En pleine crise pandémique mondiale : Sanofi va verser plusieurs milliards de dividendes aux actionnaires.
SANOFI, l’une de première entreprise du CAC 40 est aussi un bon soldat, appliquant avec zèle les ordonnances du gouvernement Philippe : RTT imposés, droit syndical bafoué, etc…
Mi-mars, des centaines milliers de masques FFP2 étaient stockés sur certains sites de Sanofi.
L’intervention de la CGT a permis qu’une partie des stocks de masques soit enfin envoyée dans les usines du groupe pour les milliers de salariés qui n’en ont pas depuis le début de la crise sanitaire. Nous n’arrivons pas à comprendre l’inertie qui prévaut dans la protection des salariés, en particulier en production.
Dans le même temps, SANOFI ne s’est pas porté aux côtés des soignants qui ont des besoins en urgence de masques et de surblouses. Pour un acteur de santé, comme aime à se présenter la société, ce n’est pas à la hauteur.
L’opacité est une fois de plus de mise côté production : Sanofi n’a jamais répondu clairement sur le niveau des stocks des principes actifs et médicaments produits sur les sites. Ainsi pas moyen de connaître
les fabrications essentielles !
Conséquences : les salariés de fabrication sont maintenus en activité, donc exposés, ainsi que leurs familles alors qu’ils ne travaillent pas tous sur des fabrications urgentes.
Ce 6 avril, la direction de Sanofi annonce une prime de 15% du salaire de base pour les salariés de production et de R&D venant travailler sur site. C’est clairement une prime d’incitation, d’un montant ridicule mais qui ne vise qu’une chose faire venir travailler les salariés quel que soit le danger existant.
Ce groupe, riche à milliards, préfère la protection de ses actionnaires à celle de ses salariés !
Pour mémoire, en 12 ans, ce sont près de 3000 emplois de R&D et plusieurs milliers dans le groupe que Sanofi a supprimés en France.
Des axes thérapeutiques fondamentaux comme la recherche de nouveaux médicaments anti-infectieux (antibiotiques entre autres) ont été arrêtés en 2018. De quel traitement disposerons-nous demain en cas de virus ou de bactérie plus agressifs ?
A la sortie de cette crise sanitaire, Sanofi devra choisir entre la finance ou la santé des populations.
La CGT a choisi son combat depuis longtemps et continuera la lutte pour un accès aux soins pour toutes et tous, selon les besoins des populations et non la recherche effrénée des profits.
Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête visant à identifier les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise du Covid 19
Exposé des motifs
Mesdames, Messieurs,
L’épidémie de coronavirus est « la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle. » a déclaré le Président de la République lors de sa première intervention télévisée sur le Covid-19, le 12 mars dernier.
« La pandémie est la pire crise mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale, la pire crise depuis que l’ONU a été fondée » a estimé le Secrétaire général de l’ONU ce 31 mars.
Si la dimension historique de cette pandémie sera documentée en temps voulu, ses conséquences sociales, économiques, éducatives ou encore environnementales doivent, au-delà des mesures immédiates, faire l’objet d’une réflexion approfondie de laquelle les Français ne devront plus être exclus. Les auteurs de cette proposition de résolution y prendront évidemment toute leur place.
L’objet de leur présente contribution vise spécifiquement les aspects sanitaires de cette crise. Tous les jours, la France confinée écoute avec effroi la litanie vespérale du Directeur général de la Santé où s’allonge la liste des victimes.
La France constate avec stupeur que son système de santé, classé, il y a encore vingt ans, comme le « meilleur du monde », n’est plus capable d’accueillir tous les malades, cela en dépit de la mobilisation et des efforts souvent héroïques des personnels soignants.
Des mises en garde constantes
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Groupe de la Banque mondiale avaient décidé, en mai 2018, de la création d’un Conseil mondial de suivi de la préparation aux urgences sanitaires, visant à renforcer la sécurité sanitaire mondiale au moyen d’un suivi indépendant rigoureux et de l’établissement de rapports réguliers.
Pour le Président du Groupe de la Banque mondiale, le Dr Jim Yong Kim, l’objectif était de faire en sorte que « la préparation aux pandémies demeure une priorité de l’action au niveau mondial » compte tenu des risques que font peser à la fois l’augmentation des échanges, les voyages incessants, le réchauffement climatique, la perte de biodiversité ou les manipulations de souches virales en laboratoire...
Dans son rapport annuel, publié en septembre dernier, le Conseil mondial de suivi de la préparation avait alerté sur le fait que le monde n'était pas prêt à faire face à une pandémie mondiale, telle que la grippe meurtrière de 1918, alors qu’en se basant sur les récurrences statistiques de l'apparition de souche virale virulente le risque de survenue d’une crise majeure était élevé.
Le rapport énumérait sept mesures urgentes pour préparer le monde aux situations d’urgence sanitaire, parmi lesquelles l’exigence pour les chefs de gouvernement de consacrer une part prioritaire des ressources nationales et des dépenses courantes à la préparation pour garantir la sécurité nationale et mondiale, de construire des systèmes de santé plus effectifs, à même d'envisager et de prévenir la majorité des risques de contaminations, de renforcer les mécanismes de coordination internationaux.
Dans le Livre blanc fixant la stratégie française de défense et de sécurité nationale approuvé et présenté par le Président de la République le 29 avril 2013, les auteurs avaient également estimé qu’« en matière sanitaire, la circulation des personnes et des marchandises, la concentration de populations dans des mégalopoles et la défaillance des systèmes de santé dans certaines zones favorisent la survenue de crises majeures. Le risque existe notamment d’une nouvelle pandémie hautement pathogène et à forte létalité résultant, par exemple, de l’émergence d’un nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou d’un virus échappé d’un laboratoire de confinement. »
Le risque d’une nouvelle pandémie était donc connu des pouvoirs publics et documenté scientifiquement depuis des années.
L’apparition d’un nouveau coronavirus et l’extension de l’épidémie à l’échelle planétaire ne peuvent, on le voit, être qualifiées de "cygne noir", comme on le lit parfois. La pandémie n’était pas totalement inattendue. Le risque a été en revanche durablement méconnu ou sous-estimé, en France comme dans de nombreux autres pays.
Dégradation continue du système de santé public et réactions tardives des pouvoirs publics.
La France faisait originellement figure de « bon élève ». Elle s’était dotée dès 2007 d’un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies, avec la mise en place de l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), chargé de gérer à la fois la réserve sanitaire et les stocks stratégiques de produits de santé. L’établissement public sera toutefois progressivement désarmé, jusqu’à sa dissolution en 2016.
Sans doute les responsables politiques et sanitaires ont-ils jugé, à la lumière des épidémies précédentes, que les risques revêtaient désormais une dimension essentiellement régionale.
La pandémie actuelle apporte un terrible démenti à ces projections hasardeuses et met en relief la négligence et l’idéologie de ceux des responsables publics qui ont oeuvré avec obstination à l’affaiblissement de notre système de santé et des infrastructures publiques de soin. De ceux qui ont mis à mal notre souveraineté sanitaire comme le révèlent dramatiquement les difficultés de notre industrie pharmaceutique à éviter les ruptures de stocks de médicaments. De ceux encore qui ont pensé profitable de soumettre à la logique du marché la production française et européenne de matériel médical.
Il faut le rappeler : cinq milliards d’euros ont été supprimés du budget de la santé dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020, dont un milliard au détriment de l’hôpital public. En vingt ans, 100.000 lits ont été supprimés, dont 17.500 au cours des six dernières années.
Au-delà des conséquences désastreuses des politiques d’austérité budgétaire sur notre capacité à proposer une réponse sanitaire adaptée aux crises, la situation actuelle met en exergue l’impréparation des pouvoirs publics, qui se sont manifestement laissés dépasser par les évènements. La chronologie des faits, des déclarations et des décisions est éclairante et impitoyable.
Le 24 janvier, alors que deux cas du nouveau coronavirus chinois étaient confirmés en France, sur des patients hospitalisés à Paris et Bordeaux, Agnès Buzyn, alors Ministre de la santé, jugeait que « le risque d’importation depuis Wuhan est pratiquement nul » et que « le risque de propagation est très faible ». « Notre système de santé est bien préparé », affirmait-elle encore.
Estimait-on alors que la chaîne de contamination n’était pas encore incontrôlable ? L’OMS avait pourtant alerté dès le 13 janvier sur la possibilité que des cas surviennent dans d’autres pays que la Chine et appelait à ce que des efforts de surveillance active et de préparation soient mis en œuvre dans tous les pays.
Le 17 mars, l’ancienne ministre de la Santé déclarera au journal Le Monde que, dès le mois de janvier, elle avait prévenu le Premier ministre de la gravité potentielle de l’épidémie de nouveau coronavirus. Cette déclaration est grave. Elle interpelle au moins sur deux points : d’une part elle laisse supposer que le Gouvernement, pourtant informé du danger, n’aurait pas agi à la hauteur du risque, d’autre part, elle atteste que la ministre de la Santé aurait délibérément menti sur la gravité de l’épidémie.
Le 30 janvier, le Comité d’urgence convoqué par le Directeur général de l’OMS s’adressait à tous les pays en ces termes : `
« On peut s’attendre dans n’importe quel pays à l’apparition de nouveaux cas exportés de Chine. Par conséquent, tous les pays doivent être prêts à prendre des mesures pour endiguer l’épidémie, notamment par une surveillance active, un dépistage précoce, l’isolement et la prise en charge des cas, la recherche des contacts et la prévention de la poursuite de la propagation de l’infection par le 2019-nCoV, et à communiquer l’ensemble des données à l’OMS. ».
L’annonce est jugée tardive par une partie de la communauté scientifique. La maladie s’était en effet propagée alors à 18 pays, infectant près de 8000 personnes et provoquant la mort de 170 d’entre elles.
Il faudra encore attendre le 29 février pour que le Gouvernement français, lors d’un Conseil des ministres exceptionnel, prenne les premières mesures sanitaires de lutte contre la propagation du virus, en interdisant des rassemblements se tenant en milieu confiné. Cette mesure est présentée conjointement à la décision de faire usage de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Un mélange des genres qui trahit ou une impréparation du Gouvernement ou un manque d’engagement à mettre en œuvre, en urgence, une action collective et solidaire face à une pandémie devenant incontrôlable. Un mélange des genres à l’image également des injonctions contradictoires qui se succèdent au fil des déclarations des membres du Gouvernement et plongent les Français dans l’inquiétude, voire la peur.
Une succession de messages contradictoires
Concernant les tests de dépistage, la communication ministérielle insistera dans un premier temps sur l’utilité des tests: « Nous bénéficions en France d’un test rapide qui va être disponible de plus en plus largement sur le territoire dans les prochains jours" expliquait, le 27 janvier, le directeur général de la santé.
Le 23 février, Olivier Véran, qui vient de succéder à Agnès Buzyn, annonce : « Dans les hôpitaux de Paris, nous allons pouvoir être largement en mesure de répondre aux demandes, quelles qu’elles soient, de réalisation de tests »
En dépit des pressions de l’OMS, qui invitera à plusieurs reprises à tester massivement les populations, le nombre de tests réalisés chaque jour n’évoluera par la suite que faiblement, passant de 2 000 à 4 000 par jour, puis à 9 000 par jour fin mars, avant que le ministre n’annonce, à l’issue de près de deux semaines de confinement de la population, un changement de stratégie avec la commande massive de tests sérologiques afin de pouvoir en réaliser 100 000 par jour en mai ou en juin. Au moment de cette annonce, l’Allemagne réalisait déjà chaque semaine un demi-million de tests.
La question du stock de masques ne sera abordée de son côté que le 23 février. Le ministre de la santé annonce alors « faire le nécessaire pour que (les professionnels de santé) puissent disposer de masques adaptés à chaque situation, dans un marché qui s’est tendu au plan international ». Il ajoute : « Nous allons travailler avec les entreprises productrices de masques FFP2 sur le sol français, et nous passons une commande de masques en quantité »
Un mois plus tard, le 21 mars, le ministre affirme: « C’est parce que nous avons dès le début considéré que la disponibilité en masques allait être une difficulté, qu’il a été décidé, dès le mois de janvier, de recourir à l’importation de masques, avant même l’apparition de premiers cas sur notre territoire national. »
Malgré l’annonce de commandes réalisées en janvier, la pénurie de masque est flagrante. Aucune information ne filtre sur leur livraison. Les experts se bousculent en revanche sur les plateaux de télévision pour en affirmer l’inutilité et ce n’est finalement que le 28 mars qu’interviendra l’annonce de commandes massives de masques à la Chine et la mise en place d’un pont aérien.
Le feuilleton de la « chloroquine » aura de même mis l’accent sur les dysfonctionnements dans la chaine de décision. Dès le 26 février, le professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée Infection à Marseille, explique les raisons pour lesquelles il estimait que la chloroquine pouvait agir efficacement sur la variété de coronavirus en cause. Il annonçait mettre en place un protocole thérapeutique dont les résultats encourageants seront publiés le 17 mars. Alors qu’il n’existe aucune alternative thérapeutique, et que l’usage de cette substance est très documentée, il faudra néanmoins attendre le 24 mars pour que le ministre de la Santé autorise l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour traiter des malades infectés par le Covid-19, en restreignant toutefois le traitement aux patients présentant des formes graves de la maladie, pris en charge à l’hôpital.
Des pesanteurs analogues seront pointées du doigt par d’autres praticiens. C’est ainsi qu’un généticien à la tête d'un important laboratoire de recherche du CHRU de Lille, dénoncera en ces termes la rigidité des autorités quand les laboratoires français pourraient développer rapidement les amorces et enzymes nécessaires à un dépistage massif : « Si on nous avait autorisés, nous les gens de la recherche, j’aurais mon congélateur plein d’enzymes, on aurait fait le protocole et on travaillerait à fond pour le CHU aujourd’hui. C’est comme ça dans toute la France. »
De fait, au fil des jours, de nombreux professionnels de santé et un collectif d’une centaine de médecins ont saisi le Conseil d’Etat ou porté plainte au pénal contre des membres du gouvernement, au motif qu’ils « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ».
Au regard de la gravité de ces accusations et en vertu de sa mission de contrôle de l’action du gouvernement, la représentation nationale a le devoir d’examiner au plus vite les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise pour comprendre comment notre pays n’a pu être en mesure de prévenir la propagation du virus et la multiplication des cas mortels comme en Allemagne ou en Corée du Sud , pays qui semblent s’être mis en situation de mieux juguler l’épidémie.
Sans esprit partisan, une telle commission permettrait de faire la lumière sur les dysfonctionnements et leur origine, d’identifier les responsabilités et de mieux appréhender les moyens efficaces de lutte contre la pandémie qui nous frappe, qui risque de perdurer et éventuellement se reproduire.
Cette commission d’enquête devra ainsi, notamment, établir :
- les raisons qui ont justifié des prises de décisions tardives voire contradictoires, notamment en matière de confinement ;
-pourquoi les pouvoirs publics n’ont pas été en mesure de définir clairement quels étaient les personnels qui devaient impérativement se rendre sur leurs lieux de travail ;
- pourquoi notre pays n’a pas été en mesure de fournir des masques en quantité suffisante, pour protéger les soignants, les travailleurs contraints de se rendre sur leurs lieux de travail, et protéger la population dans son ensemble ;
- pourquoi notre pays se trouve confronté à une pénurie de médicaments essentiels au traitement d’autres pathologies et ce en plein cœur de la crise ;
- pourquoi notre pays n’est pas en situation de faire face à un afflux de malades et d’apporter les soins nécessaires à chacun d’entre eux malgré le dévouement sans faille des personnels soignants ;
- les raisons qui ont conduit le gouvernement à décider de ne pas réaliser de dépistage massif de la population et si ce dépistage aurait permis d’endiguer l’épidémie ;
- les raisons qui ont conduit le gouvernement à décider d’autoriser l’hydroxychloroquine à l’hôpital, uniquement dans la prise en charge des formes les plus graves ;
Article unique
En application des articles 137 et suivants du Règlement de l’Assemblée nationale, est créée une commission d’enquête de trente membres, chargée d’identifier les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise du Covid 19 en France, de les évaluer et d’en tirer les conséquences pour permettre à notre pays d’être en mesure d’affronter, à l’avenir, une autre pandémie.
Dans sa croisade destinée à reconquérir et soumettre les colonies dont l’indépendance devient intolérable, Washington vient d’atteindre des sommets. En pleine explosion du Covid-19 – une épidémie si catastrophiquement gérée par Donald Trump que, d’après lui, un bilan final limité à quelque 100 000 morts démontrerait « l’excellence de ses décisions [1] » –, le procureur général William Barr a annoncé le 26 mars, en conférence de presse, l’inculpation du président vénézuélien Nicolás Maduro pour « narcotrafic » et « blanchiment d’argent » [2]. Selon le Département de la Justice, a précisé le procureur Geoffrey S. Berman, le chef de l’Etat bolivarien a établi un « partenariat de narco-terrorisme avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie [FARC] au cours des vingt dernières années » et, après avoir été l’une des « têtes » du Cartel des Soleils (un supposé cartel vénézuélien de narcotrafiquants), en est désormais le seul « leader » avec pour objectif, aujourd’hui comme hier, d’« inonder les Etats-Unis de cocaïne ». Faisant preuve d’une imagination illimitée dans l’invention de méthodes destinées à déstabiliser, renverser, emprisonner (et même assassiner) les dirigeants qui dérangent, cette accusation extravagante s’accompagne d’une mise à prix de la tête de Maduro – 15 millions de dollars (13,5 millions d’euros) étant promis à qui permettra de le localiser ou de le capturer.
Des poursuites ont également été lancées contre treize autres hauts fonctionnaires du gouvernement vénézuélien, parmi lesquels le ministre de la Défense Vladimir Padrino López, le président du Tribunal suprême de justice (TSJ) Maikel Moreno et, surtout, avec une offre de 10 millions de dollars pour qui les livrera, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Diosdado Cabello, et le vice-ministre de l’économie, Tareck El Aissami.
« Offrir des récompenses comme le faisaient les cowboys racistes du Far West montre le désespoir de l’élite suprématiste de Washington et son obsession envers le Venezuela », a réagi le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza. Ajoutant au caractère grotesque de l’accusation, le montant proposé pour la capture de Maduro n’a été dépassé dans l’Histoire que par les 25 millions de dollars offerts pour la tête d’Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre 2001, et celle d’Ayman al-Zawahiri, actuel chef du réseau terroriste Al-Quaïda. Plus grand « capo » latino-américain du narcotrafic, le colombien Pablo Escobar ne valait « que » 10 millions de dollars et, son successeur mexicain, Joaquín « El Chapo » Guzmán [3], 8,5 millions.
Comme il se doit, cette violente offensive du régime de Donald Trump contre le gouvernement bolivarien a décuplé les débordements, passions et appétits du ban et de l’arrière-ban de la droite extrémiste vénézuélienne (et de ses alliés). A commencer par la principale tête de gondole, le « président » (élu par Trump) Juan Guaido. « Je suis persuadé que les accusations présentées contre les membres du régime sont bien fondées et vont aider à libérer le pays du système criminel qui a séquestré notre peuple depuis tant d’années », a-t-il immédiatement réagi par communiqué. Comme il l’a fait pendant des décennies en annonçant la « chute imminente de Fidel Castro », le cubano-américain (et espagnol) Carlos Alberto Montaner prévoit déjà « la fin du chavisme » dans la presse de Miami : « Après l’accusation formulée contre Maduro et ses acolytes par le Département d’Etat et celui de la Justice, les prédictions changent totalement, jusqu’à ce que quelqu’un de leur entourage décide de les éliminer [4]. » En Bolivie, le secrétaire à la Présidence Erick Foronda, bras droit de Janine Añez, portée au pouvoir par un coup d’Etat, s’est fendu d’un Tweet menaçant pour « le suivant » : « Ils viennent pour toi, Maduro. Tu n’auras pas d’échappatoire. El le suivant est Evo Morales. Tes jours de conspiration sont terminés, délinquant ! »
Confortablement confinée dans l’Hexagone d’où elle appuie les secteurs fascisants qui s’acharnent sur les habitants de son pays d’origine, l’anthropologue et écrivaine franco-vénézuélienneElizabeth Burgos s’enthousiasme dans un message à la journaliste Jurate Rosales : « C’est un coup de maître contre les partisans du dialogue et l’Union européenne, etc. On ne peut pas dialoguer avec un “Wanted” [5]. » Le dialogue, voilà l’ennemi…
Tant les agissements ubuesques de la Maison-Blanche que ce type de commentaires devraient ne provoquer qu’un simple haussement d’épaules accablé. Toutefois, si une chose est de constater leur ineptie, autre chose est d’en mesurer l’ampleur et les possibles prolongements. Raison pour laquelle, des années de propagande politico-médiatique ayant passablement troublé les esprits, on tentera d’analyser ici en profondeur les mensonges et incohérences de cette agression majeure des pitbulls de Washington contre le Venezuela.
Premier rappel indispensable : de tous temps, les Etats-Unis ont instrumentalisé le « narcotrafic », tantôt le combattant, tantôt l’ignorant, tantôt l’utilisant pour leurs sombres desseins. Dans les années 1980, sous l’administration de Ronald Reagan et avec la pleine collaboration de la Central Intelligence Agency (CIA), les « contras » (contre révolutionnaires) nicaraguayens se sont livrés au trafic de cocaïne pour financer leur guerre contre les sandinistes. Dans son rapport du 13 avril 1989, le Comité du Sénat des affaires étrangères mentionna : « Les activités des Contra incluent des paiements aux trafiquants de drogue par le Département d’Etat des Etats-Unis, autorisés par le Congrès en tant qu’aide humanitaire [déjà !], dans certains cas après l’inculpation de trafiquants par des agences fédérales, dans d’autres pendant que les trafiquants étaient sous enquête par ces mêmes agences. » L’un des artisans de ces manœuvres scélérates s’appelait Elliott Abrams. Avant d’être gracié par George H. W. Bush, il fut condamné pour cela à deux ans de prison. Trump en a fait l’actuel responsable (« envoyé spécial ») de sa politique sur le Venezuela, avec pour tâche de contribuer au renversement de Maduro.
Au Panamá, le général Manuel Antonio Noriega a de même pactisé avec les barons du Cartel de Medellín. Depuis la fin des années 1950, il émargeait également à la CIA, qui, à partir de 1967, le rémunéra grassement. Des liens étroits l’unissaient à George H. W. Bush, promu directeur de l’« Agence » en 1976.
Entre 1983 et 1989, Noriega confisque les élections et gouverne de façon autoritaire (mais beaucoup moins que son homologue chilien Augusto Pinochet). Seulement, Noriega se montre soudain moins docile aux injonctions de la Maison-Blanche, qui lui demande une participation accrue à l’agression contre le Nicaragua sandiniste. De gangster ami Noriega se transforme en ennemi scélérat. Déclenchée le 20 décembre 1989, l’« Opération Juste Cause » lance 28 000 « marines », commandos et parachutistes sur Panama City. L’arrestation du trafiquant fait 4 000 morts – essentiellement des civils. Le 29 décembre 1989, par 75 voix contre 20 et 40 abstentions, l’Assemblée générale de l’ONU adoptera une résolution condamnant cette pseudo intervention « anti-narco ».
Peu avant le procès de l’ex-général, embarqué manu militari et incarcéré aux Etats-Unis, le Département de la Justice conclue un accord secret avec le Cartel de Cali (le second, en importance, en Colombie). Si les « narcos » apportent des témoignages contre Noriega, une remise de peine sera accordée à Luis Santacruz Echeverri, frère d’un des chefs du cartel, qui purge alors une peine de vingt-trois ans d’emprisonnement.
Pendant son procès, Noriega prétendit que sa collaboration avec la CIA lui avait rapporté 10 millions de dollars. Il demanda à pouvoir révéler les tâches qu’il avait effectuées pour les Etats-Unis. Le tribunal statua : « L’information sur le contenu des opérations secrètes dans lesquelles Noriega a été engagé en échange de versements présumés est sans rapport avec sa défense » et pourrait « confondre le jury ». En conséquence de quoi, sur cette séquence embarrassante, le silence lui fut imposé. On le condamna à 40 ans de prison [6].
Lors de sa conférence de presse du 26 mars dernier, le procureur général Barr n’a pas hésité à établir un parallèle douteux, mais surtout alarmant : « Nous ne reconnaissons pas Maduro comme président du Venezuela ; c’est déjà arrivé avec Noriega, que nous ne reconnaissions pas non plus. »
En ce qui le concerne, le colombien Álvaro Uribe n’a rencontré aucun problème pour être reconnu. Pourtant, l’Agence du Renseignement du Département de la Défense (DIA) américain lui a attribué, en 1991, le numéro 82 d’une liste de personnalités entretenant des liens étroits avec Pablo Escobar et le Cartel de Medellín [7] ! Uribe n’en a pas moins poursuivi sans encombres sa carrière politique. Accédant à la tête de l’Etat en 2002, il est devenu le principal allié des Etats-Unis dans la région. Ses liens avérés avec les « narco-paramilitaires » ne lui ont pas attiré plus d’ennuis.
Bien que toujours en mouvement, la vie n’opère pas forcément de constants changements : en février 2019, c’est avec l’aide de l’organisation narco-paramilitaire colombienne des Rastrojos que le président fantoche vénézuélien Juan Guaido a traversé clandestinement la frontière pour rejoindre le président Iván Duque (le fils spirituel d’Uribe) à Cúcuta, en Colombie [8]. Pas de problème. Il s’agissait de « bons narcos ».
Les concepteurs de l’acte d’accusation contre le chef de l’Etat vénézuélien comptent manifestement sur le fait que, d’une manière générale, les journalistes n’ont ni mémoire ni archives. Si l’on en croit les « révélations » de Barr au nom de la Justice US, lorsque Chávez a fait de Maduro son ministre des Affaires étrangères, le 7 août 2006, les FARC ont remis à ce dernier 5 millions de dollars, produit du narcotrafic. On est là un paquet de mois avant le 1er mars 2008, jour où un commando de l’armée colombienne bombarde et tue le numéro deux de cette guérilla, Raúl Reyes. Près de son corps, sont, dit-on, récupérés trois ordinateurs, deux disques durs et trois clés USB. Lesquels « révèlent » leurs secrets. Des milliers de courriers électroniques « prouvent » les liens entre l’« organisation terroriste » et Chávez (ainsi que le chef de l’Etat équatorien Rafael Correa). Les gouvernements colombien et américain font feu de tout bois. Un certain nombre de médias influents – The Wall Street Journal,The New York Times, El País (Madrid), etc. – relaient avec délice l’information. Le monde entier apprend ainsi que Chávez, « sans un haussement de sourcils », a donné 300 millions de dollars à la guérilla.
Comprenne qui pourra… Les FARC sont tellement misérables qu’elles quémandent (affirme-t-on à l’époque) 300 millions de dollars à Chávez, mais tellement prospères qu’elles ont auparavant ou en même temps (prétend-on aujourd’hui) arrosé Maduro de 5 millions !
Pour qui ne connaîtrait pas le fin mot de l’histoire des « ordinateurs magiques » de Reyes, on rappellera que le 18 mai 2008, la Cour suprême de justice (CSJ) colombienne a déclaré les informations obtenues à partir d’eux « nulles et illégales ». La Cour contesta en particulier l’existence des fameux e-mails, les documents présentés comme tels se trouvant dans les fichiers d’un traitement de texte (Word) et non dans un navigateur permettant de démontrer qu’ils avaient été envoyés et/ou reçus. En d’autres termes : n’importe qui avait pu les rédiger et les introduire dans les ordinateurs a posteriori [9].
Cette information n’intéressa guère. Dans l’un de ses multiples éditoriaux consacrés au Venezuela, le Washington Post avait déjà résumé à lui seul l’objectif de la formidable campagne d’intoxication : « Si le scandale des ordinateursest utiliséde manière adéquate [c’est nous qui soulignons], il approfondira le trou dans lequel cette supposée “révolution bolivarienne” est en train de se noyer. »
Douze ans plus tard, les méthodes et la thématique n’ont pas changé.
« Durant plus de vingt ans, affirme le procureur général Barr, Maduro et un grand nombre d’alliés ont conspiré avec les FARC, provoquant que des tonnes de cocaïne entrent et dévastent les communautés étatsuniennes. » Si le postulat du jeu est que la conduite de chaque individu ou groupe est rationnelle, nul n’envisagerait de renoncer à une si lucrative poule aux œufs d’or. Pourtant, avant même d’être président, Chávez estimait qu’il fallait en terminer avec le conflit colombien. « Un mouvement de guérilla n’est plus à l’ordre du jour dans les montagnes d’Amérique latine », lança-t-il même en 2008, créant le trouble chez les radicaux, tant colombiens que vénézuéliens.
Lui et Maduro, son ministre des Affaires étrangères, ne ménagèrent pas leurs efforts pour favoriser des négociations de paix entre la guérilla et le gouvernement de Juan Manuel Santos. Tous deux réussirent à convaincre les rebelles, ce qui n’avait rien d’évident (et raison pour laquelle des contacts existaient effectivement entre émissaires vénézuéliens et état-major des insurgés). Lors des obsèques de Chávez, le 8 mars 2013, c’est bel et bien Santos qui déclara, parlant de son homologue bolivarien : « L’obsession qui nous unissait, et qui a été la base de notre relation, était la paix de la Colombie et de la région. Si nous avons avancé dans un processus solide de paix, avec des progrès clairs et concrets, des avancées comme jamais il n’y en avait eu avec la guérilla des FARC, c’est aussi grâce au dévouement et à l’engagement sans limites du président Chávez et du gouvernement vénézuélien. »
Il en faudrait davantage pour que le Département de la Justice américain renonce à ses calembredaines. D’après lui, en 2008, Chávez, « qui était alors président du Venezuela et l’un des leaders du “Cartel des Soleils”, s’est mis d’accord avec Luciano Marín Arango, alias Iván Márquez [futur négociateur des Accords de paix, côté guérilla], pour utiliser les fonds de l’entreprise [pétrolière] d’Etat vénézuélienne PDVSA, pour appuyer les actions terroristes et de narcotrafic des FARC ». C’est l’époque où, toujours d’après les mêmes représentants de la loi et de l’ordre yankees, « Maduro a abusé de son pouvoir comme ministre des Affaires étrangères pour s’assurer que la frontière entre le Venezuela et la Colombie demeure ouverte et, ainsi, faciliter le trafic de drogue ».
Fichtre ! Maintenir les frontières de son pays ouvertes... Nul n’en disconviendra, il s’agit là d’un crime absolu. Sauf, bien sûr, si les Etats-Unis avaient commis un écart analogue... Car, n’ayant pas fermé les leurs, ne demeurent-ils pas, avec 6,8 millions de « clients » (d’après l’ONU), les premiers consommateurs mondiaux de cocaïne ? Faute de questions posées lors de la conférence de presse sur cette complicité de Washington avec les « narcos » colombiens, les procureurs vedettes de la chasse au Maduro ne se sont malheureusement pas prononcés sur la question.
De fait, le Venezuela se trouve coincé entre le premier pays producteur de cocaïne, la Colombie, avec laquelle il partage 2 300 kilomètres de frontière, et la principale destination de la « blanche », les Etats-Unis. Il se trouve donc particulièrement vulnérable – et le constat ne date pas d’aujourd’hui. En octobre 1997, lors d’une visite du président William « Bill » Clinton à Caracas, un accord de coopération pour la lutte contre le narcotrafic (11 millions de dollars) fut signé avec le prédécesseur de Chávez, Rafael Caldera. Raison invoquée à l’époque : « Le Venezuela est la plus importante route de contrebande du narcotrafic [drug-smuggling] depuis la Colombie jusqu’aux marchés illicites. Le pays sert de zone de transit pour environ 100 tonnes de cocaïne et 10 tonnes d’héroïne par an [10]. » Vraiment trop « coooooool », Clinton n’a pas mis la tête de Caldera à prix.
Une telle situation géographique fait par définition naître des « vocations ». Lesquelles, défraient régulièrement la chronique, de multiples façons. Très court florilège. En 1997 (avant Chávez), le « dernier grand capo » après la mort de Pablo Escobar, l’ex-militaire colombien Justo Pastor Perafán, est capturé en plein centre de San Cristóbal (Venezuela). Deux ans plus tard, un Boeing 727 appartenant au prince saoudien Nayef Bin Fawwaz al-Shaalan quitte Caracas au terme d’une réunion de l’OPEP ; lors d’une escale à Paris, la police française y découvre 2 tonnes de cocaïne de la plus grande pureté [11]. Le 10 septembre 2013, c’est également à Paris qu’a lieu une « saisie record » (1,3 tonnes) à bord d’un vol d’Air France en provenance de l’aéroport Maiquetía de Caracas. Parmi les vingt-huit arrestations effectuées au Venezuela, figurent le lieutenant-colonel Ernesto Mora Carvajal (directeur de la sécurité de l’aéroport) et huit membres de la Garde nationale. En août 2011 déjà, lors de la capture d’une « narcoavioneta » transportant 1,4 tonnes de « coke » dans l’Etat de Falcón, on avait découvert que le petit appareil avait décollé de la base militaire de La Carlota (Caracas). En 2016, c’est l’officier de police représentant Interpol, Eliecer García Torrealba, qui tombera. Très remarqués, et pour cause, deux civils – Efrain Antonio Campo Flores et Franqui Francisco Flores de Freitas –, neveux de l’épouse de Maduro, Cilia Flores, finiront, pour le même motif supposé, condamnés en décembre 2017 à 18 ans de réclusion, dans une prison des Etats-Unis [12].
Financée par les barons de la drogue, la corruption à très large échelle s’infiltre à tous les niveaux et contamine, nul n’en disconvient, jusqu’à certains éléments de la police et de l’armée.
Mais quid du « Cartel des Soleils » ?
Il s’agit, peut-on lire ou entendre dans les rubriques « Le Venezuela par les Nuls », d’un gang de généraux né sous la présidence de Chávez et jouissant de sa complicité. Ridicule ! L’expression « Cartel des Soleils » a été utilisée pour la première fois en… 1993, lorsque deux généraux de la Garde nationale furent inculpés pour trafic de stupéfiants. Les « soleils » en question sont les insignes d’épaules que portent les généraux des Forces armées vénézuéliennes (quatre « soleils » pour le général en chef).
La formule revient sporadiquement lorsque des militaires sont impliqués ou arrêtés, mais refait surtout surface en 2015 sous la plume du « journaliste » Emili Blasco, correspondant à Washington du (monarchique, catholique et ultra-conservateur) quotidien espagnol ABC. Chávez est mort, l’« offensive finale » contre la révolution bolivarienne vient de commencer. Sur la base de supposées révélations de la Drug Enforcement Administration (DEA), Blasco fait de Diosdado Cabello, alors président de l’Assemblée nationale, le leader du Cartel des Soleils et l’un des narcotrafiquants les plus puissants du continent (ne connaissant pas encore le procureur général américain William Barr, il oublie de mentionner Chávez et Maduro).
Avec un ensemble touchant, extrapolant à partir du strict minimum de données, la docile corporation des faiseurs d’opinion – à commencer par The Wall Street Journal (Etats-Unis) et El Mundo (Espagne) [13] – se charge de colporter l’accusation. Que les plus prudents de leurs confrères reprennent à demi-mots, à coups de « conditionnels » hypocrites – ce qui suffit à imprimer une « vérité » dans l’opinion. Plus direct, le sénateur républicain cubano-américain Marco Rubio fait de Cabello « le Pablo Escobar vénézuélien ».
Preuves, faits irréfutables ou même moyennement étayés, vérifiables et vérifiés ? Aucun. Jamais.
Dans ce registre, le « think tank » Insight Crime se distingue particulièrement. Organisation supposément indépendante possédant son siège à Medellín (Colombie), Insight Crime a été fondé par Steven Dudley, ex-chef du bureau pour la région andine du quotidien le Miami Herald (« anticastriste », « antichaviste », « anti-tout-ce-qui-bouge-à-gauche ») et par Jeremy McDermott, ancien officier des Forces armées britanniques. Une bonne odeur de souffre, un parfum de barbouzerie. Les différents rapports d’Insight Crime s’appuient essentiellement sur les informations distillées par la DEA ou le Bureau du contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Département du Trésor américain, les « révélations » de transfuges ex-chavistes cherchant à s’obtenir les bonnes grâces de leurs nouveaux amis américains, et des articles de presse. Laquelle presse, reprend à son tour la production d’Insight Crime, dans un classique dispositif de serpent qui se mord la queue. Oubliant au passage quelques particularités évoquées par le « think tank » lorsque, malgré son parti pris, il estime qu’il s’agit (le « Cartel des Soleils ») d’ « un réseau disparate de trafiquants, comprenant des acteurs étatiques et non étatiques », et précise que « s’il y a bien des cellulesdans les principales branches des Forces armées, et à tous leurs niveaux (…), on ne peut pas les décrire comme un cartel, car la manière dont fonctionnent les relations entre ces cellules n’est pas claire [14] ». En matière de de certitudes, on a déjà fait mieux.
Chacun voit midi à sa porte. Difficile pour le non belligérant de discerner où se trouve la vérité. Régulièrement mis en accusation par le rapport que publie chaque année le Département d’Etat américain, le Bureau national anti-drogue (ONA) vénézuélien ne reconnaît en la matière que les données de l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC). Dans son rapport 2019, cet organisme peu suspect de partialité décrit ainsi en quelques lignes lapidaires la situation(§ 578) [15] : « Il y a des indices que, dans la République bolivarienne du Venezuela, les groupes délictueux ont réussi à s’infiltrer au sein des forces de sécurité gouvernementales et ont créé un réseau informel connu comme le “Cartel des Soleils” pour faciliter l’entrée et la sortie de drogues illégales ». Indices, réseau informel… Même un média vénézuélien férocement d’opposition comme Costa del Sol admet : « Les experts en matière de sécurité reconnaissent que ce n’est pas un groupe organisé verticalement comme les cartels du narcotrafic colombien ou mexicain. Ils agissent plutôt comme un groupe d’individus aux connexions bureaucratiques, qui peuvent avoir peu ou aucune coordination les uns avec les autres [16]. »
Qu’on examine le problème par n’importe quelle entrée, la thèse de Chávez, puis Cabello, et maintenant Maduro épluchant d’énormes liasses de billets en dirigeant d’une main de fer un gang criminel structuré ne repose sur aucun élément sérieux. Comme l’a noté l’avocat vénézuélien Juan Martorano, l’existence du Cartel des Soleils relève plus que tout du « mythe urbain » [17].
Le 9 août 2019, l’administration Trump a « certifié » la Colombie d’Iván Duque – preuve de sa bonne conduite et de sa pleine coopération avec Washington en matière de lutte contre la drogue. Dans le même temps, elle « dé-certifiait » la Bolivie (encore dirigée par Evo Morales) et le Venezuela gouverné « par le régime illégitime de Nicolás Maduro ». La pertinence de ces traitements différenciés apparaît avec évidence lorsqu’on sait que, en Colombie, la surface dédiée aux cultures de coca, la matière première de la cocaïne, a atteint des niveaux sans précédents : d’après l’UNODC (Nations unies) elle est passée de 48 000 hectares en 2013 à… 169 000 hectares en 2018 (et même 208 000 hectares d’après le Bureau de la politique nationale pour le contrôle des drogues [ONDCP] de la Maison-Blanche). Et ce, alors que les FARC, longtemps accusées d’être les principales responsables de ce fléau, ont déposé les armes en 2016.
D’après le procureur général « yankee » Barr, plus de 250 tonnes de cocaïne sortent du Venezuela chaque année à destination de l’Amérique centrale et de la Caraïbe « avec le consentement de Maduro ». Ce qui fait de la République bolivarienne LE « narco-Etat » de la région. D’après la très officielle Base de données antidrogues consolidée inter-agences (CCDB), un organisme gouvernemental américain, c’est pourtant en Colombie, pas au Venezuela, que la production de cocaïne a atteint 2 478 tonnes en 2017 (+ 269 % par rapport aux 918 tonnes de 2012).
Peu importe. Les « enquêteurs » étatsuniens persistent et signent : le Venezuela constitue le principal tremplin d’expéditions de drogue vers les Etats-Unis. Nouvelle supercherie.En 2012, d’après l’Organisation des Etats américains (OEA), dirigée alors par le chilien José Miguel Insulza, près de 70 % de la « coke » sortait de Colombie à travers le Pacifique, 20 % à travers l’Atlantique et 10 % via le Venezuela [18]. Vingt ans plus tard (11 mars 2020), s’appuyant sur les chiffres de la CCDB « yankee », le Bureau de Washington pour les affaires latino-américaines (WOLA) parvient au même constat : 84 % de la drogue produite chez Uribe, Santos et maintenant Duque passent par l’Océan Pacifique (que bordent la Colombie et, à un degré moindre, concernant les expéditions, l’Equateur et le Pérou), 9 % empruntent la voie de la Caraïbe occidentale (l’Amérique centrale) et seulement 7 % la Caraïbe orientale (le Venezuela) [19]. En d’autres termes : même ses propres services – le CCDB, le Département de la Défense – mettent en évidence la supercherie de Trump (et de ses « employés »).
Pour illustrer la manipulation du thème des pays de transit, on précisera que, toujours d’après la CCDB, 210 tonnes de cocaïne ont circulé par le Venezuela en 2018 (ce qui est plausible) et… 1 400 tonnes par le Guatemala. De son côté, l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) mentionne dans son dernier rapport (§ 579) que le trafic par la voie maritime depuis les ports du Chili est en constante augmentation, ce qui le convertit, « avec le Brésil et la Colombie, en l’un des principaux pays de sortie de la cocaïne saisie à Valencia et Algésiras, en Espagne, importantes voies d’entrée de ces stupéfiants en Europe ».
Pendant que le régime de Trump amuse la communauté internationale avec ses fantaisies, « des gens », à Miami, Los Angeles, ou ailleurs dans des paradis fiscaux, déposent des centaines de milliers de dollars, sans trop attirer l’attention.
Le 1er novembre 2019, le ministre de l‘Intérieur vénézuélien, Néstor Reverol, informait que, cette même année, les forces de sécurité avaient intercepté et confisqué 29,779 tonnes de drogues de toutes natures, arrêtant 5837 personnes et ouvrant 1 556 procédures judiciaires (d’après la même source, entre 2015 et mars 2020, ce sont 212 tonnes qui ont été saisies). Insuffisant pour bloquer la très peu Sainte Inquisition : 15 millions de dollars, on l’a vu, pour la tête de Maduro, 10 millions pour celles de Cabello et d’El Assaimi, mais aussi pour deux autres piliers du « régime corrompu » et de son « cartel », Hugo Carvajal, ancien chef du Renseignement, ex-député chaviste (et en cavale en Espagne, soit dit en passant) et Cliver Alcalá. Quiconque fournira une information permettant de localiser tous ces gens-là touchera (théoriquement) le gros lot. S’agissant de Maduro, on se permettra ici de donner un indice relevant du très à la mode « journalisme d’investigation » : Palais présidentiel de Miraflores, Final Avenida Urdaneta 1010, Esquina de Bolero, Caracas Distrito Capital (Venezuela). Pour Cliver Alcalá, membre du même gang, pas de difficulté majeure non plus : depuis deux ans, au vu et au su de tous, ce « dangereux narcotrafiquant », vit tranquillement à Barranquilla, en Colombie. Sans que les forces conjointes de la CIA et de la DEA ne l’y aient repéré. Sans que les autorités colombiennes ne l’aient détecté. Et pour cause…
Général au sein des Forces armées nationales bolivariennes (FANB), Alcalá s’est démarqué du pouvoir et, après avoir pris sa retraite en 2013, s’est publiquement opposé à Maduro. Il a été un excellent « client » pour un certain nombre de chercheurs, universitaires et journalistes dits « de gauche », avides des déclarations de « chavistes critiques » leur permettant de rejoindre l’offensive anti-Maduro sans paraître renier Chávez et sa révolution pour lesquels, lorsqu’on pouvait le faire sans s’exposer outre mesure aux condamnations de la majorité conformiste, ils avaient manifesté une certaine sympathie.
Accusé depuis 2014 de liens avec le narcotrafic, Alcalá est entré tout à fait légalement en Colombie par Cúcuta (d’après Migración Colombia). Bien qu’ayant (ou parce qu’il a) épousé en mai 2012 Marta González, une sœur d’Hermágoras González Polanco, alias « El Gordito González », narcotrafiquant et ancien membre de l’organisation paramilitaire des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), Alcalá vivrait encore paisiblement dans son pays d’accueil si [20]...
Le 24 mars, l’épidémie de Coronavirus restreignant la circulation, la police de la route colombienne, dans une opération de routine, contrôle un véhicule qui circule sur la route Barranquilla – Santa Marta. Elle y découvre un arsenal : 26 fusils d’assaut AR-15, des silencieux, des viseurs nocturnes, des casques, des gilets pare-balles, des émetteurs-récepteurs radio, etc. Arrêté, le conducteur confesse qu’il se dirigeait vers la Guajira (département frontalier avec le Venezuela). Deux jours plus tard, une radio colombienne à forte audience, Web Radio, diffuse une déclaration explosive de… Cliver Alcalá, l’un des « narcos » vénézuéliens complices de Maduro recherchés par la Justice des Etats-Unis : « Je me trouve à Barranquilla, dans mon logis, où le gouvernement colombien, depuis longtemps, sait que je suis. » Ce détail précisé, Alcalá dévoile que les armes saisies le 24 appartiennent à un groupe de 90 officiers vénézuéliens (déserteurs) qu’il dirige. Objectif : « Obtenir la liberté du Venezuela ». Comment ? En faisant passer ces armes dans la Guajira vénézuélienne où elles devaient être réceptionnées par un officier – alias « Pantera ». Continuant ses révélations, Alcalá dit ceci : toute cette opération a eu lieu dans le cadre d’un accord passé avec « le président » Guaido, son conseiller politique Juan José « J.J. » Rendon (consultant de multiples candidats présidentiels latinos de droite) et des conseillers américains. Il implique dans le complot Leopoldo López (leader de Volonté populaire, le parti de Guaido), Sergio Vergara (député de VP, bras droit de Guaido) et Iván Simonovis, nommé Coordinateur spécial de la sécurité et du renseignement aux Etats-Unis par le président autoproclamé [21].
Alcalá multiplie ensuite ses interventions sur Twitter et, finalement, livre ses dernières révélations en exclusivité sur Infobae : « Depuis plusieurs mois, nous travaillons à la formation d’une unité pour libérer le pays et éliminer chirurgicalement les objectifs criminels du narcotrafic et du désastre qu’“ils” ont généré dans notre pays [22] ». Assurant une dernière fois qu’il ne fuit pas, comme le laisse entendre la Justice des Etats-Unis – laquelle vient « à sa grande surprise » de le placer sur la liste des « narcoterroristes » de la bande à Maduro ! –, Alcalá précise, évoquant le procureur général Barr : « Je présume qu’il ne connaît pas l’accord confidentiel que nous avons. » Raison pour laquelle il annonce son intention de se mettre à disposition des autorités colombiennes et son entière disposition « à collaborer avec la justice nord-américaine ».
Sur un personnage et un épisode aussi « tordus », les spéculations vont bon train. On ne s’engagera pas ici dans un fatras d’hypothèses oiseuses et de théories. On s’en tiendra aux faits. Alcalá s’est affectivement « rendu » sans perte de temps aux forces de l’ordre colombiennes. Durant son transfert jusqu’à l’aéroport de Bogotá, en vue d’une extradition immédiate aux Etats-Unis, il a eu tout le loisir de donner des interviews téléphoniques et par vidéo sur les réseaux sociaux (ce qui est très fréquent chez les narcotrafiquants détenus !). Evoquant les agents de la Direction nationale du renseignement (DNI) qui l’escortaient, il déclara : « Je les connais, je les ai vus et je traite avec eux depuis plus d’un an. J’ai été constamment en communication avec eux. Par le passé, en Colombie, je me suis réuni avec eux, ici, à Barranquilla [23]. » Les heures qui vont suivre n’apporteront guère de démenti à ces allégations. Lorsque le 27, Alcalá s’apprête à monter dans l’avion dépêché en toute hâte par la DEA pour le ramener à New York (malgré la fermeture des frontières), où l’attend théoriquement une prison de haute sécurité, il le fait sans menottes, de manière détendue, après avoir salué très cordialement et échangé quelques « abrazos » avec ceux qui le surveillaient. Nul doute que les « révélations » les plus explosives sur Maduro vont maintenant se multiplier dans le cadre de négociations dont raffole la Justice étatsunienne pour, en échange d’une réduction de peine, compromettre, diffamer et si possible jeter dans un cul de basse fosse le ou les individus qu’elle poursuit de sa vindicte.
A l’origine de cette séquence, l’arsenal confisqué aux opérateurs d’Alcalá n’était à l’évidence pas de nature à déclencher une opération d’envergure de type invasion ou coup d’Etat. En revanche, il était parfaitement adapté à l’organisation d’opérations de type « élimination chirurgicale » (pour reprendre l’expression de l’ex-général) ou « assassinat sélectif ». L’avenir dira peut-être quels objectifs étaient visés. Mais en tout état de cause, le lot d’armes s’inscrit dans la stratégie de déstabilisation du Venezuela – de la tentative d’assassinat de Maduro le 4 août 2018 à la présence notoire de camps d’entraînements pour mercenaires (liés à Alcalá, en particulier à Riohacha, dans la Guajira). Cette politique de caractère terroriste, dont le régime de Trump donne le « la », atteint son point d’orgue avec la récente mise à prix de Maduro. Une semaine après cette dernière, et le lendemain du jour où le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a présenté un plan de « Gouvernement de transition, sans Maduro ni Guaido », le gouvernement américain a en effet annoncé le déploiement d’une importante opération navale destinée à réduire l’entrée de drogues illégales aux Etats-Unis. « Alors que les gouvernements et les nations se concentrent sur le coronavirus, a expliqué sans rire le maître de la Maison-Blanche, il existe une menace croissante que les cartels, les criminels, les terroristes et d’autres acteurs malveillants tentent d’exploiter la situation pour leur propre profit. » Pour qui n’aurait pas tout à fait saisi la nature de l’opération, le conseiller à la Sécurité nationale Robert O’Brien a ajouté qu’il s’agit de réduire les ressources financières du narcotrafic, lequel « fournit au régime corrompu de Maduro (…) et à d’autres acteurs pernicieux les fonds nécessaires à la réalisation de leurs activités malignes ».
Au moins dix garde-côtes, des destroyers, des navires de guerre de dernière génération, des porte-hélicoptères, une brigade d’infanterie, des membres des forces spéciales et une importante couverture aérienne – P-8 (version militaire du Boeing 737), E-3 Awacs, E-8 JStars – vont prendre progressivement position, théoriquement dans le Pacifique et l’Atlantique, en réalité massivement face aux côtes du Venezuela. Un marteau pilon ! Pour combattre… des mouches. Les cargaisons maritimes de « coke » quittent les côtes latino-américaines à bord de « go fast » (vedettes rapides), de bateaux de pêche, de mini-sous-marins, de navires commerciaux et de porte-conteneurs ; les expéditions aériennes utilisent des avions de tourisme. Des cibles et objectifs sans commune mesure avec le déploiement spectaculaire de cette armada.
Au moment où les Nations Unies demandent une suspension des mesures coercitives unilatérales (dites « sanctions ») contre le Venezuela et Cuba (ainsi que l’Iran) pendant la crise du Coronavirus, Trump a donc opté pour une authentique déclaration de guerre. Brandie à la face du monde, la « cocaïne » de Maduro est l’équivalent de la petite fiole de poudre de perlinpimpin de Colin Powell accusant Saddam Hussein, devant l’Assemblée générale des Nations unies, de disposer d’armes de destruction massive. Cette dangereuse surenchère a au moins une cause aisément détectable : l’échec de la stratégie du « président fantoche » censé faire tomber Maduro. Pauvre Guaido ! Il fait pourtant tout ce qu’il faut : il approuve les sanctions qui martyrisent ses compatriotes, il célèbre la mise au ban de Maduro, il appuie le déploiement de la force navale. Il n’en a pas moins été congédié sans ménagements. En proposant un plan de transition « sans Maduro ni Guaido », Washington a signé la fin de cette comédie. Et le Guaido en question s’est montré pour ce qu’il est et n’a jamais cessé d’être : une marionnette. Depuis janvier 2019, il joue au chef de l’Etat légitime, inébranlable, ferme, crâne, intrépide, viril, courageux, « reconnu par la communauté internationale », et ne cédant sur rien. Que Trump lui intime de se retirer, et il obtempère sans résistance, sans une once de dignité : « Oui chef ! bien chef ! » Comme on dit au Mexique, « qui paye le mariachi choisit la chanson ».
Quinze millions de dollars pour la tête de Maduro ! En tant qu’objectif prioritaire des « faucons » étatsuniens, le chef de l’Etat vénézuélien, à travers ce procédé original, succède à l’irakien Saddam Hussein et au libyen Mouammar Kadhafi– avec, en ce qui concerne ces derniers, les dénouements que l’on connaît. Certes, le pouvoir vénézuélien tient bon. Malgré les énormes difficultés quotidiennes (qu’aggravent le Coronavirus), une très large fraction des secteurs populaires l’appuient. Les discussions se poursuivent avec l’opposition modérée. Les Forces armées demeurent loyales. Evoquant « la furia bolivariana », l’alliance « civico-militaire » (très mal comprise à l’étranger) prépare, au cas où, la défense du pays.
Mais c’est précisément cette résistance aux desseins de la puissance impérialiste qui incite cette dernière à utiliser les méthodes les plus extrêmes (quand bien même elles seraient cousues de gros fil blanc). « Des millions pour la tête de… » Maduro, Cabello, El Aissami ! Une telle promesse de récompense attire les avides comme la lumière attire les papillons. On trouve toujours des hommes qui aiment les sales besognes. Quelque militaire félon, acheté, opportuniste ou intimidé par la puissance de l’ennemi. Des paramilitaires (colombiens ou venézolano-colombiens). Des barbouzes, des aventuriers. Des mercenaires de compagnies de sécurité privée. Des « spécialistes » américains – surgis, par exemple, du sein de l’armada en cours de déploiement.
Pour ce type de coup tordu, les méthodes ne manquent pas. L’opération commando permettant de séquestrer la cible. Le drone, chargé de l’assassiner. Le bombardement « chirurgical ». La balle d’un « sniper ». Le coup d’Etat mené par un secteur minoritaire de l’armée…
Le pire n’est bien entendu jamais sûr. On ne négligera pas la capacité de la révolution bolivarienne à déjouer les plans ennemis. Ni même un changement de pouvoir lors de la prochaine élection américaine, Trump semblant moins doué pour gérer une pandémie que pour semer la terreur et la mort dans ce qu’il croit être son pré-carré. Néanmoins, en l’état, au mépris du droit international, la préparation d’un crime potentiel se déroule sous nos yeux. Une conspiration. La séquestration ou l’assassinat d’un chef de l’Etat reconnu par l’Organisation des Nations unies et qui n’a commis aucun crime, sauf ceux de défendre la Constitution et la souveraineté de son pays.
Nul n’est obligé d’aimer le président vénézuélien. Nul n’est contraint d’appuyer la révolution bolivarienne. Mais, tout de même… A l’époque où il existait en France une gauche digne de ce nom, elle aurait crié, à l’unisson, toutes tendances confondues : « Nous sommes tous Maduro ! Trump, pas touche au Venezuela ! »
[3] Chef du Cartel de Sinaloa, considéré comme le « trafiquant le plus dangereux du monde » par les Etats-Unis, Joaquin Guzmán a été capturé en février 2014 par les autorités mexicaines (après une première évasion), extradé aux Etats-Unis et condamné à perpétuité par le tribunal de New York, le 17 juillet 2019.
[9] Sur cette affaire, lire Maurice Lemoine, « La Colombie, Interpol et le cyberguérillero », Le Monde diplomatique, juillet 2008.
[10] The International Herald Tribune, 14 octobre 1997.
[11] Condamné en France à dix années par contumace, le prince est depuis protégé par son pays.
[12] Les deux jeunes hommes sont tombés dans un piège tendu par des agents de la DEA : des informateurs payés par cette agence leur ayant promis 20 millions de dollars en échange de cocaïne, ils auraient prévu d’obtenir la marchandise auprès d’un intermédiaire se fournissant auprès des FARC. Du fait de leur arrestation, le crime n’a pas été commis. Ils ont été condamnés pour « conspiration en vue de… ».
[20] D’après Caracol Radio, Marta González, l’épouse d’Alcalá, a une sœur, Lucy, qui a été en couple avec le truand José Guillermo « Ñeñe » Hernández, assassiné en 2019 et au cœur d’un scandale d’« achats de votes » au profit de l’actuel président Iván Duque. Sur cette affaire, lire : http://www.medelu.org/La-Colombie-aux-temps-du-cholera
Au moment où les États-Unis vont vivre une semaine de pandémie très difficile, Donald Trump lance un ultimatum guerrier au Venezuela pour chasser Nicolas Maduro de la présidence de la République bolivarienne.
Lors d’une conférence de presse, le 1er avril, le président américain s’est rêvélé incapable de répondre aux inquiétudes sociales, économiques et sanitaires des Américains et a préféré engager une nouvelle offensive contre le Venezuela. En compagnie du secrétaire d’État à la Défense et du chef d’Etat-Major des Armées, il annonce « un grand plan de lutte contre le crime organisé et le narcotrafic latino-américains », tout en ne ciblant qu’un seul pays : le Venezuela, et qu’une seule personne : Nicolas Maduro.
Cette annonce arrive quelques jours après l’annonce de Mike Pompéo d’un « cadre pour une transition démocratique » au Venezuela qui vise en réalité à démanteler les institutions vénézuéliennes.
Ce document propose d’installer un « Conseil d’Etat » transitoire sans Nicolas Maduro ni Juan Guaido, sans membre du Parlement ni pouvoir judiciaire. Cette instance aurait pour mission d’organiser des élections présidentielles et législatives dans un délai de 6 à 12 mois. Il s’agit en fait de forcer le départ immédiat de Maduro tout en laissant l’Assemblée nationale aux mains de Guaido pourtant en grande difficulté dans son pays.
Cette « proposition » n’a rien d’une ouverture de négociation mais est bel et bien un nouvel ultimatum guerrier car il s’accompagne de très inquiétants mouvements de troupes US et de matériel militaire.
Alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et la secrétaire exécutive de la CEPAL (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes), demandent la levée générale des sanctions économiques et financières contre tous les pays dont le Venezuela, et appellent à cesser les conflits et guerres partout sur la planète pour mobiliser les énergies et ressources contre la pandémie de Covid 19, les Etats-Unis menacent d’une intervention militaire et l’Union européenne prend le parti de l’hostilité s’alignant sur les décisions de Donald Trump. En effet, le 3 avril 2020, le vice-président de la Commission européenne à la politique étrangère affirme son accord avec la proposition des Etats-Unis de « cadre pour une transition démocratique ». La France a, elle aussi, communiqué sur le site du ministère des Affaires étrangères en indiquant que « la France soutient une solution politique et pacifique à la crise que connaît le Venezuela dont l’issue passe par la tenue d’élections législatives et présidentielles libres, transparents et crédibles ». La France et l’Union européenne s’alignent une nouvelle fois sur l’Administration américaine dans son obsession à contrôler le Venezuela.
Or le moment n’est certainement pas à de nouveaux actes d’ingérence mais bien à la solidarité et à la coopération internationale. Cette solidarité internationale passe par la levée immédiate des sanctions économiques et financières envers le Venezuela mais aussi envers Cuba et tous les pays frappés d’embargos et dont les populations n’ont pas accès à l’aide internationale dans ce contexte de pandémie virale.
La France ne doit en aucun cas apporter de soutien de quelque nature que ce soit aux Etats-Unis dans leur tentative de déstabilisation du Venezuela, état indépendant et souverain en particulier en pleine pandémie.
Le Parti communiste français condamne avec force les manœuvres militaires étasuniennes au large du Venezuela de même que le soutien de la France et de l’UE au « cadre de transition » que les Etats-Unis cherchent à imposer.
Le PCF exprime à nouveau sa totale solidarité avec le peuple vénézuélien et les forces démocratiques et de paix vénézuéliennes.
1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère:
65/ François Gaonac'h (1901, Briec-de-L'Odet- 1978, Rouen)
Une notice biographique et des recherches de Gilles Pichavant pour le Maitron
Né le 26 février 1901 à Briec-de-l’Odet (Finistère), mort le 3 novembre 1978 à Rouen (Seine-Maritime) ; instituteur puis professeur ; militant communiste ; militant syndicaliste CGTU dans la Finistère, CGTU puis CGT en Seine-Inférieure, Seine-Maritime.
Fils d’un tailleur d’habits, François Goanac’h devint instituteur à Lennon (Finistère), il s’y maria en avril 1926 avec la fille de cultivateurs (voir Marie Gaonac’h).
François Gaonac’h adhéra en 1922 au Parti communiste, et fut élu au comité fédéral en janvier 1924. Il fut inscrit au carnet B du Finistère le 26 juillet. L’année suivante, il était secrétaire du rayon communiste de Carhaix.
Membre du Syndicat de l’enseignement laïc du Finistère, affilié à la fédération unitaire de l’enseignement, il devint secrétaire adjoint de Charles Tillon à l’Union régionale CGTU en 1925. Cette année-là fut une année particulièrement mouvementée dans le Finistère, marquée par la grève des sardinières à Douarnenez en décembre 1924 et janvier 1925, la victoire électorale de la liste communiste dès le premier tour des municipales à Douarnenez, le 3 mai, tout cela dans un contexte de lutte contre la préparation de l’intervention française au Maroc, au sein d’un département marqué par une forte présence militaire, avec la ville de Brest et son arsenal.
Le 2 mai 1925, la veille du premier tour des élections municipales, François Gaonac’h vint apporter la contradiction dans une réunion de campagne électorale pour les municipales — comme cela se faisait beaucoup à l’époque — au sénateur-maire de Carhaix, candidat du bloc des gauches. Son intervention fut courtoise, mais elle mit gravement en difficulté le maire sur sa position à propos la guerre du Maroc en préparation. Quelques semaines plus tard une plainte fut déposée, et Gaonac’h fut poursuivit en justice pour avoir tenu des propos antimilitaristes en réunion, et avoir fait coller affiches antimilitaristes sur les murs de la ville, ce qu’il niera.
Le 5 novembre, François Gaonac’h fut condamné à quatre mois de prison par le tribunal correctionnel de Châteaulin. Il ne fut pas le seul condamné dans la période, alors que d’autres instituteurs comme les époux Cornec étaient inquiétés. Le 8 février, il fut de nouveau condamné en appel, à huit mois par le tribunal de Rennes. En conséquence, il fut révoqué de l’enseignement, le 25 mars 1926 pour s’être prononcé contre l’intervention au Maroc, et pour la paix.
Pour peser afin de tenter obtenir une amnistie et sa réintégration, le syndicat CGTU de l’enseignement décida de le présenter aux élections au Conseil départemental de l’enseignement, organisme officiel siégeant en préfecture. Le 19 avril 1926, quatre scrutins eurent lieu, pour désigner deux instituteur laïques, deux institutrices laïques, un instituteur privé, et une institutrice privés. Chez les instructeurs laïcs la liste fut conduite par Charles Drapier. Les deux candidats CGTU devancèrent les instituteurs Confédérés, Gaonac’h arrivant 2e, avec 474 voix contre 349 au candidat du SN le mieux placé. Chez les institutrices les sièges furent partagés : furent élues Mme Le Gall, Unitaire, et Mme Goubin, Confédérée.
Les candidats ayant obtenu la majorité furent proclamés élus, à l’exception de Gaonac’h, que le Préfet déclara inéligible. Alors, ce fut un beau tapage. La proclamation du résultat fut accueillie par les cris de : « A bas l’Administration ! ». Violemment pris à parti par Josette Cornec et Emmanuel Allot, soutenus par les vociférations de leurs collègues, le Préfet dût quitter la salle à reculons, sous les sifflets. Après son départ, Emmanuel Allot, de Douarnenez, fut choisi comme candidat en remplacement de François Gaonac’h. Une souscription nationale fut lancée par la Fédération unitaire de l’enseignement pour assurer son salaire.
François Goanac’h participa, le 30 mai 1926, au congrès de la région communiste bretonne, salle du gymnase à Quimper. Il fut délégué du Finistère, avec son épouse.
Il fut emprisonné le 10 septembre 1926, et fut libéré huit mois plus tard. De l’automne 1925 jusqu’à sa libération au printemps 1927, une grande campagne de solidarité se développa pour le soutien aux « emprisonnés de la guerre du Maroc » (Théo Kerdraon, Dubessy, Maurice Garay, Gaonac’h, Le Rest, et d’autres). Il reçut le soutien de socialistes de gauche comme Messager et Goasdoué, qui participèrent à des réunions publiques à Brest, Carhaix, Quimper, Morlaix, et. La campagne de solidarité fut nationale, marquée par des interventions à la Chambre, des communiqué réguliers de la FUE, les journaux comme l’Humanité ou Le Rappel, mais aussi des journaux de provinces, comme la Provence ouvrière et paysanne, leur donnant de l’écho.
Devenu secrétaire du comité départemental communiste du Finistère, François Gaonac’h fut réélu au congrès du 3 mars 1928. Il fut candidat aux élections législatives en 1928, dans la première circonscription (Quimper). Le 22 avril, lors du 1er tour il obtint 2 222 voix et 12,47% des exprimés. Il se maintint au second tour et obtint 2289 voix et 13,02%.
Il fut alors membre du bureau de l’Union locale CGTU de Quimper. Licencié de l’enseignement, il fut désigné gérant de la librairie dépendant du syndicat unitaire des instituteurs populaire installée rue Jean-Jaurès, à Quimper. Mais il fut un piètre gérant, et après l’impossibilité exprimée par lui de diffuser le manuel d’histoire de la Fédération, la liquidation judiciaire de la librairie fut prononcée en octobre 1928. D’après Kerbaul, il fut alors accablé pour sa gestion, par la tendance trotskiste du syndicat. Il prit très mal la chose, et se livra alors à une critique systématique de toutes les organisations ouvrières, y compris… le PCF. Il finit par être exclu du syndicat le 9 novembre 1929, avec son épouse. Il en advint de même au Parti communiste. Ils quittèrent alors le département. On perd alors sa trace dans le Finistère..
François Gaonac’h put finalement réintégrer l’enseignement. Mais le Finistère lui étant interdit, il fut nommé instituteur en Seine-inférieure, département déficitaire, à Bois-Robert, petit village situé à 10 km au sud-est de Dieppe. Il réintégra le syndicat et le parti communiste. Il fut inscrit sur le carnet B de la Seine-inférieure le 9 septembre 1934. Lors des élections législatives de 1936, il apporta la contradiction, pour le PCF, à deux candidats, lors de deux réunions électorales qui furent tenues à Bois-Robert : l’une contre Paumelle, candidat radical, l’autre contre le comte Louis Jacques Jean Robert Le Gras du Luart, dit Jacques du Luart, député sortant.
Le dimanche 12 juillet 1936, Gaonac’h intervint au titre de délégué de l’Union locale de Dieppe dans les syndicats agricoles, au cours d’une assemblée général des délégués syndicaux de l’UL. Il attira leur attention sur fortes attentes des ouvriers agricoles, absents des grèves de juin. Le 13 juin 1937, il fut élu membre de la Commission administrative de l’UL. Chargé de l’activité dans le milieu rural, il présenta au congrès un rapport sur la création de syndicats d’ouvriers agricoles, et il appela les ouvriers des villes à se lever « contre le séant réactionnaire pour obtenir les mêmes avantages aux ouvriers agricoles ». Il proposa un cahier revendicatif pour ces salariés, comprenant conventions collectives, diminution du temps de travail, insista-t-il : « mêmes droits pour les ouvriers agricoles que pour les ouvriers des villes, tout travailleur doit avoir la même retraite ». « C’est le prolétariat agricole que nous voulons organiser dans la CGT ».
Dans le rapport moral présenté lors du congrès de l’Union locale des 27 et 28 novembre 1938, Marcel Dufriche, évoquant les dures luttes qui eurent lieu dans le secteur de Luneray en pleine période du congrès de 1937, qui furent marquée par la mise en place de « brigades cyclistes », chargées de circuler dans les campagnes pour mettre en grève les ouvriers qui ne le seraient pas encore, il cita à plusieurs reprises Gaonac’h pour souligner les efforts qu’il poursuivit pour l’organisation des ouvriers agricoles : « Des bases existent dans nos campagnes, l’esprit syndicaliste a pénétré grâce surtout à quelques instituteurs tels que Gaonac’h, Mania, Blondel ». A la veille de la guerre, la police nota de lui qu’il était un membre influent de la section de Dieppe du parti communiste.
En octobre 1938, François Gaonac’h fut nommé à l’école Thomas Corneille à Rouen, et habita 55 rue Thiers. Il fut mobilisé de septembre 1939 au 17 août 1940. En septembre 1941 le préfet diligenta une une enquête de police visant à établir qu’il continuait à se livrer à de la propagande en faveur du parti communiste, mais celle-ci ne permit pas de l’établir. La police nota seulement qu’il se rendait régulièrement à Bois-Robert.
Après la guerre, François Gaonac’h fut membre du bureau national du Syndicat national de l’enseignement technique. Lors de la scission de 1948, ce syndicat resté à la CGT pour devenir le Syndicat national de l’enseignement technique professionnel dont il fut le trésorier. Toujours militant du Parti communiste, il fut conseiller municipal de Rouen de la Libération à 1953, ainsi que membre du comité fédéral du PCF en Seine-Maritime. Au tout début des années 1950, fortement critiqué parmi les militants ouvriers de Rouen pour la manière dont il exerçait son mandat de conseiller municipal, il fut exclu du PCF pour « opportunisme », et ne fut pas représenté aux élections municipales. Il semble avoir cessé, alors, toute activité politique.
Il habita avec son épouse à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime). Il décéda à l’hôpital de Rouen.
Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153598, notice GAONAC'H François, Yves, Marie [parfois GAONACH François] par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 8 mars 2014, dernière modification le 21 juillet 2019.
Après les deux premiers longs métrages, Visconti prend momentanément ses distances par rapport au monde du cinéma. D’une part, car, épuisé par l’expérience réaliste de La Terra tremble, et donc à la recherche de canaux capables de fournir plus d’amplitude créative ; de l’autre, parce que déçu par le système-cinéma (pas par le « moyen »-cinéma) qui, jusqu’à présent, n’a pas fait preuve de beaucoup de compréhension à son égard, entre des mésaventures distributives, des malentendus et des sabotages, même sans lui refuser le statut de réalisateur de pointe de l’époque.
Pour se débarrasser des mauvaises humeurs et des étiquettes imméritées, Visconti se retranche dans le théâtre en donnant libre cours à sa capacité d'invention que le cinéma ne peut lui accorder actuellement. Il écrit une version malheureusement jamais représentée de l'"Orlando furioso" où les scènes auraient dû se dérouler sur différentes planches, en même temps à l’intérieur d’un même environnement, en laissant au spectateur la possibilité de participe; et, en suivant une aspiration de fantaisie expressive, il réalise « Rosalinda ou come vi piace » que, en plus de jeunes acteurs du calibre de Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni et Ferruccio Amendola, peut se vanter d'avoir parmi ses collaborateurs le génie de la peinture Salvador Dalí, auteur de scénographies et de costumes.
Dans les années à venir, Visconti apporte aussi au théâtre des œuvres moins frénétiques, comme « Un tramway nommé désir » et « Mort d’un commis voyageur » d’Arthur Miller et, malgré son éloignement partiel du cinéma, il ne cesse de proposer des ébauches de films, toutes rejetées.
L’opportunité de retourner derrière la caméra arrive en 1951 grâce à « Documento Mensile », sorte de magazine périodique produit par Marco Ferreri dans lequel il est demandé aux grands noms de la culture italienne de fournir un "commentaire" sur des événements d’actualité. De la collaboration avec Vasco Pratolini naît « Appunti su un fatto di cronaca » (1951), un court-métrage de huit minutes sur le cas d’homicide d’Annarella Bracci, une fille de 12 ans violée et jetée dans un puits. Visconti choisit d’accompagner le texte de Vasco Pratolini, lyrique et sec en même temps, avec des images documentaires de la périphérie romaine, entre la désolation des immeubles populaires et les champs arides, recréant un panorama désertique, lunaire, déshumanisant qui, bien qu’il ne montre rien d'étroitement lié au fait divers, peint des impressions autour de la figure seulement évoquée d’Annarella, sans que ni un ton compatissant ni un ton de dénonciation sociale ne prévalent sur la transformation du fait horrible en une fresque existentielle universelle.
« Appunti su un fatto di cronaca » est le prélude au troisième long métrage de Visconti : pas un de ses projets propres cette fois, mais un projet qui lui est proposé, écrit par Cesare Zavattini.
C’est l’été 1951 et « Bellissima » est prêt à être tourné.
Visconti a réécrit le scénario avec Suso Cecchi D'Amico et Francesco Rosi, adaptant le sujet de Zavattini à sa poésie, misant surtout sur Anna Magnani au service des critères du cinéma anthropomorphique rodé en « Ossessione » et « La terra trema ». Visconti a accepté de tourner le film grâce à la présence déjà sûre de la Magnani, décidé à signer un portrait de femme tridimensionnelle, au-delà des frontières de la simple narration.
Ce qui l’intéresse, c’est de travailler avec le (et sur) personnage interprété par la Magnani, Maddalena Cecconi, dans la même mesure qu’il s’intéresse à travailler avec/sur l’actrice-Magnani et avec/sur la diva-Magnani. Pour cela Visconti exploite au mieux le domaine cinématographique, en croquant ironiquement sa mesquinerie, son arrivisme, sa superficialité, mais seulement pour permettre au processus narratif de l’histoire de Maddalena/Anna d’être plus contrasté, vif et sincère. Pour la énième fois, une relecture de la réalité est chargée de dévoiler la vérité cachée des choses, sous la forme de la fiction.
Maddalena est une pauvre fille qui, pour gagner de l’argent, est infirmière à l’heure, mariée à Spartacus, amoureuse du "cinéma", prête à tout, ou presque, pour obtenir un contrat pour sa fille. Anna Magnani lui prête un physique vraisemblable, mais ne renonce pas à des nuances expressives plus intimes, lorsque la volonté de rachat par Marie se transforme en obsession individuelle, ou dans l’épilogue où la désillusion l’emporte. Visconti agit dans l’ombre, construit le caractère autour de la répression, du rôle parental, de la sexualité : pour toute l’affaire, Madeleine n’est pas une femme, c’est une mère qui ne voit que dans le miroir des impressions de féminité détachées de la maternité.
Le contraste avec l’érotisme naturel de la Magnani fait partie de l’opération viscontienne. Maddalena est réprimandée par Spartacus en se disputant pour Maria et refuse les avances de Walter Chiari. Elle est tellement absorbée par sa propre mission - donner à Marie ce qu’elle n’a jamais eu - qu’elle ne se rend pas compte qu’elle a projeté sur l’enfant un besoin personnel de revanche, d’évasion de la vie vers le rêve du cinéma, ignorant la différence entre l’image idéalisée qui défile sur l’écran et les personnes vraies, défectueuses, souvent mesquines, cachées derrière cet écran et cette image.
Alors, dans l'avant-final, Maddalen, qui s'attriste devant « La rivière rouge » d’Howard Hawks, écoute enfin les pleurs répétés de Maria ridiculisée par l’équipe de Blasetti, et promet à la fin que sa fille ne fera jamais de cinéma, elle parle d’elle-même, entre résignation et fierté. Une « elle-même » à l’identité recomposée, bien que dans l’amertume, sur le point de faire l’amour avec son mari, tandis que l’enfant dort dans la chambre à côté.
Mais dans « Bellissima », nous n’assistons pas à un affrontement social ou urbain entre classes, entre riches et pauvres, opprimés et oppresseurs, centre et périphérie. Maddalena ne refuse pas d’élever sa condition par humilité ou au nom d’une quelconque morale populaire. C’est que, dans le discours néo-réaliste, Visconti fait entendre sa voix polémique, en renversant des normes et des icônes, en configurant le cinéma comme un organe qui, toujours, que ce soit dans le bien et dans le mal, trouve son origine dans la mystification, la fausseté, l’interprétation par la transcription, incapable d’enregistrer l’effectivité directe ou de véhiculer des messages qui ne soient pas conditionnés à l’efficacité dramaturgique. Certains considèrent ce film comme un ouvrage mineur et transitoire, mais « Bellissima » est le point par lequel le réalisateur termine lucidement un chapitre qu’il avait lui-même ouvert, de sorte que Lino Micciché (critique et historien du cinéma italien) ose définir le film comme "un des actes de mort les plus conscients de l’utopie néoréaliste".
Inde, on peut craindre que le Covid-19 aura des conséquences terribles.
Ce sont des informations d'étape transmises par Jean-Claude Breton, président de l'AADI, association morlaisienne développant le partenariat et l'échange culturel, scolaire, universitaire avec l'Inde.
Ci-joint le lien video de l' interview d’un éminent épidémiologique indien, par Barkha Dutt , journaliste vedette en Inde ( un mélange d’Elise Lucet et Anne Sinclair) qui est lourd de sens .
L’entretien est assez long ( 35 mn) , très technique et bien sûr en anglais.
En résumé:
- le Premier Ministre indien savait pertinemment dès le début que les chiffres officiels en Inde étaient très sous-estimés.
- il communique ensuite de manière émotionnelle ( les 21 jours de confinement ou bien 21 ans de retour en arrière) et en utilisant les ressorts « populaires », traditionnels, mythologiques, etc…
- la prévision de 1 à 2 millions de morts d’ici juillet en Inde est compatible avec les chiffres en Occident, en proportion des populations et des déficiences notoires des structures médicales en Inde.
Il faut craindre que le gouvernement indien actuel, nationaliste et fascisant, exploite les haines sous-jacentes des extrémistes hindous vis-à- vis de la communauté musulmane , pour attribuer l’épidémie à ces populations.
Alors que les gouvernements successifs de l’Inde ont failli à leurs devoirs en terme de budgets dédiés à la santé et de réduction des inégalités sociales.
Des cas de contamination vient d’être décelés dans certains des grands slums de Bombay. Ce sera ensuite une explosion .
Mais le gouvernement pourra expliquer que ces slums abritent tellement d’immigrants illégaux...
La recherche du bouc-émissaire est à craindre.
La presse française, nationale et régionale, est dans l’ensemble plutôt silencieuse sur l’Inde, qui est pourtant aujourd’hui le plus grand confinement du monde ( la Chine n’avait confiné qu’une partie de ses provinces) et où le risque en nombre de morts, dans un pays fortement inégalitaire comptant 1,3 milliards d'habitants, est bien le plus élevé.
#PlusJamaisCa : l’appel à signer et faire signer massivement
Mobilisation 7 avril 2020
Face à l’urgence sanitaire, des mesures de rupture sont nécessaires. A la suite de la tribune « Plus jamais ça, préparons le jour d’après », 16 organisations proposent 7 mesures essentielles pour répondre à l’urgence sanitaire et engager sans attendre des politiques publiques afin ne plus jamais revivre ça.
4 mesures d’urgence
L’ arrêt immédiat des activités non indispensables pour faire face à l’épidémie.
Les réquisitions des établissements médicaux privés et des entreprises afin de produire dans l’urgence masques, respirateurs et tout le matériel nécessaire pour sauver des vies.
La suspension immédiate des versements de dividendes, rachats d’actions et bonus aux PDG.
La décision de ne pas utiliser les 750 milliards d’euros de la BCE pour alimenter les marchés financiers mais uniquement pour financer les besoins sociaux et écologiques des populations.
Dès maintenant et à long terme
Il ne s’agit pas ensuite de relancer une économie profondément insoutenable écologiquement et socialement ! Nous demandons que s’engagent sans plus attendre des politiques publiques de long terme pour ne plus jamais revivre ça :
Un plan de développement de tous les services publics, en France et dans le monde.
Une fiscalité bien plus juste et redistributive, un impôt sur les grandes fortunes, une taxe sur les transactions financières renforcée et une véritable lutte contre l’évasion fiscale.
Un plan de réorientation et de relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et de répondre à la crise écologique.
16 organisations : Action Non-Violente COP 21, Alternatiba, Attac France, CCFD Terre Solidaire, Confédération paysanne, CGT, Convergence nationale des Services Publics, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fondation Copernic, Greenpeace France, les Amis de la Terre France, Oxfam France, Reclaim Finance, l’Unef, l’Union syndicale Solidaires, 350.org s’unissent pour porter une exigence forte de justice sociale, fiscale et climatique.
Mobilisons-nous dès maintenant et donnons-nous rendez-vous le « jour d’après » pour réinvestir les lieux publics pour reconstruire ensemble un futur, écologique, social, féministe et démocratique, en rupture avec les politiques menées.
Vendredi, 27 Mars, 2020 - L'Humanité
Appel. "Plus jamais ça ! Préparons le jour d'après"
18 responsables d'organisations syndicales, associatives et environnementales parmi lesquels Philippe Martinez (CGT), Aurélie Trouvé (Attac), Jean-François Julliard (Greenpeace) et Cécile Duflot (Oxfam), signent une tribune commune publiée, vendredi 27 mars.
Ces organisations lancent vendredi, sur le site de franceinfo un appel "à toutes les forces progressistes et humanistes [...] pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral".
Le texte de l'appel :
En mettant le pilotage de nos sociétés dans les mains des forces économiques, le néolibéralisme a réduit à peau de chagrin la capacité de nos États à répondre à des crises comme celle du Covid. La crise du coronavirus qui touche toute la planète révèle les profondes carences des politiques néolibérales. Elle est une étincelle sur un baril de poudre qui était prêt à exploser. Emmanuel Macron, dans ses dernières allocutions, appelle à des "décisions de rupture" et à placer "des services (…) en dehors des lois du marché". Nos organisations, conscientes de l’urgence sociale et écologique et donnant l'alerte depuis des années, n’attendent pas des discours mais de profonds changements de politiques, pour répondre aux besoins immédiats et se donner l'opportunité historique d'une remise à plat du système, en France et dans le monde.
Dès à présent, toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé des populations celle des personnels de la santé et des soignant·e·s parmi lesquels une grande majorité de femmes, doivent être mises en œuvre, et ceci doit largement prévaloir sur les considérations économiques. Il s'agit de pallier en urgence à la baisse continue, depuis de trop nombreuses années, des moyens alloués à tous les établissements de santé, dont les hôpitaux publics et les Ehpad. De disposer du matériel, des lits et des personnels qui manquent : réouverture de lits, revalorisation des salaires et embauche massive, mise à disposition de tenues de protection efficaces et de tests, achat du matériel nécessaire, réquisition des établissements médicaux privés et des entreprises qui peuvent produire les biens essentiels à la santé, annulation des dettes des hôpitaux pour restaurer leurs marges de manœuvre budgétaires... Pour freiner la pandémie, le monde du travail doit être mobilisé uniquement pour la production de biens et de services répondant aux besoins essentiels de la population, les autres doivent être sans délai stoppées. La protection de la santé et de la sécurité des personnels doivent être assurées et le droit de retrait des salarié·e·s respecté.
Des mesures au nom de la justice sociale nécessaires
La réponse financière de l’État doit être d'abord orientée vers tou·te·s les salarié·e·s qui en ont besoin, quel que soit le secteur d'activité, et discutée avec les syndicats et représentant·e·s du personnel, au lieu de gonfler les salaires des dirigeant·e·s ou de servir des intérêts particuliers. Pour éviter une très grave crise sociale qui toucherait de plein fouet chômeurs·euses et travailleurs·euses, il faut interdire tous les licenciements dans la période. Les politiques néolibérales ont affaibli considérablement les droits sociaux et le gouvernement ne doit pas profiter de cette crise pour aller encore plus loin, ainsi que le fait craindre le texte de loi d’urgence sanitaire.
Selon que l’on est plus ou moins pauvre, déjà malade ou non, plus ou moins âgé, les conditions de confinement, les risques de contagion, la possibilité d’être bien soigné ne sont pas les mêmes. Des mesures supplémentaires au nom de la justice sociale sont donc nécessaires : réquisition des logements vacants pour les sans-abris et les très mal logés, y compris les demandeurs·euses d’asile en attente de réponse, rétablissement intégral des aides au logement, moratoire sur les factures impayées d'énergie, d'eau, de téléphone et d'internet pour les plus démunis. Des moyens d’urgence doivent être débloqués pour protéger les femmes et enfants victimes de violences familiales.
Les moyens dégagés par le gouvernement pour aider les entreprises doivent être dirigés en priorité vers les entreprises réellement en difficulté et notamment les indépendants, autoentrepreneurs, TPE et PME, dont les trésoreries sont les plus faibles. Et pour éviter que les salarié·e·s soient la variable d’ajustement, le versement des dividendes et le rachat d’actions dans les entreprises, qui ont atteint des niveaux record récemment, doivent être immédiatement suspendus et encadrés à moyen terme.
Des mesures fortes peuvent permettre, avant qu’il ne soit trop tard, de désarmer les marchés financiers : contrôle des capitaux et interdiction des opérations les plus spéculatives, taxe sur les transactions financières… De même sont nécessaires un contrôle social des banques, un encadrement beaucoup plus strict de leurs pratiques ou encore une séparation de leurs activités de dépôt et d’affaires.
Des aides de la BCE conditionnées à la reconversion sociale et écologique
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle injection de 750 milliards d’euros sur les marchés financiers. Ce qui risque d’être à nouveau inefficace. La BCE et les banques publiques doivent prêter directement et dès à présent aux États et collectivités locales pour financer leurs déficits, en appliquant les taux d’intérêt actuels proches de zéro, ce qui limitera la spéculation sur les dettes publiques. Celles-ci vont fortement augmenter à la suite de la "crise du coronavirus". Elles ne doivent pas être à l’origine de spéculations sur les marchés financiers et de futures politiques d’austérité budgétaire, comme ce fut le cas après 2008.
Une réelle remise à plat des règles fiscales internationales afin de lutter efficacement contre l'évasion fiscale est nécessaire et les plus aisés devront être mis davantage à contribution, via une fiscalité du patrimoine et des revenus, ambitieuse et progressive.
Par ces interventions massives dans l’économie, l’occasion nous est donnée de réorienter très profondément les systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques. Les aides de la Banque centrale et celles aux entreprises doivent être conditionnées à leur reconversion sociale et écologique : maintien de l'emploi, réduction des écarts de salaire, mise en place d'un plan contraignant de respect des accords de Paris... Car l'enjeu n'est pas la relance d'une économie profondément insoutenable. Il s’agit de soutenir les investissements et la création massive d’emplois dans la transition écologique et énergétique, de désinvestir des activités les plus polluantes et climaticides, d’opérer un vaste partage des richesses et de mener des politiques bien plus ambitieuses de formation et de reconversion professionnelles pour éviter que les travailleurs·euses et les populations précaires n’en fassent les frais. De même, des soutiens financiers massifs devront être réorientés vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes…
La "crise du coronavirus" révèle notre vulnérabilité face à des chaînes de production mondialisée et un commerce international en flux tendu, qui nous empêchent de disposer en cas de choc de biens de première nécessité : masques, médicaments indispensables, etc. Des crises comme celle-ci se reproduiront. La relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, doit permettre d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux, de reprendre le contrôle sur les modes de production et d'enclencher une transition écologique et sociale des activités.
La relocalisation n’est pas synonyme de repli sur soi et d’un nationalisme égoïste. Nous avons besoin d’une régulation internationale refondée sur la coopération et la réponse à la crise écologique, dans le cadre d'instances multilatérales et démocratiques, en rupture avec la mondialisation néolibérale et les tentatives hégémoniques des États les plus puissants. De ce point de vue, la "crise du coronavirus" dévoile à quel point la solidarité internationale et la coopération sont en panne : les pays européens ont été incapables de conduire une stratégie commune face à la pandémie. Au sein de l’Union européenne doit être mis en place à cet effet un budget européen bien plus conséquent que celui annoncé, pour aider les régions les plus touchées sur son territoire comme ailleurs dans le monde, dans les pays dont les systèmes de santé sont les plus vulnérables, notamment en Afrique.
Tout en respectant le plus strictement possible les mesures de confinement, les mobilisations citoyennes doivent dès à présent déployer des solidarités locales avec les plus touché·e·s, empêcher la tentation de ce gouvernement d’imposer des mesures de régression sociale et pousser les pouvoirs publics à une réponse démocratique, sociale et écologique à la crise.
Plus jamais ça ! Lorsque la fin de la pandémie le permettra, nous nous donnons rendez-vous pour réinvestir les lieux publics et construire notre "jour d’après". Nous en appelons à toutes les forces progressistes et humanistes, et plus largement à toute la société, pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral.
Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France
Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac France
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT
Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne
Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France
Cécile Duflot, directrice générale d'Oxfam France
Eric Beynel, porte-parole de l'Union syndicale Solidaires
Clémence Dubois, responsable France de 350.org
Pauline Boyer, porte-parole d'Action Non-Violente COP21
Léa Vavasseur, porte-parole d'Alternatiba
Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire
Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement
Lisa Badet, vice-présidente de la FIDL, Le syndicat lycéen
Jeanette Habel, co-présidente de la Fondation Copernic
Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature
Mélanie Luce, présidente de l'UNEF
Héloïse Moreau, présidente de l'UNL
Madame Laurence Cohen interroge le Ministre de la Santé sur la situation des personnes atteintes de troubles psychiatriques, dans le contexte de pandémie liée au Covid-19.
Elle regrette tout d’abord que les patient·es et les professionnels exerçant dans les établissements de santé mentale ne bénéficient pas du matériel de protection nécessaire (gels, gants, masques…) pour limiter la propagation du virus et réduire tout risque de contagion. Elle insiste en particulier sur les personnels du secteur médico-social, et notamment les psychologues.
Si les hôpitaux généraux manquent terriblement de matériel eux aussi, elle craint que les établissements psychiatriques le soient bien davantage !
Elle s’inquiète également des conséquences des mesures pour faire respecter le confinement sur la santé mentale de ces patient·es fragilisé·es et qui amenuisent la relation thérapeutique patient/soignant (repas pris dans les chambres et non collectivement, suspension des visites, plus de contact physique…).
Pour les personnes suivies en ambulatoire, les conséquences du confinement sont là aussi inquiétantes pour la continuité des soins, et risquent d’aggraver les symptômes du fait du climat anxiogène ambiant.
De plus, il est probable qu’il y ait une augmentation des personnes ayant besoin d’être hospitalisées durant ou après ce confinement, alors même que le nombre de lits est déjà insuffisant.
Aussi, elle lui demande quelles sont les dispositions qu’il entend mettre en œuvre pour prendre en considération la spécificité de ces patient·es et de ces soignant·es et quelles suites il entend donner au courrier adressé, le 27 mars dernier, par la Contrôleure Générale des Lieux de Privation dans lequel sont formulées plusieurs recommandations ( approvisionnement des établissements en matériel de prévention et détection, garantie de la continuité des soins utilisation du téléphone personnel, accès au tabac, autorisation de promenades…)
Dans le respect des règles sanitaires, ces mesures sont indispensables dans le contexte actuel pour garantir aux patient·es le respect de leurs droits fondamentaux et pour ne pas dégrader encore plus les conditions de travail des personnels.
1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère:
64/ Paul Lespagnol (1949-2003)
Paul Lespagnol naît à Recouvrance, un quartier de Brest célébré par "la complainte de Jean Quemeneur".
Sa famille est originaire de la presqu'île de Crozon depuis plusieurs siècles, d'un petit village situé près des belles plages de la Palue et de Lostmarch, non loin du Cap de la Chèvre.
Beaucoup ont "émigré" à Brest au cours du XIXe siècle, pour trouver du travail, à l'arsenal notamment.
Quant à sa mère a participé à la résistance comme agent de liaison à Châteauneuf du Faou.
Durant sa scolarité, il s'intéresse à l'Histoire des peuples et civilisations, ce qui l'amènera à s'impliquer pleinement dans celle de mai 68 où, avec d'autres copains, il implante l'UNCAL, syndicat lycéen. C'est aussi le moment où, avec les mêmes, il adhère au Parti communiste.
L'année qui suit, étudiant, il assume des responsabilités à l'UNEF. Pendant une année, il exercera le métier d'instituteur, puis en 1970, Louis Le Roux, secrétaire fédéral, lui propose de devenir salarié "permanent" du parti. Il accepte et devient le responsable des questions agraires. Il va sillonner le département pour rencontrer les militants et diffuser la propagande "paysanne". Chose plus facile dans le centre-Finistère que dans le Léon. En 1973, il s'est présenté aux élections dans le canton de Ploudalmezeau. Dans un pays peu sensible aux idées communistes, il fait un résultat fort honorable avec près de 5% des voix. Mais sa satisfaction est grande avec l'élection comme conseiller général de René Le Nagard dans le canton rural de Plouigneau. En 1976, il est à nouveau sollicité, cette fois par André Lajoinie, pour devenir son collaborateur à la section agraire du Comité central.
Il y restera cinq ans quand, en 1981, il deviendra secrétaire fédéral d'Ille-et-Vilaine.
Chaleureux, bon vivant, et une bonne dose d'humour feront qu'il entretiendra un bon climat pour le militantisme et de solides amitiés.
En 1987 il est élu au comité central et sera aussi le responsable régional du parti.
Quant aux fonctions électives, c'est en 1995 et jusqu'en 2001 qu'il deviendra adjoint au maire de Rennes, vice-président de Rennes-Métropole.
En 1998, il sera aussi élu au Conseil Régional.
Entre temps en 1996 il sera proposé au bureau national et secrétariat du Parti communiste, s'occupant du secteur "vie du parti". Chargé des élections et des relations extérieures, il était également un interlocuteur posé, exigeant, mais ouvert, des partenaires du PCF, formations de la gauche ou syndicats.
Décédé précocement en septembre 2003, il n'aura pas le temps de savourer les plaisirs de la lecture, de la pêche l'été et la chasse avec les copains rennais.
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Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.