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30 décembre 2020 3 30 /12 /décembre /2020 19:25
Interview de Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, député, dans le Télégramme du 30 décembre 2020

Le PCF a 100 ans : trois questions à son secrétaire général, Fabien Roussel

Le communisme est « plus que jamais d’actualité face aux crises » sanitaire, économique et sociale, affirme le secrétaire général du PCF Fabien Roussel qui n’écarte pas une candidature communiste en 2022, dans un entretien pour le 100e anniversaire de son parti.

Que signifie être communiste aujourd’hui ?


« L’idée communiste est plus que jamais d’actualité, face à la crise sanitaire, au chômage et à la pauvreté. La pandémie et les crises économique et sociale qu’elle va amplifier révèlent l’incapacité du capitalisme à apporter une réponse aux besoins des citoyens. Nous avons plus que jamais besoin d’un nouveau modèle qui mette l’être humain au centre de l’action politique et en finisse avec les logiques financières, pour construire un idéal de paix et de fraternité. Les raisons pour lesquelles le PCF est faible aujourd’hui, c’est que nos adversaires - le monde de la finance, le monde économique - ont été meilleurs que nous dans la lutte des classes qu’ils mènent à l’échelle du monde. Ils ont gagné quelques batailles, le monde ouvrier en a perdu, la lucidité pour le Parti communiste est de l’admettre. Mais le capitalisme a montré ses limites alors que le communisme est encore plein de potentiel. Nous avons 100 ans d’avenir devant nous ».


Le capitalisme a survécu à toutes les crises en sachant se transformer. Est-ce que le communisme sait lui aussi se transformer et se réinventer pour s’adapter aux exigences du XXIe siècle ?


« Le PCF était déjà présent sur la question climatique aux élections européennes de 1989. L’urgence sociale et l’urgence écologique sont les deux défis auxquels nous voulons répondre. Nous devons lier ces deux défis. Un Français sur sept vit en dessous du seuil de pauvreté. Avec la crise sanitaire, le nombre de pauvres va encore augmenter, l’enquête de l’Insee nous le dira. Aujourd’hui, la pandémie sert de camouflage, elle est le prétexte à un vaste mouvement de désindustrialisation avec son cortège de licenciements, ce qui entraîne une colère dans le pays qu’on a du mal à imaginer. On ne répondra pas aux enjeux écologiques et sociaux en restant dans le système actuel. Le capitalisme est générateur de catastrophes sanitaires et climatiques qui seront toujours plus importantes dans les années qui viennent. C’est pour cela que nous voulons inventer un nouveau modèle de société, faire une révolution démocratique, sociale, écologique ».

Au fond, qu’est-ce qui vous distingue des autres partis de gauche, PS ou LFI, et, dans cette optique, quelle sera votre position pour la présidentielle de 2022 ?


« Ce qui nous distingue des socialistes et des insoumis, c’est que nous, on veut une révolution démocratique, pour se réapproprier les niveaux de décision et donner le pouvoir au monde du travail dans les entreprises. On veut que le politique décide, non l’économique. Les grandes lois sociales du XXe siècle n’ont pas pu se faire sans nous. Quand le PCF est faible, les conquêtes sociales se font rares. Donc, il faut reconstruire l’influence du PCF et reconquérir le cœur du monde du travail. En 2012 et en 2017, on a soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Pour 2022, nous tiendrons une conférence nationale, les 10 et 11 avril, au cours de laquelle les délégués se prononceront sur le projet du parti et diront si, oui ou non, ce projet doit être porté à la présidentielle par un communiste ou quelqu’un d’autre. Ensuite, d’ici au 9 mai, nos quelque 50 000 adhérents trancheront. Le choix que nous ferons au printemps aura été soupesé, il sera conduit jusqu’au bout ».

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30 décembre 2020 3 30 /12 /décembre /2020 18:41
Résumé du Congrès de Tours par Roger Héré - 25 décembre 1920

Premier jour

 

Matin,  samedi 25 décembre 1920, 10 h 35

Installation du congrès

Accueil des congressistes, mise en place des commissions et du bureau du congrès

Débat sur l’ordre du jour du congrès

Treint (Seine) , intervient d’entrée au nom d’un nombre important de délégués, pour proposer d’inverser l’ordre du jour du congrès et repousser la discussion sur les rapports  du groupe parlementaire et de l’Humanité après la discussion sur l’internationale. Il considère que c’est la question la plus importante et qu’il convient de la traiter en premier lieu.

Manier, puis Blum, interviennent aussitôt pour dire que la question de l’Internationale ne doit au contraire intervenir qu’en conclusion des débats.

Mothes (Savoie), puis Coen (Seine) soutiennent la proposition de Treint. Rappoport va dans le même sens en précisant que les délégués ont de toute façon un mandat formel de leurs fédérations, et que la question principale ne doit pas être escamotée. Le Troquer (Eure) soutient cette proposition.

Goude (Rhône) propose de maintenir l’ordre du jour.

Deux propositions sont ainsi soumises au vote du congrès

Blum (Hautes Pyrénées) demande un vote par mandats.

Appel nominatif pour le vote

La séance est levée à 12 h 15

Résultat du vote sur l’ordre des travaux

Proposition Treint : pour :  dont Finistère 26 voix

proposition Goude : pour 1 241, dont Finistère 10 voix

Après-midi, samedi 25 décembre 1920, 14 h 30

Frossard propose que sur la question de l’Internationale, chaque fédération vienne à tour de rôle exprimer sa position.

Un débat s’instaure sur la durée que cela va représenter, et donc sur la façon de procéder, chacun approuvant la proposition mais soulignant les difficultés que cela va générer.

Finalement l’audition des fédérations a lieu par ordre alphabétique des départements.

Marmet (Ain) : « Nous avons 32 mandats pour la motion Cachin-Frossard, et 7 pour la motion Blum. La masse paysanne et ouvrière de l’Ain est venue au socialisme pour une transformation dans un avenir qu’elle espère prochain, et que nous offrent seules les thèses de la IIIème Internationale, c’est-à-dire la prise de pouvoir par le prolétariat... »

Max Dormoy (Allier) : « Dans l’Allier une forte majorité s’est prononcée pour nos camarades Blum, Paoli, Brack et Mayéras. Nous souhaitons maintenir l’unité socialiste...à la condition que nos droits et notre liberté de penser seront reconnus par vous qui êtes aujourd’hui la majorité...mais si, par votre ostracisme, par votre arbitraire, vous refusiez les droits de la minorité, alors vous porteriez la responsabilité de la scission que vous auriez voulue et préméditée. »

Gaby (Allier) : « Dans l’Allier, d’un côté il y a les majoritaires qui approuvaient la politique internationale du parti pendant la guerre et le vote des crédits. De l’autre la foule rurale condamnant les méthodes employées par la majorité. Mais la guerre ayant mobilisé les forces vives du parti, celles-ci ne sont pas représentées dans la majorité...Mais ceux qu’on appelle les néophytes, on peut dire qu’ils acceptent sans restrictions l’adhésion à la IIIème Internationale. »

Bergère (Ariège) : « L’Ariège a adhéré à la presque unanimité à la IIIème Internationale...Les camarades sont écoeurés de voir les votes des parlementaires...Il est nécessaire que le Parti ne soit plus une coterie politique comme jusqu’ici. Nous souhaitons que le Parti tout entier aille à la IIIème Internationale.

Philbois (Aube) : « La fédération a voté majoritairement pour l’adhésion à la IIIème Internationale par 46 mandats. Il y a des vieux militants, avec qui nous luttons depuis 30 ans, qui ont voté pour la motion Longuet. Nous avons pensé qu’avant de renvoyer un seul de ceux-là, il faudrait demander la permission de la fédération de l’Aube. »

Vidal (Aude) : « Notre fédération a voté une motion spéciale qui dit que nous adhérons, en principe, à la IIIème Internationale pour y discuter. Nous sommes unanimes pour rester dans l’unité dans les mêmes conditions que vient d’exposer notre camarade de l’Aube. »

Rives (Aveyron) : « Notre fédération s’est déclarée contre toute brisure dans le Parti et pour le maintien de l’unité. »

Veyren (Bouches du Rhône) : «... Sur 113 mandats, 83 sont allés à la motion d’adhésion à la IIIème Internationale...Pour des raisons qui seront développées plus tard dans le fond du débat. Nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle...A Marseille, nous avons eu affaire à de véritables consortiums de candidats. Nous avons eu à subir une dictature occulte qui s’exerçait en dehors du Parti,  et de façon plus lourde, plus humiliante pour les militants que la dictature du Comité central de la IIIème Internationale. Nous avons voulu mettre fin à cette situation lamentable, et nous sommes arrivés à agir contre une situation de fait qui était créée au profit d’hommes particuliers, luttant contre nous, non pas avec des principes, mais au moyen d’arguments spéciaux qui allaient parfois jusqu’à l’intimidation. »

Lucie Colliard (Calvados) : «... Nous nous sommes prononcés en majorité pour la IIIème Internationale... La situation actuelle n’est pas semblable à la situation passée, le Parti n’est plus seulement un parti d’opposition, mais doit devenir un parti d’action où il faut des hommes résolus. Ceux qui voudront rester dans le parti devront se plier à la discipline.

Lerat (Cher) : « la Fédération donne 24 mandats (sur 31) à la motion Cachin-Frossard...Ce sont les campagnes, en particulier le Sancerrois et le Saint-Amandois, les paysans, les petits vignerons et les petits propriétaires, qui votent pour l’adhésion sans restriction à la IIIème Internationale...Aujourd’hui nous sommes antiparlementaires parce que nous constatons l’action néfaste de nos élus...Nous en avons assez d’être des machines à cotiser et de servir les intérêts de quelques individus...Nous en avons assez d’un Parti Socialiste uniquement électoral, nous voulons un Parti Socialiste révolutionnaire…

Roumajon (Corrèze) : Notre fédération rurale comporte plus de 3 000 membres et 85 sections, et vous savez quel a été son vote unanime...Les véritables apôtres du Socialisme sont au fond des campagnes...Ces camarades sont les véritables révolutionnaires car ils sont anticapitalistes, antimilitaristes. Ils étaient hier anticléricaux. Ils le sont encore aujourd’hui, ils sont aussi antiparlementaires...Nous avons mené la propagande paysanne sur tous les terrains d’organisation au point de vue syndical, au point de coopératif, au point de vue socialiste. Nous leur avons appris que grâce à l’administration de ces coopératives, ils pourraient comprendre le communisme et le travail en commun...Nous voudrions considérer le Parti comme une entreprise, non pas de révolution, mais qui se fixe comme but de réaliser le socialisme...Nous voudrions utiliser toutes les forces véritablement socialistes du Parti. C’est pour cela que nous avons inséré dans notre motion une réserve concernant la tendance de nos camarades Longuet-Paul Faure ; nous estimons qu’ils ont une grosse valeur socialiste et qu’ils ont une influences sur les masses...A la veille du congrès de Strasbourg nous étions prêts à aller à la IIIème Internationale. Nous n’y sommes pas allés parce que dans cette motion deux idées nous choquaient : la socialisation de la terre et la révolution immédiate. Nous ne voulons pas dire à nos camarades paysans que nous allons leur socialiser la terre. Aujourd’hui la motion Cachin-Frossard définit bien cette idée. Nous expliquons aux paysans que nous demandons la socialisation des grandes entreprises et que nous voulons, en outre, développer toutes les œuvres collectives à la campagne. Nous estimons être d’accord ainsi avec nos camarades de la IIIème Internationale...Aujourd’hui on ne peut agir dans l’intérêt du Parti qu’en entrant à la IIIème Internationale, qu’en collaborant directement avec nos camarades de Moscou... »

Le représentant de la Creuse : « ... La Creuse est un département rural...La grosse majorité est pour la IIIème...Les paysans creusois...disent qu’il y a actuellement dans le Parti socialiste des gens qui sont plus socialistes de paroles et d’idées que socialistes d’actions et que la révolution, qui est le but du Parti socialiste...En fait ils n’en veulent jamais...Nous avons été dès le premier moment partisans de l’adhésion à la IIIème Internationale...L’accueil que nous trouvons dans les campagnes est des plus chaleureux, des plus enthousiastes...En dernier lieu nous avons été pour la IIIème Internationale parce que nous avons constaté que, pendant la guerre, le Parti, en pratiquant la politique de collaboration de classes, avait complètement fait banqueroute...Nous attendons la résurrection de notre parti, car, en effet, jusqu’à présent, le Parti socialiste n’a pas fait figure de parti révolutionnaire. Demain nous pensons justement qu’il sortira de ces débats une unité vivante et véritable, celle de tous les révolutionnaires décidés à l’action sur tous les terrains contre le régime bourgeois. »

Delagrange (Dordogne) : « ...C’est à la quasi-unanimité que nous avons été à la IIIème Internationale, parce que nous sommes littéralement fourbus du socialisme de guerre, du socialisme grignoteur, du socialisme aux mains rouges. Nous ne voulons pas de ce socialisme-là...Nous voulons l’unité, mais dans une action franchement révolutionnaire...Il faut, à l’heure actuelle, comme pendant la guerre quand il fallait se faire casser la figure, une unité de front, un chef unique, et ce chef unique c’est Lénine!...Je suis certain cependant que le communisme n’est pas une chose unifiée à Moscou...Et que le communisme varie suivant les pays. »

Allois (Doubs) : « La fédération du Doubs votera la motion de la IIIème Internationale, mais au cas où une motion se présenterait,  commune avec la motion Longuet ou toute autre,  la fédération du Doubs voterait cette motion à la seule condition d’une adhésion à la IIIème Internationale. »

Jules Blanc (Drôme) : « La fédération a voté à une grosse majorité la motion Cachin-Frossard...Nous allons par monts et par vaux porter partout la propagande socialiste, et partout nous voyons venir à nous les paysans. Ils viennent à nous avec leurs sentiments tout neufs. Ils sont prêts à prendre la semence communiste et socialiste...Ce que nous voulons c’est la socialisation de la terre. J’ai le courage de le leur déclarer, et je crois faire ainsi œuvre de socialiste en préparant le paysan à savoir ce qu’est le socialisme, le communisme... Nous sommes heureux de constater l’aboutissant logique de Zimmerwald et de Kienthal et l’adhésion immédiate sans réserve à la IIIème Internationale communiste. »

Louis Le Troquer (Eure) : Notre fédération a voté par sept voix en faveur de la motion Jean Longuet. Ensuite la fédération a voté une motion adressant à Jean Longuet un fraternel appel pour qu’au congrès national les différentes fractions du Parti puissent adhérer unanimement à la IIIème Internationale. 

Reynold (Eure) : « ...Le congrès de l’Eure a décidé son adhésion à la IIIème Internationale...Et s’est prononcé contre toute scission.

Hillion (Eure et Loire) : La fédération a donné 14 mandats à la motion Cachin-Frossard pour la IIIème Internationale. Mais s’il y avait des atténuations à cette motion, j’ai l’ordre de voter pour la motion Heine...La Fédération a décidé que s’il y avait des camarades qui veulent s’en aller, ils s’en iraient. On ne ferait rien pour les retenir. »

P.40 (67)

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29 décembre 2020 2 29 /12 /décembre /2020 16:57
100 ans du PCF - Congrès de Tours, adhésion à l'Internationale communiste : comment ont voté les adhérents et délégués finistériens de la SFIO? - par Roger Héré
 
Délégués et votes finistériens au Congrès de Tours - 25 décembre-29 décembre 1920
 
Le point avec Roger Héré
 
S’agissant des délégués Finistériens, la composition de la délégation ne reflétait pas exactement l’opinion majoritaire des adhérents Finistériens, car si l’adhésion à la 3ème Internationale avait été votée très majoritairement dans le département (environ 70%), telle n’était pas l’opinion de la majorité des délégués dont 2 sur 5 seulement y étaient favorables (Guibant, militant du commerce à Brest, et Derrien de La Feuillée), alors que les autres étaient dans la mouvance Longuet/Blum (Nardon, Le Goïc et Masson).
 
Cependant, les votes au congrès ayant lieu par mandats, les délégués étaient porteurs d’un mandat impératif. Les mandats de la fédération pour le vote des différentes motions ont été répartis conformément au vote des adhérents de la fédération.
 

Les délégués du Finistère au Congrès de Tours :

Source: Maitron, article de Georges Cadiou

- Léon NARDON

Né le 12 octobre 1883 à Dumbéa (Nouvelle-Calédonie), fondé de pouvoir de la perception de Brest (Finistère) ; maire socialiste de Brest.

Né à Dumbéa (Nouvelle-Calédonie) où son père, adjudant d’infanterie coloniale, était en garnison, Léon Nardon revint à Brest (Finistère), âgé de quelques mois et c’est là qu’il passa la majeure partie de sa vie. Fonctionnaire du Trésor, puis fondé de pouvoir de la perception de Brest, il fut élu conseiller municipal socialiste de Brest le 30 novembre 1919 ; il avait adhéré au Parti socialiste SFIO en 1905. Il fut élu maire le 10 décembre 1919, mais fut révoqué le 16 février 1920 par décret préfectoral pour avoir refusé d’autoriser une manifestation ayant pour but de déposer une couronne au monument aux morts. Il fut remplacé par H. Masson jusqu’au 20 février 1921, date à laquelle il redevint maire. Il fut réélu en 1925. Léon Nardon est délégué au congrès de Tours, en décembre 1920 et était intervenu le 25 pour critiquer les méthodes des partisans de la IIIe Internationale ; il demeura au Parti socialiste SFIO. Sous son impulsion, en tant que maire de Brest, on assista à la création de l’aérium de Penmarch, à l’extension des colonies de vacances, à la construction de l’école maternelle de la rue de la République, du patronage laïque de Recouvrance, au lancement de l’hôpital Augustin-Morvan.

Il avait été candidat malheureux aux élections législatives de 1924. Sixième sur la liste du Parti socialiste, il avait obtenu 30 932 voix sur 154 362 suffrages exprimés. N’ayant pas été réélu conseiller municipal en 1929, il fut nommé percepteur à Baud (Morbihan) puis à Lesneven (Finistère) en 1932, enfin au Faou en 1934. Révoqué de ses fonctions de percepteur le 24 décembre 1941 sous le régime de Vichy, il fut réintégré après la Libération. Il fut réélu conseiller municipal le 26 avril 1953 sur la liste d’action laïque, démocratique et sociale présentée par le Parti socialiste SFIO qui compta six élus. Il le demeura jusqu’en 1959.

Marié en 1912 à Saint-Marc (Finistère), Léon Nardon mourut le 3 février 1962 à Brest.

 

- Jules Hippolyte Masson, né à Brest le 25 octobre 1875, mort dans à Brest le 4 juin 1966:

Né et mort à Brest : 25 octobre 1875 - 4 juin 1966 ; employé PTT ; maire socialiste de Brest (1912-1920) puis de Morlaix, conseiller général, député (1919-1936) puis conseiller de la République (1946-1955).

 

Fils d’un lieutenant des douanes, H. Masson entra dans l’administration des PTT en 1893, après des études au lycée de Quimper. Dès 1897, il milita à la Ligue des droits de l’Homme et, à partir de 1899, dans le mouvement socialiste qui s’aggloméra en fédération de Bretagne dès l’unité. La fédération du Finistère ne prit son autonomie qu’en 1907. Masson fut un de ses principaux militants et, à partir de 1910, son secrétaire général. En 1913, il la représenta au congrès national de Brest. Mais il n’avait pas attendu l’unité pour se lancer dans l’action corporative et dans les batailles électorales.

Élu conseiller municipal de Brest en 1904 sur une liste de coalition de républicains et de socialistes, il joua un grand rôle à l’Hôtel de Ville où il fut chargé de nombreux rapports. Il organisa l’Association générale des PTT dont il fut le secrétaire. En 1908, il dirigea la grève des postiers de Brest, ce qui lui valut d’être révoqué jusqu’à sa réintégration en 1910. En 1908, il quitta l’Hôtel de Ville.

Candidat au conseil général dans le canton de Brest en 1907, Masson recueillit 1 086 voix contre 2 267 à Delobeau, progressiste. En 1910, dans le canton de Concarneau, il fut battu avec 1 521 voix contre 1 824. Une semaine plus tard, le 31 juillet 1910, au scrutin de ballottage du 3e canton de Brest, il fut élu par 1 368 suffrages contre 1 104 au Dr Houdart, candidat de droite. Mais, cette même année, il échoua aux élections législatives à Quimper. . En 1912, en tête d’une liste socialiste, H. Masson, élu avec vingt-cinq colistiers pour trente-six sièges à pourvoir, devint maire de Brest et le demeura jusqu’en 1920, accomplissant à l’Hôtel de Ville une œuvre hardie d’administration et de réalisations. Au cours de ces années, H. Masson mena une ardente campagne contre le péril de guerre et contre la loi militaire de trois ans. Le 16 novembre 1912, il prit la tête d’une manifestation pacifiste de trois mille personnes défilant dans les rues de Brest aux accents de chants révolutionnaires. Le 11 décembre, le tribunal correctionnel le condamna à deux amendes de 5 et 15 f. Le 12 avril 1913, Masson, maire de Brest, refusa de recevoir le ministre de la Marine Pierre Baudin qui venait présider le lancement du cuirassé Bretagne. Cependant, mobilisé en août 1914, il fit toute la guerre au 128e régiment d’infanterie, puis au 8e régiment du génie et, enfin à la section technique du télégraphe. Le 16 novembre 1919, Masson fut élu au scrutin de liste député du Finistère. Il représenta la fédération du Finistère au congrès de Tours (décembre 1920). Après la scission, il resta avec la minorité dans la SFIO. Avec le même mode de scrutin qu’en 1919, il fut réélu en 1924. En 1928, au scrutin uninominal, il fut élu dans la 2e circonscription de Châteaulin. En tête, au premier tour, avec 4 893 voix contre 3 872 à Lohéac, candidat de droite, 3 329 et 562 aux candidats radical et communiste, il l’emporta au ballottage par 6 505 suffrages contre 6 056 à Lohéac. Il l’emporta plus nettement encore en 1932 contre le même principal adversaire par 6 352 voix contre 5 905 au second tour de scrutin. En 1936, Lohéac, devenu candidat du Parti agraire, le devança : 5 128 voix contre 4 318, le socialiste indépendant et le candidat communiste en recueillant 2 047 et 778. Au scrutin de ballottage, Masson perdit son siège, ne groupant que 5 684 électeurs tandis que 7 098 assuraient le succès de Lohéac. Parallèlement, il fut conseiller général du 3e canton de Brest de 1910 à 1934, date à laquelle il quitta Brest pour se présenter à Carhaix où il fut battu.

J.-H. Masson resta un élu local et un militant. Son activité de résistant pendant l’occupation allemande lui valut d’être arrêté par la Gestapo et interné à Châlons-sur-Marne en avril 1942. À la libération, Masson fut secrétaire général de la Fédération socialiste du Finistère, et participa à ce titre à la conférence des secrétaires fédéraux des 23 et 24 février 1946, et fut désigné maire provisoire de Morlaix. Confirmé dans cette fonction en 1945, il fut battu en 1947 par une large coalition radicale-MRP-gaulliste. Élu sénateur du Finistère en 1946 et 1948, Masson fut à la fin de ce mandat doyen du Conseil de la République. En 1955, en raison de son âge, il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat.

Son dernier grand combat politique, il le mena en 1959 lorsque François Tanguy-Prigent quitta la SFIO pour rejoindre le Parti socialiste autonome. Masson, toujours patron en titre du Breton socialiste, empêcha le député du Finistère de continuer à diriger le journal et de l’utiliser comme tribune, puis il regroupa les éléments restés fidèles à la « vieille maison », qui étaient désorganisés, contribuant à conserver à son parti la majorité des adhérents hésitants qui jusqu’alors suivaient leur député.

 

Louis Derrien de La Feuillée:

Né le 14 février 1885 à Brest (Finistère), mort à Brest en 1932 ; limonadier ; militant socialiste puis communiste puis socialiste du Finistère.

Fils de Arthur, Raymond Derrien, mécanicien, et de Thérèse Jeanne Chapalain, sans profession déclarée ; au recensement de 1906, Louis Derrien vivait avec sa mère, Thérèse, veuve, et ses trois frères et sœur. Il fut garçon limonadier de 1906 à 1910 puis cafetier à partir de 1919. Tl se maria à Brest le 24 avril 1908 avec Félicitée Vennégres Avant la Première Guerre mondiale, Louis Derrien militait au Parti SFIO. Le 30 novembre 1919, il fut élu conseiller municipal et le resta jusqu’en 1925. L’année suivante, il fut délégué au congrès de Tours et assesseur lors de la dernière séance le 28 décembre 1920. Passé au Parti communiste, Louis Derrien siégea au bureau de la section de Brest du Parti, fut élu trésorier fédéral adjoint l’année suivante et délégué au congrès de Marseille en décembre. En 1922, réélu trésorier fédéral adjoint, il fut candidat en octobre aux élections des conseillers d’arrondissement à Brest. Membre du Parti communiste jusqu’au début de 1923, il rejoignit ensuite le Parti socialiste. Franc-maçon, Louis Derrien mourut à Brest en 1932.

- Jean-Marie Guibant:

 

Né le 27 septembre 1888 à Quimper (Finistère) ; employé de commerce ; militant socialiste et un temps très court du Parti communiste dans le Finistère.

Fils d’un journalier, Jean-Marie Guibant travailla comme employé de commerce et se maria à Quimper en août 1919. Membre du Parti socialiste SFIO, il était inscrit, en 1920, sur les listes électorales de Brest. Secrétaire du comité provisoire pour la IIIe Internationale, il fut délégué au congrès de Tours en décembre 1920 et se prononça pour la motion Cachin*-Frossard*. Il participa, en février 1921, au congrès fédéral du Parti. Délégué départemental de l’ARAC, il était également secrétaire du syndicat brestois des employés de commerce. Mais, cette même année 1921, il quitta Brest pour Quimper où il devint, semble-t-il, commerçant, 22, rue Graveran. Le mariage qu’il avait contracté fut dissous le 14 mars 1923. Dès 1922, il aurait quitté le PC.

***

Le Chiffon rouge morlaix du 23 mars 2018

article de Georges Cadiou dans Bretagne actuelle

Le syndicaliste brestois Jean-Marie Guibant et le métallurgiste nantais René Gomichon se firent remarqués par leurs vigoureuses interventions en faveur de la Troisième Internationale au cours du Congrès. Guibant donnait aussi une précision intéressante, à savoir la création d'une section entièrement acquise à l'Internationale Communiste à La Feuillée, près de Huelgoat, dans les Monts d'Arrée, que Siegfried avait qualifiés de "démocratie radicale" . Radicale au sens étymologique et non partisan du terme.

- Fernand Le Goïc, professeur à Nantes, devient maire en 1919 pour la SFIO. Immédiatement, il montre ses préférences politiques : le buste de Jean Jaurès est placé dans la salle du conseil municipal, une rue est baptisée de son nom, et des motions à caractère politique sont adoptées. Par exemple, en avril 1920 le conseil municipal se prononce « Contre les poursuites et représailles infligées aux cheminots grévistes ». Puis, il « Proteste énergiquement contre la reprise des relations avec le Vatican ! » Ces délibérations sont annulées par le préfet, inaugurant ainsi le début de relations tendues entre les élus douarnenistes et l’autorité préfectorale. Le congrès de Tours en décembre 1920 vient bousculer fortement la gauche bretonne. Les débats sont très animés au sein de la SFIO. Si du côté des élus socialistes et des vieux adhérents on est en majorité contre l’adhésion à la IIIe Internationale, du côté de la base militante, c’est le oui à Moscou qui l’emporte. Au final, 2/3 des délégués bretons siégeant à Tours se prononcent en faveur de l’adhésion.

La scission entre socialistes et communistes a des répercussions à Douarnenez. Au sein de la municipalité, le maire Fernand Le Goïc est resté fidèle à la « vieille maison » SFIO. Il ne peut désormais s’appuyer que sur une minorité d’élus car la majorité du conseil a opté pour le communisme (Section française de l’Internationale communiste). Suite à plusieurs invalidations de conseillers municipaux et du maire, pour non-résidence à Douarnenez, de nouvelles élections se tiennent en juillet 1921. Et c’est le parti communiste qui l’emporte : Sébastien Velly est élu maire. Douarnenez devient ainsi la première municipalité communiste de France. Mais cette victoire ne doit pas masquer une réalité : Douarnenez est une exception en Bretagne. Affaiblis après la scission de 1920, les socialistes bretons se sont réorganisés et regagnent des voix sur les communistes.

Les votes des Finistériens au congrès de Tours
Les délégués

- 36 mandats au total pour le Finistère

- 5 délégués : Guibant, Derrien, Nardon, Le Goïc, Masson


Classement des fédérations

Au classement des fédérations par nombre de cartes prises au 1er octobre 1920, le Finistère occupe le 28ème rang sur 96, avec 1 500 cartes.

Le Finistère occupe le 23ème rang des fédérations par rapport à l’augmentation des cartes entre décembre 1919 et fin septembre 1920 ( au 31 décembre 1919, la fédération du Finistère comptabilisait 900 cartes).


Sur l’adhésion à la IIIème Internationale

1) Motion Cachin-Frossard et du comité pour la 3ème Internationale
                                  * total des votes pour :   3 208
                                  * dont Finistère :                 25

                                
2) Motion du comité  de la reconstruction (Longuet) ,
                                  *  total des votes pour :   1 022
                                  * dont Finistère :                  11

3) Motion Leroy-Heine
                                  * total des votes pour :          44      
                                  * dont Finistère :                     0

4) Abstentions
                                  * total des votes  :                 397
                                  * dont Finistère :                      0

5) Absences
                                  * Nombre total de mandats :   32 (dont 4 Côtes du Nord)
                                  * dont Finistère :                       0

6) Motion Pressemane

                                  * Nombre total de votes :       60
                                  * dont Finistère :                      0


NB : aussitôt après le vote, Leroy intervient pour indiquer que les 44 mandats de sa motion sont à rajouter à la motion pour la 3ème Internationale.


Sur une réponse au télégramme de Zinovieff

1) Motion Mistral
                                  * total des votes pour :   1 398    
                                  * dont Finistère :                 11

2) Motion Renoult
                                  * total des votes pour :    3 247   
                                    * dont Finistère :                25


3) Abstentions

                                    * total des votes :              143
                                    * dont Finistère :                  0

4) Absences

                                    * total des mandats :          29 (dont 4 Côtes du Nord)
                                    * dont Finistère :                  0
                          

 

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 16:37
Accord de Brexit: les paradis fiscaux ont de beaux jours devant eux ! (Fabien Roussel - PCF)
COMMUNIQUE DE PRESSE
 
 
Accord de Brexit: les paradis fiscaux ont de beaux jours devant eux ! (Fabien Roussel - PCF)
 
Alors que la pêche a occupé une grande partie des négociations pour trouver un accord de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, bizarrement, la finance a été ignorée. Le projet des financiers anglo saxon d'avoir un super paradis fiscal aux portes de l'Union européenne demeure !
 
Dés l'accord signé, Boris Johnson a meme annoncé dans un quotidien anglais son intention de multiplier les ports francs, à taxation ultra légère pour concurrencer les ports européens !
Il faut dire que depuis plusieurs années La City et plusieurs capitales européennes se livrent une concurrence sans merci pour attirer les capitaux en proposant les meilleurs schémas d'optimisation fiscale.
A ce jeu, La City était déjà très bien placée: elle est la première place financière mondiale sur le marché des capitaux. 7000 milliards de dollars y sont échangés chaque jour ! Et la place londonienne réalise 60% de toutes les opérations liées aux marchés européens des capitaux.
 
Mais c'est surtout un paradis fiscal bien connu des fonds d'investissements et de toutes les grandes multinationales qui y délocalisent leurs bénéfices, afin d'éviter de payer les impôts là où ils sont installés.
 
La City sert en effet de passerelle pour transférer ces bénéfices dans les îles britanniques telles que les Caïmans ou encore Jersey, située à quelques encablures des côtes françaises. Ces juridictions britanniques sont des paradis fiscaux notoirement connus. Les Îles Britanniques accueillent 6000 milliards d'actifs en leur proposant un taux d'imposition moyen sur les bénéfices à 1,73%.
 
Avec ou sans accord, le Brexit a ouvert une guerre entre paradis fiscaux, entre la City et les pays de l'Union à taux d'imposition quasi nul tel que le Luxembourg, l'Irlande ou les Pays Bas.
Et plus rien ni personne n'empêchera maintenant La City d'adopter ses propres règles fiscales, même si les milieux financiers doivent pour cela ouvrir une succursale au sein de l'Union européenne .
Dans cette guerre, les grands perdants seront les peuples : la fraude et l'optimisation fiscales coûtent 80 à 100 milliards d'euros au budget de la France, tous les ans et près de 1000 milliards d'euros aux pays de l'Union européenne. A l'heure de la lutte contre la pandémie, cette guerre au « moins disant fiscale » est indécente, scandaleuse. Elle
devrait susciter l'indignation générale.
 
Sur les 1500 pages de l'accord de Brexit, il aurait pu y avoir quelques propositions pour attraper des gros poissons de la finance qui privent les pays de l'Union européenne de plusieurs centaines de milliards d'euros d'impôts par an.
 
Il est urgent d'établir des règles fiscales identiques dans tous les pays de l'Union européenne et de mettre des filets de sécurité à la circulation des bénéfices réalisés dans nos pays. L'imposition à la source des bénéfices de ces multinationales reste à ce jour la meilleure solution, comme nous l'avons formulée dans une Proposition de loi déposée en 2019. Une occasion de régler ces pratiques malhonnêtes vient d'être manquée dans les négociations autour du Brexit. L'exigence des peuples pour une vraie justice fiscale en Europe n'a pourtant jamais été aussi forte.
 
L'argent existe et il coule même à flots pour une minorité qui fait tout pour échapper aux impôts. Ayons le courage de s'attaquer à ce fléau. C'est comme cela que nous pourrons répondre aux besoins humains, financer nos services publics et relever le défi écologique.
 
 
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,
 
Paris, le 28 décembre 2020.
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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 14:33
Article de Delphine Van Hauwaert, Ouest-France, 28 décembre 2020

Article de Delphine Van Hauwaert, Ouest-France, 28 décembre 2020

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 14:30
Ouest-France, Delphine Van Hauwaert, 26 décembre 2020

Ouest-France, Delphine Van Hauwaert, 26 décembre 2020

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 14:11

Débat animé par Fanny Chartier de la revue Progressiste Alain Pagano, responsable à l'écologie du PCF André Chassaigne, député

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 14:07

L’immeuble de la direction nationale du PCF, place du Colonel-Fabien, fut tout un temps espionné par les services secrets américains. Un fonds d’archives l’atteste. Retour sur une affaire qui fit du bruit au milieu des années 70.

 

Tout s’arrête en janvier/février 1976. Pourquoi ?

L’agence doit réaliser au fil des semaines qu’il se passe quelque chose d’anormal dans la surveillance du siège du PCF. Chaque fois qu’elle marquait un point (par exemple avec la pose d’un micro dans la voiture de Marchais ou l’établissement d’un contact apparemment prometteur avec un homme du service Entretien), cet avantage était contré assez vite : la voiture « sonorisée » est changée, la taupe est « remerciée » et ne travaille plus à Fabien. Bizarre. Les paranos de la CIA flairent l’embrouille. Car tout se passe comme si le Parti avait un espion chez les espions si l’on peut dire. Marchal finit par être soupçonné. On sait (il l’aurait dit à Guérin et Durand ?) qu’il passe à nouveau au détecteur de mensonges avec un spécialiste venu tout exprès de Francfort. Trois jours de passage au détecteur, c’est dire si ses employeurs avaient un gros doute.

Ensuite Marchal disparaît. On ne sait pas ce qu’il est devenu.

Lui n’a pas dû être étonné d’être soupçonné par l’agence, il s’y attendait.

Dès l’été 1975, selon les archives, il se sent filoché, pense que son téléphone est sous écoute. Il en parle à Guérin, lui demande si c’est le PCF qui le piste ? Il ne doit pas trop y croire et sent bien que c’est sa maison-mère qui l’a à l’œil.

Marchal savait qu’il exerçait un métier précaire… Il s’y attendait et il s’y préparait. Marchal a le sens de la débrouille. Un jour il parla d’un proche (un autre espion) qui avait travaillé pour la sécurité de l’Otan, qui avait réalisé des centaines de fiches, prêtes à être vendues ou publiées…

Et on apprend, toujours à la lecture des archives, qu’il avait une habitude : il déposait systématiquement dans un coffre en Belgique le double de tous ses rapports à la CIA, de tous ses contacts avec les gens de l’agence et il menaçait, c’est ce qu’il dit à Guérin, de publier ses mémoires si on lui cherchait des poux. « Je tiens pas à me faire descendre », avouera-t-il textuellement.

Le fait est que, vers la fin janvier 1976, le contact avec Marchal est coupé. Et le 16 février 1976, sur une pleine page du quotidien l’Humanité, Alain Guérin fait sensation en révélant l’essentiel de l’affaire sous le titre « Opération Aquarium : comment à Paris la CIA espionne ». Il y détaille les diverses formes de l’espionnage américain et politise l’affaire. On se permettra cette courte citation : « Lorsque nous avons eu connaissance des faits dont nous venons de donner quelques exemples on ne saurait dire que nous avons été à proprement parler surpris ; nous savions depuis longtemps que l’espionnage et la provocation contre les partis communistes et les organisations de gauche sont, selon le mot de Philip Agee (ex-agent), « le pain quotidien opérationnel de pratiquement toutes les stations de la CIA ». On remarquera toutefois que cette réflexion d’Agee concerne plus spécialement la région du monde où il a été en fonction, une région précise, l’Amérique du Sud, dont on sait qu’elle est considérée depuis longtemps par l’impérialisme nord-américain comme sa « chasse gardée ». Alors une question se pose : la France doit-elle aussi désormais être considérée comme telle ? Le pouvoir giscardien en est-il arrivé à un stade supérieur de l’atlantisme où les services spéciaux des puissances de l’Alliance ne se borneraient plus à fournir aux Américains des renseignements sur les communistes et à leur prêter main-forte à l’occasion - ainsi que le rappelait encore récemment le Washington Post - mais où les États-Unis pourraient disposer du territoire de leurs « alliés » comme d’un pays conquis où la France serait devenue une zone colonisée dans laquelle ils auraient toute latitude d’installer leurs propres services pour « doubler » les services français sans doute considérés en l’occurrence comme débiles ? »

Guérin ne donne alors pas le nom de Marchal (il le donnera des années plus tard dans son dernier livre). Sans verser dans le romantisme, on peut émettre ici deux hypothèses. Guérin (et le PCF) dit en quelque sorte aux Américains via cet article : Un, on est au courant de vos combines, maintenant vous arrêtez les frais (d’espionnage). Deux, on est au courant pour Marchal, laissez-le en paix.

Il y aurait toujours une famille Marchal qui réside dans cette partie de Belgique, non loin de Givet, selon Dominique Durand, qui ajoute : « Si Marchal était son nom véritable. » En effet, rien ne prouve que les papiers qu’il avait présentés à Guérin et Durand étaient vrais. Son passeport par exemple avait été renouvelé à Bujumbura, au Burundi, ancienne colonie belge devenue récemment indépendante.

Cette histoire n’est pas une fiction, répétons-le. Un beau fonds d’archives à Fabien le prouve. Voir aussi l’article cité de l’Humanité du 16/2/1976 ; le livre d’Alain Guérin « Ne coupez pas, je raccroche » aux éditions Le temps des cerises (épuisé, dit-on). Un autre ouvrage rend assez bien l’ambiance de l’époque : « Le péril rouge. Washington face à l’eurocommunisme », Frédéric Heurtebize, PUF (2014). Ajoutons enfin qu’un documentaire télévisé sur l’opération Aquarium, réalisé par le journaliste Nicolas Bourgoin, comprenant un long entretien avec Dominique Durand, est en préparation ; il devrait être programmé début 2021.

Gérard Streiff

 

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 13:49
Histoire. Hors les murs, à l’assaut de toutes les Bastilles - Jérôme Skalski, L'Humanité, Dimanche 27 décembre 2020,
Histoire. Hors les murs, à l’assaut de toutes les Bastilles
Dimanche 27 Décembre 2020
Acte de naissance du PC-SFIC et futur PCF, le congrès de Tours du mois de décembre 1920 marque de ses enjeux l’identité du mouvement communiste et ouvrier français.
 

Nées le 14 juillet 1889 à Paris, sous l’égide de Friedrich Engels, l’Internationale ouvrière et sa promesse de fraternité universelle, fondée sur l’union et l’émancipation des travailleurs de tous les pays, se sont fracassées, un soir de juillet 1914, sur le mur de la guerre.

Il avait pourtant déclaré « la guerre à la guerre » en 1912, au son des cloches de Bâle, à l’occasion du congrès des partis socialistes pour la paix. Dans un ciel lourd de menaces du fait de l’exacerbation des tensions entre les nations impérialistes européennes depuis le partage colonial de l’Afrique et de l’Asie à la fin du siècle précédent, cet appel avait été suffisant pour les faire reculer, face à la menace du refus de la classe ouvrière européenne de participer au massacre annoncé par les canonnières. Deux ans plus tard, huit jours après la manifestation pacifiste massive du 27 juillet 1914 organisée par la CGT sur les grands boulevards parisiens et quatre jours après l’assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, c’est l’ensemble du groupe parlementaire de la SFIO qui vote les crédits de guerre et l’état de siège. La guerre, déclarée la veille par l’Allemagne à la France, rencontrait le front de l’Union sacrée, à laquelle se ralliaient ceux qui étaient les plus farouches opposants au conflit redouté. « Déroute politique et morale allant jusqu’à l’anéantissement », selon les mots de Rosa Luxemburg, les représentants du parti social-démocrate d’Allemagne au Parlement de l’empire de Guillaume II – SPD, parti frère de la SFIO – se rallient également à la guerre et à la Burgfrieden qui se dessine en miroir de l’Union sacrée, de l’autre côté de la ligne bleue des Voges.

Comme en témoigne le nombre de morts dont les noms sont inscrits sur les monuments funéraires du moindre village français, la guerre laissera sur le pays une balafre ­indélébile avec près d’un million et demi de tués et 300 000 victimes civiles. En Allemagne, on dénombrera deux millions de soldats tombés au front et plus de 420 000 victimes ­civiles. De toutes parts, des gueules cassées, des milliers de crimes sans témoin et des blessés innombrables. À l’échelle mondiale, une saignée démographique de près de 20 millions de victimes aggravée par l’épidémie de grippe espagnole, qui se répand sur des populations exsangues.

À l’écart du déchaînement de la fureur guerrière, quelques membres, minoritaires, du mouvement socialiste et ouvrier s’engagent pour une alternative révolutionnaire à la guerre avec la conférence de Zimmerwald, en septembre 1915, la Conférence de Kiental, en avril 1916, et la conférence de Stockholm, en septembre 1917. Deux révolutions en viendront à bout. La première s’engage sur le territoire du tsar, en février 1917, et rebondit en novembre de la même année sous le nom de révolution d’Octobre. La deuxième, annoncée par les mutineries de Kiel à l’automne 1918, poussera à l’abdication du Kaiser, le 9 novembre 1918, trois jours avant la signature de l’armistice, signé dans la clairière de Rethondes. Il aboutira, après l’écrasement de la révolution spartakiste, en janvier 1919, à la création de la République de Weimar. Mais, c’est partout en Europe que s’élève la « menace » révolutionnaire. En Hongrie, en Irlande, en Italie.

L’année 1919 est forte de ses mobilisations sociales

En France, malgré la domination politique du bloc nationaliste au sortir de la guerre, l’année 1919 est forte de ses mobilisations sociales avec un puissant 1er Mai revendicatif, réunissant un demi-million de manifestants à Paris scandant des slogans révolutionnaires. Les syndicats se renforcent avec une CGT qui triple ses effectifs d’avant guerre. La SFIO, qui avait vu ses effectifs décliner pendant la guerre, en recense 50 % de plus qu’en 1914, et, malgré la chambre bleu horizon qui s’impose au scrutin législatif de novembre 1919, gagne 300 000 voix de plus qu’en 1914 avec 21 % des suffrages exprimés.

Dans ce contexte, la création de l’Internationale communiste), en mars 1919 à Moscou, est un défi lancé au mouvement révolutionnaire. Si l’appel au ralliement de la SFIO à l’IC et sa transformation en Parti communiste, qui constitue en filigrane une des principales options proposées au congrès de Tours du 25 au 30 décembre 1920, lui répondent à l’ombre à la fois de la révolution d’Octobre et de la monstrueuse Première Guerre mondiale, l’existence, en France, d’un Parti communiste qui assume son acte de naissance est un témoignage de fidélité non seulement envers soi, mais un fait qui reconduit l’esprit auquel il participe, sortant sans cesse hors les murs de la « vieille maison » réformiste et à l’assaut de toutes les Bastille présentes et à venir, à celui de la Révolution française.

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 13:33
Photo Gladys Grelaud

Photo Gladys Grelaud

ll paraîtrait qu'il existe un spécialiste du communisme dans le Finistère.

Le saviez-vous, c'est Bernard Poignant, ancien maire de Quimper, proche de Jacques Delors, de Jean-Yves Le Drian, de Dominique Strauss-Kahn et de François Hollande, soit de l'aile droite du Parti socialiste qui depuis 50 ans cherche à acculturer les pratiques du pouvoir des socialistes pour les rendre compatibles avec les intérêts de la finance, l'Europe de l'austérité, et le réalisme économique néo-libéral. Et qui a imposé Maastricht et le Traité de Lisbonne au peuple français pour plier la politique aux sacro-saintes exigences des marchés financiers et des banques.

C'est en tout cas à l'ex-maire de Quimper, ancien député PS du Finistère, ancien ministre, ancien conseiller général, régional, européen, conseiller de François Hollande en 2017 qui a soutenu Emmanuel Macron en 2017 que le Télégramme a donné la parole sur une moitié de page de tribune politique le mardi 22 décembre.

Pour parler des 100 ans du Parti communiste et du Congrès de Tours de décembre 1920, il n'y avait certainement pas de voix plus indiquée et d'avis plus compétent!

Bernard Poignant est certes historien de formation, comme un certain Jean-Yves Le Drian qui, avec lui, a contribué à créer le macronisme, nouvelle synthèse politique néo-libérale autoritaire réalisant superficiellement un rêve de dépassement du clivage droite-gauche, mais comme lui, il est emblématique de cette tradition bretonne du PS issue du catholicisme et de la petite bourgeoisie, qui a toujours été viscéralement anti-communiste, hostile au marxisme, à l'intérieur même de la mouvance socialiste, favorable à un Bad Godesberg du PS à l'instar du SPD résolument social-démocrate et favorable à l'économie de marché libérale.

Dans sa tribune, Bernard Poignant énonce un certain nombre de faits historiques incontestables sur le contexte du Congrès de Tours, sur les causes de la scission, et sur les conséquences du recul du Parti communiste et la disparition de l'URSS dans le triomphe du capitalisme financier et de son cortège d'inégalités.

Dire en versant quelques larmes de crocodile que le "capitalisme n'a plus d'adversaire" est néanmoins faux, d'abord parce que les communistes et les idées communistes, qui ne sont d'ailleurs pas l'apanage du seul PCF, loin s'en faut, n'ont pas disparu, ni en France, ni dans le monde - même si le rapport de force est certes très dégradé et dissymétrique.

Il existe aujourd'hui des manières multiformes, plus ou moins novatrices, de combattre le système capitaliste et de penser son dépassement et d'y travailler, la dimension pathogène et anti-démocratique de celui-ci étant d'ailleurs assez largement reconnue, avec le scandale moral des inégalités de plus en plus énormes qu'il génère, quand vingt milliardaires possèdent autant de richesses que la moitié de l'Humanité et que la pauvreté progresse dans de nombreux pays du sud comme dans les pays riches là où quelques profiteurs de guerre économique ne cessent de s'enrichir, et avec les nouveaux enjeux de la crise écologique, de plus en plus universellement perçus.

Le communisme est mort, dit-il, et pourtant le Parti communiste compte aujourd'hui plus d'adhérents que le Parti socialiste, qui a finalement subi que le contrecoup de ses compromissions et de ses abandons.

Notre déclin date de plus loin des années 1980, et le PS et ses expériences du pouvoir, notamment le tournant de la rigueur, y ont amplement contribué dans un contexte de rivalité et de volonté d'affaiblissement du courant communiste assumée par Mitterrand notamment, mais aussi par les rocardiens ou trans-courants.

Plus récemment, encore qu'il y a eu des étapes depuis le début des années 80 et une montée crescendo de la déception, marquée parallèlement par l'augmentation de l'influence du FN, puis du Rassemblement National, ce sont les politiques de trahison des promesses et des valeurs de gauche et des attentes populaires qui sont responsables du récent déclin de l'influence électorale nationale du Parti socialiste, ainsi que le choix de beaucoup de cadres de soutenir un homme de droite en la personne d'Emmanuel Macron. Nous avons des responsabilités dans notre affaiblissement, nous les communistes, sur le plan national comme international, c'est une évidence, mais nous n'étions pas non plus les seuls en piste et il y avait des adversaires puissants, à commencer par la classe capitaliste et ses alliés ou serviteurs, en politique ou dans les médias.   

Ce qui nous semble le plus contestable dans l'argumentation de Bernard Poignant, c'est l'équivalence facile et rebattue qu'il pose entre communisme et totalitarisme, ou dictature: "le plus gros reproche à faire au communisme, c'est d'avoir échoué dans ses intentions généreuses et réussi dans sa pratique totalitaire", écrit-il en conclusion de son article.

On le sait, les idées communistes ont, dans des contextes post-révolutionnaires et de guerre civile, souvent servi à cautionner des pratiques dictatoriales et parfois des entreprises politiques criminelles qui étaient une caricature des idées marxistes et communistes, et de notre projet de société qui vise à amplifier et à égalité les libertés et à développer les potentialités humaines, pas à transformer la société en caserne ou en camp de redressement. Mais dire tout simplement que les communistes ont échoué, c'est vite dit, et c'est méconnaître l'apport des communistes à la société française, très profond, ce que nos adversaires idéologiques, les ultra-libéraux français ou américains, savent d'ailleurs reconnaître ... pour le déplorer bien sûr.

Front populaire, résistance, conseil national de la Résistance, conquêtes sociales de 1968 et 1981, rien de tout cela n'aurait été possible sans les communistes...

Congés payés, réduction du temps de travail, droit syndical, élévation du niveau de vie des travailleurs, grands services publics, Sécurité sociale, retraites solidaires, accès aux loisirs, au sport et à la culture pour tous, droit de vote des femmes, combat contre le racisme et le fascisme, contre le colonialisme et l'impérialisme, les régimes d'apartheid, notamment en Afrique du Sud, autant de combats qui ont pu être victorieux au XXe siècle grâce au volontarisme, aux idéaux et à la force d'organisation des communistes, à leurs belles idées d'émancipation du monde du travail et d'égalité humaine.

Nous ne l'avons pas fait seuls, mais dans des contextes où l'influence acquise par les communistes et de leurs exigences sociales pesaient lourd.

Les périodes où les communistes ont été en mesure de faire gagner, par leur pratique du rassemblement, les idées de gauche et sociales en France ont été des grandes périodes de progrès civilisationnel et culturel en France. 

Les dérives dictatoriales des partis communistes au pouvoir en URSS, en Europe de l'est et en Asie, qui doivent aussi s'analyser à l'aune d'un contexte d'adversité et de guerre, ne sont pas le seul bilan du communisme, ne doivent pas non plus minimiser d'autres conquêtes incontestables de ces révolutions, et ne résument pas l'essence du projet communiste, qui n'a été appliqué que très imparfaitement au XXe siècle, dans des conditions historiques particulières marquées par l'affrontement des blocs. L'idée révolutionnaire ne saurait être en soi invalidée par des expériences tyranniques ou bureaucratiques, ni par l'échec final de certaines révolutions.

Il faudrait aussi bien sûr en miroir évoquer les crimes du capitalisme et des forces internationales qui ont servi son hégémonie, en premier lieu l'impérialisme américain à l’œuvre dans les violences contre les progressistes d'Amérique Latine, qui s'est appuyée sur les islamistes dans le monde arabe et en Orient pour mieux terrasser "l'hydre communiste": des dictature acquises aux intérêts américains, des guerres coloniales, un monde où le problème de la faim, de l'accès aux droits les plus élémentaires toujours refusé à une grande partie de l'humanité, sont persistants, pour complaire aux intérêts de quelques milliardaires et de quelques multinationales toute puissantes.

On ne peut pas faire non plus comme si l'idéologie communiste n'avait pas eu tout au long de son histoire de puissants adversaires, ceux qui par exemple en France ont accéléré le processus d'intégration dans une Europe libérale minimisant la souveraineté des peuples, et lancé des programmes de privatisation et de reculs des droits sociaux, certains hommes politiques se réclamant de la gauche étant d'ailleurs très largement complices de ce mouvement.

Si l'idée communiste est ancienne, bien antérieure au congrès de Tours et au léninisme, trouvant racine aussi bien dans les utopies sociales d'un Thomas More, les promesses d'égalité républicaine des Lumières et de la Révolution Française, la Commune de Paris, dont on célèbrera les 150 ans cette année, elle n'est pas pour autant obsolète. Elle continue d'inspirer beaucoup de révoltés, de dominés, d'intellectuels critiques et de travailleurs en lutte, comme en témoignent aussi bien les grèves monstres de l'Inde actuelle, les mouvements populaires latino-américains, le regain des études marxistes aux États-Unis et en Europe. 

Le concept de fin de l'histoire est rudement éprouvé et démenti par les évènements historiques depuis 30 ans. L'histoire est marquée par des crises, des cycles, et des basculements, et n'est est loin d'être achevée.

Il serait absurde de penser que les peuples vont pouvoir accepter encore pendant des décennies sans broncher le joug de la domination de la classe capitaliste qui plonge l'ensemble des sociétés du monde dans la crise et un chaos menaçant la viabilité sur le long terme de ces sociétés, la fraternité, la paix et la planète.  Les hommes ont besoin de penser au-delà de cette réalité oligarchique et de construire les chemins de nouvelles formes d'émancipation humaine.

Dans cet effort de construction de nouveaux chemins révolutionnaires, les idées et expériences communistes, la pratique militante des communistes, resteront des références importantes pour nourrir l'espoir d'un monde plus humain.

Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF dans le Finistère.  

 

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