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20 mars 2021 6 20 /03 /mars /2021 06:54
Le collectif du Forum social brestois appelle à manifester, samedi, pour commémorer les 150 ans de la Commune. (Le Télégramme, 19 mars 2021)

Le collectif du Forum social brestois appelle à manifester, samedi, pour commémorer les 150 ans de la Commune. (Le Télégramme, 19 mars 2021)

Après une première édition consacrée au militantisme et une deuxième à l’extrême droite, la nouvelle édition du Forum social brestois, qui se tient du 18 mars au 28 mai, met à l’honneur les 150 ans de la Commune. À cette occasion, le collectif appelle à une manifestation festive à Brest, ce samedi 20 mars, au départ de la place de Strasbourg. Le cortège se dirigera vers la place de la Liberté afin de rejoindre, à 15 h, le rassemblement contre la loi Sécurité globale à l’initiative du collectif StopLoiSécuritéGlobale. Renseignements sur la page Facebook du Forum social brestois.

La Commune a 150 ans, Vive la commune !  Rendez-vous à 13h30 Place de Strasbourg à Brest pour fêter cet anniversaire

La Commune a 150 ans, Vive la commune ! Rendez-vous à 13h30 Place de Strasbourg à Brest pour fêter cet anniversaire

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20 mars 2021 6 20 /03 /mars /2021 06:46
Rue Rosa-Luxemburg à Brest - Pierre Serna, L'Humanité, 19 mars, chronique de l'extrême centre
Ma chronique de l’extrême centre par Pierre Serna. Rue Rosa-Luxemburg
 
Vendredi 19 Mars 2021
 
Pierre Serna
 
À Brest, sur proposition de la section PCF, relayée par les élus communistes, l’ensemble de la majorité de gauche a accepté d’offrir au quartier Saint-Pierre une rue portant le nom de Rosa Luxemburg. C’est là un bel hommage au moment de commémorer le 150e anniversaire de cette femme, révolutionnaire, marxiste allemande, pacifiste, féministe, assassinée par les corps francs nationalistes durant la révolution spartakiste, le 15 janvier 1919, avec Karl Liebknecht.
Pacifiste, profondément internationaliste, elle s’oppose de toutes ses forces à la Première Guerre mondiale, et se retrouve emprisonnée pour son opposition à la boucherie guerrière. Une de ses lettres, rédigée le 28 décembre 1916, a été reprise par Anouk Grinberg, dans son spectacle dédié aux lettres de prison de la révolutionnaire, et republiée récemment par le Chiffon rouge de Morlaix, pour saluer la décision des élus de Brest. Elle y demande à une amie, qu’elle critique de ne pas s’engager assez, de rester au moins « un être humain… et ça, ça veut dire être solide, clair et clame, oui calme, envers et contre tout, car gémir est l’affaire des faibles. Être humain, c’est, s’il le faut, mettre gaiement sa vie tout entière “sur la grande balance du destin”, tout en se réjouissant de chaque belle journée et de chaque beau nuage ». On ne peut que rester admiratif et impressionné par la détermination, la beauté et la rigueur de ces lignes, dont on sait qu’elles ne sont pas que des mots et que Rosa Luxemburg ira au bout de son engagement.
Aujourd’hui, plongé·e·s dans cette pandémie qui dure et va durer, il est bon de lire et de rendre hommage à Rosa Luxemburg. Avec une précision extrême, elle repose la question que nous devons affronter dans cette adversité nouvelle : comment résister seul·e ? Comment lutter ensemble ? En ces temps d’enfermement, de blocage ou d’interdiction de manifestation, la lecture, la réflexion, les discussions, fussent en très petit cercle, sont possibles. Ce repli sur soi n’est pas déni du monde, au contraire. Pour Rosa Luxemburg, au fond de sa prison, jamais le monde n’a semblé aussi présent. C’est une leçon pour nous, déjà hypnotisés par 2022. Les luttes à venir ensemble doivent servir à casser la logique d’un second tour déjà imposé d’avance. Les premiers combats concernent les femmes dans la vie sociale, politique et économique, afin qu’elles soient parfaitement égales aux hommes. En en faisant une priorité absolue de son programme, la gauche commencera à casser un destin que nous refusons toutes et tous.
 
Pierre Serna
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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 20:40
Le dernier hommage de Alain David à son ami Michel Derrien, élu communiste morlaisien, décédé fin décembre 2020

Alain David vient de nous quitter.

Le dernier hommage de Alain à son ami Michel Derrien, décédé fin décembre 2020

HOMMAGE A MICHEL DERRIEN

Avec la disparition de Michel le parti communiste perd un militant aux qualités humaines unanimement reconnues qui s’est investi sans relâche dans toutes ses activités pendant des années. Mais la ville de Morlaix et ses habitants perdent aussi un élu, un soutien qui n’a ménagé ni son temps ni son énergie pour améliorer la vie de ses concitoyens particulièrement les plus fragiles.

J’ai connu Michel en 1968, l’année de mon adhésion au Parti. J’ai tout de suite été frappé par la qualité de sa réflexion, de son apport à la réflexion collective en tant que secrétaire de section de Morlaix et au rayonnement des idées communistes. De la qualité et de la bienveillance de son écoute aussi  Cette année- là Michel, qui militait déjà syndicalement au SNI y prit des responsabilités départementales et je me retrouvai propulsé au secrétariat de section. Il avait pris soin de rassurer le néophyte que j’étais en disant qu’il ne laisserait pas tomber la section …et contrairement à ce qui arrive parfois , il tint bien entendu parole et continua à participer activement à notre vie.

Michel avait beaucoup lu et avait donc une culture très étendue, même s’il ne l’étalait pas. Il avait un souci permanent d’ouverture du Parti invitant à participer aux réunions, au-delà de nos rangs sur des sujets divers, de l’éducation populaire sans en dire le nom au 5, rue haute donc.

Parmi les activités qu’il  ne manquait jamais il y avait, comme temps fort, la préparation des congrès.  Michel tenait à ce que le maximum de camarades puisse  participer aux échanges, à la réflexion et aux propositions. Là encore sa réflexion, son expérience, sa rigueur étaient précieuses .Il était toujours soucieux de la précision des choses et de l’accessibilité des formulations. Je l’entends encore me dire : « tu sais, nous les communistes, il faut que nous soyons compris par tout le monde. S’il y a plusieurs façons de dire les choses, sans en altérer le sens, choisis toujours la plus simple, la plus compréhensible ». A une période où le jargon étant loin d’être absent de notre expression le conseil était particulièrement pertinent.

C’est aussi ce qui motivait son attachement à ce que nous appelions à cette époque les écoles du parti qui ont été développées à Morlaix. C’est de cet «  intellectuel collectif «   que nous tirions notre efficacité .Je me souviendrai de ces leçons  lorsque j’aurai la responsabilité de la Formation des militants au niveau départemental.

Bien sûr je ne saurais oublier tout ce que Michel nous a apporté en ce qui concerne la réflexion sur l’enseignement et la défense de l’école publique. Utilisation précieuse de son expérience syndicale. Même si ses voyages vers Châteaulin n’étaient  pas sans danger dans les Monts d’Arrée en hiver, la nuit par temps de brouillard.

Me reviennent à l’esprit les ventes exceptionnelles de l’Huma Dimanche que nous faisions tous les deux à Plourin ,les échanges riches avec la population et les discussions enrichissantes pendant le trajet entre les fermes dont Michel connaissait tous les occupants et leur histoire: ainsi allaient les choses en ce temps-là.

Mais l’apport de Michel n’était pas qu’intellectuel. Il ne rechignait jamais à mettre la main à la pâte. Dans les deux sens du terme. Beaucoup se souviennent encore de ses talents de cuisinier lors des fêtes du parti.

Et puis il y eut 1977 : depuis des dizaines d’années il n’y avait pas eu d’élus communistes à Morlaix et bien entendu nous n’avions pas d’expérience en ce domaine. Michel effectua quatre mandats successifs. Apportant dans le domaine dont il avait la charge (la circulation, le transport et le stationnement) son sérieux, son travail, sa connaissance des dossiers. Mais aussi sa volonté de tenir compte des avis de la population, de prioriser avant toute chose le service au public. Pendant toutes ces années Michel a apporté beaucoup plus que sa compétence ; il a été pour beaucoup dans la cohésion et dans la cohérence du groupe que nous formions y compris lorsque soufflaient sur l’union des vents mauvais.

Le 3ème mandat a été particulier,  puisque la majorité sortante ayant été battue, nous nous sommes retrouvés dans l’opposition. A deux communistes sur 8 élus. Une nouvelle expérience où il s’agissait plus de contrôler et de s’opposer que de construire. Avec Michel nous jouions notre rôle même si je voyais bien que ce n’était pas celui qu’il préférait. Il fut certainement plus à l’aise lorsqu’il put à nouveau construire dans la nouvelle municipalité.

Ce mandat terminé, Michel ne resta pas pour autant l’arme au pied. Il s’investit encore davantage au Secours Populaire qui, du coup, prit de l’ampleur. D’autres, diraient mieux que moi tout ce qu’il y a apporté à la fois comme rigueur et comme chaleur humaine avec toujours la volonté de préserver la dignité des personnes accueillies. Car, évidemment,  Michel ne faisait rien à moitié.

En cette année où l’on fête le 100ème anniversaire du PCF, on célèbre beaucoup et c’est bien normal, les grandes avancées sociales à son actif et toutes celles et tous ceux qui y ont joué un grand rôle. Mais le rôle du PCF c’est aussi le résultat du combat de centaines de milliers de militants et d’élus qui, comme Michel,  ont  toute leur vie lutté pour bâtir cette France fraternelle que chantait Jean FERRAT.

A l’heure où l’humanité est confrontée à des défis colossaux pour dépasser cette société d’exploitation, de domination et d’aliénation qui sème tant de drames et de misère, à l’heure où la vie même est menacée sur la planète, il est temps que les choses changent. Cela a été le combat de la vie de Michel.

Nous, ses camarades, prenons l’engagement de le poursuivre sans relâche.

                                                                                                                     Alain  DAVID

                                                                                                                       31.12.2020

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 06:29
La proposition de loi sur l’Allocation Adulte Handicapé mettant fin à la prise en compte des revenus du conjoint sera en débat le 17 juin à l'initiative du groupe communiste
[Communiqué] La proposition de loi sur l’AAH sera en débat le 17 juin à notre initiative
A l’Assemblée nationale, en mars 2019, nous défendions la proposition de loi de Marie-George Buffet visant à mettre fin à la prise en compte des revenus du conjoint ou de la conjointe dans le calcul de l'allocation adulte handicapé (AAH). Cette mesure est attendue depuis de longues années par de nombreux couples qui ne peuvent vivre leur relation au grand jour ou connaissent une perte de revenus importants en officialisant leur vie commune à cause de ce mode de calcul.
En mars 2019, le Gouvernement et la majorité avaient rejeté notre texte, par une motion.
En février 2020, cette proposition de loi est revenue dans les débats à travers une proposition de loi analogue du groupe parlementaire Libertés et territoires, dont nous saluons l’engagement sur ce sujet d’une si grande importance. L’adoption de ce texte avec le soutien des groupes d’opposition et de plusieurs député.es de la majorité contre l’avis du Gouvernement a fait naître l’espoir pour tous ceux et toutes celles qui subissent cette injustice.
Il revenait alors au Sénat de mettre cette loi à son ordre du jour. Plus de 108 000 signataires ont soutenu la pétition sur le site du Sénat demandant la "Désolidarisation des revenus du conjoint pour le paiement de l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH)." Une mobilisation citoyenne d’une ampleur extraordinaire a ainsi permis l’examen de ce texte par les sénatrices et les sénateurs. Le 9 mars dernier, cette proposition de loi a enfin été adoptée par le Sénat, à notre grande satisfaction.
Mais le combat n’est pas terminé. Ce texte doit à nouveau être adopté à l’Assemblée nationale pour que la navette parlementaire aille à son terme.
Comme il y a deux ans, nous prenons nos responsabilités et avons décidé d’inscrire ce texte dans notre ordre du jour réservé. Nous ne voulons pas laisser l’inaction créer une nouvelle attente insupportable pour les dizaines de milliers de compatriotes qui attendent que nous mettions fin à cette injustice.
Ainsi, le 17 juin prochain, nous proposerons et défendrons la dignité et l’émancipation des femmes et des hommes en situation de handicap. Nous aurons besoin de toutes les forces des associations, des organisations, des citoyennes et citoyens pour faire aboutir ce combat.
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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 06:23
Barricade rue de Castiglione, photographiée par Bruno Braquehais. © Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis/I. Andreani

Barricade rue de Castiglione, photographiée par Bruno Braquehais. © Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis/I. Andreani

La Commune, une œuvre politique et sociale qui a marqué l’histoire
Jeudi 18 Mars 2021 - L'Humanité

Il y a cent cinquante ans, la révolution parisienne fut l’initiatrice d’une République sociale, laïque et démocratique inédite. Récit de ces 72 jours d'une expérience sans précédents dans l'histoire de la France, et des riches débats qui leur succédèrent.

 

Soixante ans après le début de la Révolution française, le second Empire avait, sur les cendres des journées de Juin 1848 et le coup d’État du 2 décembre 1851, instauré la dictature de la grande bourgeoisie financière et industrielle sur la France.

Face au régime libéral, plébiscitaire et autoritaire de Napoléon III, une force sociale nouvelle n’avait cessé de s’affirmer avec la transformation du système de production autour de l’industrie, de la machine à vapeur et du travail salarié, dont celui des enfants. Elle avait obtenu, en 1864, la reconnaissance de son droit de coalition et, la même année, s’était organisée politiquement sous la forme d’une Association internationale des travailleurs (AIT).

Le fiasco militaire de Sedan et la capitulation de l’empereur

Confrontée à la montée en puissance de la Prusse, la France avait déclaré la guerre au royaume de Guillaume Ier et d’Otto von Bismarck, le 19 juillet 1870. À peine un mois et demi après, le 2 septembre, la campagne de « Napoléon le Petit », selon l’expression de Victor Hugo en 1852, se soldait, après une série d’autres, par le fiasco militaire de Sedan et la capitulation de l’empereur.

Les événements, fait significatif, seront annoncés au Palais-Bourbon par Eugène Schneider, maître du Creusot et président du corps législatif impérial, président de la Société générale et fondateur, avec Charles de Wendel, du Comité des forges, la veille de la proclamation de la République, le 4 septembre.

Autre fait significatif, c’est dans la galerie des Glaces de Versailles que sera proclamée la naissance de l’État allemand, le 18 janvier 1871, date à laquelle les armées du Kaiser assiègent Paris et tiennent sous leur coupe le nord-est du territoire de la France métropolitaine.

Un armistice honteux, le 28 janvier

La République proclamée le 4 septembre 1870, celle du gouvernement de la défense nationale puis, après les élections législatives du 8 février 1871, celle placée sous l’autorité d’Adolphe Thiers et d’une Assemblée nationale à majorité royaliste installée à Versailles, organisera, sous la pression de l’Empire allemand et des milieux d’affaires français, l’écrasement de la Commune de Paris.

Elle avait promis une mobilisation acharnée avec à l’esprit les souvenirs des batailles de la Révolution française de Valmy (1792) et de Fleurus (1794). Elle signera – malgré l’opposition de Gambetta et de Garibaldi – un armistice honteux, le 28 janvier, et bientôt un traité préliminaire de paix, le 26 février. Après une série de trahisons, elle entérinera, entre autres humiliations, la perte de l’Alsace-Lorraine, avant de se réarmer, avec l’appui des nouveaux maîtres de l’Allemagne, contre Paris.

Le Paris populaire résiste

Le 7 janvier 1871, l’affiche rouge signée notamment par Édouard Vaillant et Jules Vallès demandant la naissance de la Commune de Paris, à l’image de la Commune insurrectionnelle de Paris de 1792, avait eu peu d’écho. Le 22 janvier, les tirs de la troupe sur les manifestants opposés à la capitulation rassemblés devant l’Hôtel de Ville, le jour où Louise Michel prend pour la première fois les armes, lancent l’alarme. La décision du gouvernement de février d’imposer le règlement des loyers et des échéances impayés, de supprimer la solde des gardes nationaux et de s’emparer des canons de Montmartre mettra le feu aux poudres.

Le 18 mars 1871, l’idée de la Commune ressurgit avec la claire prise de conscience de la trahison du gouvernement de défense nationale puis du gouvernement de février et l’engagement des manœuvres de ce dernier pour écraser définitivement la résistance parisienne. Le 28 mars, à la suite des élections municipales du 26, un Conseil de la Commune est proclamé. La Commune de Paris de 1871, du 18 mars au 28 mai, date de la fin de la « semaine sanglante », durera soixante-douze jours (soixante-treize avec la prise du dernier fort à Vincennes, le 29 mai).

« Ceux qui tiennent la matraque exigent l’amnésie historique », écrit Noam Chomsky dans l’Ivresse de la force (Fayard). La Commune de Paris de 1871, clé de l’histoire contemporaine, non seulement française mais mondiale, ce « sphynx » selon l’expression de Karl Marx (1), trop souvent biffé d’une censure tenace dans notre mémoire, sera, malgré l’adversité, d’une intensité politique inouïe.

Le rôle des Parisiennes est décisif

Stimulée par l’action des clubs, journaux, comités, assemblées, cercles, syndicats, associations, unions dont, en particulier, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, fondée par Nathalie Le Mel et Élisabeth Dmitrieff, militante de l’AIT, ou le Comité des femmes de la rue d’Arras, organisant des ateliers collectifs « afin de préparer l’organisation du travail des femmes par elles-mêmes ». Le rôle des femmes du peuple de Paris est décisif. Les « mains de Jeanne-Marie » comme l’écrivait Arthur Rimbaud, mais aussi leurs voix, leurs plumes et leurs cœurs battants entraîneront, dans le cours des événements, un bouillonnement de projets et d’idées inédit.

De par son œuvre économique et sociale tout d’abord, la Commune répond à l’urgence d’une situation hautement critique et dessine les linéaments d’une nouvelle organisation de la société. Entre autres mesures, elle promulgue l’interdiction de l’expulsion des locataires, un moratoire sur les loyers, la réquisition des logements vacants pour les donner aux sans-logis et aux victimes des bombardements.

Elle transforme huissiers, notaires, commissaires-priseurs et greffiers des tribunaux en fonctionnaires pour les plus pauvres, elle promulgue la suspension de la vente des objets du Mont-de-piété et le dégagement gratuit pour certains d’entre eux. Elle met en place les éléments d’une protection sociale, avec la création de pensions, de cantines, de dispensaires, d’orphelinats ainsi que de soins médicaux gratuits.

Salaire minimum, journée de dix heures et réglementation du travail de nuit

Dans le champ du travail qu’elle commande directement, elle limite la journée de travail à dix heures, journée de travail qui était le plus souvent de quinze, voire de dix-huit heures par jour. Elle réglemente le travail de nuit et l’interdit dans les boulangeries. La Commune prend des mesures d’augmentation des salaires pour les travailleurs communaux, dont les postiers et les instituteurs. Elle contraint les entreprises qui travaillent pour elle de fixer un salaire minimum.

Elle interdit la pratique des amendes et des retenues sur les salaires opérée par le patronat. Elle assimile l’abandon d’un atelier par un patron à une désertion et légalise la remise aux travailleurs, constitués en société coopérative, des ateliers abandonnés avec une journée de travail maximale de dix heures et la désignation de leurs cadres par élection. Elle supprime les bureaux de placement privés et stimule la création de chambres syndicales qui se multiplient, et accroissent leurs actions.

Déconcentration du pouvoir et démocratie ouvrière

Inédite par son œuvre sociale et économique, la Commune de Paris de 1871 le sera également par son œuvre politique. Constitué de républicains de gauche, jacobins, blanquistes et indépendants ainsi que de socialistes, proudhoniens, internationalistes communistes ou radicaux, le Conseil de la Commune tire son inspiration politique des revendications démocratiques de la Convention montagnarde (1793-1794), de la Constitution de l’an I ainsi que de celles nées pendant et après la révolution de 1848, mettant en avant la démocratie directe – question agitant également les rangs de l’AIT –, la déconcentration du pouvoir d’État ainsi que le contrôle des représentants par le peuple.

Elle fait aussi écho aux revendications de la démocratie ouvrière impliquant la démocratisation de l’organisation des unités de production, usines, manufactures, ateliers et services publics. Entre autres mesures, elle promulgue le principe de séparation de l’Église et de l’État et la suppression du budget des cultes.

Révolution culturelle

Elle met en place, contre l’enseignement traditionnel imprégné d’obscurantisme, de préjugés inégalitaires de race, de sexe et de classe, une commission de l’enseignement avec pour mission la création d’une école laïque, gratuite et obligatoire incluant les arts, le sport et la culture pour tous ainsi que la promotion de l’enseignement professionnel polytechnique et l’égalité des sexes.

Elle met en place une commission fédérale des artistes dans laquelle se retrouvent notamment Corot, Courbet, Daumier et Manet pour faire ouvrir au public les musées de la ville, le jardin des Tuileries aux enfants et les bibliothèques aux travailleurs. Une révolution en matière culturelle pour l’époque.

« Les théâtres s’ouvrent », raconte Prosper-Olivier Lissagaray (2) : « Le Lyrique donne une grande représentation musicale au profit des blessés. ­L’Opéra-Comique en prépare une autre. Les artistes abandonnés par le directeur de la Gaieté dirigent eux-mêmes leur théâtre. Le Gymnase, le Châtelet, le Théâtre-Français, l’Ambigu-Comique ouvrent leurs portes à la foule. Des concerts sont organisés aux Tuileries, pour les veuves et les orphelins de la Commune.  »

Un pouvoir municipal élargi

Dans le domaine politique au sens institutionnel, la Commune, fonctionnant sur la base d’un dialogue ouvert permanent avec le peuple parisien par le biais des commissions, est placée sous le principe de la révocabilité des élus et des magistrats ainsi que l’idée du mandat impératif.

Patriotique mais dans un sens universaliste, elle ouvre la citoyenneté aux étrangers, qui seront nombreux parmi ses militants et combattants. Soucieuse de rompre avec le centralisme du Paris impérial, elle envisage la mise en place d’une République décentralisée fondée sur un pouvoir municipal élargi.

Mais la Commune de Paris de 1871 ne fut pas seulement un ensemble d’organes politiques et civiques dont l’action, d’une teneur extraordinaire pour les deux mois de son existence, pourrait être considérée comme un « arrêt sur image ». Comme telle, malgré ses audaces, sous la menace constante de son écrasement militaire et de son effondrement politique, isolée par l’échec des Communes provinciales, entre autres, de Lyon, Marseille ou Saint-Étienne, elle souffre nécessairement de nombre d’imperfections, de limitations et de contradictions soulignées, notamment, par la critique marxienne et marxiste.

L'espérance du « temps des cerises »

Elle fut, comme la Révolution française ou la révolution soviétique de 1917, un mouvement social en acte porteur, dans ses interstices mêmes, de principes dépassant sa lettre et traversant les époques.

Portant en elle l’espérance de ce « temps des cerises » qui, depuis la révolte de Spartacus contre le régime de l’esclavage romain, ne cesse de renaître au printemps d’une humanité productrice et créatrice s’émancipant de ses tutelles politiques, économiques, sociales et imaginaires, elle ne cesse de nous interpeller et de nous convier à la découvrir et à la redécouvrir, à l’image du hors-série exceptionnel, « Un espoir mis en chantier », que l’Humanité consacre à son cent cinquantième anniversaire.

Sur ses branches de mai 1871 ensanglantées par l’égoïsme armé des classes et des castes dominantes, comme au sortir de l’Occupation et de la Collaboration, ombrageant le mur des Fédérés témoignant de l’héroïsme des titis et des grisettes de la Commune de Paris, « à l’assaut du ciel », les fleurs de cerisier des « jours heureux ».

(1)  La Guerre civile en France, dans  Sur la Commune de Paris, textes et controverses. Éditions sociales, 2021.

(2) Histoire de la Commune de Paris 1871, de Prosper-Olivier Lissagaray. La Découverte, 2005.

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 06:16
Tous témoins, Ouvrage collectif sous la direction de Farouk Mardam Bey, Actes Sud, et l'Association, Pour que l'esprit vive, 143 p., 25€

Tous témoins, Ouvrage collectif sous la direction de Farouk Mardam Bey, Actes Sud, et l'Association, Pour que l'esprit vive, 143 p., 25€

Livre collectif. Dessins sortis de l’enfer des prisons de Syrie
Jeudi 18 Mars 2021

Incarcéré et torturé, Najah Albukaï témoigne par l’encre et le crayon dans un livre enrichi de très nombreuses contributions écrites.

Le Syrien Najah Albukaï est né en 1970. Il est artiste peintre. Il s’est jeté éperdument dans la révolution syrienne, dès les débuts, en 2011. Il a été emprisonné et torturé à plusieurs reprises dans les geôles de Damas. En 2011 d’abord, pour une journée, puis en 2012 (« un mois de torture en continu »), puis en 2014. Là, « ça a été l’enfer ». Au centre « 227 », dans les sous-sols, il fait partie de ceux que l’on appelait les « dénudés », parce que dévêtus et chargés du « labeur macabre » qui consiste à transporter les cadavres des codétenus dans des couvertures maculées de crasse, de pus et de sang. « Je n’ai pas arrêté, écrit Najah Albukaï, l’un des premiers cadavres que j’ai vus était marqué au gros feutre 5535 et l’un des derniers 5874. Ces chiffres, gravés dans ma mémoire, indiquent que trois cent quarante et un prisonniers sont morts pendant mon séjour, du 3 septembre au 11 novembre 2014. » Sa famille a pu le faire sortir, en payant une fortune en pots-de-vin : « Le tribunal du terrorisme était un véritable tiroir-caisse pour les services corrompus du régime. » Il se voit enfin accorder, par l’ambassade de France à Beyrouth, un visa de réfugié. Il se met à dessiner sans trêve au crayon et à l’encre sèche. Cela représente « des corps encagés dans des cachots » (Samar Yazbek), des figures de momies creuses, des hommes nus, pressés comme des moutons, devant la matraque des sbires d’Assad, des scènes de torture au trait fissuré, des têtes effarées, des détenus contraints de maintenir des corps suppliciés criblés de coups. On sent l’étouffante asphyxie de la page, engorgée sous l’amoncellement figuré des corps, la dissolution à grande échelle d’une « masse compacte et inidentifiable » (Sinan Antoon).

Des œuvres nées de l’horreur

Ces dessins semblent « croqués sur le vif » (Elias Sanbar), pour « témoigner de l’entreprise génocidaire menée par le pouvoir » (idem). Ils font l’objet d’une exposition à la galerie Fait & Cause tandis que le livre, sous la direction éditoriale de Farouk Mardam-Bey, les reproduit et les accompagne d’une vingtaine de textes, sous le titre générique de Tous témoins. La Maison de la poésie a prévu une soirée autour de l’ouvrage, le 20 mars. Des contributions poignantes (entre autres, de Sinan Antoon, Santiago Alba Rico, Habib Abdulrab Sarori, Djaïli Amadou Amal, Mohamed Berrada, Laurent Gaudé, Farouk Mardam-Bey, Wajdi Mouawad, James Noël, Olivier Py, Samar Yazbek) légendent, en quelque sorte, ces œuvres nées de l’horreur. Certains auteurs évoquent leur propre pays, en lien avec ce que Farouk Mardam-Bey nomme la « syrianisation du monde ». Samar Yazbek n’a pas oublié les jeunes Syriens dans les rues, à l’époque qu’on avait baptisée comme étant celle des printemps arabes. « C’étaient des corps frais qui se libéraient, élancés, bouillonnants de colère. » Et puis, poursuit-elle, « J’ai vu ces mêmes corps piétinés par les miliciens, assassinés par des snipers, conduits brutalement en prison », devenus « nourriture du néant ».

Tous ces presque cadavres griffonnés à la main, entourés du silence de l’impensable, possèdent l’ « intensité de choc » propre au dessin, que le témoignage photographique n’atteint pas. Selon Elias Sanbar  : « L’émotion qui sort par tous les pores » surpasse et bouleverse davantage.

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 06:13
L'impasse Thiers débaptisée rue du 18 mars 1871 à Saint-Brieuc

Œuvre de l'atelier Les Belles Rouges à Saint-Brieuc, un atelier féministe nouveau né dans les Côtes d'Armor! Photo envoyée par notre amie et camarade Christiane Caro.

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 06:08
Olivier Souêtre, communard morlaisien, cheminot, officier fédéré, chansonnier révolutionnaire
Nous empruntons ce juste hommage à un communard morlaisien à notre ami Claude Bonnard, co-fondateur du Théâtre de la Corniche à Morlaix:
 
"En ce premier jour de commémoration des 150 ans de la Commune de Paris, on peut évoquer "le communeux" local SOUÊTRE Olivier, dit Souvestre
"Né le 27 décembre 1831 à Plourin-lès-Morlaix (Finistère), mort le 30 décembre 1896 ; cheminot ; chansonnier révolutionnaire ; officier fédéré pendant la Commune de Paris.
Son nom primitif de Souvestre avait été modifié en Souêtre, en 1800, par un secrétaire de mairie étourdi. Son père était meunier et voulait faire de lui un prêtre. Le curé de Plourin lui enseigna le latin et lui insuffla l’amour de la poésie et de l’histoire ; Pierre Le Scour, greffier au tribunal de Morlaix (Finistère), le poussa vers le séminaire en payant son trousseau. Il entra au séminaire de Quimper (Finistère), écrivit des vers bretons et s’enthousiasma pour Lamennais ; puis, au cours de vacances à Locquirec (Finistère), il s’éprit d’une jeune fille et renonça à la prêtrise. À vingt ans, il fut incorporé dans l’infanterie de marine, à Rochefort (Charente-Inférieure) ; il fut libéré après deux ans comme fils aîné de veuve.
En 1858, il gagna Paris et occupa un emploi de bureau à la compagnie du chemin de fer d’Orléans ; il vivait médiocrement, fulminait contre la société et la religion : « La soutane, écrit-il, fait la nuit sur le monde » ; on le connaissait alors sous le nom de Souvestre, plutôt que de Souêtre.
Il se jeta avec enthousiasme dans les luttes de la Commune ; officier-payeur au 151e bataillon fédéré, il fut blessé à la gorge, au fort d’Issy, par une balle qui le laissa aphone.
La compagnie d’Orléans ne le reprit pas ; il devint correcteur d’imprimerie, puis employé au Comptoir d’escompte. Il écrivit de nombreux poèmes révolutionnaires ; il mourut à Paris, 2, rue Pascal (Ve arr.) et fut enterré le 1er janvier 1897 au cimetière de Bagneux.
Un de ses poèmes les plus célèbres, La Marianne, débutait ainsi :
 
« Mon nom à moi, c’est Marianne,
Un nom connu de l’univers,
Et j’aime à porter d’un air crâne
Mon bonnet rouge de travers »
 
Mise en musique par Léon Trafiers, popularisée par Fernande d’Erlincourt, la Marianne ne fut détrônée que par l’Internationale.
 
Souêtre groupa un certain nombre de ses poèmes, en 1896, sous le titre de La Cité de l’Égalité. Parmi ces poèmes, la Question de l’Amnistie qui, en 1879, lui valut le premier prix au concours de la Muse républicaine d’Évreux et La Commune ressuscitée, dans lequel il stigmatise Thiers, « sinistre vieillard » qui
 
« À fait signe à Bismarck, l’implacable vainqueur,
Et le Rhin allemand, pour la guerre civile,
Lui vomit ses captifs, par centaines de mille !
Mais la Commune reviendra, car elle est la Raison, la Justice et la Fraternité. »
 
« Jusque-là soyez fiers, heureux et triomphants,
Glorieux assassins de femmes et d’enfants :
Dormez sur vos lauriers sans souci d’autre chose,
Pourvoyeurs des poteaux hideux de Satory :
Votre éternelle apothéose
Sera le pilori !
......
Vous êtes des mourants ! et lorsque, sous les fleurs,
Vous riez, après boire.
Et vous chantez victoire,
J’entends, derrière vous, le pas des fossoyeurs ! »
 
Souêtre écrivit aussi, en 1885 Le Chant d’un soldat (La Crosse en l’air !) et, en 1890, Pendeurs et Pendus sur les martyrs de Chicago"
Article tiré du Maitron (https://maitron.fr/spip.php?article8750, notice SOUÊTRE Olivier, dit Souvestre, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 9 février 2020."
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18 mars 2021 4 18 /03 /mars /2021 06:45

 

Depuis le début de la crise sanitaire, le monde de la culture et de l’art est empêché de créer et de se produire publiquement. Or, nous avons besoin de la culture et de la création artistique pour vivre pleinement, pour les rencontres qu’elle permet, pour comprendre le présent, traverser les épreuves et se projeter dans l’avenir. Pour ces raisons, culture et création artistique ne sont ni des divertissements, ni de simples objets marchands mais des biens communs essentiels, des actes par lesquels nous faisons humanité.

 

 

Maintenir la culture sous clef est une décision injuste et injustifiable. Lors de la première vague, les théâtres, les cinémas, les conservatoires... avaient adopté des protocoles sanitaires extrêmement stricts et acceptés par leurs publics. Ils étaient ainsi parvenus, sans prendre de risque sanitaire, à un fonctionnement plutôt satisfaisant. Personne n’ignorait qu’il fallût réduire les flux partout, mais comment entendre qu’on ne le fît qu’à l’endroit de la culture de façon si implacable. Personne ne peut comprendre que les lieux culturels soient fermés quand d’autres sont ouverts et sans aucune limitation du nombre de personnes accueillies. C’est tout le sens de la mobilisation du monde de la culture. C’est aussi celui de la colère de nos concitoyens empêchés de partager, de s’exprimer, de se rencontrer, de s’émouvoir, de s’interroger...

En fermant les portes de l’art, de la culture, de la création, ce gouvernement, dont nous savons les politiques libérales, fait un choix assumé mais stérilisant, qui peut s’avérer dangereux pour la démocratie comme pour nos vies. Il conforte les dynamiques mortifères de repli et d’isolement qui altèrent les rapports sociaux et diminuent « l’humain dans l’être ». Or, pour éviter l’atrophie des esprits, stimuler le sens critique, l’imaginaire, affronter des épreuves et imaginer en sortir, pour mettre des mots, des sons et des formes sur ce que nous vivons, pour faire humanité, la culture est essentielle.

Depuis un an, des milliers de salariés du spectacle vivant, intermittents de l’emploi, ne peuvent plus travailler. Avec le chômage de masse du secteur, c’est aussi l’effondrement des systèmes de solidarité professionnelle et la paupérisation qui menacent. La crise ne touche pas que le milieu du spectacle. Les artistes-auteurs, qui bien souvent mènent en parallèle de leur travail de création, des actions de sensibilisation, ont vu celles-ci être annulées.

La crise sanitaire aggrave encore une précarité déjà trop présente dans le monde de la culture. Et comme si la situation n’était pas suffisamment inquiétante, le gouvernement ressort sa réforme de l’assurance chômage qui impactera durement l’ensemble des privés d’emploi et aggravera celle des intermittents du spectacle, sans leur apporter de réponse à ce stade.

On ne peut pas continuer dans cette voie. La crise que nous traversons appelle, au contraire, à trouver les voies d’une vie culturelle retrouvée.

C’est ce que demande le monde de la culture exaspéré par le mépris avec lequel il est traité par le gouvernement qui, après l’avoir jugé « non-essentiel », juge désormais les mobilisations « inutiles et dangereuses ». Au-delà de leur caractère blessant, les mots choisis signent l’aveu que la culture n’a décidément pas sa place dans les politiques menées depuis trois ans. Voire, qu’elle dérange. Sans doute parce qu’elle nous rassemble, nous éveille et nous fait grandir. La culture est subversive pour un pouvoir qui veut « un pays qui se tient sage », un peuple qui ne conteste pas les logiques libérales.

Depuis le 4 mars, l’occupation des théâtres pose avec force et de façon salutaire la question de la culture et celles des droits sociaux des acteurs culturels. Toutes ces questions, le gouvernement refuse de les voir. Elles ont pourtant résonné encore à la salle Pleyel lors de la cérémonie des Césars. Comment peut-il les ignorer plus longtemps ?

Plutôt que de s’entêter, le gouvernement doit prendre la mesure de l’urgence sociale dans laquelle se trouve le monde de la culture. Il faut entendre le besoin vital de se retrouver. Un pays qui ne danse plus, ne chante plus, ne se regarde plus, ne se parle plus, ne s’émerveille plus, ne se rêve plus, est un pays qui dépérit.

Pierre Dharréville

Responsable national du collectif Culture, député

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18 mars 2021 4 18 /03 /mars /2021 06:40

 

Ce 18 mars marque le début de la Commune de Paris, qu’il nous revient de fêter allégrement pour ce qu’elle fut, une expérience unique où le peuple de Paris a pris en main son destin pour vivre l’expérience d’une République démocratique, égalitaire et sociale, une République pour le peuple, par le peuple.

 

 

Et puisqu’il s’agit du 150e anniversaire de cette séquence essentielle, constitutive de l’Histoire de la Capitale pendant les 72 jours qu’a duré la Commune, de mars à fin mai de cette année 2021 la ville de Paris va vivre au rythme de la mémoire de ces événements. Une programmation riche soutenant une multitude d’initiatives associatives et culturelles invite les Parisiennes et les Parisiens à mieux connaitre, ou même à découvrir cette histoire, dans les arrondissements, dans les rues où l’insurrection fut vécue intensément.

Si nous en doutions, au regard des crispations et vociférations de la droite parisienne à l’annonce de cette commémoration par la Ville, la prise de pouvoir du peuple, pendant ces journées de 1871, par sa transformation radicale du rapport de classe, reste une brèche révolutionnaire encore d’une puissante actualité.

Forts de l’énergie de leur désespoir à la suite d’un siège qui les a affamés, meurtris, les plus humbles des Parisien·ne·s, les ouvriers, le monde du travail, refusant la représentation nationale monarchiste, ont réussi à faire naître et vivre un projet politique organisé et collectif, un espoir au service de l’amélioration de leurs conditions de vie, avec des décrets d’une telle modernité qu’ils sont en total résonance avec beaucoup de nos revendications d’aujourd’hui.

Le projet de société des communardes et communards s’appuyait sur l’aspiration à une démocratie directe avec des élus légitimes, associant des femmes en responsabilités, l’égalité entre femmes et hommes, égalité des salaires aussi. Les femmes furent d’ailleurs très impliquées dans la Commune de Paris. Louise Michel, bien sûr, mais de nombreuses autres que cet anniversaire un peu partout mettra à l’honneur. La Commune de 1871, c’est aussi des expériences d’autogestion, la santé accessible à toutes et tous, l’école gratuite et laïque, la séparation de l’Église et de l’État, ou encore la réquisition des logements vacants pour les plus démunis, la citoyenneté offerte aux étrangers, etc.

Alors oui ce fut bien sûr - les conservateurs d’aujourd’hui s’en effraient encore - aussi des épisodes violents, des édifices brûlés, des membres du clergé tués. Mais violences et exactions s’exprimèrent autant et même plus dans la répression. On le sait, les communardes et communards, les meneuses et meneurs comme les anonymes ont payé cher, au terme des 72 jours, avec les exécutions de la « semaine sanglante », sans compter toutes celles et tous ceux arrêtés et déportés.

La Commune, aussi brève fut-elle, laminée au final par la revanche meurtrière des réactionnaires tous unis contre le peuple de Paris, a néanmoins donné à espérer pour des générations un possible d’un collectif révolutionnaire. Elle a nourri, et nourri encore, l’imaginaire du mouvement ouvrier en France et bien au-delà. À l’époque déjà les gouvernants espagnols s’inquiétaient que des villes comme Barcelone ou Madrid ne s’en inspirent, et bien sûr la République espagnole s’est nourrie de cette inspiration. On put voir ensuite, dans les Brigades internationales, fièrement engagé un bataillon Louise-Michel, un bataillon de La Commune rassemblant des communistes français avec Rol-Tanguy à sa tête et montrant combien la Commune était notre héritage. La libération de Paris en août 1945, dans son engagement populaire, se souvenait encore du courage des communards… Alors, la Commune de Paris, en 2021 plus que jamais, alors que nous vivons l’agonie d’un capitalisme moderne même plus capable d’assurer la survie de toutes et tous pour les exploiter, fêtons-la, oui, pour mieux nous en inspirer !

Tout le programme des 150 ans de la Commune de Paris est accessible sur https://quefaire.paris.fr/ Et, au final, retrouvons-nous pour une grande manif convergeant vers le mur des Fédérés le 28 mai prochain.

Laurence Patrice, adjointe PCF à la Maire de Paris, en charge de la mémoire et du monde combattant

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