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18 février 2021 4 18 /02 /février /2021 09:44

 

Le président turc refuse de négocier et maintient Öcalan en prison. Il préfère une guerre totale contre les Kurdes pour éradiquer le PKK.

Vingt-deux ans ! Vingt-deux ans qu’Abdullah Öcalan est en captivité dans une geôle turque. Et pas n’importe laquelle. Il est enfermé sur l’île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul, par le régime turc. Au cours des dix dernières années, le leader kurde, fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), n’a été autorisé à recevoir que quelques visites de sa famille et de ses avocats, au mépris de toutes les conventions internationales et européennes des droits humains. Et ce, malgré plusieurs rapports du Comité pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe (CPT).

Comme encouragée par la complaisance et le silence de l’Union européenne, Ankara amplifie la répression contre les Kurdes et tous ceux qui défendent leur cause, comme c’est le cas du Parti démocratique des peuples (HDP). En mars 2015, la logique de guerre du président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’a amené à rompre brutalement les pourparlers engagés fin 2012 avec Öcalan et le mouvement kurde, anéantissant les espoirs de paix que le processus avait pourtant fait naître au sein des populations. Il a étouffé l’opposition d’une main de fer, tout en lançant son armée, l’une des plus puissantes de l’Otan, contre les villes et les villages kurdes. Certains ont été détruits, les arrestations se sont multipliées, des maires ont été déchus de leurs fonctions.

Une guerre anti-Kurdes qui n’a pas de frontières, puisque les troupes turques sont entrées au Kurdistan syrien, laissant la voie libre aux exactions de leurs supplétifs islamistes. Les mêmes qui avaient tenté de s’emparer de la ville de Kobané en 2014. Personne n’a d’ailleurs oublié que les djihadistes sont arrivés en Syrie en transitant sans problème par la même Turquie. Le journaliste Can Dündar avait même été condamné parce qu’il avait révélé, photos à l’appui, l’aide apportée par les services de renseignements turcs, le MIT, dans l’approvisionnement en armes des troupes de l’organisation dite de l’« État islamique », Daech. À Afrin et à Serekaniyé, un nettoyage ethnique est en cours. Les témoignages recueillis dans les camps de déplacés sont terribles, exécutions sommaires et pillages quotidiens. La même armée est maintenant déployée au nord de l’Irak pour éradiquer les bases arrière du PKK. Des combats ont lieu, les bombardements se multiplient et la situation peut dégénérer à tout instant.

L’attaque frontale menée l’est en réalité contre la philosophie politique développée par Öcalan, qui a directement inspiré le système démocratique alternatif mis en place au Rojava. Celui-ci est basé sur la démocratie directe, l’égalité des genres, le pluralisme et la coexistence entre les différents groupes ethniques et religieux. Comme le disait Nelson Mandela : « Seuls les hommes libres peuvent négocier. » C’est sans doute pourquoi Erdogan maintient Öcalan en prison. P. B.

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18 février 2021 4 18 /02 /février /2021 06:32

 

1883 postes d’enseignants seront supprimés à la rentrée prochaine en lycée et collège. La crise de la Covid-19 a mis en évidence l'impérieux besoin de moyens humains et matériels supplémentaires
pour permettre à tous les enfants de réussir à l’école et pour pallier les conséquences de plusieurs mois de chaos organisé. Mais le gouvernement, toujours aussi irresponsable, fait le choix de poursuivre sa politique d’austérité dans l’éducation, notamment dans le second degré.

 

 

Cette politique poursuit l’objectif de casse d’une école commune et émancipatrice. Avec moins d’enseignants, des effectifs par classe de plus en plus lourds et une offre de formation qui se réduit comme peau de chagrin, l’Education nationale est transformée en service minimal, destiné à accueillir ceux qui n’ont pas d’autres choix. Les familles qui le peuvent sont encouragées à se tourner vers le privé.

Pour le PCF, il n’est pas question de voir disparaître l’ambition d’une école commune à tous les enfants !
Il soutient les personnels, les parents et les élèves qui, dans bon nombre d'écoles et d'établissements se mobilisent pour garantir à chaque jeune des conditions d’enseignement dignes.

Il est à leurs côtés pour exiger des réponses à la hauteur de la crise que nous traversons. Depuis presque un an, le PCF a mis en débat un plan d’urgence pour l’école. Pour que tous les élèves puissent retrouver une scolarité sereine et à temps complet, il faut rapidement donner aux établissements des moyens humains et matériels supplémentaires. Au lieu de supprimer des heures d’enseignement, il faut engager immédiatement un plan de recrutement de grande ampleur.

Il est à leurs côtés, enfin, pour refuser la mise en concurrence des disciplines et des établissements. Partout, les communistes refusent de céder à la division et s'engagent en faveur de l'unité de toute
la communauté éducative face aux tenants du néomanagement et du néolibéralisme. C’est pourquoi nous appelons tous les acteurs de l’éducation à s’engager dans la démarche des états généraux de l’éducation pour construire ensemble le projet de progrès dont l’école a besoin.

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18 février 2021 4 18 /02 /février /2021 06:14

 

Ce qui s’est passé jeudi 11 février 2021 sur la principale chaine de télévision du service public, France 2, est grave, extrêmement grave. Alors que nos concitoyens souffrent des conséquences de la pandémie, sont inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants, alors que la pauvreté se répand à la vitesse de la rotation de la terre, que le chômage et les fermetures de commerces indépendants menacent, voici que la grande chaine publique organise un débat centré sur « les séparatismes », l’immigration et le terrorisme entre le ministre de l’intérieur — qui glisse, on l’a vu, de droite vers la droite extrême — et la cheffe de l’extrême droite.

Outre que ce débat fut de bas niveau — à l’instar des questions des journalistes Léa Salamé et Thomas Sotto —, il nous a été donné de vivre un effroyable moment, impensable il y a quelques mois encore. Après des échanges d’amabilités non forcés, nous avons été les témoins, une heure durant, d’une surenchère sécuritaire et xénophobe, la cheffe de l’extrême droite expliquant qu’elle aurait pu signer le livre — publié début février —, du ministre de l’intérieur et intitulé Le séparatisme islamiste (L’observatoire) ; Gérald Darmanin lui répondant qu’il la trouvait désormais trop « molle » dans sa chasse contre les musulmans, après avoir salué son travail.

Chaque minute qui passait voyait la loi de séparation des églises et de l’Etat réinterprétée, tronquée, piétinée et, disons-le, dévoyée pour les besoins de la cause. De part et d’autre il fallait, à toute force, taire que le projet de loi gouvernemental foulait ce pilier de la République que constitue la loi de 1905. On en venait à débattre, comme s’il s’agissait d’une entreprise normale en démocratie, de la possibilité d’interdire le voile dans l’espace public, du nombre de demandeurs d’asile ou de réfugiés à expulser. D’humanité, il n’y en avait point !

Ce simulacre de débat n’aura en rien concerné la laïcité mais bien l’islam, les musulmans et les immigrés. Comment aurait-il pu en être autrement tant les deux protagonistes appartiennent à des familles de pensée qui ont toujours lutté contre la loi de 1905 ? Leur « laïcité » n’est qu’un prétexte au renforcement des prérogatives d’un Etat qui tend à se détacher de ses amarres démocratiques.

Mieux, le ministre de l’intérieur n’a-t-il pas désigné, à plusieurs reprises et sur un ton badin, son interlocutrice – d’ailleurs tout sourire -, comme la finaliste du second tour de l’élection présidentielle ? Un comble !

Je me sens le devoir de mettre en garde contre la funeste opération en cours. En haut lieu, avec les deniers des contribuables, on travaille à créer un « jus » politique trouble et malodorant, pour ne pas dire suffocant. Bientôt, les citoyens se verront cernés par des problématiques droitières, sommés de répondre à des questions de droite. Ils seront immergés dans un « bain boueux », le même que celui dans lequel ils ont vu, hier soir, nager un ministre de la police ayant milité à l’action française et une héritière du pétainisme — tous deux ayant Charles Maurras, entre autres, pour référence. Peut-être peuvent-ils se retrouver demain dans un même gouvernement si nous n’y prenons garde !

Les dirigeants de la télévision publique qui organisent une telle opération portent une lourde responsabilité. Préparer ainsi les esprits à un duel entre l’extrême droite et le pouvoir pour les prochaines élections présidentielles, vise à évacuer toute alternative progressiste de transformation sociale, démocratique et écologique. Cette opération, qui fait fi du pluralisme politique en France, a pour but d’ouvrir la porte à de nouveaux piétinements des conquis sociaux et des valeurs fondamentales dont notre République n’aurait jamais dû se détourner. Attention : nous n’avons pas assisté à un duel, hier, mais à un véritable numéro de duettistes dont l’objet nous apparaît évident : détourner nos concitoyens des questions qui les préoccupent.

Le climat instauré par le gouvernement à travers sa loi dite « séparatisme » après celle sur la sécurité globale, contribue à ces rapprochements mortifères. Aucun démocrate ne peut sous-estimer une telle entreprise qui pourrait préparer de douloureux moments. Il convient donc de réagir. Et vite.

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18 février 2021 4 18 /02 /février /2021 06:11

 

Les syndicats se sont remobilisés ce mercredi contre le projet de scission d'EDF alors que le gouvernement a entrouvert la porte à un "plan B" et qu'un rassemblement est prévu dans l'après-midi autour de l'Assemblée nationale, pendant l'audition du patron de l'électricien. Il s'agit de la 5e journée de grève à l'appel de l'interfédérale CGT, CFE-CGC, CFDT, FO depuis le 26 novembre, la deuxième en 2021. La journée a commencé avec une banderole "Hercule-Clamadieu (le patron d'Engie), stop à l'enfumage" tendue devant le siège d'EDF, avenue de Wagram à Paris puis celui de GRDF, rue condorcet, tandis que près de 200 électriciens et gaziers ont lancé des fumigènes rouges et des pétards. D'autres actions éparses comme des barrages filtrants ou des baisses de charge dans les centrales nucléaires sont attendues. Un rassemblement est également prévu à partir de 14H00 autour de l'Assemblée nationale, où doivent être justement auditionnés le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, et le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire Depuis la dernière grève du 19 janvier, les élus nationaux, après les collectivités locales, sont venus grossir le mouvement: 80 députés de gauche comme de droite ont ainsi cosigné une lettre de protestation et demandé au gouvernement de recevoir des représentants de l'intersyndicale d'EDF. Le retrait du projet "On a gagné la bataille des idées, estime Sébastien Menesplier, secrétaire fédéral de la fédération CGT Mines Energie. On se doute qu'il y a un souci quelque part. Les négociations se font dans la plus complète opacité, donc il est difficile de savoir d'où viennent les blocages". "On considère qu'on n'a jamais été aussi près d'obtenir le retrait du projet, c'est important de rester mobilisés", ajoute-t-il. Les syndicats redoutent un "démantèlement" qui pourrait se traduire par une scission en trois entités de l'électricien détenu à 83% par l'Etat: une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (EDF vert) cotée en Bourse pour la distribution d'électricité et les énergies renouvelables, et une troisième (EDF azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques. La maîtrise publique du secteur de l'énergie Après l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, auteur d'une tribune vendredi dans Le Monde pour demander le retrait d'Hercule, un collectif de cinquante personnalités, dont d'anciens dirigeants d'EDF, Laurent Berger (CFDT) et Eric Piolle (EELV), ont également pris la plume dans le même journal paru mercredi. "Nous (...) appelons le président de la République à renoncer au projet Hercule, et le Parlement à dresser le bilan de vingt ans de libéralisation afin de reprendre la maîtrise publique du secteur de l'énergie", écrivent-ils. "Socialiser les dettes, privatiser les profits, c'est un grand classique des logiques de privatisation. L'Etat assumerait les financements onéreux, les investisseurs privés en tireraient les bénéfices". "L'Etat doit, comme en 1946, reprendre la main sur l'énergie. Hier pour reconstruire le pays, aujourd'hui pour sauver le climat", concluent les signataires.

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 12:34

Islamo-gauchisme?

Voici quelques temps que le terme « islamo-gauchisme » sort de la bouche de nos gouvernants.

Mais quel est ce thème si barbare, qui est visé par ce terme par nos gouvernants ?

Autrefois utilisée par la frange d'extrême-droite, l'expression "islamo-gauchiste" vise à discréditer les partisans d'une laïcité d'ouverture et ceux qui refusent d'instrumentaliser l'idée républicaine et universaliste de laïcité pour stigmatiser particulièrement une religion, et surtout ceux qui par leurs pratiques, leurs croyances, ou simplement par leurs origines, lui sont associés: les musulmans, et derrière eux, les étrangers un peu "basanés".

Comment ne pas voir que la paranoïa et les campagnes médiatiques contre les manifestations visibles de la religion musulmane renvoient essentiellement à une phobie xénophobe, à une volonté de déplacer les enjeux de la question sociale vers la question religieuse, raciale, ou communautaire, en semant des graines de conflit qui font le jeu des extrémistes islamistes?.

Cela ne posait en réalité pas de problème quand seule Marine Le Pen et ses acolytes l’utilisaient.

Il est devenu beaucoup plus problématique quand le gouvernement à commencé à l’utiliser.

Vous savez, le gouvernement d’Emmanuel Macron, élu pour faire barrage à l’extrême droite...

Quel magnifique barrage, aussi solide que la ligne Maginot l’était en 40.

Car si le terme « islamo-gauchisme » est devenu monnaie courante dans la France de 2021, un autre terme l’était tout autant dans les années 30, le « judéo-bolchévisme », qui nommait celles et ceux qui protégeaient et soutenaient les juifs, ou encore les juifs, en partie communistes, comme les communistes, réputés inspirés par les juifs. 
Si le parallèle entre les années 30 et notre monde peut paraître excessif, la réalité est bien là, les dynamiques de la haine et de la fragmentation sont à l’œuvre.

Les conditions sont réunies: la crise politique dans laquelle la France est plongée élections après élections, une crise économique sans précédent depuis des années. Un sentiment d’abandon pour une jeunesse en perte de repère, la montée de propos autrefois réservés à une frange réactionnaire de la société et qui ne choquent même plus.

Mais heureusement, il n’est pas encore trop tard, d’ici un peu plus d’un an, les français seront appelés aux urnes pour élire le nouveau ou la nouvelle présidente de la République.

Et si pour le moment les médias aux mains de milliardaires nous vendent un second tour Macron/Le Pen, c’est le pouvoir des urnes qui décidera en dernier ressort et le choix ne sera et ne devra pas êtres fait par eux mais par nous, citoyens de France. Nous, citoyens du pays des Lumières.
Alors aujourd’hui, construisons ensemble la France de demain, loin des fachos, loin des réacs, loin de celles et ceux qui veulent détruire la France, son histoire et sa culture.

Et comme le disait si bien Karl Marx, « prolétaires de tous les pays unissez-vous ! »

Enzo de Gregorio

 

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 12:28
Non aux fermetures de classe dans le pays de Morlaix - Rassemblement devant l'inspection départementale de l'éducation nationale école Gambetta à Morlaix
Non aux fermetures de classe dans le pays de Morlaix - Rassemblement devant l'inspection départementale de l'éducation nationale école Gambetta à Morlaix
Non aux fermetures de classe dans le pays de Morlaix - Rassemblement devant l'inspection départementale de l'éducation nationale école Gambetta à Morlaix
Non aux fermetures de classe dans le pays de Morlaix - Rassemblement devant l'inspection départementale de l'éducation nationale école Gambetta à Morlaix
 La colère reste intacte sur le territoire de Morlaix face à l’annonce de la potentielle fermeture de 11 classes sur notre territoire. A la veille d’un nouveau vote de l’inspection académique, les parents d’élèves et certains professeurs sont venus dire devant les locaux de l’inspection académique leur refus de voir disparaître l’une de leur classe. 
Mais comme le disaient les parents présents ce matin, la lutte ne fait que commencer !
Enzo de Gregorio, secrétaire départemental de la JC Finistère, adhérent PCF pays de Morlaix
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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 09:42

Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France, revient sur les conditions de détention d’Abdullah Öcalan et la nécessité de le libérer pour résoudre le conflit avec la Turquie. Entretien.

En Turquie, en Irak, en Syrie et en Iran, la question du droit des Kurdes se pose avec de plus en plus d’acuité. De la réponse apportée à ces revendications dépend en partie le sort du Moyen-Orient. Comment les différences ethniques, culturelles, cultuelles et de genre peuvent-elles devenir une chance pour la région ? Öcalan a, depuis longtemps, développé un projet original. Il est incarcéré mais reste une des clés essentielles pour la paix.

Quelles sont les conditions de détention d’Abdullah Öcalan ?

 

AGIT POLAT Abdullah Öcalan a été enlevé le 15 février 1999 à Nairobi, au Kenya, à l’issue d’un complot international, avant d’être incarcéré dans la prison de haute sécurité située sur l’île d’Imrali, en plein milieu de la mer de Marmara, au large d’Istanbul. Pendant les quinze premières années de détention, Öcalan a été le seul détenu de cette prison, qui avait été entièrement aménagée dans le cadre d’un système carcéral conçu spécialement pour lui. La conception de la prison a été développée par des architectes militaires de l’Otan. Dans le régime carcéral d’Imrali, la télévision et le téléphone sont interdits, les journaux sont minutieusement contrôlés et découpés avant d’être remis au détenu, de façon à en retirer tous les articles traitant de sujets politiques ou relatifs aux Kurdes. Öcalan dispose d’une petite radio très souvent brouillée durant la diffusion des émissions d’information.

L’objectif est de le déstabiliser mentalement, de l’empêcher d’analyser les évolutions géopolitiques et géostratégiques, parce que la profondeur et la pertinence de ses analyses, ses perspectives, ses prévisions nuisent aux intérêts stratégiques de l’État turc. Même si le large mouvement de grève de la faim mené par plusieurs milliers de prisonniers politiques kurdes en 2019 a ouvert une brèche de courte durée dans l’isolement d’ Öcalan, lui permettant quelques rencontres avec ses avocats, l’isolement carcéral total persiste. Depuis plusieurs mois, on est sans aucune nouvelle de lui, aucune information n’est donnée par les autorités turques sur sa situation.

Que représente-t-il pour les peuples kurdes ?

AGIT POLAT À la différence des autres leaders kurdes, Öcalan a la particularité d’avoir développé une conscience nationale chez les Kurdes des quatre parties du Kurdistan. Après une série de massacres et de persécutions, les Kurdes, en tant que nation, avaient pratiquement perdu la notion d’identité ethnique.

Lire aussi : Kurdistan. La Turquie à la manœuvre pour éliminer les Kurdes d’Irak

Dans les années 1970, parler en kurde, prononcer le mot kurde, célébrer le Newroz (premier jour du printemps et Nouvel An kurde – NDLR) ou bien parler tout simplement d’un problème kurde était inimaginable en Turquie. La répression des dernières rébellions kurdes avait été effroyable, au point que personne n’osait parler d’un Kurdistan ou bien de la question kurde. En ce sens, le mouvement lancé par Öcalan a éveillé les consciences. C’est ainsi que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a entrepris une lutte armée, face à la répression et aux massacres dont les Kurdes étaient victimes, tout comme les Arméniens, les Grecs pontiques, les Assyro-Chaldéens et d’autres minorités.

C’est à la suite de cette lutte que le peuple kurde a pu s’émanciper et atteindre une liberté partielle. En d’autres termes, Öcalan a fait renaître le peuple kurde de ses cendres. C’est pourquoi il y a un lien très fort entre le peuple kurde et leur leader Öcalan. Parfois, l’admiration du peuple kurde pour Öcalan est mal interprétée par ceux qui ne connaissent pas l’arrière-plan de cet attachement et pensent qu’il s’agit d’un culte de la personnalité, alors que c’est tout simplement l’expression de la gratitude d’un peuple envers son leader.

En poursuivant son offensive contre les positions du PKK dans les montagnes irakiennes, que recherche Erdogan ?

AGIT POLAT Comme au nord de la Syrie, le PKK reste toujours un prétexte pour l’invasion du Kurdistan irakien par la Turquie. Cette dernière cherche à s’implanter dans le nord de l’Irak, avec la collaboration totale du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) dirigé par la famille Barzani, dans l’objectif d’annexer le Kurdistan irakien, ceci afin de rétablir les frontières de l’Empire ottoman. Le problème de la Turquie n’est pas le PKK, mais les Kurdes.

« Les Kurdes sont aujourd’hui le seul peuple qui lutte contre la barbarie de la Turquie. »

Dans le passé, lors des différents massacres commis par la Turquie contre les Kurdes, le PKK n’existait pas. Les Kurdes et le PKK, qui incarne le plus grand mouvement de résistance de ce peuple, représentent un problème existentiel pour la Turquie. Car la République de Turquie a été fondée sur la négation des peuples qui vivaient sur ses terres. Les Kurdes sont aujourd’hui le seul peuple qui lutte contre la barbarie de la Turquie. C’est pourquoi leur existence représente une menace stratégique pour la Turquie.

 

Comment jugez-vous l’attitude de l’Union européenne vis-à-vis de la question kurde ? N’y a-t-il pas un double langage entre le soutien affiché aux Forces démocratiques syriennes au Rojava et l’inscription du PKK sur la liste des organisations terroristes ?

AGIT POLAT L’Union européenne n’a pas de politique claire concernant la résolution de la question kurde. Elle préfère adopter une approche distincte pour chaque partie du Kurdistan. Par exemple, elle prétend soutenir les Kurdes de Syrie, elle envoie des délégations dans le nord de la Syrie pour rencontrer l’administration autonome mise en place dans cette région, mais elle ne reconnaît pas officiellement cette administration sur le plan international. En Turquie, cette même Union européenne apporte un soutien très mitigé au Parti démocratique des peuples (HDP, dont l’un des leaders, Selahattin Demirtas, est actuellement emprisonné, de même que Figen Yüksekdag, ex-coprésidente de cette formation et plusieurs députés – NDLR). Cependant, elle appuie ouvertement le gouvernement régional du Kurdistan en Irak. Mais le problème, en Irak, est que la population locale ne cautionne pas vraiment ce gouvernement soutenu par l’Europe. En Iran, les Kurdes sont les plus grands oubliés de l’Europe, malgré l’exécution par pendaison de centaines d’entre eux par le régime iranien.

Tout ceci, tout ce silence, ainsi que cette approche ambiguë nous montre que l’Europe n’a pas une politique visant la résolution de la question kurde. La question kurde est instrumentalisée par certains gouvernements européens, et en particulier par certains ministères, afin d’exercer une pression contre la Turquie, ou bien permettre de marchander plus facilement avec la Turquie. Il y a en Europe certains lobbies qui ne souhaitent pas que la question kurde soit résolue, car d’une part la guerre contribue toujours aux intérêts des lobbies d’armement, et d’autre part la question kurde reste le principal sujet de chantage contre la Turquie.

Donc, résoudre cette question ne servirait pas les intérêts des « diplomates ». Quand bien même les États en question savent pertinemment que le PKK n’est pas une organisation terroriste, et malgré les décisions de justice en faveur du PKK, celui-ci continue d’être inscrit sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne.

 

En quoi la libération d’Öcalan pourrait-elle être porteuse d’espoir pour les Kurdes ?

AGIT POLAT La libération du leader kurde Abdullah Öcalan ne revient pas seulement à la libération d’un leader kurde, elle signifie aussi la résolution de la question kurde. L’action d’Abdullah Öcalan au cours des dernières années a démontré son rôle de conciliateur entre Turcs et Kurdes, un rôle indispensable à une paix durable et légitime. La libération du représentant kurde serait une contribution essentielle à la résolution du conflit. Poursuivre le régime d’isolement imposé à Öcalan revient à se fourvoyer dans le traitement militaire de la question kurde. Pour que des négociations substantielles puissent commencer, Öcalan doit être libéré !

 

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 09:37

 

Duralex est une marque française produite sur le site de La Chapelle-St-Mesmin dans l’agglomération d’Orléans depuis 1945 et mondialement reconnue pour avoir mis au point et produit le verre trempé à la résistance légendaire et vendu dans le monde entier. D’ailleurs, qui n’a jamais bu dans un verre Duralex à la cantine ?

 

 

Cette marque, qui peut être considérée comme un fleuron industriel français, a pourtant bien failli disparaître à plusieurs reprises. En vingt ans, l’entreprise a connu de nombreux déboires : avec quatre propriétaires, deux redressements judiciaires et même une faillite en 2008. Trop souvent, les intérêts personnels des dirigeants et actionnaires sans vision industrielle et stratégique primaient sur un développement à long terme de l’entreprise et de la production en France de la marque, malgré un avenir prometteur. Et, comme à chaque fois, ce sont les salariés et leurs familles qui en ont payé les frais : de 1 400 salariés dans les années 1970, ils ne sont plus que 261 aujourd’hui (900 emplois induits), sur le seul site de la marque qui reste en France, après la casse progressive du site de Rive-de-Gier dans la Loire par un homme d’affaires turc qui détenait alors Duralex, et sa fermeture en 2008, sacrifiant ses 103 derniers salariés après avoir « pillé » l’entreprise selon les termes de la CGT. L’augmentation de la « productivité » a donc uniquement servi les intérêts financiers des actionnaires au détriment des conditions de travail des salariés et de l’emploi sur le territoire.

Après plusieurs droits d’alerte lancés par le syndicat CGT entre 2010 et 2019, après un incident lié au remplacement de son four en 2017 réduisant fortement ses capacités de production, une gestion catastrophique amplifiée par les conséquences de la crise sanitaire avec une perte d’environ 60 % du chiffre d’affaires du fait de l’arrêt des exportations (80 % de l’activité de l’entreprise),    la verrerie Duralex a été placée en procédure de redressement judiciaire le 23 septembre 2020. 

Pourtant, si la marque n’a jamais disparu, c’est bien grâce à la mobilisation continue de ses salariés, de ses syndicats, la CGT    en tête, de la population, du Parti communiste français, ses élus et militants qui n’ont jamais manqué un rendez-vous et ont toujours été force de propositions pour pérenniser la production française du verre sur le site de La Chapelle-St-Mesmin en proposant notamment le développement d’une filière de formation professionnelle à ses métiers.

L’originalité des mobilisations également quand, à deux reprises, les salariés décident de mettre leur entreprise sous protection citoyenne en organisant des portes-ouvertes en 1985 et 2006, marquant une formidable mobilisation avec plus de 40 000 personnes venues découvrir l’entreprise, le métier du verre expliqué par les salariés, apporter leur soutien et leur attachement à cette entreprise. Cette pression populaire et cet écho national ont aidé les salariés et leurs organisations syndicales dans le rapport de force, démontrant aux dirigeants que les salariés n’étaient pas seuls et obligeant les politiques locaux à se positionner du côté de l’emploi.

Un rapport d’expertise du CSE a démontré un manque cruel d’implication commerciale, d’investissements insuffisants en fonds propres au capital et une gestion d’entreprise calamiteuse de la part du dirigeant et des actionnaires. Les responsabilités sont posées et une nouvelle bataille s’est engagée pour les salariés : être acteurs considérés et écoutés dans les choix possibles de reprise, empêcher toute suppression de poste car les salariés n’ont pas à payer les conséquences d’une mauvaise gestion de la direction, que la pérennité de l’entreprise repose en grande partie sur ses salariés qualifiés, et qu’il y a aujourd’hui de nombreux postes qui restent à pourvoir dans de nombreux services de l’entreprise.

Mobilisation appuyée et consolidée par un projet réalisé par la CGT détaillant un cahier des charges permettant les investissements nécessaires, notamment la réfection du four, mais aussi le parc machines, le renforcement de la force de frappe commerciale, la protection des brevets et de la marque.

Mobilisation tournée vers l’avenir, portant les intérêts sociaux, écologiques, démocratiques et du territoire au même niveau. Produire du verre est bien plus écologique que la production de plastique polluante pour la planète. Une partie importante liée aux pertes de production peut être réintroduite dans les matières premières qui alimentent le four, le reste étant revendu et recyclé dans la fabrication de bouteilles en verre, dans la fabrication de revêtements routiers, dans la fabrication d’isolants (laine de verre)... Relocaliser la production sur le site de La Chapelle-St-Mesmin, c’est permettre non seulement de garder l’intégralité des emplois, mais aussi de développer l’entreprise et donc la création d’emplois dans le Loiret en lien avec les sous-traitants proches du site. Agir localement et permettre un développement du fret ferroviaire public (dont la ligne passait dans l’entreprise), c’est aussi réduire fortement les émissions de CO2 dues aux transports.

La démocratie au cœur, car les salariés ont été mis en responsabilité par la CGT qui a organisé des assemblées générales et un référendum sur le choix du repreneur auquel 71 % des salariés ont participé.

Les solutions d’avenir existent, il ne manque que des investissements et du développement. Le repreneur, Pyrex, implanté à Châteauroux, va injecter 17,5 millions d’euros dans l’entreprise et conserver l’ensemble de l’effectif, alors que certaines offres prévoyaient la suppression de plus de 50 % des emplois ou que les dirigeants responsables de cette situation se proposaient de racheter l’entreprise comme l’y autorise la scandaleuse loi Macron.

Cette victoire est donc celle des salariés, de toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés. Une nouvelle lutte s’engage pour le respect des engagements, l’amélioration des conditions de travail, l’augmentation des salaires. Une nouvelle fois, les salariés trouveront les communistes à leurs côtés, dans l’action et dans les propositions pour la relocalisation de la production, pour de nouveaux droits à l’entreprise, pour les salaires décents, pour des formations qualifiantes.

Mathieu Gallois

secrétaire départemental

 

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 06:47

 

De 1998 à 2005, malgré de multiples pressions, le courageux juge chilien Juan Guzman a poursuivi et tenté de faire condamner l’ex-dictateur Augusto Pinochet. En apprenant la nouvelle de son décès, le 22 janvier dernier, à Santiago, à l’âge de 81 ans, toute l’équipe de production d’un film documentaire qui lui fut consacré, Le Juge et le Général, a souhaité exprimer sa solidarité, son soutien et son affection à sa famille. « Juan Guzmán était un homme d’honneur, courageux et généreux. Nous estimons qu’il mérite une reconnaissance nationale. » A titre de contribution et d’hommage, dans l’espoir que son labeur soit amplement connu, et afin d’inciter l’ensemble des medias à mieux faire connaître « son engagement et sa droiture », cette équipe propose le documentaire en libre accès.

 

 

En 1990, après 17 ans de dictature, le général Augusto Pinochet est contraint de passer la main à un président élu démocratiquement. Il n’accepte néanmoins de le faire qu’en échange d’un accord tacite lui assurant l’impunité. Demeuré chef de l’armée et sénateur à vie, il bénéficiera de fait d’une immunité parlementaire et c’est lui-même qui a nommé la plupart des juges en exercice à ce moment.
Après quelques années de rémission, les efforts acharnés des familles des victimes et des disparus porte ses fruits. Le pouvoir judiciaire cherche à retrouver un minimum d’autonomie. Début 1998, Juan Guzmán Tapia, juge plutôt conservateur de la Cour d’appel de Santiago, accepte d’instruire les premières plaintes déposées contre l’ex-dictateur. Il l’inculpe pour « séquestre permanent » et « homicide qualifié » dans le cadre de l’affaire dite de la « Calle Conferencia », qui porte sur la disparition de plusieurs dirigeants du Parti communiste en 1976. Dans les mois qui suivent, plusieurs centaines de plaintes sont déposées, dans différentes affaires, contre Pinochet.

Le 16 octobre 1998, alors qu’il se trouve à Londres pour raisons médicales, le général Pinochet est placé en état d’arrestation à la requête des juges de la « Audiencia nacional » espagnole Manuel García Castellón et Baltazar Garzón, qui instruisent deux plaintes parallèles concernant des disparitions et des assassinats de citoyens espagnols, au Chili et en Argentine, à l’époque des régimes militaires. La Chambre des lords refusant de concéder l’immunité diplomatique au général, le président chilien Eduardo Frei et son gouvernement de centre gauche ne vont cesser de réclamer le rapatriement de l’ancien dictateur dans son pays. Ministre des affaires étrangères socialiste, José Miguel Insulza justifie cette insistance : « En Espagne, Augusto Pinochet n’aurait pas, en raison du contexte trop politisé, un procès serein », alors qu’au Chili il pourrait être « plus efficacement jugé [1] ». De son côté, qualifiant la détention de « cruelle » et d’« injuste », l’ex-première ministre britannique Margaret Thatcher accuse le juge Garzón d’« être conseillé par un groupe de marxistes [2] ». 

Lorsque, en octobre 1999, la Cour suprême britannique ratifie l’extradition vers Santiago plutôt que vers Madrid, un discret « comité de crise » impliquant Washington (Bill Clinton), Londres (Tony Blair), Santiago (Eduardo Frei) et Madrid (José Maria Aznar) trouve une porte de sortie : un rapport de trois médecins britanniques désignés par le Royaume-Uni conclut à l’incapacité de Pinochet de comparaître en justice, en raison « de son délicat état de santé ». Le monde assiste donc, le 3 mars 2000, à une scène hors du commun : sur la piste de l’aéroport de Santiago du Chili, le « mourant », descendu de l’avion sur une chaise roulante, se lève avec vigueur pour saluer ses vieux camarades venus l’accueillir.

Quelques jours après ce retour, le juge Guzmán persiste et signe : refusant de se laisser abuser, il interroge l’ancien dictateur et décide de l’inculper pour les assassinats commis par la « Caravane de la mort », une escouade de militaires qui a parcouru le pays en exécutant une centaine d’opposants après le coup d’Etat de septembre 1973. Un général a révélé les tortures infligées aux victimes de cette opération : les membres du commando « leur arrachaient les yeux avec des couteaux de combat à lame courbe, ils leur brûlaient les mâchoires, les jambes [3] »

On ne s’attaque pas impunément à l’ancien tyran. Les pressions sur le nouveau président, Ricardo Lagos, sont considérables. Si le pouvoir politique met fin aux poursuites judiciaires, les forces armées se déclarent « susceptibles d’accepter une réforme de la constitution » léguée par Pinochet. Plus ou moins discrètement et depuis des horizons divers, de la droite au Parti socialiste, les « conseils de modération » en direction de Guzman se multiplient. Des injonctions parfois… modérément modérées. Le 3 décembre 2000, des pinochetistes manifestent à Providencia, devant sa maison, le traitant de « honte nationale ». Début 2001, après l’avoir traité de « désaxé », Jacqueline, la fille cadette de Pinochet, demandera aux forces armées de faire preuve d’une « détermination plus énergique et forte » face aux poursuites dont son père est l’objet. Courageux, Guzman ne se laisse pas intimider. Mais sa sécurité doit être assurée en permanence par dix inspecteurs de la police judiciaire, qui constituent sa garde rapprochée.

Jamais Guzmán n’a perdu l’espoir de voir Pinochet jugé. Toutefois, après avoir soumis l’ancien dictateur à des expertises médicales, la Cour suprême décide le 1er juillet 2002 que l’ancien chef de l’Etat, censé souffrir de « démence sénile », ne peut plus être poursuivi. « J’aurais pu partager la décision de la Cour suprême, déclarera ultérieurement Guzman lors d’une interview, mais ayant vu Pinochet et étudié sérieusement les rapports médicaux, je ne pouvais qu’estimer qu’il avait des facultés mentales normales. »

Fort de cette certitude, il réussira à inculper à nouveau Pinochet en 2005 dans un autre dossier, celui de l’ « Opération Condor », un plan concerté qui a permis aux dictatures sud-américaines d’éliminer leurs opposants. La « justice » prononçant en septembre la relaxe de l’ex-dictateur, le magistrat échouera à aller plus loin.

Ayant pris sa retraite début mai 2005, après avoir dénoncé de nombreuses pressions, Guzman a raconté son parcours dans un ouvrage, Au bord du monde, les mémoires du juge de Pinochet [4]En apprenant la triste nouvelle de son décès, le 22 janvier dernier, à Santiago, à l’âge de 81 ans, toute l’équipe de production d’un film documentaire qui lui fut consacré, Le Juge et le Général, a souhaité exprimer sa solidarité, son soutien et son affection à sa famille. « Juan Guzmán était un homme d’honneur, courageux et généreux. Nous estimons qu’il mérite une reconnaissance nationale. » A titre de contribution et d’hommage, dans l’espoir que son labeur soit amplement connu, et afin d’inciter l’ensemble des medias à mieux faire connaître « son engagement et sa droiture », cette équipe [5] propose le documentaire en libre accès.

Version Française

[1 Le Monde, Paris, 3 décembre 1998.

[2 El País, Madrid, 7 octobre 1999.

[3 Le Monde, 31 janvier 2001.

[4 Les Arènes, Paris, 2005.

[5 Elizabeth Farnsworth et Patricio Lanfranco (direction et réalisation), Maria Isabel Mordojovich et Jac Forton (traducteurs de la version française).

Maurice LEMOINE

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16 février 2021 2 16 /02 /février /2021 09:37

 

Manque de savoir-faire, d’équipement... à l’heure où 80 % des démarches administratives sont dématérialisées, la fracture numérique est une cause majeure d’exclusion. À Saint-Denis (93), Emmaüs Connect aide les plus précaires, dont l’isolement a encore été accru par les confinements.

L’entrée est discrète et les locaux chaleureux. En poussant la porte vitrée du centre Emmaüs Connect de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le sourire de Shah et de Brenda accueille le visiteur. En service civique, les deux jeunes femmes orientent, renseignent, conseillent. « Les personnes que l’on reçoit sont souvent désabusées, abîmées par leur parcours de vie et lorsqu’on parvient à les aider, à les faire sourire, ça fait plaisir, confie Brenda. Elles doivent se sentir bienvenues. »

Fondée en 2013, la branche Connect de l’association œuvre au quotidien pour réduire cette fracture numérique devenue « l’une des très grandes injustices sociales de notre temps » explique Marie Talhouarne. « D’ici à 2022, poursuit la responsable des opérations sur Saint-Denis, la totalité des démarches administratives se feront en ligne, c’est déjà le cas à 80 % aujourd’hui. » Pourtant, derrière chacun des supposés progrès induits par la digitalisation des démarches – simplicité, rapidité, accessibilité – se cache en réalité une cause majeure d’exclusion. Un enjeu globalement minimisé et, pour certains cas, totalement ignoré par les pouvoir publics.

Icon QuoteNous recevons des SDF, des migrants, avec beaucoup de démarches à faire, en préfecture et ailleurs. M. TALHOUARNE, D’EMMAÜS CONNECT

« Pour moi, la fracture numérique, c’était ma grand-mère qui ne sait pas se servir d’un smartphone, plaisante Brenda, mais la réalité est bien différente. » Et le confinement qui a fait baisser le rideau à de nombreux points d’accueil de services publics a encore aggravé la situation. De mars à mai dernier, le local dionysien a totalement fermé ses portes mais pas lors du deuxième confinement. « Nous avons seulement continué la vente de recharges, c’est la priorité », confie Marie.

Il s’agit de vendre à prix réduit des recharges pour téléphones portables. Environ 50 % de moins que sur le marché grâce à un partenariat, depuis le départ, entre Emmaüs et l’opérateur SFR. Un « comptoir solidaire » qui permet aussi aux plus précaires d’acquérir à moindres frais de quoi s’équiper. « Pendant le deuxième confinement, détaille la responsable du local, on a ainsi vendu 97 ordinateurs, 100 téléphones, 53 smartphones, 58 cartes SIM et 800 recharges mobiles. » C’est l’un des trois services qu’offre aux bénéficiaires Emmaüs Connect.

Des usagers livrés à eux-mêmes

À côté de cela, l’association met en place des ateliers d’initiation qui permettent, en 12 heures de cours encadrés par des bénévoles, d’apprendre les rudiments de l’informatique. Enfin, des « permanences connectées » proposent un accompagnement individualisé aux démarches sur Internet. « La crise sanitaire a éloigné les services publics des usagers et beaucoup, qui avaient l’habitude de se rendre en mairie ou chez une assistante sociale, se sont retrouvés seuls, complètement perdus », explique Brenda. La jeune femme s’interrompt une seconde, puis reprend : « C’est contradictoire finalement, cet outil est censé nous rapprocher, et finalement, il isole, il exclut. »

Pour le seul mois de janvier, à Saint-Denis, 60 nouveaux bénéficiaires ont poussé les portes d’Emmaüs Connect. « Beaucoup de personnes âgées, qui viennent parfois juste pour parler à quelqu’un. On les connaît bien, on les appelle nos grands bavards », sourit Brenda. Mais pas seulement. « Il n’y a pas de profil type, nous recevons beaucoup de SDF et énormément de personnes issues d’un parcours migratoire. Ils ont de nombreuses démarches à faire, en préfecture et ailleurs », explique Marie Talhouarne. « Mais nous ne sommes pas là pour les faire à leur place, poursuit-elle. Notre but, notre mission, c’est qu’ils comprennent et sachent utiliser l’outil informatique, même au minimum. » C’est la condition pour réduire la fracture numérique. Une bataille indispensable, aujourd’hui plus encore qu’il y a un an.

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