Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 12:03
L'URSS, la Russie et les peuples soviétiques oubliés des hommages aux combattants contre l'Allemagne Nazie - entre révisionnisme à la botte de Washington et ignorance crasse de l'histoire!
L'URSS, la Russie et les peuples soviétiques oubliés des hommages aux combattants contre l'Allemagne Nazie - entre révisionnisme à la botte de Washington et ignorance crasse de l'histoire!
L'URSS, la Russie et les peuples soviétiques oubliés des hommages aux combattants contre l'Allemagne Nazie - entre révisionnisme à la botte de Washington et ignorance crasse de l'histoire!

"Quelle est la nation qui a le plus contribue à la défaite de l'Allemagne ?": la question posée par l'IFOP aux français de 1945 à 2015, et l'évolution spectaculaire des réponses. https://www.ifop.com/…/la-nation-qui-a-le-plus-contribue-a…/
👉 En 1945, pour 57%, c'est l'URSS, ce qui est conforme à la réalité historique.
👉 En 2015, pour 54%, ce sont les USA.
🔴 A méditer : sur la "fabrication de l'opinion" par un matraquage idéologique peu soucieux d'une connaissance et d'un travail historique sérieux.

 

C'est une sinistre farce qui ne fait que s'aggraver d'année en année.

Modelés par leur conformisme atlantiste, des années de propagande de guerre froide, le cinéma hollywoodien, et une vision de nos intérêts comme étroitement liés à ceux de l'hégémonie du capitalisme américain, politiques et journalistes français accréditent la fable selon laquelle se seraient essentiellement l'effort de guerre américain (qu'il ne s'agit pas de nier ni de minimiser) et les sacrifices des soldats d'outre-Atlantique, qui auraient libéré la France et l'Europe de la domination nazie.

Rappelons simplement quelques évidences: pour un soldat américain tué en Europe face aux Nazis, 60 soldats soviétiques le furent!

C'est parce que l'Union Soviétique a résisté aux Nazis dès 1941 après que ses populations aient été saignées par l'offensive allemande et son cortège de barbarie, notamment l'extermination systématique des populations juives (la Shoah par balle auprès des gigantesques fosses communes) et déclenché sa contre-offensive, au prix de 22 millions de morts au moins, que des débarquements ont été possibles en Italie, en Provence, puis en Normandie.

De Gaulle, Churchill, et Roosevelt  le savaient bien. Comme les collaborateurs qui dirigeaient la France asservie et mobilisaient les pro-Nazis dans la LVF. 

Tous les Français de 1945 aussi, même ceux qui étaient peu suspects de sympathies pour les communistes, mais depuis, l'idéologie pro-atlantiste a imprégné les médias, les manuels, les discours des communicants politiques et des ministères, au départ comme un mensonge conscient aux grosses ficelles, ensuite comme un révisionnisme souvent involontaire lié à l'efficacité de cette "propaganda war".   

L'an passe Macron n'avait pas invité les autorités russes au 75e anniversaire du débarquement.

La focalisation sur le débarquement allié de Normandie comme cause première et quasi unique de la libération de la France et de la défaite de l'Allemagne nazie est une erreur historique.

Il n'aurait pas été possible, les contemporains les moins suspects de sympathies avec les soviétiques le disent, sans la résistance et la contre offensive de l'URSS. La résistance populaire intérieure est elle-même dans le même temps souvent mise au second plan dans les discours officiels par rapport à la France libre et à la résistance du général de Gaulle qui s'est pourtant largement appuyé dessus.

Pas un résistant communiste au panthéon alors que c'était largement la moitié des effectifs de la Résistance armée intérieure. D'où la nécessité d'un travail de mémoire permanent pour restituer la réalité des faits, empêcher l'oubli et les maquillages de l'histoire.

Je pense aussi à tout le discours qui vise à mettre au premier plan des bavures ou des exécutions expéditives de la Résistance dans les mois sanglants de la Libération, ou encore des exactions de l'armée d'occupation soviétique en Allemagne. Sans nier systématiquement les faits, certains sont avérés et indignes, ils sont souvent invoqués avec des arrière-pensées de relativisation de l'effort des uns et des autres, et des crimes des alliés des nazis, collaborateurs, qui ont été nombreux d'ailleurs à se refaire une virginité après la guerre.

Lors de l'hommage à Rol-Tanguy à Morlaix pour les 111 ans de sa naissance le 12 juin 2019 à Morlaix et les 75 ans de la Libération, je rappelais:

"Nous saluons bien sûr tous les Résistants dans la diversité de leurs sensibilités et de leurs actions, des circonstances de leur entrée dans l'action clandestine et patriotique. C'est à eux qui nous devons d'avoir gardé intact une flamme d'espoir et de dignité dans les années sombres de la libération et d'avoir rendu possible le retour de la liberté et de la démocratie en France, mais aussi le retour de la Paix qui était leur horizon.

Nous saluons aussi aujourd'hui particulièrement la résistance intérieure et populaire, et la résistance communiste, pas toujours mise au premier plan dans les discours mémoriels et l'approche de l’État. C'est un euphémisme...

Pas un seul résistant communiste au panthéon !...

Et Hollande et Macron sont loin de corriger l'oubli et l'injustice. Est-ce normal quand on connaît leur poids dans les effectifs de la résistance, dans la lutte armée intérieure, et le lourd tribut qu'ils ont payé, entre les dizaines de milliers de fusillés, de torturés et de déportés de l'OS et des FTP, des FTP-MOI que commanda Rol-Tanguy en région parisienne en 1942?

Martha Desrumaux, Marie-Claude Vaillant Couturier, Danielle Casanova, Charlotte Delbo, Missak Manouchian, Guy Moquêt, Rol-Tanguy, il n'y avait que l'embarras du choix... Et pourtant, on a préféré honoré la résistance gaulliste, socialiste, bourgeoise... Comme si les communistes ne devaient pas entrer dans la grande histoire de la nation française, comme s'il fallait minimiser leur apport à la libération... De la même manière, on ne parle que de l'appel du 18 juin à la Résistance alors que d'autres appels ont eu lieu au printemps et à l'été 40, notamment celui de Charles Tillon.

Et toujours ce discours lancinant, mensonger et révisionniste pour minimiser le sens et le caractère patriotique et national de la Résistance communiste en prétendant qu'elle n'a débuté qu'à l'été 41 après l'invasion de l'URSS, voir, comme dernièrement Riolo face à Ian Brossat dans une émission de RMC, en prétendant que les communistes étaient des collaborateurs au début de la guerre!

Ce qui est faux bien sûr. Le simple fait de dénoncer la politique collaborationniste, réactionnaire et anti-démocratique de Vichy et de garder une activité communiste était un acte de résistance en 40-41 à l'heure où le PCF était interdit et très fortement réprimé, sous le dernier gouvernement de la 3e République déjà dirigé par Daladier… De nombreux militants, syndicalistes, l'ont payé de leur vie, dont les fusillés de Châteaubriant, le jeune Guy Moquêt.

Même minimisation d'ailleurs, en bonne logique (anti-communiste), de l'apport des soviétiques à la libération de l'Europe, malgré leurs 22 millions de morts et les victoires décisives obtenus à un prix exorbitant pour stopper les Nazis. Est-il normal de n'attribuer qu'aux alliés américains et anglais de l'OTAN la libération de la France ? Un débarquement réussi en Europe de l'ouest et une progression pour libérer le territoire français étaient-ils envisageables sans la progression des soviétiques et leur contre-offensive en Europe de l'est ? Pourquoi ne pas avoir invité le chef d’État russe, quoiqu'on en pense par ailleurs, aux cérémonies du débarquement ?"

Ismaël Dupont

Hommage à Rol-Tanguy, compagnon de la Libération, en gare de Morlaix, place Rol-Tanguy, 12 juin 2019: photos de Pierre-Yvon Boisnard et discours d'Ismaël Dupont, articles du Télégramme et du Ouest-France

Littérature soviétique - Carnets de guerre de Vassili Grossman (Calmann-Lévy, présenté par Antony Beevor et Luba Vinogradova) - Suivi de Treblinka

Lundi, 11 Mai, 2020 - L'Humanité
Geneviève Darrieussecq ne connaît pas l'Histoire

La secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées oublie l’Union soviétique dans l’hommage aux pays qui ont vaincu les nazis. Et le sacrifice de millions de personnes.

 

Le 8 mai, date anniversaire de la victoire sur les nazis, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, s’est fendue d’un tweet dans lequel elle tient « particulièrement à saluer nos alliés. Leur contribution à la victoire sur l’Allemagne nazie et à la fin de la #2GM en Europe a été à la hauteur de leurs sacrifices. Immense. » Elle poursuit : « La France n’oubliera jamais ce qu’elle leur doit. La paix et la liberté. » Elle accompagne son tweet de drapeaux. Celui des États-Unis, de la Grande-Bretagne, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.

Dramatique ! Membre du gouvernement de la France, elle occulte le sacrifice de l’Union soviétique, qui a perdu 20 millions de personnes dans sa lutte contre le IIIe Reich, dont l’Armée rouge a planté son drapeau sur le toit du Reichstag, à Berlin. Elle oublie également la lutte essentielle de la Résistance française, alors qu’Henri Rol-Tanguy, chef communiste des FFI de Paris, avait reçu, en compagnie du général Leclerc, la reddition allemande. La secrétaire d’État nie aussi, en l’omettant, l’apport de tous ces combattants venus de ce qui était encore les colonies françaises.

De deux choses l’une. Soit Geneviève Darrieussecq ne connaît pas l’Histoire, ce qui serait profondément dramatique de la part d’une personne détenant un poste ministériel. Soit elle a sciemment biffé l’apport déterminant de l’Armée rouge dans la victoire contre l’horreur nazie, ce qui serait proprement scandaleux. Dans tous les cas, il y a quelque chose d’inquiétant à cette (re)lecture, voulue ou non, de l’Histoire qui fait des Américains les grands libérateurs de l’Europe. On ne s’étonnera pas de savoir que, sur sa page Facebook, la Maison-Blanche ne mentionne que les États-Unis et la Grande-Bretagne comme vainqueur des nazis, ce qui lui vaut une protestation de la Russie. Geneviève Darrieussecq a, depuis et sans explication, retiré son tweet mensonger.

Pierre Barbancey
Le Télégramme - 11 mai 2020 - Sans avoir la moindre sympathie pour Vladimir Poutine et son régime, comment ne pas être indigné par le révisionnisme de l'administration Trump qui nie la contribution décisive de l'URSS et des citoyens soviétiques, avec leurs 22 a 27 millions de morts, dans la victoire contre l'Allemagne nazie? Une telle négation de l'histoire est juste scandaleuse, une guerre a la vérité!

Le Télégramme - 11 mai 2020 - Sans avoir la moindre sympathie pour Vladimir Poutine et son régime, comment ne pas être indigné par le révisionnisme de l'administration Trump qui nie la contribution décisive de l'URSS et des citoyens soviétiques, avec leurs 22 a 27 millions de morts, dans la victoire contre l'Allemagne nazie? Une telle négation de l'histoire est juste scandaleuse, une guerre a la vérité!

Partager cet article
Repost0
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 09:11

 

La domination monétaire des États-Unis, basée sur la centralité du dollar, s’est imposée après 1944 face aux projets alternatifs de structuration du système monétaire international, notamment face au plan Keynes de 1943, pourtant toujours d’actualité.

L’unilatéralisme du système monétaire « international » octroie à la puissance émettrice de la monnaie dominant les échanges internationaux, les États-Unis, un avantage lui permettant d’influencer les politiques économiques des pays faisant usage du dollar. En l’absence d’une monnaie proprement internationale, les participants aux échanges utilisent des monnaies nationales (en fait, seulement un petit nombre de monnaies nationales) pour procéder aux paiements internationaux. Ils sont aujourd’hui largement incités à faire usage de la monnaie américaine.

 

Le poids de l’acquisition de liquidité internationale

En raison de cette situation, les participants aux échanges s’exposent à un certain nombre de problèmes, particulièrement dans les pays sous-développés : problèmes liés à l’accès à la liquidité, avec des pénuries qui se manifestent durant les périodes de crise ; problèmes d’accès aux infrastructures de paiement en cas de sanctions dont la puissance émettrice de la monnaie peut faire usage. L’un comme l’autre sont utilisés par les États-Unis pour aligner les pays dépendants du dollar sur sa politique économique ou sur sa politique étrangère.
Le problème de l’acquisition de liquidité internationale n’est pas nouveau. Un effort s’impose de fait à l’ensemble des pays contraints d’utiliser une monnaie étrangère pour accéder aux échanges internationaux. Cette contrainte peut être expliquée selon la logique suivante : imaginons une entreprise située en Malaisie et ayant besoin de dollars américains nécessaires à ses importations de biens d’équipement et à sa trésorerie. L’entreprise va emprunter un montant P de dollars. Elle devra rembourser, à échéance, le principal plus les intérêts du prêt. Grâce aux dépenses d’investissement de biens d’équipement et à la mise en route de la production, l’entreprise va exporter et générer des revenus, avec lesquels elle pourra rembourser le prêt. Il faut donc que ces revenus soient supérieurs aux dépenses liées au remboursement du prêt (intérêts et principal). Cette contrainte de survie induit une pression compétitive qui pèse sur les marges de manœuvre du pays. Elle est d’autant plus pesante que les pays sont en concurrence sur les marchés d’exportations.
Le problème de l’accès à la liquidité apparaît clairement dans les épisodes de crise économique, qui donnent lieu à des rapatriements brutaux de capitaux et à un gel des crédits interbancaires. La crise de 2008 en a donné un fameux exemple. Elle était avant tout une crise dont l’épicentre était l’économie américaine, mais la crise de confiance du système bancaire américain a généré de graves dysfonctionnements dans le financement du commerce international. Certains pays, comme la Corée du Sud, qui n’auraient pas dû subir les effets – ou très peu – de la crise des subprimes ont été victimes d’une pénurie de dollars.

L’hégémonie monétaire des États-Unis contre le plan Keynes de 1943 (Revue PCF « Cause Commune » -  Adrien Faudot)

Ayant eu très tôt conscience du problème de la rareté de la monnaie internationale, dès Bretton Woods, les gouvernements ont créé des institutions pour essayer de réallouer la liquidité. La tentative de l’économie mondiale de se doter d’institutions telles que le Fonds monétaire international, créé en 1944 par les accords de Bretton Woods ou d’instruments tels que les droits de tirages spéciaux (DTS), créés en 1969, pour redistribuer la liquidité internationale, se heurte à l’impossibilité de connaître à l’avance les besoins en liquidité générés par les échanges internationaux. Ce problème avait déjà été démontré par Keynes, lorsque celui-ci cherchait à défendre son plan.

Dans le cadre du système hérité de Bretton Woods, ces manquements résultent des préférences américaines en la matière. Alors que le plan Keynes prévoyait un système de découverts automatiques autant que de besoin pour les échanges internationaux, les États-Unis souhaitaient conserver à des fins de domination la main sur les leviers d’allocation de la monnaie « internationale ».

Pour se prémunir des épisodes de pénurie de liquidités, les autres pays doivent développer des stratégies complexes. Beaucoup tentent d’éviter toute pénurie en développant des stratégies d’accumulation de réserves de change, à travers des politiques mercantilistes. Cette stratégie est pénible à mettre en œuvre car elle demande des efforts considérables aux populations, et la concurrence internationale rend ses résultats incertains.

« Alors que le plan Keynes prévoyait un système de découverts automatiques autant que de besoin pour les échanges internationaux, les États-Unis souhaitaient conserver à des fins de domination la main sur les leviers d’allocation de la monnaie “internationale”. »

Une autre solution, réservée à un nombre réduit de pays, est de signer des accords de swaps (technique financière consistant en un échange de crédits) avec la Réserve fédérale, afin de se prémunir de tout risque de pénurie. Ces accords se sont développés à la suite de la crise des subprimes. Ils sont représentés dans le schéma de la page précédente. Les États-Unis se trouvent ainsi au centre d’un réseau de coopération entre banques centrales ayant pour but de maintenir constant l’approvisionnement en dollars. L’octroi des lignes de crédit par la banque centrale américaine dépend de critères politiques (exemple de l’Inde ou du Chili non retenus, contrairement au Mexique, ou au Brésil), la Réserve fédérale ne jouant le rôle de prêteur en dernier ressort international que pour une liste restreinte de pays alliés.

 

Les difficultés d’accès aux infrastructures de paiement

Venons-en au second problème, l’accès aux infrastructures de paiement. Les systèmes monétaires actuels reposent sur un système de paiement hiérarchisé. Les établissements bancaires créent la monnaie à l’occasion des opérations de crédit, et passent par leur compte à la banque centrale pour les règlements interbancaires. Les banques centrales fournissent les moyens de paiement interbancaires et assurent le bon déroulement des opérations. Points de passage obligés pour l’accès au système de paiement, elles imposent également des normes et des conventions, conditionnant l’accès au système. Les banques commerciales sont tenues de les respecter, faute de quoi elles pourraient se voir privées des opérations interbancaires, ce qui reviendrait à les exclure du système et conduirait à leur liquidation immédiate.

« La crise de 2008 était avant tout une crise dont l’épicentre était l’économie américaine, mais la crise de confiance du système bancaire américain a généré de graves dysfonctionnements dans le financement du commerce international. »

Or les institutions du dollar américain, qui centralisent les comptes et exécutent les paiements, appliquent les lois américaines. Dans ce cadre, lorsque l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) place sur liste noire une série d’établissements, voire les entités d’un pays entier, il devient impossible pour tout acteur relié aux systèmes de paiement américains de maintenir des relations commerciales avec ces entités. La banque BNP-Paribas en a fait les frais en 2014 en payant une amende record de 8,9 milliards d’euros, après avoir été traduite en justice pour avoir réalisé des transactions avec des entités figurant sur la liste noire de l’OFAC (Iran, Soudan, Cuba).

Cette arme est punitive, mais aussi dissuasive. Si la France décidait de reprendre son commerce avec l’Iran, les entités françaises se verraient rapidement interdire l’accès non seulement au marché américain mais aussi aux systèmes de paiement en dollars, c’est-à-dire au marché mondial. La France a donc choisi de suivre la diplomatie américaine et de se retirer de fait de l’accord de Vienne. Bien sûr, au-delà de la dimension monétaire et du système de paiement, la puissance militaire et économique américaine a certainement joué un rôle important. Ainsi, en dépit du lancement du mécanisme de compensation INSTEX, qui devrait permettre de poursuivre des transactions avec des firmes iraniennes en contournant le dollar, les entreprises françaises se sont tout de même retirées d’Iran, ce qui montre que l’impérialisme états-unien a d’autres cordes à son arc.

 

Refonder le système monétaire sur des bases réellement internationales

Dans le contexte actuel, le plan Keynes avance des propositions intéressantes pour refonder le système monétaire sur des bases réellement internationales et émancipées de la domination unilatérale du dollar, au-delà même des objectifs politiques poursuivis par Keynes (défenseur des intérêts britanniques).
Le plan prévoit la création d’une chambre de compensation en monnaie internationale (bancors) pour les paiements interbancaires internationaux, avec des découverts automatiques pour les pays débiteurs. Les problèmes de liquidité seraient résolus puisque la création de bancors ne serait pas conditionnée à des dépôts préalables de la part des pays membres. La chambre de compensation agirait comme une agence centrale assurant le financement du commerce international, le temps que s’opèrent les rééquilibrages entre débiteurs (importateurs nets) et créditeurs (exportateurs nets).

« Si la France décidait de reprendre son commerce avec l’Iran, les entités françaises se verraient rapidement interdire l’accès non seulement au marché américain mais aussi aux systèmes de paiement en dollars, c’est-à-dire au marché mondial. »

Concernant le pouvoir de contrôle de l’infrastructure de paiement, l’instauration du plan Keynes pourrait être aussi l’opportunité de séparer le système des paiements internationaux de la portée directe des appareils gouvernementaux nationaux. Il s’agirait de créer un organe dont la direction serait élue par ses nations membres et partagée par celles-ci. De cette manière il serait impossible, pour un membre, de décider de manière unilatérale qu’un autre membre soit exclu des paiements internationaux.
Puisque l’International Clearing Bank serait en quelque sorte « la banque centrale des banques centrales », il s’agirait ici d’appliquer le principe de distanciation qui caractérise déjà les systèmes bancaires domestiques, en vertu duquel les banques commerciales se plient, par une sorte de soumission volontaire, à la banque centrale au-dessus d’elles.

Il est tout à fait concevable d’imaginer un système de prise de décision interne à la chambre de compensation suivant les principes du multilatéralisme, à l’image des organismes onusiens aujourd’hui. L’établissement de la chambre de compensation et son succès devraient reposer sur des règles internationales s’imposant à tous.
Au demeurant, la mise en œuvre du plan Keynes devrait très largement freiner les aspects les plus négatifs de la dynamique de la globalisation financière. Le plan Keynes devra s’accompagner de contrôles pour assurer que les flux internationaux soient comptabilisés et intégrés dans la matrice de la chambre de compensation, ce qui faciliterait la lutte contre l’évasion fiscale ou le blanchiment.

On voit ainsi que, dans l’optique de proposer un système monétaire véritablement international et multilatéral, le plan Keynes est toujours d’actualité, et peut même aider à résoudre des problèmes pour lesquels il n’a pas été conçu. 

 

Adrien Faudot est économiste. Il est maître de conférences à l’université Grenoble Alpes.

Accords bilatéraux de swaps entre banques centrales, en octobre 2015. Les États-Unis ont contracté des accords importants permettant d’assurer avec les banques centrales des pays signataires l’approvisionnement en dollar américain. D’autres pays, à l’image de la Chine, ont signé des accords similaires pour favoriser l’accès à leur monnaie respective.

Source : S. Bahaj et R. Reis, « Central bank swap lines », Credit, Banking and Monetary Policy, BCE, Francfort, 23 octobre 2017.

Cause commune n° 16 • mars/avril 2020

 

Partager cet article
Repost0
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 06:27
Gestion du Covid à Morlaix - Y'a des questions que j'me pose, des questions que j'me pose - Billet d'Ismaël Dupont, 10 mai 2020

"Y'a des questions que j'me pose, des questions que j'me pose"...

chante Sanséverino dans Frida.

Et bien moi aussi, y'a des questions que j'me pose par rapport à la gestion de la crise du Corona virus par Agnès Le Brun et la gestion de la politique municipale par une équipe majoritaire qui aurait pu ne pas être la même le 22 mars pendant la période du confinement et du Covid.

1/ L'omniprésence médiatique du maire sert-elle la cause de la démocratie et des intérêts locaux de Morlaix?

Agnès Le Brun est sur tous les médias audiovisuels en tant que vice-présidente de l'association des maires de France en charge des questions scolaires mais, dans sa ville, une ville moyenne où tout le monde se connaît et pourrait échanger, les élus et les gens paraissent si loin... si loin.

Depuis plusieurs mois, la commission Enseignement du Conseil Municipal n'a pas été réunie.

J'ai fait personnellement une demande au dernier Conseil Municipal pour qu'elle puisse être réunie au moins par viséo conférence (on est moins de 10) pour discuter en amont des conditions de la reprise des écoles morlaisiennes le 12 mai, être informé des scénarios, des arguments, du positionnement des écoles et des instits.  

C'est le minimum que l'on peut attendre en étant membre d'une commission municipale qui devrait prendre toute son importance dans cette période-là! 

Déjà qu'elle n'a pas été réunie pour échanger sur les moyens de contrarier la carte scolaire prévoyant la destruction d'un poste à l'école Gambetta.

Mais on ne m'a pas répondu sur le coup en conseil municipal, et il ne s'est rien passé depuis.

Agnès Le Brun gère tout en ligne directe semble-t-il, son adjoint à l'éducation et à la culture, Georges Auregan, semble transparent, contourné en tout cas en maintes occasions depuis des années, et les deux commissions qu'il gère paraissent complètement vidées de leur substance, mais pas contre ça n'empêche pas Mme Le Brun de pontifier à la radio ou à la télé sur la gestion de la reprise des écoles. 

Les associations de parents d'élèves des écoles publiques de Morlaix demandent la mise en place de conseils d'école pour définir les conditions de réouverture des écoles

Ne faudrait-elle pas que Madame Le Maire donne déjà l'exemple dans sa ville et à la communauté d'agglomération?

Chargée des questions d'enseignement à l'AMF, très bien... Mais une commission Enseignement de la ville de Morlaix qui ne se réunit quasiment jamais...

Une demande légitime des conseils d'école et des parents d'élèves d'être consultés sur les conditions de la reprise du 12 mai dans les écoles primaires qui a été balayée avec une remarque caustique sur l'arrivée de la proposition le 1er mai au soir dans la presse et sur les réseaux sociaux, sans même une réponse directe.

Et une commission Enseignement Supérieur qui vaut à Mme Le Brun depuis 12 ans une vice-présidence confortable à la communauté d'agglomération (et les indemnités qui vont avec même si elle n'en fait jamais mention quasiment dans ses présentations officielles et électorales) qui est la commission communautaire, et de loin, qui a été le moins réunie les 6 années précédentes (à peine plus d'une fois par an), ce que M. Thierry Piriou, président de Morlaix-Co, a indiqué à mots couverts lors du dernier conseil communautaire, alors que Morlaix Communauté était une nouvelle fois critiqué par Madame Le Brun qui fait partie de ses vice-présidents, de son exécutif.     

2/ Union sacrée pendant la crise du Covid-19?

Cela fait deux mois que les sacs jaunes s'entassent dans certaines rues et carrefours de Morlaix sans que la ville ait pu trouver un accord avec Morlaix-Communauté pour régler la question, ce qui pouvait se faire avec la mise à disposition provisoire d'une benne par Morlaix Communauté, solution acceptée par toutes les autres communes de Morlaix-Communauté, mais Morlaix préfère laisse pourrir la situation en repoussant la faute sur la "méchante communauté" qui a la compétence déchets mais ne voudrait pas assumer ses responsabilités en débarrassant les sacs jaunes avec ses agents (en l'absence de fonctionnement du centre de tri pendant le Covid 19). En attendant la ville ressemble à un dépotoir dans plusieurs endroits. C'était le même sketch pour la gestion des encombrants... Morlaix-Communauté chargée de tous les maux, à l'origine de tous les problèmes de Morlaix, c'était aussi le discours d'Agnès Le Brun et de ses colistiers sur le marché, en campagne (sur le thème: notre fric part à Morlaix-Communauté qui le gère n'importe comment, imaginez vous tout ce que Morlaix a perdu, c'est pour ça que ça va mal, alors que plusieurs dizaines de millions d'euros ont été investis à Morlaix depuis 6 ans pas Morlaix-Communauté, dans l'intérêt de l'ensemble du territoire: Maison du tourisme, Manu, SEW, Espace des Sciences, rénovation de l'habitat social, pôle gare...).

Cela fait 6 ans que cette guéguerre politicienne empoisonne la région de Morlaix, et empêche la ville de Morlaix et Morlaix-Communauté de travailler en bonne intelligence pour l'intérêt commun du pays de Morlaix.

Or, il est établi que la communauté d'agglomération conservera une majorité de gauche pour les 6 ans à venir. Veut-on prolonger ces pinaillages permanents et stérilisants pour l'action publique pendant 6 ans encore, au risque de voir Morlaix continuer à décliner avec à une gestion polycéphale par un couple qui, sinon se déteste plus ou moins cordialement, du moins se dispute souvent par posture politicienne : une maire de droite et une majorité d'agglo de gauche. Je n'ose imaginer les conséquences d'une réélection d'Agnès Le Brun... En revanche, si Morlaix Ensemble gagne la ville, notre majorité municipale pourrait construire de manière plus apaisée les nécessaires conditions d'une reprise économique et d'un soutien aux acteurs économiques, d'une planification sanitaire, sociale et écologique avec Morlaix-Co. 

Pour ce qui est de l'opposition de gauche à Morlaix, nous ne sommes mis au courant en amont presque de rien, ne sommes associés à aucune décision, et sommes toujours mis devant le fait accompli malgré nos propositions de services réitérées dans cette période qui aurait besoin de rassemblement, ce pourquoi nous n'avons guère polémiqué dans la presse depuis deux mois même si parfois l'envie nous démangeait de souligner certaines impostures et instrumentalisations.

Pour exemple de notre esprit constructif, sur la solidarité vis-à-vis des familles morlaisiennes les moins aisées, nous avons fait des propositions de construction en commun de solutions pour construire cette solidarité auprès des parents d'enfants scolarisés à travers cette question orale au dernier conseil municipal:

Conseil municipal de Morlaix du jeudi 23 avril 2020 - Covid-19 et solidarité : Suspension de l'activité des cantines scolaires pendant la fermeture des écoles: continuer à aider les familles avec de faibles ressources financières.

Question orale présentée par les élus Elisabeth Binaisse, Ismaël Dupont, Hervé Gouédard, Valérie Scattolin, Claire Thomas, Jean-Paul Vermot

Conseil municipal du jeudi 23 avril 2020

Covid-19 et solidarité :
Suspension de l'activité des cantines scolaires pendant la fermeture des écoles: continuer à aider les familles avec de faibles ressources financières.

Nous voudrions que l'on puisse apporter à Morlaix, comme dans d'autres communes de France et du Finistère, une aide directe pour l'alimentation des enfants aux familles qui bénéficient d'habitude de tarifs de cantine à coût subventionné sur critères sociaux dans le cadre des tarifs dégressifs mis en place depuis des décennies dans les cantines scolaires des écoles de Morlaix.

En effet, pour ces familles qui font déjeuner depuis le 16 mars leurs enfants à tous les repas, pendant ce qui aurait dû constituer normalement la période scolaire, le confinement occasionne des surcoûts significatifs, amplifiés encore peut-être par une tendance à la hausse de certains prix en grande distribution, là où auparavant leurs enfants pouvaient manger dans le premier degré pour entre 1€ et 2€/repas pour les tranches 1, 2, 3 du quotient familial (entre – 287 et 551). Ces trois tranches de quotient familial correspondent à la majorité des enfants qui mangent dans les écoles publiques du premier degré de Morlaix et dont les revenus des parents permettent de bénéficier d'une aide municipale importante pour les repas des enfants.

Puisque la crise du Coronavirus induit plus de solidarité, et pas moins, il est normal que la ville n' « économise » pas sur cette aide qu'elle verse d'habitude pendant la crise du Covid-19. Si elle continue à payer bien évidemment le personnel de la cuisine centrale et des écoles, la ville fait déjà un peu d' « économies » sur les achats d'aliments. Bien sûr, un repas n'est jamais facturé au coût réel de fabrication et une Mairie n'est jamais à l'équilibre sur ce poste de dépense mais ce n'est pas non plus le rôle d'un service public à vocation sociale. Dès lors, il nous semble aussi logique que la ville de Morlaix, dans la continuité de sa politique sociale habituelle, apporte une aide alimentaire directe pour l'alimentation des enfants scolarisés dans les écoles qui dépendent d'elle, une aide qui doit être rétroactive et prendre en compte toute la période scolaire ordinaire pendant laquelle les écoles ont été fermées, à destination des familles aux revenus les moins élevés qui ont des enfants scolarisées dans le premier degré.

A titre d'exemple, à Brest, pour les aides alimentaires, sont concernées, dans les écoles publiques, les familles ne payant pas la cantine et celles payant le tarif le plus bas. Pour les enfants ne payant pas la cantine, l'aide représente 150 € par enfant pour 6 semaines jusqu' à fin avril, 5€ par jour  par enfant, 5 jours par semaine. Pour les enfants payant le tarif le plus bas, 120€ par enfant pour 6 semaines jusqu' à fin avril ,4€ par jour et par enfant , 5 jours par semaine. A Brest, le dispositif est mis en place aussi pour Diwan et les écoles privées sous contrat, mais sous réserve de prendre contact avec le CDAS pour voir si elles sont éligibles. Les chèques alimentation sont distribués directement dans les boîtes aux lettres des familles concernées par des agents municipaux. Le budget global pour les 6 semaines s' élève à 300 000 € pour la ville de Brest pour 1300 enfants dont les familles sont aidées. Il sera très certainement prolongé … Le chèque-alimentation est accepté par la majorité des enseignes de supermarché en dehors de LIDL et Leader Price. Les enseignes ne rendant pas la monnaie ,il est recommandé de faire l' appoint ou de les utiliser en une seule fois pour payer l'intégralité des courses. Cette initiative a été soutenue par l'ensemble des groupes politiques brestois. Au Relecq Kerhuon, de la même manière, la ville a décidé de verser un chèque de 150€ par enfant pour compenser les frais qu'occasionnent aux familles aux revenus modestes cette crise sanitaire. Cette initiative vise à accompagner les familles des quotients familiaux 1, 2 et 3. Ces 150€/mois (avec effet rétroactif sur Mars, donc 225€ pour Mars-Avril) sont dépensés dans l'intégralité des commerces du Relecq-Kerhuon (Boulangeries, primeurs, poissonnerie, supermarché, traiteurs etc...) et sont divisibles par 5, 10 ou 50€. Il s'agira de dépenser chaque chèque intégralement à chaque fois. Le tissu commercial de la ville s'est montré volontaire pour cette initiative. Le coût pour la collectivité a été estimé à 63 000€ pour Mars-Avril puis 42 000€ par mois complet d'école. Au total ce sont 282 enfants qui vont être concernés par cette mesure au Relecq-Kerhuon.

Comme le chômage, la précarité, les difficultés sociales, les bas salaires et le chômage partiel, le ralentissement de l'activité, ont un impact encore plus fort pendant cette crise du Covid-19 sur une population morlaisienne qui connaît à une forte proportion une situation économique et sociale fragile, et un impact négatif qui est amené malheureusement à se prolonger un certain temps, la ville de Morlaix devrait selon nous se diriger vers un dispositif d'aide aux familles dont les enfants sont scolarisés dans le premier degré avec des modalités à construire ensemble.

Plusieurs scénarios peuvent être envisagés et discutés. Il serait possible soit d'apporter une aide forfaitaire unique aux familles qui bénéficient des tarifs les plus bas (tranche 1, 2, 3), soit une aide proportionnelle, touchant peut-être plus de famille, en fonction du quotient familial et du niveau de soutien habituel de la mairie sur les tarifs de cantine.

Nous vous demandons Madame le Maire s'il est possible de définir de manière très rapide sur une base trans-partisane à l'intérieur d'un groupe de travail réuni très vite, des critères consensuels pour cette aide à effets retroactifs pour les familles ayant des enfants scolariés dans les écoles maternelles et primaires de Morlaix.

Agnès Le Brun et sa majorité ont décidé avant même que ça puisse être discuté en conseil municipal d'une aide a minima touchant les familles de 60 à 65 enfants scolarisés dans les écoles publiques pour un coût pour la ville de 5000€ à peine, même pas équivalent de l'aide apportée dans le cadre des tarifs dégressifs subventionnés de cantine d'habitude et encore moins des économies réalisés sur les repas qui ne sont plus servis dans les cantines, avec des aides allant de 50€ à 150€ en une fois (et non tous les mois), pour une dotation moyenne de 80€ de chèques pouvant être dépensée pour des courses alimentaires dans les magasins morlaisiens.

C'est un effort de solidarité de la collectivité bien moindre que ce que nous proposions, voulions, et avions envisagé pour notre part avec une aide qui aurait être attribuée aux parents de 150 à 200 enfants d'école primaire, et pour un montant plus élevé comparable à celui de Brest et du Relecq-Kerhuon (150€ par enfant), municipalités de gauche qui déploient une vraie politique sociale contre les conséquences du Covid sur les inégalités. Par ailleurs, cette aide arrive bien tardivement... 

Sur la question de l'accueil petite enfance à Morlaix, nous avons proposé aussi d'être associés à la réflexion sur la gestion des problématiques pendant le temps du Covid, sur la sortie du confinement: Réflexion collective sur les conditions de réouverture de la crèche collective et de la crèche familiale municipale, garanties sanitaires chez les assistantes maternelles de la ville de Morlaix, sécurisation et continuité de revenus pour ces fonctionnaires territoriaux contractuels malgré la perte de nombre d'enfants à garder pendant le Covid.

Résultat, vous ne le devinez sans doute désormais: on ne nous a associés à rien. 

Nous apprenons par la bande qu'il n'y aura pas de garderie dans les écoles le matin et le soir, que la crèche collective du Pôle Petite enfance continuera à être fermé ( notamment car deux puéricultrices n'ont pas été reconduites dans leur contrat), qu'il n'y a toujours pas de protocole sanitaire et d'instruction claire de la ville pour les assistantes maternelles de la ville de Morlaix, qu'on demande aux assistantes maternelles de nettoyer et désinfecter leurs locaux, tout le linge  et tous les jouets chaque soir bénévolement et à leurs frais, qu'on ne donne pas de masques aux membres de leur famille qui vivent dans leur maison, pas plus qu'on ne donne de masques aux parents pour les enfants. Aucune communication ni décision sur les compensations à la perte de revenus des assistantes maternelles de la ville de Morlaix.

On apprend aussi par la bande que la ville de Morlaix ne versera probablement pas de primes à ses fonctionnaires territoriaux qui ont assuré la continuité du service public comme le gouvernement avait semblé le prévoir (sans le financer mais c'est une bataille à mener sur le relèvement des dotations d'Etat aux collectivités et une troisième loi de finances rectificative) pendant l'épisode du confinement sans qu'il y ait eu de réelle discussion là-dessus malgré notre question posée sur ce point lors de la seule réunion informelle d'échanges que nous ayons eu en dehors du Conseil Municipal du 16 avril, 10 jours avant, par viséo conférence.  

Nous avons également demandé à être associés à des échanges avec les structures culturelles et associatives pour évaluer leurs pertes liées aux mesures de sécurité et de santé publique de la période du confinement, total ou partiel, et discuter d'un plan de soutien de la collectivité. Aucune nouvelle. 

Moralité: Agnès Le Brun exclut les élus de gauche de toute participation à la réflexion, à la concertation, aux choix et concentre sur elle et deux trois personnes autour d'elle, pas forcément élus d'ailleurs, tout le processus de décision, sans rendre de compte à quiconque ni mettre en débat.

Et pourtant, de nombreuses questions sont posées.

Par exemple, sur la reprise des écoles, pour éviter des fonctionnements à géométrie variable, pour que cela puisse convenir aux parents (que leurs enfants n'aient pas cours en décalé), pour mobiliser d'autres moyens de la ville (animateurs, structures jeunesse, éducateurs) ou des associations pour retravailler à la socialisation et à la rupture de l'isolement des enfants au moment de la sortie du confinement le 12 mai. De toutes ces questions, nous aurions aimé en parler dans le cadre d'instances de concertation et d'échanges officielles de la ville, fusse par viséo-conférence, mais elles ne se réunissent pas... 

3/ Agnès Le Brun suspend sa campagne?

Elle l'a fait officiellement dans la presse le jeudi 12 mars, annulant son meeting du vendredi, et rétrospectivement elle prétend qu'elle aurait arrêté sa campagne bien avant encore, pour se préparer à affronter la crise du Covid-19, en élu responsable et visionnaire, encourageant même ses électeurs à ne pas venir voter le 15 mars, ce qui expliquerait qu'elle soit arrivée en seconde position derrière la liste d'union de la gauche Morlaix Ensemble conduite par Jean-Paul Vermot, au 1er tour, et ce malgré la présence d'une autre liste de gauche qui a fait tout de même près de 20%, son électorat âgé ne s'étant soi-disant pas déplacé...

Elle a ainsi martelé à la télé, sur les radios, le soir et le lendemain du 15 mars que les résultats du 1er tour des élections municipales n'étaient pas significatifs...

Il y a eu cette interview hallucinante de mauvaise foi d'Agnès Le Brun le 30 mars 2020 sous le titre: "La question de la sincérité du scrutin au premier tour est posée"...

La question du journaliste: Comment se sont déroulés les jours entourant l’annonce du report du second tour des élections municipales ?

Réponse d'Agnès Le Brun: "Dans les jours précédant le 1er tour, nous avons été beaucoup sollicités par les habitants qui manifestaient leur crainte d’aller voter. Pour ma part, le message aux administrés était déjà très clair : ne venez pas, restez chez vous ! J’avais fait le choix de suspendre ma campagne le 27 février et de me concentrer sur la mise en place du plan communal de sauvegarde. Depuis le soir du 1er tour, il n’y a plus aucune réunion physique entre les élus. J’ai mes adjoints au téléphone quotidiennement, nous communiquons à distance. Nous continuons à travailler chaque jour au fonctionnement des services essentiels à la vie de nos habitants et à protéger les plus fragiles".

https://elections.legibase.fr/actualites/interview/la-question-de-la-sincerite-du-scrutin-au-premier-tour-est-posee-108038         

Comment peut-on mentir avec autant d'aplomb?

Agnès Le Brun aurait demandé aux Morlaisiens de ne pas venir voter!!!

Tout est bon pour expliquer sa défaite lors de la première manche. 

Et pourtant, la réalité, c'est qu'à Morlaix les bureaux de vote où la participation a été la moins forte sont ceux des quartiers populaires ( Gambetta 36% de participation; Zoé Puyo 38%; Kerfraval 39%; La Madeleine 40%; Jean Jaurès 43%) et ce sont ces bureaux sont ceux qui votent le plus à gauche.

Et inversement, à Ploujean et au centre-ville, où l'on vote le plus à droite aux municipales (proportionnellement), la participation a été plus forte (49% à Ploujean, 53% de participation au bureau 1 de la mairie). Il y avait le 15 mars manifestement l'expression claire d'un besoin d'alternance et d'un désir de gauche à Morlaix (56,5% de l'électorat cumulé de Morlaix Ensemble et de Morlaix Alternative Citoyenne), et une liste de gauche que les électeurs ont mis en position de tête (Morlaix Ensemble) car ils lui reconnaissaient un projet, une campagne, une tête de liste crédible.

C'est vrai notamment dans les quartiers les plus populaires de Morlaix où Morlaix Ensemble, liste d'union de la gauche (citoyens engagés, PS, PCF, Génération-s), réalise ses meilleures scores:
49% à La Boissière pour Morlaix Ensemble contre 34% à la liste Agnès Le Brun
47% à La Madeleine pour Morlaix Ensemble contre 31% à la liste Agnès Le Brun
44% à Kerfraval contre 33% à la liste Agnès Le Brun

C'est l'expression aussi des échecs d'Agnès Le Brun en matière économique depuis 12 ans, de la limitation, du manque d'ambition et d'inventivité de sa politique sociale et du sentiment qu'ont souvent les habitants du plateau qu'il n'y a que le centre-ville et certaines catégories de la population qui comptent vraiment pour la droite aux responsabilités depuis 12 ans à Morlaix.

Des projets du musée et d'un ascenseur enterré mal financés qui vont coûter des millions d'euros à charge des contribuables, et en attendant, quelles projets sociaux, de vie quotidienne, économiques pour les quartiers populaires de Morlaix?

Depuis deux mois, donc Agnès Le Brun n'est plus en campagne, mais elle fait en sorte qu'il n'y ait que les élus de sa majorité, voire même ses colistiers, qui assurent pour le compte de la mairie le contact avec les personnes isolées vulnérables, les personnes âgées, et les services de solidarité vis à vis de ces citoyens plus exposés potentiellement aux conséquences du confinement. Les propositions de service des élus d'opposition ont été ignorées...

Depuis deux mois, Mme Le Brun communique de manière extrêmement personnalisée sur tout ce qui a trait à la gestion de la crise du Covid à Morlaix.

Il faut ouvrir les journaux où sa photo s'affiche quasiment chaque jour ou regarder la vidéo de ses interventions sur le site et la page Facebook de Morlaix pour avoir les informations.

Difficile d'avoir des infos sur les dispositions prises dans et par la ville sans passer par le filtre de "Super Agnès", en campagne permanente pour refaire son retard sous couvert de combat contre le Covid-19.

Nous avons demandé une information plus objective, moins incarnée, moins politicienne en conseil municipal, peine perdue...

Et quand on distribue les masques aux personnes âgées, il faut que Madame le maire soit là pour le faire en personne, et que les photographes et caméras soient là pour retransmettre l'évènement...

Le pompon, c'est quand Agnès Le Brun est venu se faire photographier lors d'un passage éclair de 20 minutes à la salle polyvalente de Ploujean où avait lieu l'atelier de fabriques de masques avec les bénévoles... dont certains d'ailleurs sont membres de la liste Morlaix Ensemble.

Les masques alternatifs distribués aux personnes âgées (pourquoi d'ailleurs simplement aux personnes âgées, les protections fonctionnent bien quand tout le monde porte des masques, et les masques devraient être distribués gratuitement pour tous?) ne semblent d'ailleurs pas correspondre aux normes AFNOR de protection impliquant 2 épaisseurs minimum de tissus quand fabrication artisanale et non pas une comme ça a été le cas sur les masques distribués la semaine dernière. D'autres défauts remontent depuis la distribution en main propre d'un masque par personne de plus de 65 ans, en présence de Madame le Maire, en échange de la remise de la carte d'identité: effilochage, jeu de bride trop lâche rendant le masque non conforme, forme de masque non validée par le document AFNOR SPECS76 -001.  On ne remet certainement pas en cause le travail dévoué des bénévoles qui ont fait les masques, c'est mieux que rien, mais on peut se demander si l'objectif est vraiment atteint, surtout quand on veut les distribuer de préférence  aux personnes fragiles !!! De manière générale, les équipements de santé publique demandent une fabrication dans des conditions professionnelles et devraient à notre sens être pris en charge massivement et dans des conditions égales pour tous les citoyens, tous les territoires, par l’État, au moins financièrement, avec des productions qui peuvent être locales et décentralisées, mais certifiées conformes, tandis que là chacun se débrouille au petit bonheur la chance et en s'appuyant sur les bonnes volontés, bénévoles bien souvent. 

Ceux-ci ont été photographiés aussi par le correspondant du Télégramme, mais ce ne sont pas ces photos qui ont été choisies mais celle du maire de Morlaix, photographiée en gros plan, alors qu'elle n'a évidemment pas participé elle-même à l'atelier couture... 

J'ai demandé en Conseil Municipal que la gestion des initiatives de la ville dans la période du Covid soit co-animée plus démocratiquement et collectivement en associant l'opposition et que la communication soit moins personnalisée autour d'Agnès Le Brun et de son équipe pour des raisons électoralistes alors qu'on pourrait être toujours dans l'entre deux-tours des élections municipales, mais peine perdue, force est de constater que l'occasion du Covid-19 suite au 1er tour des élections est trop belle pour certains...

Espérons que les Morlaisiens sauront dégager le bon grain de l'ivraie, faire la part entre un volontarisme et un travail effectifs de la municipalité et du maire dans la gestion du COVID, que nous ne contestons pas dans sa réalité, que nous avons salué même si si tout ne nous semble pas également légitime, et les effets d'instrumentalisation médiatique politicienne, et ne pas oublier qu'il y a 12 ans de gestion de la ville avant cette crise du Covid qui l'ont affaiblie de manière importante, de sorte que seule une alternance politique, avec un projet prenant à bras le corps les difficultés de la vile, peut donner des chances à un rebond de Morlaix.

Ismaël Dupont, 10 mai 2020

Partager cet article
Repost0
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 06:07
Pourquoi Trump a besoin de faire de la Chine son bouc émissaire - Par Bruno Odent, L'Humanité - 12 mai 2020
Mardi, 12 Mai, 2020
Pourquoi Trump a besoin de faire de la Chine son bouc émissaire

Critiqué pour sa gestion des crises sanitaire et économique qui ravagent son pays, le président en campagne pour sa réélection multiplie les invectives et les accusations contre la Chine pour détourner l’attention, au risque de l’escalade.

 

Donald Trump ne cesse de hausser le ton à l’égard de la Chine, au risque d’alimenter de dangereuses tensions internationales. Il est allé jusqu’à accuser Pékin d’avoir sciemment laissé échapper le Covid-19 d’un laboratoire de Wuhan pour affaiblir les États-Unis et le monde occidental. De multiples études scientifiques invalident désormais formellement cette thèse. Mais qu’importe, le locataire de la Maison-Blanche et son secrétaire d’État, Mike Pompeo, insistent. Quoi qu’il en soit de l’origine du virus, « l’épidémie, martèle désormais Trump, aurait dû être arrêtée à la source qui était la Chine, mais ça n’a pas été le cas ». Le recours à l’agitation du « complot contre l’Amérique », un standard de l’extrême droite populiste états-unienne qui inspira le fameux écrivain Philip Roth, est actionné pour trouver un bouc émissaire aux menaces que fait peser la gestion de la crise par l’administration Trump sur la vie et l’emploi des citoyens des États-Unis.

Trump revoit sa ligne de campagne pour sa réélection en novembre

Pékin est montré du doigt dans un pays qui déplore dans la pandémie aujourd’hui au moins 80 000 victimes, quelque 1,3 million d’infections avérées et qui compte plus de 30 millions de chômeurs, soit un niveau qui renvoie à celui atteint lors de la Grande Dépression dans les années 1930. L’accusation doit détourner l’attention des responsabilités écrasantes du président dans la gestion de la crise sanitaire et dissuader d’interroger l’incurie d’un système de santé odieusement inégalitaire comme celle d’un contre-modèle social qui fait le plus souvent des salariés une simple variable jetable pour le patronat et les stratèges de Wall Street, obnubilés par leur priorité absolue au principe de retour de rentabilité pour l’actionnaire (shareholder value).

Donald Trump avait fait des performances de l’économie son principal argument pour sa réélection à la présidence en novembre prochain. Les crises sanitaire et économique ont totalement réduit à néant cette ligne de campagne. D’où le forcing auquel il se livre avec la complicité des gouverneurs républicains pour une réouverture rapide de l’économie, au mépris du risque d’une nouvelle flambée de la pandémie et de dizaines de milliers de victimes supplémentaires.

Fébrile, Trump tente de jouer de toute la panoplie de son répertoire, fort étendu au demeurant, de démagogue pour garder la main. Avant la Chine, il s’en est pris ainsi récemment à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à qui il a annoncé, en pleine pandémie, qu’il couperait les vivres en l’accusant d’avoir trop tardé à sonner l’alerte parce qu’inféodée à des intérêts chinois… déjà.

La Maison-Blanche a misé sur le Pentagone pour négocier

Les migrants venus du Mexique sont abonnés de longue date à cette fonction de boucs émissaires, indispensables à la narration politique (story telling) du magnat de l’immobilier. Il use de ce registre au parfum xénophobe à chaque occasion. Mais, surtout, quand il affronte un passage délicat, comme à la veille des élections de mi-mandat en 2018 où le Parti républicain était donné en perte de vitesse. Cette fois, au nom de l’état d’urgence sanitaire, il n’a plus seulement décidé d’étendre et de fortifier son mur de la honte à la frontière sud du pays, mais de carrément interdire toute immigration « pour, dit-il, préserver l’emploi des Américains ».

Loin de se réduire aux dérapages peu contrôlés d’un personnage versatile, ces attaques sont en parfaite cohérence avec une ligne stratégique nationale-libérale aussi précise qu’élaborée. Ce qui rehausse encore les dangers des dissensions croissantes avec la Chine. Donald Trump a beaucoup misé sur le Pentagone pour négocier, dans le cadre de la « diplomatie du deal » qu’il appelle de ses vœux, un retour ou une consolidation de l’hégémonie contestée de l’hyperpuissance. Il a augmenté coup sur coup, depuis son accession au pouvoir, les budgets militaires de 10 %. Ce qui fait des États-Unis le pays dont les dépenses d’armements équivalent à celles des dix puissances qui les suivent, Russie, France, Grande-Bretagne et Chine comprises. Il a consolidé sa force de frappe nucléaire qu’il prétend maintenant banaliser pour un éventuel usage hors dissuasion. Et il a pu achever le « pivot », entamé par Barack Obama, du déplacement du centre de gravité des forces armées états-uniennes sur la planète, du Moyen-Orient vers les pourtours de la Chine.

Un soutien inconditionnel de Washington à Taïwan

Trump met également de l’huile sur le feu d’une relance de la guerre commerciale en menaçant d’instaurer de nouvelles « taxes punitives » sur les importations chinoises. Les stratèges du national-libéralisme au sein de l’administration, comme l’économiste Peter Navarro, ont théorisé depuis des années un rééquilibrage, coûte que coûte, des échanges commerciaux entre les deux pays au profit des États-Unis. Trump a interdit ou fait interdire, par certains des plus dociles de ses alliés occidentaux, toute livraison de matériel par le géant chinois des télécommunications Huawei. Et il a manifesté une intransigeance encore plus autoritaire le 1er Mai dernier en bannissant, au nom de la sécurité nationale des États-Unis, tout achat d’équipements « conçus, développés, fabriqués ou fournis » par des entités agissant sous le contrôle « d’adversaires étrangers ». Ambiance.

Cette exacerbation des frictions fait craindre que l’escalade ne finisse par déboucher sur une véritable conflagration militaire. « La Chine ne sera pas l’Irak », a prévenu, durant le week-end dernier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Pékin, en allusion directe aux capacités de ripostes martiales de l’empire du Milieu.

La virulence des attaques du président des États-Unis est d’autant plus préoccupante qu’elle bénéficie d’une approche quasi consensuelle des élus de l’opposition démocrate sur la question chinoise. Le Congrès a ainsi adopté à l’unanimité au Sénat comme à la Chambre des représentants, où les membres du parti de Joe Biden sont majoritaires, une loi approuvée par le président qui réaffirme un soutien inconditionnel de Washington à Taïwan. Soit une véritable provocation à l’égard de Pékin, qui ne cesse de réaffirmer que l’île est partie intégrante de la Chine.

Bruno Odent
Partager cet article
Repost0
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 06:02
Inde : pour les travailleurs, le monde d’après est un brutal recul (Lina Sankari, mercredi 13 mai 2020)
Mercredi, 13 Mai, 2020
Inde : pour les travailleurs, le monde d’après est un brutal recul

Dans une volonté d’attirer les investisseurs européens et américains, plusieurs États sabordent le droit du travail. A coups de «mesures barbares» dénoncées par la Centrale des syndicats, la course au moins-disant social est lancée.

 

Laboratoire de la haine confessionnelle, l’Uttar Pradesh est désormais la petite officine de la casse sociale en Inde. L’État septentrional, dirigé par le moine extrémiste hindou Yogi Adityanath, a décidé de suspendre, le 6 mai dernier et pour trois ans, trente-cinq lois de protection des travailleurs au prétexte de relancer l’économie et de ne pas laisser au bord de la route les migrants qui ont quitté New Delhi à l’annonce du confinement. Selon le ministre du Travail de l’État, Swami Prasad Maurya, seules quatre dispositions législatives devraient survivre au capitalisme autoritaire qui se dessine dans un pays où les ouvriers des petites usines n’ont déjà pas de contrat de travail et où les inspections sont rares : l’une sur le BTP, deux autres sur les accidents du travail et le paiement régulier des salaires et la dernière sur le travail forcé. Les lois relatives au paiement des primes et au versement des prévoyances deviennent toutefois caduques. Il en va de même pour les lois relatives aux syndicats et au règlement des conflits dans l’entreprise, les contrats de travail, la santé et la sécurité.

Des «conditions esclavagistes»

L’opposition n’a pas tardé à réagir : « Détruire la main-d’œuvre revient à détruire la croissance économique. L’agenda diabolique du BJP (Parti du peuple indien au pouvoir - NDLR) doit être combattu et vaincu pour sauver l’Inde », s’est indigné le secrétaire général du Parti communiste d’Inde-marxiste (CPI-M), Sitaram Yechury. Dans un même mouvement, la Centrale des syndicats indiens (Citu) a dénoncé « des mesures barbares qui visent à imposer des conditions esclavagistes aux travailleurs qui créent réellement la richesse du pays brutalement pillée par les capitalistes et les grandes entreprises ».

4 heures de travail en plus par jour sans augmentation

Le Madhya Pradesh et le Gujarat, également dirigés par le BJP, et le Rajasthan, où le Congrès a la majorité, ont pris des dispositions similaires, dont certaines devront passer par le niveau fédéral avant validation. Les syndicats s’inquiètent déjà de voir une majorité d’États s’engager dans cette course au moins-disant social afin de ne pas faire fuir les investisseurs. Le Madhya Pradesh a ainsi fait passer le temps travail journalier de huit à douze heures sans augmentation de salaire. Grâce à un assouplissement de la loi sur le travail contractuel, les entreprises locales auront la possibilité d’embaucher et de licencier « à leur convenance » mille jours durant. Enfin, les entreprises ne sont plus tenues de respecter les normes de sécurité industrielle et les nouveaux ateliers seront exemptés des règles basiques d’accès aux toilettes ou de congés payés. Mieux, ils n’auront plus besoin d’informer le ministère du Travail en cas d’accident.

Profiter de la défiance à l’égard de la Chine

Cette vague antisociale précède les desiderata du patronat. Vendredi dernier, lors d’une réunion au ministère du Travail, la Confédération de l’industrie indienne a demandé que les salariés qui ne regagneraient pas leur poste faute de mesure de sécurité ou de la poursuite du confinement soient sanctionnés. Le ministre de tutelle a simplement indiqué travailler à de nouvelles dispositions législatives. Derrière cette attaque contre le droit du travail, une bataille du capital indien contre les capitaux européens et américains qui ont suspendu leurs commandes du jour au lendemain du fait de la crise du Covid-19. Le patronat indien se veut à l’initiative afin de faire revenir les investisseurs, voire d’en attirer de nouveaux à la faveur de la défiance qui touche désormais la Chine.

Lina Sankari
Partager cet article
Repost0
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 05:56
Risque d’extinction de communautés indigènes en Amérique latine - Rosa Moussaoui - L'Humanité, 7 mai 2020

Jeudi, 7 Mai, 2020

 « Risque d’extinction » de communautés indigènes en Amérique latine

Rosa Moussaoui - L'Humanité

Les peuples autochtones, déjà affectés par une grande vulnérabilité sociale, économique et sanitaire, sont les plus exposés à la pandémie. Elle se conjugue, pour le pire, à des crimes environnementaux en plein essor.

Il est apparu plusieurs fois en larmes à la télévision, décrivant des « scènes de film d’horreur ». Ce mercredi, Arthur Virgilio, maire de Manaus, la capitale de l’Amazonie brésilienne, submergée par la pandémie de Covid-19, a encore lancé un déchirant appel au monde : « Pendant des décennies, nous avons joué un rôle important pour la santé de la planète, en conservant 96 % de notre forêt d’origine. Maintenant, en retour, nous avons besoin de personnel médical, de ventilateurs, d’équipements de protection, de tout ce qui peut sauver les vies de ceux qui protègent la grande forêt. » Jusqu’ici, l’État d’Amazonas, le plus touché du Brésil, a enregistré, selon les chiffres officiels, 649 décès dus au coronavirus. Le système de santé public est au bord de l’effondrement : plus de 95 % des lits en réanimation sont occupés et la région présente le taux de létalité le plus haut du pays.

Comme redouté, les populations indigènes, déjà affectées par une grande vulnérabilité sociale, économique et sanitaire, sont les plus exposées à la pandémie et à ses conséquences. Certaines communautés en danger interdisent désormais l’entrée de leur territoire aux étrangers, mais le sort des indigènes vivant en zone urbaine, dans la pauvreté, est tout aussi préoccupant. C’est en fait une véritable crise humanitaire qui s’installe.
Pauvre et isolée, l’Amazonie colombienne, touchée à son tour

Depuis l’épicentre brésilien, le coronavirus s’est frayé un chemin dans la forêt, propagé par les intrus : orpailleurs clandestins, pilleurs de bois et grileiros qui profitent de la suspension des patrouilles pour défricher des terres qu’ils accaparent. Pauvre et isolée, l’Amazonie colombienne, touchée à son tour, détient déjà, aux confins sud du pays, le funeste record du taux de Covid-19 le plus élevé, avec 30 cas pour 10 000 habitants. Un bilan probablement sous-évalué, faute de moyens de dépistage. « Ici, il n’y a pas d’eau potable, le système de santé est très précaire. Si le virus se propage, les morts seront inimaginables », se désespère Arley Canas, un Inga vivant dans la réserve d’Uitiboc. L’Organisation nationale indigène de Colombie va jusqu’à redouter un « risque d’extinction » des populations autochtones. L’inquiétude est particulièrement vive pour les communautés isolées. « L es indigènes qui vivent en isolement volontaire sont spécialement vulnérables aux maladies infectieuses, du fait qu’ils n’ont aucune immunité face à la majorité de ces maux », résume Claudette Labonte, une porte-parole de la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien.

    Voir aussi : Brésil. À Manaus, "on se croirait dans un film d'horreur"

La crise sanitaire présente ravive, de ce point de vue, une mémoire douloureuse : celle de la colonisation bien sûr, avec des peuples décimés par les maladies apportées par les conquérants, mais aussi celle des années 1960 et 1970, quand la varicelle, la rougeole et la ­coqueluche, propagées par l’expansion des plantations d’hévéa, semaient la mort, tuant, dans certains villages, jusqu’à la moitié de la population.
Une gigantesque fuite de pétrole brut prive d’eau et de pêche 27 000 indigènes

Pour ces communautés fragilisées, la crise sanitaire se conjugue aujourd’hui pour le pire avec la destruction de leur habitat et des crimes environnementaux en plein essor. Encouragée par Bolsonaro avec son projet de loi qui « propose la libération des territoires autochtones pour l’exploitation des minéraux et des ressources en eau », la déforestation, au Brésil, bat son plein. D’après les données relevées par satellite, elle est en hausse de 71,2 % par rapport à la même période en 2019. Dans un autre registre, en Équateur, plusieurs dizaines de communautés indigènes viennent de saisir la justice contre les entreprises pétrolières et l’État, après une gigantesque fuite de pétrole brut qui a pollué la rivière Napo, un affluent de l’Amazone, privant d’eau et de pêche 27 000 indigènes des ethnies kichwa et shuar, en pleine crise sanitaire.

Avant la pandémie, déjà, les peuples autoch­tones étaient engagés dans une lutte historique pour leur survie . « Il y a longtemps, notre maison a été envahie par des gens qui ne pensaient qu’à la richesse. Ils sont entrés et nous ont tués avec des maladies que nous ne connaissions pas, écrit Francineia Fontes, du peuple Baniwa, dans un texte publié par Amazonia Real. Nous sommes originaires de cette terre et nous sommes fiers d’appartenir à des peuples qui luttent pour délimiter leurs territoires, ­résistent et continuent d’exister. Avec ou sans pandémie, nous continuerons. »

 

Partager cet article
Repost0
13 mai 2020 3 13 /05 /mai /2020 04:29

Jean Le Dû, professeur émérite de Breton et Celtique à l’Université de Bretagne Occidentale, à Brest, est décédé subitement le mercredi 6 mai à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-D’Armor), à l’âge de 82 ans.

Linguiste de réputation internationale, il laisse une œuvre considérable. En particulier un Nouvel Atlas Linguistique de la Basse-Bretagne (2001) ; l’Atlas Linguistique des Petites Antilles (2011-2013) ; Lectures de l’Atlas Linguistique de la France (2005, avec Guylaine Brun-Trigaud et Yves Le Berre) et Métamorphoses : trente ans de sociolinguistique à Brest (1984-2004) (2019, avec Yves Le Berre) et nombre d’autres publications de moindre ampleur.

Il était devenu membre du PCF en 1973 et n’avait jamais depuis renié cet engagement profond. Il considérait le travail scientifique et la diffusion du savoir comme des combats militants contre toutes les entreprises d’aliénation des consciences.

La section du Pays de Brest et la la fédération du Finistère du PCF présentent à sa famille leurs sincères condoléances.

Jean-Paul Cam, secrétaire de section du PCF à Brest, secrétaire à l'organisation du PCF Finistère

 

"Depuis 1947, le groupe communiste à l'assemblée nationale a déposé plusieurs propositions de loi pour le développement des langues et des cultures régionales, dont la langue et la culture bretonne. La dernière date de 1988, elle prolongeait celles de 1974 et 1986. Ce travail fut développé en Bretagne à partir des années 70 sous l'impulsion de l'organisme régional du PCF, le CRAC (Comité Régional d'Action et de Concertation), Louis Le Roux en fut la cheville ouvrière, au cours de nombreuses réunions où se retrouvaient des militants bretons du PCF et des personnes de diverses sensibilités. Parmi tous ceux ayant contribué à l'élaboration de cette proposition de loi je me souviens particulièrement de Félix Leyzour député des Côtes d'Armor, Michel Mazéas maire de Douarnenez, Jean- Marie Plonéis spécialiste de la toponymie bretonne, Yves le Berre universitaire brestois, le cinéaste René Vautier et Jean le Du dont la contribution fut considérable. Et bien d'autres qui me pardonneront de ne pas les avoir cités car ce document fut, en Bretagne, particulièrement travaillé par de très nombreuses personnes et sur une longue période".

Piero Rainero, élu communiste à Quimper, ancien secrétaire départemental du PCF Finistère

 

Ci dessous les lien des articles parus dans la presse régionale.

https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/disparition-de-jean-le-du-professeur-emerite-de-breton-a-l-ubo-07-05-2020-12548661.php?share_auth=3d75b0a717784658eaaf7c27b82a3630&fbclid=IwAR3nA0sNmI0YNZYxO6_MLvTALGLi_H-Yri2pgpkhUY8gVXBBvSYW9rKl-2I

https://www.ouest-france.fr/bretagne/disparition-du-linguiste-jean-le-du-6827091?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3kUqmxmK1MOvJiP_3-5apxjVRSw9mBUBq1XtDX8Mw1AeYzxFG7rLAUIEs#Echobox=1588958900

Jean Le Dû (photo Ouest-France)

Jean Le Dû (photo Ouest-France)

Disparition du linguiste Jean Le Dû

Professeur de breton et celtique à Université de Bretagne occidentale à Brest, il était connu comme spécialiste de dialectologie mais aussi pour avoir écrit « Du café vous aurez ».

Christian Gouérou, Ouest-France, 6 mai 2020

Il était connu du public pour avoir écrit en 2002 un livre pionnier, sous le titre Du café vous aurez, un inventaire des mots et des tournures que l’on peut entendre dans notre région et qui constitue le premier dictionnaire du français de Basse-Bretagne indique Fañch Broudic, journaliste et chercheur.

Jean Le Dû, professeur émérite de breton et de celtique à Université de Bretagne occidentale à Brest et membre du Centre de recherche bretonne et celtique, est décédé ce mercredi à Saint-Quay-Portrieux, à l’âge de 82 ans. Originaire de Plougrescant dans les Côtes-d’Armor, après des études d’anglais à Rennes, il choisit de consacrer sa thèse d’État au breton du Trégor tel qu’il se parle à Plougrescant, dont il a extrait la matière d’un dictionnaire breton français et français breton en deux volumes de 500 pages, paru en 2012 rappelle Fañch Broudic.

Le journaliste précise : Jean Le Dû était un spécialiste de la géographie linguistique et de dialectologie. Il a dirigé les enquêtes de terrain en vue de la réalisation Nouvel atlas linguistique de la Basse-Bretagne. Sa compétence était reconnue à l’international, puisqu’il a été le directeur de la partie celtique de l’Atlas Linguarum Europae. Il a pris une part déterminante à la réalisation de l’Atlas linguistique des Petites Antilles concernant les parlers créoles, notamment ceux de Saint-Barthélémy, la Guadeloupe et Martinique.

Avec son collègue Yves Le Berre, Jean Le Dû a mené très tôt une réflexion sur les rapports entre langue et société en Bretagne. Ils en sont venus à forger le concept de badume (du breton ba' du-mañ, chez nous) pour qualifier les parlers familiers ou de proximité.

Comme il avait appris le gaélique à l’occasion d’un long séjour en Irlande, il avait traduit en français depuis cette langue l’histoire de la vie d’un personnage étonnant de l’Irlande du XXe siècle, Micil Chonrai, dans un ouvrage qui n’avait même pas encore été traduit en anglais"

Partager cet article
Repost0
12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 15:50
Le PCF demande au Ministre Véran la gratuité des masques et leur prise en charge à 100%
Le PCF demande au Ministre Véran la gratuité des masques et leur prise en charge à 100%

Vous trouverez ci-dessous le courrier que Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord, a écrit au Ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, demandant la gratuité des masques et leur prise en charge par la Sécurité sociale.

Monsieur le ministre,


Parmi les mesures de prévention efficaces pour lutter contre la propagation du virus, le port du masque, dans les situations de promiscuité, est désormais considéré comme un impératif par les autorités sanitaires et par le gouvernement.

Des millions de salarié·e·s vont reprendre les transports collectifs et de nombreux élèves celui du chemin vers l'école. Il devrait d'ailleurs être obligatoire pour tout le monde et pas seulement dans les transports ou pour les personnes infectées.

Dans son avis du 6 avril sur la sortie progressive du confinement, le Conseil scientifique déclare : « l'ensemble de la population doit porter un masque dans les espaces accueillant du public ». Encore faut-il que ces protections soient financièrement accessibles au plus grand nombre.

Or, si le gouvernement a bien plafonné le prix de vente des masques chirurgicaux dans la grande distribution, ce prix, selon des enquêtes conduites par les associations de consommateurs, a déjà été multiplié par 6 ou 7 depuis le 15 mars dernier dans les autres circuits de vente. Pour des millions de foyers, il n'est pas envisageable de consacrer entre 30 et 50 euros mensuels par personne pour se procurer des masques en nombre suffisant.

Cette tension provoque un véritable marché noir du masque. Des communes se sont même fait voler leurs commandes, à l'image de la ville de Montreuil dont le chargement à été dérobé avant même d'arriver ! Les maires vont vite devenir les boucs émissaires si leurs administrés n'ont pas accès aux masques.

A ce propos, nous regrettons que l’État n’ait pas pris ses responsabilités pour assurer le doit au masque de chacun et chacune, comptant sur les collectivités locales et sur le marché.

Il est urgent de mettre fin à cette guerre des masques comme à la contrebande qui va se développer au fil des semaines ! La santé de nos concitoyen·nes doit primer et ne pas dépendre de son pouvoir d'achat.

C'est la raison pour laquelle nous souhaitons que l’État prenne la décision de rendre accessibles les masques à toute la population, au même titre qu'il le fait pour l'accès aux soins et aux médicaments.

Ce n'est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un enjeu majeur de santé publique.

Il reviendrait ainsi à la Sécurité sociale d'assumer cette distribution, selon des modalités à définir rapidement, ainsi que la prise en charge des masques à 100%, pour chacune et chacun de ses assurés.

A titre d'exemple, chaque assuré pourrait avoir accès à un bon mensuel, numérique ou physique, lui permettant de retirer son ou ses masques, gratuitement, dans les mairies ou dans les officines, jusqu'à la fin de la pandémie.

C'est à cette condition, et en mesurant bien l'importance d'une telle décision, que nous relèverons au mieux l'immense défi du déconfinement.


Vous remerciant de l'attention portée à cette requête et dans l'attente de votre réponse, je vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre, l'assurance de ma haute considération.

Partager cet article
Repost0
12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 15:40
Lundi, 11 Mai, 2020 - L'Humanité
Penser un monde nouveau. Le temps du « bonheur commun » par Claude Mazauric

 

 

L’Humanité, avec sa plateforme numérique l’Humanite.fr, prend l’initiative d’ouvrir ses colonnes pour repenser le monde, avec l’ambition d’être utile à chacune et chacun d’entre nous. Cette initiative aura des prolongements avec la publication d’un hors-série à la fin de l’été et l’organisation de grands débats publics permettant de prolonger ces écrits. Aujourd’hui, « Le bonheur commun... », par l’historien Claude Mazauric.

 

En 1990, s’effondrait à l’est de l’Europe, après un demi-siècle de guerres et d’affrontements, ce qui avait été le produit d’un demi-siècle de révolution : nombre d’essayistes croyaient y voir l’aube d’un nouveau monde prospère ! Il faut rappeler que l’Union soviétique – et ce qui gravitait autour d’elle –, malgré sa puissance militaro-stratégique, représentait moins de 3 % du commerce mondial et que son actualité révélait un handicap insurmontable : son retard structurel dans ce qui s’esquissait comme « la révolution du numérique » qui accroissait la dynamique du monde « occidental » !

La Chine, alors isolée, sortait d’une « révolution culturelle » subjectiviste et se montrait avide d’asseoir son indépendance politique sur les potentialités d’un « capitalisme » instrumentalisé, bien éloigné de ce qui le caractérisait depuis 1800 : le Parti communiste chinois fit du « capitalisme » un « mode de production » de « biens marchands » fondé sur la radicale mobilisation politique des « forces productives » humaines et matérielles. Ce dispositif, il l’établit sous forme d’« entreprise d’État », par le contrôle des flux démographiques, la constitution des rapports sociaux nécessaires à la réussite programmée… mais sans s’imposer le cadre d’une « formation sociale » ad hoc, bien loin des visions « libéralistes » caractéristiques des révolutions bourgeoises antérieures ! Avec sa population d’un milliard quatre cents millions d’humains, la Chine a gravité au rang de première puissance industrielle.

Malgré son isolement, Cuba avait introduit dans l’Amérique latine un fruit qui en pourrissait le statut d’arrière-cour de la puissance nord-américaine. Seuls des esprits visionnaires avaient imaginé que cela pouvait ébranler la puissance dominante qui contrôlait La Havane depuis Miami ! Aujourd’hui, c’est la crainte plus que l’hystérie qui motive la politique américaine : le duo d’histrions, Trump et Mike Pompeo, traduit en fait la trouille washingtonienne qui atteint tout l’establishment yankee !

Avant 1990, la puissance états-unienne imposait au monde « sa force dominante » : son économie, sa monnaie, son avance technologique, sa diplomatie (appuyée sur la dissémination de sa force stratégique), son attractivité dominaient la Terre. S’exerçait alors sur le monde « sa force dirigeante » : en finançant et orientant l’activité des institutions internationales (Banque mondiale, FMI, principales agences de l’ONU, etc.), en contrôlant les grands systèmes d’alliances : Otan, Moyen-Orient… Tout ce dispositif est aujourd’hui en souffrance, pesant, souvent inutile. C’est le poids des États-Unis qui est devenu insupportable, non son soutien avoué. Quel changement !

Augmentée de la venue d’États qui avaient profité de la chute du « communisme » pour fuir l’orbite russo-soviétique, l’Union européenne est passée aussi sec sous l’hégémonie de l’Allemagne unifiée. Celle-ci réalisait du même coup (et avec l’approbation de la France sociale-démocrate) un ensemble politico-financier piloté depuis Francfort sous l’apparence d’un pouvoir bruxellois et strasbourgeois. L’UE d’aujourd’hui réalise en pleine paix le vieux rêve pangermaniste d’une « Mitteleuropa », usinière, bourgeoise et dominatrice, capable d’imposer cet « ordo-impérialisme de la raison politique » conforme au désir de Bonn et de Berlin. Avec sa chancelière luthérienne d’allure bonasse, jeune fille formée à la sobre école du kantisme-léninien qui marquait la RDA, la « Germania élargie » exerce désormais sa dictature consensuelle comme l’effet d’une victoire de la Raison sur les passions absurdes des Latins et des allogènes : la Grèce en a payé le prix. Le reste de l’Europe, après la churchillienne fronde victorieuse du brexit, en paiera la facture : qui peut en douter ?

Le monde d’hier ne vit plus. À nous d’imaginer la suite…

Les États-Unis d’Amérique sont enfoncés dans une crise, identitaire et structurelle plus qu’économique, qui révèle leur instabilité intérieure, sociale et ethno-culturelle. L’Europe supposée unie est encombrée d’elle-même. Si, face à la pandémie, la Mitteleuropa s’en sort égoïstement plutôt mieux, c’est qu’elle a sucé antérieurement le sang productif de ses partenaires périphériques, épuisés : la France, l’Italie, le Royaume-Uni… dont l’apparente « prospérité » antérieure reposait sur la fable financiariste du profit à haut rendement, de la chasse aux capitaux errants et de la « rente » assurée : nous commençons à subir les effets de la dépendance industrielle et la fragilité d’être devenus une devanture pour touristes.

La « production des richesses matérielles » que mesurait naguère le PNB mais que dévalue la seule référence au PIB (lequel ne mesure que les effets de marché) marque seule la puissance et la capacité de résistance d’une nation : qui l’a oublié ?

Le reste du monde est devenu une simple arrière-cour où l’on peine à comptabiliser les morts et les malades. Avec le peu de souffle qui reste, on se demande qui demain va l’emporter : la Chine, surpuissante et modeste, ou l’un ou l’autre des ci-devant gros débris qui sortira moins usé que les autres de la « domination » exercée hier par feu « le monde occidental » sur le reste du monde ?

Visionnaire, dans ses dernières années, Fernand Braudel synthétisa une théorie transcontinentale de l’histoire de l’emprise humaine sur la Terre. Le modèle proposé valorisait le rôle des périphéries maritimes, les grands espaces de concentration urbaine, les routes, les flux… Son modèle n’intégrait évidemment pas ce que l’on pense réunir aujourd’hui sous le concept d’« anthropocène ». Mais l’une des prophéties braudéliennes ne s’est pas démentie : le monde bascule et les « polarités de demain » ne seront pas celles d’hier !

Le vieil ennemi que je fus (et demeure) du vieil « impérialisme occidental » se réjouit évidemment de sa défaite programmée. Mais sa fin ne suffira à faire naître la joie ! Il faut toujours espérer et s’organiser pour qu’avec demain vienne le temps du « bonheur commun » rêvé par Gracchus Babeuf… Il y a plus de deux siècles ! Quelle force tiendra « ce » pari ?

Penser un monde nouveau. Le temps du bonheur commun par Claude Mazauric (Lundi, 11 Mai, 2020 - L'Humanité)
Partager cet article
Repost0
12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 15:31
Première manifestation post-déconfinement : pour un  masque 100 % Sécu (Mardi, 12 Mai, 2020, Julia Hamlaoui, L'Humanité)
Mardi, 12 Mai, 2020 - L'Humanité
Première manifestation post-déconfinement : pour un « masque 100 % Sécu »

Parlementaires et militants communistes se sont rassemblés devant le ministère de la Santé pour exiger de l’État un accès gratuit à ces protections devenues obligatoires, notamment dans les transports.

 

Premier jour de déconfinement, première manifestation. Armés de pancartes « Protégez les soignants et les citoyens » ou encore « Des masques 100 % Sécu », des parlementaires du PCF, accompagnés de quelques militants – à bonne distance les uns des autres –, se sont rassemblés devant le ministère de la Santé, lundi 11 mai, pour exiger la gratuité des masques. « Une opération coup de poing », plaisante le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, bousculé par les rafales de vent des saints de glace. Le message n’en est pas moins sérieux : « Le port du masque est obligatoire dans de nombreux secteurs de travail, à l’école, dans les transports, les commerces… La gratuité n’est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un enjeu majeur de santé publique », assure le député du Nord, muni de la missive qu’il est venu porter à Olivier Véran. « Nous regrettons que l’État n’ait pas pris ses responsabilités pour assurer le droit au masque de chacun et chacune, comptant sur les collectivités locales et sur le marché », y fustige Fabien Roussel, estimant « urgent de mettre fin à cette guerre des masques comme à la contrebande qui va se développer au fil des semaines ! La santé de nos concitoyens et concitoyennes doit primer et ne pas dépendre de leur pouvoir d’achat ».

Le prix des masques en tissu s’envole jusqu’à 15 euros

Pour beaucoup de foyers, le coût demeure, en effet, bien trop élevé. « Le gouvernement a plafonné le prix des masques chirurgicaux à usage unique à 0,95 euro l’unité. Un montant maximal sur lequel se sont alignées les pharmacies. À ce tarif-là, le budget mensuel s’envole à 85 euros par personne », a relevé, vendredi, l’association de consommateurs UFC-Que choisir qui note qu’avec les tarifs de la grande distribution – 0,50 à 0,60 euro – « le budget mensuel (est) de 45 à 54 euros par personne ». Pas encadré pour l’heure, le prix des masques en tissu s’envole, lui, jusqu’à 15 euros, selon une enquête de 60 Millions de consommateurs.

La Sécurité sociale doit faire face à la situation sanitaire

Sur le perron du ministère, c’est une réponse concrète que les communistes sont venus défendre : « un masque 100 % Sécu ». Le dispositif fonctionnerait via des « bons numériques ou physiques » échangeables « dans les mairies ou tous les points de vente » avec des « prix fixés par la Sécurité sociale pour éviter qu’ils ne flambent », détaille la sénatrice du Val-de-Marne, Laurence Cohen. « Cette gratuité est un nouveau moyen à mettre en œuvre pour lutter contre la pandémie, casser la circulation du virus », insiste Fabien Roussel, selon qui le budget de la Sécurité sociale doit être rapidement revu à la hausse pour faire face à la situation sanitaire.

Dans un mois, qui va distribuer gratuitement des masques ?

Côté gouvernement, après de nombreux changements de pied quant à l’utilité même des masques, le premier ministre a rappelé, jeudi dernier, la prise en charge par l’État de 50 % du coût d’achat par les collectivités territoriales et affirmé qu’ « une enveloppe de 5 millions de masques sera distribuée chaque semaine par l’État, par les préfets, pour les personnes les plus vulnérables ». Si la mesure va dans « le bon sens », selon Laurence Cohen, elle est loin d’être suffisante : « Le problème, c’est que la santé est une mission régalienne. Or, la mauvaise anticipation de l’État n’a pas permis que tous les territoires soient approvisionnés, il n’y a pas d’égalité et, au jour J, tout le monde ne peut pas être équipé. » « Les mairies ont distribué, les régions et les départements aussi… Dans un mois, qui va distribuer gratuitement des masques ? Les collectivités ne pourront plus mettre la main à la poche puisqu’elles ont déjà avancé beaucoup d’argent pour faire face à l’épidémie », objecte également Fabien Roussel. Les parlementaires communistes feront valoir, dès « les prochains jours », leur proposition à l’Assemblée nationale comme au Sénat.

"Réclamons partout et par tous les moyens la gratuité des masques. Il en va de l’intérêt public", Patrick Le Hyaric. @ Bertrand Guay / AFP
Mercredi, 6 Mai, 2020
Pétition. Des masques pour tous, gratuits : l'appel lancé par l'Humanité

L’affaire des masques de protection devient le sparadrap rouge collant aux basques du pouvoir. Pour une famille, le budget peut atteindre plus de 200 euros par mois. Exigeons leur gratuité.

Par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité

 

ll y eut d’abord ces mensonges en série sur leur inutilité pour camoufler une pénurie qui n’a rien de naturelle. Celle-ci découle d’une part de la destruction de nos industries textiles considérées comme dépassées par les grands penseurs du libéralisme et leurs serviteurs au pouvoir depuis des décennies, et d’autre part des choix de réduction des crédits publics poussant au « zéro stock », également présenté comme le nec plus ultra de la modernité. Cette pénurie a mis en danger soignants comme patients. Elle est sans doute responsable de nombreuses contaminations et décès.

Puis, au fil des semaines, le masque est devenu utile, indispensable même, alors que les soignants continuaient d’en manquer. Et le pouvoir souhaite désormais le rendre obligatoire dans les transports publics.

Depuis quelques jours, ce qui n’existait pas tombe par paquets de millions, mais sur les étals des supermarchés, comme produit d’appel pour attirer le chaland qui devra demain reprendre les transports en commun. Le scandale est encore plus gros quand on sait que cette opération a été annoncée tambour battant il y a huit jours dans un communiqué commun de la Fédération du commerce et de la distribution et du secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, et présentée comme un haut fait d’armes. De qui se moque-t-on ? Une commission d’enquête parlementaire doit rapidement faire la clarté la plus nette sur une affaire qui a plus à voir avec le mercantilisme qu’avec la santé publique.

Les masques ne peuvent être des marchandises étalées aux caisses des supermarchés pour grossir le ticket de caisse, attirer et fidéliser les clients. Ils sont un moyen de protection civile et collective, et un outil de santé publique. À ce titre, ils devraient être assurés, en lien avec les collectivités, par les services de la Sécurité civile. Si les travailleurs contraints de reprendre leur activité venaient à contracter le virus faute d’avoir pu accéder à des masques de protection, l’État serait comptable d’une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen nous rappelle que « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». Et, l’article 11 du préambule de la Constitution confirme bien ce « droit à la protection ». En conséquence, les masques doivent être gratuits.

Certains pays européens l’ont décidé. Des collectivités locales également. Pourquoi le gouvernement de la sixième puissance mondiale ne le pourrait-il pas ? Ce pays ou l’argent des dividendes continue de couler à flots, ce pays où l’on peut en une nuit débloquer des milliards pour consolider des entreprises dont la trésorerie est loin d’être à sec. Pourquoi une famille de quatre personnes qui a déjà du mal à joindre les deux bouts doit encore alourdir ses dépenses du mois de 80 à 150 euros pour assurer sa santé et celle des autres ? On nous dit que les prix des masques seront bloqués en deçà de 1 euro, soit peu ou prou leur prix de revient. Pourtant, plusieurs témoignages indiquent que non seulement ce prix est pour l’instant fictif, mais qu’en plus on trouvait en janvier des masques à seulement 8 centimes. Une prise en main par l’État imposant la gratuité couperait court à toute tentative de spéculation.

Réclamons partout et par tous les moyens la gratuité des masques. Il en va de l’intérêt public. Et, pour une fois, appuyons-nous sur cette déclaration de Mme Agnès Buzyn le 29 janvier dernier : « Si un jour nous devions proposer à telle ou telle population ou personne à risque de porter des masques, les autorités sanitaires distribueraient ces masques aux personnes qui en auront besoin. » C’était certes pour cacher la pénurie. Mais, aux actes maintenant ! Lançons un grand mouvement pluraliste pour la gratuité des masques !

Signez ici la pétition : https://www.change.org/p/gouvernement-l-appel-du-journal-l-humanité-pour-la-gratuité-des-masques
 

Par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011