Un beau rassemblement pour le climat et une vraie prise en compte des enjeux du dérèglement climatique à Morlaix ce matin.
Les communistes et de nombreux élus de gauche étaient présents.
Une vingtaine de camarades étaient présents dont plusieurs élus communistes: Martine Carn (Plougonven), Roger Héré et Patrick Beguivin (Plouigneau), Corentin Derrien (Saint Thégonnec-Loc Eguiner), Ismaël Dupont (Morlaix).
Martine Carn, Patrick Beguivin et Lucienne Nayet ont distribué l'appel du PCF pour une vraie loi climat.
Et nous avons fait deux nouvelles adhésions pour la section de Morlaix dans le rassemblement, deux musiciens et chanteurs engagés aussi à la CGT du spectacle et des intermittents, ce qui porte à 6 le nombre de nouveaux adhérents dans la section de Morlaix en 15 jours et à 95-96 le nombre d'adhérents de la section PCF pays de Morlaix !!!!
Encore un petit effort et on atteindra les 100 adhérents dans la section de Morlaix, du jamais vu depuis des décennies!!!
***
Le lundi 29 mars, le gouvernement présentera son projet de loi « climat et résilience », à l’Assemblée nationale, censé reprendre une partie des travaux de la Convention citoyenne pour le climat.Ce texte de loi est bien en deçà des objectifs fixés par l’assemblée citoyenne. En l’état, il ne permettra pas d’atteindre la baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre.
Les mesures les plus structurantes proposées par la Convention concernant la rénovation globale des bâtiments, la réduction de l’empreinte carbone des grandes entreprises, la régulation du trafic aérien ou de la publicité, l’abandon du CETA et le renforcement du droit environnemental sont repoussées à plus tard ou vidées de leur substance.
Alors que certains pays ont revu à la hausse leurs ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France laisse le peloton des nations les plus vertueuses s’échapper en n’étant pas capable d’accélérer, elle aussi, le mouvement !
Au début du mois de février, la justice a condamné l’État pour inaction climatique. Le tribunal de Paris a reconnu la responsabilité de l’État français dans la crise climatique, et jugé illégal le non respect de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et le juge responsable de préjudice Écologique.
Le PCF tient l'exigence d’une politique volontariste pour lutter contre le réchauffement climatique, d’un changement de braquet, de mesures transformatrices : c’est le système qu’il faut changer, pas le climat !
La Fédération du Finistère du PCF et la section de Morlaix appelaient à participer aux marches pour une vraie loi climat dans le Finistère.
Les communistes appellent à agir pour une relocalisation de nos productions pour réduire les besoins de transport longue distance des marchandises
Ils se prononcent pour un service public ferroviaire, fret et passager, en réduisant notamment le prix du billet SNCF pour les usagers , la gratuité des transports en commun, un plan de rénovation des bâtiments de 10 milliards d’euros/an ,l'arrêt du projet HERCULE visant à privatiser la production d’énergie, le rejet des accords de libre-échange type CETA et MERCOSUR et l'adoption d’une loi favorisant les circuits-courts ,la création d’un pôle public de l’énergie.
Le lundi 29 mars, le gouvernement présentera son projet de loi « climat et résilience », à l’Assemblée nationale, censé reprendre une partie des travaux de la Convention citoyenne pour le climat.Ce texte de loi est bien en deçà des objectifs fixés par l’assemblée citoyenne. En l’état, il ne permettra pas d’atteindre la baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre.
Les mesures les plus structurantes proposées par la Convention concernant la rénovation globale des bâtiments, la réduction de l’empreinte carbone des grandes entreprises, la régulation du trafic aérien ou de la publicité, l’abandon du CETA et le renforcement du droit environnemental sont repoussées à plus tard ou vidées de leur substance.
Alors que certains pays ont revu à la hausse leurs ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France laisse le peloton des nations les plus vertueuses s’échapper en n’étant pas capable d’accélérer, elle aussi, le mouvement !
Au début du mois de février, la justice a condamné l’État pour inaction climatique. Le tribunal de Paris a reconnu la responsabilité de l’État français dans la crise climatique, et jugé illégal le non respect de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et le juge responsable de préjudice Écologique.
Le PCF tient l'exigence d’une politique volontariste pour lutter contre le réchauffement climatique, d’un changement de braquet, de mesures transformatrices : c’est le système qu’il faut changer, pas le climat !
La Fédération du Finistère du PCF appelle à participer aux marches pour une vraie loi climat à 14 h Place de la Liberté à Brest,10 h 30 de la place des Otages à Morlaix, 11 h, parc du Bel-Air à Quimperlé, 14 h, zone de Lumunoch à Briec.
Les communistes appellent à agir pour une relocalisation de nos productions pour réduire les besoins de transport longue distance des marchandises
Ils se prononcent pour un service public ferroviaire, fret et passager, en réduisant notamment le prix du billet SNCF pour les usagers , la gratuité des transports en commun, un plan de rénovation des bâtiments de 10 milliards d’euros/an ,l'arrêt du projet HERCULE visant à privatiser la production d’énergie, le rejet des accords de libre-échange type CETA et MERCOSUR et l'adoption d’une loi favorisant les circuits-courts ,la création d’un pôle public de l’énergie.
Regards (EA 6292) Université de Reims Champagne-Ardenne
La pandémie a révélé les dégâts causés dans l’hôpital public par l’austérité budgétaire et par l’introduction de gestions inspirées des critères capitalistes : diagnostic et propositions pour reconstruire.
Introduction
Aujourd’hui, l’hôpital public se trouve placé dans un univers concurrentiel croissant. Le secteur privé lucratif voit ses parts de marché augmenter, notamment en chirurgie ambulatoire. Depuis 2002, celle-ci se développe assez rapidement. Le nombre de places en hospitalisation partielle a augmenté au rythme de 3,1 % par an en moyenne. Dans le même temps, le nombre de lits en hospitalisation complète a diminué. Le secteur privé, notamment le privé lucratif, a surfé sur la vague ambulatoire. La concurrence est vue positivement par certains comme un moyen d’améliorer la situation du secteur. En 2017, la Fédération hospitalière de France (FHF) ne réclamait-elle pas un surcroît d’autonomie pour les établissements publics et un assouplissement de leurs modalités de gestion ? En Allemagne, cette solution s’est avérée assez grave : le statut des établissements hospitaliers publics a été libéralisé et certains ont été mis en vente et rachetés par le secteur privé.
L’objectif de ce travail est de montrer que dans un contexte de plus en plus compliqué, il apparaît nécessaire de redonner du sens à la politique hospitalière.
Nous organiserons notre propos en deux temps. Nous verrons dans un premier temps que si le service public hospitalier s’est rapidement affirmé après la Seconde guerre mondiale, son statut a évolué depuis et certaines voix se sont élevées pour demander un assouplissement. Dans un second temps, nous montrerons que dans un univers de plus en plus concurrentiel, il apparaît nécessaire de renforcer l’hôpital public.
1. De la construction du service public hospitalier au désengagement de l’État
À la Libération, les pouvoirs publics ont favorisé le développement et l’essor du service public hospitalier (1.1). Mais cette solution a été remise en cause, et aujourd’hui certaines voix prônent le désengagement et la mise en œuvre de solutions privées (1.2).
De la naissance du service public hospitalier à sa remise en cause
Le statut public de l’hôpital est une caractéristique forte du système de santé français. Depuis le XIXe siècle, les hôpitaux sont des établissements communaux. Cette situation donne aux maires un poids important dans leur gestion. En 1938, face à l’essor des assurances sociales et à l’arrivée massive de malades assurés sociaux dans les hôpitaux, le ministre de la Santé publique Fernand Gentin confie à deux inspecteurs généraux des établissements de bienfaisance la mise en œuvre d’un projet de réforme. Leur objectif est d’introduire de nouveaux droits pour le pouvoir central sans porter atteinte aux prérogatives communales. Leur travail est assez avancé à la veille de la Seconde guerre mondiale pour servir de trame à la loi du 21 décembre 1941. Dans les faits, celle-ci ne deviendra effective qu’après la Libération.
Les hôpitaux sont désormais des établissements publics dotés de la personnalité morale. La loi prévoit la création d’un poste de directeur d’établissement hospitalier. Celui-ci est nommé par le préfet après inscription sur une liste d’aptitude nationale. Ses attributions sont assez larges : préparation du budget, responsabilité du patrimoine, pouvoir hiérarchique sur les agents. La mainmise du ministère de la Santé est d’autant plus grande que les directeurs d’établissements bénéficient depuis 1958 d’une formation dans une grande école : l’École nationale de Santé publique (ENSP)1. La loi réforme également le recrutement des praticiens hospitaliers qui ne sont plus cooptés localement, mais nommés par le préfet après inscription sur une liste d’aptitude régionale.
La modernisation du service public hospitalier va progressivement devenir une priorité pour le pouvoir. Le Commissariat général du Plan en sera un des principaux vecteurs. Au milieu des années 1950, sous la pression de certains groupes, comme la Fédération hospitalière de France, divers projets de lois sont mis en chantier. Deux objectifs se dégagent : coordonner les investissements et hiérarchiser les pouvoirs. C’est à partir des années 1970 que l’hôpital fait sa mue. L’arrivée de Robert Boulin change la donne. La loi du 31 décembre 1970 met en place le service public hospitalier. Son objectif est de se substituer à la balkanisation du système de santé, notamment en mettant un coup d’arrêt au développement anarchique des équipements. Le service public hospitalier regroupe les établissements publics hospitaliers, les organismes privés non lucratifs et des établissements privés lucratifs pour certaines formes de soins.
La loi Évin du 31 juillet 1991 marque une rupture. Préparée dans l’esprit du « renouveau du service public » cher à Michel Rocard, elle pose le principe l’autonomisation des établissements hospitaliers. Cette solution est préférée à la transformation en établissements publics industriels et commerciaux, évoquée lors des débats à l’Assemblé nationale. Certains députés sont favorables, lors de la discussion du projet de loi, à une privatisation du statut juridique des établissements de soins, tout en gardant leur place au sein du service public. Paradoxalement, la loi Évin renforce le pouvoir hiérarchique du ministère de la santé.
La loi Bachelot du 22 juillet 2009 substitue la notion de service public à celle de service public hospitalier. Désormais quatorze missions (la permanence des soins, la prise en charge des soins palliatifs, l’enseignement universitaire, la recherche, l’aide médicale urgente, les actions de santé public…) sont définies. L’objectif initial est d’élargir le service dû aux usagers et de leur assurer une meilleure couverture de soins et de prise en charge quel que soit le lieu d’hospitalisation. La loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 réintègre la notion de service public hospitalier qui renvoie aux missions dévolues aux établissements de santé. Mais, le retour in extremis de la notion de service public hospitalier ne doit pas masquer la réalité : les attaques libérales ne sont pas terminées.
Depuis de nombreuses années, le statut public de l’hôpital est critiqué et remis en cause. Nous avons montré dans un numéro précédent d’Économie et politique2 que les critiques avancées à son encontre se focalisent sur son statut qui est synonyme de lourdeur administrative, sur son organisation nécessairement mauvaise, sur son financement et last but not least sur son poids jugé excessif dans les dépenses de santé. Les solutions proposées sont multiples Le plan de la Caisse des dépôts et consignations dévoilé en avril en est un exemple caractéristique.
Vers un désengagement de l’État ?
Laurent Mauduit et Martine Orange se sont faits l’écho, dans un article publié par Médiapart en avril 2020, des pistes envisagées par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pour la réforme du système de santé. Avant la crise épidémique, la présidence de la République a demandé à la CDC un rapport sur des pistes d’évolution. Le rapport commence d’emblée sur la crise de l’hôpital, et notamment sur la question de la dette, sans s’interroger au préalable sur les raisons de la dette. Or, depuis la mise en œuvre de la tarification à l’activité en 2003, les établissements sont sous-financés et ont tendance à s’endetter, notamment via des emprunts toxiques. Bien entendu, la question du financement est présente dans l’ensemble du document.
La CDC insiste sur la nécessaire restructuration de la dette. Cette solution ne constitue pas une nouveauté dans la mesure où Emmanuel Macron l’a déjà évoqué au mois de novembre 2019.Le rapport propose également de créer une ligne de prêt pour la mise aux normes des bâtiments hospitaliers. Il faut savoir que la banque publique s’est spécialisée dans les établissements privés lucratifs. La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. Icade santé est détenue à hauteur de 38,8 % par la CDC et pour 18,4 % par Prédica SA (la filiale assurance du Crédit Agricole). Elle s’est spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire. Elle possède un portefeuille de 135 établissements de santé valorisé à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Elle est déjà partenaire de marques reconnues (Elsan, Ramsay Santé, Vivalto) ainsi que des groupes régionaux. Icade souhaite également investir le marché des EHPAD et annonce un accord de partenariat avec le groupe Korian.
La CDC plaide également pour la mise en place et le développement de partenariats publics-privés (PPP) qu’elle qualifie de « PPP vertueux ». Le PPP est défini par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) comme : « un accord contractuel de long terme entre une autorité publique et un partenaire privé dans le cadre duquel ce partenaire assure et finance des services publics à partir d’un équipement, avec un partage des risques associés ». Cette proposition est surprenante dans la mesure où un rapport de la Cour des comptes européenne recommande de cesser de recourir aux PPP compte tenu des problèmes juridiques et financiers posés par ce type de partenariats. D’abord, les PPP entraîneraient des retards importants de construction. Ensuite, ils se caractérisent par des dépassements de coûts significatifs. Enfin, les contrats de partenariat public-privé de longue durée sont jugés mal adaptés à l’évolution rapide des technologies. En tout état de cause les solutions proposées par la CDC ne préconisent pas l’investissement public.
La CDC pense enfin accélérer le développement des solutions d’hospitalisation ambulatoire. Le mode de financement de l’hôpital, la tarification à l’activité (T2A), survalorise les actes réalisés en ambulatoire par rapport à ceux relevant de l’hospitalisation. La solution consisterait dans la création d’hôtels hospitaliers. C’est le dessin poursuivi par Martin Hirsch, le directeur de l’assistance publique-Hôpitaux de Paris : vendre les bâtiments du centre historique de Paris et se spécialiser essentiellement sur la chirurgie ambulatoire.
2. Renforcer le rôle de l’hôpital public dans un univers de plus en plus concurrentiel
Si l’argument avancé par les partisans de l’hospitalisation lucrative, est de dire que leurs établissements sont plus compétitifs et moins dépensiers, il faut admettre que la comparaison entre secteurs public et privé lucratif est illusoire (2.1). Mais, la concurrence croissante du secteur privé lucratif nous incite à proposer des pistes de réforme pour sauver l’hôpital public (2.2).
2.1. Le caractère illusoire de la comparaison entre secteurs public et privé
En 2003, lors de la mise en place de la tarification à l’activité, l’objectif du législateur était d’accélérer la convergence tarifaire entre les établissements public et privé. Aujourd’hui encore la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) milite pour cette convergence qui, selon elle, permettrait de mettre en évidence le secteur privé lucratif par rapport au secteur public. Si la convergence tarifaire a été, pour un temps, abandonnée, elle revient de façon récurrente, portée par les thuriféraires du marché de la santé qui pensent que seule la concurrence permettra de diminuer les coûts. Mais, comparaison n’est pas raison. Plusieurs raisons peuvent expliquer le coût supérieur du service public.
L’hôpital public se caractérise d’abord par un large éventail de cas traités (case mix) qui coûte de l’argent. Aux États-Unis, certains travaux réalisés sur des patients assurés par Medicare3 mettent en évidence une large variation des coûts au sein d’un même Groupe homogène de malades (GHM)4 qui reflète la différence de gravité dans les cas traités. Ces différences à l’intérieur d’un même GHM peuvent expliquer la moitié des différences de coûts entre établissements. Celles-ci ne devraient pas poser un problème en soi dans la mesure où le prix reflète un coût moyen. Mais, le problème est que les patients ne sont pas distribués de façon aléatoire sur le territoire et certains établissements ont une probabilité plus forte de recevoir des patients plus gravement atteints et donc plus coûteux. Les établissements publics reçoivent donc un tarif unique pour traiter des patients aux profils différents même s’ils sont dans un même GHM. Cela risque d’influencer le choix de certains hôpitaux qui peuvent choisir de supprimer des services aux spécialités plus coûteuses.
Par ailleurs, l’hôpital public reçoit un grand nombre de patients atteints de pathologies assez différentes les unes des autres qui nécessitent l’organisation d’une large gamme de services, qui est nécessairement plus coûteuse que des services mutualisés. C’est moins le cas pour les cliniques privées qui se spécialisent sur quelques créneaux seulement et notamment les plus rentables (chirurgie ambulatoire). Les obligations de service public génèrent des coûts supplémentaires liés à l’impossibilité pour certains établissements de réaliser des économies d’échelle. Dans le même ordre d’idée, les obligations de service public (les urgences en constituent un exemple) entraînent également des contraintes qui se reportent sur les coûts d’organisation.
La différence entre la patientèle des cliniques privées lucratives et celle des établissements publics. Les patients qui y sont traités appartiennent en effet majoritairement à des catégories sociales aisées. La fréquentation d’un établissement privé est fortement liée à la profession ou la catégorie sociale. En 2007, près des deux tiers des hospitalisés cadres ou appartenant aux professions intellectuelles supérieures l’ont été exclusivement dans une clinique privée. La proportion est plus importante que pour les ouvriers (deux hospitalisés sur cinq) et les chômeurs n’ayant jamais travaillé. Le gradient social est particulièrement marqué en obstétrique dans la mesure où 79 % des femmes (cadres ou professions intellectuelles supérieures) fréquentent un établissement privé contre 37 % des femmes exerçant une profession intermédiaire, 14 % des employées et 10 % des ouvrières. A contrario, le gradient social n’est pas le même selon la catégorie majeure de diagnostic. Ainsi, les pathologies lourdes sont davantage prises en charge dans les établissements publics hospitaliers que dans les cliniques privées à but lucratif.
2.2. Des pistes de réforme pour sauver l’hôpital public
Il apparaît d’ores et déjà nécessaire de tracer quelques pistes pour penser l’hôpital public de demain : revoir son financement, repenser son organisation, attirer les personnels par de meilleures rémunérations et redéfinir la place de l’hôpital dans le système de santé.
La réforme du financement s’avère nécessaire. Il faut d’une part desserrer la contrainte générée par l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM). La commission des comptes de la Sécurité sociale estime que sa progression doit se situer autour de 4 % par an. Il faut d’autre part faire évoluer la T2A qui joue trop sur les incitations et qui favorise l’ambulatoire et surtout l’abandon des spécialités coûteuses. La T2A désavantage les établissements publics par rapport aux cliniques privées lucratives. Il faut repenser le mode de financement des maladies chroniques et celui de la prise en charge des patients atteints de plusieurs pathologies. Il faut enfin réfléchir à la transformation de l’enveloppe des Missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation (MIGAC) qui ne permettent pas un financement suffisant des urgences.
La réforme de l’organisation hospitalière est une nécessité. Depuis la mise en œuvre des Agences régionales de l’hospitalisation en 1996, la centralisation du système de santé est évidente. La chaîne hiérarchique entre le ministère de la Santé, le directeur de l’Agence et le directeur d’hôpital est renforcée. Il apparaît important de revoir la démocratie interne au sein de l’hôpital. Une solution serait de revaloriser la représentation des personnels et des usagers au sein du Conseil de surveillance. Il faut enfin repenser le fonctionnement des services, notamment en stoppant le développement des méthodes de management issues du secteur privé. L’hôpital public n’est pas une entreprise et lui appliquer les mêmes méthodes de gestion est non seulement inefficace mais ajoute une pression supplémentaire sur les soignants.
La question de la rémunération des personnels hospitaliers est un problème majeur. Une étude récente de l’OCDE a montré que la rémunération des infirmières est inférieure de 6 % par rapport à la rémunération moyenne nationale. Il apparaît nécessaire de revaloriser les salaires, en particulier les bas salaires, à l’hôpital en jouant sur les indices. Cette revalorisation des salaires est indispensable et doit favoriser une reprise des embauches. Il y a actuellement dans les hôpitaux publics notamment dans les CHU des grandes agglomérations des postes de soignants non pourvus parce que le niveau des rémunérations est insuffisant et les conditions de travail sont difficiles.
Enfin, la crise de l’hôpital public ne sera pas résolue sans repenser l’évolution de celui-ci au sein du système de santé. Ainsi, par exemple, la crise des urgences qui est au cœur de l’actualité depuis quelques mois devrait nous alerter ! Pourquoi les usagers vont-ils aux urgences ? D’abord parce qu’ils ne trouvent plus de cabinets de médecins libéraux ouverts avant ou après les horaires ouvrables. Les médecins libéraux ont abandonné la permanence des soins. Mais pour cela il faut engager des discussions avec les organisations représentatives des médecins libéraux. Par ailleurs, certains patients ne trouvent au plus près de chez eux qu’un établissement hospitalier. Il apparaît urgent de régler la question des déserts médicaux. Enfin, parce qu’il est quasiment impossible dans certaines agglomérations de consulter un spécialiste pratiquant des honoraires de secteur 1. Pour une proportion importante de la population, seul l’hôpital public offre des consultations de spécialistes sans reste à charge.
Conclusion
La crise épidémique de la Covid 19 a mis en lumière les béances de la politique hospitalière française. L’impossibilité de trouver des lits disponibles n’est pas le résultat de l’épidémie mais bien la preuve de l’inefficacité des politiques mises en œuvre depuis le début des années 2000. Entre 2006 et 2016, la diminution du nombre de lits a été bien plus importante en France (- 13,8 %) qu’au sein de l’Union européenne (-9,5 % UE 15 hors Royaume-Uni). Dans un contexte difficile, la loi de financement de la Sécurité sociale prévoit encore quatre milliards d’économies. Tandis que les déprogrammations d’interventions (notamment en oncologie) ont entraîné une diminution de 10 % de la survie par mois de retard selon le British medical journal, le gouvernement semble tout faire pour éviter que les personnes malades viennent se faire soigner dans les établissements de soins. Le Premier ministre ne déclarait-il pas récemment : « le mieux si l’on veut aider l’hôpital c’est de ne pas tomber malade ». Face à tant de cynisme, il est temps de faire évoluer radicalement la politique de santé.
Anne Guillou, sociologue et écrivain, nous revient avec « L’île rebelle », l’histoire d’Antara, une jeune Malgache témoin de l’insurrection de Madagascar en 1947.
Anne Guillou, sociologue et écrivain, est l’auteur de nombre d’essais, de nouvelles et de romans, ainsi que d’un récit autobiographique, « Une embuscade dans les Aurès ». Enseignante en sociologie à l’université d’Antananarivo, de 1970 à 1976, elle a mis à profit cette période pour mener réflexions et recherches. Une poignée de décennies plus tard, l’auteur nous revient avec son dernier roman, « L’île rebelle », publié aux éditions Skol Vreizh et qui rouvre le livre de la colonisation française à une page qui, pour être oubliée n’en est pas moins tragique, écrite en lettres de sang à Madagascar.
90 000 morts en quelques mois de répression
Ce dernier ouvrage s’inscrit dans un genre sans cesse plus étoffé, la littérature de guerre, avec le récit, certes romancé mais ancré dans le réel, de l’insurrection de 1947 qui a mis à feu et à sang l’île de Madagascar. Elle y narre l’histoire d’Antara, une jeune Malgache de 15 ans qui voit son père s’engager aux côtés des insurgés. La jeune fille sera témoin du déclenchement d’une révolte qui sera cruellement réprimée par l’armée française et qui, jusqu’en décembre 1948, verra la disparition de plus de 90 000 Malgaches, morts de froid, de faim ou de maladies.
Voir aussi la conférence qu'Anne Guillou avait donné pour les mardis de l'éducation populaire du PCF Pays de Morlaix en 2018 sur "sa" guerre d'Algérie:
"Avec Bertrand Tavernier, c'est un grand cinéaste, un grand humaniste et un homme de convictions qui nous a quittés.
Sa mort est un choc pour le monde du cinéma, pour les amoureux du cinéma, pour moi. J'aimais discuter avec lui sur son travail et nous parlions toujours politique à un moment ou l'autre de la conversation.
J'ai évidemment en mémoire son dernier film sur l'Histoire du cinéma français qui témoigne, à travers son érudition, d'une histoire culturelle et politique singulière de notre pays. Il y montre notamment le rôle joué par les communistes dans cette Histoire, notamment autour des combats pour le statut des intermittents du cinéma, ou pour le financement original de la production de films français.
Homme cultivé, engagé, passionné de cinéma français comme américain, chaque film qu'il a réalisé donnait du sens, un éclairage particulier à notre société.
Je n'oublie ce qu'il a fait pour la reconnaissance de la guerre d'Algérie avec son documentaire "La guerre sans nom". Bertrand Tavernier savait plus que tout autre la trace qu'un film pouvait laisser dans la mémoire collective.
Il nous reste ses films et c'est déjà beaucoup".
Pierre Laurent
L'oeuvre mosaïque de Bertrand Tavernier est une vaste composition de films magistraux (Pierre Dharréville)
Bertrand Tavernier était une figure de proue du cinéma contemporain.
Dans le sillage de la nouvelle vague, son oeuvre mosaïque est une vaste composition de films magistraux, explorant les différentes tonalités possibles pour parler de la condition humaine, sous l’angle de l’épopée ou du drame, du quotidien ou de l’extraordinaire, en assumant toujours une sensibilité toute personnelle. Il était résolument un auteur de notre temps. Ses films sont autant de jalons posés qui ont su conquérir peu à peu les nouvelles générations. On se rappelle notamment de Que la fête commence, bande-annonce de la révolution française, de Coup de torchon, un formidable récit anticolonialiste, ou encore plus récemment de Dans la brume électrique qui marquait sa fascination pour une culture américaine critique.
Son parcours l’avait conduit peu à peu à devenir ce grand cinéaste, parce qu’il avait des choses à dire et à montrer, parce qu’il avait la passion de la caméra, montrant ainsi la voie à de nombreux artistes. Bertrand Tavernier était mobilisé pour un cinéma français vivant et indépendant. Il était amoureux du cinéma non pas que l’on consomme mais dont on parle et dont on débat, qui fait débattre et qui fait parler. Généreux, Bertrand Tavernier l’était profondément. Les injustices lui étaient insupportable et il a su faire entendre sa voix pour contribuer à leur faire un sort à chaque fois qu’il en voyait la nécessité. Avec lui, qui avait une si forte histoire avec Louis Aragon, nous avons aimé nos rencontres autant que nous avons aimé son cinéma.
Réalisateur énergique et boulimique, d’une curiosité insatiable, amoureux de la vie, passionné d’histoire, attentif à ses semblables... Son décès est une immense perte. Le cinéma français est en deuil.
C’est la vie, l’amour, la joie et nos parts d’ombre qui traversent la plupart des films de Bertrand Tavernier. Une insouciance contagieuse, celle d’Irène, Sabine Azéma, suffragette en robe à crinoline et bottines à lacets qui s’invite au déjeuner dominical familial et sème gentiment la pagaille. Il y a là du Renoir (père et peintre), du Roger Martin du Gard, tout un pan de la peinture et de la littérature françaises qui flotte dans ce film à la fois suranné où le temps s’écoule lentement, avec gourmandise au son de l’accordéon de Marc Perrone. Et puis tout le reste, la justice, l’histoire, l’école, la politique, l’amour, l’amitié. Tavernier filmait comme il était, généreux, enthousiaste, et tant pis si, parfois, il se plantait.
Rien n'échappait à son œil curieux
Bertrand Tavernier est né le 25 avril 1941 à Lyon. Fils de René Tavernier, écrivain résistant, et de Geneviève Dumont, ses parents eurent pour voisins Louis Aragon et Elsa Triolet, qui avaient trouvé refuge un temps lors de l’occupation au-dessus de l’appartement des Tavernier.
Après-guerre, la famille s’installera à Paris. Bertrand Tavernier découvre le cinéma à l’âge où l’on joue encore aux osselets. Il va l’aimer, passionnément, arpentant les salles sans se soucier des genres, fréquentant la Cinémathèque à peine adolescent. Il aimait tout, les films noirs, les westerns, les films d’avant-guerre et de ses contemporains, les comédies musicales. Rien n’échappait à son œil curieux.
Des personnages au caractère bien trempé
Tavernier s’exerce d’abord comme critique. Il parvient à placer, ici et là, quelques piges et collabore aux Cahiers du cinéma, à Positif, à Présence du cinéma, aux Lettres françaises. Il s’intéresse de près au travail des scénaristes, des techniciens de plateau, aux costumes, à la direction d’acteurs, à la musique. Il fait un peu l’assistant (auprès de Melville), participe à deux films à sketchs, les Baisers et la Chance et l’amour, sortis en 1964.
Il faudra attendre dix ans pour que Tavernier réalise son premier long métrage, l’Horloger de Saint-Paul, avec Philippe Noiret. Ensemble, ils tourneront, entre autres, Que la fête commence, la Vie et rien d’autre, Coup de torchon, le Juge et l’Assassin, la Fille de d’Artagnan. Une complicité à l’épreuve du temps et des modes les unissait. Il retrouvera cette même complicité, ce goût pour des personnages au caractère bien trempé avec Philippe Torreton, qui jouera dans L.627, Capitaine Conan, Ça commence aujourd’hui.
Tavernier aura dirigé les plus grands : Michel Piccoli, Romy Schneider, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Tommy Lee Jones (Dans la brume électrique), Isabelle Huppert, Sabine Azéma, Jacques Gamblin, Jean-Claude Brialy, Sophie Marceau…
Généreux, sensible aux injustices
Impossible de tous les citer tant la liste est longue des acteurs qui ont traversé ses films. Une liste qui raconte un grand pan du cinéma français. Un cinéma qui croisait la grande et la petite histoire, un cinéma qui aimait raconter, un cinéma à l’image de son auteur, généreux, sensible aux injustices, traquant la moindre parcelle d’humanité, redonnant du sens aux vies de ses personnages, un peu aux nôtres aussi.
Tavernier était un grand lecteur. Coup de torchon, son adaptation loufoque et débridée de 1 275 âmes, de Jim Thompson, parvient à transposer les personnages aussi bêtes que racistes du sud profond des États-Unis dans une sous-préfecture reculée en Afrique de l’Ouest du temps des colonies. On y retrouve la moiteur, les ventilateurs qui brassent désespérément l’air, des personnages lâches, veules. Derrière le rire, c’est toute la cruauté du colonialisme qui jaillit au détour d’une allée rouge poussière.
La lutte entre le bien et le mal
Changement de décor. Le Juge et l’Assassin, avec Noiret et Galabru. Un duel magistral qui met à l’épreuve le sens de la justice. Rarement Galabru aura été aussi bien dirigé dans ce personnage de chemineau rongé par la folie, assassin presque malgré lui, manipulé par un juge retors et pervers. Tavernier filme la lutte entre le bien et le mal dans des paysages rocailleux et sauvages tandis qu’au détour d’une ruelle d’un village, on entend Jean-Roger Caussimon chanter la Complainte de Bouvier, et distribuer les paroles de sa chanson au chaland qui passe.
Changement d’époque, de costume. La Vie et rien d’autre. Sur les ruines de la Première Guerre mondiale, deux femmes (Sabine Azéma et Pascale Vignal) cherchent désespérément le cadavre de leur homme. Elles croisent le commandant Delaplane (Noiret), chargé de recenser les soldats disparus. Pas de scènes de bataille pourtant, la guerre, sa puissance destructrice, est là, en arrière-plan, au milieu de la terre éventrée et des allers-retours des civières chargées de cadavres qui passent sans cesse.
Plus tard, plus proche, une autre guerre, la Guerre sans nom. Un documentaire sorti en 1992, non pas sur la guerre d’Algérie, mais sur les appelés. Un film contre l’oubli, contre cette amnésie voulue par les autorités françaises jusqu’à il y a peu, un film qui donne la parole aux premiers témoins. Et c’est bouleversant de voir ces hommes évoquer cette sale guerre, sans filtre, où l’on mesure la puissance du cinéma quand il éclaire ainsi l’Histoire, loin des versions officielles.
Les grands orchestres, la guinguette, le jazz et le blues
On pourrait parler de l’amour de Tavernier pour le cinéma américain, dont il avait une connaissance encyclopédique et amoureuse. Pour la musique qui n’était pas une illustration de l’image mais un personnage à part entière. Il aimait s’entourer de compositeurs, Sarde, Coulais. « J’ai toujours engagé les compositeurs avant que le scénario ne soit véritablement écrit. Je leur donnais toutes les versions. Je n’aurais jamais pu envisager contacter un compositeur en lui montrant le film monté et terminé. J’avais besoin de les écouter, juger sur les rushs », confiait-il à nos confrères de France Musique.
Parfois, la musique influençait son scénario et Tavernier avait même des idées d’orchestrations : « Pour L.627 , j’ai dit à Philippe Sarde que je voulais un mélange d’instruments baroques et de musiciens de jazz, de rock. Donc on avait une viole de gambe, un luth et une batterie rock. Pour Coup de Torchon , c’était Carla Bley qui dialoguerait avec Maurice Jaubert et Duke Ellington. »
Bertrand Tavernier aimait les grands orchestres, la chanson de guinguette, la musique classique, le jazz, le blues. Ainsi dans Autour de minuit (césar du meilleur son, césar de la meilleure musique et oscar de la meilleure musique), Tavernier part sur les traces de la vie du saxophoniste Lester Young et du pianiste Bud Powell. On le suit dans ces bouges enfumés, interlopes, dans un Paris qui swingue encore. Un hommage à tous ces musiciens de jazz qui lui ont « donné le goût du cinéma, le goût de la liberté », disait-il.
La légèreté de la vie
Son dernier film de fiction sort en 2013. Quai d’Orsay, d’après la BD éponyme de Christophe Blain et Abel Lanzac. Comment ne pas rire à en pleurer devant la tornade provoquée à chacun de ses passages par un Thierry Lhermitte survolté dans la peau de Villepin ? Comment ne pas partager le fou rire qui s’empare de ses « assistants » lors des tractations sur les anchois ? Comment ne pas saluer la performance de Niels Arestrup (césar du meilleur second rôle), directeur de cabinet au calme impénétrable alors que la planète manque de sauter toutes les cinq minutes ?
C’est un film drôle, facétieux, qui dévoile les arcanes du pouvoir. C’était il y a presque dix ans. Et ça nous renvoie à une époque d’avant le Bataclan, d’avant la pandémie. Une époque où, malgré la dureté du monde, on savait rire et filmer aussi la légèreté de la vie.
Tavernier cinéaste, Tavernier citoyen
Tavernier cinéaste, c’était aussi Tavernier citoyen. Il était de tous les combats auprès de Jack Ralite pour l’exception culturelle. Contre l’extrême droite, il n’avait pas hésité à prendre le train pour Toulon, dont le maire FN venait de licencier l’équipe du théâtre. De tous les combats pour les sans-papiers, contre la double peine.
Très attaché à notre journal, il fut un des membres fondateurs des Amis de l’Humanité. Il y a un an, nous avions parlé de la mort de Kirk Douglas. En février 2018, par l’entremise de son ami cinéaste Pascal Thomas, il nous avait demandé comment joindre José Bové. Il voulait l’inviter à la projection de la Terre qui meurt, à la Cinémathèque. « J’ai contribué à faire restaurer ce film, le premier film français en couleur, et le sujet d’après le livre de René Bazin est très actuel, nous écrivait-il. Beau scénario de Charles Spaak. Plein d’extérieurs. Il faut saluer la résurrection de cette œuvre aux belles couleurs, aux propos âpres. » Signé : Bertrand Tavernier.
Filmographie sélective
1974 : l’Horloger de Saint-Paul
1975 : Que la fête commence…
1976 : le Juge et l’Assassin
1977 : Des enfants gâtés
1980 : la Mort en direct
1980 : Une semaine de vacances
1981 : Coup de torchon
1984 : Un dimanche à la campagne
1986 : Autour de minuit
1987 : la Passion Béatrice
1989 : la Vie et rien d’autre
1991 : Contre l’oubli (segment « Pour Aung San Suu Kyi, Myanmar »)
1992 : la Guerre sans nom
1992 : L.627
1994 : la Fille de d’Artagnan
1995 : l’Appât
1996 : Capitaine Conan
1999 : Ça commence aujourd’hui
2001 : Histoires de vies brisées : les « double peine » de Lyon
Depuis plus d’un an que notre pays connaît des périodes de confinement, de couvre-feu et des mesures plus ou moins compréhensibles de caractère administratif parfois incongru, les comptes publics se sont sensiblement détériorés.
La dette ainsi créée affecte les comptes de l’État, ceux de la Sécurité Sociale, ceux des collectivités locales et fait plonger Pôle Emploi (et singulièrement l’assurance chômage) dans une situation inconnue.
On parle ainsi de 17 milliards d’euros de déficit, pour une administration privée distribuant a priori entre 30 et 35 milliards d’euros d’allocations par an.
Remarquons néanmoins que l’essentiel de ce déficit a été « pris en charge » moyennant souscription d’emprunts garantis par l’État.
Sans parler de la situation nette comptable de certaines grandes entreprises publiques gravement affectées par le ralentissement de l’activité économique.
Il est donc nécessaire de s’interroger sur la manière dont les choses peuvent se dérouler, une fois que se sera dispersé le brouillard des mesures d’urgence et des dispositifs dérogatoires…
QUELQUES ASSURANCES
Ce que nous savons déjà, c’est que la « dette Covid », même déclinée entre État, Sécurité Sociale, entreprises publiques ou organismes gérant un service public, constitue une facture assez conséquente, susceptible de justifier certains choix budgétaires à venir.
La première réponse réside dans la situation de la Sécurité Sociale qui, sans être encore tout à fait débarrassée de ses dettes antérieures, s’est retrouvée avec une Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES), lestée depuis août 2020 d’une dette potentielle de 136 milliards d’euros, représentant la somme des déficits 2020 à 2023, de la reprise de 13 Mds de dette hospitalière et d’une nouvelle affectation de dettes Sécurité Sociale encore non consolidées dans les écritures de la Caisse.
La situation des comptes sociaux a été profondément dégradée par les mesures sanitaires prises depuis mars 2020.
Cette dégradation doit cependant autant, sinon plus, aux pertes de recettes enregistrées par les différentes caisses de la Sécurité Sociale qu’aux dépenses nouvelles liées à la crise.
Ainsi, ces dépenses ont été évaluées entre 11,5 et 15 milliards d’euros tandis que le déficit estimé par la Cour des Comptes s’élèverait à 44,4 milliards d’euros (au lieu de 1,9 Md en 2019).
En clair, le déficit 2020, c’est un tiers Covid et deux tiers pertes de recettes.
Ce qui signifie clairement que le « trou de la Sécu » 2020 doit beaucoup aux pertes de recettes procédant des suppressions d’emploi, de la mise en œuvre de l’activité partielle et des reports et remises de cotisations accordés aux entreprises, singulièrement les TPE et PME, ainsi que des entreprises artisanales.
Cette situation est appelée à se reproduire durant les années 2021, 2022 et 2023, durant la période de « remontée » du produit intérieur brut après la récession de 2020.
Le problème c’est que la « consolidation » des déficits 2020 à 2023 ne doit pas dépasser 92 milliards d’euros, en principe, ce qui pourrait nécessiter de n’atteindre que 15 milliards d’euros de déficit par an…
On sait déjà comment le Gouvernement entend résoudre l’affaire.
Pour cette partie de la « dette Covid », cela passera par la prolongation de la durée de vie de la Contribution au Remboursement de la Dette Sociale jusqu’en 2033 en escomptant que le redressement relatif des comptes de la Sécurité Sociale permette d’absorber tout le passif des années 2020 à 2023.
Pour le reste, sur mission expresse du Premier Ministre, on a constitué en décembre dernier une « commission pour l’avenir des finances publiques » dont l’objectif était de définir les voies et moyens de l’amélioration de la situation comptable de l’État d’ici 2030, commission placée sous la responsabilité d’un expert – comptable bien connu des milieux politiques, à savoir Jean Arthuis, ancien ministre, ancien rapporteur général du Budget au Sénat, ancien président de la commission des Finances de la même Assemblée, ancien maire de Château-Gontier, et défenseur acharné des intérêts des épargnants français détenteurs d’emprunts russes…
LA COMMISSION ARTHUIS, SON CONSTAT, SES IDEES
La commission constituée autour de Jean Arthuis, par ailleurs soutien indéfectible de Macron, était paritaire, comportant autant de femmes que d’hommes.
Mais le positif de l’affaire s’arrête là puisque, pour le reste, cette commission était constituée d’un aréopage de hauts fonctionnaires plus ou moins encore en activité (Raoul Briet, Augustin de Romanet de Beaune, Jean-Luc Tavernier par exemple), de personnes issues du milieu patronal (Laurence Parisot herself), et d’économistes bien en vue (Hélène Rey, Natacha Valla), d’anciens ministres (Marisol Touraine) et de conseillers politiques (Béatrice Weder di Mauro, Thomas Wieser).
Pour ceux qui ne connaissent pas très bien le dernier nommé, rappelons qu’il s’agit juste de l’économiste que la Commission Européenne a recruté pour défendre ses intérêts lors de la négociation du « plan de redressement de la Grèce ».
Pour dire les choses clairement, Thomas Wieser est l’un des concepteurs des plans de « redressement » des comptes publics qui ont saigné à blanc le peuple grec depuis dix ans…
Autant dire qu’avec pareil équipage, nous ne risquions pas d’avoir de chauds partisans de la réforme fiscale, de l’annulation de la dette ou du changement réel des politiques publiques.
D’ailleurs, cela n’a pas loupé.
Les recommandations formulées par la commission Arthuis souffrent réellement d’un manque total d’imagination.
Pour cette commission, l’annulation de la dette publique détenue par la BCE, par le biais des banques centrales nationales adhérant au SEBC (Système européen de Banques Centrales) n’est pas une bonne idée.
Pas plus que celle de soumettre les plus riches et les plus grandes entreprises, pas nécessairement appauvries par la crise sanitaire et économique, à une forme de contribution exceptionnelle.
La raison ? Il y a déjà trop de prélèvements obligatoires en France, notamment en matière de Sécurité Sociale, et il n’est paspossible d’aller plus loin, ce qui « nuirait à la compétitivité de notre économie ».
(On mesure aisément, au regard de la situation vaccinale du pays, avec Sanofi incapable de produire le moindre vaccin anti Covid, à quel point cette protection de la compétitivité est essentielle)…
On rappellera tout de même ici que Jean Arthuis, dans une vie antérieure et notamment durant l’exercice de ses fonctions parlementaires et ministérielles, fut toujours partisan de la réduction du rendement de l’impôt sur le revenu, considéré comme « trop concentré sur les hauts revenus », de l’impôt sur les sociétés, dont « la fraude était due à son taux facial élevé », de la baisse de la fiscalité locale (entendez taxe professionnelle), de l’imposition des patrimoines et de libre circulation des capitaux sur les marchés financiers.
Il fut aussi partisan de la substitution impôts et taxes/cotisations sociales, prônant de longue date la « TVA sociale », conçue dans son esprit comme arme décisive contre les délocalisations.
Maintenant que le Gouvernement Macron – Castex – Le Maire l’a fait, nul doute que cela lui convient.
Outre que la commission fait l’impasse sur la prolongation de l’existence de la CRDS jusqu’en 2033 (qui va digérer l’essentiel du déficit social constaté), elle ne recommande finalement que deux grandes solutions.
La première, c’est de modifier les conditions de la discussion budgétaire.
En donnant un rôle renforcé au Haut Conseil des Finances Publiques qui serait, en fait, chargé de la définition stratégique globale en matière de programmation budgétaire, en fixant pour cinq ans le volume des dépenses autorisées et des recettes attendues.
Une programmation qui engloberait autant le budget de l’État que celui de la Sécurité Sociale, dans une conception élargie y agrégeant notamment l’assurance chômage. (Tant qu’à faire).
Cette vision de moyen terme permettrait aussi, selon la commission, de fixer un objectif de réduction du rapport entre dette publique et PIB, aujourd’hui proche de 120 %.
Objectif de réduction tendant, de fait, à consacrer les excédents constatés à la baisse de l’encours de la dette…
Arthuis ose présenter son projet comme un moyen de renforcer le rôle du Parlement, en ce sens que les députés et sénateurs pourraient jouer au « petit comptable de service », en faisant de leurs Assemblées respectives une sorte d’excroissance de la Cour des Comptes.
Puisque tout cela ne vise qu’à définir une « règle d’or », tendant à la réduction des dépenses publiques, dans le cadre d’une progression moindre que celle des recettes.
Une règle d’or renforçant entre autres les principes de révision constante des services votés, de fongibilité asymétrique (pas de hausse des dépenses de personnel à raison des économies réalisées), de maîtrise des dépenses sociales, et de renforcement du contrôle opéré sur la gestion locale, ce que l’on appelé les « contrats de Cahors ».
Cette politique n’est, de fait, rien d’autre qu’une construction comptable, cousine de l’austérité.
Une austérité qui motive, au moins dans les principes, toutes les politiques publiques depuis une paire d’années et, à tout le moins, depuis 1993.
On sait où cela nous a menés…
LES VOIES D’AUTRES CHOIX
La réalité de la situation des comptes publics est effectivement préoccupante et on peut d’ailleurs remarquer que c’est souvent lorsque les finances publiques sont gérées par des « donneurs de leçons » qu’elles connaissent les plus grandes difficultés…
Mais il est évident qu’il est grand temps de se demander le bien fondé (ou non) de certaines politiques publiques.
Quand on sait par exemple que la moitié du produit de la CRDS et de la CSG se substitue, dans les comptes sociaux, aux cotisations sociales des entreprises et qu’une part importante de la TVA vient désormais compenser celles-ci, on peut s’interroger sur l’absolue pertinence de choix d’ailleurs soutenus, lorsqu’ils furent mis en œuvre, par Jean Arthuis.
Le fait que la France ait une part plus importante de droits perçus sur la consommation que la plupart des pays de l’OCDE ne dérange aucunement les membres de la commission Arthuis.
Bien plus préoccupés par les prélèvements sociaux, alors que ceux-ci disposent pourtant d’une évidente transparence d’utilisation…
Le problème, c’est que les droits de consommation constituent une ponction particulièrement élevée dans le pouvoir d’achat du plus grand nombre, surtout dans une phase de contraction de la progression des salaires du privé comme des traitements dans le secteur public.
De manière plus générale, on notera ici que la crise sanitaire et, désormais, économique et sociale que traverse notre pays, comme quelques autres sur la planète a surtout montré l’échec cinglant des politiques d’austérité qui ont désarmé, par exemple, l’hôpital et notre système de santé et continuent de l’empêcher de faire face à la pandémie Covid 19.
Dans une publication récente, la DREES a ainsi indiqué qu’entre 2011 et 2016, les effectifs hospitaliers ont augmenté de 2,3 %, tandis que le nombre de séjours de la patientèle progressait de 3,5 %, celui des actes sans hospitalisation de 13,1 % et celui des réceptions aux urgences de 12,6 %…
C’est-à-dire que non seulement le Plan Juppé de 1996, la loi Bachelot ou la loi Touraine ont mis l’hôpital public en surchauffe mais encouragé le développement des déserts médicaux et le recul de la médecine générale de proximité.
On suppose très bien, également, ce que les membres de la commission trouvent à redire aux dépenses sociales et notamment à celles produites par le régime d’assurance vieillesse.
Il s’agit bel et bien d’amener les salariés français à consentir de se constituer une épargne retraite personnelle, pour compléter une « retraite Sécu » de plus en plus chiche.
Et offrir ainsi, sur la longue durée, des capitaux toujours plus importants pour les gestionnaires de fonds.
Mais on se doute aussi que Jean Arthuis et sa commission n’aiment rien moins que la réduction de la dépense publique.
Sans doute aurait-il été bienvenu que la commission se posât quelques questions sur la ligne de partage entre dépenses budgétaires directes et dépenses fiscales.
Les premières, pour ce qui concerne l’État, sont de longue date sur une dynamique de réduction et de contraction.
Les secondes croissent et embellissent et génèrent de fait une bonne partie des déficits constatés.
Au regard du rendement réel de l’impôt sur les sociétés par exemple, cela prend chaque année des dimensions importantes.
En 2020, année de crise profonde, la différence dépasse les 30 milliards d’euros, nonobstant certaines mesures ayant à voir avec la « mécanique de l’impôt ».
Nous savons, avec la Cour des Comptes, que les exonérations de cotisations sociales coûtent 66 milliards d’euros sans que l’on puisse définir leur utilité du point de vue de la création d’emplois…
En décembre 2012, lors du vote de la loi instaurant le crédit d’impôt compétitivité emploi, notre pays comptait 5,6 millions de demandeurs d’emploi.
En décembre 2020, alors que le CICE a été « pérennisé » par Macron, le nombre de privés du droit au travail est passé à 6,78 millions.
C’est donc par une relance de la dépense publique directe, raisonnée, intelligente, à la conception partagée avec l’ensemble des corps de la société (il est grand temps de rétablir la démocratie sociale pour une Sécurité Sociale efficace) que nous en sortirons.
C’est précisément une des missions que s’assigneraient des conférences locales, régionales et nationale pour l’emploi, la formation et la transformation productive et écologique Des projets d’embauches dans les services publics et de développement de leurs moyens d’action y seraient discutés, élaborés, adoptés et contrôlés dans leur réalisation. Un fonds alimenté par la création monétaire de la BCE et des banques centrales nationale qui, avec elle, forment l’Eurosystème, apporterait les financements nécessaires à la réalisation de ces projets, sous forme de prêts à taux zéro ou d’avances non remboursables.
Baisser la part de la dette en comparaison du produit intérieur brut (si tant est qu’on accordât la moindre valeur à cette manière de faire), c’est aussi et surtout créer les conditions d’une croissance nouvelle faisant varier le paramètre production dans une acception plus écologique et plus responsable.
Au fil des jours, les informations (*) qui nous parviennent sur l’état de santé de Mumia sont de plus en plus alarmantes. La maladie ravage affreusement son corps, tant intérieurement qu’extérieurement.
Les photos publiées par son médecin témoignent de cette dégradation physique (voir les pièces jointes). Mumia a des éruptions cutanées incessantes qui provoquent de graves lésions et des plaies béantes, donnant à sa peau l’aspect d’un cuir craquelé. Il n’a pas un centimètre carré de son corps qui ne soit couvert de sang et de plaies ouvertes.
Lors de son hospitalisation durant quatre jours la semaine dernière, outre où qu’il a été testé positif au Covid, les médecins ont constaté qu’il souffrait d’une défaillance cardiaque grave et d’œdèmes qui ont nécessité une intervention pour évacuer l’excès de liquide qui avait envahi ses poumons.
Face à cette situation, ses soutiens américains appellent plus que jamais à la mobilisation internationale car c’est une question de vie et ou mort. Pour son médecin personnel, le docteur Ricardo Alvarez « sa libération est le seul traitement » qui empêcherait d’envisager le pire.
Nous ne pouvons donc pas attendre un jour de plus : nous devons agir immédiatement pour remédier aux défis vitaux qui le menacent : défaillance cardiaque aigüe, Covid-19 et difficultés respiratoires, défaillance organique de la peau. D’autant qu’il n’est plus à l’hôpital mais à l’infirmerie de la prison et il souffre terriblement. Il est maintenu à l’isolement sans pommade cicatrisante et autres médicaments dont il bénéficiait auparavant pour apaiser ses douleurs. Il n’a par ailleurs plus accès au téléphone ni à sa tablette qui lui permettaient d’envoyer des messages et de recevoir des nouvelles de sa famille et de ses amis.
Le comportement des autorités politique et pénitentiaire est intolérable et humainement insupportable.
C’est ce qui nous conduit à rééditer notre appel à les inonder d’interpellations.
A toutes celles et ceux qui l’ont déjà fait, comme ceux qui ne l’ont pas encore fait, envoyez et renvoyez le courriel ci-dessous : • au Gouverneur Tom Wolf / brunelle.michael@gmail.com • au Procureur Larry Krasner / justice@phila.gov • au Secrétaire d’Etat John Wetzel / jowetzel@state.pa.us
Textes à copier-coller (anglais + français) : We are extremely worried about Mumia Abu Jamal’s state of health. He has tested positive for Covid-19 and has been diagnosed with congestive heart failure. Taking into consideration his medical history (hepatitis C) he is especially vulnerable. If he remains incarcerated his chances of survival are extremely low. Because of this we request his immediate hospitalisation so that he may receive whatever treatment is necessary in the care of independent professionals. We would also request his release from prison as soon as his health allows him to re-join his family. To avoid massive contamination through the Covid pandemic we would also request that all sick, elderly inmates should be freed.
NOM / PRENOM / VILLE / FRANCE
Nous sommes très préoccupés par l’état de santé de Mumia Abu-Jamal, testé positif pour Covid-19 et diagnostiqué avec une insuffisance cardiaque congestive. Tenant compte de ses antécédents médicaux (hépatite C) il est très vulnérable. S’il reste incarcéré, ses chances de survie seraient extrêmement faibles. En conséquence, nous demandons son hospitalisation immédiate pour qu’il reçoive les soins appropriés par des professionnels indépendants et sa libération dès qu’il sera en état de rejoindre sa famille. Pour éviter la contamination de la pandémie de Covid, nous vous demandons également de libérer tous les détenus les plus vulnérables, malades et âgés. Ne vous méprenez pas, vos interventions sont utiles car elles ont déjà brisé le mur du silence sur l’état réel de santé de Mumia et contraint à son hospitalisation hors de la prison. Continuons le combat pour le sauver et pour le libérer de cet enfer carcéral. (*)
Un grand merci à nos amis américains qui nous informe au quotidien de cette situation bouleversante et notamment à PRISON RADIO (le media qui donne la parole aux prisonniers et à leurs familles) à qui nous devons les infos de ce jour.
Nous n’allons pas, aujourd’hui, nous orienter vers le genre roman policier, non, je voudrais simplement évoquer avec vous l’audition du 4 mars dernier par la Commission des finances du Sénat, de Madame Mairead Mc Guinness. Vous ne serez pas surpris si je vous dis qu’elle est Irlandaise. Mais elle est surtout chargée, à la Commission européenne, des services financiers, de la stabilité financière et de l’union des marchés de capitaux, vous le voyez, un petit sujet. Il y eut, en fin de compte, assez peu de questions. Pour ma part, j’ai interrogé Madame la Commissaire sur trois sujets qu’elle n’avait pas évoqués dans son propos introductif.
D’abord, sur la place financière de Londres, la City, après le Brexit. Boris Johnson a annoncé l’an dernier qu’il allait créer, sur le territoire britannique, 10 ports francs (des zones de stockage opaques, inaccessibles, couvertes par le secret) afin d’accroître l’attractivité financière et fiscale du Royaume-Uni. De telles entités existent déjà au Luxembourg, à Genève… Nous pourrions ainsi nous retrouver à 30 kilomètres de Calais avec un Singapour sur Tamise.
Le deuxième sujet concernait les récentes révélations sur les pratiques fiscales du Luxembourg dites « OpenLux ». Pour mémoire, 55 000 sociétés offshore détenant 6 500 milliards d’euros d’actifs (le PIB de la France avant COVID était de 2 400 milliards), tout cela au cœur de l’Europe.
Enfin, dernier sujet, j’ai évoqué l’existence de paradis fiscaux en Europe, non membres de l’UE, notamment Jersey, Guernesey et l’Ile de Man (entre l’Irlande et la Grande-Bretagne). Faites l’expérience vous-même (par exemple Amedia Partners), vous pourrez créer votre société, ouvrir un compte bancaire en quelques jours à peu de frais, et au bout, c’est 0 impôt ! Ni vu, ni connu !
Sur ces trois points, Madame la Commissaire ne répondit pas dans un premier temps, relancée par le Président de la Commission ensuite, elle tint des propos très généraux que l’on pourrait qualifier aisément de langue de bois. Voyons ce que cette dame nous dit : « Nous voulons comprendre ce que le Royaume-Uni a en tête… Il nous faut être vigilants… lorsque nous prendrons peut-être des décisions… il faut mettre en place une supervision à l’échelle européenne… je reste confiante… Il faut y regarder de près… une meilleure coordination… nous serons très fermes sur ce point ».
Quelles mesures ? Quel calendrier ? Et surtout quelle volonté politique ? Il nous faut collectivement créer le rapport de forces… C’est aussi et surtout une question démocratique. Pour mémoire les commissaires ne sont pas comptables devant les peuples, ils et elles ne sont pas élu.e.s et n’ont donc aucune légitimité démocratique, nommé.e.s pour imposer la feuille de route de cette Europe libérale. Imposons le sujet des paradis fiscaux à la Commission !
Agents des crèches, des cimetières, de la restauration collective, des centres de santé, de la voirie, de la propreté, des espaces verts : depuis un an, le gouvernement salue le travail des fonctionnaires territoriaux, en première ligne pour affronter une crise sanitaire d’une ampleur inédite.
Le 13 avril 2020, le Président de la République affirmait qu’il nous faudra nous « rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Pourtant, malgré ces applaudissements et déclarations, l’exécutif a choisi de remercier les héros du quotidien, qui ont permis à la France de tenir debout, en les faisant passer pour des privilégiés et en s’attaquant à leurs droits.
En effet, la loi « de transformation de la fonction publique », dite Dussopt, adoptée par la majorité à l’Assemblée nationale, impose dans son article 47 le principe d’une durée annuelle du travail pour les fonctionnaires de 1 607 heures au plus tard en juin 2021. Elle annule ainsi tous les accords plus favorables au temps de travail légal qui avaient été négociés dans les collectivités au fil des ans.
Derrière cette mesure se cache l’objectif affiché au début du quinquennat d’imposer, au nom de la baisse de la dépense publique exigée par les institutions financières, une réduction du budget de fonctionnement de 10 milliards d’euros aux collectivités territoriales. Le gouvernement profite de la crise sanitaire pour avancer son agenda de « réformes » à marche forcée.
En 2017, le candidat Macron promettait la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires « superflus », dont 70 000 dans la Fonction publique territoriale. De fait, l’abrogation des régimes dérogatoires au volume annuel de 1 607 heures représenterait, selon la Cour des comptes, une « économie » de 57 000 postes.
Alors que nous entamons un troisième confinement, la baisse continue des moyens accordés au service public a fait la démonstration de son potentiel dévastateur. La presse révélait, par exemple, la semaine dernière que le nombre de lits en réanimation n’a fait que diminuer depuis mars dernier. Nous en connaissons le résultat.
D’un autre côté, l’engagement des collectivités locales dans la lutte contre l’épidémie est constant et essentiel. Rappelons-le, les agents publics locaux gèrent aujourd’hui au quotidien la plupart des centres de vaccination ouverts sur le territoire. Aussi, il n’est pas acceptable que les agents territoriaux servent de variable d’ajustement comptable pour accompagner les baisses de dotation et le désengagement de l’État.
Depuis un an, l’utilité de service public pour une meilleure prise en compte des besoins de la population est une évidence. Son développement ne pourra passer que par le recrutement massif d’agents publics.
En outre, le progrès va dans le sens d’une réduction du temps de travail, non son augmentation.
Au lieu d’augmenter le temps de travail des agents, le gouvernement devrait répondre au défi de l’amélioration de leurs conditions d’existence et de travail. Pour rappel, les fonctionnaires ont des contraintes professionnelles, la nuit ou le week-end, deux fois supérieures aux autres salariés. Ils sont par ailleurs moins bien rémunérés. Le salaire moyen des fonctionnaires territoriaux (gelé depuis plus de dix ans) est inférieur de 400 € nets par mois par rapport à celui des salariés du secteur privé.
En dernier lieu, après les offensives contre les finances des collectivités, la majorité s’attaque avec ces mesures à la gouvernance territoriale. Elles représentent une atteinte à la libre administration des collectivités garantie par la Constitution.
En définitive, la loi Dussopt est un nouveau coup de poignard contre le service public de proximité, sans lequel la crise profonde que traverse notre pays serait moins bien amortie. Les élus communistes et républicains seront aux côtés des fonctionnaires et des organisations syndicales pour défendre leurs droits et demander son abrogation. µ
Le mardi 16 mars, des milliers de jeunes ont défilé partout en France à l’appel de quatorze organisations de jeunesse. Un an après l’annonce du premier confinement, nous avons dénoncé avec force l’inaction du gouvernement face à la situation catastrophique dans laquelle se trouve la jeunesse.
Depuis plus d’un an maintenant, la situation des jeunes se dégrade. 22 % des jeunes actifs sont actuellement au chômage, plus d’un étudiant sur six est en situation de décrochage, le retard scolaire ne cesse de s’accumuler, et des dizaines de milliers de jeunes sont obligés de se tourner vers des organismes de distributions alimentaires. La précarité de nos situations, couplée avec le manque de perspectives quant à notre avenir, plonge de plus en plus de jeunes dans une détresse psychologique.
Les mesures prises par le gouvernement pour y répondre ne sont pas à la hauteur. Pire, l’annonce d’un nouveau confinement sans aucun plan d’urgence pour la jeunesse plonge la nouvelle génération dans le désarroi le plus total.
Pour les étudiant·e·s, si les repas à un euro et l’aide ponctuelle de 150 euros pour les boursier·ère·s en décembre sont à saluer, ils ne permettent pas de sortir les étudiant·e·s de la précarité. De même, l’aide de janvier annoncée par Emmanuel Macron n’a jamais vu le jour et l’ouverture des discussions pour une réforme des bourses se fait toujours attendre. Alors même que le nombre d’étudiant·e·s en décrochage est colossal, aucune annonce n’a été faite sur une possible reprise des cours en présentiel avant la fin de l’année universitaire, ni sur la mise en place de nouveaux moyens matériels ou pédagogiques pour le permettre.
Pour les lycéen·ne·s, la situation n’est pas plus enviable. Alors que nous faisons face à une crise éducative sans précédent, le gouvernement continue la sélection à l’entrée de l’université. Avec la fin du caractère national du baccalauréat, car en contrôle continu, la sélection sera plus inégalitaire que jamais. Alors que les conditions d’études au lycée sont plus que jamais dégradées, le ministre de l’Éducation fait le choix de supprimer 1 800 postes de professeurs : en refusant d’investir dans le service public, c’est le quotidien au lycée et l’avenir de tous les élèves qui sont bradés.
Pour lutter contre le chômage des jeunes, Jean Castex a lancé le plan “Un jeune, une solution” le 23 juillet dernier. Huit mois après, force est de constater que celui-ci ne fonctionne pas. Pire, en favorisant les CDD et les services civiques, il précarise encore davantage l’emploi des jeunes.
Malgré les mobilisations d’ampleur depuis plusieurs mois et le contexte inédit dans lequel se trouve la jeunesse, le gouvernement refuse toujours d’écouter les revendications légitimes des organisations étudiantes, lycéennes et de jeunesse.
Fort du succès de la mobilisation, nous sommes bien déterminé·e·s à nous faire entendre. C’est pour ces raisons que nous appelons l’ensemble des jeunes à se mobiliser le 8 avril prochain. Nous demandons :
Pour les étudiant·e·s :
Un plan d’urgence d’1,5 milliard d’euros contre la précarité étudiante, débutant par une augmentation immédiate des bourses et des APL.
La mise en place d’un filet de sécurité sociale pour l’ensemble des étudiant·e·s, garantissant une protection sociale supérieure au seuil de pauvreté.
La réouverture des universités à 50 % avec les moyens économiques et humains nécessaires et l’obligation d’enregistrer/filmer les cours et mettre un format écrit à disposition, afin de ne pas pénaliser les étudiant·e·s n’ayant plus de logement près de leur établissement.
L’embauche de personnels éducatifs, leur titularisation, la construction d’infrastructures pour rattraper le retard accumulé et faire face au décrochage.
Pour les lycéen·nes :
La fin de Parcoursup et de toute plateforme sélective post-baccalauréat.
La non pénalisation des stages non réalisés au lycée et dans le supérieur.
Un plan de recrutement massif d’enseignant·e·s pour rattraper le retard.
Pour l’emploi des jeunes :
L’ouverture immédiate du RSA pour les jeunes de moins de 25 ans en insertion.
La suppression des contrats précaires pour tendre vers le CDI et la titularisation comme norme d’embauche.
L’interdiction de toute rémunération en dessous du SMIC, même pour les services civiques, stages et apprentissages.
Un plan de recrutement pour les jeunes dans la santé, l’éducation, les transports et l’énergie.
La rémunération des stages minimum au SMIC dès la première heure travaillée. µ
:
Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.