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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 16:30
Voeu adopté à Morlaix Communauté le lundi 10 mai - voeu relatif au projet d'évolution du service public postal sur le territoire de Morlaix Communauté

Vœu relatif au projet d’évolution du service public postal sur le territoire de Morlaix Communauté

A l’instar de plusieurs territoires au plan départemental, plusieurs communes de Morlaix Communauté sont aujourd’hui concernées par un projet de réorganisation des activités de La Poste, notamment par une diminution des horaires d’ouverture de bureaux de poste: Plouigneau, Plourin les Morlaix, Lanmeur, Plougasnou, Pleyber-Christ, Carantec. La réforme de La Poste engagée depuis une dizaine d’année a eu les effets redoutés:

augmentation des tarifs,

dégradation du service,

réduction des emplois

Alors qu’au contraire, le développement d’un service public postal de qualité et de proximité s’avère essentiel sur l’ensemble de nos communes, en particulier dans les communes rurales ou de taille moyenne, là où il contribue à réduire les inégalités sociales et territoriales. Ce nouveau projet de réorganisation des horaires d’ouverture de bureaux de poste, s’il est mené à son terme, affaiblira une fois encore la qualité du service public postal dont bénéficient les habitants de Morlaix Communauté. Il perturbera aussi le bon fonctionnement de nombreuses entreprises, des commerçants et artisans installés dans notre territoire, alors même que tous les efforts doivent être faits pour les aider à la reprise dans les meilleurs conditions.

Enfin, ce projet dégradera les conditions de travail des postières et des postiers employés sur le territoire de Morlaix Communauté. En conséquence, le conseil de communauté de Morlaix Communauté, soucieux du service public comme pilier de l’égalité républicaine:

réaffirme son soutien au développement d’un service public postal de qualité et de proximité sur Morlaix Communauté,

demande à la direction de la Poste d’abandonner son projet de diminution des horaires d’ouverture des bureaux de poste dans notre communauté d’agglomération.

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 15:39
Communiqué de la section PCF du pays de Morlaix : soutien à la mobilisation des personnels de la Poste du 18 mai

Communiqué de la section PCF du pays de Morlaix : soutien à la mobilisation des personnels de la Poste du 18 mai.

Le 16 mai 2021

Un mouvement de mobilisation unitaire important à la Poste aura lieu le mardi 18 mai  en intersyndicale unitaire dans le Finistère (CGT FAPT 29 Nord et Sud, CFDT 29, SUD PTT 29, FOCOM 29, UNSA Postes 29): ce sera un mardi noir à la Poste avec une grève qui s'annonce massivement suivie et des rassemblements à 10 h à Brest et Quimper. La section du pays de Morlaix du PCF soutient cette mobilisation des postiers. Au niveau départemental, le groupe La Poste, dont l'état et la caisse des dépôts et consignation sont les actionnaires principaux, mais qui est géré comme une entreprise à qui l'on demande des niveaux de retour d'investissement et de rentabilité ponctionnés essentiellement sur le personnel et la réduction du service public, continue ses réorganisations à marche forcée, au détriment de ses missions de service public, et du personnel, avec une intensification du travail, et souvent une perte de sens. Pour l'ensemble de la Bretagne, il n'y a eut que 15 embauches en CDI depuis le début de la crise sanitaire, et 5 dans le Finistère, et cela malgré le nombre de départs en retraite et l'augmentation spectaculaire de l'activité colis. 

Dans le pays de Morlaix, cette politique du groupe La Poste se traduirait par des mesures de réorganisation inacceptables que le PCF dénonce avec les élus locaux (à l'exception notable de la députée Mme Le Feur) et les syndicats de la La Poste.

- des réorganisation de tournées pour les facteurs qui sont déjà sous pression. Pour Morlaix, il y aura une tournée en moins.

- 15 heures d'ouverture de guichets de moins sur tout le secteur de Morlaix, 3 plein temps de postiers en moins.

Concrètement, cela se traduit par la volonté de supprimer l'agence postale de Taulé pour la transformer en agence postale communale, de faire passer des bureaux postaux en statut de facteurs-guichetiers a Plourin-les-Morlaix et Plouigneau (-7h d'ouverture), nouvelles réductions d'ouvertures à la Poste centre-ville de la rue de Brest (ouverture à 9h30 plutôt qu'à 9h) à Morlaix et au Géant de Saint Martin des Champs (ouverture à 10h30 plutôt qu'à 10h), après la surpression du bureau de poste de la Boissière, et avant cela, celui de la rue de Paris. Le bureau de Plougasnou ouvrirait aussi plus tard, à 9h30 plutôt qu'à 9h.  Le bureau de Lanmeur serait fermé le mercredi après-midi aussi bien que le lundi. Il n'y a déjà plus que 4 bureaux de poste véritables sur le secteur de Morlaix: Morlaix-centre, Saint-Martin, Plougasnou, Lanmeur.  Tous les autres ont été détruits, se sont transformés en agence communale, avec la suppression de nombreux emplois de postiers, des frais de service public national qui reviennent désormais aux communes, des restrictions d'accès au service.

Or, pour nous, la Poste est un service public essentiel, notamment pour sa banque qui est celle des classes populaires, et ses services courrier, colis, importants pour tous, et notamment les personnes âgées.

Au plan national, les syndicats de la Poste et les usagers expriment de nombreuses inquiétudes sur le service universel postal : La France pourrait ramener la distribution du courrier de six à cinq jours par semaine et abandonner le J + 1. La Poste risque de ne plus assurer ses missions de service public, faute d’une compensation financière de l’État. Le service universel postal qui oblige La Poste à distribuer le courrier six jours sur sept sur l’ensemble du territoire est en péril.

Et pourtant, en 2020, La Poste a dégagé un bénéfice de 2,1 milliards d’euros, contre 800 millions en 2019. Une politique de rentabilité pour l'actionnaire qui a pour contrepartie des suppressions d'emplois chaque année (100 000 depuis 10 ans pour le groupe la poste), la transformation de contrats protecteurs de fonctionnaires en contrats de droit privé, en CDD, missions d'intérim. Les postiers dénoncent ainsi légitimement une dégradation de leurs conditions de travail et demandent une plus grande reconnaissance : les communistes leur apportent leur soutien.

Communiqué de la section PCF du pays de Morlaix : soutien à la mobilisation des personnels de la Poste du 18 mai
Le Télégramme, 17 mai 2021

Le Télégramme, 17 mai 2021

 

Ouest-France
Morlaix. Le Parti communiste soutient la mobilisation des personnels de La Poste

Le Parti communiste français (PCF) de Morlaix (Finistère), soutient la mobilisation des personnels de La Poste, qui a lieu mardi 18 mai 2021, à Guipavas et à Quimper.

Le Parti communiste français (PCF) à Morlaix (Finistère), soutient la mobilisation des personnels de La Poste de ce mardi 18 mai 2021, à Guipavas et Quimper. Les réorganisations annoncées par le groupe se traduiraient par une tournée en moins, à Morlaix et « 15 heures d’ouverture de guichets de moins sur tout le secteur de Morlaix, trois pleins-temps de postiers en moins ».

Mais aussi « par la volonté de supprimer l’agence postale de Taulé pour la transformer en agence postale communale, de faire passer des bureaux postaux en statut de facteurs-guichetiers à Plourin-lès-Morlaix et Plouigneau », des réductions d’ouvertures à Morlaix, à celle du Géant de Saint-Martin-des-Champs, à Plougasnou, ou à Lanmeur.

Plus que quatre véritables bureaux

« Il n’y a déjà plus que quatre bureaux de poste véritables sur le secteur : Morlaix-centre, Saint-Martin, Plougasnou, Lanmeur. Tous les autres ont été détruits, se sont transformés en agence communale. »

Tout cela alors qu’en 2020, « La Poste a dégagé un bénéfice de 2,1 milliards d’euros, contre 800 millions en 2019 ».

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/morlaix-le-parti-communiste-soutient-la-mobilisation-des-personnels-de-la-poste-dc0f18da-b6e1-11eb-b73a-358c628dc742

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 09:04

 

Il s’est dit beaucoup de choses, il s’est tenu beaucoup d’émissions autour du 10 mai dernier à l’occasion du 40ème anniversaire de la victoire de la gauche en 1981, sans jamais dire que celle-ci n’a été possible que par une conjonction de forces, d’aspirations populaires et l’apport considérable du Parti communiste. Je ne peux revenir ici sur l’ensemble de cette période de l’histoire, mais je me sens obligé d’en dire quelques mots.

Cette victoire est d’abord le résultat d’un long processus de luttes sociales et sociétales (parmi lesquelles le grand mouvement de mai 1968), de confrontations politiques dans la société et au sein de la gauche elle-même, de la reconstruction d’un Parti socialiste abandonnant les oripeaux de la vieille SFIO et d’un travail patient des communistes pour l’union populaire et l’union de la gauche.

En 1965 puis en 1974, le PCF choisit l’union et le rassemblement autour d’un candidat commun de la gauche, issu du Parti socialiste. La candidature de Jacques Duclos en 1969 vise également cet objectif et elle est comprise comme telle par un électorat issu de toute la gauche. Celle de Georges Marchais en 1981, porteuse du Programme commun, est nettement une candidature anti-droite (anti-Giscard) tout en ayant l’ambition de créer à gauche un rapport de force favorable à la prise en compte des espoirs des travailleurs. Devancé par François Mitterrand, il réalise cependant un score important, lors de l’élection présidentielle la plus difficile pour les communistes. D’autant plus qu’au niveau international, après les avancées des « révolutions » sur plusieurs points de la planète, on assiste au début de la contre-offensive conservatrice et réactionnaire, fortement teintée d’anticommunisme, avec le reaganisme – le thatchérisme plus près de nous – le tout étant cornaqué par une instance mondiale du capitalisme et de l’impérialisme : la Commission trilatérale.

Cette pression n’était déjà pas sans effet sur F. Mitterrand et le Parti socialiste. Dès la signature du Programme commun, F. Mitterrand dira à l’Internationale socialiste à Vienne qu’il avait signé un programme de gouvernement pour « prendre trois millions de voix au Parti communiste ». Les élections qui suivirent montrèrent que le recul constaté lors du scrutin présidentiel, qui avait pu être attribué à son caractère spécifique et sa dimension de pouvoir personnel, s’inscrivait en réalité de façon durable dans la vie politique française.

La bataille pour l’union du Parti communiste a profité électoralement à toute la gauche, jusqu’en 1978. A partir de 1981, l’union réalisée, c’est au Parti socialiste qu’en est attribué le mérite. Et quand les communistes s’efforcent, tant bien que mal, dans un même mouvement, de préserver, d’amplifier le contenu transformateur des politiques menées et l’union indispensable pour y parvenir, il n’est pas compris par de nombreux progressistes. La période difficile de l’actualisation du Programme commun en 1977 en a témoigné. Rien n’est venu depuis contredire les reculs électoraux du Parti communiste, en dépit de toutes les tentatives qui ont suivi. Sans doute convient-il d’approfondir la réflexion pour en déterminer les causes les plus profondes et radicales, nationales, européennes, internationales et internes au parti lui-même et à la gauche.

Du reste, c’est partout dans le monde que ce phénomène se constate. Cela ne doit cependant pas conduire à minimiser ce qu’a apporté la victoire de l’union de la gauche en 1981. Aujourd’hui encore, les salariés se mobilisent pour en préserver les acquis, mis à mal par les gouvernements qui se sont succédés, par le patronat et l’Union européenne.

Dès les premiers mois, des réformes de progrès ont été votées et mises en œuvre. Le 1er juillet 1981, une hausse de 20% de l’allocation handicapés, de 25% des allocations familiales et de logement. Le 4 août, la suppression de la Cour de sureté de l’Etat. Le 2 octobre, l’autorisation des radios locales. Le 8 octobre, le blocage des prix, le 9 octobre, l’abolition de la peine de mort, le 15 décembre, l’abrogation de la loi anticasseurs, le 30 décembre création de l’impôt sur la fortune. Le 14 janvier 1982, l’instauration des 39 heures de travail hebdomadaire et de la 5ème semaine de congés payés. Le 13 février, le vote des nationalisations de grandes entreprises et banques. Le 3 mars, la loi de décentralisation. Le 25 mars, l’abaissement de l’âge de la retraite qui passe de 65 à 60 ans puis le vote des lois Auroux pour de nouveaux droits des salariés dans les entreprises.

Les quatre ministres communistes, Charles Fiterman, Anicet le Pors, Jack Ralite et Marcel Rigout, ont pris leur part dans ce bilan impressionnant de tout le gouvernement et de la majorité parlementaire. Avec certains apports particuliers, comme celui de Charles Fiterman qui, à l’opposé de ce qui se fait aujourd’hui, fait transformer les dettes des entreprises concessionnaires d’autoroutes en participations au capital de l’Etat, ce qui les nationalise. L’argent ainsi économisé est réinvesti dans de nouvelles infrastructures. Le chantier de l’A380 est lancé et le ministre d’Etat pousse ainsi à la diversification d’Airbus. Il fait voter la loi des transports intérieurs, premier acte d’un projet écologique pour les transports. Il fait voter une loi ancrant la maîtrise publique des entreprises de transport en contrôlant la concurrence et en obligeant les entreprises du secteur à endosser la responsabilité des coûts sociaux et environnementaux.

Le statut de la SNCF en fait un nouvel établissement public industriel et commercial tout en y renforçant l’emploi. Il met en place le remboursement à 50% de la Carte orange, supprime les deux classes dans le métro et participe au lancement du TGV.


Marcel Rigout, ministre de la formation professionnelle, fait voter la loi du 24 février 1984 portant réforme de la formation professionnelle continue et modifies en ce sens le Code du travail. Elle est complémentaire des lois Auroux que Macron a rendues caduques avec les « lois travail ». Il lance 600 000 contrats nouveaux de formation professionnelle pour des jeunes. 300 000 d’entre eux débouchent sur des contrats à durée indéterminée.


Jack Ralite, ministre de la Santé puis de l’Emploi, supprime le secteur privé à l’hôpital public, lance les centres de santé publics, équipe plusieurs hôpitaux de scanners, abroge la loi de 1938 qui mettait les malades mentaux à l’écart de la société, fait adopter une loi de réorganisation de l’hôpital. C’est lui qui fat supprimer la pénalisation de l’homosexualité. Comme ministre de l’Emploi, il lance les contrats « emploi-formation-production » et permet ainsi de sauver plusieurs petites et moyennes entreprises et leurs emplois.

 

Anicet Le Pors conduit une réforme fondamentale de la fonction publique et du statut en introduisant notamment le droit de grève, la liberté d’opinion, le droit de négociation. Il ouvre la troisième voie d’accès à l’ENA pour des élus, responsables associatifs, des agents des collectivités, des hôpitaux et de la recherche. La fonction publique est étendue aux collectivités locales, aux établissements hospitaliers et de recherche. Le statut général des fonctionnaires se décline avec lui en quatre lois nouvelles.


Ces éléments de bilan, trop souvent sous-estimés, ne peuvent s’inscrire dans le simplisme binaire des mots « échec » ou « succès ». La présence de ministres communistes concrétisait l’état de rapports de force politiques, sociaux, culturels. Trop souvent les concrétisations sont restées comme en suspens car la victoire de la gauche n’a pas été accompagnée d’une mobilisation sociale suffisante pour contrebalancer les pressions d’un contexte international nouveau et la tendance d’importantes fractions du Parti socialiste à revenir aux démons de l’adaptation au capitalisme. Dès le 26 novembre 1981, le ministre des Finances, Jacques Delors, réclame une « pause ». Jusqu’au tournant économique de l’année 1983 qui est sans doute le début de l’affaiblissement des idées de la gauche de transformation économique, sociale, démocratique dans le cadre de l’affaiblissement de l’Etat national au profit des carcans de l’Union européenne et de la mondialisation capitaliste.

 

Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faut s’en satisfaire au moment où, aujourd’hui, l’enjeu du post-capitalisme est à l’ordre du jour. Il se pose avec une force accrue car le « tout-capitalisme mondialisé » ne fait qu’aggraver toutes les tares que sécrète ce système inhumain, du développement des inégalités à celui de la pauvreté, de l’épuisement de la planète à celui de la biodiversité, des guerres aux atteintes aux libertés… Les dénoncer, les combattre, pied à pied, est indispensable. Mais reste posée dans son entier l’immense question de l’alternative, de l’engagement dans un processus populaire démocratique mondial d’émancipation humaine. En ouvrir la voie, pour la gauche et l’écologie toutes entières et singulièrement pour le Parti communiste et le Parti socialiste, suppose, me semble-t-il, de prendre la mesure des deux déflagrations qui au XXe siècle les ont atteints l’un et l’autre, l’effondrement du l’URSS et l’échec de la social-démocratie. La tâche est d’autant plus ardue que l’activité politique a, elle-même, été durement atteinte, la désindustrialisation a produit des ravages, les cadenas de l’Union européenne aussi au point de voir tant de nos concitoyens s’en détourner.

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 09:01

*Clément Chabanne, rédacteur en chef de Progressistes

La crise sanitaire met en lumière la violence du système de propriété intellectuelle. Loin de la coopération scientifique qui devrait permettre à toute l’humanité de progresser, face à la pandémie comme face aux nombreux défis du siècle, les grands groupes organisent leur monopole sur les fruits du travail intellectuel collectif. Avant le dépôt d’un brevet par une multinationale, combien d’heures de recherche fondamentale dans les laboratoires publics ? Combien de milliards de subventions publiques à la recherche, pour finalement nourrir une logique de rentabilité et laisser les pleins pouvoirs aux groupes privés sur l’organisation de la production industrielle et les applications de la recherche ? Ce monopole organisé porte la marque originelle d’une logique guerrière. La protection internationale des brevets est largement inspirée de la législation états-unienne, utilisée comme une arme dans la guerre froide. L’Export Administration Act de 1980 autorise le président des États-Unis à interdire l’exportation des technologies soumises à la loi de ce pays. Il s’agit d’une arme qui s’avéra particulièrement efficace pour rompre les relations économiques entre l’Europe de l’Ouest et l’Union soviétique. Après la chute des pays socialistes, les accords TRIPS (Accords sur les aspects de droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, en français) de 1994 ont réorienté la protection internationale de la propriété intellectuelle vers ce que Samir Amin a appelé « une offensive en vue de renforcer le pouvoir des monopoles technologiques au détriment des pays en développement ». La concentration de la propriété intellectuelle permet le contrôle de quelques grands groupes sur des milliers de filiales et de sous-traitants grâce au monopole technologique. Elle organise également l’extraction d’une rente, depuis les lieux de production réelle vers les têtes de groupes, dans les grandes capitales du Nord ou les paradis fiscaux. La pandémie montre l’efficacité froide de ce système dans sa plus simple expression : l’organisation de la pénurie pour faire augmenter les prix.

Sous l’impulsion du PCF et d’autres partis et associations en Europe a été lancée la campagne « Pas de profit sur la pandémie », le but visé étant la levée des brevets en Europe et le positionnement diplomatique en ce sens de nombreux pays du Sud : la crise sanitaire mondiale révèle donc des possibilités d’une nouvelle alliance entre pays en développement et classe laborieuse des pays développés.

La réussite de cette campagne peut engager une lutte de grande envergure pour mettre fin aux logiques de monopolisation, de financiarisation et de rentabilisation de la connaissance, et entamer une transition vers une coopération internationale mettant l’ensemble de la recherche scientifique au service de l’émancipation humaine.

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 11:21
Mardi 18 mai - Soutien aux personnels de la poste. Mobilisons-nous pour le maintien d'activités postales de proximité et de qualité sur notre territoire finistérien.

En 2020, La Poste a dégagé un bénéfice de 2,1 milliards d’euros, contre 800 millions en 2019. Une politique de rentabilité pour l'actionnaire qui a pour contrepartie des suppressions d'emplois chaque année (100 000 depuis 10 ans pour le groupe la poste), la transformation de contrats protecteurs de fonctionnaires en contrats de droit privé, en CDD, missions d'interim (il n'y a plus que 30% de fonctionnaires à la Poste, à Morlaix sur 50 facteurs, il n'y a plus que 5 fonctionnaires), l'intensification du travail, et la réduction du service postal de proximité. Les postiers dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail et demandent une plus grande reconnaissance. Pour la première fois depuis très longtemps, ils vont se mobiliser en intersyndicale unitaire dans le Finistère le mardi 18 mai (CGT FAPT 29 Nord et Sud, CFDT 29, SUD PTT 29, FOCOM 29, UNSA Postes 29): ce sera un mardi noir à la Poste avec un grève qui s'annonce massivement suivie et des rassemblements à 10h à la PPDC de Brest (Guipavas, 1 rue Victor Grignard) et à 10h à la Poste Centrale de Quimper Centre-ville.

Le PCF Finistère soutient cette mobilisation des postiers. Au niveau départemental, le groupe La Poste, dont l'état et la caisse des dépôts et consignation sont les actionnaires principaux, mais qui est géré comme une entreprise à qui l'on demande des niveaux de retour d'investissement et de rentabilité ponctionnés essentiellement sur le personnel et la réduction du service public, continue ses réorganisations à marche forcée, au détriment de ses missions de service public, et du personnel, avec une intensification du travail, et souvent une perte de sens.

Pour l'ensemble de la Bretagne, il n'y a eut que 15 embauches en CDI depuis le début de la crise sanitaire, et 5 dans le Finistère, et cela malgré le nombre de départs en retraite et l'augmentation spectaculaire de l'activité colis.

Nous avons eu des contacts dernièrement la responsable de la CGT FAPT 29 Nord, Elsa Naudet.
 
Dans le pays de Morlaix, cela se traduira par:
 
- des réorganisation de tournées pour les facteurs qui sont déjà sous pression. Pour Morlaix, il y aura une tournée en moins.
 
- 15 heures d'ouverture de moins sur tout le secteur de Morlaix, 3 plein temps de postiers en moins. Concrètement, cela se traduit par la volonté de supprimer l'agence postale de Taulé pour la transformer en agence postale communale, de faire passer des bureaux postaux en statut de facteurs-guichetiers a Plourin-les-Morlaix et Plouigneau (-7h d'ouverture), nouvelles réductions d'ouvertures à la Poste centre-ville de la rue de Brest (ouverture à 9h30 plutôt qu'à 9h) à Morlaix et au Géant de Saint Martin des Champs (ouverture à 10h30 plutôt qu'à 10h), après la surpression du bureau de poste de la Boissière, et avant cela, celui de la rue de Paris. Le bureau de Plougasnou ouvrirait aussi plus tard, à 9h30 plutôt qu'à 9h.  Le bureau de Lanmeur serait fermé le mercredi après-midi aussi bien que le lundi. Manière de justifier la disparition progressive du bureau avec la réduction des horaires.
Il n'y a plus que 4 bureaux de poste véritables sur le secteur de Morlaix: Morlaix-centre, Saint-Martin, Plougasnou, Lanmeur. Celui de Plougonven n'a pas réouvert depuis son cambriolage.
 
Tous les autres ont été détruits, se sont transformés en agence communale, avec la suppression de nombreux emplois de postiers, des frais de service public national qui reviennent désormais aux communes, des restrictions d'accès au service alors que la Poste est un service public essentiel, notamment pour sa banque qui est celle des classes populaires, et ses services courrier, colis, importants pour tous, et notamment les personnes âgées.
 
Les restrictions d'horaires et de jours d'ouverture dans les bureaux de poste visent peu à peu à justifier leur suppression, on l'a vu pour la Poste du centre commercial de la Boissière à Morlaix.
 
Au centre-ville, l'ouverture de ferait à 9h30 au lieu de 9h, à Géant à 10h au lieu de 9h30.
 
" Sur Brest, la Poste projette de passer la distribution du courrier en tournées sacoches et de supprimer 17 tournées sur Brest, passant ainsi de 96 tournées à 79. La Poste a également prévu de supprimer le bureau de Poste de Locmaria Plouzané et le bureau du Dourjacq, qui a un guichet professionnel. Trois ilots seront ainsi créés, avec des facteurs. La tournée sacoche, c’est une tournée organisée à l’avance par d’autres et, dans laquelle le facteur, à qui l’on remet à un point donné la sacoche, est réduit à l’état de manutentionnaire porteur de plis. Une découpe des tâches, propre à l’industrie, qui déshumanise la tâche, isole le travailleur, et lui demande toujours plus de rendement en toujours moins de temps (18 % des tournées ayant été supprimées à Brest). 6 à 7 heures de distribution par jour d’une tournée qu'ils n'ont pas préparé, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il fasse 40°. La qualité de service se dégrade, les préparateurs ne connaissent pas les usagers, les distributeurs ne connaissent pas les réexpéditions, ni le courrier qu’ils auront à distribuer pour la journée. Alors que depuis des années les médecins du travail préconisent un équilibre entre les travaux intérieurs et extérieurs, La Poste fait l’inverse. 
 
Au plan national, les syndicats de la Poste et les usagers expriment de nombreuses inquiétudes sur le service universel postal : La France pourrait ramener la distribution du courrier de six à cinq jours par semaine et abandonner le J + 1. La Poste risque de ne plus assurer ses missions de service public , faute d’une compensation financière de l’État. Le service universel postal qui oblige La Poste à distribuer le courrier six jours sur sept sur l’ensemble du territoire est en péril. Tout comme l’obligation de maintenir au moins 17 000 points de contact partout en France, malgré la fréquentation en baisse de 20 % en 2020 dans les bureaux de poste.

Le PDG de La Poste, Philippe Walh, veut renégocier avec les maires le contrat de présence postale territoriale 2020-2022 avant son échéance. La proposition de Philippe Wahl d’y inclure « les conditions de distribution du courrier et des colis », inquiète les élus locaux. « Ce ne sont pas aux collectivités de compenser les missions confiées à La Poste par l’État », prévient Xavier Cadoret, qui représente l’Association des maires de France (AMF) au sein de l’Observatoire national de présence postale. La Poste qui prépare son plan stratégique 2030 étudie plusieurs scénarios. Première piste évoquée par Philippe Wahl: l’abandon du timbre rouge à J + 1. La fin de la distribution du courrier le samedi est une autre piste, même si elle ne ferait économiser que 100 millions d’euros par an. 

A Brest, nos camarades élus du PCF ont porté avec le groupe majoritaire de gauche tout récemment un vœu pour le maintien du service public postal de proximité et de qualité sur la métropole brestoise au Conseil de Brest Métropole il y a 15 jours, le 29 mars dernier. Ci-après la vidéo de l’intervention de Jacqueline Héré, élue communiste, qui a rapporté le vœu avec sa collègue Nathalie Chaline :

 http://eluscommunistes-brestmetropole.fr/conseil-metropole-29-mars-2021-voeu-relatif-au-developpement-dun-service-public-postal-de-qualite-et-de-proximite-sur-la-metropole-brestoise-jacqueline-here-et-nathalie-ch/

 https://www.facebook.com/eluscommunistesbrest/

Au dernier conseil communautaire du 10 mai, les élus de Morlaix-Communauté ont également voté à l'unanimité un voeu où ils regrettent une réorganisation des activités de La Poste qui induit une diminution des horaires d’ouverture des bureaux à Plouigneau, Plourin, Lanmeur, Plougasnou, Pleyber-Christ, Carantec, Plougonven… Morlaix-Communauté, « soucieuse du service public comme pilier de l’égalité républicaine », réaffirmait dans son vœu « son soutien au développement d’un service public postal de qualité et de proximité » sur son territoire, et « demandait à la direction de La Poste d’abandonner d’urgence son projet de diminution des horaires d’ouverture des bureaux de poste dans l’agglomération. »
 
Dans ce contexte, on ne peut que regretter la prise de position publique de la députée LREM Sandrine Le Feur pour justifier le projet de réorganisation de La Poste dans la région de Morlaix et les réductions d'ouverture des bureaux de poste pour les usagers, ou l'externalisation vers les communes ou des commerces privés des services postaux. Cette communication, parue dans la presse le 1er mai dernier, témoigne d'un drôle d'attachement au service public et à l'aménagement du territoire de la députée macroniste de la circonscription de Morlaix.
 
Ismaël Dupont, 16 mai 2021
Mardi 18 mai - Soutien aux personnels de la poste. Mobilisons-nous pour le maintien d'activités postales de proximité et de qualité sur notre territoire finistérien.
Mouvement de grève à la Poste le 18 mai - Le Télégramme, 14 mai 2021

Mouvement de grève à la Poste le 18 mai - Le Télégramme, 14 mai 2021

Mouvement de grève à la Poste le 18 mai - Ouest-France, 14 mai 2021

Mouvement de grève à la Poste le 18 mai - Ouest-France, 14 mai 2021

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 08:00
Fabien Roussel à Caudan pour défendre les ouvriers des Fonderies de Bretagne (photo PCF 29)

Fabien Roussel à Caudan pour défendre les ouvriers des Fonderies de Bretagne (photo PCF 29)

Fabien Roussel : « reprendre le pouvoir sur la finance est tout à fait réalisable »
Samedi 15 Mai 2021

Fabien Roussel entre pour de bon dans l’arène présidentielle après le vote des adhérents du PCF le 9 mai. Déterminé à être « le candidat du monde du travail, des classes populaires comme des classes moyennes », le député communiste du Nord veut, face aux droites LR, LaREM et à l’extrême droite, imposer les questions sociales, l’humain et la planète au centre des débats. Entretien.

Vous venez d’être investi pour la présidentielle par les adhérents du PCF. Vous serez le premier candidat communiste depuis quinze ans. Comment comptez-vous peser dans ce scrutin essentiel aux yeux des Français ?

Fabien Roussel D’abord, en mobilisant l’incroyable force que nous représentons toutes et tous. Ceux qui ont participé à ce choix, comme ceux qui ne l’ont pas fait mais qui veulent bousculer ce scénario qu’on veut nous imposer, en 2022, entre le président sortant et l’extrême droite. Au Parti communiste, nous venons de débattre pendant plusieurs mois et nous avons voté trois fois : c’est un exercice démocratique sans précédent dans d’autres forces politiques. Mais nous ne nous arrêterons pas là.

Emploi, industrie, jeunesse, santé, climat… nous voulons ouvrir tous ces chantiers et bien d’autres avec le plus de Françaises et de Français possible, dans les mois qui viennent, pour écrire avec eux un pacte pour la France. Nous voulons que des millions d’entre eux s’engagent avec nous sur toutes ces questions, pour les mettre au cœur de la campagne, les rendre incontournables. Et faire en sorte que tous les autres candidats se prononcent sur les propositions indispensables au changement tant attendu par nos concitoyens.

Icon Quote Je veux contribuer à refonder une gauche qui porte un nouvel espoir pour reconquérir tousnos concitoyens qui n’y croient plus. C’est ainsi que la gauche pourra redevenir majoritaire. 

Alors que la Macronie est décidée à rester au pouvoir et que l’extrême droite pourrait le conquérir, comment éviter un nouveau duel droite-extrême droite en 2022 ?

Fabien Roussel D’abord ça bouge ! Je suis heureux de voir qu’enfin des commentateurs de la vie politique commencent à dire que tout est possible. Il existe un tel rejet du scénario Macron-Le Pen que des surprises pourraient apparaître. L’enjeu pour nous, à gauche, c’est de faire surgir dans cette campagne toutes celles et tous ceux qui ont soif de changement, de rupture, qui veulent en finir avec le chômage et la pauvreté, défendre leur pouvoir d’achat, leurs emplois, leurs services publics. Du côté de la finance, ils sont ultraminoritaires en nombre de voix, il est possible de leur reprendre le pouvoir.

Mais, pour éviter un second tour opposant la droite – LR ou LaREM – à l’extrême droite, il faut qualifier un candidat de gauche…

Fabien Roussel Bien sûr, il faut créer cet espoir. Mais il est quand même plus ambitieux que chacun d’entre nous, à gauche, se fixe l’objectif d’être au second tour, non pas pour soustraire des voix aux autres, mais pour en conquérir de nouvelles. Nous ne sommes pas identiques, nous ne proposons pas la même ambition pour le pays, les mêmes priorités pour le changement, ni les mêmes moyens pour y parvenir. Je veux contribuer à refonder une gauche de rupture avec le capitalisme en plaçant l’humain et la planète au cœur de tous les choix, une gauche qui porte le projet d’une nouvelle République sociale, démocratique, écologiste, féministe, antiraciste, un nouvel espoir pour reconquérir tous nos concitoyens qui n’y croient plus. C’est ainsi que la gauche pourra redevenir majoritaire.

Icon QuoteDoubler le budget de l’éducation nationale, augmenter de 50 % celui des universités, mettre fin à la sélection, financer un revenu étudiant autour de 850 euros. Il faut des moyens énormes pour notre jeunesse. 

Le rassemblement à gauche a occupé le débat ces dernières semaines. Votre candidature lui ferme-t-elle la porte ? Qu’en est-il pour les législatives ?

Fabien Roussel Cette candidature vise à faire émerger des idées, des propositions, à les faire gagner, et donc à redonner du sens à un vote de gauche sincère et authentique. Cela ne ferme pas de portes, ça en ouvre. C’est dans le même esprit que j’affiche dès maintenant l’objectif qu’il y ait le maximum de députés de gauche à l’Assemblée nationale et, parmi eux, de députés communistes. Nous menons continuellement le débat à gauche, comme en ce moment pour les élections départementales et régionales, ce qui nous conduit d’ailleurs à être unis dans beaucoup d’endroits. Les législatives comptent 577 circonscriptions avec des contextes très différents, nous avons un immense travail à organiser avec nos concitoyens, localement, pour faire en sorte que, partout, la gauche sorte renforcée.

Vous êtes, pour l’heure, crédité de 2 % dans les sondages, quel objectif espérez-vous atteindre d’ici à avril 2022 ?

Fabien Roussel Je ne vais pas mener campagne avec le nez sur les sondages. L’objectif, c’est de faire le score le plus élevé possible, mais aussi de rendre incontournables les idées que nous défendons, et de créer les conditions de nouvelles avancées sociales et démocratiques. Tout comme le score de Georges Marchais en 1981 avait non seulement permis la victoire de la gauche au second tour, mais avait aussi imposé un certain nombre de conquêtes sociales.

Désindustrialisation, évasion fiscale, chômage, crise sociale… les chantiers sont nombreux, quelles réponses à la crise historique que nous vivons entendez-vous proposer ?

Fabien Roussel À l’élection présidentielle comme aux législatives, nous voulons être les candidats du monde du travail, des classes populaires comme des classes moyennes. Et de la jeunesse ! Cette campagne ne doit pas n’être qu’un moment où l’on vote, elle doit aussi être un moment où l’on lutte. N’attendons pas avril 2022 pour imposer l’arrêt des délocalisations qui suppriment des emplois et menacent le climat avec pour seul objectif la rentabilité pour les actionnaires. Pour développer les services publics, sortir la santé des mains du marché et des laboratoires pharmaceutiques.

Lançons une grande campagne pour nous libérer du poids de la finance, faire jouer un autre rôle aux banques et aux assurances, obtenir des prérecrutements dans la santé, l’éducation nationale. Permettons ainsi à des centaines de milliers de jeunes de se former et d’avoir une perspective d’emploi. Il s’agit aussi de répondre à cette aspiration à pouvoir vivre de son travail, d’obtenir la baisse des factures de gaz et d’électricité, des loyers, l’augmentation générale des salaires, depuis trop longtemps gelés, brimés, mis sous l’éteignoir. N’attendons pas 2022, ces idées doivent devenir incontournables.

Icon QuoteCette crise a montré que la question n’est plus “où est l’argent ?”, mais “à quoi est-il utilisé ?”. Il doit être investi dans l’emploi, l’enseignement l’écologie... Cela créera de nouvelles richesses.

Emmanuel Macron et son gouvernement préparent le terrain à de nouveaux sacrifices sociaux – à commencer par la réforme de l’assurance-chômage – au prétexte du remboursement de la dette. Comment imposer les ruptures que vous évoquez dans une économie mondialisée ?

Fabien Roussel La question de « l’argent magique », du manque de moyens, a été complètement battue en brèche par la pandémie. Le gouvernement et l’Union européenne ont remis en cause pour partie leurs propres dogmes dans une situation d’urgence comme celle que nous vivons. La planche à billets a tourné. Mais, pour eux, cela doit conduire à plus d’austérité demain ! La droite, Macron, l’extrême droite vont nous dire qu’il faut payer la dette en travaillant plus, en faisant des économies sur nos services publics, en continuant à privatiser.

Pourtant cette crise a montré que la question n’est plus « où est l’argent ? », mais « à quoi est-il utilisé ? ». Il doit être employé pour investir dans l’enseignement, la formation et l’emploi, dans la transition écologique. Cela créera de nouvelles richesses ! La dette liée au Covid doit être annulée. Au-delà, un autre partage des richesses, aujourd’hui très majoritairement au service des plus riches et du capital, est indispensable. C’est possible notamment par une autre utilisation de l’argent des banques, des entreprises et de l’argent public. Je porterai une réforme de la fiscalité sur les multinationales, sur le capital, sur les grandes fortunes, sur les transactions boursières. Je mènerai aussi le combat pour un président de la République et un gouvernement incorruptibles face à l’évasion fiscale. Je souhaite être l’Eliot Ness de la lutte contre ce fléau, celui qui ne négociera pas avec les voleurs et les tricheurs.

Vous avez participé à la dernière marche pour le climat, le 9 mai. Le PCF a eu longtemps une image assez peu écolo-compatible, notamment sur la question nucléaire, pensez-vous avoir suffisamment renversé la donne ?

Fabien Roussel C’est la donne qui a changé naturellement, par pragmatisme. Parce que si nous voulons lutter contre les énergies fossiles et les réduire le plus possible, il nous faut augmenter la production d’énergies renouvelables, mais aussi la production d’énergies pilotables et décarbonées. Une grande majorité de nos concitoyens, d’acteurs des ONG que j’ai rencontrés, des chercheurs, des salariés, des syndicats estiment aujourd’hui que, face à l’urgence climatique, nous allons avoir encore besoin de l’énergie nucléaire.

Mais surtout nous avons besoin d’une maîtrise publique, seule garante, même pour les renouvelables, du respect de la planète. Quant à notre image, en réa­lité, les communistes ont souvent été à la pointe de ces combats, en particulier dans les politiques des communes et du département du Val-de-Marne que nous dirigeons, où nous sommes en tête de l’action pour la production d’énergies décarbonées, sur le développement des transports en commun écologiques et de la lutte pour leur gratuité.

Face à la grande précarité, encore amplifiée par la crise sanitaire, vous préparez un « pacte pour la jeunesse ». En quoi consiste votre démarche ?

Fabien Roussel La jeunesse était déjà particulièrement en difficulté, mais la crise a montré que le gouvernement l’a définitivement abandonnée. Or, les séquelles de cette crise seront profondes. Six jeunes sur dix sont en détresse psychologique. La jeunesse de France est sous antidépresseurs. C’est pourtant l’avenir de notre pays, ce sont nos enfants. Nous voulons leur garantir les meilleures conditions de formation, de la primaire à l’enseignement supérieur ; la liberté d’avoir un travail à temps plein et bien payé en fonction de leurs diplômes.

Pour cela, c’est incontournable, il va falloir y consacrer des moyens énormes : quasiment doubler le budget de l’éducation nationale, augmenter de 50 % celui des universités, mettre fin définitivement à la sélection, financer un revenu étudiant autour de 850 euros pour que chacune et chacun puisse apprendre à égalité, quels que soient son origine sociale et son lieu d’habitation…

Ces propositions, nous voulons leur soumettre, que les jeunes, dans toutes les villes et les villages, prennent le stylo et qu’ils soient les auteurs de ce que la France doit mettre en œuvre pour eux et avec eux. Nous ouvrirons aussi ces espaces de discussion aux enseignants, aux élus locaux, aux syndicats, à la vie associative, à l’éducation populaire… Nous devons avoir une ambition démesurée pour notre jeunesse.

Icon QuoteC’est trop facile de la part du président de dire que la levée des brevets ne sert à rien.

Sur le terrain du féminisme, de la laïcité, ou encore de l’antiracisme, une partie de la gauche renvoie l’autre au rang d’islamo-gauchiste. Où vous situez-vous dans ce débat ?

Fabien Roussel Je veux engager une révolution féministe de la société, placer la laïcité au cœur d’une nouvelle République et en finir avec le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations. Le combat pour l’égalité des droits devrait rassembler la gauche. Je fais une différence entre les débats et les invectives. Et je regrette que certains y cèdent. Ce procès en islamo-gauchisme n’a pas à exister à gauche.

Ces mots sont les mêmes que ceux qu’employait déjà l’extrême droite soixante-quinze ans en arrière, en parlant de judéo-bolchevisme. Nous aurions plutôt intérêt à conserver l’esprit de fraternité. Ces débats ont toujours existé, y compris aux États-Unis et au sein de ce grand mouvement des années 1970 pour les droits civiques.

Vous vous êtes mobilisé ces derniers mois pour la levée des brevets sur les vaccins. Quel regard portez-vous sur la prise de position de l’administration Biden en ce sens et le retournement d’Emmanuel Macron dans la foulée ?

Fabien Roussel Je me félicite du changement de braquet total du président de la République. La campagne que nous avons menée en France avec d’autres organisations, associations, syndicats, chercheurs n’y est pas pour rien. Elle a fait écho à la mobilisation internationale. Emmanuel Macron a bougé sous la pression mais, comme ce n’est pas sa conviction, soyons exigeants notamment sur l’attitude de la France à l’OMC, les 8 et 9 juin, lorsque cette décision devra être prise à l’unanimité.

Une autre question doit aussi nous mobiliser : celle des investissements pour former et adapter les outils de production pharmaceutiques en France et dans le monde. C’est trop facile de la part du président de dire que la levée des brevets ne sert à rien puisqu’on ne sait pas fabriquer les vaccins. Quel défaitisme ! Au contraire, mobilisons-nous pour former et embaucher, pour adapter les outils de production et être en capacité de produire les vaccins en France car ce combat contre la pandémie va durer des années.

CONSULTATION DES ADHÉRENTS DU PCF SUR LA STRATÉGIE PRÉSIDENTIELLE

Inscrits : 43 473  Votants : 30 190 (69,45 % de participation)    Exprimés : 29 617

---------
Choix des options 
Option 1
Présenter un candidat communiste : 21 337 voix, 72,40 %
Option 2
Travailler un processus commun avec les autres forces de gauche : 6 817 voix, 23,13 %
Abstention : 1 317, 4,46 %

---------
Choix du candidat 
Fabien Roussel : 23 225 voix, 82,32 %
Emmanuel Dang Tran : 512 voix, 1,81 %
Grégoire Munck : 46 voix, 0,16 %
Abstention : 4 431, 15,70 %

Fabien Roussel : reprendre le pouvoir sur la finance est tout à fait réalisable - La grande interview du candidat communiste aux Présidentielles dans L'Humanité, 15 mai 2021 
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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 07:40
Marx et le monde du capital - Par Gabriel Mahéo, Brève introduction à la critique de l'économie politique - La chronique philo de Cynthia Fleury, L'Humanité, 7 mai
Marx et le monde du capital - Par Gabriel Mahéo, Brève introduction à la critique de l'économie politique - La chronique philo de Cynthia Fleury, L'Humanité, 7 mai

Gabriel Mahéo, un ami, est docteur en philosophie et professeur de philosophie dans la région rennaise. Auteur de plusieurs livres de philosophie, déjà, dont un sur Nietzsche, il publie aux éditions Apogée un livre sur l'actualité de Marx issu de ses conférences pour l'université populaire de philosophie de Rennes. La philosophe Cynthia Fleury parlait de cet essai pédagogique et engagé dans L'Humanité le week-end dernier. 

Ismaël Dupont.

La chronique philo de Cynthia Fleury. Fiction et réalité du capital
Vendredi 7 Mai 2021 - L'Humanité
 

Avec 2021, un an de crise sanitaire, de bouleversements socio-économiques mondiaux, de précarisation des uns et des autres, et plus de 50 milliards d’euros annoncés (par le CAC 40) pour les dividendes versés aux actionnaires, soit une augmentation de 42 % par rapport à l’année passée.

Le capital se porte bien. Et encore mieux en France, quand en 2020, au plus fort de la crise, les députés votaient le second projet de loi de finances rectificative, en injectant 20 milliards à destination des grandes entreprises. La brève introduction à la critique de l’économie politique de Gabriel Mahéo dans Marx et le monde du capital (Apogée, 2021) offre une synthèse didactique dudit phénomène. Relire Marx permet de nous rappeler que le capitalisme est dépassable, transitoire, tant cet auteur a dénaturalisé l’économie en la réinscrivant dans l’Histoire. Pour autant, gageons que nous n’avons pas su trouver la manière de le dépasser en produisant un matérialisme historique d’un nouveau genre. Le capitalisme n’est pas un libéralisme au sens où des individus de façon égalitaire mettraient leurs forces en commun pour produire, ou à l’inverse se concurrencer, en somme déploieraient leur liberté d’entreprendre. Le capitalisme se fonde sur un « rapport social », une « inégalité sociale entre deux classes », ceux qui possèdent les moyens de production face à ceux qui ne possèdent que leur force de travail, qu’ils louent sous forme d’un contrat de travail, plus ou moins précaire et précarisant. Au cœur de ce processus, il y a l’exploitation du travail et l’aliénation du travailleur. « Au fur et à mesure que progresse la division du travail, rappelle Mahéo, il s’opère un renversement du rapport du sujet au monde dans lequel il travaille : ce n’est plus la subjectivité du travailleur qui lui confère un sens en aménageant son environnement comme un ensemble de moyens en fonction de l’objectif qu’il poursuit, à l’instar de l’artisan qui compose lui-même l’ordre de son atelier. C’est, à l’inverse, le capital qui ordonne ce monde selon ses propres exigen ces de productivité et contraint dès lors le travailleur à s’y insérer en s’adaptant, dans sa vie subjective, au fonctionnement abstrait d’un cadre qu’il n’a pas choisi. C’est ainsi que l’horizon du monde du travailleur se rétrécit de plus en plus»

La rationalisation, qu’il vaudrait mieux nommer le réductionnisme, ou la décomplexification, et la division du travail achèvent la dynamique mortifère, en volant au travailleur le sens de ce qu’il fait, comme la maîtrise de ce qu’il fait.

Le travailleur devient l’otage d’un milieu hostile qui n’est pourtant rien sans lui. Enfin, indépendamment du capital réel, il y a le capital fictif qui désigne le procédé par lequel est constitué un capital, et calculée sa valeur, à partir des recettes que rapporte l’intérêt d’une créance. Cédric Durand avait publié le Capital fictif (les Prairies ordinaires, 2015) à ce sujet pour montrer comment le capitalisme était un moyen de s’approprier l’avenir des individus, rien de moins.

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 05:27
Brest - 15 mai 2021: les communistes au coeur de la manifestation de soutien au peuple palestinien qui a rassemblé plus de 500 personnes
Brest - 15 mai 2021: les communistes au coeur de la manifestation de soutien au peuple palestinien qui a rassemblé plus de 500 personnes
Brest - 15 mai 2021: les communistes au coeur de la manifestation de soutien au peuple palestinien qui a rassemblé plus de 500 personnes

Comme partout en France, l’exigence que la France agisse pour faire respecter le droit et pour protéger les populations palestiniennes , nous étions nombreux·ses à nous rassembler cet après-midi à Brest pour manifester notre soutien au peuple palestinien 🇵🇸 Il est urgent de recréer les conditions d'un processus de paix durable entre les deux États 🕊

Si vous souhaitez suivre l'activité de la section PCF du Pays de Brest sur les réseaux sociaux nous vous donnons désormais RDV sur notre page Facebook PCF Brest 💻
Vous pouvez également nous retrouver sur Twitter : @pcfbrest29 📌
Sorofrat',
La section PCF du Pays de Brest ✊
Brest - 15 mai 2021: les communistes au coeur de la manifestation de soutien au peuple palestinien qui a rassemblé plus de 500 personnes
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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 12:25
Samedi 15 mai, 10h30-12h:  Rassemblement de soutien au peuple palestinien square de la Résistance à Morlaix.
Samedi 15 mai, 10h30-12h:  Rassemblement de soutien au peuple palestinien square de la Résistance à Morlaix.
Samedi 15 mai, 10h30-12h:  Rassemblement de soutien au peuple palestinien square de la Résistance à Morlaix.
Samedi 15 mai, 10h30-12h:  Rassemblement de soutien au peuple palestinien square de la Résistance à Morlaix.
Samedi 15 mai, 10h30-12h:  Rassemblement de soutien au peuple palestinien square de la Résistance à Morlaix.
Photo Pierre-Yvon Boisnard - 15 mai 2021

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 15 mai 2021

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 15 mai 2021

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 15 mai 2021

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 15 mai 2021

Photo Pierre-Yvon Boisnard - 15 mai 2021

Samedi 15 mai, 10h30-12h:

Rassemblement de soutien au peuple palestinien square de la Résistance à Morlaix. Plus d'une centaine de participants et une prise de parole de Daniel Ravasio pour le PCF après celle de François Rippe pour l'AFPS et de plusieurs autres organisations.

Photos Ismaël Dupont et Pierre-Yvon Boisnard

Prise de parole du PCF

 

« Stop à la colonisation, stop à l'escalade guerrière, la France doit reconnaître l'Etat de Palestine »

 

Les informations qui nous parviennent montrent la gravité de la situation au Proche-Orient.

 

Après la colonisation accélérée de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie qui prive les Palestiniens de leur droit à un État indépendant et viable, les ratonnades et les manifestations de haine déclenchées par l'extrême droite israélienne sur l'Esplanade des mosquées, l'intrusion de la police israélienne dans la mosquée al-Aqsa, plusieurs villes israéliennes sont en train de s'embraser. Des lynchages s'y produisent, contre des citoyens arabes ou juifs.

 

Tel est le résultat de la politique belliciste et criminelle du gouvernement de Monsieur Netanyahou, poursuivi devant les tribunaux de son pays pour des actes de corruption et contre lequel des manifestations sont régulièrement organisées demandant son départ. 

 

Prenant pour prétexte des tirs de roquettes sur des villes israéliennes, c'est pourtant ce gouvernement qui déclenche des raids criminels sur Gaza, faisant des dizaines de victimes parmi la population civile, notamment de nombreux enfants.

 

C'est aussi lui qui menace de déclencher une opération terrestre contre Gaza, au risque de provoquer un nouvel embrasement de toute la région et de rendre plus incertain encore toute perspective de paix.

 

L'attitude du président de la République, comme celle du gouvernement français, est stupéfiante et inacceptable. Ils ont choisi de s'aligner sur la politique du président des États-Unis, lequel s'oppose à toute intervention du Conseil de sécurité et des Nations unies. C'est dans un soutien à la politique des dirigeants israéliens, qui ne cessent de bafouer le droit international, que Monsieur Macron engage ainsi notre pays.

Plus grave encore, en interdisant la manifestation programmée à Paris, en limitant les initiatives en faveur d’une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, le gouvernement crée les conditions de tensions communautaires, de violences et de provocations racistes. Il doit au contraire faire respecter la liberté d’expression et de manifestation des partisans de la paix.

 

Il faut mettre un terme à l'escalade meurtrière en cours. La France doit s'exprimer clairement en faveur du droit et de la justice : la colonisation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie doit immédiatement prendre fin, les prisonniers politiques palestiniens doivent être libérés, à commencer par Marwan Barghouti, les Palestiniens doivent disposer de leur État dans les frontières de 1967 et pouvoir vivres libres aux côtés de l'État d'Israël, les discriminations doivent enfin cesser au sein de l'État d'Israël. 

 

La communauté internationale, et particulièrement les Etats-Unis, l'Union européenne et la France doivent faire respecter toutes les résolutions des Nations unies en ce sens. Des sanctions doivent être prises contre le pouvoir israélien actuel, tant qu'il bafouera le droit international. 

 

Le peuple palestinien doit, dans ce cadre, bénéficier d'une protection internationale. Et, conformément au vote de l'Assemblée nationale voici déjà plusieurs années, notre pays doit reconnaître l'État de Palestine. 

 

L’Humanité, notre journal, donne les informations complètes (contrairement à bien des médias) et dénonce ce qui se passe.

 

L'urgence est à présent d'empêcher une intervention militaire terrestre à Gaza, véritable prison à ciel ouvert, déjà meurtrie par des mois de bombardements quotidiens et des conditions de vie catastrophiques pour les Palestiniens.

 

 

Pire, le placement en garde à vue de Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité, et l’interdiction de la manifestation de solidarité organisée mercredi dernier à Paris témoignent d’une criminalisation inédite de la solidarité avec le peuple palestinien dans notre pays, hier moteur dans la recherche de la paix.

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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 06:56
La dalle gravée de Saint-Bélec en Leuhan (Finistère) - Il y a 4000 ans en Armorique, les premiers cartographes d'Europe - L'Humanité, 6 mai 2021: entretien avec l'archéologue Yvan Pailler
Il y a 4000 ans en Armorique, les premiers cartographes d'Europe
Jeudi 6 Mai 2021

Une dalle de schiste gravée à l'âge de bronze a été découverte dans une tombe de basse Bretagne en 1900. Plus d'un siècle plus tard, les travaux de deux archéologues révèlent qu'elle pourrait être la première carte géographique jamais réalisée sur le continent. Récit.

 

Pionnier de l’archéologie bretonne, Paul du Chatellier (1833-1911) découvre en 1900 une mystérieuse dalle ornée dans le caveau d’un tumulus situé sur la commune de Leuhan, dans le Finistère. Il ne s’aventure pas alors à déchiffrer ce qu’il voit même si le préhistorien s’interroge.

Entre 2150 et 1650 avant l’ère commune

Après sa découverte, cet énorme bloc de schiste – 2,20 mètres de long pour 1,53 de large, 16 centimètres d’épaisseur – a été déplacé plusieurs fois malgré son poids d’une tonne. Et plus d’un siècle après, c’est dans une cave du musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye que deux archéologues français, Clément Nicolas et Yvan Pailler, se sont rendus pour la retrouver et commencer un travail qui allait confirmer leur intuition : cette dalle pourrait être une représentation cartographique.

Mieux, comme elle date de l’âge de bronze – entre 2150 et 1650 avant l’ère commune (1) –, elle serait la plus ancienne carte réa­lisée en Europe. Leur enquête archéologique a été publiée début avril dans le « Bulletin de la Société préhistorique française ».

Les premiers enseignements du scanner 3D

La dalle gravée, dite de Saint-Bélec, comporte plusieurs indices qui laissent penser qu’il s’agit bien d’une carte préhistorique. Il y a des motifs qui se répètent et qui sont reliés entre eux par des lignes pour former un réseau, le tout constituant un ensemble cohérent.

Les chercheurs ont étudié la dalle à l’œil nu mais aussi grâce à différentes techniques d’imagerie. Grâce à un scanner 3D, ils se sont rendu compte que les hommes préhistoriques qui avaient gravé ce bloc de pierre avaient utilisé le relief propre de la dalle mais l’avaient aussi modifié à certains endroits.

Pour les archéologues, les graveurs avaient l’intention de restituer le relief environnant. C’est en effet plus simple pour l’esprit humain de représenter les choses qui sont en relief en trois dimensions, et non à plat comme nous en avons aujourd’hui l’habitude, avec les cartes routières par exemple.

La forme triangulaire de la vallée de l’Odet

Pour confirmer leur intuition grandissante, les deux chercheurs se sont rendus sur le terrain. Trouveraient-ils dans le paysage des correspondances avec la représentation de la dalle ? Ce fut le cas. Ils ont retrouvé le réseau hydrographique formé de différents cours d’eau, un massif rectangulaire mais aussi la forme triangulaire de la vallée de l’Odet, qui correspond sur la dalle à la partie gravée en relief.

Pour confirmer la concordance entre les gravures et les éléments paysagers, plusieurs séries d’analyses statistiques de formes et de réseaux ont été réalisées. Elles ont révélé un degré de similarité de 80 %, égal ou supérieur à celui obtenu quand on teste la concordance entre le terrain et les cartes mentales réalisées par des Papous ou des Touareg. De fait, si on constate bien des analogies entre une carte mentale et l’environnement, il y a aussi forcément des décalages.

Pour que la démonstration soit complète, il faudrait maintenant réussir à décoder les signes dessinés sur la dalle. Car une question essentielle reste posée : « Si la dalle de Saint-Bélec est une carte, que signifient les différents symboles ? »

(1) De nombreux scientifiques ont décidé d’utiliser le terme « ère commune », qui permet d’éviter de faire référence à une religion ou une civilisation particulière.
La dalle gravée de Saint-Bélec en Leuhan (Finistère) - Il y a 4000 ans en Armorique, les premiers cartographes d'Europe - L'Humanité, 6 mai 2021: entretien avec l'archéologue Yvan Pailler
Archéologie : comment vivait-on en basse Bretagne à l’âge de bronze ? Entretien avec Yvan Pailler
Jeudi 6 Mai 2021
Marine Cygler - L'Humanité

L'archéologue Yvan Pailler, titulaire de la chaire ArMeRIE (Inrap/UBO), nous raconte la société complexe, très hiérarchisée, sur laquelle régnait les princes d’Armorique des dizaines de siècles avant l’ère commune. Entretien.

 
Comment vivaient les hommes en basse Bretagne à l’âge de bronze ?

Yvan Pailler On imagine une société hiérarchisée en quatre ou cinq strates à la tête de laquelle il y avait les princes d’Armorique, qui régnaient sur des territoires de 600 km2 (20 x 30 km). De fait, autour de la tombe princière, on retrouve quelques tombes avec des poignards, puis des tombes avec seulement une céramique et enfin des tombes beaucoup plus nombreuses sans viatique. C’était essentiellement des agriculteurs et des éleveurs, même si la pêche devait jouer un rôle important sur le littoral, comme l’attestent de nombreuses pêcheries. Pendant 400 ans, cette culture, qui devait bénéficier d’un climat social et géopolitique stable, a rayonné jusqu’en basse Normandie et en Angleterre. Ce qui lie ces trois zones géographiques, c’est la mer. La navigation était très importante dans cette culture. D’ailleurs, il arrive souvent qu’on retrouve, même à plusieurs dizaines de kilomètres des côtes, un lit de sable blanc marin au fond des tombes.

Cette organisation éclaire-t-elle la signification de la carte gravée sur la dalle de Saint-Bélec ?

Yvan Pailler La réalisation d’une carte est une manière de contrôler son territoire. Clément Nicolas et moi pensons que cette carte a été commanditée par un puissant : elle a exactement la taille d’un territoire princier. A priori, c’était un document public, utilisé par le potentat pour gérer son territoire. Le fait qu’elle ait été gravée à plusieurs reprises par agrégation de formes va dans le sens d’un territoire qui évolue avec le temps. Le bris et l’ensevelissement de cette dalle pourraient s’expliquer par la fin et même le rejet de ces élites. Finalement, le dernier prince régnant sur ce territoire des montagnes Noires aurait pu être enterré avec le symbole de sa domination.

La découverte de cette dalle gravée change-t-elle votre regard sur cette société de l’âge de bronze ?

Yvan Pailler De mon point de vue, cela ne change pas grand-chose, car c’était une société complexe, très hiérarchisée, qui devait déjà disposer d’une petite administration. C’est finalement assez logique que ces hommes aient ressenti le besoin de réaliser une carte. Mais les représentations planimétriques attestées sont plus récentes et sont dues aux grandes civilisations classiques, si bien que notre article a suscité des questionnements parmi les archéologues. Certains pensent que les hommes de l’âge de bronze n’étaient pas capables d’être à l’origine d’une carte. Pourtant, on sait que tout un chacun est en mesure de gérer son espace via une carte mentale. Cette dalle gravée représente bien un territoire, même s’il nous reste à en décrypter la légende.

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