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23 juillet 2023 7 23 /07 /juillet /2023 05:36

La construction du siège suscite alors d’abondants commentaires. La Maison de la radio, « la maison ronde » de l’architecte Henry Bernard (construite entre 1952 et 1963) et le siège du PCF, œuvre d’Oscar Niemeyer, par leur conception, qui rompt avec la ligne droite et la pierre, viennent bouleverser respectivement les constructions bourgeoises du 16e et les blocs de HLM du 19e arrondissement et ouvrent à Paris de nouvelles conceptions architecturales.

 

 

Elles ont un autre point en commun, chacune épouse la forme du logotype du maître d’ouvrage, « la poêle » pour Radio France et, comme l’écrit la revue AMC (Le Moniteur Architecture Mouvement Continuité) pour le siège du PCF, « ...la valeur symbolique du bâtiment est mise en avant avec la présence de symboles communistes comme la faucille et le marteau. »

L’immeuble du PCF, dans cet arrondissement populaire en pleine reconstruction, n’est pas forcément du goût de tous. Le Courrier du XIXe, mensuel de l’UDR (1968), sous le titre « La maison de la honte » écrit : « La population du XIXe appréciera comme il convient... ce défi aux besoins des mal-logés… sans aucune utilité publique ou sociale. »

Pour le New-York Herald Tribune (1966), « Le dôme surplombant une salle souterraine a l’air de la porte d’une trappe... Le bâtiment a également son propre rideau de fer. Cela n’est pas aussi étrange que ça... car c’est une ville où même les boulangeries ont souvent leur rideau de fer... ».

Étranges propos aussi de Charlie-Hebdo (1971) : « C’est un architecte de Brasilia qui a conçu le bâtiment, les architectes français étant trop cons pour faire quelque chose de moche. »

Dans Combat (1973), l’architecte Ionel Schein tient un discours abscons : « Pauvre France, ton architecture et tes architectes foutent le camp. (...) Il est stupéfiant de voir cette architecture d’occupants colonialistes se mettre en place dans des pays qui ont acquis au prix du sang leur indépendance. (…) Le prolétariat n’a pas besoin de murs de verre. »

Mais plus généralement la presse apprécie. Dans le journal Combat (1968), on lit : « Le PCF voudrait montrer, à travers la construction d’un monument, la force grandissante de son parti qui possède actuellement un quart de l’électorat français... Il voudrait aussi montrer qu’il travaille à visage découvert... »

Le Monde (1971) souligne que « la «ligne» du P.C.F. en matière d’art, définie par le comité central d’Argenteuil en 1966, admet une plus grande ouverture et une plus grande liberté en matière de création artistique. Aussi le nouveau siège du P.C.F. n’a-t-il aucun caractère symbolique : il est l’expression d’un artiste et non pas d’une institution... » ; le même journal parle (1980) de « sublime forteresse ».

Pour Vanessa Grossman, dans un article du Moniteur (2013) : « La création du nouveau siège du PCF demeure une entreprise exceptionnelle dans l’histoire de la culture politique française du XXe siècle, et même plus généralement dans l’histoire des partis politiques opérant sous un régime démocratique. »

Si Le Figaro évoque « un bunker de luxe », il ajoute cependant : « L’idée est d’affirmer la puissance du parti, mais aussi d’en incarner sa ‘modernité.»

On garde pour la fin cette sortie de Georges Pompidou, président de la République, lors d’un déjeuner avec le jury du concours pour la réalisation du centre culturel qui portera son nom ; il dit à un des convives qui évoquait le siège du PCF : « C’est la seule bonne chose que les communistes aient faite. » 

Gérard Pellois

 

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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 08:42

 

 

 

 

 

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21 juillet 2023 5 21 /07 /juillet /2023 05:33

Le lancement de la souscription pour le siège agace les anticommunistes comme le groupuscule « Unir pour le socialisme » qui proclame, en septembre 1971 « Ne souscrivez pas pour le Palais Marchais » ! Mais cela ne trouble guère le trésorier Georges Gosnat, confiant, qui assure alors : « Les travaux vont ainsi se poursuivre pendant une dizaine de mois et tout sera terminé au cours de l’été 1972. »

 

Toutefois, les choses ne vont pas se passer aussi simplement.

Jacques Tricot, dans un entretien (2012) avec Vanessa Grossman, historienne et architecte, rappelle que sur le terrain de 5 000 m2 que le PCF a acquis auprès de « La Maison de syndicats » : « Il y avait des tas de choses ; il y avait des trucs appartenant au syndicat ; il devait y avoir des sections du Parti, c’était une sorte de bidonville. Il y avait simplement... une maison sérieuse de quelqu’un qui n’avait aucune envie de partir... ».

Le 15 juin 1972, le Bureau politique décide, « pour des raisons d’économie, de ne pas construire, du moins avant une période assez longue, la salle annexe du siège du Parti (lire la coupole) », et avance des dispositions « ...pour aménager de façon à peu près définitive le siège tel qu’il est actuellement, et ses abords. »

Le 17 août 1972 la presse est conviée au siège pour une présentation de la Fête de l’Humanité. De nouvelles dispositions sont prises pour relancer la souscription. Et « la maison sérieuse » est toujours là.

Néanmoins, pour les architectes, toujours selon Jacques Tricot, « il a fallu créer les conditions le long du chantier pour que la deuxième tranche puisse se construire. »

Le 28 juin 1978, le Bureau politique évoque le lancement d’une nouvelle « souscription publique pour la deuxième tranche des travaux du siège du Parti. »

Le problème de « la maison sérieuse » sera résolu (après arrangement, elle sera détruite). La construction de la deuxième phase débute en septembre 1978 ; il s’agit de l’esplanade, de la coupole, et de l’accès intérieur à la coupole.

Et le 27 juin 1980, en présence d’Oscar Niemeyer, la deuxième phase ainsi que l’ensemble de l’œuvre sont inaugurés par Georges Marchais qui déclare :

« Que soient remerciés tous ceux et toutes celles qui ont apporté leur part à cette belle réalisation. Je pense à l’architecte notre ami et camarade Oscar Niemeyer et à ses collaborateurs, aux ingénieurs, aux ouvriers de tous les corps du bâtiment qui ont des mois durant, donné le meilleur d’eux-mêmes. Il suffit de regarder de près chacun de ses éléments pour comprendre qu’une si belle réussite n’est possible que si l’intelligence de la création rencontre l’intelligence du savoir-faire. Je pense également aux dizaines et aux dizaines de milliers de militants, de visiteurs qui ont tenu à apporter leur contribution financière. »

Durant toute la période du chantier et principalement après la mise à disposition du bâtiment, des gardes militantes ont été organisées. Les fédérations de Paris et de l’Île-de-France étaient tenues d’assurer ces gardes, de jour comme de nuit, par la rotation de militants et de militantes volontaires. Pendant des années, le gardiennage de « Fabien », comme celui des précédents sièges, était assuré par des membres du Parti. Aujourd’hui, un mix entreprise/militants de l’Accueil sécurité l’assure et en cas de nécessité des gardes militantes sont effectuées y compris H24. Cette sécurité militante est aussi effective lors de rassemblements in situ ou à l’occasion de journées culturelles nationales ou parisiennes où les portes de leur maison sont ouvertes au public.

Gérard Pellois

 

Photos,

Archives départementales de Seine-St-Denis -Mémoiresd'Humanité

Palissade : auteur Massot

Construction coupole : auteur Robert Ponty

Armature : DR

 

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20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 08:37

 

 

 

 

 

 

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20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 05:33

 

Le sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Vilnius s’est tenu les 11 et 12 juillet, quelques jours après le 500e jour de la guerre en Ukraine et l’agression injustifiable et criminelle de la Russie. L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est remise à plus tard par les Etats-Unis eux-mêmes, malgré les appels des va-t-en-guerre, y compris français, qui souhaitent en découdre avec l’armée russe et s’engager dans ce conflit.

Mais celui-ci s’enlise. Les dirigeants ukrainiens et russes s’engagent dans une guerre d’usure, sur une ligne de front de 900 kilomètres. Certains parlent d’une guerre qui pourrait durer plusieurs années. Les dirigeants occidentaux eux-mêmes relaient cette idée pour préparer les esprits à un conflit de longue durée.

Nous ne voulons pas revivre en Europe une guerre de tranchées, avec le spectre planant d’une escalade nucléaire. Déjà plus de 9 000 civils tués selon l’Organisation des Nations unies (ONU), auxquels s’ajoutent les dizaines de milliers de morts au combat de part et d’autre et plus de 14 millions de déplacés. Des paysages dévastés, des kilomètres de tranchées, des combats durs qui nous rappellent la guerre de 14-18. On dit que l’histoire ne se répète pas. Mais elle peut bégayer.

Nous devons tout faire, par les voies diplomatique et politique, pour mettre rapidement un terme à cette catastrophe humanitaire et écologique. De plus, cette guerre a des conséquences internationales. D’abord sur les peuples européens qui subissent les coûts de cette économie de guerre imposée à tous, avec, entre autres, l’inflation comme conséquence. Dans une économie libérale, les peuples seront toujours mis à contribution au bénéfice des marchands de canons et de la finance.

Ensuite, de lourdes menaces pèsent sur les exportations de céréales permises par l’accord conclu en juillet 2022, suspendu lundi 17 juillet par la Russie. Or l’approvisionnement en blé de la Corne de l’Afrique, déjà menacée de famine, en dépend en grande partie. Enfin, la déstabilisation possible du pouvoir en Russie ouvrirait la porte à l’inconnu pour la maîtrise du deuxième arsenal nucléaire mondial. Ce dont personne, en responsabilité, ne peut se réjouir.

Ne laissons pas les surenchères guerrières devenir incontrôlables. Nous sommes à la croisée des chemins. Soit, nous comptons sur une victoire militaire de l’Ukraine pour libérer ses territoires, hypothèse aujourd’hui jugée hautement incertaine, soit nous empruntons une autre voie, certes étroite, mais pouvant permettre d’éviter le pire : la recherche d’une solution politique et diplomatique.

Du fait de son histoire, la France a une voix singulière à faire entendre. C’est le sens des propositions que j’ai formulées au président de la République à la veille du sommet de Vilnius. Même si ce chemin vers la paix est étroit, il faut pouvoir y travailler, lui donner de la consistance et le mettre en débat pour essayer de faire cesser le bruit des armes.

Ce chemin devra correspondre aux principes de la Charte des Nations unies et de la sécurité commune en Europe, respecter la souveraineté des peuples et donner les garanties réciproques de sécurité assurant une paix durable. C’est dans cet esprit que notre pays pourrait appeler les parties prenantes à discuter des points suivants : l’évacuation immédiate et inconditionnelle des territoires que la Russie occupe depuis le 24 février 2022, la négociation d’un statut de neutralité pour l’Ukraine lui apportant toutes les garanties sur sa souveraineté et sa sécurité dans le cadre d’une protection internationale sous l’égide de l’ONU, une négociation sur les réparations de guerre et un contrôle sur leur emploi pour qu’elles soient concrètement utiles au peuple ukrainien et qu’elles n’alimentent pas la corruption.

Il est également nécessaire d’évoquer l’acceptation par la Russie et par l’Ukraine d’un référendum internationalement contrôlé sur le statut de la Crimée et du Donbass, où la guerre a fait depuis 2014 des milliers de morts – la Russie renoncerait, ce faisant, aux résultats des référendums unilatéraux et sans valeur qu’elle a convoqués en 2022 dans les territoires occupés ainsi qu’à celui de 2014 sur la Crimée. Enfin doivent être abordés le retrait des armes nucléaires déployées en Biélorussie et le renoncement par Moscou de celles qui menacent directement l’Europe, en échange de quoi les forces de l’OTAN déployées en Europe reviendraient immédiatement à leur niveau de février 2022.

Les négociations sur un désarmement multilatéral des forces nucléaires déployées en Europe pourraient dès lors reprendre, sur la base du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cela rendrait possible l’ouverture, dès que les conditions le permettront, d’une conférence paneuropéenne de sécurité collective en vue d’interrompre sur tout le continent la dynamique de militarisation au profit de mesures de confiance réciproque. J’ai bien conscience de formuler ces propositions dans un moment d’affrontement militaire. Chaque jour, les logiques de force et l’aggravation des haines attisent l’incendie.

Mais pouvons-nous assister en simple spectateur à l’engrenage fatal qui peut mener demain l’Europe à une guerre généralisée ? Il est temps qu’une initiative politique porte une proposition allant dans l’intérêt des peuples. Je suis convaincu que c’est ce qu’attendent les Françaises et les Français, parce que cela correspond à l’idée qu’ils se font du rôle de notre pays dans le monde.

Fabien Roussel est secrétaire national du Parti communiste français et député du Nord.

Fabien Roussel (secrétaire national du PCF, député du Nord.)

 

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19 juillet 2023 3 19 /07 /juillet /2023 16:01

 

 

Oscar Niemeyer aura carte blanche pour la construction du siège du PCF. Comme en écho du Comité central d’Argenteuil (mars 1966) sur la liberté de création : « Les communistes sont plus que jamais convaincus que la création artistique, le partage de l’imaginaire et de la sensibilité sont indispensables à tous pour faire vivre la démocratie, penser l’avenir et construire le changement. »

Bien que Niemeyer fasse cadeau de ses honoraires, l’opération reste coûteuse. La vente d’immeubles anciens, un prélèvement sur le budget pendant quelques années, une première souscription qui avait déjà rapporté 1 500 000 F (≈ 1 200 000 €) vont permettre de lancer les travaux.

Un prétendu plan d’élargissement du boulevard de la Villette, qui n’a jamais eu lieu en fait, oblige Oscar Niemeyer à resituer entièrement son projet sur un espace amputé de 1 200 m2.

Il décide d’implanter le bâtiment dans la partie haute du terrain « ...qui, situé à côté de son voisin (immeuble HBM), libère le terrain, et sa propre architecture ». Les lignes courbes du bâtiment dégagent l’espace nécessaire aux accès verticaux (ascenseurs, gaines, fluides, etc.). Et son projet répond « à l’exigence d’un immeuble bien protégé avec des entrées discrètes et facilement contrôlables ».

Ici Oscar Niemeyer innove : « J’ai situé alors le bâtiment à 1,50 m au-dessus du sol, en créant le système de plans inclinés... qui a permis le grand hall enterré, facilement accessible (…), le foyer de la classe ouvrière. » L’un de ses compatriotes parlera d’une « architecture samba qui veut se détacher du sol, envahir les airs... un message brésilien. »

La construction commence en février 1968. Dès les premiers travaux de terrassement, le chantier est interrompu. En creusant, les ouvriers découvrent un tunnel qui passe sous l’immeuble voisin. Une entreprise est diligentée : le sous-sol est littéralement inventorié. Plus de peur que de mal, tout danger est écarté, le chantier peut reprendre. Mais aux élections législatives de juin 1968, alors que le PCF récolte 20,14 %, il n’a que 7 % des sièges en raison du découpage électoral, perdant 39 député·e·s et un apparenté. C’est une perte financière sèche de trois millions de francs par an (≈ 2 400 000 €) puisqu’à l’époque le PCF conservait 4/5e du traitement de ses parlementaires, principe toujours en vigueur sous des formes différentes.

Le Parti ne peut renoncer à la poursuite des travaux « au risque d’une mutilation artistique ». Oscar Niemeyer fait des ajustements pour réduire les coûts ; décision est prise de scinder le projet initial en deux étapes.

Les travaux durent environ dix-huit mois, et le 2 août 1971, année du centenaire de la Commune de Paris, en l’absence de Waldeck Rochet, malade, c’est Georges Marchais qui inaugure le bâtiment.

La direction du Comité central, la documentation et les différents secteurs de travail s’y installent. Oscar Niemeyer fait cette remarque : « En France, on respecte davantage le travail de l’architecte. Quand le siège du PCF a été terminé, Jacques Duclos est venu me voir pour me demander s’il pouvait conserver, dans le nouvel édifice, un vieux bureau auquel il tenait beaucoup. »

Le premier Comité central dans les nouveaux locaux se tiendra les 30 novembre et 1er décembre 1971, dans ce qui est aujourd’hui la « salle des conférences ».

Une souscription de masse est lancée à la Fête de l’Humanité de 1971. « Elle devrait encore nous procurer de trois à quatre millions de francs » selon Georges Gosnat. Des rendez-vous de la souscription se tiennent dans le bâtiment et chaque adhérent à la possibilité de souscrire en achetant un timbre à l’image du siège.

Les travaux de la seconde étape reprendront en 1978.

Gérard Pellois

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18 juillet 2023 2 18 /07 /juillet /2023 16:11

 

Manque de places d’hébergement, hausse des expulsions… Le Collectif Associations Unies a dressé jeudi 6 juillet un état des lieux inquiétant de la situation du mal-logement en France.

« On va commencer par planter le décor, qui est inquiétant », explique sans fioriture Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre. Lors d’une conférence de presse, jeudi 6 juillet, du Collectif Associations Unies (CAU) - un groupement de 40 organisations réclamant une autre politique du logement - il alerte : « S’il n’y a pas de réactions fortes, nous allons faire face à une bombe à retardement, qui va exploser petit à petit. » Une référence au « risque de bombe sociale » évoqué début juin par le ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein.

La situation est plus que préoccupante : pénurie de logements, hausse des expulsions locatives, augmentation du nombre de personnes à la rue, saturation des hébergements d’urgence… Et en face, des plans gouvernementaux qui manquent d’ambition, dixit les associations.

La loi anti squats, ou l’accélération programmée des expulsions

« La seule annonce positive concerne l’investissement dans le logement intermédiaire. Mais si c’est au détriment de la production de logements sociaux, alors cela restera une politique négative », regrette Manuel Domergue, qui souligne au passage que 2023 devrait être la quatrième année consécutive avec moins de 100 000 logements sociaux « agréés ».

En parallèle, des textes pénalisant la précarité sont votés, comme la loi Kasbarian, dite « loi anti squats », qui risque d’accélérer le rythme des expulsions. L’année dernière déjà, celles-ci ont atteint un niveau record, avec 17 500 évictions. « La réponse du gouvernement face à la crise, ce sont des coupes budgétaires et la répression des mal-logés », soupire Olivier Maïder, du CAU. La Fondation Abbé Pierre, l’association Droit au Logement ainsi que le Syndicat de la magistrature ont d’ailleurs saisi le Conseil Constitutionnel pour alerter sur le caractère problématique de ce texte. Et ce jeudi 6 juillet, la Cour des Comptes a aussi appelé le gouvernement à concentrer les dépenses en matière de logement vers les plus pauvres.

Un manque de places criant dans les centres d’hébergement

Le collectif l’observe au quotidien : dans les centres d’hébergement, le manque de places est criant, et les autorités ne veulent que les réduire davantage. « On arrive à un système où les équipes doivent faire le choix entre les personnes, amenant à une opposition des précarités : est-ce qu’on héberge des familles ou des célibataires ? Des SDF ou des migrants ?, s’inquiète Bruno Morel, de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).  Dire à quelqu’un : “Ce soir, c’est fini, tu n’as pas de logement”, c’est inacceptable. »

À titre d’exemple, le 26 juin dernier, 5819 demandes d’hébergement, un droit inconditionnel en théorie, n’avaient pas été pourvues suite à un appel au 115, le numéro d’urgence dédié aux sans-abri. « Et là, on ne comptabilise que ceux qui ont eu le courage d’appeler le 115, et sont restés sans réponse. Mais il y a les autres », appuie Nathalie Latour, directrice générale de la FAS.

Et parfois, pour les personnes hébergées, la situation n’est guère meilleure. À Toulouse, l’État entend expulser 33 femmes victimes de violences, qui dorment actuellement à l’hôtel, au motif qu’elles n’auraient pas porté plainte. Certaines d’entre elles ont des enfants. « Le fait d’avoir des enfants à la rue n’inquiète plus les services de l’État », déplore Bruno Morel. Selon les chiffres de la CAU, chaque soir, ce sont 1 800 mineurs, dont les parents ont pourtant appelé le 115, qui n’obtiennent pas de place d’hébergement et se retrouvent sans toit. Et 50 000 autres sont sans domicile, bien loin de l’ambition « zéro enfant à la rue » du ministre Olivier Klein.

 

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18 juillet 2023 2 18 /07 /juillet /2023 05:45

Le statut de la fonction publique française est le fruit de conquis sociaux obtenus au fil des décennies. On le doit essentiellement à l'action de deux ministres communistes, Maurice Thorez d'une part, qui créa le statut général des fonctionnaires par la loi du 19 octobre 1946, et Anicet le Pors, qui unifia les trois fonctions publiques et dont nous fêtons le 40e anniversaire de la loi. 

Le statut de la fonction publique, étendu et renforcé par la loi du 13 juillet 1983, a permis de garantir aux usager·es la neutralité, l’égalité de traitement, le respect du cadre légal et des missions du service public, contre les influences de la finance et des pouvoirs en place. Il a donné aux fonctionnaires les moyens d’exercer leur citoyenneté et leur indépendance. 

Ce statut fut le résultat de quatre choix essentiels : la notion de fonctionnaire citoyen, héritée de la loi de 1946 ; le système de la carrière couvrant l’ensemble de la vie professionnelle de l’agent ; le respect d’un juste équilibre entre le principe d’unité de la République et celui de libre administration des collectivités territoriales ; la référence à trois principes essentiels ancrés dans notre histoire : l’égalité, l’indépendance, la responsabilité.

Le statut de la fonction publique est constitutif de notre nation et de nos services publics en leur permettant de se dégager des lois du marché.

C’est pourquoi le statut général des fonctionnaires, tout au long des 40 dernières années, n’a cessé d’être attaqué, soit sous forme d’offensives frontales soit par le moyen de transformations souterraines. 

C’est la cas de la réforme engagée par la loi de 2019 contribuant à aligner le public sur le privé, au recrutement massif de contractuel·les et au renforcement du pouvoir discrétionnaire des exécutifs ; ou encore le scandale de l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques, comme l’a révélé le rapport d’Éliane Assassi dans le cadre de la récente commission d’enquête du Sénat.

Le PCF porte le projet de renforcer le statut de la fonction publique pour construire des services publics à la hauteur des défis du XXIe siècle. 

La crise financière de 2008, ou plus récemment la crise du Covid, ont montré à quel point nos services publics sont essentiels pour répondre aux besoins de la population. Et c’est par le service public que nous relèverons les défis du XXIe siècle que sont la réponse aux besoins sociaux et la lutte contre le réchauffement climatique, des défis qui permettraient de créer des millions de postes susceptibles d’entraîner des vocations parmi les jeunes. 

Cette ambition implique d’ouvrir en grand le chantier d’une transformation progressisste de la fonction publique ! C’est ainsi que nous pourrons approfondir la notion d’intérêt général, étendre le secteur public, développer l’efficacité sociale, faciliter la mobilité professionnelle, renforcer les droits et les pouvoirs d’intervention des agents et des usager·es.

Nous sommes à un moment de l’histoire où la promotion des biens communs, la solidarité et la coopération sont une exigence pour un développement pacifique de l’humanité. Dans notre pays, ces différents concepts se condensent en une idée : le service public. 

Ensemble, agissons pour un nouvel âge d’or des services publics !


Parti communiste français,

Paris, le 13 juillet 2023

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17 juillet 2023 1 17 /07 /juillet /2023 15:43

 

Oscar Niemeyer est assisté par un groupe de constructeurs, le plus souvent communistes ou compagnons de route. Jean Nicolas, ancien déporté, architecte de formation, est le secrétaire général du Ve Congrès international d’architecture moderne (CIAM) de Paris en 1937. Membre de la commission « Architecture et urbanisme » du Comité central, il joue un rôle essentiel dans l’organisation des commandes municipales parmi les architectes communistes. Il contribuera à l’essor d’agences innovantes comme l’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA) créé en 1960 par Jacques Allégret, qui œuvrera dans la « banlieue rouge ».

 

 

 

Jean Deroche, architecte, membre de la direction de l’UEC en 1956, s’investit dans son journal Clarté avec Paul Chemetov, puis dans la revue du PCF La Nouvelle Critique. Il rejoint l’AUA en 1962 et y forme un duo, très actif en banlieue, avec Paul Chemetov. Jean Deroche assiste Oscar Niemeyer avec lequel « très vite des points d’accord fondamentaux se sont dégagés (...), des liens très réels se nouaient entre nous. » Deroche se met « au service (du projet) en oubliant autant que faire se peut certaines de nos habitudes de penser et de faire » et « se forme à une nouvelle gymnastique (...), une architecture véritablement didactique. »

Paul Chemetov, diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, intègre l’AUA en 1961. Il est une figure emblématique de la Seine-Saint-Denis par la construction de logements sociaux, d’équipements collectifs, la rénovation de quartiers... Tout comme Jean Deroche, il assiste Oscar Niemeyer dans la première tranche de la construction (1968-1971).

Jacques Tricot, communiste, est directeur du BERIM (Bureau d’études et de recherches pour l’industrie moderne), dont l’un des fondateurs en 1948 fut Raymond Aubrac. Pour le BERIM, le souci était de respecter les idées maîtresses d’Oscar Niemeyer. « L’essentiel de la recherche porte toutefois sur les difficultés... avec, d’une certaine manière, la tentative d’éliminer ces difficultés plus que de les résoudre. » Jacques Tricot sollicitera Jean-Maur Lyonnet pour assister Oscar Niemeyer pour la seconde tranche de la construction (1978-1980)

Jean-Maur Lyonnet, architecte communiste, est dirigeant CGT des bureaux d’architectes, de la fédération CGT du bâtiment. Il reprend le projet du Volcan du Havre, celui de la Bourse du travail à Bobigny, de même que celui de l’ancien siège du journal l’Humanité et la deuxième tranche du siège du PCF. Jean-Maur Lyonnet est le mandataire parisien d’Oscar Niemeyer.

Jean Prouvé, résistant, ferronnier d’art, est architecte. C’est à lui que l’on doit le système d’ouverture des ouvrants mais surtout cette façade en verre appelée mur-rideau qui donne tout son éclat au bâtiment, une technique qu’il avait déjà utilisée en 1937 pour la Maison du Peuple de Clichy. C’est lui qui réalise également les premiers éléments architecturaux préfabriqués, du mobilier, des maisons démontables...

Albert Giry, communiste, entré dans la Résistance à 14 ans, est maire-adjoint de Romainville, maître de conférences en physique, ingénieur en acoustique. Il œuvre également au Volcan du Havre et à la Bourse du travail à Bobigny

Jose Luis Pinho est un architecte brésilien choisi par Oscar Niemeyer. Celui-ci ne pouvait être en permanence sur le chantier et Jose Luiz Pinho le supplée pour transmettre le savoir-faire brésilien.

Athos Bulcão, peintre et céramiste brésilien, a toujours travaillé avec Oscar Niemeyer, depuis Brasilia à qui l’on doit les revêtements azulejos du bâtiment.

Deux autres architectes, Anastase Gattos et Joseph Daïdonne, sont également cités dans divers documents.

Sans oublier la vingtaine d’entreprises, les secrétariats et les centaines d’ouvriers associés à ce chantier.

Gérard Pellois

 

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16 juillet 2023 7 16 /07 /juillet /2023 15:54

 

 

 

 

 

 

 

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