillaud-Croizat. Petit-fils d’Ambroise Croizat

Comment réagissez-vous à l’usage qui est fait par le gouvernement du nom de votre grand-père ?

Pierre Caillaud-Croizat J’ai un devoir en tant que représentant familial de veiller à ce que l’héritage de Croizat ne soit pas galvaudé et que son nom ne soit pas sali. Je salue tous les militants communistes, de la CGT, élus et anonymes qui n’ont de cesse de rappeler son souvenir.

Certains, à droite, tentent de minimiser le rôle d’Ambroise Croizat. Quel a-t-il été concrètement ?

Pierre Caillaud-Croizat Quand on l’interrogeait sur son rôle dans la mise en place de la Sécurité sociale, il répondait : « C’est une loi qui a une portée si étendue qu’on ne peut pas l’attribuer à une seule personne. » Chacun a joué sa partition. Le rôle de De Gaulle est d’avoir fait paraître les ordonnances d’octobre 1945, d’avoir nommé Croizat ministre du Travail en novembre de la même année. Mais dans la construction elle-même de la Sécurité sociale, de Gaulle n’a joué aucun rôle. Pierre Laroque était un haut fonctionnaire du ministère du Travail à qui on confiait des missions, c’était un homme qui pouvait mettre en mouvement toute une administration. Il a pu proposer des équilibres de financement, mais en ce qui concerne la hauteur et la qualité de la prise en charge des personnes, ce n’était pas lui qui prenait les décisions. Ambroise Croizat est celui qui a bâti la Sécurité sociale, qui a défendu la loi à l’Assemblée nationale, qui a affronté les oppositions, notamment dans l’Hémicycle. Affirmer qu’il n’aurait joué aucun rôle, j’assimile cela à du révisionnisme.

Quel est pour vous l’héritage de votre grand-père ?

Pierre Caillaud-Croizat C’est un héritage qui est complètement occulté. Jack Ralite, qui fut ministre de la Santé, m’a dit cette chose extraordinaire : « Ce qui a marqué socialement le XIX e  siècle, c’est le nom de Jules Ferry et l’accès à l’éducation, quand les historiens prendront du recul, on regardera le XX e   siècle comme un temps marqué socialement par le nom d’Ambroise Croizat et la mise en place d’un système de prise en charge de la santé publique. »

Que pensez-vous du projet de réforme des retraites du gouvernement ?

Pierre Caillaud-Croizat C’est une opération de nivellement des pensions vers le bas qui conduit les personnes à souscrire à des assurances privées si elles veulent garder un niveau correct de pension. C’est l’ouverture à la capitalisation qui est en jeu, où déjà les assureurs se positionnent sur ce marché juteux à venir, dans la captation de parts de marché.

Entretien réalisé par Sabrina Roja
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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 06:44
Signez la pétition unitaire en ligne de l'Humanité pour réclamer un référendum sur la réforme des retraites

Après plus de deux mois de mobilisations sociales d’une ampleur historique, une majorité de Français demandent toujours le retrait de la réforme du système de retraites voulu par le gouvernement. Alors que les projets de loi commencent à être examinés à l’Assemblée nationale, tout est organisé pour contourner le débat devant la représentation nationale et inciter les  parlementaires à voter à l’aveugle, avec le recours programmé à pas moins de 29 ordonnances. Même le Conseil d'État a rendu un avis très sévère, relevant « la fausse promesse d’un régime universel », des projections financières « lacunaires »,  mais aussi des dispositions « contraires à la Constitution ».

Ce niveau de défiance à l’égard d’une réforme « inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du contrat social », comme le souligne à juste titre le Conseil d’État, pose un problème démocratique majeur. A ce stade, seule une consultation populaire permettrait de le résoudre. Un référendum sur le retrait du projet gouvernemental doit être organisé, pour que le peuple ait le dernier mot.
L'Humanité a lancé lundi un appel avec de nombreuses personnalités. Il peut être signé ici : Sign the Petition
 
Démocratie. « Monsieur le président, soumettez votre réforme au référendum »
Lundi, 10 Février, 2020

Pour signer cette pétition : http://chng.it/BYhjbLJ5

 

Après plus de deux mois de mobilisations sociales d’une ampleur historique, une majorité de Français demandent toujours le retrait de la réforme du système de retraite voulue par le gouvernement. Alors que les projets de loi commencent à être examinés à l’Assemblée nationale, tout est organisé pour contourner le débat devant la représentation nationale et inciter les parlementaires à voter à l’aveugle, avec le recours programmé à pas moins de 29 ordonnances.

Même le Conseil d’État a rendu un avis très sévère, relevant « la fausse promesse d’un régime universel », des projections financières « lacunaires  », mais aussi des dispositions « contraires à la Constitution ».

Ce niveau de défiance à l’égard d’une réforme « inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du contrat social », comme le souligne à juste titre le Conseil d’État, pose un problème démocratique majeur. À ce stade, seule une consultation populaire permettrait de le résoudre. Un référendum sur le retrait du projet gouvernemental doit être organisé, pour que le peuple ait le dernier mot.

Signez en ligne cette pétition : http://chng.it/BYhjbLJ5

Les premier signataires (au 10 février 2020)

Elisa Aboucaya, avocate, Paris.          

Mickaël Aboulkheir, avocat, Val de Marne.        

Michel Agier, anthropologue.           

Christophe Alévêque, humoriste.           

Pouria Amirshahi, président et directeur de publication de Politis.     

Gérard Aschieri, membre du Conseil économique, social et environnemental, ancien secrétaire général de la FSU.

Eliane Assassi, sénatrice communiste, présidente du groupe CRCE.      

François Audard, avocat, Val de Marne.        

Jean-Louis Auduc, agrégé d’histoire.          

Clémentine Autain, députée FI.          

Audrey AvramoLechat, avocate au barreau de Paris.       

Guillaume Balas, coordinateur de Génération.s.         

Jeanne Balibar actrice, réalisatrice.          

Kian Barakat, avocate au barreau de Rouen.       

Julien Bayou, secrétaire national d’EELV.         

Linda Bechaouch, cheffe de projet.         

Sonia Bechaouch, avocate.           

Séfiane Belmahi, analyste financier.          

Noria Bendjebbour, avocate au barreau du Val d'Oise.      

Eva Bergamaschi, avocate au barreau du Val-de-Marne.       

Alaia Berhonde, comédienne.           

Sandrine Berrosi, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Sandrine Berrosi, avocate, Seine St Denis.        

Arno Bertina, écrivain.           

Claire Biélakoff, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Laurent Binet, écrivain.           

Anastasia Binoche, avocate, Val d'Oise.         

Morgane Blanchard, avocate, Val-de-Marne.          

Michel Blay, directeur de recherche honoraire à l’EHESS.      

David Bobée, metteur en scène.          

Ariana Bobetic, avocate Seine st Denis.        

Frédéric Boccara, économiste, dirigeant national du PCF, membre du CESE.    

Nicolas Bouchaud, comédien.           

Magalie Boudringhin, aide-soignante.           

Pascale Bougier, avocat, Seine-Saint-Denis.          

Pascale Bougier, avocate, Seine St Denis.        

Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine.          

Patrick Braouezec, membre honoraire du Parlement.        

Delphine Breton, avocate, Seine St Denis.        

Daniel Breuiller, vice-Président de la métropole du Grand Paris.     

Ian Brossat, adjoint au logement de la Maire de Paris.    

Céline Brulin, sénatrice PCF.          

Dominique Bucchini, ancien président de l’Assemblée de Corse.      

Axel Calvet, avocat, Val d'Oise.         

Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire du PS.        

Guy Carlier, auteur.           

Jean-Michel Carré, cinéaste.           

Luc Carvounas, député PS.           

Aude Catala, avocate au barreau de Paris.       

Aurélie Cattan-Attias, avocate au barreau de Paris.       

Stéphanie Chabauty, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Alexis Charansonnet, historien, université Lumière Lyon 2.       

André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée nationale.     

Geneviève Chemla, avocate, Val-de-Marne.          

Stéphane Chenon, cuisinier.           

Hana Cherif-Hautecoeur, avocate au barreau de Paris.       

Samuel Churin, comédien.           

Estelle Cimarelli, avocate au barreau de Thionville.       

Chloé Clair, avocate, Val-de-Marne.          

Laurence Cohen, sénatrice PCF.          

Fabien Contaminard, ingénieur.           

Yves Contassot, responsable du pôle idées de Génération-s.      

Jacques Cotta, journaliste et réalisateur.         

Thibaud Cotta, avocat, Paris.          

Alain Coulombel, porte-parole d'EELV.          

Olivier Coulon-Jablonka, metteur en scène.         

Clotilde Couratier-Bouis, avocate au barreau de Paris.       

Pierre Cours-Salies, sociologue.           

Cécile Cukierman, sénatrice PCF.          

Christian de Montlibert, sociologue, professeur émérite de l’université de Strasbourg.    

Eléna de Gueroult d'Aublay, avocate, Val d'Oise.       

Ludivine de Leeneer avocate, Val-de-Marne.         

Michelle Décosse, retraitée de l'éducation nationale.        

Anaïs Defosse, avocate, Seine-Saint-Denis.          

Brieuc Derrien, technicien géomètre.          

Philippe Derrien, Agent de recensement INSEE.        

Isabelle Desjardins-Azoulay, avocate au barreau de Paris.       

Pascal Dessaint, écrivain.           

Richard Dethyre, sociologue.           

Richard Dethyre, sociologue Mickaël Dion, producteur.        

Paul Devin, président de l’Institut de Recherches de la FSU.    

Pierre Dharréville, député PCF.          

Cyril Dion, écrivain et réalisateur.         

Marion Dodier, avocate, Seine St Denis.        

Marion Dodier, avocate, Seine St Denis         

Claude Douare, directeur d'école.          

Peio Dufau, cheminot, Hendaye.          

Anne Dupré, cadre retraitée de la fonction publique hospitalière.     

Sonia Elghozi, avocate, Val-de-Marne.          

Hakim et Mouss, Zebda-Motivés.          

Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement.       

Eric Fassin, sociologue.           

Elsa Faucillon, députée PCF.          

Olivier Faure, député et secrétaire national du PS.      

Pascale Fautrier, écrivaine.           

Christian Favier, sénateur PCF, président du conseil départemental du Val-de-Marne    

Caroline Fiat, députée FI.          

Gérard Filoche, porte-parole de la Gauche démocratique et sociale.     

Bernard Friot, économiste.           

Sophie Frontino, infirmière.           

Bruno Gaccio, comédien, auteur.          

Daniel Gaxie, politiste, Paris-1.          

Fabien Gay, sénateur PCF.           

Marion Geniès, avocate, Val-de-Marne.          

Agathe Gentilhomme, avocate, Paris.          

Joao Goncalves, avocat, Val-de-Marne.          

Roland Gori, psychanalyste, professeur émérite à l'université Aix-Marseille.      

Jérôme Goutille, avocat, Val-de-Marne.          

Stephanie Gracia, cheminote.           

Florent Gras, avocat, barreau de Bordeaux.        

Michelle Gréaume, sénatrice PCF.          

Mathieu Grégoire, maître de conférences en sociologie, chercheur à l’IDHES (CNRS).   

Agathe Grenouillet, avocate, Seine St Denis.        

Alain Gresh, journaliste.           

André Grimaldi, professeur émérite de médecine.        

Antoine Grouhel, salarié d’un laboratoire pharmaceutique.        

Florent Gueguen, dirigeant associatif dans la lutte contre l’exclusion.     

Michel Guez, informaticien.           

Arnaud Guyonnet, avocat, Paris.          

Marion Havard, avocate, Paris.          

Bruno Hélin, cadre supérieur paramédical et vice Président du département du Val de Marne.

Odile Henry, sociologue, Université Paris-8.         

Charles-Emmanuel Herbière, avocat, Val d'Oise.         

Adrien Holstein, politiste, Université de Nanterre.        

Adrien Holstein, politiste, Université de Nanterre        

Marie-Claude Hourquiscot, retraitée.           

Christian Hutin, député MRC.          

Rim Jouida, avocat, Val de Marne.        

Pierre Jouvet, conseiller départemental, porte-parole du PS.       

Régis Juanico, député Génération-s.          

Sébastien Jumel, député PCF.          

Insaf Kabsi, avocat, Val-de-Marne.          

Patrick Kanner, président du groupe PS au Sénat.      

Razmig Keucheyan, sociologue.           

Pierre Khalfa, économiste, fondation Copernic.         

Bernard Lahire, professeur de sociologie, ENS Lyon.       

André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France.     

Aurore Lalucq, députée européenne Place publique.        

François-Michel Lambert, député Liberté, écologie, fraternité.        

Pierre Larrouturou, député européen Nouvelle Donne.        

Anne Lassalle, avocate, Seine St Denis.        

Soria Latreche, avocate, Seine St Denis.        

Pierre Laurent, sénateur PCF.          

Myriam Lavigne, gestionnaire de stock.         

Anicet Le Pors, conseiller d’Etat honoraire.        

Didier Le Reste, président de Convergence nationale Rail, ancien secrétaire général de la CGT cheminots.

Hervé Le Corre, écrivain.          

Martine Le Roux, avocate, Paris.         

Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.        

Frédéric Lebaron, professeur de sociologie, ENS Paris-Saclay.       

Serge Lechtimi, Parti progressiste martiniquais.         

Pierre Lemaitre, écrivain.           

Renaud Lemoine, ingénieur.           

Krystel Lepeu, avocate, Val de Marne.        

Aude Lequerré, avocate, Val de Marne.        

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice Gauche républicaine et socialiste.       

Whiteside Lottin, conducteur RATP.          

Fernando Lourenco, sans profession.           

Mélanie Luce, présidente de l’Unef.         

Marie Luchi, responsable projet Génération-s.         

Nabil Maiz, technicien métallurgie.          

Delphine Malapert, avocate, Paris.          

Delphine Malapert, avocate, Paris          

Noël Mamère, militant écologiste.          

Emmanuelle Marteau, gestionnaire immobilier.          

Alexandre Martin, avocat au barreau de Toulouse.       

Christiane Marty, syndicaliste, militante associative, spécialiste des retraites.      

Corinne Masiero, comédienne.           

Sylvie Maugat, épidémiologiste.           

Claire Maugat-Decosse, avocate, Val de Marne.        

Emmanuel Maurel, député européen de la Gauche républicaine et socialiste.    

Caroline Mécary, avocate, Paris.          

Jean-Luc Mélenchon, député FI.          

Marion Ménage, avocate, Val d'Oise.         

Daniel Mermet, journaliste.           

Dominique Mestre-Agelina, avocat, de Marne          

Catherine Mills, économiste, directrice de la revue Economie et Politique.    

Laëtitia Mole, cheminote, Hendaye.          

Jean-Yves Mollier, historien.           

Bernard Montagne, syndicaliste, responsable associatif.         

Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste.         

François Morel, écrivain et comédien.         

Dominique Noguères, avocate retraitée.          

Gérard Noiriel, historien.           

Alain Obadia, président de la fondation Gabriel-Péri.       

Abdallah Ouahmane, sans profession.          

Ahmed Ouahmane, ambulancier.           

Aïcha Ouahmane, avocate, Val de Marne.        

Fatima Ouahmane, retraitée.           

Mina Ouahmane, agent de surveillance.         

Benjamin Page, chauffeur poids lourd.         

Mathilde Panot, députée FI.          

Sandra Paparemborde, enseignante.           

Willy Pelletier, coordinateur général de la fondation Copernic.      

Mimouni Peres-Rifka, avocat, Seine-Saint-Denis.          

Clémentine Perros, avocate, Paris.          

Michel Pigenet, historien.           

Ernest Pignon-Ernest, artiste plasticien.          

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS.  

Éric Piolle, maire de Grenoble.         

Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme.        

Mélanie Plouviez, philosophe.           

Joël Pommerat, auteur, metteur en scène.        

Didier Porte, humoriste.           

Christine Prunaud, sénatrice PCF.          

Eric Puisais, enseignant, Poitiers.          

Adrien Quatennens, député FI.          

Valérie Rabault, présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale.     

Nicolas Rebbot, avocat, Paris.          

Catherine Renaux-Hemet , avocate, Seine St Denis.       

Robin Renucci, comédien et réalisateur.         

Sébastien Revault-d'Allonnes, avocat, Paris.          

Jacques Rigaudiat, économiste.            

Denis Robert, journaliste.           

Jean Rol-Tanguy, journaliste retraité.          

Anne Rortais, Coordinatrice associative.          

Guillaume Roubaud-Quashie, directeur de la revue Cause commune.      

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord.    

Catherine Roussière, avocate, Paris          

Damien Rudant, cheminot, Saint-Jean-de Luz.         

Alain Ruscio, historien.           

Mathilde Sanson, avocate, Rouen.          

Mathilde Sanson, avocate, Rouen.          

Gisèle Sapiro, directrice d'études à l'EHESS et directrice de recherche au CNRS.  

Jamila Sarraf, avocate, Val de Marne.        

David Sarramagna, cheminot, Bayonne.          

Jean-Marie Sauret, psychanalyste, professeur émérite des universités.       

Pascal Savoldelli, sénateur PCF.          

Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques.        

Claudine Secq, retraitée.           

Stéphanie Secq, avocate, Val de Marne.         

Geneviève Sellier, universitaire.           

Lucien Sève, philosophe.           

Karine Shebabo, avocate, Paris.          

Karen Sileber, assistante de direction.         

Jean-Pierre Siméon, poète.           

Evelyne Sire-Marin, magistrate et membre du Syndicat de la magistrature.    

Stéphane Sirot, historien.           

Gabrielle Siry, porte-parole PS.          

Dylan Slama, avocat, Paris.          

Henri Sterdyniak, animateur des Economistes atterrés.        

Pascale Taelman, avocate, Val de Marne.        

Sophie Taillé-Polian, sénatrice Génération-s.          

Yves Tamet, Avocat, ancien bâtonnier, Seine St Denis.      

Danielle Tartakowski, historienne.           

Bertrand Tavernier, cinéaste.           

Agnès Teissedre, avocate au barreau de Paris.       

Jacques Testart, biologiste.           

Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.       

Bernard Thibault, représentant des travailleurs au conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail. 

François Thiollet, délégué au projet EELV.        

Emmanuel Todd, démographe et historien.         

Pascale Torgemen, avocate, Val de Marne.        

Louise Tort, avocate, Paris          

Lise Toussaint, cadre la fonction publique territoriale.       

Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac.          

Sophie Ulliac, avocate  au barreau  de Paris.       

Boris Vallaud, porte-parole et député PS.        

Lucas Vazquez Vespoli,  avocat, Toulouse.         

Arthur Vercken, avocat, Paris.          

Arthur Vercken, avocat, Paris          

Marie-Christine Vergiat, responsable associative et ex-députée européenne.       

Claude Vincent, avocate, Paris, membre du SAF.       

Marie Violleau, avocate, Paris.          

Francis Wurtz, membre honoraire du Parlement européen. 

Signez la pétition unitaire en ligne de l'Humanité pour réclamer un référendum sur la réforme des retraites
Retraites. L’appel pour un référendum rencontre un bon écho
Mardi, 11 Février, 2020 - L'Humanité

15 000 signatures les premières 24 heures. La pétition en ligne lancée par l’Humanité, avec le soutien de personnalités, pour réclamer qu’un référendum tranche la question de la réforme des retraites a connu un bon démarrage.

Lancée le 10 février au matin, la pétition initiée par l'Humanité dépassait les 20 000 signatures le lendemain soir. Lorsqu’ils signent sur la plateforme change.org, les internautes laissent parfois un commentaire. Ainsi, Laura le dit sans ambages, « cette réforme ne servira qu’à enrichir les fonds de pension et appauvrir les travailleurs ». Brigitte renchérit : « Je signe car cette réforme est profondément injuste. Elle va frapper de plein fouet les plus fragiles, les femmes, tous ceux qui n’auront pas une carrière complète (chômage, maladie…). » Pour Jacques, « cette réforme, à l’image de l’ensemble de la Macronie, est totalement déconnectée des vrais problèmes. Une déconnexion de plus en plus violente ». Jean-Luc, lui, considère que la réforme projetée par Emmanuel Macron est un faux-semblant : « Au nom de l’universalité, le gouvernement va favoriser une fois de plus ceux qui sont déjà privilégiés (ceux qui profitent d’un allongement de l’espérance de vie). On n’entend pas dans tous les médias, poursuit-il, le pourquoi de l’excédent des caisses de retraite des métiers les plus éprouvants, pourtant l’explication est simple : c’est que l’immense majorité a cotisé pendant quarante ans et décède au moment de la retraite. »

Pour beaucoup de signataires, la question est aussi d’ordre démocratique, ni plus ni moins. Selon Pierre, « faire adopter une réforme d’une telle ampleur historique par le jeu d’ordonnances et donc en catimini, après un débat plus que limité au Parlement, est le signe d’un pouvoir qui a décidé de ne pas s’encombrer des processus démocratiques. Le seul moyen de revenir à des bases et un débat sain, c’est un référendum ! » L’enjeu, Olga le résume très simplement : « Parce que nous voulons décider de nos vies ! »

 

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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 06:05
Pierre Dharréville :  nous utiliserons tous les leviers parlementaires pour combattre cette réforme  (L'Humanité, 6 février 2020)
Pierre Dharréville : « nous utiliserons tous les leviers parlementaires pour combattre cette réforme ».
Jeudi, 6 Février, 2020 - l'Humanité

Entretien. La bataille parlementaire vient d’entrer dans une phase décisive. Le communiste Pierre Dharréville explique ce que sera la stratégie de son parti pour contrer le gouvernement et ses ordonnances.

 

Pierre Dharréville Député PCF des Bouches-du-Rhône

La bataille continue. Le gouvernement a l’intention de faire rentrer la rivière dans son lit. La nôtre est de faire en sorte qu’il prenne la mesure du rejet massif de sa réforme dans le pays, et qu’il renonce à ce projet malintentionné. C’est le premier enjeu. Ensuite, l’arrivée du texte devant l’Assemblée nationale va permettre de continuer à mettre en lumière la gravité des mesures contenues dans le projet de loi, et qui parfois se cache dans les détails. L’examen en commission spéciale, qui commençait dès le 2 février, est l’occasion d’essayer de « désosser » le projet gouvernemental. Notre état d’esprit est de mener la bataille et de faire la démonstration de la dangerosité de ce projet. On sait déjà que, en dehors des éléments de langage qu’elle nous répète constamment, la majorité n’a pas beaucoup d’arguments à faire valoir.

Cette procédure réduit le délai dont nous disposons pour examiner le texte, le comprendre et préparer des propositions. Nous ne pouvons pas faire grand-chose contre cette contrainte. Elle supprime également la deuxième lecture du texte après le passage au Sénat. La volonté du gouvernement de faire entériner sa réforme en dépit de la contestation, majoritaire dans l’opinion, est donc claire. Nous utiliserons donc tous les outils à notre disposition dans ce débat parlementaire. Nous avons la possibilité de déposer des motions qui viendront en temps voulu. Ce qui est clair, c’est que nous déposerons une motion de censure. Dans les conditions actuelles, avec une opinion opposée sans ambiguïté à ce projet de réforme, nous aurons aussi la possibilité de déposer une motion référendaire, de façon à permettre aux citoyens de trancher par référendum. En attendant, nous allons déposer des amendements. Pour faire des propositions, pour supprimer les dispositions négatives de ce texte, et elles sont très nombreuses. Mais aussi pour limiter la portée d’un certain nombre de dispositifs de la réforme. Il s’agira de faire en sorte que la loi soit la moins mauvaise possible…

Les ordonnances nous privent de notre pouvoir législatif au profit de l’exécutif, qui se l’arroge. Nous allons les contester en bloc. Il est inadmissible de légiférer par ordonnances sur un sujet aussi fondamental, qui nous engage pour des décennies et qui a provoqué le mouvement social que l’on traverse depuis le 5 décembre. Nous allons essayer de les bloquer ou de les contrecarrer par d’autres propositions. Nous essaierons également d’obliger le gouvernement à dévoiler ses intentions cachées derrière ces ordonnances.

Nous avons déjà mené des batailles convergentes, dès le début du mandat d’Emmanuel Macron, contre les ordonnances de la loi travail. Nos groupes se sont réunis pour partager nos analyses et nos intentions. Le dialogue est clairement établi entre nous. D’abord, pour déclencher ensemble les dispositifs dont nous pourrions avoir besoin pendant le débat parlementaire. Ensuite, pour additionner nos contre-offensives respectives. Nous sommes déterminés à défendre également les exigences que nous avons exprimées dans la plateforme commune de la gauche. Elle est un point d’appui pour montrer qu’il y a une alternative au projet du gouvernement.

La droite est opposée à cette réforme, mais pas toujours pour les mêmes raisons que nous… On peut imaginer une convergence sur des éléments ponctuels, mais nous ne portons clairement pas le même projet. Les parlementaires de droite auraient souhaité une démarche commune contre la procédure accélérée. Ces questions de procédure font partie des convergences ponctuellement possibles.

Cela traduit d’abord une fébrilité, une fragilité de la part du gouvernement. Non seulement il fait face à un mouvement social puissant depuis plusieurs mois, mais de surcroît les plus hautes juridictions de la République, comme on l’a vu avec le Conseil d’État, critiquent sa méthode et en dévoilent les failles.

Le gouvernement n’a pas vraiment décidé d’en tenir compte… Il passe outre ces remarques. Mais, dans la suite des événements, il y aura des conséquences. Si le projet de loi devait continuer sa progression, le Conseil d’État nous a fourni tous les arguments pour saisir le Conseil constitutionnel. Ignorer l’avis du Conseil d’État est symptomatique de la manière de gouverner d’Emmanuel Macron. Sauf que nous sommes dans une démocratie, un État de droit et qu’il y a des règles à respecter. Lorsque cet avis critique des conditions d’examen du projet de loi, il y a déjà matière à contester devant le Conseil constitutionnel. La possibilité d’une invalidation est réelle. Mais ce n’est pas notre bataille d’aujourd’hui.

On peut surtout parler de régression civilisationnelle. La création de la Sécurité sociale et sa philosophie étaient un progrès civilisationnel considérable. Vouloir modifier ses fondements est un recul fondamental. La volonté du gouvernement à travers ce projet de loi est d’abîmer la solidarité entre les générations et la garantie des droits à la retraite. Il crée un système qui s’affranchit du principe selon lequel chacun participe selon ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins, en le remplaçant par un principe individuel selon lequel chaque euro cotisé donne les mêmes droits à la retraite. Il a les apparences de l’égalité, mais porte surtout la marque du libéralisme : son objectif est de ne pas accroître la part de richesses consacrées aux retraites et de faire travailler plus longtemps. Il n’y a aucun projet social dans ces deux lignes directrices, tandis que le taux de remplacement, le niveau des pensions sont totalement absents de cette réforme.

magali bragard

Entretien réalisé par Diego Chauvet
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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 06:48

 

 

 

Mieux vivre dans nos villes et nos villages

Vous voulez :

  • Des communes solidaires contre les politiques libérales ?
  • Des villes et des villages avec des services publics proches de nos besoins ?
  • Plus de démocratie dans votre commune ?

Nous aussi !

Le gouvernement plonge des millions d’entre nous dans la souffrance, la misère et la précarité.
Pour construire une alternative juste, solidaire et écologique : faisons de nos villes et de nos villages des lieux de reconquête populaire. Votons pour des élu·es de terrain, des élu·e·s de proximité !

LES PROPOSITIONS que nous portons POUR NOS COMMUNES

 

DES SERVICES PUBLICS DE PROXIMITÉ

  • Finançons des politiques variées et ouvertes au plus grand nombre, des crèches aux EHPAD en passant par les écoles et les équipements sportifs et culturels.
  • Exigeons de l’État les moyens financiers nécessaires au déploiement des services publics municipaux et au bien-être des agents.
  • Pratiquons des tarifs basés sur les quotients familiaux.
  • Mettons les entreprises à contribution et exigeons des prêts à taux zéro.

 

DES LOGEMENTS DE QUALITÉ POUR TOUTES ET TOUS :

  • Réclamons la hausse des APL et plus de financements pour les bailleurs sociaux !
  • Atteignons 25% de logement social dans nos communes, et 40% dans chaque projet d’aménagement.
  • Construisons des immeubles intergénérationnels et adaptés aux personnes porteuses de handicap.
  • Encadrons les loyers et interdisons les expulsions sans relogement.

 

LA DÉMOCRATIE : AU CŒUR DE MA COMMUNE

  • Associons les citoyen·ne·s à chaque décision : référendum, comités de suivi de projets (reconstruction, culture,...), réunions d’information, conseils de quartiers,...
  • La démocratie est un apprentissage : multiplions les Conseils d’enfants consultatifs et décisionnels !
  • Donnons le soutien financier nécessaire aux associations dans nos villes.

 

EMPLOI ET ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

  • Généralisons les clauses sociales d’insertion par l’emploi.
  • Développons une économie sociale et solidaire.
  • Accompagnons les demandeurs d’emplois : généralisons les bourses au permis et les rencontres de l’emploi.
  • Privilégions le petit commerce local à l’ouverture de grandes enseignes commerciales.

 

L’ÉCOLOGIE COMME PRIORITÉ

  • Rénovation thermique, géothermie, biomasse, végétalisation de l’espace public : faisons de la commune le territoire central du développement durable.
  • Accompagnons les productrices et producteurs, les consommatrices consommateurs vers une agriculture éco-responsable.
  • Déployons une politique de transports en commun de proximité et voies douces, adaptée aux espaces et à la mobilité de chacun.e.

 

L’ÉGALITÉ ET LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS

  • Sensibilisons dès le plus jeune âge à l’égalité, notamment femmes-hommes, par la mixité dans le jeu, l’enseignement, la vie associative, sportive et culturelle.
  • Partout, luttons contre les discriminations racistes, sexistes, LGBT+phobes.
  • Développons les formations des agents municipaux pour l’accueil des victimes de violence.

 

LA SANTÉ POUR TOUTES ET TOUS

  • Développons la prévention des risques sanitaires : buccodentaire, MST, cancer…
  • Créons des centres de santé municipaux ou intercommunaux pour combler les déserts médicaux !
  • Augmentons la part des produits bio et durables dans la restauration scolaire.


VOTONS POUR des élu·e·s de combat !

 

Ces propositions sont déjà expérimentées dans les communes où nous avons des élu·e·s.
Pour re-développer les entreprises et notre industrie locale, rouvrir nos bureaux de poste, nos écoles, gares, hôpitaux, caisses d’assurance maladie, privilégier le bien public : faisons de nos communes des lieux de résistance et de conquêtes !

Nous voulons montrer qu’une politique basée sur la démocratie, les services publics et la justice sociale est possible.

 

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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 06:45

 

Au 1er février, les français subiront à nouveau une hausse des tarifs EDF de l'ordre de +2,4 %. Avec celles de juin et août dernier, l'augmentation aura été de 10 % de plus en huit mois ! Voilà les conséquences de la libéralisation du marché de l’énergie.

 

 

Un mécanisme bien rodé mis en place suite à l’introduction de la concurrence dans l’électricité présentée comme devant faire baisser les prix.

Les concurrents d’EDF n’ont pas investi dans des nouveaux moyens de production d’électricité. Ils doivent donc l’acheter pour la revendre aux clients :

Soit en s’approvisionnant sur le marché européen de l’électricité où les prix sont tirés vers le bas en raison d’un fort développement des énergies renouvelables fortement subventionné et des prix bas des combustibles fossiles,

Soit en utilisant l’ARENH (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire et Hydraulique) dispositif issu de la loi scélérate NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité) votée en 2010 qui oblige EDF à mettre à disposition 25% de sa production à ses concurrents, au prix fixé de 42 €/MWh.


Depuis deux ans, la forte hausse des prix de la tonne du CO2 couplée à une augmentation du coût des combustibles fossiles a fait grimper les prix de marché. Ceux-ci sont désormais supérieurs à ceux du nucléaire produit par EDF. Les concurrents se tournent tous vers l’Arenh qui était jusqu’ici peu utilisée car plus chère que le marché. Aujourd’hui la demande des concurrents dépasse l’offre de 25 % de la production nucléaire d’EDF autorisée par la loi. Ce mécanisme ne suffit plus à les rendre compétitifs Aussi, ces concurrents ont demandé que ce quota de 25% soit porté à 50% voire 100%. En attendant, pour que ces pseudo-concurrents ne perdent pas de clients ou pire disparaissent, la seule alternative est d’augmenter les tarifs réglementés de vente pour continuer de pouvoir rivaliser avec eux et maintenir cette concurrence factice.
C’est tout l’enjeu de la régulation du nucléaire voulu par le gouvernement avec en contrepartie le démembrement d’EDF.


La conséquence est une hausse des factures qui explosent pour les ménages et l’augmentation du nombre de foyers français en précarité énergétique.


Le PCF exige :

  • De sortir l’énergie de l’impasse de la libéralisation
  • Une baisse immédiate de la facture soit faite en ramenant la TVA à 5.5 %
  • l’interdiction des coupures d’énergie (électricité et gaz) tout au long de l’année pour les ménages en situation de précarité énergétique.


C’est tout le sens du projet de loi déposé par le groupe communiste républicain citoyen et écologiste (CRCE) au Sénat et qui sera débattue en séance publique le 6 février prochain.

 

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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 05:55
Site Brest 44 - Pierre Corre (crédit photo ANACR 29)

Site Brest 44 - Pierre Corre (crédit photo ANACR 29)

Facteur, militant communiste, il faisait partie du triangle de direction de la résistance communiste à Brest avant d'être envoyé en mission pour la résistance FTP dans la Sarthe et à Paris.

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

42/ Pierre Corre (1915-1943)

Né le 25 octobre 1915 à Saint-Pierre-Quilbignon (Finistère), fusillé le 1er juin 1943 au camp d’Auvours, commune de Champagné (Sarthe) ; ouvrier à l’Arsenal de Brest, chaudronnier ; militant communiste et syndicaliste du Finistère ; résistant communiste FTP

Pierre Corre
Fils de Louis Corre, facteur des Postes et Télégraphes, et de Annette Guéguen, son épouse, sans profession, Pierre Corre s’était marié en décembre 1937 à Brest avec Gabrielle, Yvonne Raguénés : le couple avait deux enfants.Il était militant syndicaliste depuis de nombreuses années lorsqu ’éclata la Seconde Guerre mondiale.
Résistant communiste, il fit partie du triangle de direction de la région brestoise en janvier 1942 puis responsable départemental pour l’Orne en août 1942 avec 80 résistants sous sa direction. Responsable régional, en février 1943, il rejoignit la Sarthe. Une circulaire de la Sûreté générale du 25 septembre 1942 le signalait comme étant en fuite en compagnie de Julien Lesvin. Il aurait été domicilié avant son départ à Lambezellec, 1 rue du Cimetière ; il était présenté comme charpentier-tôlier à l’Arsenal. Homme de confiance, il fut muté par la direction clandestine du Parti communiste à Paris, comme "garde-malade", c’est à dire garde du corps d’un responsable national. Il fut arrêté le 1er mars (ou le 6 mars selon les sources) 1943 sur les quais de la gare de Connérré (Sarthe) alors qu’il prenait le train pour Paris afin de rejoindre son nouveau poste clandestin.
Condamné à la peine de mort par le tribunal militaire allemand FK 555 réuni au Mans le 28 mai 1943, il fut exécuté avec onze autres de ses camarades.
 
Le 1er juin 1943, son décès fut enregistré au Mans où son nom est gravé sur la plaque commémorative aux résistants communistes sarthois.
 
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Champagné.

C'est par ces quelques mots que Pierre CORRE, résistant brestois condamné à mort en 1943, commence sa dernière lettre à l'intention de sa famille:

Dernière lettre de Pierre Corre
 
Prison du Mans, le 27.5.43 - 17h30
Chère Gaby, mes chers enfants,
Mes chers parents,
 
Ma petite Gaby c’est une grand épreuve que tu devras affronter.
Ce matin j’ai été condamné à la peine de mort. Je t’avoue franchement que lorsque j’ai entendu le verdict, je n’ai même pas bronché, n’attendant aucune faveur de nos occupants, satisfait d’avoir fait ma part de travail. Mais lorsque j’ai réintégré ma cellule, toute ma pensée est allée vers toi et les gosses que je vais laisser seuls au milieu de la tempête. Quand je pense Gaby que je te laisse seule à 24 ans, cela me semble horrible, mais prends courage, de jours meilleurs te souriront. Tu es jeune Gaby, tu pourras si tu le désires refaire ta vie, mais de grâce, prends au moins un camarade, un compagnon, de manière que ta façon de vivre ne soit pas changée ? Mais tu feras comme bon te semblera, car je sais que tu garderas de moi un bon souvenir.
 
Je t’aimais, Gaby, et les sept années que nous avons passées ensemble l’ont prouvé, nous avions deux caractères qui s’accordaient, mais hélas le destin est là, implacable. Tu fus pour moi la compagne idéale et si j’ai lutté et tombé pour la cause commune, c’était pour t’assurer un avenir meilleur ; hélas d’infâmes individus se sont mis en travers de nos routes. Tu n’auras jamais eu de chance Gaby, orpheline de bonne heure, te voilà seule avec deux gosses. Mais Gaby, sois courageuse, reste digne de moi, tu sais ce que cela veut dire, d’ailleurs sur cette question, j’ai entièrement confiance en toi. Je sais que le moment va être douloureux, mais fais-toi une idée, il le faut. J’ai confiance en notre famille qui t’aidera de son mieux. Quant aux gosses, ils n’auront pas eu l’occasion de connaître leur père, à part Pierrette. Je voudrais Gaby que tu leur parles souvent de moi. Dès qu’ils atteindront l’âge de comprendre dis leur tout de la vie, ses joies et ses embûches, de manière à les aguerrir au seuil de leurs destinées. J’aurais tant voulu les voir grandir, les éduquer pour en faire d’honnêtes citoyens. De Pierrette, fais une femme forte ; si elle a des capacités pour l’école, laisse-la continuer, sinon apprends-lui un métier pour te seconder. Tu te rappelles, Gaby quand je te parlais d’amener ma fille au bal, ça me déchire quand j’y pense. Quant à Pierre, dès qu’il aura l’âge de comprendre, dis-lui qui était son père, pourquoi il est mort. N’aie pas peur Gaby, dis-lui toute la vérité, il faut qu’il la sache, car je compte sur cette génération pour faire triompher le fier drapeau de notre grande famille communiste. A lui aussi, laisse-lui choisir son chemin tout en le guidant de tes bons conseils. Quant à leurs opinions, je ne veux pas m’imposer, mais tu connaissais mes projets, et j’espère que tu les appliqueras. Braves petits, ils pourront dire qu’ils auront connu les avatars de la vie de bonne heure.
 
Quant à vous , mes chers parents, je vous envoie mes dernières lignes en vous renouvelant mes remerciements pour tous les sacrifices que je vous ai imposés, mais je sais que c’était de bon coeur. Comme maman me l’avait dit une fois, il est vrai que je n’aurai fait que de vous donner du souci, mais le jour où vous saurez l’idéal qui m’animait, vous en serez fiers.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est que je vais vous laisser ma petite famille à charge, si encore Jean et Louis avaient été là, cela aurait été mieux mais hélas, eux aussi sont loin. Mon vieux papa, je sais que je peux compter sur toi, mais tu te fais vieux et avec les évènements pourras-tu tenir le choc. De toute façon aidez de votre mieux Gaby dans sa nouvelle existence. Guidez-la de vos bons conseils , élevez les petits comme j’aurais voulu le faire moi-même. Puis, plus tard, lorsque tout sera calmé, aidez Gaby à refaire sa vie naturellement un brave coeur. Evidemment, chacun à ses petits défauts, mais sur cette terre, qui n’en a pas. Ma petite maman, je t’en supplie, comprends bien Gaby, entendez-vous bien, car c’est le désir que je souhaite le plus. Quant à mon exécution, je n’y pense même pas, mais j’espère et il faudra le faire, que plus tard, mon corps vous sera remis pour être placé à côté de ma pauvre Naine. Pour ce qui est de mes vêtements, ils vous enverrons ma valise avec accroché dessus un ciré et un pardessus ; ces affaires étant en bon état, vous serviront.
Comme tu le vois, maman, ton gars a bon moral, tâche de ton côté de remonter cela, le moment certes est douloureux, mais il faut se surpasser. Je n’aurais pas cru mourir à 27 ans, mais que veux-tu j’aurais au moins vécu pour un idéal dont vous profiterez dans les dernières années de votre vie. Braves gens, vous n’aurez pas pensé que votre fils un jour serait tombé sous les balles d’un peloton d’exécution, mais sachez, une fois pour toutes, et dites-le bien à tous mes copains et voisins que j’irai la tête haute jusqu’au bout, conscient d’avoir fait mon travail de communiste et de français.
J’espère pouvoir vous envoyer une lettre officielle d’adieux, mais avec nos occupants, on ne sait rien, j’aime autant prendre les devants. Ceci dit, un mot en passant pour toute la famille. De mes frères, il n’y que François auprès de vous, que lui aussi sache que son benjamin est mort en martyr de la cause commune pour assurer l’avenir de la classe ouvrière. Mon bon souvenir va à Jeannette, Annick, Jean-Pierre et François. Quant à Jean et à Louis, dès que vous le pourrez, prévenez-les de la terrible nouvelle. J’aurais voulu tant les voir avant de faire le grand voyage, car eux, mieux que tout autre, savaient ce que notre mouvement avait de grand. Braves frangins, ils ne reverront plus leur cadet, mais qu’ils se consolent et lorsqu’ils s’inclineront devant ma pierre, qu’ils se souviennent que leur frère a fait son devoir. Mes meilleurs baisers à Paulette, Yvonne, Louis, Michellet ma filleule, Paul, Jeannine et la nouvelle que je n’aurai pas eu l’honneur de connaître. A vous oncle, tante, cousins et cousines, tous mes remerciements pour l’aide efficace que vous avez apportée à ma petite famille et je sais que je peux compter sur vous pour remonter leur moral pendant cette période difficile, encore une fois merci. Car n’oubliez pas que je quitte ce monde avec un très bon souvenir de vous, tante Guillemette, parrain, (...es), Laurent, Léon, Mimi, Sido, Gaby ; Vonnette, Monique et Jean-Noël. Mes adieux fraternels vont aussi à mes cousins Guillaume et sa femme, sans oublier ce vieux Lucien.
Encore une fois, merci et adieu. Courage et confiance.
Vive la FRANCE et la grande famille communiste.
Pierre

 

Eugène Kerbaul:

"En mai 1941, Eugène Kerbaul organise les sabotages à l'arsenal avec Jules Lesven, Le Nédellec, Pierre Corre et Mathurin Le Gôf. Des wagons prévus pour dix tonnes de fer en reçoivent vingt afin que leurs ressorts plient et que le matériel s'use très vite. De la poudre d'émeri est déposée dans les boîtes de graissage des essieux des wagons...

Le 14 juillet 1941, les ouvriers de l'arsenal, sous l'influence des résistants communistes, se mettent spontanément en grève dès le matin, brandissant des drapeaux français dans plusieurs ateliers. Les Allemands n'osent pas réprimer le mouvement le jour de la fête nationale et déclarent l'après-midi libérée de travail.

Les actions de résistance des militants communistes, l'invasion de l'URSS et le climat d'anti-communisme violent dans la presse et les milieux officiels, contribuent à un renouveau de l'influence communiste en milieu ouvrier. Des "Vive l'URSS", "Vive le P.C", "Vive Thorez" apparaissent sur les murs de Brest qui ne doivent rien aux militants du PCF.

Le 14 août, Vichy promulgue coup sur coup l'obligation de fidélité à Pétain et la création de tribunaux spéciaux où seront déférés les communistes. Le même jour, le haut commandement allemand annonce que l'activité communiste sera punie de mort. Le 22 août 1941, le haut commandement allemand promulgue la loi des otages: tous les Français arrêtés sont considérés comme otages et peuvent être fusillés en cas d'attentat contre l'armée allemande.

C'est à ce moment que la lutte terroriste du Parti Communiste contre l'occupant nazi va vraiment s'engager (en dehors des actes spontanés d'attentats par les O.S, comme à Brest) par des assassinats ciblés. Le futur colonel Fabien, Pierre Georges, abat ainsi un officier allemand à la station de métro Barbès à Paris le 23 août.

A Brest, depuis l'arrestation de Chaigneau et Kerbaul, ce sont Jeanne Goasguen-Cariou et Jules Lesven qui dirigent l'organisation communiste. Ils relancent un Secours Populaire clandestin avec Jean Le Nédellec, Pierre Corre, Marie Miry. Dès août 1941, les familles en difficulté recevront une aide. A l'arsenal, sur les chantiers, des quêteurs efficaces et discrets du Secours populaire reçoivent un bon accueil".

" A Brest, une grève a lieu le 25 octobre 1941 à l'arsenal pour condamner les exécutions d'otages communistes ou apparentés à Châteaubriant et à Nantes. Un dépôt de gerbe y est effectué. Des sabotages sont effectués à l'arsenal. Des communistes brestoises, Jeanne Goasguen-Cariou et Marie Salou, aident des réfugiés républicains espagnols prisonniers du fort de Montbarrey, astreints aux travaux forcés et maltraités par les Allemands, à s'évader en leur donnant de faux papiers d'identité et en organisant leur évasion. Les communistes brestoises essaient aussi d'organiser des manifestations de femmes pour réclamer le retour de leurs maris, prisonniers de guerre, ceci afin de narguer les Allemands. En mai 1942, plusieurs communistes sont arrêtés à Brest, qualifiés de terroristes. Un policier zelé charge De Bortoli, un anti-fasciste communiste italien accusé d'avoir collé des affiches anti-allemandes. Devant le tribunal, avant d'être condamné à mort, il s'écrie « Vive le Parti Communiste ». Le policier collaborateur qui avait dénoncé De Bortoli reçoit quelques jours après un petit cercueil ainsi qu'une lettre lui annonçant sa condamnation à mort par le tribunal de la résistance brestoise s'il ne revient pas sur sa déposition pour sauver De Bortoli (Eugène Kerbaul. Chronique d'une section communiste de province, Brest 1935-1943, p.256). Ce dernier évidemment n'en fait rien: De Bortoli est exécuté au champ de tir d'Issy les Moulineaux le 22 août 1942. Le policier collaborateur, qui avait été impliqué également dans le démantèlement du réseau de résistance non communiste Elie (lequel s'était soldé par plusieurs condamnations à mort), pour lequel le juge d'instruction en charge du dossier s'était déjà fait tué par la Résistance, est exécuté par le chef départemental des FTP, Jean-Louis Primas, le même jour à Brest. Le 25 août, un soldat allemand est grièvement blessé par un groupe FTP et à la fin du mois d'août, la vitrine des locaux de la Légion des Volontaires Français rue de Siam. Le 31 août, Jean Kerautret et Vincent Guivarc'h, deux membres des Jeunesses Communistes, échangent des coups de feu avec des Allemands alors qu'ils pensaient devoir être arrêtés: ils sont abominablement torturés et fusillés le 14 octobre 1942, après qu'on ait retrouvé un arsenal d'armes du groupe FTP au domicile de Kerautret. En septembre 1942, les chefs FTP brestois Jean-Louis Primas et Pierre Corre organisent deux attentats qui font 28 victimes dans un bordel fréquenté par les Allemands, tandis qu'au même moment, un attentat contre l'hôtel abritant l'état major de la Kriegsmarine tue probablement 12 officiers. Quelques jours plus tard, un groupe de FTP abat un major-général allemand dans sa voiture entre Landerneau et Landivisiau. "

(...)

"Au début de l'été 42, Venise Gosnat nomme Pierre Corre responsable des FTP brestois, avec Pierre Berthelot comme adjoint. Henri Moreau est chargé de planquer chez lui la ronéo et le stock de papier.

En juillet 42, jusqu'au 14 juillet, les femmes communistes organisent de nouvelles manifestations de la faim de femmes à Brest contre les réquisitions et les restrictions. Des sabotages effectués par des groupes communistes sur les chantiers du bâtiment allemands dans et autour de Brest se multiplient (...). En août, la vitrine de la L.V..F (Ligue des Volontaires Français contre le bolchevisme) vole en éclat rue de Siam, à deux pas de la préfecture maritime occupée par la Kriegsmarine. Raymonde Vadaine, Marie Salou, Venise Gosnat, Pierre Corre, André Berger, Joseph Ropars, Albert Abalain, A. Rolland, Albert Rannou, Etienne Rolland, participent aux opérations. "

(...)

"Dans la nuit du 1er au 2 octobre 1942, la police frappe un grand coup.  

Ils sont cette nuit-là 17 militants arrêtés répartis dans trois commissariats de la ville pour être plus tard regroupés dans une cellule du commissariat de Saint-Martin. Parmi les arrêtés, André Vadaine  qui a vu le matin Albert Rannou pour discuter d'une action projetée. Adolphe Le Roux, Louis Le Guen sont arrêtés. Pierre Le Corre, sur qui les policiers tirent, parvient à s'échapper. (...) J.L Primas et Yves Giloux sont arrêtés à Nantes en janvier 1943. Jules Lesven et Pierre Corre sont arrêtés en mars, et fusillés, après avoir encore descendu un collaborateur en janvier 43 au Mans.

Lire aussi nos autres publications pour l'année du centenaire du Parti communiste dans la série "100 ans d'engagements communistes en Finistère":

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 25/ François Bourven (1925-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 24/ Yves Autret (1923-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 23/Pierre Jaouen (1924-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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10 février 2020 1 10 /02 /février /2020 06:00
Photo BCD: http://bcd.bzh/becedia/fr/flanchec-un-destin-romanesque -

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)

Daniel Le Flanchec était né le 2 juillet 1881 au bourg de Tredrez (22), près de Lannion, fils d'un bedeau né à Pleumeur-Bodou. D'abord anarchiste, proche de la Bande à Bonnot, il sera parmi les fondateurs du Parti Communiste en Bretagne et secrétaire fédéral du PC dans le Finistère. Tatoué, borgne, excessif, tonitruant, tribun exceptionnel, il crie partout ses révoltes et ses espoirs. A Douarnenez, on disait de lui : « Hennezh’zo un den » "Celui-là est un homme " !

"Daniel Le Flanchec, maire de Douarnenez à partir de 1924, est un personnage de roman. Individualiste forcené, peu scrupuleux, adulé par les siens, haï par tous les autres, exceptionnel orateur, il l’emporte très largement à chaque élection municipale, tant il est dévoué aux marins et aux sardinières. Fils de bedeau, il n’est vraiment pas un enfant de chœur ! Borgne, entièrement tatoué, vasectomisé volontaire, il pratique allègrement les prévarications de toutes sortes et des décès bien douteux parsèment même sa route... " (Jean-Michel Le Boulanger)

Il rompt, en 1936 avec le Parti Communiste, suit un moment Jacques Doriot dans ses dérives populistes et terrasse le Front Populaire lors d’élections mémorables. Quand les Allemands arrivent en juin 1940, il hisse, par bravade, le drapeau français sur la façade de la Mairie et refuse de l’enlever (acte rarissime, qui lui vaut d’être destitué). Après sa destitution par les Allemands alors qu'il était membre du PPF depuis 1936, Le Flanchec est arrêté à Ploulec'h où il s'était retiré et déporté par les Allemands au camp de Buchenwald où il meurt. Lui et Sébastien Velly auront inauguré à Douarnenez une tradition communiste peu commune en Bretagne puisque de 44 à 45, c'est le communiste Joseph Pencalet qui sera maire de Douarnenez, de 1949 à 1951 Joseph Trocme, avant que Michel Mazéas, ancien résistant, ne gère la ville pendant 4 mandats et 24 ans, à partir de 1971.

***

Article inspiré principalement de la notice du Maitron sur Daniel Le Flanchec:

https://maitron.fr/spip.php?article117162, notice LE FLANCHEC Daniel, Jean, Marie par Georges-Michel Thomas, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 8 septembre 2012.

Et dans la revue En Envor, article de Thomas Perrono

Fils d’un sacristain, après un apprentissage de charpentier, Daniel Le Flanchec s’engage dans la Marine en 1899 à 18 ans. Il fait alors l’expérience des lointaines guerres coloniales, en participant notamment à la répression de la révolte chinoise des Boxers. Mais son expérience sous l’uniforme tourne rapidement court avec l’émergence d’une conscience politique marquée par l’antimilitarisme et l’anarchisme. Installé à Brest à partir de 1907, Daniel Le Flanchec fait partie, en 1908-1909, du comité général de la Bourse du Travail de Brest. Il assure les fonctions de secrétaire du syndicat du Bâtiment dans la même ville. Il écrit également sous pseudonyme dans  le journal L’Anarchie. Il ne participe pas à la Grande guerre, ayant perdu un œil quelques années auparavant, mais prend fait et cause pour la révolte bolchévique. Au sortir de la guerre, il milite pour que les socialistes s’engagent au sein de la IIIe Internationale. Il adhère d’ailleurs dès le congrès de Tours au Parti communiste et devient tout de suite l’un des cadres locaux de cette structure.

Devenu marchand forain, militant socialiste, il fut délégué au congrès de Strasbourg (février 1920). Signalé par la police au congrès de Tours (décembre 1920), il adhéra au Parti communiste naissant et fut secrétaire fédéral adjoint, secrétaire intérimaire en 1923 puis secrétaire fédéral en 1924. Le Parti communiste l’avait présenté au conseil général dans le 3e canton de Brest le 14 mai 1922. Candidat aux élections municipales partielles de 1924 à Douarnenez, orateur populaire apprécié, d’un dynamisme débordant, il devint maire de la ville le 7 octobre 1924.

Charles Tillon en fit un portrait chaleureux : « La combativité de ce petit homme de quarante-quatre ans, trapu et dont le coffre forgeait le fer de son verbe, avait révolutionné Douarnenez. De visage coloré, le poil noir, Le Flanchec était borgne. Il vous soupesait d’un œil agrandi qui ne cillait jamais. Sa faconde acerbe d’ancien anarchiste se détendait en tirades comiques dites en breton pour mieux dérouter ses ennemis. L’homme subjuguait la foule des marins et des sardinières qui piétinaient en sabots, sous les halles immenses » (On chantait rouge, pp. 64-65).

Il soutint, tout d’abord, la grève des ouvriers de la conserve (21 novembre 1924) et débaptisa les rues : la rue du Môle devint la rue Henri-Barbusse et la place de la Croix, la place Lénine. Le préfet le suspendit de ses fonctions « pour, dit le conseil municipal, avoir fait son devoir en évitant par sa présence, une tuerie inévitable, le jeudi 4 décembre ». Le 1er janvier 1925, des briseurs de grève qui avaient pris pension dans un hôtel de Douarnenez, pénétrèrent dans un café où se trouvait Le Flanchec. Ils tirèrent sur lui au revolver, le blessant au cou ainsi que son neveu. Une fois soigné, Daniel Le Flanchec rentra à Douarnenez où les sardinières, prévenues de son arrivée, lui firent une escorte d’honneur.

Rétabli dans ses fonctions par le préfet, il arriva encore en tête aux élections suivantes. Sur sa liste figurait Charles Tillon. Déjà, la direction du Parti communiste s’inquiétait de sa personnalité. Dans un rapport du 22 septembre 1925, Louis Béors déclara qu’il « a toujours mené une politique personnelle, présentant aux marins (...) tout ce qui a été fait (...) comme son œuvre propre » (BMP, bobine 98). Il fut cependant le candidat communiste aux élections législatives d’avril 1928 et fut encore réélu aux élections municipales du 5 mai 1929. Candidat aux élections sénatoriales de septembre 1930, il ne recueillit que 17 voix, contre 673 à Le Gorgeu. Il eut alors des démêlés avec le Parti communiste, et en septembre 1930, le comité départemental demanda son exclusion, ainsi que le bureau régional. Mais le Comité central se montra beaucoup plus arrangeant. Émile Drouillas (M. Laporte), secrétaire de la Région rennaise, écrivit dans son autiobiographie de 1932 : « J’ai été l’objet d’un blâme de la direction du Parti, en 1930, pour avoir commis des fautes de mécanisme dans l’exclusion de Le Flanchec à Douanenez, exclusion que le Parti n’a pas ratifiée. » (RGASPI, 495 270 8641).

"Si ses administrés lui prouvent leur attachement en l’élisant trois fois de suite jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la direction du Parti communiste critique son clientélisme et se méfie largement de la personnalité de tribun – que l’on qualifierait aujourd’hui volontiers de « populiste » – de Daniel Le Flanchec. Il passe ainsi près de l’exclusion en 1930. Au moment du Front populaire, Le Flanchec cultive de plus en plus son amitié avec Jacques Doriot, le maire du  bastion communiste de la banlieue nord de Paris. Ce doriotisme lui vaut une exclusion définitive du Parti communiste en 1937. Ce qui ne l’empêche pas d’être à nouveau réélu maire" (Thomas Perrono)

Par suite de ce revirement, la rue Louise-Michel devint rue Maréchal-Pétain, et la place Lénine reprit son nom primitif. Le 7 septembre 1940, Daniel Le Flanchec, toujours maire, fut cependant révoqué par ordre des autorités allemandes.

Pourtant, loin de suivre Jacques Doriot et son parti politique fascisant, le sinistre PPF, Daniel Le Flanchec ne tombe pas dans la collaboration sous l’Occupation. Après avoir symboliquement refusé de retirer le drapeau tricolore de l’Hôtel-de-ville de Douarnenez à l’arrivée des troupes allemandes, il est rapidement destitué par l’occupant. En 1941, après avoir été dénoncé par sa compagne pour propagande communiste, Daniel Le Flanchec est arrêté.

"Sa dernière compagne est une comtesse, une comtesse en chapeau, ce qui ajoute à sa légende. Sa dernière bravade mérite respect : par deux fois, il refuse d’amener le drapeau français, à l’arrivée des Allemands, le 20 juin 1940. Acte rarissime de conscience, de volonté, de courage aussi. Cette insoumission magnifique lui vaut une destitution immédiate. Il fuit alors Douarnenez et vit près de Lannion avant d’être trahi par sa compagne, la comtesse, qui le vend aux nazis, par deux fois. Le Flanchec meurt dans des conditions atroces, à Buchenwald. La destinée tragique, et invraisemblable, d’un insoumis" (Jean-Michel Le Boulanger: http://bcd.bzh/becedia/fr/flanchec-un-destin-romanesque)

Le Flanchec fut en effet arrêté et déporté en Allemagne où il meurt en mars 1944. Sa compagne, qui l’avait dénoncé par lettre pour propagande communiste, fut condamnée à 15 ans de travaux forcés.

 

 

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)
Comité de grève à Douarnenez (1924) - Photo BCD

Comité de grève à Douarnenez (1924) - Photo BCD

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9 février 2020 7 09 /02 /février /2020 20:08
L'émergence du mouvement ouvrier, syndical, coopératif et socialiste à Morlaix

Petite histoire du syndicalisme, des coopératives de production et de l'émergence du mouvement ouvrier à Morlaix jusqu'à la seconde guerre mondiale 

D'une certaine manière, le creuset du développement du syndicalisme et des coopératives dans notre région fut la société de secours mutuel, d'abord sous influence catholique au milieu du 19e siècle, puis inspirée de plus en plus par la gauche avancée et laïque. Les personnels de la Manu bénéficient ainsi entre autre d'une première forme de protection sociale via la mutualisation des risques: Société Notre-Dame-du-Bon-Secours, mutuelle Sainte Anne. 

En plein développement du socialisme, la loi Waldeck-Rousseau donne un statut légal à l'existence des syndicats en 1884.  

Morlaix est connue des historiens comme une des villes de France ayant vu naître, entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, le plus de coopératives de consommation et de production (16 répertoriées en 1923), certaines d'inspiration socialiste, d'autres plutôt catholique sociale (c'était le cas de la Laborieuse, coopérative d'artisans peintre fondée au départ au départ en 1905 par des militants du Sillon de Marc Sangnier). En 1895, Morlaix était la troisième ville de province, après Lyon et Grenoble, quant au nombre des associations ouvrières de production. Avec 247 coopératives de production en 1900, la France figurait d'ailleurs au premier rang en Europe. 

Le développement des coopératives à Morlaix est inséparable de l'émergence du socialisme et du syndicalisme dans notre ville. Deux conceptions divergentes des coopératives de production étaient plus ou moins en concurrence: pour certains, la coopération de production relevait d'une forme de patronat collectif, pour d'autres, les socialistes particulièrement (ceux de l'époque s'entend), il s'agissait d'une étape vers l'abolition du salariat. 

La maison du Peuple s'est installée en 1922 1, impasse de Tréguier dans les locaux de la coopérative de consommation La Ménagère.

La Ménagère avait été fondée à la fin de l'année 1892 par un groupe d'ouvriers de la Manufacture des Tabacs. C'était à l'époque une des trois coopératives de consommation du Finistère - les deux autres étant brestoises - visant à procurer à leurs sociétaires de l'épicerie de bonne qualité au meilleur prix possible. C'est d'abord parmi les ouvriers de la Manu, puis ensuite plus largement, qu'elle recrutait ses sociétaires. La société La Ménagère comptait tout de même en 1904 600 membres. C'était la troisième coopérative de Bretagne en nombre de sociétaires. Son bureau ne comportait pas de socialistes déclarés. 

La boulangerie coopérative La Glaneuse était quant à elle plus proche des socialistes. Sa création datait de l'année 1898. C'est le tonnelier syndicaliste et socialiste Yves Guyader qui avait demandé sa fondation lors d'une réunion des syndicats morlaisiens en s'appuyant sur les nombreux exemples de boulangeries coopératives existant en Bretagne. Sur le plan local, l'activité de La Glaneuse permettait de contenir le prix du pain. La fusion de La Ménagère et de la Glaneuse, préconisée par Yves Guyader, ouvre une période de lutte d'influence entre socialistes et sillonnistes catholiques, emmenés notamment par des gens comme Jean Marzin et Jeanne Gallouedec.

Le développement du syndicalisme et du socialisme à Morlaix et dans le Finistère se nourrissent l'un et l'autre. En 1869 apparaît à Brest une première section de la Première Internationale, recrutant principalement parmi les ouvriers de l'arsenal. A partir de 1892, le syndicalisme et le socialisme commencent vraiment à se développer à Morlaix.

Syndicat des ouvriers et ouvrières de la Manufacture de tabacs: fondation en 1891

Syndicat des ouvriers tonneliers: 1892

Syndicats bâtiment, ouvriers en métaux, ouvriers boulangers: 1893

Syndicat ouvriers du livre, Menuisiers, charpentiers et charrons: 1894

Syndicat Tanneurs et corroyeurs: 1897

Tailleurs d'habits: 1898

Cordiers: 1900

Peintres: 1904

 

A la Manu, en 1897, le taux de syndicalisation est de 52% chez les hommes, de 74% chez les femmes. Et encore, beaucoup de syndiqués sont empêchés de rejoindre le syndicat du fait de leurs arriérés de cotisation. 

Au 1er juillet 1893, il y a 980 syndiqués à Morlaix contre 0 à Brest. Au 1er juillet 1894, il y a 1018 syndiqués à Morlaix contre 367 à Brest. Au 1er juillet 1895, il y a 1704 syndiqués à Morlaix contre 636 à Brest. La situation s'inverse à partir de 1900: 1423 syndiqués à Morlaix contre 3169 à Brest.  

L'union des syndicats de Morlaix joue un rôle essentiel dans le groupement des syndicats sur le plan départemental: en 1898 est créée par les syndicats morlaisiens et brestois la Fédération syndicale des travailleurs du Finistère.

En 1904, dans la foulée des grands conflits du syndicalisme révolutionnaire à Brest, il y aura un mouvement de grève très fort à Morlaix en mai. Dockers, couvreurs, maçons et garçons de magasins entrent en grève par l'intermédiaire des socialistes, Guyader en particulier. La grève ne donnera pas les résultats escomptés et suite à cela on observera un certain recul du syndicalisme à Morlaix jusqu'en 1914, peut-être dû aussi à une concentration plus grande des ouvriers les plus militants et compétents sur la gestion des coopératives.  

En 1894 parait pour la première fois à Morlaix le "Breton socialiste". Jusqu'en 1898, cependant, la plupart des ouvriers, laïcs dans leur majorité, restent républicains. A partir de l'année 1898, le socialisme va se développer à Morlaix dans un contexte national de progrès significatifs et grâce aux actions conjuguées de deux figures locales:

Yves-Marie Guyader

Né à Morlaix en 1857, Yves-Marie Guyader était le fils d'un artisan tonnelier. Il fit son apprentissage dans l'atelier paternel avant d'entreprendre son "tour de France" et de passer quelques années sous les drapeaux en Algérie et en Tunisie. Revenu à Morlaix en 1883, il est à l'origine en 1892 d'un syndicat des tonneliers et d'une association ouvrière de production. A Morlaix, à la fin du 19e siècle, la fabrication de tonneaux et de barils est surtout liée à l'exportation du beurre vers Paris, Londres, le Brésil, les Antilles anglaises et françaises. Jusque avant 1900, avec une quantité exportée de 1679 tonnes, le beurre figure encore après les céréales comme la deuxième marchandise sortie du port. La corporation des tonneliers compte 330 ouvriers à la fin de 1893.

L'historien Vincent Rogard nous plante le décor du conflit social des tonneliers et de l'émergence du syndicalisme à Morlaix dans son livre Les Catholiques et la question sociale -Morlaix 1840-1914  (Presses Universitaires de Rennes):

"C'est un milieu dominé alors par les maîtres tonneliers employant une ou deux douzaines d'ouvriers et d'apprentis rémunérés souvent à la pièce. Les journées de travail dans les ateliers patronaux n'ont pas de cadre horaire puisque leur durée s'adapte au volume de travail à fournir. Les ouvriers sont, en outre, astreints à de nombreuses corvées. Dans ce milieu d'ouvriers insatisfaits de leurs conditions de travail, Guyader parvient à fonder le 14 mars 1892 un syndicat ouvrier... L'objectif immédiat affiché par le syndicat est l'amélioration de la condition matérielle de ses 168 adhérents. Un cahier de revendications portant sur les salaires et l'organisation du travail est soumis à la fin de l'année 1892 aux patrons. Leur refus d'en tenir compte déclenche un mécontentement qui soude les rangs ouvriers. Un an plus tard, le jour de Noël 1894, les ouvriers se mettent en grève pour obtenir satisfaction sur quatre revendications majeures:

- la suppression des corvées

- l'unification des tarifs dans tous les ateliers

- l'adoption d'un tarif proposé par les ouvriers et qui prévoit un alignement sur les ouvriers les mieux payés

- l'abrogation de diverses mesures inscrites dans le règlement des ateliers et l'adjonction de certaines autres comme un cadre horaire de travail.

La grève est très dure car les positions patronales et syndicales sont figées. Les patrons tentent de déconsidérer les ouvriers aux yeux de la population en les accusant d'inconduite et d'alcoolisme tandis que les ouvriers révèlent certaines pratiques patronales: distributions d'eau-de-vie pour faire accepter les corvées les plus excessives aux ouvriers, fourniture d'un litre d'alcool en guise de contrat de recrutement d'urgence quand le travail est trop abondant. Comme le note avec humour le comité de la grève: "avec de tels procédés, il ne faut pas nous rendre responsables si les ateliers de tonnellerie ne peuvent pas être comptés au nombre des sociétés de tempérance". Au nom de ses convictions progressistes, un négociant, Auguste Arthur, organise la solidarité avec les ouvriers. Les ouvriers des tabacs, qui sortent eux-mêmes d'une grève, la caisse du syndicat et la Fédération des travailleurs du tonneau aident financièrement les grévistes. Mais le conflit s'éternise car l'accord bute sur la question salariale et toutes les tentatives d'arbitrage échouent. En définitive, les ouvriers doivent regagner leurs ateliers sur un échec, après une interruption de travail de 33 jours qui fait de cette grève la plus longue alors connue par la ville. Certes, les tonneliers ont obtenu la suppression des corvées et la journée de travail est désormais limitée à une tranche de onze heures mais leur salaire journalier d'à peu près quatre francs n'augmente pas. En dépit de son issue peu satisfaisante pour les ouvriers, ce conflit, qui manque sur sa fin de sombrer dans la violence, comporte toutefois pour eux une leçon décisive: la bourgeoisie républicaine, qui règne au conseil municipal, peut accessoirement les soutenir contre les patrons; les négociants et autres courtiers de commerce peuvent trouver leur intérêt dans l'émergence d'une force de production ouvrière indépendante" (p. 414-415).

A l'issue du conflit, une poignée d'ouvriers adhérents du syndicat réunit difficilement 900 francs à raison d'actions de 50 francs l'une. Guyader obtient bientôt grâce au soutien des syndicats des différents corps de métier de Morlaix 7000 francs pour lancer la coopérative des tonneliers.  

Les patrons, maîtres tonneliers, tentent de jouer de leur influence pour priver les coopérateurs de commandes et d'approvisionnement en bois mais le maire républicain de Morlaix, Onésime Kérebel, l'un des principaux négociants en beurre, va rompre le contrat des puissants contre l'émergence de la coopération ouvrière en commandant 600 barils de beurre à la coopérative d'Yves-Marie Guyader. Le maire, qui jouit d'une forte influence, est imité par d'autres négociants qui passent des commandes, au début modestes, de sorte que de six, les coopérateurs passent rapidement à vingt. Pour tenter de contrecarrer ce développement, les patrons tonneliers décident de ne plus produire de barils de beurres alors même que la production annoncée pour l'été est excellente: dès lors, les négociants prennent de plus en plus le parti de la coopérative qui à la fin 1894 emploie 124 ouvriers, parmi les meilleurs. Les patrons vont réagir en cassant leur prix pour casser les reins de la coopérative et les effectifs de celle-ci vont tomber à 93 en 1895. Pour contrer ce dumping, le maire Onésime Krébel fait augmenter le prix des barils de beurre afin de soutenir le salaire plus élevé de la coopérative (5 francs au lieu de 4 chez les maîtres tonneliers).   

C'est sous l'influence de Yves Le Febvre, beaucoup plus jeune que lui, que Yves-Marie Guyader deviendra réellement socialiste en doctrine.

Yves Le Febvre

Yves Le Febvre, né en 1874, était le fils d'un docteur, conseiller municipal républicain à Morlaix et d'ascendance noble. Il est devenu socialiste à Paris en préparant son doctorat de droit et en fréquentant Briand et Jaurès. C'est lui le premier en 1898, à seulement 24 ans, qui défend ouvertement les principes politiques marxistes et socialistes à l'intérieur d'une société électorale républicaine où l'on trouvait une assistance nombreuse où les ouvriers syndiqués étaient bien représentés. Le Febvre se déclare internationaliste, défend le principe de l'affrontement de classe. Guyader le suit et propose la création d'une association socialiste. La première liste socialiste est constituée à la veille du 19e siècle: elle obtient au premier tour des municipales entre 814 et 854 voix (seuls un tiers des inscrits se sont rendus aux urnes) mais est battue au second tour grâce à l'alliance des républicains de centre-gauche et de catholiques modérés. Lors des élections cantonales du début du siècle, le score des socialistes sera très bon à Morlaix (le meilleur des listes en présence) le poids de la partie rurale de l'arrondissement les empêchera de gagner des sièges.

D'emblée le défi d'Yves Le Febvre et du groupe socialiste morlaisien est de contribuer à transformer un socialisme pratique fondé sur un réseau de syndicats et de coopératives en un mouvement politique. Vers 1898-1899, le socialisme n'est vraiment bien implanté en Bretagne qu'à Nantes et dans sa région: il a périclité à Brest et à Lorient et commence à s'organiser sur la base des syndicats et coopératives de production à Morlaix, Fougères, Hennebont.

Ce fut au congrès socialiste régional de Nantes, tenu en 1900, que la fédération socialiste de Bretagne se forma en réunissant dès le début 18 groupes et 70 organisations coopératives ou syndicales. Une fédération des groupes socialistes de Bretagne a lieu en mars 1900 à Nantes: 5 organisations ouvrières morlaisiennes y adhèrent (tonneliers, couvreurs, tanneurs corroyeurs, menuisiers, bâtiment). Avec Nantes, Brest et Saint Nazaire, Morlaix devient l'un des centres les plus actifs du socialisme breton.

Les groupes de Morlaix, de Carhaix, de Rennes et Lorient furent les premiers à envoyer leur adhésion. "Les autres congrès de la fédération socialiste de Bretagne se tinrent à Morlaix, Rennes, Lorient, Saint-Brieuc, Brest et encore Saint-Brieuc pour le dernier en 1907. La première manifestation de la fédération socialiste de Bretagne se déroule le 3 avril 1900. Ce jour là, à Brest, Jean Jaurès et Aristide Briand animent " une grande réunion publique et contradictoire" à la salle de Venise devant près de 2000 personnes.

Jaurès à Morlaix...

Le 5 avril c'est à la salle du commerce, à Morlaix, à l'invitation d'Yves Le Febvre que les 2 orateurs interviennent.

La municipalité a refusé ses salles pour la réunion publique présidée par Le Febvre. Entre 400 et 1000 spectateurs selon les sources assistent à la réunion publique avec Jaurès, qui valorise le développement des sociétés mutuelles, des syndicats et des coopératives, perçus comme moyen de la conquête des pouvoirs publics par la classe ouvrière pour transformer la société.

La Résistance (Croix de Morlaix), le journal de la droite cléricale et réactionnaire, note: "nous sommes bien obligés de reconnaître au citoyen Jaurès une très grande puissance oratoire (...). Il n'est qu'un tribun curieux à entendre, un illuminé dont les paroles ne doivent pas être prises en considération".

On lit aussi en première page dans l'hebdomadaire daté du samedi 7 avril, sous la plume d'un grand et subtil progressiste, Auguste Cavalier, paix à son âme:

" Jaurès à Morlaix.

L'Union sociale anticléricale vient de frapper un grand coup.

M. Jaurès, le Jaurès de Carmaux et de toutes les grèves, le Jaurès du syndicat Dreyfus-Reinach, est venu à Morlaix prêcher la lutte des classes et le collectivisme révolutionnaire.

A la veille des élections municipales, cette manifestation audacieuse du parti subversif est intéressante à noter. Rien n'est plus capable de montrer aux Morlaisiens attachés aux idées de liberté où on voudrait les mener et qui on leur propose de suivre.

On veut les mener au bouleversement violent de la société, à la guerre fratricide entre patrons et ouvriers, à la spoliation des possédants, tout simplement.

Certes le parti socialiste morlaisien est dans son rôle en poursuivant cette œuvre de destruction, mais quel est dans cette combinaison nouvelle le rôle de la faction bourgeoise qui trahissant la défense de la société et la république libérale se traine aujourd'hui à la remorque du parti révolutionnaire? 

Dans quelques semaines les amis de Jaurès et les amis de la rue de Paris uniront leurs votes pour tenter ensemble l'assaut de l'hôtel de ville de Morlaix. On assistera à ce spectacle immoral du socialisme publiquement affiché, avec toutes ses ruineuses conséquences et soutenu publiquement non pas seulement par les professionnels du désordre mais aussi par une minorité de bourgeois vindicatifs et sectaires.

La conférence de Jaurès vient à point pour rappeler toutes ces choses à ceux qui seraient tentés de les oublier. Sans doute l'orateur de la sociale n'a pas été cette fois sur l'estrade par les pontifes de l'opportunisme anticlérical. Ces messieurs sont opportunément demeurés en coulisse. Mais le public qui n'est pas dupe de toutes ces manigances n'aura pas de peine à se rappeler que MM. Bodros et Paul Le Gac, délégués de la rue de Paris, acceptèrent sans embarras de présider, il y a quelques mois, une conférence révolutionnaire analogue à celle d'hier.

Jaurès a plus de talent (et ce n'est pas beaucoup dire) que Chiron et Yves Le Febvre, mais il n'est pas plus compromettant. ..."

Auguste Cavalier

"LE RÉVEIL MORLAISIEN" qui se présente comme le "Journal républicain progressiste indépendant de l'arrondissement de Morlaix - Paraissant le samedi" n'est pas plus tendre et fait dans le sarcasme le 7 avril 1900:

"Conférence Jaurès

à Morlaix

-

Morlaix le 6 avril 1900

Dix mille socialistes convaincus? ont applaudi hier, jeudi, les citoyens Briand et Jaurès. 

Traduction vraie.

Lisez: Dix pantins plus ou moins convaincus ont trôné sur un tréteau, pendant une heure environ, devant deux ou trois centaines de curieux qui pensaient assister à une représentation oratoire et patriotique. (Car ne vous en déplaise, selon eux, MM. les socialistes internationalistes regorgent de patriotisme).

La déception!

Le concerto commence par un sermon très ? très ? applaudi? par la claque, prononcé par le barnum Briand qui fait l'apologie, mille et mille fois ressassée du traître Dreyfus.

Briand combat le nationalisme, mais il est très légèrement égotiste, car son idée et celle de Jaurès vise la confiscation des biens pour les convertir en biens nationaux

Écoutez-moi! mes frères, s'écrie le grand patriote Briand: Déroulède, Millevoye, Guérin, etc... se posent en professeurs de patriotisme...

Erreur!!! citoyens.

C'est nous qui sont les autres!

C'est nous les vrais patriotes!

Parce que?? Et bien!!!

Parce que nous voulons que ce soit nous et en dehors de nous il n'y a pas de salut!

En dehors du socialisme international fondé par nous, la France est perdue!!!

Ainsi dit le Grand Patriote dreyfusard Briand. 

Ici se placent trois bravos et un, un seul cri, que nous ne pouvons reproduire.

C'est infect!!!

Enfin, après ce long dithyrambe arrive le grand, l'incommensurable orateur Jaurès!!! le grand Jean Jaurès comme dit le petit Yves. En somme le vrai Jaurès.

Voici sa Pose:

Une main sur le coeur!

Un pouce dans le gousset!

Air légèrement penché...!

Il tousse!!

Heu! Heu!

Citoillennes!

Citoiens!

Heu!! Heu!!

Excusez!

Car je suis fatigué! Un coup à la topette car on fume.

C'est compréhensible.

Car depuis plusieurs semaines je voyage et je déblatère pour la misère du pauvre prolétaire.

(Accent gascon)

Ici une interruption:

" Pour la pièce de cent sous s'écrie un aveugle pour de vrai qui d'ailleurs se fait expulser, mais qui n'en a pas moins protesté à sa façon contre le commis-voyageur socialiste, rédempteur de la misère humaine".

Et dire que c'est un aveugle qui seul ou tout au moins le premier a vu clair dans cette aventure d'acteurs grassement payés pour pleurer des larmes de crocodile sur le prolétariat. 

Ici se place un grand mouvement oratoire:

Jaurès s'écrie:

Citoyens, mes frères... jusqu'à la poche - !!

Breuteur! Betec ar godel!

Le peuple souffre! pas de pain dans la huche! pas de fiacre pour aller à la grève gober des huitres socialistes à la barbe des gogos qui gobent nos paroles - et en outre un sale patron qui vous bigorne d'un œil dur derrière ses billets de banque! 

Ah! mes frères, réagissez!

Ou bien employez mon truc!!

Et:

D'un geste qui ne répudierait pas le dernier des gavroches, le richissime Jaurès verse une dernière larme en tapant sur son gosset et en s'écriant d'une voix plus que mêlé - cass

Tout evid homp, hag netra evit ar reo all!  

(Tout pour moi rien pour les autres)

Greomp partaj var leve an dudall, mes arab eo touch deus va leve.

(Partageons les propriétés des autres, mais il ne faut pas toucher à mon bien).

Tel est le fond de la doctrine Jaurès et Compagnie.

Ainsi donc!

Artisanet ha tabourrien!

Digoret mad ho daou lagat!

(Artisans et laboureurs, ouvrez l’œil et le bon) "

Le reste est à l'avenant de cet article farcesque signé Eb. Tam...

Le Courrier du Finistère le 7 avril 1900 toujours commente de manière tout aussi ironique et critique, mais plus informée et moins caricaturale, la réunion publique de Brest de Jaurès:

"Le Socialisme en Finistère

M. Jean Jaurès, rhéteur de grand renom, bourgeois, opulent et amateur mystique des eaux du Jourdain est venu mardi passé, porter aux prolétaires brestois la bonne parole socialiste et révolutionnaire. Sans être un évènement, c'était un gros incident dans le calme relatif de l'existence politique et sociale en Finistère. Cet incident, certains le prenaient d'avance au tragique, d'autres à la plaisanterie. Ces deux tendances étaient assez fidèlement représentées, l'une par la Dépêche, l'autre par le Finistère.  

La Dépêche craignait que la parole entraînante de l'ancien opportuniste devenu démagogue par calcul, ne fit beaucoup de mal. Cette crainte nous paraissait assez fondée. Car bien qu'on ne puisse guère voir en M. Jaurès "l'homme juste et constant en ses desseins, que l'écroulement du monde, au dire d'Horace, trouverait impassible", bien qu'on s'étonne de trouver chez lui un étrange alliage d'athéisme furibond et de pratiques outrées de vieille dévote, M. Jaurès n'en démeurait pas moins, pensions-nous, un orateur de premier ordre, dont la parole magique et chaudement imagée pouvait soulever les enthousiasmes populaires et jeter le trouble et le doute dans l'esprit des foules peu cultivées auxquelles il s'adresse désormais. 

Le troc qu'il a fait du sévère manteau philosophique contre la défroque pailletée du charlatan politique, n'a pas été il est vrai sans lui attirer des mésaventures: Après avoir renié ses premiers amours qui le classaient dans la bourgeoisie opportuniste, il n'est pas éloigné de se voir renié lui-même par le parti socialiste sur l'autel duquel il a brûlé ce qu'il avait d'abord adoré. 

Son attitude pompeuse jusqu'au grotesque dans l'affaire Dreyfus, lui a valu ainsi qu'à ses compagnons d'aventure, les plus sanglants sarcasmes du vieux doctrinaire du socialisme allemand, Liebnecht. Son ardeur soumise à soutenir envers et contre tous le ministère ou s'est embourgeoisé cette autre lumière du socialisme qui a nom Millerand, l'a mis en conflit avec le gros des troupes collectivistes qui marchent sous les ordres de Jules Guesde et Zevses. Et s'il peut encore se présenter au nom de quelqu'un autre que lui-même, c'est autant au nom du bourgeois Waldeck-Rousseau et du fusilleur Galliffet, qu'au nom de son ami et ministre Millerand. 

Et malgré tout, nous pensions qu'il lui restait encore une arme bonne et bien trempée, sa parole ardente et imagée bien qu'un peu creuse et boursouflée.

Après sa conférence de mardi soir à la salle de Venise, on peut dire hardiment qu'il ne lui reste plus rien. La chute est complète et l'on reste étonné de l'espace qu'il a parcouru dans la décadence depuis l'époque relativement rapprochée où il sortit de sa chrysalide bourgeoise, pour s'épanouir en papillon drapé du collectivisme.

Des lieux communs mille fois ressassés sur le paradis socialiste et le silence le plus complet sur les moyens pratiques d'y arriver, voilà tout ce que M. Jaurès a servi au public en échange de 50 centimes d'entrée. C'est un véritable abus de confiance... "

Morlaix une ville au développement du socialisme important au début du XXe siècle

Au congrès socialiste de Rennes de 1902, Morlaix est la ville qui détient le plus de mandats (9) après Nantes, 3 fois plus que Brest. En 1900, aux élections au conseil général et la députation, Guyader arrive en tête à Morlaix-ville devant la droite et le centre gauche libéral.  

Au Congrès socialiste de Rennes en 1902, Morlaix est la ville qui détient le plus de mandats (9) après Nantes: 3 fois plus que Brest.

Au début du 20e siècle, Morlaix devient "l'épicentre du socialisme dans le département", comme l'écrit Vincent Rogard, à qui nous empruntons l'essentiel de ces informations (Les Catholiques et la question sociale: Morlaix 1840-1914 

La réussite de la coopérative des tonneliers a été à l'origine de la fondation d'autres coopératives morlaisiennes. Les ébénistes créent l'Ameublement. Les couvreurs l'Union des ouvriers couvreurs. Les fondations de coopérative se succèdent ensuite régulièrement jusqu'en 1914. Souvent, c'est dans la foulée d'une grève que la coopérative est organisée. Ainsi, la grève de 63 jours des ouvriers typographes de 1911 se termine sur une augmentation de salaire et aboutit à la formation de l'Imprimerie Nouvelle. Il en va de même pour la coopérative des maçons et l'Union des Tanneurs.

"Certaines coopératives, comme l'Ameublement, précise Vincent Rogard, s'avèrent d'emblée compétitives et procurent à leurs membres une réelle amélioration de leurs conditions de vie tandis que d'autres sont à la peine. Lorsque Vila visite la coopérative des cordiers en 1903, son compte rendu est, de ce point de vue, instructif: "La coopérative est située à Petit-Launay, à trois kilomètres de Morlaix. Ils ont fait construire un hangar avec une subvention de 1000 francs et ont acheté un métier à filer. Mais leur travail reste primitif. Il faut travailler onze heures pour gagner 2,75 francs par jour. Ils ont fait nénmoins cinquante-six francs de bénéfices. Un prêt de 3000 francs pour un moteur serait nécessaire". Les coopératives ne sont pas toutes sur le même plan du point de vue de leur taille et de leur chiffre d'affaires".

 

La maison du Peuple de Morlaix 

Des bourses du travail existaient à la fin du XIXe siècle, dépendantes de fonds publics. Pour garantir davantage d'indépendance, la CGT, créée en 1895 à Limoges, va chercher à posséder ses propres bâtiments. Ce sera la création des Maisons du Peuple. C'est en Bretagne qu'apparaissent les premières maisons (Saint-Nazaire, puis Fougères en 1908) financées par les syndicats et leurs adhérents, construites grâce au travail de bénévoles syndiqués du bâtiment. Ces Maisons du peuple favorisent un développement plus libre de l'action syndicale et des activités sociales ou éducatives (coopératives d'achat, cours professionnels, bibliothèques, conférences...). Morlaix, qui n'a jamais eu de véritable bourse de Travail, mais seulement une Union des Syndicats, attend 1924 pour avoir sa Maison du Peuple.

En 1922, la CGT est traversée par deux courants opposés qui amènent une scission en deux confédérations: la CGTU, dite unitaire, révolutionnaire et proche des communistes; la CGT, dite confédérée, de tendance réformiste et socialiste (la CGT retrouvera son unité avec la stratégie anti-fasciste de rassemblement républicain du PCF, et le Front populaire, en 1936). La scission se répercute dans les fédérations professionnelles et les structures territoriales et locales. A Morlaix, il y a deux unions locales, une CGTU et une CGT. Malgré leurs divergences, les syndicats morlaisiens s'entendent pour créer et gérer ensemble une maison destinée à les accueillir tous.

L'acquisition de l'immeuble de la Ménagère intervient fin juillet 1924. Dès novembre 1924, plusieurs activités récréatives, éducatives, et sociales, s'ajoutant aux permanences d'information, y sont organisés pour les adhérents: bibliothèque, salle de lecture et d'écriture, jeux de société. De 16h à 18h30, une salle permet aux enfants des syndiqués de faire tranquillement leur travail scolaire, une autre salle sert de garderie et de salle de jeux.

En 1925 a lieu une grande grève des dockers à Morlaix, initiée par la CGTU.

Poursuivant son activité d'éducation populaire et de solidarité, la Maison du Peuple de Morlaix va connaître une intense activité en 1936, accueillant des congrès syndicaux de la CGT réunifiée, des meetings socialistes de la SFIO de Tanguy-Prigent, des séances de travail du Comité antifasciste. Durant la guerre d'Espagne, de 1936 à 1939, l'UL CGT de Morlaix et la maison du peuple sont au coeur de la solidarité avec les républicains espagnols, comme l'a montré la récente exposition de la Maison du Peuple de Morlaix préparée par un travail sur les archives de Anne-Marie et Alain Quesseveur. En 1939, après les victoires de Franco, un comité d'accueil et de secours est créé, organisant des collectes en ville et à la campagne, stockant dans les locaux de la maison vêtements, linge, nourriture, hébergeant aussi dans ses greniers plusieures dizaines de réfugiés durant des mois (les derniers partiront début 1940).

Une auberge de jeunesse a également été créée à la maison du peuple du temps du gouvernement du Front Populaire, avec une subvention du secrétariat d'état aux sports et loisirs de Léo Lagrange. A cette époque, le cinéma pour les scolaires et coopérateurs, le théâtre, les activités caritatives du Secours Populaire tournent à plein régime à la Maison du Peuple.    

 

Sources:

Les Catholiques et la question sociale Morlaix 1840-1914 L'avènement des militants  , Vincent Rogard (Presses Universitaires de Rennes)

Plaquette de présentation du comité de la Maison du Peuple: La Maison du Peuple de Morlaix 1924-2014: 90 ans d'histoire syndicale et sociale 

 

 

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9 février 2020 7 09 /02 /février /2020 19:57

Il y a deux jours Rouge Cerise révélait que dans son infinie bonté, la direction de la SNCF récompensait les non-grévistes en leur accordant des primes.

Après tout, c’est une longue tradition que de récompenser les traîtres par des espèces sonnantes et trébuchantes.  N’est-ce pas Judas ?

Rouge Cerise est heureuse d’offrir à ses lectrices et lecteurs ce texte de notre camarade Roger Martin.

Tu as pris leur pourboire mais ils te méprisent. 

En hommage aux grévistes en général et aux cheminots en particulier.

 

Oui, je sais, tu roules, mais pas sur l’or.

Avec ta femme , vous avez acheté une maison, vous y aviez bien droit, non ?

Il faut payer les traites. Vous avez signé un contrat qui vous garantit en cas d’accident, de longue maladie, et même de mort. Mais nulle part il n’y est question de grèves !

Et puis, y-a les mômes. C’est que ça mange un môme, c’est que ça a des besoins, des activités.

Y-a eu Noël et le Jour de l’An et il faut payer un tiers d’avance pour la location de 15 jours cet été.

Oh, tu vas pas à Saint-Paul de Vence, ni à Monaco, encore moins en croisière dans les îles sur une de ces usines flottantes qui polluent avec la bénédiction du Capital, mais même dans les Pyrénées ou au-dessus de Sisteron, avec deux ou trois sorties, le zoo et le complexe multi-bulles pour les enfants, faut quand même serrer un peu la ceinture.

T’as pas fait grève, ou juste un jour ou deux, parce que, honnêtement, tu le sais bien, chaque fois que vous avez obtenu quelque chose, c’est parce que vous vous étiez battus et que malgré tout l’enfumage du Medef et du gouvernement, toi, tu sais bien que la réforme de la retraite, c’est le contraire de la justice et de l’égalité.

Alors t’as repris le taf (quand tu l’avais arrêté) et puis t’a bouché tes oreilles chaque fois que les grévistes sont venus appeler à élargir le mouvement, et tu t’engouffrais dans ta cabine pour plus entendre les sifflets et les noms d’oiseau. T’as appris à serrer les dents. Pour les aigreurs d’estomac, y-avait toujours des pastilles.

Chaque jour tu t’es pris à espérer des trucs qui te rendaient malade. Le mouvement s’essoufflait, les irréductibles étaient réduits. Y-avait pas une chaîne de télé pour dire le contraire. Pas un journaliste (en tout cas sur les écrans) pour glisser quelques mots favorables aux grévistes. Le problème c’est que ça c’était surtout de l’intox matignonesque et de la démoralisation élyséenne. À la fin, tu fermais ta gueule et tes oreilles, tu filais comme un rat pour éviter tes camarades de travail. Sur les téloches, on le répétait assez qu’ils pouvaient être violents, irrespectueux de la démocratie, qu’ils attentaient à la liberté du travail. Mais toi, au fond, ce qui te tuait, c’est que tu savais parfaitement qu’ils avaient raison et que, s’ils t’en voulaient, c’est qu’avec toi, et les autres, on gagnait les doigts dans le nez.

Quarante jours, et plus, et ça n’arrêtait pas. Bien sûr, y-avait des pauses, on reprenait deux jours et on relançait ensuite. Et il y avait tous les autres, les électriciens et les gaziers, les profs, les danseurs de l’Opéra, les salariés de Radio France, des intermittents, des personnels de santé, même des flics et des pompiers. 

Tu te disais qu’il fallait tenir encore deux jours, trois maximum, qu’après les choses se tasseraient et qu’on oublierait ce mot que ton père prononçait presque en crachant : JAUNE. Mais tout ce que tu découvrais, c’est que la colère montait, c’est que, cette fois, ils étaient très nombreux à répéter que si on lâchait, ce serait foutu pour de bon et que, donc, on lâchait rien ! 

C’est là que tu as perdu le sommeil, que tu as compris ce qu’était ce fameux « burn-out » qu’on évoquait parfois dans des débats à 23h30 sur des chaînes câblées. Ségolène, qui parle français, aurait appelé ça la « cramitude ». Tu avais la sensation de te consumer de l’intérieur, de te recroqueviller.

Et puis, un soir, on t’a appelé, à ton domicile. Un roulant qui ne faisait jamais grève, pas un copain. Il avait parlé de toi. La direction estimait qu’on ne parlait que des agitateurs, des saboteurs et qu’il était de son devoir de mettre en valeur les comportements responsables et la conscience professionnelle. On allait attribuer des primes, plusieurs centaines d’euros. Ça se refuse pas, non ?

Tu ne sais même plus ce que tu as répondu et tu as mis deux jours à en parler à Mélanie.

Et encore, c’est elle qui a vu que ton état empirait. Elle voulait que tu te mettes en maladie. Après tout, d’autres l’avaient fait. Mais ça, c’était pas possible. Tu avais fait un choix et tu l’assumerais…

Trois cents euros. Ce matin-là, vous avez vu sur Internet que le virement était arrivé.

Vous étiez à table, Mélanie et toi, lorsque Marie est arrivée du collège. La moitié de ses profs étaient en grève. Avec des copines, elles avaient refusé d’aller en étude. « On est solidaires des profs ». Elle était debout à vous regarder. Les larmes te sont montées aux yeux sans crier gare. Mélanie te fixait. Tu n’osais plus regarder ta fille. D’ailleurs tu avais bien senti qu’à l’affection qu’elle avait pour toi se mêlait depuis peu de la tristesse. De la déception, peut-être. Mélanie s’est levée, elle a filé dans la chambre. Tu l’as entendue fouiller dans l’armoire, remuer la boîte en fer blanc qui avait contenu des palets bretons et où, semaine après semaine, elle rangeait l’argent des pourboires qui paieraient les sorties de l’été. Tu as compris avant qu’elle réapparaisse.

Pendant quelques secondes vous vous êtes regardés. Marie ne vous quittait pas des yeux. Puis ils se sont posés sur la main droite de sa mère. Mélanie t’a tendu les billets.

Tu les as pris et tu as éclaté en sanglots. Marie a écarté ses bras et les a refermés sur vous.

Elles t’ont regardé sortir et lorsque tu as tourné le coin, tu les as vues serrées l’une contre l’autre te faire signe et une onde de fierté et de tendresse t’a parcouru. Tu n’avais pas de poste dans ta vieille C1 et pourtant la voix de Ferrat a envahi l’habitacle : « La Femme est l’avenir de l’homme ».

Quand tu es arrivé à la gare d’Avignon, quelques palettes finissaient de se consumer. Une quarantaine de personnes se réchauffaient autour du feu. Le mistral faisait claquer les drapeaux de la CGT et de SUD.

Les militants communistes de la section Oswald Calvetti, mobilisés depuis le premier jour, servaient du café et du vin chaud. Tu as traversé le cercle, soudain silencieux. Il y avait là deux ou trois cheminots qui n’avaient pas été tendres avec toi, mais chacun semblait avoir conscience que quelque chose se passait. Tu t’es arrêté devant la boîte qui servait à recueillir les dons de la solidarité et tu as tiré les billets de ton blouson avant de les glisser par la fente. Tu as murmuré, plus pour toi que pour les autres sans doute :  Le salaire de la honte…

Quelqu’un, tu ne sais plus qui tant tu étais bouleversé, a dit : « Ils se contentent pas de nous écraser, ils veulent nous humilier ».  

Et puis, on t’a pris par l’épaule, on t’a fait avancer et tu as entendu Michel, un de ceux qui avaient été les plus virulents, qui criait: « Un verre de vin chaud pour notre camarade ! ».

 

ROGER MARTIN

 

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