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21 mai 2021 5 21 /05 /mai /2021 05:32
Rassemblement de soutien au peuple palestinien le samedi 15 mai square de la résistance à Morlaix

Rassemblement de soutien au peuple palestinien le samedi 15 mai square de la résistance à Morlaix

POURSUIVRE LA MOBILISATION DE SOUTIEN AU PEUPLE PALESTINIEN EN PAYS DE MORLAIX
Après la réussite de notre rassemblement de samedi matin square de la Résistance (bonne participation avec l'attention des rédactions locales, belle expression unitaire) l'Afps du Pays de Morlaix a écrit aux 18 associations, partis et syndicats* présents lors du rassemblement pour leur proposer de continuer et si possible d'amplifier notre mobilisation locale.
Nous avions convenu de continuer à nous adresser à la Sous-préfète de Morlaix pour qu'elle transmette de notre part une lettre à la Présidence de la République. Nous avons donc renouvelé notre demande de rendez-vous pour vendredi 21 mai à 17H 30 (jour ouvrable) et nous proposons d'inscrire cette demande dans le cadre d'une nouvelle démonstration de solidarité avec le peuple palestinien.
RENDEZ-VOUS à 17h 30 VENDREDI 21 DEVANT LA SOUS-PREFECTURE DE MORLAIX
Pour en faire le point de départ d'une manifestation. L'occasion pour les organisations qui ne se sont pas exprimées samedi dernier de le faire si elles le souhaitent.
 
*LDH, Amnesty International, CCFD-Terre Solidaire, Association Morlaix/Wavel, ACAT, Mvt de la Paix, PS, PCF, Génération's, France Insoumise, EELV, Ensemble, UDB, Douar ha Frankiz, Gauche indépendantiste, NPA, Lutte Ouvrière, UL-CGT, UL-Solidaires, FSU...
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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 05:36
Proche-orient. La grève générale ou l’unité retrouvée des Palestiniens (Pierre Barbancey, L'Humanité, 19 mai 2021)
Proche-orient. La grève générale ou l’unité retrouvée des Palestiniens
Mercredi 19 Mai 2021

En Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem-Est et dans les villes mixtes d’Israël, les boutiques étaient fermées et le travail a cessé pour exiger l’arrêt des bombardements et protester contre l’occupation et la colonisation. Une unification politique et mémorielle.

 

L’idée avait d’abord été lancée par le Haut Comité arabe de suivi, une instance visant à regrouper l’ensemble de la représentation sociale et politique des Arabes israéliens, c’est-à-dire les Palestiniens de 1948. Actuellement dirigé par Mohammad Barakeh, ancien député communiste, ce comité entendait ainsi exiger l’arrêt des bombardements israéliens sur la bande de Gaza mais également protester contre les expulsions de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, la répression policière sur l’esplanade des Mosquées et les violences des colons et de l’extrême droite dans les villes dites mixtes.

Dans les territoires occupés, les Palestiniens ont longtemps utilisé les grèves générales comme un outil pour exprimer leur rejet des pratiques israéliennes. Une grève générale a eu lieu lors de la première Intifada de 1987-1993, lorsque les Palestiniens ont répondu aux attaques israéliennes en paralysant l’économie et en refusant de traiter avec l’establishment israélien en charge des affaires en Cisjordanie et à Gaza, avant la création de l’Autorité palestinienne.

Une mobilisation historique

Un appel du Haut Comité largement entendu, répercuté sur les réseaux sociaux, est devenu viral dans les territoires occupés. Ce qui a amené les organisations politiques palestiniennes, du Fatah au Hamas en passant par la gauche, à prôner également la grève de tous les citoyens. L’Autorité palestinienne elle-même, pouvant difficilement être en reste, avertissait les fonctionnaires qu’ils pouvaient cesser le travail.

« C’est un véritable succès », se félicite Mohammad, un commerçant de Kfar Qassem, en Israël. Une ville symbole : en octobre 1956, quarante-huit civils, arabes, dont 15 femmes et 11 enfants, avaient été tués par la police des frontières israéliennes, le sinistre Magav. Cette même unité qui a été envoyée en « renfort » ces derniers jours dans ces mêmes villes mixtes, au prétexte de rétablir l’ordre. « C’est la première fois depuis longtemps que nous arrivons à mobiliser ainsi, souligne Sayyid Issa, membre d’un comité d’action en charge de l’organisation de la grève. Il y a bien eu des tentatives dans le passé mais c’était difficile. Là, l’adhésion à la grève est presque totale. »

À Jérusalem-Est, les commerçants ont tiré leurs volets pour protester contre l’occupation et qui n’est pas sans rappeler certaines scènes de la Bataille d’Alger, de Gillo Pontecorvo, relatant la lutte contre la colonisation française dans la Casbah. Les ruelles de la vieille ville sont étrangement vides et les abords de la porte de Damas incroyablement silencieux. À Hébron, où les colons sont particulièrement agressifs et violents, en plein cœur de la ville, les Palestiniens ont aussi fermé boutique pour brandir haut dans le ciel leur drapeau national. Et à Ramallah, ils étaient des milliers, des jeunes surtout, qui avaient remis – ce qu’on voyait moins ces dernières années – le keffieh noir et blanc que portait en permanence Yasser Arafat, au point d’en devenir un étendard.

Ce qui s’est passé mardi n’est pas anecdotique. Il faut y ajouter Gaza, où les pages Facebook, Instagram, Twitter et autres ont aussi résonné de cette action commune. Au-delà des bombardements, des grenades assourdissantes, des confessions, de la gouvernance (Hamas à Gaza, Autorité palestinienne en Cisjordanie, force d’occupation à Jérusalem-Est ou gouvernement colonisateur en Israël), les Palestiniens se sont rejoints.

Comme « une “Nakba continue” »

Tel « un retour à l’histoire, à une histoire commune de la Nakba », ainsi que l’écrit Stéphanie Latte Abdallah (1). Comme « une “Nakba continue” qui est ainsi à l’œuvre des deux côtés de la “ligne verte” (tracé de l’armistice de 1949 – NDLR) et unifie un territoire politique et mémoriel fragmenté par l’histoire, la colonisation israélienne et les divisions intrapalestiniennes ». (1) Dans un même élan, les Palestiniens entendent mettre fin à cette phase de l’histoire qui les a dépossédés.

« Il est important de s’élever en tant qu’un seul et d’essayer de transcender la fragmentation forcée imposée aux Palestiniens par Israël », explique Salem Barahmeh, directeur exécutif de l’Institut de Palestine pour la diplomatie publique. Pour lui, les Palestiniens dans les rues et les médias sociaux secouent « le discours dominant et incontesté d’Israël », l’exposant comme le « régime d’apartheid qu’il est ». Ce qui fait écho au rapport de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch publié fin avril et que son directeur exécutif, Kenneth Roth, commentait ainsi : « Depuis des années, des voix éminentes ont averti du risque d’apartheid si la domination d’Israël sur les Palestiniens se poursuivait. Cette étude détaillée révèle que les autorités israéliennes ont déjà franchi ce seuil et commettent aujourd’hui les crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution. »

Ce qui se passe secoue également la société israélienne, c’est-à-dire les juifs d’Israël. « Et maintenant, comme les mouvements féministes et la protestation noire aux États-Unis, le temps est venu pour les femmes et les hommes arabes en Israël de nous forcer à les entendre et à les voir briser le plafond de verre écrasant leurs aspirations – un plafond qui pour nous est vraiment transparent », écrit la journaliste Noa Landau, dans un éditorial du Haaretz. Elle poursuit : « Quiconque essaie d’écouter vraiment entendra, parce que la vérité éclate de toutes les fissures et les brèches dans les rues et nos cœurs. »

Washington n’entend rien

Tout le monde n’entend visiblement pas. Alors qu’au Conseil de sécurité de l’ONU les États-Unis bloquent toute résolution visant à faire cesser les bombardements (plus de 220 morts à Gaza et 12 en Israël), Joe Biden évoque un « cessez-le-feu » tout en laissant Netanyahou permettre à son armée de se déchaîner. Et ce malgré un arrêt de tout tir de roquettes en provenance de la bande de Gaza pendant six heures. Une tentative palestinienne brisée dans l’œuf par la force israélienne. Dans le même temps, Washington annonçait de nouvelles ventes d’armes à Israël pour un montant de 735 millions de dollars. Voilà pourtant le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, présentant, depuis l’Islande, ses comptes d’apothicaire : « Israël a, je pense, d’après le dernier décompte, lancé environ 2 000 attaques contre des cibles terroristes à Gaza. Il y a eu plus de 3 000 roquettes lancées par le Hamas depuis Gaza vers Israël. » Un déséquilibre évident à ses yeux au détriment d’Israël. Mais, la main sur le cœur, il prétend : « Nous voulons voir la possibilité de se concentrer sur l’amélioration des conditions de vie et l’amélioration matérielle de la vie des Palestiniens. Les gens doivent avoir l’espoir d’un avenir meilleur, et nous devons tous y travailler. » Sans parler ni de colonisation ni d’occupation. Malgré les espoirs, la nouvelle administration américaine n’essaie pas d’écouter et donc n’entend pas.

Mardi, en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem-Est et en Israël, il s’est pourtant passé quelque chose dont l’ampleur et les conséquences pourraient bien surprendre.

(1) La Toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine. Stéphanie Latte Abdallah, Bayard, 496 pages, 31,90 euros.
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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 05:33

 

Conférence en ligne en date du 4 février 2021, organisée dans le cadre du cycle de conférences "Urgence Climatique : un défi scientifique, politique et social". François-Marie Bréon est climatologue, ancien auteur du GIEC et auteur du livre Réchauffement climatique, éditions Humensciences, 2020.

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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 05:30

 

 

L’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath, souligne dans un avant-propos aux « Perspectives Economiques mondiales », rendues publiques le 4 avril dernier[1], que la reprise mondiale accélère, « mais dans un monde rendu de plus en plus contradictoire par des trajectoires de croissance désynchronisées, et par un creusement des inégalités ».

Elle alerte, en particulier, sur les « défis colossaux posés par des reprises qui divergent à la fois à l’intérieur des pays et entre eux, ainsi que par les dégâts persistants » engendrés par la pandémie et la profonde récession mondiale dont elle a précipité la survenance et accru la profondeur en 2020, hors la Chine notamment. Dans ce contexte, les États-Unis mettent le monde entier sous pression avec une relance sans précédent d’un nouveau type, pour dominer.

 

Reprise mondiale à plusieurs vitesses

Le FMI prévoit, désormais, une reprise plus forte en 2021 et 2022 que dans ses précédentes projections[2] : la croissance mondiale atteindrait 6 % en 2021 et fléchirait à 4,4 % en 2022, contre 5,5 % et 4,2 % antérieurement. Mais, à la différence de celle initiée en 2009 par une forte relance chinoise, ce sont les États-Unis qui cherchent à mener la danse.

Mais l’écho renvoyé s’annonce différent, alors même que remontent les prix du pétrole et des matières premières, tandis que surviennent des pénuries comme dans les microprocesseurs ou en matière de logistique.

Dans les régions, comme dans les différentes catégories de pays selon leur revenu, des « reprises à plusieurs vitesses » sont engagées. Cela tiendrait aux contrastes entre les programmes de vaccinations contre la Covid-19, à l’amplitude très variable des moyens de soutien économique ayant pu être mobilisés par chaque État, et à des facteurs, notamment la dépendance à des secteurs comme le tourisme.

L’ampleur du soutien monétaire et fiscal de l’activité a été sans précédent en temps de paix. Le FMI a calculé que les seules mesures fiscales adoptées par les pays du G-20 se seraient élevées à 12 700 milliards de dollars (6 % du PIB en 2021), auxquels il faudrait rajouter désormais un plan d’investissement récemment annoncé par le Président des États-Unis de 2250 milliards de dollars.

Ce soutien massif, assorti de baisses de recettes, a creusé les déficits et les dettes publics à des niveaux inédits partout. En 2020, les déficits globaux moyens ont atteint 11,7 % du PIB pour les pays riches, 9,8 % pour les pays émergents et 5,5 % pour les pays en développement à faible revenu. La dette publique moyenne atteint 97 % du PIB à l’échelle mondiale[3].

L’effort est donc colossal mais son efficacité sociale pose des questions d’autant plus lourdes qu’il va falloir le financer. Or, pour l’heure, c’est sur les marchés financiers que les États et zones régionales rivalisent pour se procurer les fonds prêtables.

 

La monnaie gâchée pour la finance

Les conditions financières risquent donc de se resserrer, notamment dans les pays émergents, en particulier si les pays avancés s’engagent dans un effort de « normalisation » des politiques économiques. Un contexte financier plus difficile pourrait alors engendrer des sorties massives d’investissements de portefeuille et mettre en difficulté certains pays émergents, compte tenu de leurs immenses besoins de financement cette année[4].

Cette expansion considérable pour contenir la déflation a été rendu possible par un soutien sans faille des banques centrales : elles ont réduit les taux directeurs et acheté massivement des obligations souveraines (mais aussi d’entreprises), achats sans lesquels les États n’auraient pas pu riposter à la pandémie du fait d’une envolée des taux d’intérêt à long terme. Au contraire, ils sont même devenus négatifs pour les emprunteurs les mieux notés.

Le bilan des principales banques centrales (Fed, BCE, Banque du Japon et Banque populaire de Chine) est passé de 20 000 milliards de dollars, juste avant la pandémie, à 29 000 milliards en février 2021, alors qu’il ne se montait qu’à 5 000 milliards de dollars fin 2007[5].

Mais, avant-même la pandémie, la période avait été aussi marquée par une envolée de l’endettement des grandes sociétés qui ont profité des faibles taux d’intérêts pour racheter leurs actions et accroitre les dividendes ou faire des opérations financières [6].

L’arrivée des vaccins a enflammé le pari d’une reprise forte et durable des profits. Cela se traduit par des flambées boursières qui, contradictoirement[7], marchent de pair, pour l’heure, avec une remontée des taux d’intérêt et une réappréciation des risques d’inflation. Cela, alors que le chômage hypermassif, l’insuffisance des revenus salariaux et celle des services publics continuent d’entraver dangereusement la demande mondiale où la concurrence fait rage.

 

Les États-Unis veulent mener la danse…

Parmi les pays les plus riches, les États-Unis devraient dépasser le niveau de PIB qu’ils connaissaient avant la pandémie. Selon les projections du FMI, les États-Unis connaîtraient une croissance de 6,4 % cette année et 3,5 % en 2022. Mais beaucoup d’autres, en particulier en Europe, ne devraient retrouver leur niveau pré-Covid qu’en 2022. En zone euro, le PIB ne croitrait que de 4,4 % en 2020 et 3,8 % en 2021.

La Chine, qui avait retrouvé son niveau de PIB pré-pandémie dès 2020, enregistrerait, cette année, une croissance de 8,4 % et de 5,6 % en 2022. Mais nombre de pays émergents ou en développement n’y parviendraient pas avant le courant 2023.

On peut donc s’attendre à une accentuation des écarts de niveau de vie et d’activité entre nombre de pays européens et les États-Unis, d’une part, et entre les pays en développement et les autres, d’autre part.

Car les dégâts sont d’ores et déjà immenses. Le FMI estime que les pertes de production cumulées de 2020 et 2021, relativement aux projections pré-pandémie, représentent 20 % du PIB par habitant en 2019 dans les pays émergents et en développement (hors Chine). Dans les pays avancés, elles devraient s’établir à 11 %.

Ces disparités s’observent aussi à l’intérieur de chaque pays avec l’explosion du chômage, de la précarité et de la pauvreté touchant les travailleurs jeunes et les moins qualifiés, les femmes, sans parler des étudiants.

Rappelons que 2020 a été une année noire pour l’emploi mondial, malgré les dispositifs de chômage partiel en Europe. Selon l’OIT, 8,8 % des heures de travail dans le monde ont été perdues (par rapport au quatrième trimestre 2019), l’équivalent de 255 millions d’emplois à temps plein. Cela représente quatre fois le nombre des heures perdues pendant la crise de 2008[8].

Or, on sait que la pandémie a été l’occasion pour nombre d’entreprises d’accélérer le recours aux technologies informationnelles et au télétravail qui, sous exigence de rentabilité financière, accroissent les économies de travail au détriment de l’emploi, des masses salariales et du temps libre des salariés.

Mais, alors qu’en Europe une troisième vague de la pandémie de Covid-19 contraint les États à réintroduire des restrictions pesant sur l’activité, les marchés financiers volent de records en records, surtout aux États-Unis après les eaux basses de mars 2020[9].

Ainsi, à la différence de l’épisode de crise de 2007-200, l’actuel n’a entrainé, pour l’heure, aucune menace pour la « stabilité financière mondiale », l’inflation boursière redoublant. Et ce sont les États-Unis qui sont en pole-position, cette fois-ci, la Chine veillant à contenir tout risque de surchauffe sans rien céder de ses acquis.

 

…au-dessus du volcan

Le retour à la situation pré-pandémie est encore assez lointain voire illusoire. Selon le FMI, « la réaffectation des ressources pour s’adapter à la nouvelle donne pourrait être plus marquée que lors des recessions précédentes et peser sur la croissance de la productivité à l’avenir (..) malgré une croissance plus forte que prévu à mesure que l’économie mondiale se remet du choc de la Covid-19, la production mondiale devrait être inférieure aux projections d’avant la pandémie d’environ 3 % »[10] .

Autrement dit, les tensions vont s’accentuer sur le partage de la valeur ajoutée mondiale. Or, les hausses boursières, accompagnant cette fois-ci le relèvement des taux d’intérêt à long terme, malgré le contrôle des Banques centrales, et les anticipations d’inflation des prix des biens et services exigent une vive et durable hausse des profits. Et cela, en contradiction avec la nécessité absolue de se préoccuper plus, malgré tout, du facteur humain, via en particulier les enjeux de l’emploi, des services publics (santé, éducation…), des infrastructures et de l’écologie dans chaque pays comme à l’échelle mondiale.

Peut-être que cette contradiction est devenue si explosive qu’elle rendrait nécessaire un certain desserrement des contraintes devenues folles de la compétition fiscale entre les États paupérisés par l’optimisation des multinationales et des grands gérants de portefeuilles. Est-ce cela que pourrait indiquer la proposition, formulée par la secrétaire américaine au Trésor, de fixer un seuil minimal de 21 % pour taxer les bénéfices réalisés en dehors des États-Unis par des firmes américaines, et par là même de taxer au moins à ce taux les bénéfices des sociétés du monde entier ? Après tout, n’est-ce pas aux États-Unis que le bâtiment qui sert de siège au pouvoir législatif, le Capitole, a été pris d’assaut par des émeutiers ?

On peut alors penser que vont grandir, dans chaque pays, les antagonismes sociaux et, entre les États, les rivalités pour la localisation de la valeur ajoutée et l’attraction des capitaux financiers.

La reprise mondiale à l’œuvre est donc extrêmement contradictoire, inégale et, de fait, dangereuse, y compris avec les risques de krach financier jusqu’ici contenus.

Le FMI alerte sur la fragilité de ces processus, le besoin de « coopération internationale » et sur le risque d’une « aggravation des troubles sociaux (…) en particulier dans les pays où les progrès sur les plans social et politique sous-jacents sont au point mort et où la crise a mis en lumière ou exacerbé des problèmes préexistants »[11].

Un « nouveau paradigme » ?

Une fois élu, le nouveau Président a annoncé deux plans engageant des masses considérables de financement sur plusieurs années qu’il a présentés comme procédant d’un « nouveau paradigme ». Il place sous pression le reste du monde.

Le premier, baptisé « plan de sauvetage américain » (American Rescue Plan) comprend des aides totalisant 1900 milliards de dollars, soit environ 9 % du PIB[12].

Les ménages, en particulier ceux à faibles revenus, en sont les premiers bénéficiaires, avec des aides totalisant plus de 900 milliards de dollars : versements directs de 1 400 dollars pour chaque personne gagnant moins de 75 000 dollars par an et les couples mariés gagnant moins de 150 000 dollars , prolongement du complément hebdomadaire d’allocation chômage de 300 dollars, crédits d’impôt liés aux enfants, aides pour la santé, pour le paiement des loyers/crédits immobiliers, aides alimentaires, etc..

On note aussi un soutien de 350 milliards de dollars aux collectivités infra-fédérales, 220 Milliards d’aides au secteur de l’éducation et 140 milliards à la lutte contre la pandémie.

En revanche, contrairement aux précédents plans de soutien, l’aide aux entreprises est plus limitée et plus ciblée (restaurateurs, transports, prêts garantis aux TPE, etc…).

Ce troisième programme de lutte contre les effets de la pandémie, après deux plans totalisant 3100 milliards de dollars adoptés sous Trump, devrait avoir un impact sur le déficit concentré sur 2021 avec des dépenses estimées à 1 100 milliards, le reste étant réparti jusqu’à 2031.

Les États-Unis, sont en effet contraints de commencer à panser dans l’urgence les profondes plaies occasionnées dans le tissus sanitaire, social, culturel, infrastructurel et écologique par les politiques conduites de Reagan à Trump, jusqu’au bord de la guerre civile. Ils sont contraints de tenter de relancer la demande interne ligotée par le chômage et la faiblesse des services publics.

Mais ils sont aussi contraints d’essayer de refaçonner l’offre monopolisée par de gigantesques groupes dont la domination devient accablante, aussi outre-Atlantique, avec le prélèvement de rentes formidables, une destruction du tissu de PME et un freinage de l’innovation. Cette offre se heurte, de plus, à des goulots d’efficacité dus à l’état déplorable des infrastructures publiques et sociales, à l’insuffisance de formation, à la dégradation de l’environnement, à l’état de l’espace public, à la criminalité…

Tout cela a contribué à faire chuter l’efficacité du capital de 0,6 % entre 2000 et 2007, de 0,4 % entre 2007 et 2019 et de 6,4 % entre 2019 et 2020. Aussi, l’an dernier, la productivité globale des facteurs a-t-elle plongé de 1,7 %, malgré une progression de 2,5 % de la productivité apparente du travail[13]. De quoi inquiéter nombre de capitalistes dans le pays le plus capitaliste du monde !

Précisément, un deuxième plan d’investissement massif, dévoilé le 31 mars dernier par J. Biden, vise à accroître la productivité globale et l’attractivité du site national de production.

Ce projet de 2 250 milliards de dollars d’investissement sur huit ans, s’intitule « The American Jobs Plan« . Il a été pensé dans le contexte d’une forte rivalité stratégique avec la Chine et face au besoin d’attirer massivement les capitaux, y compris parce que « les États-Unis doivent être leaders » en matière climatique[14]. Il comprend un volet industriel important mais également un volet social significatif[15]

Un premier volet de 620 milliards de dollars porte effectivement sur la rénovation des infrastructures publiques et sociales mais prévoit également un coup de pouce aux véhicules électriques.

Un second volet, de 650 milliards de dollars, porte sur l’amélioration des lieux de vie. Un troisième, de 580 milliards de dollars, est tourné vers l’industrie américaine. Un quatrième, enfin, est constitué d’une enveloppe de 400 milliards de dollars à destination des plus âgés et des plus vulnérables,

Fait remarquable, le financement sera assuré essentiellement par une augmentation de 21 % à 28 % du taux d’imposition des entreprises, sachant que le taux d’imposition minimal des activités à l’international passerait de 13 % à 21 %.

On peut mesurer aussi l’ambition intégratrice d’union nationale de ce plan quand on lit, parmi ses objectifs officiels, qu’il « veillera à ce que nos travailleurs soient formés pour des emplois bien rémunérés de la classe moyenne de l’avenir. Il veillera à ce que l’argent des contribuables américains profite aux familles qui travaillent et à leurs collectivités, et non aux multinationales ou aux gouvernements étrangers »[16].

Certes, il faut encore que ce plan arrive à être voté par le Congrès, ce qui n’est pas du tout assuré, tant les Républicains demeurent arrimés au modèle Reagan-Trump.

S’affiche ainsi une volonté nouvelle de tenter de transformer la façon dont le capital doit chercher à faire plus de profits en Amérique, pour continuer de dominer le monde, du fait de l’exacerbation de toutes les dimensions de la crise systémique et en écho à ce qui est devenu le défi chinois. D’où une course de vitesse dans la conjoncture.

 

 

 

L’Europe et le monde sous pression

L’annonce même de ces plans, se conjuguant avec une accélération des vaccinations, a donné un vif coup de fouet à la conjoncture américaine.

L’indice PMI manufacturier américain IHS Markit s’est établi à 59,1 en mars 2021, soit le deuxième plus haut taux d’activité des usines jamais enregistré[17]. L’expansion globale a été soutenue une hausse des commandes nouvelles sans précédent depuis juin 2014, y compris à l’exportation, même si la production a été freinée par des pénuries d’approvisionnement. Les attentes en matière de production se sont renforcées pour atteindre le deuxième niveau le plus haut depuis plus de six ans.

Cependant, les pressions inflationnistes se sont intensifiées, les coûts augmentant au rythme le plus rapide depuis une décennie et les entreprises les répercutant partiellement sur leurs clients avec la plus forte augmentation des frais de production depuis que l’enquête existe.

L’indice PMI des services américains IHS Markit, corrigé des variations saisonnières, s’est inscrit à 60,4 en mars, contre 59,8 en février[18]. Selon C. Williamson, économiste en chef des affaires chez IHS Markit, « la récente poussée de la croissance du secteur des services ne montre aucun signe de baisse, (..) les enquêtes PMI indiquent que l’économie a progressé à un rythme annualisé d’environ 5 % ».

Bref, la confiance semble revenir et suscite des frottements. Mais qu’en est-il de l’emploi ?

En mars, le nombre total d’emplois non agricoles a augmenté de 916 000. Mais si le taux de chômage officiel (6 %) marque une baisse notable par rapport à son sommet d’avril 2020 (14,7 %), il demeure supérieur de 2,5 points de pourcentage à ce qu’il était en février 2020.

Le nombre officiel de chômeurs (9,7 millions) a donc continué de baisser en mars, mais demeure supérieur de 4 millions à celui de février 2020. Il faut noter l’ampleur du chômage de longue durée (27 semaines ou plus) qui, à, est en hausse, lui, de 3,1 millions sur février 2020.Les chômeurs de longue durée (4,2 millions) représentaient 43,4 % du nombre total des privés d’emploi.

Le nombre d’ employé.e.s à « temps partiel subi » (5,8 millions) est supérieur de 1,4 million à celui de février 2020, tandis que les personnes non comptées comme chômeurs et qui veulent actuellement un emploi (6,9 millions) est en hausse de 1,8 million sur un mois.

C’est dire si le volant de chômage demeure considérable Outre-Atlantique, ce qui permet à nombre d’observateurs de relativiser les tensions inflationnistes à l’œuvre, du fait du poids toujours considérable de ce facteur déflationniste.

Ce pourrait être là la marque d’une dévalorisation conjoncturelle de capital qui, aux États-Unis, aurait pu être plus prononcée qu’en Europe, en liaison avec une législation du travail beaucoup moins protectrice.

Cependant, le taux d’utilisation des capacités de production outre-Atlantique en mars (73,8 %) est, certes, remonté depuis le creux de juin 2020 (64,8 %), mais il a reculé par rapport à février (75,6 %) et demeure très inférieur à sa moyenne de 77,4 % enregistrée de mai 2019 à mars 2020.

Cette reprise va propulser, dans l’immédiat, les importations américaines et donc le déficit commercial, ce qui laisse ouverte la relance du protectionnisme, en tout cas vis-à-vis de la Chine, les pénalités vis-à-vis de l’Europe ayant été pour une part suspendue.

La hausse des taux d’intérêt à long terme, malgré le contrôle de la FED, et la hausse de l’inflation peuvent-elles interrompre cette reprise rapide, alors que, pour l’heure, les indices de Wall-Street engrangent des performances records ?

Tout semble se passer comme si la FED restait de marbre devant ces signaux. Le 17 mars, dans une conférence de presse, J. Powell, président du conseil des gouverneurs, a déclaré : « Si nous voyions les anticipations d’inflation dépasser nettement le seuil de 2 % nous ferions, bien sûr, en sorte de mener une politique monétaire permettant de nous assurer que cela n’arrivera pas. Nous nous sommes engagés à ancrer les anticipations d’inflation à 2 %, ni nettement au-dessus, ni au-dessous de 2 % »[19].

Beaucoup va donc dépendre des entrés nettes de capitaux à long terme aux États-Unis, alors même que, pour la première fois l’an dernier, la Chine a accueilli plus d’investissements directs étrangers que les États-Unis en 2020 (163 milliards de dollars contre 134 milliards).

Les États-Unis ont enregistré un excédent du compte de capital et financier de 106,3 milliards de dollars en janvier 2021, après 8 milliards en décembre 2020. Dans le même temps, les investissements en obligations étrangères ont diminué de 49 milliards de dollars nets en janvier, comparativement à 20,7 milliards de dollars le mois précédent[20].

Sans doute la hausse des taux d’intérêt à long terme et les anticipations de forte hausse des profits vont-elles améliorer ses performances. Mais elles demeurent prisonnières de la marge de relèvement des taux longs que peut se permettre la Fed et de la confiance des investisseurs étrangers dans la réussite des plans Biden.

On peut relever une certaine préoccupation de Washington, puisque, pour la première fois, les États-Unis, en prévision d’une réunion du G-20, se sont montrés d’emblée favorables à une nouvelle émission de 500 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS)[21], la monnaie du FMI dont ils ont toujours tenté d’entraver l’essor, y voyant un rival du dollar. Cela se fera bien sûr au nom de l’aide à apporter aux pays pauvres, mais, en pratique, cette manne monétaire viendra renforcer les réserves des pays les plus riches, à proportion des parts qu’ils détiennent dans le FMI, les États-Unis arrivant loin devant. Redistribueront-ils ensuite aux pays les plus en difficulté et lesquels ?

La Chine et la Russie freinent beaucoup leurs achats de dollar depuis 2010 et le Japon continue d’y participer périodiquement. Donc, beaucoup va dépendre de ce que va faire la Chine, deuxième détentrice de bons du Trésor US en ce domaine, mais aussi du soutien qu’accorderont les États, la BCE et les investisseurs européens.

L’Union européenne et la zone euro sont confrontées à un dilemme. La BCE est contrainte de laisser à très bas niveau ses taux directeurs et de racheter massivement des obligations d’État, alors que la croissance demeure handicapée par une troisième vague Covid, tandis que que le plan de relance de 750 milliards d’euros prévus pour y faire face demeure embourbé dans un bras de fer entre pays membres. Celui-ci, pour la première fois, va faire appel ponctuellement à des emprunts communautaires sur les marchés, en rivalité fédéraliste donc avec les besoins d’emprunt américains.

L’Europe espère pouvoir bénéficier de la croissance américaine, via les exportations. Mais cela d’accentuer l’hétérogénéité entre les pays du nord, l’Allemagne en particulier, et ceux du sud, dont la France. Et cela sans parler des divergences à l’intérieur de chacun de ces pays.

Les « alliés » européens sont directement placés sous pression par les plans Biden et les perspectives américaines de croissance, ce qui pourrait se traduire par une hausse des sorties de capitaux vers les États-Unis et le besoin d’une intervention plus forte de la BCE, y compris pour contrôler la hausse des taux longs.

Mais Washington compte faire plier tout le monde en poussant ses partenaires et ses rivaux aux limites, à la fois par une politique beaucoup plus interventionniste à l’extérieur au nom de la défense de « l’Amérique des valeurs » et du « camp de la démocratie », et à la fois en bénéficiant du fait que pour l’heure, il n’y a pas de monnaie commune mondiale alternative au dollar. Ce qui en souligne le besoin.


[1] PEM : « Reprise : des situations divergentes à gérer », avril 2021. www.ifm.org.

[2] PEM : « Mise à jour des perspectives économiques mondiales », janvier 2021., www.ifm.org.

[3] FMI : Moniteur des finances publiques, avril 2021.

[4] FMI : « Prévenir l’accumulation de facteurs de vulnérabilité », Rapport sur la stabilité financière dans le monde, avril 2021.

[5] Yardeni E. and M. Quintana:” Central Banks: Monthly Balance Sheets”, Yardeni Research, INC., April 9, 2021,        

www.yardeni.com ).

[6] Fin 2019 déjà, les sociétés non financières du monde entier ont dû rembourser ou refinancer une dette obligataire d’entreprise de 4 400 milliards de dollars en 3 ans. Il s’agit là d’un montant record de 32,4% de l’encours total des obligations de sociétés, contre environ 25% il y a dix ans (OCDE).

[7] Quand les taux d’intérêt montent, les indices boursiers, traditionnellement, reculent et inversement.

[8] COVID-19 : Observatoire de l’OIT – 7e édition –  www.ilo.org .

[9] Ainsi, le S&P 500, l’indice des 500 plus grandes sociétés américaines cotées, a franchi la barre des 4 000 points le 1er avril. Jamais, depuis sa création en mars 1957, il n’avait grimpé aussi haut, euphorisé par l’annonce d’un second plan de relance aux Etats-Unis et une accélération forte des vaccinations. Mais ce phénomène s’est produit aussi en Europe, en France notamment où l’abîme se creuse encore plus en réel et financier.

[10]  Das S. & P. Wingender: “Slow-Heading Sears: The Pandemic’s Legacy”, IFM Blog, 31 mars 2021, blogs.imf.org.

[11] FMI, Op.cit. p.15.

[12] Nazarova S. : « Etats-Unis : un plan de sauvetage au-delà des attentes », Perspectives, N° 21/084, 16 mars 2021.

[13] US Bureau of Labor Statistics: “Multifactor Productivity Trends – 2020” 23/03/2021, ( www.bls.gov ).

[14] Interview de J. Kerry au journal Le Monde, 14-15 mars 2021.

[15] Les Echos investir – 09/04/2021 ( investir.lesechos.fr ).

[16] The White House : American Jobs plan” ( www.whitehouse.gov).

[17] IHS Markit U.S. Sector PMI: “Output growth driven by financial services and technology in March”, 5 April 2021.

[18] IHS Markit U.S. Services PMI™:” Fastest rise in business activity since July 2014 as new order growth reaches six-year high”, 5 April 2021.

[19] Cité par De Vijlder W. : « Etats-Unis : lire dans les pensées de la réserve fédérale », Eco Week 21-11 :22 March 2021.

[20] tradingeconomics.com.

[21] Une nouvelle émission de cet actif de réserve international est similaire à l’impression par une banque centrale de monnaie, car les nouveaux DTS donnent à chaque membre du FMI plus de réserves à utiliser proportionnellement à leur participation dans le fonds

 

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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 05:15
Droit à la sécurité : Fabien Roussel défend "une police nationale de proximité - L'Humanité, 19 mai 2021
Droit à la sécurité : Fabien Roussel défend "une police nationale de proximité"
Mercredi 19 Mai 2021 - L'Humanité

Dans une tribune adressée à l'Humanité, Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français et candidat à la présidentielle, estime que la gauche "doit prendre à bras-le-corps les questions d’insécurité qui gangrènent l’existence de tant de villes et quartiers populaires".

J’ai défendu l’idée que la gauche devait prendre à bras-le-corps les questions d’insécurité qui gangrènent l’existence de tant de villes et quartiers populaires. C’est la raison pour laquelle j’ai participé, avec d’autres parlementaires et élus du PCF au rassemblement des syndicats de policiers, le 19 mai, devant l’Assemblée nationale. Oui, il y a des fonctionnaires de police qui espèrent voir la gauche à leurs côtés. Nous ne laisserons jamais les questions de sécurité aux mains d’incendiaires qui ne cessent de nourrir une très dangereuse instrumentalisation avec des surenchères liberticides.

Je propose une réponse progressiste et républicaine offrant à la fois la sécurité et l’égalité, la tranquillité pour toutes et tous, et de nouveaux progrès sociaux.

"Oui, il y a des fonctionnaires de police qui espèrent voir la gauche à leurs côtés".

Partout dans le pays, les élus locaux des quartiers et des villes populaires savent combien les problèmes d’insécurité, de délinquance, de trafic sont un véritable poison.  La sécurité est un droit fondamental qui doit être garanti à tous nos concitoyens, quel que soit leur lieu d’habitation. C’est un service public qui ne peut pas être vendu à des sociétés privées comme le prévoit la loi « sécurité globale » du gouvernement. Nous proposons la création d’une véritable police nationale de proximité, avec le recrutement de 30 000 agents, formés, bien encadrés, correctement rémunérés. Nous contestons la politique du chiffre imposée par ce gouvernement comme les choix faits en matière de maintien de l’ordre. Le procès sur le prétendu laxisme de la réponse judiciaire sert aujourd’hui de prétexte pour ne plus parler de l’indigence des moyens accordés à notre Justice.  Ce gouvernement, comme les précédents, a provoqué de véritables déserts judiciaires ! Je garde en mémoire ces rassemblements des robes noires, avec tous ces avocats qui dénonçaient la fusion des tribunaux et la réforme Belloubet. Nous sommes les baudets de l’Union européenne avec 11 juges pour 100 000 habitants soit deux fois moins que la moyenne européenne (rapport publié par la commission européenne en octobre 2020) ! Quant au code pénal, il n’a cessé d’être durci au cours dernières années : il ne saurait satisfaire un désir de vengeance, il doit sanctionner justement les délits et les crimes tout en visant à la réinsertion du maximum de condamnés.

Cette démarche, pour permettre à la Police et à la Justice d’exercer pleinement leurs missions au service des principes de la République et de l’État de droit, ne saurait être dissociée d’une réponse forte et claire en matière d’éducation, de justice sociale, d’insertion sociale et professionnelle, d’égalité réelle.

Des territoires de notre République ne sont pas « perdus ». Ils ont été délaissés et même abandonnés du fait des politiques d’austérité menées au fil des derniers quinquennats et aggravées par l’actuel pouvoir alors que les populations qui y vivent ont justement besoin de plus de politiques publiques pour affronter les conséquences du chômage, des bas salaires et de la précarité. Ce qui tient encore est le résultat d’une combativité intacte et d’un courage exceptionnel d’élus locaux, de bénévoles associatifs, d’agents des services publics, de familles, de citoyennes et citoyens qui sont la richesse de notre pays. Ils sont les experts de leur territoire. Ils savent comment faire. A chacune de mes rencontres, ils me disent combien des solutions sont à portée de main. A chaque fois, il est question de service public, de leur indispensable retour et de leur développement, de réponse au plus près des populations, en prenant à bras le corps l’ensemble des problématiques de vie. Un exemple : on parle en ce moment des enjeux démographiques. Eh bien, nous avons besoin de crèches publiques, d’une grande politique publique de la petite enfance.

Il n’y a pas d’un côté, les questions de sécurité et de l’autre, les revendications sociales car, on le sait bien, à ce jeu-là, c’est insécurité générale qui progresse et l’horizon qui s’obscurcit avec de lourdes menaces pour notre vie démocratique.

La République doit, par conséquent, sécuriser toutes les dimensions et tous les âges de la vie. C’est ainsi que nous relèverons le défi des jours heureux.

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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 05:00
Électricité. La tarification dynamique en fonction du cours de la bourse va faire exploser vos factures (L'Humanité, 18 mai 2021)
Électricité. La « tarification dynamique » va faire exploser vos factures
Mardi 18 Mai 2021

« Grâce » aux compteurs Linky et au libéralisme de Bruxelles, des fournisseurs proposent des contrats indexés sur le marché de gros, qui s’envolent en cas de pic de consommation. Comme au Texas en février, où de nombreuses installations électriques avaient été paralysées par un froid extrême, faisant flamber les prix en Bourse. Des consommateurs ont reçu des factures d’électricité mensuelles de plusieurs milliers de dollars. Bientôt chez vous ?

En février dernier, un nouveau fournisseur d’électricité apparaissait en France, avec une offre très particulière. Filiale du groupe finlandais Fortum, l’entreprise Barry nous propose un prix du courant qui varie heure par heure. Le tarif facturé au client suit le cours du kilowattheure sur la Bourse Epex Spot, le marché européen de l’électricité en gros. C’est le compteur communicant Linky qui permet de faire le lien entre notre consommation réelle et les prix du marché.

EDF aura l’obligation d’y recourir

La libéralisation de l’énergie imposée par l’Union européenne ne s’est pas contentée d’introduire la concurrence pour la production et la commercialisation d’électricité. Elle a aussi mis en place une Bourse européenne pour que les producteurs puissent vendre leur marchandise et que des détaillants (appelés « fournisseurs alternatifs ») puissent l’acheter pour la revendre au consommateur final.

Le principe qui consiste à revendre l’énergie au consommateur au prix de ce marché a un nom : la « tarification dynamique ». Adoptée le 5 juin 2019, la directive européenne 2019/944 autorise ce système et va même jusqu’à l’imposer « auprès de chaque fournisseur qui a plus de 200 000 clients finals ». Si Barry est le premier à proposer cette option en France, il ne sera donc pas le dernier. Même l’opérateur de service public EDF, qui dépasse largement le seuil de 200 000 clients, aura l’obligation d’y recourir.

Aucun débat parlementaire

Le gouvernement français devait transcrire cette directive européenne. Il l’a fait le 3 mars 2021, par l’ordonnance n° 2021-237, qui modifie le Code de la consommation et autorise la tarification dynamique… sans le moindre débat parlementaire. Le texte prétend protéger le consommateur. Il impose que le fournisseur « informe le client sur les opportunités, les coûts et les risques », « recueille (son) consentement » et mette à sa disposition « un dispositif d’alerte en cas de variation significative du prix de marché ».

Compte tenu des pratiques déjà constatées chez les fournisseurs privés, on peut avoir toutes les craintes quant au respect de ces dispositions. En avril 2021, par exemple, le médiateur de l’énergie attaquait l’italien Eni pour avoir vendu à une femme de 98 ans un contrat de gaz pour un logement qu’elle n’habitait plus depuis trois ans…

Séduire le client

Dans l’immédiat, Barry cherche à profiter de son antériorité pour séduire le client. « Envie de réduire tes dépenses ? Il te suffit de consommer au moment où l’électricité est la moins chère », affirme l’entreprise, qui, pour se donner un air sympa, tutoie son interlocuteur. D’après elle, « tu obtiens l’électricité au prix auquel les fournisseurs l’achètent ». Vraiment ?

En fait, ni la directive ni l’ordonnance n’obligent le fournisseur à acheter en Bourse l’électricité qu’il nous revend en tarification dynamique. Pour doper la concurrence, le législateur a obligé EDF à tenir à disposition des opérateurs privés un quart de sa production nucléaire à prix quasi coûtant, un scandale connu sous le nom d’Arenh ( accès régulé à l’électricité nucléaire historique). Un esprit soupçonneux pourrait y voir un risque : qu’un fournisseur privé achète de l’électricité nucléaire à prix garanti auprès d’EDF et la revendre en tarification dynamique.

Flambée des prix

Interrogée sur cette possibilité, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) répond : « Proposer une offre à tarification dynamique n’impose pas aux fournisseurs de contrainte sur leur approvisionnement. Charge à eux de définir leur stratégie en fonction des gains qu’ils visent et des risques associés. » Acheter à EDF et vendre au prix de Bourse est donc tout à fait possible.

On se souvient qu’en février 2021, au Texas, de nombreuses installations électriques ont été paralysées par des conditions climatiques extrêmes. Les prix en Bourse avaient flambé. Des consommateurs ont reçu des factures d’électricité mensuelles de plusieurs milliers de dollars, précisément parce qu’ils avaient souscrit des abonnements en tarification dynamique.

Aurélien Bernier* 

*Auteur du livre les Voleurs d’énergie. Utopia, 2018.
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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 15:19
Les dépenses militaires face aux besoins humains - Les centaines de milliards de la honte - Tribune collective dans l'Humanité des Débats
L’Humanité des débats – TEXTE COLLECTIF
 
En Inde, « avec plus de 350 000 nouveaux cas enregistrés par jour et la mort à chaque coin de rue, patients et familles sont pris dans une véritable course contre la montre, suppliant pour avoir accès à de l’oxygène et des médicaments devant des hôpitaux surpeuplés ». En Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations, au moins 453 migrants ont péri depuis le 1er janvier.
 
De nombreuses voix parlent de honte, face à la tragédie des migrants disparus noyés, sans que les États ne déploient les moyens nécessaires pour les sauver en application des principes élémentaires du droit international maritime. Selon l’Unicef, « plus de 10 millions d’enfants en République démocratique du Congo, dans le nord-est du Nigeria, dans le Sahel central, au Soudan du Sud et au Yémen souffriront de malnutrition aiguë en 2021 ». Pour le Programme alimentaire mondial des Nations unies, « la sécheresse incessante qui sévit à Madagascar pousse des centaines de milliers de personnes au bord de la famine ».
 
Pourtant les moyens ne manquent pas. Ainsi, le Monde du 15 avril relate la visite du ministre des Affaires étrangères français en Inde comme étant « intimement liée aux intérêts économiques français. En particulier l’éventuelle vente supplémentaire de Rafale, dont l’Inde a déjà acheté 36 exemplaires à Dassault Aviation, en 2016, pour près de 8 milliards d’euros. Depuis 2018, de nouveaux appels d’offres ont été lancés avec, à la clé, potentiellement plus de 150 avions ». L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a estimé que les dépenses militaires mondiales s’élèvent à près de 1 645 milliards d’euros en 2020, soit une augmentation de 2,6 % par rapport à 2019.
 
La France a livré en Inde des lits et des appareils respiratoires, c’est un peu de solidarité humaine qui se manifeste. Mais nous vivons des moments de honte. Alors que des millions d’individus subissent la pandémie sans les moyens médicaux nécessaires, connaissent le chômage et la précarité, souffrent de la faim, que d’autres se noient en fuyant les guerres et la misère, le montant des dépenses militaires mondiales a atteint un montant jamais connu dans l’histoire de l’humanité. Les peuples souffrent, on leur distribue des armes. La honte !
 
La réduction des dépenses militaires est une nécessité. Leur réorientation vers des investissements utiles pour la santé, l’éducation, la recherche, la culture, le climat et une économie durable permettrait la création d’emplois en France et dans le monde. Si les neuf États possédant des armes nucléaires stoppaient leurs programmes, plus de 820 milliards d’euros pourraient être réorientés dans les 15 années à venir vers la satisfaction des besoins humains. Ce serait conforme avec la charte des Nations unies, qui stipule (article 26) que les États doivent « favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde », mais aussi avec le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) entré en vigueur le 22 janvier 2021. Pour son avenir, l’humanité n’a d’autre chemin que la paix.
 
Signataires : Roland NIVET et Edith BOULANGER (Co-porte-paroles nationaux du Mouvement de la Paix) ; Jean ZIEGLER (conseiller du conseil des droits de l’homme des Nations Unies), Pradip BISWAS (v-p de la fédération des employés de banque d’Inde), Alain ROUY (secrétaire de l’AIEP - Asso internationale des éducateurs à la paix), Véronique MARTIN (secrétaire confédérale CGT), Lilian HALLS-FRENCH (Co-présidente Initiative Féministe EuroMed IFE-EFI), Michèle DECASTER (militante afaspa), Jim ANDERSON (Peace action), Christian REECHT (membre de l’Action Catholique Ouvrière)
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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 11:40
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Dans L’Humanité ce mardi, « Au Chili, la revanche des enfants d’Allende »
 
Au Chili, la revanche politique des enfants d’Allende
Mardi 18 Mai 2021 - L'Humanité

Défaite aux élections, la droite voit lui échapper la minorité de blocage dans la nouvelle Convention constituante, dominée par la gauche et les indépendants. Une nouvelle page d’histoire s’écrit, loin du legs de la dictature de Pinochet.

Depuis le oui sans appel des Chiliens, lors du référendum du 25 octobre 2020, à une nouvelle Constitution appelée à remplacer la loi fondamentale léguée par Pinochet, la droite du président Sebastian Piñera n’a reculé devant aucune manœuvre pour tenter de verrouiller les élections à la Convention constituante.

Peine perdue : elle a pris, dimanche, une dérouillée. Les conservateurs, qui faisaient bloc, des libéraux bon teint jusqu’aux nostalgiques de la dictature, sont sanctionnés ; unis, ils n’atteignent même pas, dans cette assemblée, la minorité de blocage d’un tiers qu’ils avaient imposée pour tenter de sauver l’essentiel à leurs yeux : le rôle « subsidiaire » de l’État, le règne sans partage du libre marché, gravés dans le marbre constitutionnel depuis 1980.

Les femmes plébiscitées

Avec à peine plus de 20 % des suffrages, la droite et l’extrême droite, défaites, ne remportent ensemble que 37 sièges sur 155. Dans un élan historique, la majorité revient à la gauche, avec une nette affirmation, dans les urnes, de la radicalité politique exprimée par le mouvement populaire d’octobre 2019. La liste « Apruebo Dignidad » (18,5 %), appuyée par le Frente Amplio, auquel participe le Parti communiste, conquiert ainsi 28 sièges et « la Lista del Pueblo », qui rassemblait des indépendants souvent issus des mouvements sociaux et féministes, recueille près de 15 % des voix et gagne 21 sièges.

Au centre gauche, la liste « Apruebo », incluant les socialistes et les démocrates-chrétiens, remporte 25 sièges tandis que les indépendants de Nueva Constitucion, plus à gauche, obtiennent 11 sièges. Une trentaine d’autres indépendants sans affiliation politique revendiquée entrent à l’Assemblée constituante. Symptôme, avec la très faible participation (41 % sur deux journées de vote), de la défiance profonde vis-à-vis des formations politiques traditionnelles qui se sont succédé aux affaires depuis la chute de Pinochet.

Le désir de rupture est sensible jusque dans le plébiscite des candidatures féminines : en raison de la règle paritaire imposée par la mobilisation féministe, une dizaine de femmes devront même céder leur siège à des hommes pour garantir à la gent masculine 50 % de la représentation. Cette vague porte son lot de symboles qui disent à eux seuls à quel point les temps changent : persécutée par l’État en raison de son appartenance au peuple mapuche, passée par la prison, désignée comme une « terroriste », la chamane Francisca Linconao remporte l’un des 17 sièges réservés aux représentants des peuples autochtones.

L’intégrisme néolibéral sanctionné

Ce souffle nouveau vient aussi bouleverser les rapports de forces à l’échelle des municipalités et des régions, avec le même effet de sanction contre la droite, qui paie dans les urnes son intégrisme néolibéral, sa réponse répressive aux demandes sociales, sa gestion désastreuse de la pandémie de Covid-19.

Dans ce mouvement, de nouveaux visages s’imposent, comme celui d’Iraci Hassler, militante féministe et communiste, élue maire de Santiago, la municipalité du centre historique de Santiago du Chili. La jeune femme inflige une cinglante défaite au sortant, l’avocat Felipe Alessandri, héritier d’une dynastie de droite, passé par le cabinet de Piñera.

Dans la commune voisine de Recoleta, le communiste Daniel Jadue, candidat à l’élection présidentielle, est brillamment réélu avec près de 65 % des voix. Toujours dans la capitale, la féministe Emilia Rios, candidate du Frente Amplio, gagne la municipalité de Ñuñoa.

Et, à l’échelle de la région métropolitaine de Santiago, la féministe Karina Oliva Perez (22,6 %), membre du parti Comunes, présentée par le Frente Amplio, met en ballottage le démocrate-chrétien Claudio Orrego Larrain (24,9 %), qui compte sur la mobilisation de la droite pour tenter de barrer la route à la gauche au second tour, le 13 juin. À Valparaiso en revanche, Rodrigo Mundaca, figure de la lutte contre la privatisation de l’eau, qui se présentait sous les couleurs du Frente amplio, remporte une victoire éclatante : il est élu gouverneur dès le premier tour avec 43,8 % des voix. « Les secteurs qui cherchent à transformer le pays ont triomphé et cela conforte la nécessité d’une Constitution absolument démocratique, faite à partir de la base, mais aussi le besoin d’un gouvernement populaire dans un proche avenir, pour installer cette Constitution, pour conduire les changements dans une unité sans restriction », se réjouit Daniel Jadue.

Vers une authentique transition

Au Chili, berceau d’un néolibéralisme qui s’est bâti sur le sang des opposants à Pinochet, où les services publics, l’éducation, la santé, les retraites et tous les biens communs ont été broyés par la libéralisation et par les privatisations, de nouveaux horizons se dégagent. Ces scrutins offrent la photographie d’un paysage politique radicalement nouveau, à six mois des élections présidentielle, législatives et sénatoriales. « Les citoyens ont envoyé un message clair et fort au gouvernement et aussi à toutes les forces politiques traditionnelles : nous ne sommes pas suffisamment en phase avec les demandes et les désirs des citoyens et nous sommes mis au défi par de nouvelles expressions », admet le président Sebastian Piñera.

Dans un contexte de crises sociale, économique et politique structurelles, un mouvement profond refaçonne le pays, dont les jeunes générations entendent ouvrir une authentique transition, pour se débarrasser des oripeaux de la dictature et des cadenas qu’elle a posés sur un système inégalitaire, autoritaire, sacrifiant en toutes circonstances l’intérêt général aux privilèges de l’oligarchie.

Au fil des marches de 2019, un cri résonnait dans le brouillard des gaz lacrymogènes comme la promesse d’une éclaircie future : « Chile despertó ! » ( « Le Chili s’est réveillé ! »). Les représentantes et les représentants à la Convention n’ont pas d’autre choix que de l’entendre : ils ont désormais neuf mois, un mandat qui pourra être prorogé de trois mois, pour écrire une nouvelle Constitution au diapason des aspirations populaires exprimées dans la rue comme dans les urnes.

Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
À Santiago, l’espoir est rouge et féministe
Mardi 18 Mai 2021 - L'Humanité

À 30 ans, la communiste Iraci Hassler a été élue maire d’une commune de la capitale chilienne. Elle prône un nouveau modèle de développement local.

Parmi les éminentes, les illustres figures qui peuplent le panthéon personnel de la nouvelle maire communiste du centre historique du Grand Santiago, Iraci Hassler, des femmes. Gladys Marin, d’abord. Éducatrice pour enfants handicapés et présidente du Parti communiste chilien entrée en clandestinité sous la dictature de Pinochet, elle fut une inlassable combattante de la justice reconnue au-delà des clivages politiques. La militante africaine-américaine Angela Davis, ensuite. Karol Cariola et Camila Vallejo, enfin. Deux jeunes parlementaires communistes chiliennes, figures de la révolte estudiantine contre la marchandisation de l’éducation en 2011, qui marquèrent le premier pas d’Iraci Hassler en direction de la politique. C’est à ce moment-là que l’économiste adhère elle aussi au Parti communiste.

« Inverser l’ordre des privilèges »

À 30 ans, la jeune maire, élue dimanche avec 38,93 % des voix, donne déjà l’impression d’avoir été de toutes les luttes. Désignée candidate à la mairie à l’issue d’une primaire inédite de la gauche qui rassemblait plus de 50 organisations sociales, politiques et féministes, la conseillère municipale renverse ainsi Felipe Alessandri du parti Rénovation nationale (droite, 35,23 %), qui a largement avalisé la répression contre le mouvement social de 2019. Aujourd’hui, elle appelle à relever les manches pour « construire le “bien-vivre” dans nos quartiers ».

Qu’est-ce qu’être communiste aujourd’hui ? Sa réponse est sans ambages : « Agir chaque jour pour inverser l’ordre des privilèges et l’accumulation des richesses au prix du temps et du travail de la majorité, dans un monde qui a parfaitement les moyens pour que nous vivions tous bien. C’est faire confiance à l’humanité, lutter pour une société où nous nous développons tous librement et pleinement, avec toutes nos potentialités, dans la dignité et l’égalité des droits. »

La jeune édile prône une réflexion et une transformation permanentes pour conquérir de nouveaux droits. Elle entend également présenter un plan de relance économique qui atténue les effets de la crise sanitaire et soutient un nouveau modèle de développement local, la réduction des inégalités de genre et la protection de l’environnement.

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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 11:35
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Jacqueline Héré, adjointe au maire PCF de BREST, maire de quartier de Bellevue, a pris la parole pour soutenir le mouvement de grève des Postiers à Guipavas

Jacqueline Héré, adjointe au maire PCF de BREST, maire de quartier de Bellevue, a pris la parole pour soutenir le mouvement de grève des Postiers à Guipavas

Sandra Le Roux - Jacqueline Héré - Enzo de Gregorio

Sandra Le Roux - Jacqueline Héré - Enzo de Gregorio

Taran Marec, plus jeune élu Brestois (PCF), Sandra Le Roux, élue PCF à Brest, et Jacqueline Héré

Taran Marec, plus jeune élu Brestois (PCF), Sandra Le Roux, élue PCF à Brest, et Jacqueline Héré

Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es le 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève
Les élu.e.s et militants du PCF présent·es hier matin, 18 mai, devant la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Guipavas aux côtés des postier·es en grève #18mai
Finistère, plus fort taux de grévistes en France chez les Postiers!
Jacqueline Héré, adjointe au maire de Brest et conseillère à la métropole, est à cette occasion venue réaffirmer le soutien plein et entier du conseil de Brest métropole et a pris la parole devant les grévistes. Elle était accompagnée notamment de Sandra Le Roux, de Enzo de Gregorio, de Taran Marec, de Eugénie.
✅ OUI au développement d'un service public postal de qualité & de proximité sur la métropole brestoise
⛔️ NON au projet de réorganisation de la distribution du courrier dans notre agglomération souhaité par la direction de La Poste
 
Photos Eug/ PCF BREST
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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 09:15

 

*Muriel Ternant est membre du comité de rédaction de Progressistes.

Le 29 mars 2021, dans un entretien exclusif accordé au journal l’Est républicain, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire annonçait en fanfare une nouvelle souveraineté française à venir pour la turbine Arabelle équipant les centrales nucléaires. Elle est en effet états-unienne depuis 2015 et le rachat de la branche énergie d’Alstom par General Electric, organisé par un certain... Emmanuel Macron.

Mais la volonté affichée d’une relance nucléaire en France et la préparation discrète d’un programme de construction de réacteurs EPR ne font pas une stratégie industrielle.

La filière électronucléaire française, qui structure la production d’électricité en France et en Europe, est affaiblie au point qu’elle est arrivée à la croisée des chemins.

Libéralisation du marché de l’électricité et mise en concurrence,mondialisation des chaînes de valeurs et recherche du moindre coût, réorganisation des collectifs de travail et conception gestionnaire plutôt que technologique des activités, prégnance des associations antinucléaires sur le débat public et abandon des programmes de recherche et d’innovation ont entraîné une perte de maîtrise industrielle pourtant indispensable à toute souveraineté.

Ce constat ne doit pas conduire à l’inaction, au contraire. Les atouts français demeurent nombreux et la question énergétique devient centrale dans le débat public avec la prise de conscience de l’urgence climatique, offrant l’opportunité de rencontres nouvelles entre les mobilisations diverses des salariés et les aspirations citoyennes.

Ce dossier se propose de prendre à bras le corps la question énergétique en esquissant des pistes concrètes pour la remettre au service des besoins humains, du progrès social et de la préservation de la planète.

Il s’agit d’abord de reconstruire une filière industrielle cohérente et robuste, apte à relever l’ensemble des défis nouveaux posés par l’énergie, comme le pointe Bernard Devert. Parmi les acteurs industriels majeurs de la filière, il y a l’emblématique General Electric, dont les compétences détenues et la stratégie doivent être auscultées pour saisir l’urgence à les sortir des aléas d’une gestion financière court-termiste, comme le relèvent Olivier Morvan et Muriel Ternant. Comme le démontre en effet Sébastien Ménesplier en brossant une histoire d’EDF depuis sa création,c’est la logique de service public qui seule peut faire de l’énergie un bien commun.

Mais pour construire démocratiquement la politique énergétique de notre pays afin qu’elle rencontre l’adhésion populaire, comme le souligne Hélène Lepont, il y a à remettre le débat public dans le bon sens en le sortant du « pour ou contre » le nucléaire. C’est à quoi s’emploie François Dos Santos. Frédéric Mellier esquisse, lui, les contours d’une nouvelle planification démocratique et décentralisée des besoins.

Pour terminer, les analyses croisées de Jean Barra et Michel Vakaloulis sur les difficultés rencontrées par le chantier de Flammanville proposent un regard novateur sur le rôle de l’organisation du travail et des droits des salariés dans les réussites technologiques, réel chemin d’espoir et d’action pour l’ensemble des salariés de la filière de l’énergie.

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