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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 06:54
Fabien Roussel en meeting à la fête de l'Humanité Bretagne, décembre 2019 à Lanester

Fabien Roussel en meeting à la fête de l'Humanité Bretagne, décembre 2019 à Lanester

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité - Fabien Roussel, interviewé par Julia Hamlaoui, L'Humanité, 10 avril 2020
Vendredi, 10 Avril, 2020
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : « L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité »

Toute la semaine, l’Humanité a interrogé les responsables de gauche sur leur vision du « jour d’après ». Dernier entretien avec Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, qui estime possible de « financer tout de suite la reconquête des services publics ».

 

Le jour d’après la crise sanitaire s’annonce comme celui de la crise économique. Le gouvernement a évoqué d’éventuelles nationalisations, la relocalisation de certaines productions ou encore des dispositifs d’aide. Est-ce à la hauteur ? Quelles politiques proposez-vous pour éviter chômage et précarisation de masse ?

Fabien Roussel. Emmanuel Macron fait mine de découvrir le rôle de l’État et des services publics ! Cette crise sanitaire révèle en fait tout ce qui nous manque pour faire face à une telle pandémie : une industrie puissante, des services publics et un État forts avec des marges budgétaires pour agir. Le capitalisme a considérablement réduit le rôle de l’État, affaibli nos services publics et en même temps encouragé la délocalisation des entreprises, notamment dans la production de médicaments. Il faut donc rompre avec ces logiques d’austérité et de rentabilité financière, et préparer dès maintenant un nouveau modèle économique, social, écologique. L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité. Nous voulons une société dans laquelle l’État joue tout son rôle, avec des services publics renforcés et une vie démocratique rénovée jusque dans les entreprises, avec de nouveaux pouvoirs pour les salariés. Par la relocalisation de notre industrie, nous devons retrouver la maîtrise des grands secteurs stratégiques du pays, aujourd’hui vendus au privé, relancer la recherche, bref, retrouver notre souveraineté économique. Chaque citoyen doit être protégé tout au long de sa vie, de l’école jusqu’à la retraite, avec un travail et un salaire digne. Chacun doit pouvoir trouver sa place dans la société. L’être humain, c’est la priorité !

L’Union européenne a suspendu sa règle d’or budgétaire. Craignez-vous le retour d’une austérité accrue ensuite et quelles ruptures faut-il opérer à l’échelle de l’Union ?

Fabien Roussel. La situation montre le besoin de coopération à l’échelle du monde et de l’Europe. L’Union européenne a certes suspendu provisoirement ses normes de déficits budgétaires, mais elle ne change pas de logique. Il y a donc urgence à imposer un autre rôle à la Banque centrale européenne et à notre monnaie : au lieu de nourrir le capital, elle devrait servir un modèle social ambitieux, développer les services publics, l’emploi et les salaires, pour organiser, à l’échelle du continent, un vaste plan de reconquête industrielle. C’est possible en mobilisant les liquidités de la BCE sur des fonds dédiés à l’emploi, aux services publics, au développement de filières, plutôt que sur les marchés financiers comme c’est aujourd’hui le cas.

Les services publics sont en première ligne pour lutter contre l’épidémie. Quelles leçons en tirer pour le « jour d’après » ? Comment les financer ?

Fabien Roussel. Aujourd’hui, de nombreux services publics montrent toute leur utilité. Heureusement qu’ils sont là. Il est possible, tout de suite, de financer leur reconquête : 15 milliards par an de cadeaux fiscaux ont été accordés aux plus riches et aux multinationales. Rétablir l’ISF, supprimer la flat tax, revenir sur les exonérations de cotisations accordées sans contrepartie, c’est possible tout de suite. Cela permettra de financer l’hôpital public à hauteur de 10 milliards d’euros. Nous proposons aussi de taxer les dividendes du CAC 40 à 75 % pour dissuader les entreprises de les verser. Cela pourrait alimenter un fonds en faveur des PME-TPE.

L’état d’urgence sanitaire a conféré de nombreux pouvoir à l’exécutif et les experts ont pris une place prépondérante. Quels changements démocratiques faut-il concevoir ?

Fabien Roussel. La mobilisation indispensable de la nation appelle au contraire un grand élan démocratique, permettant au Parlement, aux forces sociales et politiques de jouer pleinement leur rôle jusque dans les territoires. Nous appelons depuis longtemps à l’émergence de nouveaux pouvoirs des salariés dans les entreprises et dans les services publics. Si, dans les régions, les ARS étaient démocratiques, si dans leur entreprise les salariés étaient écoutés et disposaient de vrais pouvoirs, croyez-vous qu’on aurait pu supprimer 100 000 lits d’hôpitaux, que des délocalisations aussi nombreuses auraient pu être opérées pour le seul profit des actionnaires ?

Vous avez appelé, ces derniers mois, au rassemblement de la gauche, contre la réforme des retraites comme pour les élections municipales. Les défis à relever face à cette crise rendent-ils plus prégnante cette exigence ?

Fabien Roussel. Pour imposer de grands changements, le rassemblement de toutes les forces disponibles est toujours une nécessité. Il doit toutefois reposer sur des contenus exigeants, non sur les plus petits dénominateurs communs, sous peine de grands échecs. Et il ne doit pas se concevoir comme une construction de sommet, réduite aux dirigeants des partis. La mobilisation de l’ensemble des forces sociales, politiques, intellectuelles est indispensable. Les ruptures nécessaires pour sortir du modèle actuel font encore l’objet de débats, voire de désaccords. Il convient de les aborder franchement et publiquement, en faisant en sorte que notre peuple, et particulièrement le monde du travail et de la création, s’en empare. Aujourd’hui, nous souhaitons qu’un large débat s’ouvre sur les exigences mises immédiatement à l’ordre du jour par la crise sanitaire, ainsi que sur le nouveau modèle de production et de consommation dont l’humanité a le plus urgent besoin.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité - Fabien Roussel, interviewé par Julia Hamlaoui, L'Humanité, 10 avril 2020
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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 07:31
Maryam Madjidi à Dialogues Morlaix en avril 2019 pour parler de "Marx et la poupée" (photo I.Dupont)

Maryam Madjidi à Dialogues Morlaix en avril 2019 pour parler de "Marx et la poupée" (photo I.Dupont)

Maryam Madjidi à la Petite Librairie rue Danton à Brest en avril 2019 (photo I.Dupont)

Maryam Madjidi à la Petite Librairie rue Danton à Brest en avril 2019 (photo I.Dupont)

Jeudi, 9 Avril, 2020 - L'Humanité
Le contre-journal de confinement de Maryam Madjidi

Prix Goncourt du premier roman pour « Marx et la poupée », professeure de français pour mineurs étrangers isolés, Maryam Madjidi raconte une histoire qui illustre, entre grandeur et lâcheté, comment la période met l’humanité à nu.

 

Je vous écris pour vous raconter une histoire. Une histoire simple qui s’est passée le 31 mars 2020.

C’est l’histoire d’une femme âgée de 60 ans qui travaille dans un Ehpad à Bagnolet. Elle est infirmière.

Chaque jour, elle se lève tôt, prend sa voiture et va au travail. Là-bas, elle soulage la douleur des personnes âgées dépendantes. En ce moment, il s’agit plus de soulager la douleur mentale de ces personnes vulnérables que leur douleur physique.

Souvent quand elle entre dans une chambre, la personne alitée à la peau ridée et au corps frêle lui demande doucement de lui prendre la main. L’infirmière hésite un instant mais ne peut refuser une telle demande. Elle a le cœur qui se serre et s’approche du lit. Elle enlève son gant, et prend cette main dans la sienne. Elle rassure, soulage, panse avec un seul remède : son humanité.

Ensuite elle va scrupuleusement se laver les mains et remet ses gants pour retourner travailler. Elle sourit derrière son masque. On le voit à ses yeux qui se plissent légèrement et se mouillent d’émotion.

Les résidents de cet Ehpad ne reçoivent plus de visites depuis environ un mois. Ces personnes sont totalement isolées, confinées dans leur chambre individuelle, dans une solitude et une détresse qui grandit jour après jour.

Une solitude pire que le virus

Depuis le début de la pandémie, il y a eu une quinzaine de morts atteints du Covid-19 dans cet établissement.

Ces morts ne sont même pas comptabilisés. On ne les compte pas. Ils ne comptent pas. Ils ne comptaient pas avant. Ils sont les invisibles de cette société.

Mais l’infirmière qui les accompagne dans cette dernière étape de la vie connaît chaque visage, retient chaque nom, appelle chaque famille, trouve toujours quelques mots doux à leur dire.

Elle fait son travail. C’est tout.

D’ailleurs, depuis quelques semaines, elle ne travaille plus en Ehpad mais dans une morgue à retardement. Les couloirs de cet établissement sont des couloirs où la mort plane dans chaque chambre, s’allonge dans chaque lit et attend patiemment en caressant les cheveux blancs d’une tête qu’elle fauchera méthodiquement un peu plus tard.

Elle ne se plaint pas. Elle ne l’a jamais fait. Elle fait son travail. C’est tout. Elle le fait depuis des années. Les conditions n’ont jamais été bonnes. Mais le travail doit être accompli avec la plus grande douceur, la plus grande compassion, la plus grande vigilance.

Elle n’est pas une héroïne. Elle est une infirmière en Ehpad en Seine-Saint-Denis. Elle ne supporte pas le mot « héroïsme ».

Un jour de repos, mardi 31 mars 2020, l’infirmière sort de chez elle pour faire ses courses. Elle pense à mille choses dans sa tête. Elle pense à ses parents dans un autre pays durement frappé aussi par la pandémie. Elle pense à ses petits-enfants et à cet avenir inquiétant que nous leur avons fabriqué à coups d’aveuglement, de cupidité et d’ignorance. Elle pense à ces résidents et au nombre de décès qu’elle va découvrir en retournant au travail jeudi. Elle est prise d’un vertige en pensant au nombre de morts en Italie, en Espagne, en France, tous ces chiffres qui grossissent les rangs de la mort dans le monde entier. Elle imagine Azraël, l’ange de la mort, particulièrement affairé en ce moment, débordé par tous les morts qu’il faut enlever à la vie. Elle n’aurait jamais imaginé une crise sanitaire de cette ampleur en France. La France, ce pays qu’elle a choisi comme refuge en 1986, ne lui assure plus la protection dont elle a besoin aujourd’hui, non plus comme réfugiée politique (elle ne l’est plus depuis longtemps) mais simplement comme infirmière, simplement comme citoyenne.

Elle oublie même qu’elle est en train de marcher sur un trottoir. Elle oublie de mettre un pied devant l’autre. Et elle tombe.

Elle tombe sur le trottoir, se déchire le jean et saigne du genou.

Devant elle, sur le même trottoir, avant qu’elle ne tombe, elle avait vu deux hommes qui marchaient et une femme derrière elle également.

Après sa chute, les deux hommes et la femme ont couru sur le trottoir d’en face et ont déguerpi, la laissant seule, par terre, avec ses courses étalées sur le sol et son genou qui saigne.

Madame, vous allez bien ?

Elle a éclaté en sanglots. Elle a pleuré non pas parce qu’elle avait mal à son genou. Elle n’a même pas senti la douleur. Elle a pleuré parce que personne n’est venu vers elle, même en se tenant à distance, la distance sociale, la distance de sécurité, juste pour lui poser à 1,50 m de distance sociale, 1,50 m de distance de sécurité, cette simple question : madame, vous allez bien ?

Non, ils ont fui. Ils ont fui parce qu’ils ont eu peur. Ils ont fui parce que la peur les rend inhumains.

L’infirmière s’est relevée. Elle a ramassé ses courses. Elle est rentrée chez elle.

Puisque aujourd’hui les premiers de cordée sont devenus invisibles et parfaitement inutiles à la nation, puisque aujourd’hui toutes celles et ceux que le gouvernement méprise maintiennent debout ce pays, alors je te nomme toi, l’infirmière de Seine-Saint-Denis, pour te faire sortir de l’ombre : Mithra Madjidi, ma mère.

Mercredi 1er avril 2020

Maryam Madjidi

L’auteure a publié  « Marx et la Poupée », le Nouvel Attila, collection « Incipit » (2017). « Je m’appelle Maryam », l’École des loisirs, collection « Mouche », (2019).

Le contre-journal de confinement de Maryam Madjidi (L'Humanité, jeudi 9 avril 2020)
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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 07:13
Budget de la recherche: la montagne accouche d'une souris - Pierre Ouzoulias, sénateur communiste

Budget de la recherche : la montagne accouche d’une souris !

Lors de leur visite à l’Institut Pasteur, le 19 mars 2020, le Président de la République et la ministre chargée de la recherche ont annoncé que 25 milliards d’euros supplémentaires seraient consacrés à la recherche. Par le dossier de presse diffusé le 25 mars, on apprend que les cinq milliards supplémentaires constituent un objectif budgétaire qui devrait être atteint en une décennie. L’effort serait progressif pour atteindre un montant annuel de 600 millions, à partir de 2028…

https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid150594/un-effort-de-25-milliards-d-euros-pour-relever-les-defis-de-la-recherche.html

L’actuel Gouvernement transfère donc aux Gouvernements des deux prochaines mandatures la mission d’honorer l’essentiel de cet engagement budgétaire, pourtant bien modeste. En ce qui le concerne, il consent à une augmentation de 400 millions d’euros du budget du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) pour l’année 2021, la dernière année budgétaire complète du présent quinquennat.

Comme le précisait la ministre lors de son audition par la commission du Sénat, le 6 avril, cette enveloppe budgétaire supplémentaire serait destinée à l’abondement de la totalité des missions de son ministère. Cette augmentation comprendrait donc aussi les mesures de revalorisation salariale, dont celles destinées à compenser la baisse des pensions, consécutive à l’adoption de la loi de réforme des retraites dont l’examen est pour l’instant reporté.

http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html

Pour le budget de l’année 2020, les programmes budgétaires du MESRI et les montants des autorisations d’engagement sont les suivants :

150

Formations supérieures et recherche universitaire

13,7 Md€

172

Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires

7 Md€

193

Recherche spatiale

2 Md€

231

Vie étudiante

2,7 Md€

Total

 

25,4 Md€

Ces données budgétaires sont tirées du rapport de la commission des finances du Sénat sur le projet de budget 2020 :

https://www.senat.fr/rap/l19-140-323/l19-140-3231.pdf

L’annonce d’un accroissement de 400 millions d’euros du budget global du MESRI pour l’année 2021 représente donc une augmentation d’environ 1,5 %.

Pour bien comprendre ce qu’elle représente, en euros constants, il faut la comparer à celle du budget des programmes du MESRI pour l’année 2020 :

 

Programmes

2019

2020

Variation

150

Formations supérieures

13,59 Md€

13,77 Md€

1,3 %

172

Recherches scientifiques

6,9 Md€

6,9 Md€

0 %

193

Recherche spatiale

1,82 Md€

2,03 Md€

11,7 %

231

Vie étudiante

2,70 Md€

2,77 Md€

2,5 %

Total

 

25,01 Md€

25,47 Md€

1,83 %

L’effort « inédit depuis la période de l’après-guerre » annoncé par le Président de la République, le 19 mars 2020, commencera donc par une hausse du budget 2021 du MESRI inférieure à celle de 2020 ! Il est en effet historique qu’un Président décrive une baisse du soutien à la recherche comme un engagement massif en sa faveur.

Pour rappel, le crédit d’impôt « recherche » a représenté une dépense fiscale évaluée à 6,2 Md€ en 2018 et à 6,5 Md€ en 2019. Soit une augmentation de 4,8 %. Elle était de 4,4 Md€ en 2009. La véritable augmentation est là !

Le 10 avril 2020,
Pierre Ouzoulias 
 
Budget de la recherche: la montagne accouche d'une souris - Pierre Ouzoulias, sénateur communiste
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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 07:04
Oxfam alerte sur une aggravation sans précédent de la pauvreté dans le monde avec le Coronavirus s'il n'y a pas un bond qualitatif dans la solidarité (Dossier de L'Humanité, jeudi 9 avril 2020)
Jeudi, 9 Avril, 2020 - L'Humanité
Éditorial. Table rase

L'éditorial de Cathy Dos Santos. Le rapport d’Oxfam que nous présentons dans nos colonnes est un cri d’alarme qui place les puissances face à leurs responsabilités. L’impact économique de la crise sanitaire pourrait précipiter un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté,

 

Il ne suffit plus de se payer de mots, il faut des actes. La pandémie, qui « hors de tout contrôle pourrait coûter la vie à plus de 40 millions de personnes », selon Oxfam, presse les dirigeants politiques d’agir. Mais pas n’importe comment, et surtout pas en recyclant les recettes ultralibérales d’hier qui ont aggravé les crises structurelles qui défigurent le quotidien de milliards d’êtres humains. On ne le répétera jamais assez, l’épidémie agit comme un miroir grossissant des injustices. Si le virus peut frapper tout un chacun, il n’est pas égalitaire. Il exacerbe les situations d’extrême fragilité des plus démunis. Le confinement de la moitié de l’humanité n’occulte pas les misères, il les décuple.

La déflagration économique et financière, qui s’amorçait avant même l’explosion de Sars-CoV-2, s’annonce encore plus violente que la crise de 2008. Couplée aux conséquences désastreuses de la pandémie, l’onde de choc sera d’une brutalité dramatique. En fait, elle l’est déjà. La presse espagnole fait état de 900 000 emplois démolis. Le cortège de chômeurs a brutalement grossi aux États-Unis, où plus de 10 millions de personnes viennent de perdre leur travail. L’Organisation internationale du travail évoque la destruction de 25 millions d’emplois dans le monde, d’après une fourchette basse.

Le rapport d’Oxfam que nous présentons dans nos colonnes est un cri d’alarme qui place les puissances face à leurs responsabilités. L’impact économique de la crise sanitaire pourrait précipiter un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté, selon l’ONG, qui plaide pour un sauvetage économique mondial ambitieux à même de ne laisser personne de côté. Les prochaines réunions de la Banque mondiale et du FMI, des ministres des Finances du G20 doivent accoucher de réponses radicalement transformatrices afin de protéger les citoyens et soutenir les pays les plus pauvres, acculés contre le mur honteux d’une dette illégitime. La pandémie jette une lumière crue sur les orientations capitalistes qui se sont soldées en 2008 par des chèques en blanc signés aux banques et une austérité mortifère pour les peuples. De ce passé-là aussi, il faut faire table rase.

Par Cathy Dos Santos
Jeudi, 9 Avril, 2020 - l'Humanité
Les pays riches laisseront-ils le combat contre la pauvreté reculer de 30 ans ?

« Le Prix de la dignité », c'est le nom du rapport choc qu'Oxfam vient de sortir. L'ONG y anticipe un basculement massif dans la misère à travers le monde, suite à l’épidémie du coronavirus. Ce prix de la dignité, c'est celui à payer d'urgence au niveau de la communauté internationale pour faire face à une spirale vertigineuse, de nature à enraciner les pays pauvres dans le sous-développement... Un demi-milliard de personnes supplémentaires pourraient basculer dans le dénuement. À l’approche de réunions décisives qui auront lieu la semaine prochaine entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international et entre ministres des Finances du G20, les pays riches sont au pied du mur.

 

C’est l’autre conséquence épouvantable de la pandémie : l’extension de la pauvreté, le creusement des inégalités dans un monde déjà miné par ces fléaux… Un demi-milliard de personnes supplémentaires, entre 6 et 8 % de la population mondiale, pourraient basculer dans le dénuement, alerte Oxfam dans un rapport intitulé « Le prix de la dignité ». Une sombre perspective décrite « à l’approche de réunions décisives qui auront lieu la semaine prochaine entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) – virtuellement du 17 au 19 avril – et de la réunion des ministres des Finances du G20 le 15 avril ». L’ONG appelle les pays riches à l’adoption d’un « plan de sauvetage économique pour tou-te-s afin de maintenir les pays et les communautés pauvres à flot ». Ces derniers entrent d’ailleurs d’ores et déjà dans une crise économique avant même la crise sanitaire, qui s’annonce désastreuse vu les très faibles capacités de riposte.

Les effets du confinement sur l'économie informelle

Dans les seuls pays du Maghreb, des millions de travailleurs de l’ombre, sur les marchés informels, se trouvent subitement confrontés à l’absence de revenus. La contrainte du confinement barre la route à des centaines de jobs au noir, vendeurs à la sauvette, gardiens de parking, femmes de ménage, manœuvres et autres emplois mille fois précaires. « Ils sont des millions à ne plus pouvoir aller dans la rue en quête de quelques sous pour les besoins de leurs familles, mais pas seulement, relève Robin Guittard, porte-parole d’Oxfam. Les économies de ces pays-là sont dès à présent ébranlées au plan macroéconomique. Quelque 83 milliards de dollars d’investissements étrangers ont déjà été retirés. Les cours des matières premières sont sensiblement en baisse, - 21 % pour le cuivre, - 61 % pour le pétrole et - 15 % pour le café il y a juste quelques jours, sans compter l’effondrement de l’activité touristique et… les hausses des taux d’intérêt à plus de 3,5 %. » La spirale est vertigineuse, de nature à enraciner les pays pauvres dans le sous-développement.

Vite, l’annulation des paiements de la dette

Dès lors, la réponse se doit d’être « rapide et massive », insiste le porte-parole. L’ONG recommande l’annulation des paiements de la dette redevable à brève échéance à hauteur de 400 milliards de dollars pour les pays à faibles revenus, « de l’argent qu’ils pourront investir dans les politiques d’urgence face à la pandémie ». L’acquisition des moyens de protection représente en effet des dépenses colossales, qui plus est sur des marchés tendus. Les stratégies sanitaires à mettre en place sont autrement plus coûteuses que celles des pays nantis. Nul doute que les manœuvres budgétaires pour y parvenir vont laisser sur le carreau des millions de personnes.

De façon globale, si rien n’est fait, la régression pourrait être d’une dimension catastrophique, estime Oxfam, dont les récentes analyses éclairent le chemin escarpé qu’emprunte désormais l’humanité tout entière. « Cela pourrait constituer à l’échelle mondiale un recul de dix ans dans la lutte contre la pauvreté, et un recul de trente ans dans certaines régions comme en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord. Plus de la moitié de la population mondiale pourrait désormais vivre sous le seuil de pauvreté à la suite de la pandémie », souligne le rapport.

Dans les circuits des économies libérales, l’argent coule à flot

Inévitablement, c’est aussi l’inégalité qui va se creuser davantage partout dans le monde. « Les travailleurs et travailleuses les plus pauvres dans les pays riches et pauvres seront les premiers impactés économiquement car ils sont moins susceptibles d’occuper un emploi formel, de bénéficier de protection sociale, de percevoir une indemnité chômage ou maladie ou d’avoir la possibilité de télétravailler. Et les femmes, en première ligne de la mobilisation face au virus, sont susceptibles d’être les plus durement touchées financièrement », selon l’ONG. « Le prix de la dignité » est ainsi évalué à l’aune des responsabilités des pays riches envers le reste du monde. Oxfam énumère une série de mesures (à lire ici), dont l’institution d’impôts « de solidarité d’urgence en taxant les bénéfices extraordinaires, les plus grandes fortunes, les produits financiers spéculatifs et les activités ayant un impact négatif sur l’environnement ».

Une chose est sûre, l’argent coule à flots dans d’innombrables circuits des économies libérales. Son usage à des seules fins d’enrichissement exponentiel de nababs est un manque à gagner pour le progrès social. Si l’on suivait l’ONG sur l’annulation des échéances de dette immédiate afin de fournir de la trésorerie aux pays pris à la gorge dans le contexte de la pandémie, « le Ghana pourrait fournir 20 dollars par mois à chacun des 16 millions d’enfants, de personnes handicapées et de personnes âgées du pays pendant six mois », précise-t-on. Le pays s’en sortira ainsi provisoirement si ses créanciers s’acquittent de ce « prix de la dignité ». Mais il verra peut-être un jour le bout du tunnel, à la seule condition d’une rupture radicale avec le schéma actuel des relations Nord-Sud, hors du pillage des ressources, de l’échange inégal et de la pression de l’endettement. Même vaincu, le coronavirus laissera cette exigence intacte.

Nadjib Touaibia
 
Jeudi, 9 Avril, 2020
Le plan d'Oxfam : une « monnaie hélicoptère » distribuée avec discernement

Dans son « plan de sauvetage universel », Oxfam pointe l’urgence du moment et met l’accent sur le recours à une création monétaire pour le plus grand nombre. L’ONG s’inquiète, à juste titre, de voir les mesures prises jusqu’alors s’aligner sur les recettes mises en œuvre au lendemain du krach financier de 2008. Elle avaient conduit à transférer une énorme dette privée sur le public...

 

Le grand mérite des propositions d’Oxfam est de souligner le besoin d’agir vite et de mettre en œuvre des réponses aussi urgentes que radicales dans les crises sanitaire et économique qui s’amplifient autour du Covid-19. L’ONG s’inquiète, à juste titre, de voir les mesures prises jusqu’alors s’aligner sur les recettes mises en œuvre au lendemain du krach financier de 2008. Son « plan de sauvetage universel » insiste sur le besoin de ne plus privilégier « le renflouement » des plus gros acteurs du marché, mais au contraire de voler au secours « des salariés et des particuliers, des petites entreprises », qui vont subir l’essentiel du choc de la très forte récession entamée.

Oxfam dénonce les choix qui ont conduit à transférer jadis une énorme dette privée sur le public pour pratiquer par la suite « autant de politiques d’austérité ». La même méthode inspire, de fait, déjà les grands plans dits de relance tant aux États-Unis qu’en Europe. L’ONG souligne que sa mise en œuvre aurait, cette fois, pour conséquence de « nous ramener en arrière de plusieurs décennies » dans le traitement de la pauvreté et de la faim dans le monde. Pour faire face, il faudrait au contraire, plaide Oxfam, « utiliser la création monétaire » et exiger du FMI qu’il émette quelque « 1 000 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux » (DTS), soit une monnaie internationale constituée à partir d’un panier de plusieurs grandes devises.

« Respecter les objectifs des accords de Paris sur le climat »

Le chercheur marxiste Paul Boccara avait relevé de longue date l’intérêt de ces DTS pour commencer de mettre en place une vraie monnaie commune mondiale, alternative au dollar tout-puissant, et derrière lui à la funeste domination de Wall Street. Oxfam, qui relève à sa manière tout l’intérêt d’une telle option, y voit un relais pour financer un soutien de survie aux petites entreprises et à des centaines de millions de salariés.

Pour l’Europe, l’ONG développe également le bien-fondé d’une création monétaire qui ne soit plus « au strict bénéfice des grandes entreprises » mais de la masse des citoyens touchés par la crise, « sans oublier les plus démunis ». Elle avance l’idée de « monnaie hélicoptère ». Autrement dit : une distribution massive d’argent sur le compte des particuliers.

Ce type de mesure, d’évidence dévouée à stimuler la demande, risque cependant d’avoir un effet provisoire et donc surtout palliatif. Les poids lourds de l’économie mondiale n’y sont pas hostiles. Eux qui ne voient forcément pas d’un bon œil la perspective d’un effondrement généralisé du pouvoir d’achat de leur clientèle populaire. Au point que Donald Trump a décidé d’envoyer des chèques de crédits d’impôt d’environ 1 200 dollars aux contribuables des États-Unis. Mesure qui ne compensera que très imparfaitement les pertes d’emplois, et donc de salaires et d’assurances sociales, annoncées par dizaines de millions.

La contradiction est de taille. Elle ne semble pas avoir échappé aux rédacteurs du « plan universel » d’Oxfam, qui insistent sur « le besoin de conditionner les aides », les subventions et donc l’affectation de la monnaie nouvellement créée aux grands choix de gestion des entreprises. Pour qu’elles mettent enfin la barre « sur le social et l’environnement » afin « de respecter les objectifs des accords de Paris sur le climat ». Création monétaire pour échapper au diktat des marchés financiers et sélectivité du crédit sont bien au menu de l’alternative à la crise vertigineuse qui menace le genre humain.

Bruno Odent
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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 07:00
Les députés PCF démandent une commission d’enquête sur la gestion de la crise par le gouvernement (L'Humanité, 8 avril 2020)
Mercredi, 8 Avril, 2020
Les députés PCF déposent une commission d’enquête sur la gestion de la crise par le gouvernement

De l’affaiblissement des capacités de soins au non-respect des recommandations de l’OMS, l’objectif est de faire la lumière sur la gestion de la crise du coronavirus.

 

Ils veulent aller plus loin, beaucoup plus loin que la simple participation à la mission d’information Covid-19 chapeautée par le président de l’Assemblée, Richard Ferrand. Hier, les députés PCF ont demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire « visant à identifier les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise du coronavirus ». « Nous voulons lever la chape de plomb démocratique. Nous sommes dans une démarche constructive : il faut pointer ce qui a conduit à l’ampleur de cette crise, pour tirer les conséquences et limiter les pandémies futures », explique André Chassaigne, président du groupe GDR.

« Nous déposons cette commission car nous n’excluons pas que la mission d’information en cours soit une mission d’enfumage. Il pourrait s’agir d’une démarche occupationnelle des députés, alors qu’il faut de l’action. Nous ne sommes pas dans une volonté polémique : nous voulons pointer les dysfonctionnements pour les résoudre véritablement », précise Sébastien Jumel. Les députés PCF ne se satisfont pas de la proposition de Richard Ferrand de transformer la mission en cours en commission d’enquête plus tard, lors d’une « seconde phase ». Le président de l’Assemblée insiste : « Nous cherchons des solutions, pas des coupables. Seul le virus est coupable ! »

« Pour trouver des solutions, l’analyse des erreurs du passé est précieuse. D’autant que des dysfonctionnements majeurs ne sont toujours pas réglés. Il y a urgence sur les masques, les tests, les médicaments, les bouteilles d’oxygène et le gouvernement botte en touche sans vouloir remédier à l’origine de la pénurie », observe André Chassaigne. Le député entend ainsi nationaliser l’usine Luxfer en France, dernier site de fabrication de bouteilles d’oxygène d’Europe, fermée l’an dernier et toujours inactive alors que les salariés sont prêts à relancer la production. L’exécutif refuse aussi de reprendre le site Famar. « Mais peut-on réellement se priver de la fabrication sur le territoire de douze médicaments d’intérêt majeur ? Il faut changer de logiciel au plus vite », alerte Pierre Dharréville.

Le député PCF appelle à « abandonner au plus vite les suppressions de postes et de lits programmées à l’hôpital », et craint que la création de la commission ne soit empêchée. « Nous allons utiliser notre droit de tirage. Mais il existe un précédent : une enquête sur la réforme des retraites a été bloquée par la majorité il y a peu. Nous verrons, mais cela sera révélateur d’un état d’esprit », prévient-il. « Je ne vois pas les raisons d’un refus. Notre commission ne télescope aucune autre. Il faut respecter le droit des parlementaires, d’autant plus sur une crise aussi grave sur laquelle il faut faire la lumière », insiste André Chassaigne.

Dans leur texte, les communistes s’interrogent notamment sur les milliards d’euros enlevés à l’hôpital public, les 100 000 lits supprimés en vingt ans, mais aussi sur le non-respect des recommandations de l’OMS par la France concernant l’arrivée du coronavirus. « Nous n’aurons pas une mémoire de poisson rouge. Cette crise est un accélérateur de la révélation de ce que nous dénonçons depuis des années. Affaiblir l’hôpital public, découper notre appareil productif et industriel, c’est abîmer l’État, sa souveraineté sanitaire et sa capacité d’action au service des citoyens », prévient Sébastien Jumel, qui appelle à repartir dans le bon sens. « En petit comité, le gouvernement prépare les mesures d’après, nous ne sommes pas dupes. Ils vont essayer de conforter leur modèle. Nous en avons un autre et nous allons présenter, mercredi, 74 mesures d’urgence pour le présent et pour les jours heureux d’après », annonce André Chassaigne.

Aurélien Soucheyre
Les députés PCF démandent une commission d’enquête sur la gestion de la crise par le gouvernement (L'Humanité, 8 avril 2020)
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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 07:00
Le Travailleur Bigouden: septembre-octobre 1976 - Journal du PCF Pays Bigouden

Le Travailleur Bigouden: septembre-octobre 1976 - Journal du PCF Pays Bigouden

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère:

66/ Jos Quiniou dit Jos (1900-1976)

https://bigouden1944.wordpress.com/2016/11/08/joseph-quiniou/

Né en 1900 à Léchiagat-Tréffiagat (Finistère), décédé le 31 août 1976 ; marin pêcheur ; interné politique ; militant de la CGTU, responsable de la section syndicale CGT des marins pêcheurs du Guilvinec (1935-1976) ; membre du comité de la fédération du PCF du Finistère (1952-1953) ; adjoint au maire communiste (1935-1939).

Marin-pêcheur à Léchiagat, il adhéra à la CGTU, selon Eugène Kerbaul, en 1924. Il devint secrétaire du syndicat CGTU des marins-pêcheurs du Guilvinec en 1935, responsabilité qu’il conserva en 1935 après la réunification. Il cessa de pratiquer la pêche à bord de son bateau « La Paix » pour se consacrer à son activité de syndicaliste au sein de la section syndicale CGT des marins pêcheurs du Guilvinec en juillet 1946. Il fut un militant actif du comité local des Pêches ainsi qu’au comité central des Pêches. Il œuvra pour le maintien de l’école d’apprentissage maritime de Guilvinec. Il intervint lors du meeting du lundi 22 février 1965 à Quimper au cœur de la grève des marins. Il intervint au congrès de l’union départementale le 28 mai 1967 à Concarneau sur le problème des pêches. Militant communiste, Joseph Quiniou, Jean Le Coz et Jean-Désiré Larnicol créèrent la cellule du Parti communiste en 1935. La même année, la liste d’Union populaire sur laquelle il figurait aux élections municipales obtint la majorité des sièges. Jos Quiniou devient le premier adjoint. Il refusa de devenir le premier magistrat de la commune car il souhaitait poursuivre son activité professionnelle en association avec son frère René et son camarade Yvon Goarin. Il fut déchu de son mandat en 1940 par le gouvernement Daladier. Arrêté par la police de Pétain, il fut interné à l’île de Ré puis à Voves. Il siégea au comité de la fédération du PCF du Finistère de février 1952 à mars 1953. Son attachement sans faille à l’école publique qui l’avait formé le conduit naturellement à accepter la fonction de délégué cantonal de l’école. Lors de ses obsèques civiles le 2 septembre 1976, Jean-Désiré Larnicol fit son éloge funèbre. François Lagain, secrétaire général de la Fédération nationale des Inscrits maritimes CGT, fit également une intervention.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. —Notre Finistère, supplément de l’Humanité Dimanche. —Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne (1968-1981). —Eugène Kerbaul, 1270 militants du Finistère (1918-1945), IRM Bretagne, 1985. —François Tanguy, La CGT dans le Finistère (1944-1968), Editions UD CGT Finistère, 1992. — Hommage rendu par Jean-Désiré Larnicol, in Le Travailleur Bigouden, organe de la section communiste, N° 60, octobre 1976 ; document transmis par Jean Kervision.

Alain Prigent

2007-2015 © Copyright Maitron/Editions de l’Atelier – Tous droits réservés || Maitron – 9, rue Malher – 75004 Paris

L’hommage à Jos Quiniou dans le Travailleur Bigouden n° 60 d’Octobre 1976

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 30/ Angèle Le Nedellec (1910-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 29/ Jules Lesven (1904-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 28: Raymonde Vadaine, née Riquin

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 27/ Jeanne Goasguen née Cariou (1901-1973)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 26/ Gabriel Paul (1918-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 25/ François Bourven (1925-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 24/ Yves Autret (1923-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 23/Pierre Jaouen (1924-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 20/ Paul Monot (1921-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 19/ Jean-Désiré Larnicol (1909-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 18/ Jean Le Coz (1903-1990)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 17/ Alain Cariou (1915-1998)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 16/ Jean Nédelec (1920-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 15/ Alain Le Lay (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 14/ Pierre Berthelot (1924-1986)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 12/ Andrée Moat (1920-1996)

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 10/ Denise Larzul, née Goyat (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 06:41
Députés communistes - Alternative. 74 mesures d’urgence pour que tout change vraiment (L'Humanité, Jeudi 9 avril 2020)
Jeudi, 9 Avril, 2020 - L'Humanité
Alternative. 74 mesures d’urgence pour que tout change vraiment

Les députés communistes présentent leurs propositions pour mieux faire face à l’épidémie de coronavirus aujourd’hui et préparer demain des jours meilleurs.

 

Emmanuel Macron n’a pas voulu d’un « comité d’urgence nationale », associant l’ensemble des forces politiques, syndicales et patronales, comme le proposait le PCF. Malgré ce refus, les députés communistes ont dévoilé hier leur plan d’urgence pour faire face à l’épidémie de coronavirus, à travers une série de 74 propositions. Obstinés, ils appellent à la création d’un « comité de suivi sanitaire » en remplacement de l’instance écartée par l’exécutif. Et ils invitent d’emblée à ­débloquer un plan de soutien de dix milliards d’euros pour l’hôpital public. « Nos soignants sont applaudis tous les soirs mais il y a quelques semaines encore les agences régionales de sa nté refusaient les budgets et voulaient fermer des lits et supprimer des postes », alerte Sébastien Jumel, qui exclut tout statu quo. « Il faut non seulement abandonner la découpe de l’hôpital mais surtout se doter d’un plan très ambitieux », abonde Pierre Dharréville, qui souhaite « l’annulation intégrale de la dette des hôpitaux », l’augmentation des salaires, la réquisition des cliniques privées et la création d’un pôle public du médicament.

« Un État fort qui protège les biens communs contre la loi du marché » 

André Chassaigne défend des nationalisations afin de sauvegarder et développer la souveraineté sanitaire du pays. Luxfer, qui fabrique des bouteilles d’oxygène, et Famar, qui produit 12 médicaments d’intérêt majeur, sont citées alors qu’elles sont sur le point de disparaître. L’occasion, aussi, de sauver des emplois… Sur le front social, les parlementaires ­demandent le retrait total et définitif des réformes des retraites et de l’assurance-chômage, ainsi que l’indemnisation du chômage partiel à 100 %. Ils plaident pour l’interdiction de toute rupture de contrat de travail fondée sur l’épidémie, l’arrêt du travail dans les secteurs non essentiels où le télétravail est impossible, le rétablissement des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail en entreprise et le respect de la durée maximale de travail de 48 heures hebdomadaires, au lieu des 60 imposées par l’exécutif.

« Nous avons passé notre temps à alerter sur la crise à l’hôpital, celle dans les Ehpad, celle de la remise en cause permanente du droit du travail et de la protection des travailleurs. Aujourd’hui, nous devons être entendus. Et tous les premiers de corvée qui sont en première ligne doivent bénéficier de matériel pour se protéger face au virus », insiste Sébastien Jumel. Afin de relever le défi économique du confinement, les élus PCF demandent de prévoir la fermeture des Bourses européennes, la possibilité de contraindre les banques à prêter à une entreprise lorsqu’elle est éligible au crédit d’État, la modification des statuts de la Banque publique d’investissement afin qu’elle prenne une part importante dans la sauvegarde du tissu économique et la mise en place d’un audit permettant d’identifier les entreprises stratégiques qu’il faut nationaliser. « Nous sommes pour un État fort, un État stratège qui protège les citoyens et les biens communs de la loi du marché », argumente Sébastien Jumel.

La refonte d’un modèle démocratique et citoyen

La suspension des factures d’eau, électricité, gaz et des loyers est aussi prévue pour les plus démunis, avec la mise en place d’un moratoire. La gratuité des péages et des transports en commun, la réquisition des logements vacants, la réouverture des structures d’accueil pour les réfugiés et la sauvegarde de la distribution alimentaire pour les associations d’entraide sont autant de mesures de bon sens en temps de pandémie, mais pas seulement. « Nous proposons des dispositifs d’urgence pour le présent qui préparent aussi les jours heureux d’après », mesure André Chassaigne. L’identification proposée de toutes les familles qui ont des difficultés d’accès à Internet et à l’école à distance pourra aussi servir demain. Les mesures de soutien à la culture, aux prisonniers et aux sans-papiers tracent également un parallèle avec tout ce qui était déjà inacceptable avant le coronavirus. Celles de refonte de notre modèle démocratique et citoyen tout autant.

Et parce qu’ils voient plus loin que la situation hexagonale, les députés PCF appellent enfin au développement d’une couverture de santé mondiale et universelle avec l’ONU et l’OMS, à l’augmentation de l’aide au développement, l’annulation de la dette des pays les plus fragiles, en plus d’un cessez-le-feu international et de la levée des embargos économiques.

Aurélien Soucheyre
Députés communistes - Alternative. 74 mesures d’urgence pour que tout change vraiment (L'Humanité, Jeudi 9 avril 2020)
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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 06:01

Chaque jour, nous publions des points de vue et des tribunes de personnalités analysant la crise du Covid19 et son impact social et économique. Il s’agit de préparer un « jour d’après » qui aille dans le sens d’un progrès général, tirant les leçons de cette expérience et qui ne soit pas synonyme d’une nouvelle régression. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Julien Brugerolles qui est militant sur les questions d’agriculture et d’alimentation

 

 

La crise épidémique que nous vivons agit comme un révélateur. Révélateur de la faillite des injonctions libérales visant à couper systématiquement dans nos dépenses publiques, nos services publics, et en particulier nos services de santé. Révélateur aussi des risques inhérents à notre dépendance agricole, et de la fragilité de nos systèmes d’approvisionnement alimentaire. Ce contexte inédit peut-il servir à reprendre les bonnes directions politiques ? C’est ce que beaucoup attendent et demandent. Nous en faisons partie.
Mais c’est aussi ce que défendent depuis 15 jours les plus zélés promoteurs de la concurrence libre et non-faussée, de la compétitivité, des accords de libre-échange, du tout marché et les premiers de la cordée des dividendes. Ils se découvrent tous de soudaines passions pour la souveraineté française ou européenne. Certains se baladent même de département en département pour aller débusquer les dernières usines de produits de première nécessité. Le locataire de l’Elysée tient comme il se doit la tête de la cordée des hypocrites. Le bon soldat politique du capitalisme français prônait, il y a 12 ans déjà, la dérégulation la plus complète de tous les secteurs économiques comme rapporteur de la Commission Attali « pour la libération de la croissance française ». L’agriculture française et notre indépendance alimentaire en ont fait lourdement les frais. Le sinistre rapport Macron – Attali, rendu le 23 janvier 2008, préconisait de « restaurer complètement la liberté des prix et de l’installation de tous les acteurs de la distribution » (Décision fondamentale n°13, décisions 202 à 204). Ce fut chose faite quelques mois plus tard dans la loi de modernisation de l’économie, dite « LME », avec l’instauration de la liberté de négociation des prix entre les centrales d’achat des grandes surfaces et leurs fournisseurs, paraphée par une certaine Christine Lagarde. La grande distribution n’avait jamais eu de si grand cadeau pour alimeter ses marges en boostant pendant plus d’une décennie ses importations de produits alimentaires à bas coût. Mais qui s’en souvient ? 
Si je dis cela, c’est qu’il ne faut se faire aucune illusion. En matière agricole et alimentaire, ceux qui nous rejoignent subitement aujourd’hui, qui nous feraient presque des « papouilles » pour garantir des prix minimum d’achat garantis (si si !), sont bien les mêmes qui nous accusaient hier d’être de dangereux dirigistes, des crypto-bolchéviques menaçant le pays d’une économie agricole « administrée ». Depuis quelques jours, ils vont si loin  dans leurs actes de contrition que cela prête à croire à une véritable transsubstantiation idéologique !Mais le vernis n’est que de façade. Dans quelques semaines, ils feront tous machine arrière sous la pression de ceux qui tiennent les cordons de la bourse… et les vraies rênes du pouvoir. Une fois le plus dur de la crise sanitaire passée, la cordée des actionnaires de l’agroalimentaire et de la grande distribution va se remettre en marche. Les Nestlé, Danone, Carrefour, Crédit Agricole, Sodexo, Lactalis, Leclerc et consorts, champions toutes catégories du dividende, de l’évasion et de l’optimisation fiscales, vont vite remettre de l’ordre dans les têtes des brebis libérales égarées. Les passions soudaines pour la souveraineté alimentaire et le secours aux producteurs s’envoleront aussi vite qu’elles sont arrivées. 
Nos deux champions nationaux de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, n’ont, eux, pas abandonné aussi rapidement la bonne vieille école : ce qu’il nous faut, c’est un « nouveau capitalisme » (Bruno Le Maire sur BFM TV le 30 mars 2020) ! Et faire preuve d’un peu de générosité et de charité avec « un grand appel à la solidarité nationale » avec l’ouverture « d’un plateforme de dons » (Gérald Darmanin, le 30 mars 2020 lui aussisic) ! Tout est dit. Ces deux-là ont au moins le mérite de ne jamais faire semblant d’être autre chose que ce qu’ils sont. Dans quelques semaines, une fois le plus dur de la crise sanitaire passée, ils continueront d’être en première ligne de la guerre néolibérale. Ils nous proposeront une « nouvelle compétitivité », une « nouvelle concurrence »… et de nouveaux sacrifices budgétaires imposés à la société comme au secteur agricole. 
On me répliquera sans doute que je suis un peu dur. Qu’il faut voir ce qui sortira de bon de la crise, notamment pour notre agriculture et notre alimentation. Je répondrai simplement par une série de questions ouvertes : le Président de la République a-t-il fait quelque proposition que ce soit dans ces interminables discours pour enrayer le massacre de 30 années de compétitivité-prix imposée à l’agriculture ? A-t-il envisagé d’encadrer les prix d’achat et de vente dans la grande distribution avec l’application de coefficients multiplicateurs ? A t’il prévu d’augmenter fortement le SMIC, et tous les salaires, pour permettre à chacun de se fournir en produits français et sous signe de qualité ou d’origine ? Les ministres de l’Agriculture et de l’Economie ont-ils dans leur tiroir le moindre décret pour interdire dès demain sur les étals les importations qui entrent en concurrence directe avec les viandes de nos éleveurs, les fruits et légumes de nos producteurs ? Ont-ils ordonné l’interdiction du versement de dividendes aux transnationales de l’agroalimentaire, de la distribution ou du secteur bancaire et assurantiel lié à l’agriculture ? Ont-ils ces derniers jours mieux chuchoté à l’oreille de la Présidente de la Commission européenne, l’ultralibérale Ursula Von der Leyen, en lui parlant de l’impérieuse nécessité de stopper immédiatement tous les accords de libre-échange ratifiés et en cours de ratification qui priveront les Européens et les Français de toute souveraineté alimentaire ? Sont-ils disposés à élaborer un régime public et solidaire efficace contre les risques en agriculture incluant les nouveaux risques sanitaires et épidémiologiques ? 
Non, l’importance stratégique de notre souveraineté agricole et alimentaire n’est pas l’affaire des néolibéraux. La relocalisation ? Le partage de la valeur ajoutée ? La déconcentration du capital au service d’une agriculture familiale, transmissible et riche en emplois ? La transformation de nos productions ? Vous n’y pensez pas ! Çà ne rentre pas dans les modèles financiers ces trucs là ! Et puis, de toute façon, les faux-nez du « Green New Deal » de la Commission de Bruxelles et de la « verte » communication du Palais de l’Elysée seront là pour faire oublier les grandes orientations qui sont prises. L‘unique objectif, c’est la baisse du budget de la PAC et des moyens consacrés à l’agriculture et à l’alimentation de 500 millions d’Européens. L’unique objectif, c’est de laisser les agriculteurs « s’ajuster » à des marchés ouverts aux quatre vents. Quoi qu’il en coûte en matière de dépendance agricole et alimentaire.  

 

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 05:58

Alain Pagano est maitre de conférences en écologie et responsable de la commission environnement du PCF

 

La crise sanitaire, les trop nombreux décès qu’elle provoque, la mobilisation pour des solutions de protection de nos concitoyens. C’est ce qui anime la vie des français en ce moment. Point d’ajouts sur ces éléments, mais la volonté de nourrir la réflexion sur cette pandémie sous le seul prisme de l’écologie.

Comment en est-on arrivé là ?

La maladie induite par le Covid-19 est, très probablement, une zoonose, c’est-à-dire une maladie qui a été transmise par des animaux sauvages, et ceux qui sont très fortement suspectés sont des pangolins, des chauves-souris, et ou des civettes, pour les espèces qui sont présentes en Chine, foyer originel de la pandémie. Le virus présent dans ces animaux aurait muté pour passer à l’humain. Ce qui permet de le penser, selon les scientifiques, c’est la très forte ressemblance génétique entre les coronavirus de ces 3 groupes d’espèces[1].

Cette interprétation scientifique s’appuie sur d’autres exemples comparables de zoonoses, ce qui fait dire à d’autres experts que l’humain a une vulnérabilité croissante face aux pandémies de ce type à cause de la destruction accélérée des habitats[2][3].

Le changement climatique est-il responsable ?

La question qui vient est comment est-il possible que ce virus soit arrivé à l’Humain ? Le changement climatique en est-il la cause ? Ou bien à tout le moins des modifications environnementales ? Il est important de répondre à ces questionnements.

 

Figure du ministère de l’agriculture ; https://agriculture.gouv.fr/les-zoonoses-ces-maladies-transmissibles-entre-lhomme-et-lanimal)

Au-delà du fait qu’en Chine il y a commerce d’animaux sauvages vivants pour des usages d’alimentation, et qu’il aurait favorisé le passage du virus de l’animal à l’humain, des scientifiques pointent également d’autres facteurs : les déforestations, la réduction des écosystèmes favorables aux espèces sauvages, à laquelle s’ajoute l’étalement urbain. Tout cela favorise la probabilité de contacts plus fréquents entre humains et faune sauvage, donc augmente la probabilité de transmission du virus. C’est l’hypothèse la plus fondée scientifiquement aujourd’hui.

Si les virus existent et se propagent de façon naturelle, les activités humaines sont parfois aggravantes pour faire survenir de nouvelles pandémies. La modification de l’environnement consécutive à la surexploitation des ressources naturelles est bien en cause, car la déforestation répond souvent aux besoins de l’agrobusiness plus qu’à la paysannerie de proximité. Cela questionne nos modes de production et de développement, notre respect de la planète, nos modèles de société.

Certains militants de la cause environnementaliste invoquent, un peu vite, le réchauffement climatique comme responsable de cette pandémie. Au stade de nos connaissances scientifiques, c’est périlleux de l’affirmer de manière péremptoire. En effet, on n’en a aucune preuve ! Et donc parler du changement climatique sur cette question, c’est aller vite en besogne, voire contribuer à passer à côté d’autres combats à mener comme la nécessaire protection des écosystèmes et de leur biodiversité.

En revanche, ce que l’on sait, c’est que des mutations génétiques peuvent survenir et être favorisées dans le cadre de changements environnementaux. Ce que l’on peut suspecter, c’est que nouvelles maladies peuvent survenir à cause des changements environnementaux (cf. cas du virus Ebola au Libéria et en Sierra Leone, du virus Chapare identifié en Bolivie, ou encore de la malaria à Bornéo[4]). Les effets du réchauffement climatique pourraient avoir pour effet de faire réapparaitre des maladies ou des virus aujourd’hui non actifs mais qui pourraient le devenir avec la fonte des glaces. Des espèces animales, vecteurs de maladie[5] comme les moustiques, aujourd’hui présents dans des pays tropicaux atteignent ou pourraient atteindre des pays tempérés comme le nôtre[6].  La lutte pour le respect de la planète et des écosystèmes est aussi une lutte pour la santé humaine dans nombre de cas. C’est vrai. Le changement climatique en est parfois la cause. Mais l’exemple le plus probant n’est pas le Covid-19.

 

Confinement, conséquences écologiques et les jours d’après.

Le confinement est une épreuve pour chacun. Mais, en parallèle des conséquences économiques, politiques et sociales, il a aussi des conséquences écologiques et systémiques marquées. En rupture avec l’avant crise. Suite à la réduction des transports et de l’activité industrielle, les émissions de CO2 ont fortement baissé, ce qui est positif pour la lutte contre le réchauffement climatique. La pollution de l’air a diminué également, ce qui est une bonne nouvelle paradoxale pour la santé de nos concitoyens, cette pollution provoquant de la surmortalité. Cependant, il y a fort à parier que ce ne soit que provisoire si l’après ne change pas de l’avant crise.

Si on peut se féliciter de ces bonnes nouvelles environnementales dans un contexte de mauvaises nouvelles, doit-on envisager l’après comme cela ? Avec une industrie réduite à l’indispensable survie et un confinement généralisé ? La question est volontairement polémique pour susciter le débat.

En effet, alors que nos concitoyens commencent à s’interroger sur les jours d’après, sur la société qu’il faudra réinventer, je crois qu’il convient de réfléchir à quelques propositions pour révolutionner notre société, nos modes de production, dépasser un système capitaliste obnubilé par l’argent, sur-exploiteur des ressources naturelles et impliqué dans la dégradation de la planète. Car ce même système capitaliste, mis en accusation par nombre de nos concitoyens va préparer sa défense, proposer des solutions pour accroitre sa main mise sur la planète et accroitre ses profits, comme il en est capable avec le réchauffement climatique où le droit à émettre du CO2 se négocie sur les marchés financiers.

Ainsi, même un chaud partisan de l’argent roi, défenseur du temple capitaliste, empêtré dans les contradictions du système et sa mise en accusation, s’oblige à des entorses sévères aux lois du marché en relocalisant des productions. Je pense aux masques chirurgicaux et ffp2 qui ne sont plus que rarement produits en France quand l’essentiel provient de pays à bas coûts salariaux, et dans ce cas la Chine.

C’est une bonne chose, surtout si ce n’est pas que provisoire. C’est un bel exemple de ce qu’il faudra généraliser demain pour combiner la protection de nos concitoyens et celle de la planète. Relocaliser ! C’est mettre en place des circuits courts. Circuit court ne vaut pas que pour les produits agricoles, l’alimentation. Cela vaut pour l’industriel également : il est indispensable de faire décroitre fortement le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres, déplacements engendrés par les logiques de délocalisation des productions et de dumping social, fiscal et donc de dumping environnemental

Car en effet, les circuits courts sont un des moyens de réduire l’empreinte carbone exorbitante que représentent les transports[7]. Ils doivent être combinés à un effort d’investissement, de développement vigoureux dans les modes de transports les plus propres ! Pour le transport des personnes, il faut favoriser le ferroviaire et les transports en commun dans nos sociétés de demain. Pour le transport des marchandises, ferroviaire, fluvial et maritime (cargos à voile) doivent être favorisés au détriment du tout camion et des avions.

A l’objectif idéalisé par certains d’une société totalement décroissante qui prendrait le risque de ne pas répondre à des besoins fondamentaux des sociétés humaines (vaincre la faim et la pauvreté, améliorer la santé, rénover thermiquement des logements …), il convient de plaider pour une décroissance des activités inutiles et une croissance de ce qui est utile socialement. Il convient de plaider pour des relocalisations, une production agricole et industrielle de proximité, en investissant dans la recherche pour que les process agricoles comme industriels soient respectueux de l’environnement, et n’épuisent pas les ressources. A l’obsolescence programmée, concept certifié capitaliste destiné à accentuer la vente de nouveaux produits pour faire de nouveaux profits, préférons l’économie circulaire qui implique éco-conception des produits, réparation, économie des ressources pour les produire. Il faut imaginer une société qui produise, si elle se donne les moyens de produire propre et de produire utile.

Par ailleurs, la crise liée au Covid-19 a favorisé nombre de « fake news » voire des théories complotistes sur une fabrication humaine du virus. Il n’en est évidemment rien mais cela montre qu’il faut appeler à la prudence face aux propos hâtifs et aux fausses nouvelles. Cette note montre également la nécessité, au-delà de la recherche médicale sur les traitements et les vaccins possibles pour soigner la maladie qu’il est nécessaire de booster la recherche publique (en postes comme en moyens budgétaires, en possibilités de coopération internationale plutôt qu’en tentations de replis sur soi nationaliste) sur nombre d’aspects et évidemment pour ce qui nous concerne, sur les recherches en écologie. Si l’on se doit agir dans l’immédiateté de la crise, une vision et une action de long terme sont nécessaire, notamment en matière de recherche.

L’hôpital public sort renforcé de cette crise dans son évidence et son utilité. Ce besoin d’un service public fort devrait s’étendre aux médicaments, mais aussi à tout ce qui touche à la gestion des ressources naturelles, à la protection de la santé de la planète car il y a solidarité de destin avec celle des humains. Et il y a solidarité de destins entre humains. La coopération internationale plus que les replis sur soi nationalistes et égoïstes, voilà une valeur pilier de « l’Humain et la Planète d’abord ».

Enfin, pour changer notre société, il faut qu’elle soit beaucoup plus démocratique.  Que l’exigence démocratique prenne le pas sur l’appât du gain. Que la santé des salariés prime sur le taux de profit. Dans les entreprises, les CSE (ex CHS) pour le secteur privé comme les comités sociaux (dont l’existence devrait être généralisée dans le secteur public) doivent avoir un pouvoir accru en matière de sécurité au travail et de santé.

Voilà quelques pistes de réflexions qui n’épuisent pas le sujet !

Alain Pagano

 


[1] Donc, je me permets de le préciser ici, point d’inquiétude à avoir pour votre animal de compagnie, car il n’est a priori pas impliqué dans la zoonose, et ne transmet donc pas le Covid-19 à ce stade.

[2] Cf Actu Environnement du 24 mars. Interview du scientifique C. Lebarbenchon « Le problème ne vient pas des espèces animales mais des changements environnementaux issus de nos activités »

[3] Voir dans le dernier Monde Diplomatique (Mars 2020) l’article D’où viennent les coronavirus ? Contre les pandémies, l’écologie.

[4] cf. « Les épidémies couvent sous les cendres des forêts » de Marina Aizen – Anfibia Buenos Aires traduit dans un récent Courrier International

[5] Par exemple dengue, fièvre jaune, Zika et chikungunya pour le moustique tigre

[6] Le moustique tigre est dorénavant installé dans la majeure partie du Pays sans être, pour l’instant, vecteur de maladies en France métropolitaine

[7] A titre d’exemple, le caractère ubuesque de la chaîne de valeur qui conduit à faire décortiquer au Vietnam des crustacés écossais, puis les faire fumer à Madagascar pour finalement les vendre dans des magasins en Europe…

 

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 05:10
Nouvelle cabale contre le socialisme en Amérique du Sud : Raphael Correa condamné à huit ans de prison (Vadim Kamenka, l'Humanité, 9 avril 2020)
Jeudi, 9 Avril, 2020
Nouvelle cabale contre le socialisme en Amérique du Sud : Raphael Correa condamné à huit ans de prison

L’ex-président, défenseur du projet de « révolution citoyenne », a été inculpé pour corruption. Une cabale de plus en Amérique du Sud.

 

La sentence est tombée le 7 avril : huit ans de prison pour Rafael Correa. L’ancien président de l’Équateur (2007-2017) a donc été condamné en première instance par la Cour nationale de justice (CNJ), pour corruption, qui a assorti la peine « d’une privation du droit de participer en politique pendant vingt-cinq ans ». Il est inculpé avec dix-neuf autres personnes, dont un ancien vice-président, un ancien ministre et d’anciens députés pour un système de pots-de-vin versés par des entreprises.

Exilé depuis 2017 en Belgique, où il a demandé l’asile politique, ­Rafael Correa a réagi en dénonçant un « show », « une mascarade » et entend bien porter l’affaire « devant la justice internationale ». « Je connais le processus et ce que disent les juges, c’est du MENSONGE. Ils n’ont absolument RIEN prouvé », affirme-t-il sur Twitter.

Faire taire les opposants au libéralisme

Cette décision s’inscrit dans un processus général où les coups pleuvent contre la gauche sud-américaine. Rafael Correa, comme d’autres, incarne un projet alternatif au libéralisme avec la « révolution citoyenne » mise en en place à partir de 2007. L’Équateur connaît alors l’abandon de la dette, d’importants programmes sociaux, le développement de ses infrastructures et une stabilité politique. Ces symboles doivent disparaître et la liste s’allonge chaque jour : Dilma Rousseff en 2016, la condamnation sans preuves en 2018 de l’ex-président brésilien, Lula, le coup d’État en Bolivie en 2019 contre Evo Morales et l’inculpation, aux États-Unis, du président vénézuélien, Nicolas Maduro, pour « narcotrafic » et « blanchiment d’argent » …

 

Pourquoi une telle décision de justice intervient en pleine crise sociale et sanitaire ? Le pays est désormais dirigé par son ancien vice-président, Lenin Moreno, qui a trahi « la révolution citoyenne » de son prédécesseur. Il applique désormais une politique libérale avec l’appui du Fonds monétaire international (FMI) et des États-Unis qui en ont fait leur allié privilégié. Une succession de mesures d’ajustement structurel (coupes budgétaires, libéralisations, privatisations, etc.) a conduit la population à se soulever l’automne dernier. Cette explosion sociale sans précédent avait été déclenchée par l’augmentation subite du prix des carburants. Cette politique économique a un impact dans la crise sanitaire qui gagne l’Équateur, pays le plus touché en Amérique latine par la pandémie du Covid-19 avec plus de 300 morts. À Guayaquil, qui regroupe 70 % des cas recensés, une surmortalité a été constatée, liée à la surpopulation et à l’absence de services publics.

Le priver de tout droit politique

Face à ces tensions, le président apparaît prêt à tout pour reprendre la main. Le 11 mars, Lenin Moreno a annoncé un nouveau train d’austérité et obtenu une nouvelle aide du FMI de 2,4 milliards d’euros. Son gouvernement a également décidé un confinement strict avec un couvre-feu et le déploiement de l’armée et de la police. Le président avait déjà eu recours à l’état d’urgence pour faire taire les mobilisations sociales (une dizaine de morts et plus de 1 000 blessés).

Les nombreuses critiques émises par l’ex-président Correa, qui reste une voix importante en Équateur, ont favorisé cette décision de la CNJ. Le but est de le priver de tout droit politique. En octobre, Lenin ­Moreno avait accusé, à la télévision, l’ex-chef de l’État d’orchestrer les manifestations afin de le renverser. « C’est ce qu’ils cherchaient : obtenir en manipulant la justice ce qu’ils n’ont jamais atteint par les urnes. Moi, je vais bien. Ce sont mes camarades qui me préoccupent », s’est inquiété, depuis la Belgique, l’ancien président.

Vadim Kamenka
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