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29 novembre 2020 7 29 /11 /novembre /2020 09:57
En Inde, grève générale et répression brutale - Lina Sankari, L'Humanité, 27 novembre 2020
En Inde, grève générale et répression brutale
Vendredi 27 Novembre 2020 - L'Humanité

250 millions de travailleurs participent depuis jeudi à la plus grande grève de l’histoire mondiale contre la révision des lois sur le travail et la libéralisation de l’agriculture. Les tensions se sont accrues depuis le confinement.

 

Une fois n’est pas coutume, la police a dressé des barricades. À la frontière entre les États indiens de l’Haryana et de Delhi, les agriculteurs qui tentaient, jeudi, de pénétrer le territoire de la capitale ont été repoussés par les forces de police à grand renfort de canons à eau, gaz lacrymogène, drones de surveillance et d’arrestations massives. Le même scénario s’est répété dans l’Uttar Pradesh et l’Uttarakhand, deux autres États dirigés par le Parti du peuple indien (BJP) du premier ministre nationaliste Narendra Modi. La crise du Covid-19 a fait apparaître au grand jour la réalité de sa politique ultralibérale et autoritaire contre laquelle se lèvent les travailleurs indiens dans une grève générale de deux jours, la seconde journée d’action la plus importante après celle du 8 janvier, qui vit déjà converger 200 millions de personnes. Ils auraient été 250 millions, jeudi, soit la plus grande grève de l’histoire mondiale. Seul le syndicat Bharatiya Mazdoor Sangh (BMS), proche du pouvoir, reste en retrait du mouvement. L’intersyndicale, réunissant les fédérations de l’acier, du charbon, des ports, des télécommunications, du BTP, des banques, des assurances, du transport et de l’électricité demande notamment le retrait des réformes du travail, la fin des privatisations, des pensions de retraite et l’augmentation du salaire minimum.

La pauvreté de masse fait craindre le retour des famines

En septembre, trois textes législatifs majeurs sur le travail ont été adoptés sans discussion au Parlement. En Inde, le monde d’après a des relents de dérégulation : la flexibilisation du marché du travail, la facilitation des licenciements viennent s’ajouter à une tentative de neutralisation des syndicats, à qui l’on demande désormais de représenter 75 % des effectifs d’une entreprise pour être reconnus. Une atteinte aux conventions de l’Organisation internationale du travail. Au printemps, plusieurs États gouvernés par le BJP suspendaient pour trois ans le Code du travail au nom de la relance économique et de l’attraction des capitaux étrangers.

66 % des travailleurs interrogés ont perdu leur emploi durant le confinement, 77 % des ménages consomment moins de nourriture qu’avant et 64 % ont vu leurs revenus diminuer.

Depuis mars, les tensions ne cessent de s’exacerber. Ainsi, le confinement décidé dans la précipitation a-t-il plongé l’Inde dans le chômage et la pauvreté, alors même que 80 % de la population active relevaient déjà du secteur informel et que le précariat demeure la seule issue pour des millions d’invisibles. La pauvreté de masse fait craindre le retour des famines, dont le pays s’était somme toute affranchi. Selon une enquête du Centre pour l’emploi durable de l’université Azim Premji (­Karnataka), 66 % des travailleurs interrogés ont perdu leur emploi durant le confinement, 77 % des ménages consomment moins de nourriture qu’avant et 64 % ont vu leurs revenus diminuer. « Nous sommes à peine capables de survivre entre la hausse des prix d’une part et les bas salaires d’autre part. La révision des lois du travail nous asphyxie un peu plus », témoigne Sukhdev Prasad, un ouvrier de Ghaziabad, cité par le site indien d’information Newsclick.

Crise politique

Depuis septembre, les paysans, qui représentent 50 % de la population, sont également vent debout contre le gouvernement et la loi de libéralisation de la commercialisation des produits agricoles. Jusqu’alors, les agriculteurs vendaient leurs récoltes sur les marchés régionaux, régulés par les autorités locales. La loi élargit désormais la vente – à prix libres – aux entreprises, qui pourront passer des contrats d’exclusivité avec les producteurs. Rien n’empêche ainsi les compagnies de stocker les denrées pour une durée illimitée et d’organiser la spéculation. Une crise sociale qui n’a pas tardé à se muer en crise politique depuis la démission de la ministre de la Transformation alimentaire, ­Harsimrat Kaur Badal, issue du Shiromani Akali Dal, formation de centre droit partie prenante de la coalition, au nom d’une législation « anti-agriculteurs » . ​​​​​​​Au ­Parlement, lors du vote du texte, certains députés ont déchiré des copies du projet de loi et cassé des micros dans un chaos innommable. Huit d’entre eux ont été suspendus jusqu’à la fin de la session parlementaire.

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29 novembre 2020 7 29 /11 /novembre /2020 09:51
Inde: le Dalit Lives Matter, ou la révolte des impurs - Lina Sankari, L'Humanité, 28 novembre 2020
Inde. Le « Dalit Lives Matter », ou la révolte des « impurs »
Samedi 28 Novembre 2020 - L'Humanité

Après le viol et le meurtre d’une jeune dalit, un mouvement inspiré du Black Lives Matter se lève contre l’oppression systémique dont est victime cette population, plus connue sous le terme, récusé, d’« intouchable ».

Sans doute sa naissance était-elle déjà un crime. Le corps d’une jeune femme née dalit, hors du système de castes, donc impure, a été découvert, le 14 septembre dernier, la langue mutilée et la colonne vertébrale rompue, baignant dans une mare de sang, meurtri par un viol collectif perpétré par quatre membres de la caste des thakurs, celle des propriétaires terriens. Sans consentement de sa famille et en l’absence de celle-ci, la jeune victime, Manisha, est rapidement incinérée sur ordre de la police de l’Uttar Pradesh, un État du nord de l’Inde connu pour être le laboratoire de la haine confessionnelle. Les officiers mettent une semaine à enregistrer la plainte sans reconnaître le viol, afin d’étouffer l’enquête et la polémique. Cette jeune fille de 19 ans est pourtant le visage de l’Inde actuelle. Et réveille les pires haines.

Terreur safran

Pour le chef du gouvernement régional, le moine extrémiste Yogi Adityanath, l’histoire relève d’un « complot international » destiné à salir le Parti du peuple indien (BJP), la droite nationaliste hindoue au pouvoir. Dans son esprit, les journalistes auraient « offert 5 millions de roupies (57 000 euros) à la famille pour parler de viol ». Aux ordres, la police ouvre une plainte pour sédition, incitation à la haine entre castes et dix-sept autres charges. La terreur safran – couleur des nationalistes hindous – compte de nombreux séides dans les rangs des forces de police, qui refusent d’entendre les affaires impliquant des hautes castes.

« La plupart du temps, les policiers sont du côté des hautes castes et commettent eux-mêmes des violences et des crimes sur les dalits y compris dans les commissariats. Dans les prisons indiennes, les dalits ou groupes minoritaires sont surreprésentés parmi les détenus. Pire, ils sont souvent incarcérés sans jugement », observe Pardeep Attri, fondateur de la plateforme numérique anti-castes Velivada.

Privilèges de castes

Selon la Campagne nationale des droits humains des dalits, un crime est commis contre un dalit toutes les 18 minutes, 3 femmes dalits sont violées quotidiennement et 13 dalits assassinés chaque semaine. En augmentation de 6 % entre 2009 et 2018, ces données seraient toutefois en deçà de la réalité. Pourtant, aux yeux de Pardeep Attri, le problème ne date pas de l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi : « La situation perdure depuis des siècles. Ce que nous observons, en revanche, est un niveau de conscience plus élevé parmi les dalits, qui font montre de plus de détermination à parler des injustices qu’ils subissent avec la montée en puissance des médias digitaux. Cette alternative a permis de soulever certains problèmes à un niveau inédit jusqu’alors. »

Un mouvement salutaire a en effet pris corps. Sur le modèle de la lutte des Africains-Américains, « Dalit Lives Matter » (Les vies des Dalits comptent) s’installe dans le paysage et les houleux débats indiens. « L’expérience dalit est celle d’une oppression historique, systémique et structurelle. Les stigmates de l’intouchabilité résultent de l’idéologie de castes et de pureté qui en découle. Elle est un instrument de légitimation du pouvoir et des privilèges », relève Ruth Manorama, présidente de la Fédération nationale des femmes dalits. À l’échelle nationale, le groupe compte 201,4 millions de personnes, soit 16,6 % de la population indienne. La colère des dalits a ­explosé à de multiples reprises en émeutes, ces dernières années, après une série de lynchages publics perpétrés par les brigades de la vache sacrée, proches du BJP.

Icon QuoteNous devons porter une autocritique sur notre propre incapacité à produire une solidarité significative et transformatrice avec les dalits. Nous saluons ceux qui se lèvent pour résister au système de castes, au patriarcat et au capitalisme... 

Angela Davis

Les militants états-uniens ne tardent pas à leur exprimer leur solidarité. Ainsi en fut-il d’Angela Davis, figure du mouvement noir de libération des années 1970, qui pointe le caractère fasciste de l’actuel gouvernement indien : « Nous apprécions profondément la solidarité déployée en tant d’occasions par les militants dalits. Cependant, nous devons porter une autocritique sur notre propre incapacité à produire une solidarité significative et transformatrice avec les dalits. Nous saluons ceux qui se lèvent pour résister au système de castes, au patriarcat et au capitalisme (…) et, à l’heure où nous tentons de franchir un cap dans le combat contre le racisme structurel et la violence d’État, il est de notre responsabilité de nous joindre à vous dans votre combat contre les violences raciales, sexuelles et basées sur l’appartenance de castes. »

Sans protection face au Covid-19

Lui-même dalit, Bhimrao Ramji Ambed-kar, l’un des rédacteurs de l’actuelle Constitution, se convertit en son temps au bouddhisme pour dénoncer ce système de castes qui fut un thème de débat majeur avec Gandhi. Le Mahatma voyait dans la caste un modèle d’harmonie sociale. En théorie, l’article 17 de la Constitution indienne a aboli la pratique de l’intouchabilité. Les discriminations demeurent pourtant une réalité quotidienne : cantonnés dans des quartiers périphériques, les dalits continuent à subir une violence autant symbolique que physique. Dans les campagnes, ils ne peuvent ainsi accéder à la pompe à eau des castes supérieures pour ne pas la souiller et doivent descendre de vélo lorsqu’ils croisent une personne de rang supérieur. Les stéréotypes liés à la notion d’impureté ont la vie dure. Selon une étude menée en 2014 par l’université du Maryland (États-Unis), 27 % des Indiens interrogés refusent toujours de voir un dalit « entrer dans leur cuisine ou utiliser leur vaisselle ».

Cantonnés aux métiers considérés comme « impurs », dont personne ne veut assumer la charge, les dalits ont été particulièrement exposés avec la crise sanitaire. Dans des bidonvilles surpeuplés, l’eau et le savon restent des denrées rares. Moins de 10 % de ces foyers ont accès aux services de base d’eau potable, d’électricité et aux sanitaires. D’autre part, la distanciation sociale a été utilisée « comme un outil pour renforcer l’idéologie castéiste », note le Mouvement national dalit pour la justice. Éboueurs, fossoyeurs, nettoyeurs de latrines et agents de service hospitalier ont été exposés sans aucune protection au cœur du troisième pays le plus touché au monde par la pandémie de Covid-19.

Les niveaux de castes et de pauvreté restent liés

Il y a quelques années, le chef du gouvernement, Narendra Modi, qui a beau se réclamer d’Ambedkar, faisait remarquer que les vidangeurs manuels des toilettes à fosse avaient pour « devoir d’œuvrer au bonheur de la société tout entière et des dieux » et que « ce travail de nettoyage devait se poursuivre en tant qu’activité spirituelle intérieure pour les siècles à venir » !

Malgré la politique de discrimination positive née après l’indépendance et censée réservée aux dalits un quota de sièges dans la fonction publique et à l’université, les niveaux de castes et de pauvreté restent liés. « J’ai beau avoir obtenu un master dans une université de rang international, je reste un dalit. J’ai beau vivre au Royaume-Uni, les Indiens continuent de me demander mon nom de famille pour connaître ma caste. L’éducation m’a donné un travail qui me nourrit mais ne peut transformer un dalit en brahmane », se désole Pardeep Attri.

30 % d’alphabétisation

Le niveau moyen d’alphabétisation s’élève à 75 % au niveau national, mais est à peine supérieur à 30 % chez les dalits. Pour sortir de ce déterminisme, le jeune homme de 30 ans milite pour la publication de statistiques liées aux castes, notamment dans les entreprises, « afin que les gens puissent voir quels groupes occupent quels postes et profitent de tout en Inde ». Il propose également d’intégrer l’histoire des dalits aux programmes scolaires et d’attribuer des terres aux « hors castes » pour lutter contre la marginalisation et les violences faites aux ouvriers agricoles forcés de migrer d’une région à l’autre pour trouver du travail – au bon vouloir des hautes castes. Il suggère enfin la mise en place d’un mécanisme permettant de faire état des discriminations au sein des entreprises.

Pour Pardeep Attri, « même le manque d’innovation en Inde a été attribué au système de castes, le pays pourrait profiter globalement de la fin des discriminations et de politiques interventionnistes pour obliger le privé à instaurer des places réservées aux dalits ». Des quotas qui, de fait, achèvent de consacrer le système de castes au lieu de l’éliminer.

L’hommage opportuniste de Modi

Le premier ministre, Narendra Modi, dont la base électorale repose essentiellement sur les hautes castes, a multiplié les hommages opportunistes à la figure d’Ambedkar, sous-entendant même que, fils d’un vendeur de thé, il n’aurait pu accéder à sa fonction sans les combats du juriste dalit. « Le fils d’une mère pauvre comme moi a pu devenir premier ministre grâce à Ambedkar », expliquait-il, lors de l’inauguration du mémorial dédié au père de la Constitution, à New Delhi, en 2018. Une nouveauté pour le Parti du peuple indien qui s’est dans le même temps employé à mettre à bas tous les programmes d’éradication de la pauvreté. « C’est toute la stratégie du premier ministre qui consiste à s’approprier un individu, à taire les opinions et l’idéologie de celui-ci, dans le but précis de tuer cette même idéologie », souligne Sukhadeo Thorat, ancien responsable de l’Institut des études dalits.

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29 novembre 2020 7 29 /11 /novembre /2020 08:51
Photo de la manif du 28 novembre contre la loi Sécurité Globale à Paris (page facebook de Benjamin Amar, dirigeant de la CGT et du PCF)

Photo de la manif du 28 novembre contre la loi Sécurité Globale à Paris (page facebook de Benjamin Amar, dirigeant de la CGT et du PCF)

Une marée humaine pour défendre la démocratie ce samedi 28 novembre ...

600 manifestants à Morlaix, + 200 le samedi matin

+ 500 à Saint-Malo

Près de 7000 à Rennes

+ 5000 à Brest

3500 à Lorient

2000 à Vannes

10 000 à Nantes

3 500 à Tours, 1000 à Laval, 13 000 à Lyon, 6000 à Bordeaux, 5000 à Montpellier

200 000 à Paris, etc...

Loi "sécurité globale". 500 000 personnes défilent pour défendre les libertés
Samedi 28 Novembre 2020 - L'Humanité

À l’appel de la coordination « Stop loi Sécurité globale », 200 000 personnes ont manifesté à Paris contre la législation liberticide du gouvernement et ses dérives autoritaires. 

 

« Flou à lier » ; « Police criminelle est un pléonasme » ; « Le véritable virus s’appelle Darmanin, Lallement »… À l’appel de la coordination « Stop loi Sécurité globale », composée de syndicats de journalistes, d’associations de défense des droits humains, 200 000 personnes ont rivalisé d’inventivité à Paris, ce 28 novembre, pour dénoncer la loi sécurité globale et la dérive autoritaire du pouvoir. Dès 13 heures, un groupe de gilets jaunes a occupé la place de la République en scandant : « Liberté ! Liberté ! »

Un slogan qui a retenti partout en France : des milliers de personnes ont battu le pavé, comme à Lyon (13 000), Bordeaux (6 000), ou encore Montpellier (5 000). Au total, les organisateurs ont compté plus de 500 0000 manifestants réunis dans plus de 100 rassemblements à travers le territoire.

Place de la République donc, Mélanie et Laura, étudiantes à la Sorbonne, s’impatientent de voir la manifestation commencer. « Elle a bien failli ne pas avoir lieu ! Vous vous rendez compte, ils ont voulu nous empêcher de manifester alors qu’on dénonce les restrictions de toutes nos libertés », lâche la première, remontée contre le préfet de police Didier Lallement qui souhait interdire le défilé. Le tribunal administratif de Paris a finalement cassé cette décision, vendredi. « Depuis les manifs des gilets jaunes, on veut nous empêcher de manifester. Désormais, Darmanin veut nous dissuader de filmer la police. Cette loi me fait très peur, ce n’est pas le pays dont je rêve », abonde son amie, en regardant, l’air dépité, l’impressionnant dispositif policier. Des camions de CRS et de gendarmerie ont été déployés tout le long du boulevard du Temple, reliant la place de la République à la place de la Bastille, point d’orgue de la mobilisation.

Comme lors de précédents rassemblements, les manifestants réclament le retrait des articles 21, 22, et du très contesté article 24 de, qui prévoit de pénaliser la diffusion d’images de policiers, ainsi que l’abandon du nouveau Schéma national du maintien de l’ordre. « Cette loi est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, tance Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. C’est un pas de plus qui est franchi dans l’attaque de nos libertés individuelles et collectives ». Dans le cortège, des citoyens témoignent de leur inquiétude quant à la dérive autoritaire du pouvoir, qui pourrait pénaliser tous ceux qui filment ou font circuler sur les réseaux sociaux des images de violences policières. «Si on ne peut plus filmer, qui va nous protéger des violences policières ? » demande Maimouna, 19 ans. 

Les images de Michel Zecler, ce producteur de musique sauvagement tabassé et traité de « sale nègre » par quatre policiers cette semaine, étaient dans toutes les têtes. « S’il n’y avait pas eu d’images, il serait certainement en prison. Qui l’aurait cru face à la parole de trois policiers ? Personne ! Depuis des années, on parle de violences policières, Adama, Théo, Cédric Chouviat, et les vidéos ne suffisent pas à condamner les policiers », s’indigne la jeune femme qui a vu la diffusion du tabassage via Loopsider. Micro en main, Assa Traoré, la sœur d’Adama, a lancé, sous les applaudissements de la tête du cortège : « Il faut élargir le combat. Il faut interdire les violences policières, il faut que la France assume [le fait] qu’il y a du racisme dans la police. Arrêtons l’hypocrisie, ça se passe comme ça depuis des années dans nos quartiers. Certains n’ont pas eu le temps de sortir leur téléphone. »

Non loin de la place de la Bastille, vers 16 heures, la tension est montée d’un cran entre une poignée de protestataires vêtus de noir qui a brûlé du mobilier urbain et les forces de l’ordre. Les organisateurs de la marche ont enjoint à ne « pas casser », à ne « pas braquer cette manifestation dans laquelle (étaient) présentes de nombreuses familles. »

Face à un gouvernement qui fait mine de poursuivre une concertation pourtant au point mort, la coordination  « Stop loi Sécurité globale » en appelle  au président de la République pour qu'il "entende le peuple, descendu dans la rue en masse, pour défendre les libertés, toutes les libertés."

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 19:32
Rassemblement contre la Loi Sécurité globale samedi 28 novembre à 15h Place des Otages - Communiqué commun
MONTROULEZ / MORLAIX
🔴 Pour s'opposer à cette loi liberticide dite "Sécurité Globale". 🔴 ✊
Communiqué commun de : Jeunes Communistes, Le Parti Communiste, La Gauche Indépendantiste, Génération.s, Europe Écologie les Verts, Union démocratique bretonne, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Socialiste, Force Ouvrière, FSU, CGT, SUD, Association France Palestine Solidarité, Ligue des droits de l'homme, etc.
Samedi 28 Novembre, place des Otages à Morlaix, 15H.
 
Communiqué commun - Morlaix, 26 novembre
Rassemblement contre la Loi Sécurité globale samedi 28 novembre à 15h Place des Otages
 
La discussion sur la loi dite « sécurité globale » a commencé en première lecture à l’Assemblée nationale ce mardi 17 novembre. Nous dénonçons une loi attentatoire aux libertés publiques. 
 
Nous dénonçons également l’atteinte portée à la liberté de la presse et au droit à l’information. En effet, si les autorités publiques, police et gendarmerie, et des autorités privées, SNCF, peuvent plus facilement capter des images des particuliers, l’inverse sera interdit. Cette loi condamne « le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un agent de la police nationale ou de la gendarmerie nationale autre que son numéro d’identification individuel ». 
 
Toutes ces mesures sont l’expression d’une dérive autoritaire du Gouvernement. Non seulement elles ne protégeront personne, mais en plus, elles créeront les conditions d’une répression accrue des mobilisations sociales : restriction du droit de manifester, surveillance et répression des manifestants, impunité des policiers violents, restriction de la liberté de la presse et du droit d’information. 
 
Ainsi,
 
les Jeunes Communistes, Le Parti Communiste, La Gauche Indépendantiste, Génération.s, Europe Écologie les Verts, UDB, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Socialiste, Force Ouvrière, SUD Solidaires,  FSU, CGT, Association France Palestine Solidarité, Ligue des Droits de l'Homme, etc.
 
appellent l'ensemble des Morlaisiens et des habitants de la région sensibilisés à cette question démocratique majeure à se réunir
 
le Samedi 28 Novembre, place des Otages à Morlaix, 15H
 
Pour s'opposer à cette loi liberticide dite "Sécurité Globale"

Ouest-France

Morlaix. Rassemblement contre la loi « Sécurité globale » ce samedi

Pour dénoncer « une dérive autoritaire du gouvernement », plusieurs partis et associations appellent au rassemblement à 15 h, place des Otages à Morlaix (Finistère).

Ce samedi 28 novembre, plusieurs partis et associations appellent à un rassemblement contre la loi « Sécurité globale » à Morlaix (Finistère), à 15 h, place des Otages. Ils dénoncent notamment « l’atteinte portée à la liberté de la presse et au droit à l’information : si les autorités publiques, police et gendarmerie, et des autorités privées, SNCF, peuvent plus facilement capter des images des particuliers, l’inverse sera interdit », rappellent-ils.

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/morlaix-rassemblement-contre-la-loi-securite-globale-ce-samedi-7064813

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 19:16
Vers 1980 collectif du Travailleur Bigouden, de g à d : Gaston Ballliot, Jean Kervision, Albert Hénot maire de Tréffiagat, Paul Lemarchal, Guillaume Bodéré, Jacques Nicolas, José Kervision, Jean Le Brun maire du Guilvinec, Raymond Cariou, Jean-Louis Guiziou, Jean-Désiré Larnicol, Bastien Volant, Claude Delunardo

Vers 1980 collectif du Travailleur Bigouden, de g à d : Gaston Ballliot, Jean Kervision, Albert Hénot maire de Tréffiagat, Paul Lemarchal, Guillaume Bodéré, Jacques Nicolas, José Kervision, Jean Le Brun maire du Guilvinec, Raymond Cariou, Jean-Louis Guiziou, Jean-Désiré Larnicol, Bastien Volant, Claude Delunardo

Notre camarade et ami Gaston Balliot, ancien animateur du "Travailleur bigouden", le journal de la section PCF du Pays Bigouden, une section très importante dans le Finistère (historiquement la deuxième après Brest avec tous les ports de pêche à forte implantation communiste depuis le Front Populaire) a mis en ligne 35 ans d'un journal de section de grande qualité et met à disposition de tous les communistes, sympathisants, chercheurs et amateurs d'histoire ces documents de grande valeur. Un grand merci à lui!

"Au cours de cette année 2020 j'ai patiemment numérisé les anciens numéros du journal Le Travailleur Bigouden. Travail très long mais qui m'a rappelé plein de souvenirs... On y voit que la lutte est difficile, toujours semblable, et avec des vagues d'espoir et de déception. Je donne l'ensemble de ces archives avec grand plaisir au Parti Communiste à  qui elles reviennent. L'ensemble se trouve sur le site Internet:
www.travailleurbigouden.wordpress.com

Ce site vous appartient.

Gaston Balliot"

 

Le Travailleur Bigouden a été pendant de nombreuses années l’organe d’information
des sections bigoudènes (canton de Pont L’Abbé) du Parti Communiste Français

Les tout-premiers n° étaient ronéotypés : n°1 d’octobre 1966 au n°12 de juillet-août 1968. Il faut reconnaitre que c’était très rudimentaire. Mais au fur et à mesure du succès des fêtes du TB, les finances ont permis de passer à la version imprimée (nouvelle série).
« Le Travailleur Bigouden » a tour à tour été mensuel, puis bimestriel, voire trimestriel, en fonction des ressources.
Tiré entre 10 000 et 20 000 exemplaires, suivant les périodes, il était distribué par la Poste dans pratiquement tous les foyers du canton et de Plonéour.
Son financement était assuré par la publicité locale, les fêtes d’été, et par les dons de lecteurs.
Jean- Désiré Larnicol  était le directeur de la publication, Jean Kervision lui a succédé.

Chaque numéro contient une liste des souscripteurs, ainsi que des « échos bigoudens » dont la rubrique sur « le vieux Lesconil » cher à Raymond Cariou..

Le sommaire de l’ensemble des numéros est téléchargeable ici en pdf avec liens, éventuellement imprimable

Le Travailleur bigouden continue à exister en version blog et site internet alimenté par la section PCF du Pays Bigouden.

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 18:47
Crise sanitaire. Comment notre société peut-elle vivre avec cette pandémie ? (4)
Jeudi 26 Novembre 2020 - L'Humanité

rappel des faits Depuis presque un an, le monde, confronté à l’épidémie de Covid-19, doit relever de nombreux défis, notamment démocratiques, humains et sociaux.

 

tous les coups sont permis

Dominique Noguères Vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme

-
Au printemps, pendant le premier confinement, nous avions déjà vu se dessiner un avenir bien sombre avec des reculs importants de nos droits. L’état d’urgence sanitaire, qui en suivait un autre, a continué de mettre la population sous le boisseau de décisions gouvernementales plus autoritaires les unes que les autres. Sans revenir sur la nécessité de nous protéger, force est de constater que la machine s’est emballée au point de nous mettre en cette fin d’année dans une situation inédite de recul de nos libertés. Les exemples ne manquent pas, hélas. Outre le fait que la vie associative, militante, syndicale est malmenée par les contraintes imposées par la circulation du virus, les imprécisions, les hésitations, les discours guerriers du gouvernement contribuent à générer au mieux un état de sidération, au pire une inquiétude entraînant un repli sur soi, la peur de l’autre, malgré des élans de solidarité inédits. Le travail de sape de certains médias, les discours haineux et provocateurs diffusés à longueur de journée par de soi-disant experts sur des chaînes d’information continue contribuent à alimenter une ambiance malsaine. Les difficultés rencontrées pendant cette période de pandémie ne doivent pas permettre que soient sacrifiés les principes fondamentaux d’un État de droit. On nous ressort l’immigration, cause de tous les maux, une antienne qui revient comme à chaque fois que la situation est tendue. Les affirmations les plus fantaisistes et nullement étayées se répandent, qui contribuent à maintenir une population sous la menace d’une invasion et pire encore sous celle de migrants qui viendraient prendre leurs droits.

Et c’est aussi la loi sur la sécurité globale qui, bien loin de protéger, mettra toute la population sous surveillance. Des journalistes ou tout simplement des citoyens qui veulent témoigner sur des violences policières sont menacés de fortes amendes ou de peines de prison. Les risques d’autocensure sont énormes. Une réforme profonde des missions des polices municipales et des entreprises de sécurité privées et le recours aux drones et aux caméras couronnent le tout. Plus récemment, c’est une ordonnance pénale du 18 novembre 2020 qui ne permettra pas à la justice d’être rendue sereinement et équitablement par le non-respect du contradictoire, par le recours au juge unique, par la visioconférence imposée. Alors que dans ces périodes si troublées c’est plutôt l’apaisement qui devrait être la priorité du gouvernement, c’est en fait une fuite en avant sécuritaire et autoritaire qui se met en place, dont on se demande où elle s’arrêtera. L’inquiétude est grande de voir un jour tomber toutes ces mesures liberticides en de mauvaises mains. Elles nous sont présentées comme des mesures de sécurité sanitaire, mais nous n’avons aucune certitude sur leur utilisation future. Pour exemple, après l’état d’urgence lié aux attentats terroristes, la plupart des mesures spéciales ont été intégrées dans le corpus législatif. En sera-t-il de même après la fin de l’état d’urgence sanitaire ? Si nous sommes tous demandeurs de sécurité, cela ne peut être au détriment de notre sûreté et de nos droits. L’État de droit et nos libertés sont trop importants pour qu’ils soient ainsi malmenés. Alors, pandémie ou pas, pour continuer à vivre au mieux malgré les difficultés quotidiennes, ne perdons ni nos valeurs ni nos convictions, faisons-les vivre par tous les moyens en notre possession, tous les jours sans répit.

Le projet de loi sécurité globale est un danger

Céline Verzeletti Secrétaire confédérale de la CGT

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Les mesures prises durant la crise sanitaire ont eu un impact considérable sur l’organisation et les conditions de travail, sur les droits des travailleur·ses, leurs libertés individuelles et collectives, ainsi que sur leur situation sanitaire et sociale. Pendant les confinements, des salarié·es du secteur privé ou public ont travaillé dans des conditions extrêmement dégradées. Cela a parfois eu des conséquences sur leur santé : certains ont été contaminés, sont tombés malades, et parfois même en sont malheureusement décédés. D’autres ont perdu par la suite leur travail, ce qui a engendré une paupérisation intense des personnes et des familles. Ces situations ont eu un impact négatif direct ou indirect sur la santé mentale des salariés, des précaires, des intérimaires, des privés d’emploi, des autoentrepreneurs, des indépendants, des commerçants et des artisans. Certains d’entre eux n’ont pas pu bénéficier du chômage partiel. De nombreux étudiants salariés ont perdu leur travail et se sont retrouvés piégés dans un abîme social effrayant. La non-gestion de la crise sanitaire, les privations de libertés n’ont pas suffi au gouvernement. Ce dernier a adopté, par voie d’ordonnances et de décrets, une série de mesures dérogatoires au droit du travail pour une durée parfois indéterminée, via l’état d’urgence sanitaire. Les employeurs ont ainsi pu imposer ou modifier la prise de jours de congé ou de repos, déroger au repos hebdomadaire et dominical, allonger unilatéralement la durée du travail, différer le versement de certaines rémunérations, suspendre l’élection des représentants du personnel dans les entreprises, ou encore s’exonérer de certaines obligations de suivi médical.

Le coup porté par le gouvernement et le patronat est un double coup de massue : une estocade ! Pourtant, l’état d’urgence dit sanitaire ne s’imposait pas, les mesures sanitaires pouvaient être prises par les dispositions du Code de la santé publique. Au lieu de déroger au Code du travail, il fallait, à l’inverse et dans l’urgence, renforcer les droits des travailleur·ses et de toute la population, accorder immédiatement des aides massives à toutes les personnes en grande précarité et revaloriser tous les métiers d’utilité sociale. Cette option ne fut pas celle du gouvernement. Au lieu de continuer à supprimer des lits d’hôpitaux, le gouvernement devait investir dans le service public de la santé, les services publics en général pour lutter contre toutes les paupérisations. L’ensemble des inégalités ont augmenté durant la crise. C’est inacceptable. Au lieu de profiter de la crise sociale et sanitaire pour nous évincer, toutes et tous, de nos droits les plus fondamentaux, le gouvernement a le devoir de nous assurer une qualité de vie sociale et démocratique. En portant atteinte aux libertés, dont celle de la presse, il assombrit la démocratie. Le projet de loi sécurité globale est un vrai danger et ne doit plus être, tout comme celui portant sur le séparatisme. Oui, le gouvernement assombrit les fondements mêmes de notre République, il divise et tente de nous réduire à l’état d’objet. Ne cédons rien, ne lâchons rien ! Nous sommes sujets, et c’est bien en tant que sujets libres et citoyens que nous pourrons vivre avec cette pandémie. C’est parce que nous resterons libres et solidaires que nous resterons vivants et dignes !

sortir le capitalisme et saisir l’alternative

Alain Bihr Sociologue, professeur honoraire de sociologie à l’université de Bourgogne-Franche-Comté

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Comment notre société peut-elle vivre avec cette pandémie ? La réponse est en partie comprise dans la question, à condition d’inverser l’adjectif qui qualifie « notre » société. C’est précisément parce qu’elle est inhumaine qu’elle peut continuer à survivre (mais non pas vivre) avec cette pandémie. En contraignant bon nombre de ceux qui ont un emploi à continuer à se rendre sur leurs lieux de travail, au risque d’une contamination ; en en contraignant d’autres à transformer une partie de leur logement en annexe de « leur » entreprise. En précipitant des centaines de milliers de titulaires d’emplois précaires dans le chômage, source d’angoisse et menace d’appauvrissement. En interdisant aux uns et aux autres toute sortie qui ne soit pas strictement fonctionnelle. En nous privant tous et toutes de la joie de retrouver nos proches, parents et amis, d’échanger avec eux poignées de main et embrassades, repas et conversations. En nous tenant à l’écart des restaurants, cinémas, salles de concert, musées, terrains de sport, etc. En transformant l’espace public en cette scène où ne figurent plus que des visages masqués, anonymes, sans expression, fantomatiques. Mais, dans une société capitaliste, pour la dénommer proprement, l’essentiel n’est pas là. Il s’agit moins de sauver des vies humaines et encore moins ce qui rend la vie humaine que les conditions qui rendent possible la poursuite de la valorisation et de l’accumulation du capital, fût-ce à moindre échelle et à un rythme ralenti. Ce que « nos » gouvernants et les médias nomment « l’économie ». Et, sous ce rapport, la pandémie n’est pas une si mauvaise affaire : par la brusque montée du chômage, elle dégrade encore un peu plus le rapport de forces entre travail et capital en accroissant, demain plus encore qu’aujourd’hui, la concurrence entre celles et ceux qui ont un emploi et celles et ceux qui n’en ont pas. Quant au surcroît d’endettement public rendu nécessaire par le « sauvetage de l’économie », « nos » gouvernants comptent bien sur les contribuables pour en supporter la charge finale. Et, chacun·e ainsi confronté·e plus que jamais à la hantise du lendemain, les voix seront encore plus faibles pour rappeler que c’est cette même « économie » qui, par ses débordements inconsidérés sur des milieux naturels, engendre depuis quatre décennies ces zoonoses à répétition, dont la pandémie actuelle n’est que la dernière en date… en attendant les prochaines.

Le tableau précédent serait cependant désespérant s’il n’était unilatéral. Car, au cœur de la pandémie, quelques indices forts ont fait signe en direction d’un autre monde possible. Des solidarités locales ont permis, dans les banlieues urbaines aussi bien qu’au fin fond des campagnes, que les plus démuni·es et les plus isolé·es puissent ne pas succomber, matériellement ou psychiquement. La réduction de « l’économie » à la production des biens et services de première nécessité a mis en évidence l’inutilité, voire la nocivité d’une bonne partie de tout le reste, partant la possibilité mais aussi la nécessité d’une réduction substantielle du temps de travail, que l’emploi de tous et de toutes pourrait comprimer davantage encore. La pandémie a de même mis en évidence la priorité absolue d’assurer à chacun·e ces équipements collectifs et services publics que sont le logement, l’éducation, la santé, la culture, tous malmenés par des décennies d’austérité néolibérale. Sans compter l’accablant spectacle de l’incurie et du cynisme de la gestion de la pandémie et de ses suites par « nos » gouvernants. Alors, qu’attendons-nous pour les congédier et prendre nos affaires en main ?

De la démocratie sanitaire

Texte collectif

La santé est devenue un principe supérieur de nos sociétés, au point même que le président de la République, pourtant préoccupé par les enjeux économiques, a pu s’engager à la protéger, « quoi qu’il en coûte ». Mais de quelle santé parle-t-on ? Si l’on reprend en effet la définition de l’OMS, la santé « est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Elle s’inscrit donc dans un ensemble d’enjeux sociaux que la gestion de crise a réduit à la lutte contre l’épidémie sans autre considération. Et cette lutte contre l’épidémie s’est elle-même resserrée autour de la gestion des soins hospitaliers, et, plus encore, des lits de réanimation, au sein des services qui traitent les formes les plus sévères – mais minoritaires – de ­Covid-19. Tout est fait pour protéger les hôpitaux, présentés comme la dernière digue pour protéger le système de santé dans son ensemble, au risque d’oublier le rôle central de la prévention et de la promotion de la santé dans ses multiples dimensions. Mais, autant au printemps l’urgence et les incertitudes entourant la maladie pouvaient justifier une telle focale, autant celle-ci mérite d’être interrogée aujourd’hui dans la deuxième vague, alors que l’on en sait plus sur les effets délétères des mesures de gestion de crise, en particulier du confinement. Des associations de patients et des professionnels de santé alertent sur les conséquences sanitaires dramatiques des retards, voire des arrêts de dépistage et de prise en charge de certaines pathologies. Les hôpitaux connaissent des tensions internes beaucoup plus importantes, car les professionnels, dans un contexte de ressources contraintes, ne sont plus d’accord pour privilégier systématiquement les patients atteints du Covid au détriment des autres. Plus largement, les associations caritatives alertent sur l’augmentation de la pauvreté (dont on connaît les effets délétères sur la santé), la malnutrition ou encore l’augmentation des violences conjugales quand les psychologues et les psychiatres s’alarment de l’accroissement et de l’aggravation des troubles psychiques. Bref, si la pandémie de Covid-19 est à bien des égards une crise de la santé publique, mettant en lumière le poids considérable des inégalités sociales de santé, il est à craindre que les mesures prises aujourd’hui ne conduisent à d’autres crises de santé publique tout aussi graves. Pour faire ces choix politiques difficiles mettant en balance les malheurs d’aujourd’hui et ceux de demain, il est essentiel d’impliquer les forces démocratiques. Or, le gouvernement s’est enfermé dans une gestion élitaire et verticale de la crise, en donnant à un Conseil scientifique, créé ex nihilo, une place centrale dans la gestion de la première vague et aux délibérations secrètes du Conseil de défense le soin de gérer la deuxième vague. De nombreux parlementaires se sont émus récemment de l’absence de débat démocratique dans l’Hémicycle à propos des choix de société cruciaux que soulève cette pandémie. Nombreux sont également les acteurs de la santé communautaire, associations, professionnels de la santé publique et responsables de collectivités locales à se plaindre ne pas avoir été associés aux décisions malgré leur expertise et leurs réseaux d’acteurs de terrain. Ils jouent et pourraient jouer un rôle primordial dans la prévention, la promotion de la santé et la réduction des risques, autant de stratégies de santé publique plus efficaces que la communication archaïque fondée sur la peur et la stigmatisation qui nous est proposée aujourd’hui. Ce n’est pas d’une loi de « sécurité globale » que notre pays a besoin aujourd’hui, mais d’une politique de « santé globale ».

Signataires : Henri Bergeron, directeur de recherche au CNRS, Olivier Borraz, directeur de recherche au CNRS, Patrick Castel, chargé de recherche à la FNSP, coauteurs de Covid-19 : une crise organisationnelle (Presses de Sciences-Po), et Étienne Nouguez, chargé de recherche au CNRS. Tous travaillent au Centre de sociologie des organisations de Sciences-P

Crise sanitaire. Comment notre société peut-elle vivre avec cette pandémie ? - Contribution de Dominique Noguères, Céline Verzeletti, Alain Bihr (L'Humanité, 26 novembre)
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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 18:38

Mardi 24 novembre, Joe Biden, le président élu des États-Unis, pas encore installé à la Maison Blanche, a présenté une partie de son équipe. Ils ont évoqué ensemble leur vision du monde. "Le multilatéralisme est de retour, la diplomatie est de retour", a affirmé la future ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. "Nous ne pouvons pas résoudre seuls les problèmes du monde", a déclaré Antony Blinken, futur chef de la diplomatie. La crise climatique, « menace existentielle » a été abordée, avec la promesse d’un retour dans l’Accord de Paris et la perspective prétendue d’une neutralité carbone en 2050. Voilà qui contraste avec l’ère de Donald Trump qui s’emploie à mener jusqu’en janvier prochain une politique de la terre brulée, à l’intérieur comme à l’extérieur comme en atteste la provocation de la présence du secrétaire d’État sortant Mike Pompéo dans une colonie israélienne, au Golan ou encore en Arabie Saoudite avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou pour cibler l’Iran…

Au-delà des déclarations de la nouvelle équipe destinées à marquer une rupture, Joe Biden a résumé l’essentiel en une phrase : "l'Amérique est de retour, prête à guider le monde". Il y aura donc du changement pour espérer que, selon la vision US, rien ne change. Les États-Unis sont hégémoniques, ils n’imaginent pas de modification de l’ordre du monde et ne comptent qu’adapter à la marge leur logiciel.

Mais ce dernier est-il en phase avec une planète en plein bouleversement ? Peut-il répondre aux crises écologiques, économiques, sanitaires, démocratiques ? Le monde se complexifie et est davantage multipolaire. Il ne s’agit plus de choisir un camp et de se ranger derrière un guide, d’autant plus si celui-ci est en perte de vitesse et de crédibilité. Le plus vaste accord de libre-échange au monde, signé par la Chine, qui engage 15 pays d’Asie et du Pacifique, ne vient-il pas de naître en dehors des États-Unis ?

Guider le monde, pour faire quoi ? Les promoteurs du capitalisme financier générateur de chaos, s’arcboutent pour élargir toujours plus leurs pouvoirs et leurs richesses. Ils sont par définition incapables de répondre aux défis et se trouvent devant des contradictions indépassables. Ce contexte favorise des replis nationalistes, identitaires, les obscurantismes religieux ou d’extrême droite, qui trouvent d'étonnantes promotions, alors qu'ils sont sans solution et mortifères pour les peuples, parce qu'ils servent à reléguer les confrontations de classe pourtant bien présentes et à empêcher les nécessaires alternatives.

A l’opposé de ce chaos et des violences induites, il faut proposer et construire une visée. Celle partagée majoritairement par des femmes et des hommes qui aspirent partout à vivre mieux, en paix, sécurisés avec des systèmes solidaires de protection sociale, avec de nouveaux droits et de nouveaux modes de production et de consommation. C’est ce monde qui résiste, par lutte ou par la nécessité de notre époque, qui peut ouvrir des perspectives de progrès et donc post-capitalistes. Perspectives qui correspondent à ce que nous appelons pour notre part la visée communiste.

Bien loin de ces conceptions de progrès, l’arrivée cette semaine à l’Assemblée nationale du projet trompeur de réforme du Franc CFA, qui vise à entretenir et élargir la domination monétaire et économique des pays concernés, sonne comme l’aveu d’une France officielle qui voudrait encore guider l’Afrique. Vraiment ?

Dominique JOSSE
membre de la commission international et du collectif Afrique du PCF

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 17:37
Jean-François Le Borgne, trésorier, et Robert Jouêtre, secrétaire général du comité du Secours Populaire du pays de Morlaix.  | OUEST-FRANCE

Jean-François Le Borgne, trésorier, et Robert Jouêtre, secrétaire général du comité du Secours Populaire du pays de Morlaix. | OUEST-FRANCE

Ouest-France

Pays de Morlaix. Au Secours Populaire, toujours autant de bénéficiaires

Les chiffres nationaux sont alarmants au Secours Populaire. Au niveau local, le comité du Secours Populaire du pays de Morlaix (Finistère) un nombre de bénéficiaires plutôt stable. On fait le point.

Les chiffres nationaux sont alarmants au Secours Populaire. L’association enregistre près de 45 % de bénéficiaires en plus ces derniers temps. Beaucoup d’étudiants sont concernés, mais aussi des personnes âgées ou des personnes seules et souvent avec des enfants en bas âge.

Au niveau local, le comité du Secours Populaire du pays de Morlaix (Finistère) enregistre un nombre de bénéficiaires plutôt stable. « Nous n’avons pas la même analyse que dans les grandes villes. Nous avons même eu un creux en été. Depuis quelque temps, nous sommes revenus à un effectif plus en phase avec celui des années précédentes », expliquent le trésorier Jean-François Le Borgne et le secrétaire général Robert Jouêtre.

400 familles inscrites

« Nous accueillons près de soixante-dix personnes les mercredis et les vendredis pour de l’aide alimentaire. » Toutefois, les bénévoles admettent qu’il y a de nouvelles inscriptions ces temps-ci. « Il y a de plus en plus de jeunes, » reconnaît Robert Jouêtre, « beaucoup plus que lors de mon arrivée en 2001. » Les familles monoparentales sont plus nombreuses et les demandes de produits d’hygiène plus importants, « comme les couches, qui sont très onéreuses. » Le nombre de familles inscrites fleure les quatre cent au total « mais ce sont près de trois cents familles qui sont présentes régulièrement. » Le protocole pour la distribution des aides alimentaires a changé en raison de la crise sanitaire. Plus strict, il n’en est pas moins plus efficace. « Les gens n’attendent pas trop longtemps à l’extérieur. Il y a l’obligation de mettre du gel en entrant. Un sas d’attente est installé avec des sièges, puis un circuit fléché, vers l’accueil (pour fournir sa carte de bénéficiaire), puis vers un comptoir pour les conserves qui mène vers les produits frais et le pain avant de terminer vers le garage où sont distribués fruits et légumes, » décrit Jean-François Le Borgne. Ainsi, les bénéficiaires ne se croisent pas. « Une pastille apposée sur les cartes de chacun leur indique l’heure à laquelle ils peuvent se présenter à la distribution, ce qui permet d’étaler les venues. Nous allons sans doute conserver ce système efficace après le confinement. »

La distribution des colis de Noël maintenue

Seul bémol, la pause-café qui était proposée après la distribution et qui a disparu. « Nous perdons en convivialité. » Pour Noël, la distribution de colis se fera comme à l’ordinaire, sur inscription et sous le même protocole le 24 décembre à partir de 9 h.

Contact : 02 98 88 38 91.

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/pays-de-morlaix-au-secours-populaire-toujours-autant-de-beneficiaires-7061391

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 06:25

Macron n'est plus crédible. Il est responsable de la situation sociale de notre pays.

Fabien Roussel invité de Caroline Roux, les 4V du jeudi 26 novembre 2020

Il n'y a pas besoin de jouer au Cluedo pour savoir qui est le responsable de ces crimes industriels (Fabien ROUSSEL)
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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 06:24
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