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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 07:57
L’expulsion de Mehmet Yalcin, une honte pour la France (Pierre Barbancey, L'Humanité, 18 septembre 2020)
L’expulsion de Mehmet Yalcin, une honte pour la France
Vendredi 18 Septembre 2020

Violant toutes les procédures et les droits de ce demandeur d’asile, les autorités françaises ont arrêté cet opposant kurde à Erdogan à son domicile de Bordeaux. Il a été expulsé vers Istanbul où il a été incarcéré.

 

Mehmet Yalcin reverra-t-il ses enfants, âgés respectivement de 2 ans, 4 ans et 6 ans, scolarisés en France ? Forcé de fuir la Turquie en 2006 pour éviter un procès du fait de son engagement pour le droit des Kurdes, cet homme a été expulsé le 16 septembre de France, où il pensait avoir trouvé un refuge. Sa demande d’asile était en cours lorsque la préfecture de Gironde, au mépris de toutes les lois de la République et notamment inhérentes aux réfugiés, s’affranchissant des décisions du tribunal administratif de Bordeaux estimant illégale son incarcération dans un centre de rétention, a envoyé plusieurs dizaines de policiers au domicile de Mehmet Yalcin. Malgré les demandes répétées, ses avocats n’ont obtenu aucune pièce, pas le moindre arrêté de placement.

Rendre des comptes

Emmené par voiture jusqu’au centre de rétention du Mesnil-Amelot, près de l’aéroport de Roissy, il a finalement été expulsé.

Les autorités françaises viennent donc, illégalement, de livrer un opposant à Erdogan. Les prisons turques regorgent de prisonniers politiques. Des chanteurs et une avocate sont morts après des grèves de la faim prolongées parce qu’il demandait la tenue de procès justes et loyaux.

 

Cueilli à sa descente d’avion, à Istanbul, par la police turque, Mehmet Yalcin a été immédiatement emmené. Une honte pour la France, patrie de la déclaration des droits de l’homme, qui préfère aider un autocrate et livrer des démocrates. Le dossier Yalcin ne doit pas être refermé. Les plus hautes autorités de l’État, le président de la République et son ministre de l’Intérieur doivent rendre des comptes.

Pierre Barbancey

L’expulsion de Mehmet Yalcin, une honte pour la France (Pierre Barbancey, L'Humanité, 18 septembre 2020)
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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 07:44
Fabien Roussel :  Bridgestone a dépensé des centaines de millions d’euros pour ses sites en Pologne et en Hongrie avec l’aide de l’Union européenne ! (L'Humanité, 18 septembre 2020)
Fabien Roussel : « Bridgestone a dépensé des centaines de millions d’euros pour ses sites en Pologne et en Hongrie avec l’aide de l’Union européenne !»
Vendredi 18 Septembre 2020 - L'Humanité

Fabien Roussel s’est rendu, jeudi, sur le site de Bridgestone pour soutenir les salariés et lutter contre la fermeture de l’usine. Le dirigeant du PCF et député du Nord appelle à reprendre la main sur nos outils de production pour développer une politique industrielle au service de l’humain et de la planète. Entretien.

 
Que pensez-vous de la décision de Bridgestone ?

Fabien Roussel C’est d’une brutalité sans nom. Cette multinationale est le premier producteur de pneus au monde. Ses dirigeants en France et ailleurs n’ont aucune empathie, aucun sentiment. Ils ont une calculette à la place du cœur. Si leur projet n’est pas remis en cause, les conséquences vont être très graves pour Béthune, où Bridgestone est le premier employeur privé, avec 1 100 emplois sur place. La situation risque d’être terrible pour la ville et les familles touchées. Les salariés disent avoir les jambes coupées, car leur père travaillait là-bas, leurs oncles aussi, et aujourd’hui ils y travaillent avec leurs frères. C’est souvent leur emploi à Bridgestone qui leur a permis d’acheter leur maison, et là c’est la vie qu’on leur enlève. Et au nom de quoi ? Au nom du profit des actionnaires. La colère est immense sur place.

Quelles sont les motivations du groupe ?

Fabien Roussel Il parle d’assurer la compétitivité, mais sa seule obsession est d’augmenter les dividendes des actionnaires. La situation de l’usine de Béthune est liée à un sous-investissement organisé depuis des années. Dans le même temps, Bridgestone a dépensé des centaines de millions d’euros pour ses sites en Pologne et en Hongrie, qui plus est avec l’aide de l’Union européenne ! Nous avons au final des multinationales et des institutions qui organisent des délocalisations en Europe et mettent les sites en concurrence pour faire pression sur l’emploi et la rémunération des salariés. Mais les coûts sociaux, environnementaux et fiscaux explosent ! Le pneu 25-50-17 sera produit 20 à 30 % moins cher ailleurs en Europe, mais il sera toujours vendu au même prix en France… Le seul gagnant, c’est donc l’actionnaire. Derrière, on est tous perdants : l’État, le climat, et les travailleurs.

La condamnation est unanime. Les élus locaux et le président de région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, sont montés au créneau. Le gouvernement parle lui-même de « décision révoltante »…

Fabien Roussel Tant mieux. C’est très bien que tout le monde dénonce le sous-investissement qui frappe depuis des années cette usine. Mais cela ne suffit pas. Xavier Bertrand fait partie des responsables politiques qui poussent des cris d’orfraie quand des sites ferment, mais qui défendent les traités européens et la mise en compétition des salariés et des territoires. Lui et le gouvernement doivent remettre en cause leur logique et dire stop aux traités de libre-échange. Il faut se battre maintenant. Taxer les dividendes et entrer au capital des entreprises, intervenir et maîtriser nos outils de production et nos stratégies industrielles pour que cela serve à l’humain et à la planète. Le gouvernement doit peser de tout son poids sur Bridgestone et sur l’UE pour que l’activité soit maintenue à Béthune, et pour que l’on y produise les pneus pour la France. Le pays doit aussi pouvoir aider dans le cadre du plan de relance. Et il faut à tout prix arrêter de confier les deniers publics aux libéraux. Bridgestone a reçu des millions d’euros dans le cadre du Cice, sans aucune contrepartie. Des milliards ont été versés sans condition à des multinationales qui polluent, licencient et désindustrialisent. Stop, ça suffit !

Entretien réalisé par Aurélien Soucheyre

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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 07:37
Rouge Finistère, automne 2019 - Interview de Fabien Roussel

Rouge Finistère, automne 2019 - Interview de Fabien Roussel

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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 05:40

 

D’abord le mot et la compagnie des dictionnaires et de livres. « Rendre sauvage, faire devenir non docile, non apprivoisé ». Et le sauvage ? « Le barbare... », « celui qui vit dans les bois » ; puis le terme s’est chargé de racisme, utilisé pour cibler « les étrangers ». Le « sauvage » devient celui qu’on rencontre dans les pays que l’homme européen croise avant de piller les richesses puis qu’il colonise.

 

 

Et puis, la bataille idéologique. En exprimant l’idée d’un « ensauvagement » d’une partie de la société française, Gérald Darmanin est allé sur le terrain de la droite extrême et de l’extrême droite. La place Beauvau ouvre ses portes à une rhétorique raciste, d’une France fracturée, au bord de la guerre civile. L’amalgame avec la question migratoire a pour but de stigmatiser directement les citoyens français de confession musulmane et, par extension, les habitants des quartiers populaires, les pauvres, ceux qui ne sont rien... Marine Le Pen peut ainsi faire sa rentrée politique en actant bien plus qu’une victoire sémantique. Des dirigeants de droite ont apporté leurs contributions à cette opération visant à exploiter politiquement une série d’actes violents au cœur de l’été. « France orange mécanique » pour Xavier Bertrand. « Sauvagerie » pour Valérie Pécresse. Mesurant combien cette surenchère « sécuritaire » pouvait vite devenir hors contrôle, le chef de l’État a préféré parler d’une « banalisation de la violence » en évoquant les symptômes d’une société où chacun et chacune n’avait pas la même « égalité des chances ». Reste que l’installation du terme « d’ensauvagement » dans le débat public, via les chaines d’infos en continu et les réseaux sociaux, a eu son effet dévastateur : le « sauvage » est partout.

Comment la société française réagit-elle à cette question de l’insécurité et à son exploitation politique avec comme ligne d’horizon la prochaine élection présidentielle ? Dans sa dernière étude (1) sur les « Fractures françaises », le journal Le Monde éclaire une complexité. L’insécurité s’affirme comme une préoccupation très forte, notamment chez les plus de 60 ans, tout juste après le Covid, le pouvoir d’achat, l’avenir du système social, et à un même niveau que la protection de l’environnement. La demande d’autorité, de protection et d’ordre est là. Elle cohabite avec l’affirmation de la démocratie comme le meilleur système possible. Cette étude présente une poussée inédite en faveur de la peine de mort.

Enfin, les réponses progressistes. La sécurité est une vraie question. L’insécurité n’est pas pour beaucoup un ressenti mais une réalité douloureuse. Elle mine d’abord la vie des familles modestes confrontées aux incivilités, aux violences du quotidien, aux délinquants, aux trafics et aux bandes de voyous. La réponse doit être éducative, préventive, policière et judiciaire. Ce qui pose la question des moyens et des objectifs que nous nous fixons à un véritable choix de société, plaçant au cœur de notre action les valeurs de la République, la laïcité, la justice sociale. Un groupe de travail va prochainement être mis en place pour mieux appréhender ces questions avec l’apport de nos parlementaires, d’élus locaux, de syndicalistes. Nous commencerons par une série d’auditions pour bien définir le champ des questions à traiter.

Le dernier mot à Aimé Césaire : « Il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. » (« Discours sur le colonialisme »).

Nous vivons un nouvel emballement. Seul un imaginaire progressiste, à la hauteur des immenses défis d’humanité, peut y répondre. Et c’est urgent pour ne pas basculer dans quelque chose, pour le coup, de véritablement sauvage.

Olivier Dartigolles, membre du CEN.

_______________________

1. Enquête réalisée depuis 2013 pour le Monde par Ipsos-Sopra steria, en partenariat avec le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne. Le Monde du 15 septembre.

 

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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 05:32

 

Entre enjeux économiques et environnementaux, le transport de marchandises par le rail est un outil d’avenir. Pourtant, en dépit des objectifs ambitieux, la route gagne chaque année du terrain. Lundi 7 septembre, la Fête de l’Humanité autrement s’est penchée sur toutes ces questions. Avec Jean-Baptiste Djebbari, Ministre délégué aux Transports ; Jean-Pierre Farandou, Président de la SNCF ; Laurent Brun, Secrétaire général de la CGT cheminots ; Pierre Garzon, Maire PCF de Villejuif, vice-président à l’aménagement, aux transports et aux déplacements du conseil départemental du Val-de-Marne

 

Jean-Baptiste Djebbari, votre gouvernement adopte une posture volontariste en matière de relance du fret ferroviaire. Pourtant, il y a quelques mois à peine, vous avez décidé la mise à l’arrêt du train des primeurs, le Perpignan-Rungis. Finalement, de quelle politique êtes-vous le ministre ?

JEAN-BATISTE DJEBBARI

Je ne voudrais pas commencer par une polémique, mais au sujet du Perpignan-Rungis, nous avions construit une offre temporaire, censée débuter en décembre. Elle n’a pas abouti pour des raisons que vous pouvez appréhender. Cela étant, oui, le fret ferroviaire a décliné depuis vingt ou vingt-cinq ans. D’abord, parce que nous avons vécu une internationalisation des échanges et la route s’est imposée grâce à des politiques fiscales qui ont enchéri le coût du ferroviaire. Aujourd’hui, pour un chargeur, le coût du train est 30 % plus élevé. En clair, si nous ne subventionnons pas davantage le rail, ce différentiel deviendra une entrave à la régénération et au développement du fret ferroviaire. Ensuite, notre pays s’est désindustrialisé. Or, énormément de matériaux lourds étaient transportés par le train. Cela explique, pour partie, l’érosion du transport ferré de marchandises. Enfin, la libéralisation du secteur entre 2004 et 2006 s’est traduite par une baisse des parts de marché du fret, et de Fret SNCF singulièrement. Ajoutez à cela la vétusté du réseau, et vous expliquez le long déclin de l’activité. Il faut l’enrayer. Et je vais, pour ce faire, utiliser deux leviers immédiats : la baisse des péages pour tous les opérateurs de fret et un investissement massif sur trois autoroutes ferroviaires – qui équivalent, chacune, à 20 000 camions en moins sur les routes –, dont le Perpignan-Rungis que nous allons étendre au sud, vers Barcelone, et au Nord, vers les ports d’Anvers et de Dunkerque. En parallèle, nous avons choisi de renforcer la subvention au transport combiné et aux wagons isolés. Ces actions, nous les menons en France, mais aussi à l’échelle de l’Europe qui a défini le fret ferroviaire comme l’une de ses quatre grandes priorités.

 

Fret SNCF, jadis seul opérateur de fret ferroviaire, évolue depuis 2006 dans un environnement concurrentiel. Quel est l’état de l’activité fret aujourd’hui, au sein de la SNCF ?

JEAN-PIERRE FARANDOU 

Transporter des marchandises par le train fait partie des missions fondamentales de la SNCF. Nous ne sommes pas une entreprise comme les autres et l’on se doit de se battre pour participer à l’effort de transition écologique. N’ayons pas peur des mots, nous pouvons faire du fret une activité rentable, c’est la seule manière de la pérenniser. La donnée économique est claire : le groupe est désormais une société anonyme et Fret SNCF, une entité juridiquement autonome. En d’autres termes, l’État ne peut plus la recapitaliser. Mais, nous avons des atouts. C’est le cas du wagon isolé, que nous sommes les seuls à faire. Et là, les aides publiques sont indispensables, car le désavantage structurel avec la route est trop important. C’est possible, l’Autriche l’a fait. Si on laisse faire la loi du marché, c’est la disparition du wagon isolé. En revanche, soutenir son développement permet de reconquérir des parts de marché. C’est important car le wagon isolé s’adresse aux PME. Ce plan de relance est donc aussi un plan de sauvegarde. Et, j’en ai la conviction, la coopération européenne sur le transport ferroviaire aura un rôle fondamental à l’avenir.

 

Pierre Garzon, quelles sont, pour l’élu de terrain que vous êtes, les conséquences visibles du déclin du fret ferroviaire ?

PIERRE  GARZON

Dans le Val-de-Marne, d’année en année, des milliers de poids lourds transitent sur un réseau saturé, aggravant la situation écologique et sanitaire. Pourtant, ce département est doté d’infrastructures ferroviaires, routières et fluviales historiques. Mais l’histoire n’est pas le passé et il faut redynamiser ces outils. Je fais partie de ceux qui ont trouvé incompréhensible l’arrêt du Perpignan-Rungis. Nous nous sommes battus, mais force est de constater que les pleins pouvoirs sont aux mains du marché. L’État se dit impuissant. Pourtant, chacun sait que le prix du transport routier ne tient pas compte de ses externalités négatives, comme le coût des maladies liées à la pollution de l’air. Des intentions, nous en avons entendu, mais ce train ne roule toujours pas. Sorti du diagnostic, que je partage avec Jean-Baptiste Djebbari, il faut redéfinir les règles et le besoin de régulation est une donnée fondamentale.

 

Le gouvernement débloque 4,7 milliards d’euros pour le ferroviaire. Ce plan est-il le bon ?

LAURENT BRUN

La libéralisation et la dérégulation dans le transport n’ont pas fracassé que le fret ferroviaire. Le pavillon routier français a subi le même sort, passant de 50 % des flux en 1993 à 15 % aujourd’hui. Nous avons connu des dizaines de plans de relance dans le ferroviaire, mus à chaque fois par la même logique : réduction des coûts, destruction de l’outil industriel, fermetures de gares, de lignes, et suppressions d’emplois. On nous annonce encore 150 suppressions de postes d’agents de conduite à Fret SNCF. Nous avons vécu la pulvérisation de l’outil industriel. Toutes les solutions libérales ont été tentées : recapitalisation, aide aux péages, construction d’autoroutes ferroviaires… Elles permettent, certes, de stabiliser les trafics, mais pas d’en regagner. Aujourd’hui, 93 % du marché est tenu par 4 opérateurs– dont 3 sont déficitaires – et 60 % du chiffre d’affaires de Fret SNCF se concentrent sur 20 chargeurs. Le marché s’est concentré et l’outil de desserte ferroviaire des entreprises ne bénéficie qu’à une poignée d’entre elles. Il ne peut y avoir de véritable relance qu’à condition d’investissements sur le matériel roulant. Le Perpignan-Rungis en est un bon exemple. Il faut un plan de rupture. Subventionner les trafics existants ne permet pas la relance. Il faut poser les bonnes questions, et elles concernent l’outil industriel public.

 

Le plan gouvernemental est-il de relance ou de rupture ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 

Nous sommes entre rupture et continuité. La logique libérale d’une concurrence organisée a abouti à l’affaiblissement des opérateurs de fret ferroviaire. Doit-on alors, dans le marché, isoler l’activité fret parce qu’elle est essentielle à la nation ? Nous aurons ce débat. Laurent Brun l’a très bien dit, il y a une très forte concentration du cœur rentable de l’activité et nous aurions donc pu choisir de recentrer Fret SNCF sur ce cœur rentable. Nous ne l’avons pas fait. Pour autant, l’activité fret ne peut répondre qu’à un marché qui existe, et cela implique de repenser la politique industrielle et la relocalisation. L’intervention publique est essentielle et je salue la création d’un haut-commissariat au plan, capable de redonner la capacité de réfléchir à vingt-trente ans. Je ne crois pas que nous soyons dans un moment libéral et encore moins néolibéral. Le libéralisme, c’est laisser les forces du marché s’exercer. On l’a trop fait. Aujourd’hui, l’État est extraordinairement de retour. Il a nationalisé 12 millions de salaires ! C’est une rupture et nous en avons besoin. Sur ça, je suis d’accord.

 

Comment la SNCF se donne-t-elle les capacités industrielles de répondre aux ambitions politiques ?

JEAN-PIERRE FARANDOU 

Je suis patron d’entreprise, confronté à un double phénomène : les conséquences de décisions qui ont été prises il y a vingt ans et la nécessité de définir une trajectoire pour les vingt prochaines années. Nous accusons une baisse de 15 % du trafic par rapport à l’an passé. Il n’est donc pas anormal de nous adapter – je parle des agents de conduite fret. Mais, nous avons la chance d’être une entreprise unifiée, et ces conducteurs sont orientés vers l’activité voyageurs. Nous sommes dans une logique de compétitivité, l’ajustement des coûts, dans la double concurrence ferroviaire et routière, doit être pris en compte. Quant à la rupture, nous l’avons avec la politique sur le wagon isolé qui recèle un véritable potentiel de croissance. Un train pollue 20 fois moins que les camions et consomme 6 fois moins d’énergie. Les politiques publiques doivent faire valoir ces avantages. L’impulsion doit être européenne pour donner corps à cette ambition formidable de doubler les parts de marché du fret ferroviaire.

PIERRE GARZON 

Le soutien de l’État ne peut pas se résumer à la socialisation des pertes. Nous avons une histoire ferroviaire, le réseau existe et nous pouvons renouer avec une desserte fine des territoires. La société, et singulièrement la jeunesse, est très soucieuse des impératifs environnementaux. Cette donnée nous oblige à repenser notre modèle de production, de consommation, de transport. Il faut donc réguler, et certains secteurs doivent échapper aux logiques de marché. C’est le cas du fret ferroviaire. Dans le rail, on construit sur un siècle, il faut l’accepter. On a besoin de pérenniser ces aides publiques, de les protéger des changements de majorité politique. Isoler le financement pour le relier à l’objectif, et non au calcul éphémère d’un budget annuel.

LAURENT BRUN 

On ne crache certes pas sur les aides publiques, mais nous ne dirons pas que le gouvernement sauve le fret après lui avoir mis la tête sur le billot. Dans ses propositions alternatives, à l’époque de la réforme de 2018, la CGT fixait l’objectif de 25 % de part modale pour le ferroviaire à échéance 2050. Concrètement, ce sont 1 000 Perpignan-Rungis à faire rouler en plus d’ici là ! La question des travaux sur le réseau est donc fondamentale. Et si les travaux massifiés de nuit sont un problème, il faut revoir cette logique, revenir à des travaux qui n’interrompent pas les circulations, qui ne soient pas concentrés uniquement sur la région parisienne… Bien sûr, c’est plus cher. Mais notre outil public ne doit plus répondre aux règles du marché. Faire rouler l’équivalent de 1 000 Perpignan-Rungis ne se fera pas par des gains de productivité. Il va falloir embaucher, à la conduite, la maintenance, la manœuvre, sur le réseau… Nous croirons à la rupture quand on verra des créations d’emploi.

JEAN-BAPTISTE Djebbari 

Les 11 milliards d’euros que nous consacrons aux transports vont créer 80 000 emplois directs et indirects.

 

Quel est l’avenir du fret public dans les prochaines années ?

JEAN-PIERRE FARANDOU 

Dans dix ou quinze ans, la SNCF aura une activité fret plus importante qu’aujourd’hui. Il faut tenir bon sur cet objectif et on peut y arriver avec ce plan de relance. Il faudra aussi continuer à regarder à long terme et les régions auront probablement un rôle important à jouer.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 

Oui, il faut parvenir à une concurrence régulée socialement. Je ne suis ni partisan des forces du marché qui agissent à leur guise, ni partisan d’une planification autoritaire. La juste régulation est le maître mot de la décennie qui s’ouvre, et je suis convaincu que nous en prenons le chemin.

PIERRE GARZON 

Pour que ce ne soit pas autoritaire, disons qu’il faut que ce soit populaire. Les objectifs doivent être démocratiques, réfléchis avec les citoyens et les élus locaux.

LAURENT BRUN 

L’autoritarisme, on l’a connu à partir de 2003 avec la suppression d’activités et l’abandon des gares-bois. Si, demain, vous nous annoncez la réouverture de ces gares, alors, effectivement, nous pourrons convenir qu’une politique originale se met en place et ouvre des perspectives.

 

L’intégralité du débat en vidéo

 

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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 05:20

 

À l'occasion du Forum Social organisé par la Fête de l'Humanité 2020, Fabien Gay, sénateur PCF de Seine-Saint-Denis et Sébastien Ménesplier, secrétaire général Mines Énergie CGT ont débattu de la politique énergétique française. Fabien Gay résume pour l'Humanité les principaux enjeux du sujet. Il aborde notamment celui de la rénovation thermique des logements et le projet "Hercule" du gouvernement et d'EDF visant à privatiser tout ce qui concerne les énergies renouvelables, à rebours des besoins de la société et d'une politique visant à la souveraineté énergétique.

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19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 07:23
3 adhésions au Parti communiste dans le Finistère le 17 septembre - Adhérer au PCF, le choix du partage et de l'Humain d'abord

Le mouvement social, l'indécence économique de la politique des grands patrons, des actionnaires, et des gouvernements, les licenciements et régressions sociales au prétexte et aggravés par le Covid, la croissance hallucinante des inégalités, portent plus que jamais l'exigence impérieuse d'une construction politique d'une autre société dans un cadre collectif où puissent s'engager ceux qui ne se résignent pas à l'inhumanité de la société capitaliste.  

3 adhésions dans les manifs finistériennes le même jour au PCF dans le Finistère. Une à Morlaix, Marie-Françoise, et deux à Brest, une étudiante de Lettres d'une vingtaine d'années, et un salarié de 37 ans, Eric.

Bienvenue à eux au Parti Communiste.

Dans le même temps Yvonne Rainero pour la section PCF de Quimper a pu remettre sa carte à Quimper à notre jeune adhérent de cet été Gaëtan Best 17 ans, il part à Lille où il entre à Sciences Po mais reviendra régulièrement à Quimper.

***

Extrait Article du Télégramme Télégramme, 18 septembre 2020

Gaëtan, Tyfenn et Chloé, tous les trois étudiants, ont rejoint la manifestation pour exprimer leur colère. Ils ne se résignent pas à devenir une génération sacrifiée. (Le Télégramme/Quentin Raillard)

Des jeunes, justement, ont répondu présents, comme Tyfenn Douillard, une étudiante : « C’est notre avenir qui est en jeu. Alors oui, nous sommes en colère ». À côté d’elle, Gaëtan Best, étudiant en sciences politiques, s’insurge contre le plan de relance : « Nous savons que la covid-19 est née de l’agriculture intensive, qui, en empiétant sur les surfaces naturelles, a transmis le virus de l’animal à l’homme. Pourtant les élites persistent à reproduire les erreurs du monde d’avant, plutôt que d’inventer un nouveau modèle », pointe le jeune homme.

Gaëtan, nouvel adhérent du PCF à Quimper, 17 ans, avec ses amies étudiantes dans la manif du 17 septembre (photo Le Télégramme Quimper)

Gaëtan, nouvel adhérent du PCF à Quimper, 17 ans, avec ses amies étudiantes dans la manif du 17 septembre (photo Le Télégramme Quimper)

3 adhésions au Parti communiste dans le Finistère le 17 septembre - Adhérer au PCF, le choix du partage et de l'Humain d'abord

Adhérer au PCF, le choix du partage et de l'Humain d'abord 

En 2019, 60 nouveaux adhérents ont rejoint le PCF dans le Finistère et une dizaine de jeunes ont rejoint la JC dans notre département parallèlement. Parce que les enjeux sociaux et politiques du moment sont cruciaux, nous voulons faire au moins aussi bien en 2020, année du centenaire du PCF.

Les enjeux sont énormes: on le voit avec la casse de l'hôpital public, les conséquences des ravages environnementaux sur la santé et la qualité de vie, la domination des logiques de privatisation et de rentabilité financière sur le secteur du médicament, l'aide sélective aux entreprises pour les gros du CAC 40, le niveau d'absence de planification des mesures de prévention et de protection sur la crise du coronavirus, l'incurie de l’État pour sauver nos vies, après qu'il soit passé en force pour les durcir considérablement avec la réforme des retraites, de l'assurance chômage, du droit du travail.

Combattre Macron et les forces capitalistes qu'il représente, opposer une alternative à la progression des idées de l'extrême-droite et au rejet de la politique, exigent un parti communiste fort, plus fort, actif, plus actif, en prise avec les attentes de la population.

Pour la deuxième année consécutive, selon la commission nationale des comptes de campagne et des comptes des partis politiques, le PCF est le deuxième parti de France en nombre d'adhérents cotisants.Nous nous en réjouissons même si cela traduit plus l'effondrement militant des autres partis qu'une progression du nôtre en terme de nombre d'adhérents. En tout cas, nous ne reculons pas trop. Nos militants sont fidèles et de nouveaux adhérents arrivent, de tous les horizons, les âges, les milieux, prêts à s'investir.

Dans le Finistère, nous comptons environ 850 adhérents, dont près de 600 à jour de cotisation, une vingtaine de sections, et sans doute au moins une quarantaine d'élus au sortir des prochaines municipales.

Nous avons un lien avec le monde syndical et le monde associatif, et nous essayons d'être présents au maximum de nos possibilités dans les luttes pour la défense des services publics, des salariés, des déshérités, tout en offrant des perspectives en terme de solutions de long terme pour construire des alternatives, en tenant aussi une ligne de rassemblement dans la diversité sur de la gauche sur des objectifs de progrès sociaux et démocratiques.

Notre parti va fêter ses cent ans à la fin de l'année, c'est un parti bien vivant et démocratique que beaucoup de jeunes rejoignent pour agir contre la domination capitaliste et patriarcale, contre le racisme et la xénophobie, pour le paix, parce que le communisme est la jeunesse du monde.

L'humain d'abord est inscrit dans notre culture politique à travers nos fêtes de la fraternité comme nos actions concrètes. Des initiatives rassembleuses et porteuses politiquement qui sont progressivement suspendues malheureusement pendant la crise du Covid-19.

Nous avons la culture du militantisme au quotidien et du débat et refusons aussi bien la politique opportuniste, les dérives présidentialistes de personnalisation et de délégation du pouvoir que les stratégies populistes qui cherchent à diviser plutôt qu'à rassembler le camp de ceux qui ont intérêt à un vrai changement de système pour combattre et dépasser le capitalisme.

Adhérer au PCF, c'est se rendre acteur pour changer la société. C'est convertir sa révolte et son refus en action collective, c'est rejoindre le camp des gens qui se mettent debout contre l'injustice !

C'est donner de la force aussi à nos parlementaires, qui dans les deux groupes à l'Assemblée et au Sénat, proposent des alternatives aux politiques néo-libérales, luttent contre elles d'arrache-pied, construire aussi des propositions concrètes, dans un très grand respect de la dignité de leur fonction et des citoyens, se faisant bien souvent les porte-voix des attentes des classes populaires, des organisations syndicales, des partisans de la paix et de la solidarité internationale, ce qui est aussi le cas de nos élus locaux.

 

 https://www.pcf.fr/mon_pcf_adhesion

Fédération du Parti communiste français du Finistère - 5 rue Henri Moreau - 29 200 BREST

federation@29.pcf.fr

pcf29.org

06 20 90 10 52

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19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 07:21
Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 17 septembre 2020

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Photo Ismaël Dupont - 17 septembre 2020

Photo Ismaël Dupont - 17 septembre 2020

Photo Ismaël Dupont - 17 septembre 2020

Photo Ismaël Dupont - 17 septembre 2020

Photo Ismaël Dupont - 17 septembre 2020

Photo Ismaël Dupont - 17 septembre 2020

Rentrée sociale ! Dans la manif du 17 septembre à Morlaix. Des syndicats, des militants politiques, des salariés de Hop! et de l'hôpital mobilisés, mais pas encore assez de monde pour faire bouger la politique économique et sociale du gouvernement.

Manifestation Morlaix Hôpital, HOP!, salariés, marins, retraités ... jeudi 17 septembre 2020
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19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 06:51
Coronavirus. Marie-George Buffet :  Il ne faut pas sous-estimer tout ce que les enfants ont vécu - Jeudi 17 Septembre 2020 - L'Humanité, interview avec Aurélien Soucheyre

Coronavirus. Marie-George Buffet : « Il ne faut pas sous-estimer tout ce que les enfants ont vécu »
Jeudi 17 Septembre 2020
Aurélien Soucheyre - L'Humanité

« Mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et les jeunes. » Tel est le but de la commission d’enquête parlementaire qui ouvre ce jeudi ses travaux. Entretien avec sa rapporteure, la députée PCF Marie-George Buffet.
Pourquoi avoir lancé cette commission ?

Marie-George Buffet Dès la fin du confinement, des pédopsychiatres, des enseignants et des médecins généralistes nous ont alertés sur les conséquences psychologiques, sanitaires, scolaires et sociales de la crise du Covid-19 sur les enfants. Or, ces questions ne sont pas particulièrement traitées par la commission d’enquête déjà en place à l’Assemblée. Il y a un angle mort. Notre objectif est donc de poser un diagnostic sur l’ensemble des impacts du coronavirus sur les enfants et les jeunes, et de proposer des mesures d’urgence et des solutions pérennes pour y répondre.
On pense bien sûr aux conséquences pédagogiques et scolaires… Cet enjeu est-il assez pris en compte ?

Marie-George Buffet Absolument pas. L’ancien premier ministre Édouard Philippe a parlé d’un risque de bombe à retardement pédagogique. Mais quel a été le taux de recrutement dans l’éducation nationale pour permettre de rattraper les situations de décrochage ? Il n’y a pas eu d’effort pour renforcer l’encadrement et s’adapter aux besoins. Des élèves arrivent en 6e sans avoir fini le CM2, ou en 2de alors qu’ils n’ont pas terminé la 3e. Les enseignants vont devoir transmettre le programme de l’année en plus de rattraper le précédent. Le défi est énorme et il aurait fallu mettre en place un dispositif exceptionnel en dédoublant des classes. J’ajoute que l’école est obligatoire. Si nous devons de nouveau fermer des classes, par quels moyens s’assure-t-on de l’efficacité de l’enseignement ? Comment garantir l’accès de chaque enfant au matériel informatique indispensable pour suivre les cours ? Avant la crise, on ne pouvait déjà pas laisser l’école dans l’état où elle était. C’est encore plus urgent aujourd’hui.

Marie-George Buffet Il ne faut pas sous-estimer tout ce que les enfants ont vécu, vu et entendu. Il y a ceux qui ont été confrontés à des deuils familiaux, au stress de leurs parents et à un climat anxiogène avec les chaînes d’information parfois branchées en continu. Avez-vous vu ces images de cour de récréation où des enfants restent isolés dans des cercles ? Tout ce qui fait l’enfant, c’est la découverte, la curiosité, le besoin de toucher, d’aller vers l’autre… Nous devons veiller à éviter tout traumatisme et tout repli sur soi, sans laisser personne sur le bas de la route. Or, nous avons un déficit cruel en médecins et psychologues scolaires. Il y en a qui ont plus de 75 ans et qui font des vacations faute d’effectifs ! Nous savons aussi que les violences parentales ont pu augmenter pendant le confinement, et que l’école n’a alors pas pu jouer son rôle d’alerte. Sans parler de toutes les familles, vivant dans des endroits exigus ou non, où des tensions ont pu apparaître. Il faut aider l’enfant à en parler, pour qu’il trouve son équilibre.
La crise a aussi un impact sur l’équilibre alimentaire et l’accès à la nourriture…

Marie-George Buffet Les files devant les Restos du cœur et le Secours populaire français ont augmenté pendant le confinement. Des familles en situation de précarité et des étudiants avec la fermeture des restaurants universitaires ont dû se tourner vers des associations caritatives. On le sait, dans les familles les plus démunies, les repas à la cantine sont non seulement garants d’une alimentation équilibrée mais parfois aussi d’une alimentation tout court. Il y a aussi la question de l’obésité et du diabète, qui touchent les plus précaires et augmentent les surmortalités. Certes, les enfants sont peu menacés par une contamination par le Covid-19, mais des problèmes de santé sont apparus avec le confinement avec un accès plus compliqué au sport, des retards dans le suivi des vaccinations et des aggravations en cas de maladies chroniques. J’ajoute au sujet des activités sportives qu’il n’y a plus de ministère des Sports et que cette question est la grande oubliée du plan de relance. Il faut aider les clubs amateurs, car le sport aide à la santé et à l’épanouissement des enfants. Notre idée est ainsi de marquer tout ce qui n’a pas fonctionné pendant la crise, pour y remédier et prévenir en cas de récidive. Cela vaut aussi pour l’université, où les réponses sont loin d’être suffisantes.

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19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 06:39

Ce 17 septembre 2020 au matin, lors des cérémonies commémorant la libération de Brest la section du Pays de Brest du PCF a fleuri la plaque des 17 fusillés dont Albert Rannou au square Georges Mélou à Brest quartier St Marc. Le PCF pays de Morlaix lui avait rendu hommage avec un superbe discours de l'historien Dominique Derrien dans le cimetière de Guimiliau, pour la première fois, le 27 mai 2020, pour la journée nationale de la résistance. 

Un grand merci à la rédaction de Morlaix de Ouest-France et à Gaëlle Colin qui hier ont publié un long article sur notre camarade Albert Rannou, fusillé par les Allemands il y a 77 ans avec 18 autres camarades résistants communistes finisteriens des FTP, dont le journal publie aussi un extrait de la dernière lettre de condamné. Un grand merci aussi à notre ami Dominique Derrien, historien, prof à Tristan Corbière, qui avait organisé le très émouvant hommage a l'initiative du PCF à Albert Rannou au cimetière de Guimiliau en mai dernier pour la journée nationale de la résistance d'avoir su retracer la vie et les engagements héroïques dans les Brigades internationales et la Résistance de cet ouvrier Léonard autodidacte et idéaliste, communiste depuis 1936 et le Front populaire, qui fut un des principaux dirigeants de la résistance communiste armée du début de l'occupation avant d'être arrêté, torturé, emprisonné par Vichy. C'est vraiment une belle réhabilitation symbolique, le 17 septembre 2020, jour anniversaire de son exécution au Mont Valérien, d'avoir rendu hommage à ce résistant communiste breton de la première heure méconnu.

Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans: Albert Rannou (Gaëlle Colin, Ouest-France Finistère/Bretagne, 17 septembre 2020)

Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans

Son nom ne vous dit sûrement rien. Et pourtant, la vie d’Albert Rannou gagne à être connue. Ce résistant né à Guimiliau (Finistère) a documenté son emprisonnement avec douze lettres. Un historien enquête sur sa vie.

Ici, au cimetière de Guimiliau (Finistère), là où est enterré Albert Rannou, Dominique Derrien, professeur d’histoire au lycée Tristan-Corbière, tient en ses mains le portrait du résistant.

Ouest-France Gaëlle COLIN. Publié le 16/09/2020

 

« Son histoire est étonnante », martèle Ismaël Dupont. L’adjoint au maire de Morlaix a récupéré, il y a cinq ans, un véritable trésor. Une douzaine de lettres signées d’Albert Rannou, datant de 1943. Elles dormaient paisiblement dans l’armoire d’un ancien marbrier.

Une copie est adressée à Dominique Derrien. Le professeur d’histoire au lycée Tristan-Corbière a des liens particuliers avec l’auteur. « Ma mère, orpheline, a été élevée dans une maison voisine des parents d’Albert Rannou, à Kerhanhéroff, à Guimiliau », raconte-t-il.

Un puzzle incomplet

L’historien décide alors de reconstituer son puzzle. « Albert Rannou était dans les Brigades internationales de la guerre d’Espagne. » En fouillant à l’université de Nanterre, Dominique Derrien recolle les pièces.

Albert Rannou est né en 1914, dans une famille de maçons. On lui reconnaît un certain potentiel quand il s’engage dans la Marine nationale, mais le garçon revient en 1933 dans son village

léonard et devient maçon à son tour, à Brest. Jeune homme autodidacte et idéaliste, il adhère au parti communiste en 1936.

Le Guimilien est un élément très prometteur en Espagne. Dès le 1er août 1937, il est nommé lieutenant. Il quitte le pays en 1938, après avoir été blessé. De retour en France, il fait l’objet d’une surveillance particulière et est mobilisé.

Cela ne l’empêche pas de rentrer dans la Résistance assez tôt, dans le Brest occupé. Ses faits : sabotage des stations électriques de l’Arsenal et attaque à l’explosif des locaux de l’état-major de la Kriegsmarine, en septembre 1942.

Fin de partie le 2 octobre. Albert Rannou est arrêté, avec dix-huit autres Francs-tireurs et partisans (FTP). Direction Pontaniou pour l’enfer. « Ils sont torturés par les policiers français d’octobre 1942 à janvier 1943. Ils ne parlent pas », rappelle l’historien. Début 1943, alors qu’il est emprisonné à Jacques-Cartier, à Rennes, il écrit sa première lettre à ses parents. Il leur cache la torture. Les courriers passent avec la complicité des gardes. Considéré comme un cadre national du parti communiste, il est transféré à Fresnes (Val-de-Marne), le 28 juillet.

Un Résistant méconnu

La sentence tombe un mois plus tard : il est condamné à mort par le tribunal militaire allemand du Gross Paris. Le même sort attend ses dix-huit camarades. Sa dernière lettre date du 17 septembre 1943. Albert Rannou est conduit au mont Valérien, dominant Suresnes (Hauts-de-Seine). Il est fusillé à 16 h, dans la clairière. Sa dépouille, dispersée dans une fosse commune.

Ses restes sont exhumés qu’en 1947. Ironie du sort, lorsque son cercueil parvient à la gare de Guimiliau : seul le maire et ses parents sont là. « Les terres léonardes étaient très cléricales. Communiste, c’était mal vu », souligne l’historien.

Sur sa sépulture, aucun signe. « Une plaque a été rajoutée dans les années 2000. Il est rétrogradé sous-lieutenant. » Sa concession expire très prochainement, « il faudrait que la municipalité la préserve », insiste Dominique Derrien.

Le nom d’Albert Rannou est méconnu. Simplement gravé sur les monuments aux morts de Guimiliau et du mont Valérien, ainsi qu’au jardin des fusillés, à Brest. Pourtant, ses lettres « évoquent le quotidien d’un résistant prisonnier. Cela fait penser au journal d’Anne Franck… »

https://www.ouest-france.fr/bretagne/guimiliau-29400/finistere-un-resistant-meconnu-est-mort-il-y-a-77-ans-6976313


Lettre publiée partiellement par le Ouest-France le 17 septembre 2020 - Lettre d'Albert Rannou à ses parents quelques minutes avant son exécution au Mont Valérien: 

Fais à la Prison de Fresnes le 17 septembre 1943

Cher Papa et chère Maman

Il est 11 heures moins le quart, on vient de nous prévenir qu'on va être fusillés à 16 heures. Je vais donc donner ma vie à la France, pour ma patrie que j'ai toujours aimée et pour laquelle j'ai combattu. Je meurs content car mon sacrifice (j'en ai la certitude) n'aura pas été vain. J'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour que la paix règne en ce monde.

(censuré)

Mes chers parents, vous savez que je vous ai toujours aimés et que vous me le rendez bien ainsi qu'Yfic. Ça me fait une peine immense de vous quitter à jamais. Je ne sais comment vous exprimer toute ma gratitude pour ce que vous avez fait pour moi. Vous m'avez choyé depuis mon enfance jusqu'à ma dernière heure. Si quelquefois je vous ai fait de la peine, vous m'avez pardonné. Je n'oublie pas non plus ma belle-sœur. Grand-mère et toute la famille auxquels vous voudrez bien envoyer mes amitiés dernières. Je pense à vous tous en ce moment qui est plus pénible pour vous que pour moi. Je viens de voir l’aumônier, j'ai refusé la communion. Donc aucun service religieux à mon intention. Mes amitiés aussi à tous les voisins et camarades, qu'ils sachent que j'ai fait mon devoir de Français et de communiste.

Papa, Maman, ma dernière pensée sera pour vous et pour mon frère. Je vous embrasse tous dans un même élan.

Soyez courageux.

Adieu tous.

Votre fils Albert.

Vive la France, Vive le parti communiste

Paix- Liberté- Justice

 

***

A remettre à Madame Berard. Fresnes le 17 Septembre 1943

Chers oncle et tante

Je pars… d'où l'on ne revient pas. Dans 4 heures, je vous aurai tous quittés. Embrassez tous mes parents pour moi, et votre fils Henri quand vous aurez le bonheur de le trouver.

Recevez les derniers baisers de votre neveu

Albert Rannou

Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans: Albert Rannou (Gaëlle Colin, Ouest-France Finistère/Bretagne, 17 septembre 2020)
Finistère. Un résistant méconnu est mort il y a 77 ans: Albert Rannou (Gaëlle Colin, Ouest-France Finistère/Bretagne, 17 septembre 2020)

Lire aussi sur le Chiffon Rouge:

Albert Rannou: Lettres de prison d'un résistant communiste brestois né à Guimiliau fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

Et dans le Télégramme, le 3 mai 2017:
 

Jacques Guivarch a en sa possession un lourd héritage à remettre à la descendance d'Albert Rannou : ses dernières correspondances avant son exécution le 17 septembre 1943. © Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/finistere/pleyber-christ/resistance-les-derniers-ecrits-d-un-guimilien

Jacques Guivarch a en sa possession un lourd héritage à remettre à la descendance d'Albert Rannou : ses dernières correspondances avant son exécution le 17 septembre 1943. © Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/finistere/pleyber-christ/resistance-les-derniers-ecrits-d-un-guimilien

Jacques Guivarc'h nous avait confié les copies des lettres manuscrites d'Albert Rannou et Paul Monot, fusillés au Mont Valérien, à Alain David et à moi au mois de janvier dernier. Nous les avions publiées intégralement sur le "Chiffon Rouge" et raconté ce que nous savions du contexte de la résistance brestoise, de la vie de ces héros communistes bretons morts pour la France, la liberté, et leurs idéaux du Front Populaire. Un livre est en préparation, qui sera édité chez Skol Vreizh dans quelques mois, avec Dominique Derrien et moi-même à la baguette, sur ces résistants communistes brestois fusillés en septembre 1943. 

Ismaël Dupont. 

 Le Télégramme, Pleyber-Christ, 3 mai 2017 

C'est tout à fait par hasard que Jacques Guivarch a trouvé, dans le tiroir d'une armoire ayant appartenu à son père Jean, une douzaine de lettres, adressées par un jeune résistant guimilien, Albert Rannou, à sa famille jusqu'à son exécution à Fresnes pendant la Seconde Guerre mondiale. L'ancien marbrier morlaisien souhaite maintenant les remettre à la famille Rannou.

La correspondance confiée à un ami sûr

Albert Rannou, maçon et résistant communiste, avait été arrêté en mars 1943 et enfermé à la prison de Rennes avant de rejoindre, en août, Fresnes (Seine-et-Oise). Jusqu'à son exécution le 17 septembre 1943, il écrivait régulièrement à sa famille qui, sans doute par peur d'une fouille et pour les préserver, avait confié ces lettres à une connaissance sûre, Jean Guivarch, qui habitait rue de Brest, à Morlaix, en face de la gendarmerie (il allait lui-même être emprisonné un an). Ce dernier n'en avait jamais parlé à son fils Jacques, né cette même année 1943, qui les a découvertes bien plus tard.

Une dernière lettre avant son exécution en 1943

Jacques Guivarch a lu et relu cette correspondance et, à chaque fois, il en a été bouleversé. Le jeune résistant s'inquiétait moins pour lui que pour ses parents, il évoquait sa vie en détention toujours en positivant.

 « Il est possible d'être heureux même en prison », écrivait-il dans une de ses lettres. Il demandait aussi des nouvelles de la famille et des relations. Mais, en juillet 1943, son ton avait changé car il assistait alors à des tortures perpétrées par la police française. C'est la lettre écrite à ses parents, cinq heures avant son exécution, qui a surtout bouleversé Jacques Guivarch : « Je meurs content car mon sacrifice, j'en ai la certitude, n'aura pas été vain, j'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour que la paix règne en ce monde ».

Retrouver la descendance pour lui remettre cet héritage

Ce n'est que quelques années après sa découverte que Jacques Guivarch a retrouvé la trace du frère d'Albert Rannou, âgé de plus de 80 ans, à Nantes. Il lui a remis les lettres originales en conservant des copies. Cette fois, Jacques Guivarch souhaite rencontrer la descendance d'Albert Rannou et lui transmettre ces écrits.

Un hommage aux résistants morts pour la France lundi

Lundi, sera célébré le 72e anniversaire de la victoire de la Guerre 39-45. Ce sera l'occasion de se souvenir de l'héroïsme des jeunes résistants comme Albert Rannou, entrés dans le maquis pour lutter contre l'envahisseur. Ils ont été nombreux à avoir été assassinés ou déportés dans l'anonymat.
 

Le Télégramme, 3 mai 2017

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