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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 07:17
Disparition. Axel Kahn, le courage, l’humanité et le combat jusqu’au bout - Hommage du journal l'Humanité
Disparition. Axel Kahn, le courage, l’humanité et le combat jusqu’au bout
Mercredi 7 Juillet 2021

Le généticien, médecin humaniste et brillant essayiste est mort à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer incurable, qui s’était récemment aggravé. Retour sur son chemin de vie exemplaire, jusqu’à la fin.

 

Ce matin, le loup a desserré ses mâchoires. Axel Kahn, « Axel le loup », comme il signait ses derniers messages sur les réseaux sociaux, en référence au bouleversant poème d’Alfred de Vigny, s’en est allé à l’âge de 76 ans. Se sachant atteint d’un cancer incurable qui s’était récemment aggravé, le scientifique de renom, humaniste et engagé, avait choisi la compagnie de cet animal totem pour arpenter «  cette dernière phase de (son) itinéraire ». «  Tant que mes mâchoires pourront mordre le cancer, lui faire mal, protéger les personnes, elles ne se desserreront pas. Après ma mort, d’autres mordront avec plus de rage encore », postait-il le 11 mai, au moment où il annonçait le retrait prochain de ses fonctions de président de la Ligue contre le cancer.

Icon Quote Touché par ses mots, son humilité, sa sincérité, je veux saluer l’humanisme d’Axel Kahn. Merci infiniment.  Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Un homme exemplaire jusqu’au bout

Quinze jours plus tard, il publiait une bouleversante lettre d’adieu qui forçait l’admiration : « Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. (…) Il a fallu pour cela que je réussisse à “faire mon devoir”, à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. (…) Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis. » Exemplaire jusqu’au bout, médiatisant son combat contre le cancer, le médecin aura même fait de sa fin de vie une lutte au service des autres malades.

 

Dès l’annonce de sa mort, une pluie d’hommages lui a été rendue, tant par les centaines de témoignages chaleureux des Français sur les réseaux sociaux que par de grands scientifiques et des responsables politiques. « Axel Kahn nous a accompagnés, challengés, critiqués, fait bouger et il était toujours disponible pour travailler avec les équipes de la Ligue contre le cancer pour préserver la prise en charge et le dépistage des cancers tout au long de la crise », a salué par exemple le directeur de l’agence régionale de santé d’Île-de-France, Aurélien Rousseau. De son côté, Ian Brossat, porte-parole du PCF et maire adjoint de Paris en charge du logement, a rappelé : « Il y a six semaines, dans une lettre pleine de dignité, Axel Kahn expliquait son combat et nous disait au revoir. Il nous quitte pour de bon aujourd’hui, et c’est à notre tour de lui rendre hommage, à lui et à son intelligence lumineuse. »

Vulgarisateur lumineux, homme d’éthique et de devoir

Randonneur infatigable, travailleur acharné, l’homme de devoir et de transmission a rempli toutes ses missions, guidé par une profonde bienveillance et par l’amour d’autrui. Sans relâche, il a œuvré jusqu’au bout, en tant que président de la Ligue contre le cancer, une responsabilité qu’il assume de façon bénévole depuis sa nomination en juin 2019. Il a lutté inlassablement contre la pandémie du Covid, appelant à la solidarité internationale et à la coordination de la production de vaccins menée sous l’égide de l’OMS, pour les rendre accessibles à tous. Le médecin n’a pas économisé son énergie pour peser de tout son poids sur les choix politiques, dont ceux d’Emmanuel Macron de ne pas reconfiner le pays en début d’année. Il avait d’ailleurs accordé à un grand entretien, le 4 décembre dernier, dans lequel il critiquait certaines décisions gouvernementales et appelait à des mesures constructives de prévention et de vaccination pour tous.

Icon Quote “J’ai besoin de l’autre pour être moi-même, et il a besoin de moi pour être lui”, Axel Kahn. Un grand médecin, un grand chercheur, un grand humaniste vient de nous quitter. Courageux et engagé, jusqu’à la fin. Olivier Véran, ministre de la Santé

« Arrivé au bout du chemin », le généticien, l’essayiste, le vulgarisateur lumineux, l’amoureux de la nature, l’homme d’éthique et de devoir n’a jamais courbé l’échine. Jusqu’au bout, il a mené ses combats. Même « rattrapé par la patrouille » comme il l’écrivait avec humour… les Français l’ont suivi avec émotion, quand il bataillait sans relâche dans les médias, pour que les malades du cancer ne soient pas les grands oubliés de la pandémie . Qu’il soit hospitalisé ou lors de son ultime retour au foyer familial, il a continué à œuvrer pour la Ligue et pour les milliers d’inconnu·es confronté·es à une mort programmée par une maladie incurable.

Généticien et hématologue de renommée internationale

Benjamin d’une fratrie composée de Jean-François, l’aîné devenu journaliste, et d’Olivier le cadet chimiste, décédé en 1999, Axel Kahn est né le 5 septembre 1944 dans un petit village du sud de la Touraine, Le Petit-Pressigny. Il est élevé durant cinq ans par une nourrice avant de rejoindre ses parents à Paris. Entouré de brillants esprits, un père philosophe, un frère étudiant en histoire et un autre en chimie, Axel, le petit dernier, décide ne pas se mettre en concurrence avec ses aînés et choisit par élimination la médecine, « une science semi-molle ». Il démarre sa carrière de médecin comme interne des hôpitaux de Paris, avant d’obtenir, en 1974, un doctorat en médecine, avec une spécialité en hématologie, puis un doctorat ès sciences en 1976. Très vite, il délaisse la pratique de la médecine pour s’intéresser à la recherche scientifique.

Icon Quote Je voudrais exprimer comme beaucoup ma profonde tristesse et ma reconnaissance pour l’exemple de compétence et d’humanité qu’il nous a donné. Sa fin de vie a été comme sa vie, digne, lucide et responsable. Merci.  Jean Leonetti, maire LR et médecin

Généticien et hématologue de renommée internationale, ses recherches portent notamment sur le cancer (hémopathies, hépatocarcinomes, cancers coliques), le contrôle des gènes, les maladies génétiques, la thérapie génique et la nutrition. Il publie près de 500 articles originaux dans des revues scientifiques internationales, ainsi qu’une trentaine d’ouvrages de vulgarisation scientifique et de réflexions éthiques et philosophiques, parmi lesquels Être humain, pleinement (Stock, 2016), Jean, un homme hors du temps (Stock, 2017), Chemins (Stock, 2018), l’Éthique dans tous ses états, en collaboration avec Denis Lafay (l’Aube, 2019), ou Et le bien dans tout ça ? (Stock, 2021) .

De prestigieuses responsabilités dans le monde scientifique et académique

Et ce n’est pas tout. Axel Kahn a exercé de nombreuses et prestigieuses responsabilités dans le monde scientifique et académique : directeur de recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin, membre du Comité consultatif national d’éthique, président de l’université Paris-Descartes, président de la Ligue contre le cancer. Excellent vulgarisateur et pédagogue, il est connu du grand public pour ses engagements et ses prises de position sur des questions éthiques et philosophiques ayant trait à la médecine et aux biotechnologies, notamment contre le clonage thérapeutique et les OGM.

Un homme engagé à gauche

Homme de gauche, ancien intellectuel communiste, vice-président d’honneur de la Société des amis de l’Humanité depuis 2003. Il alerte à plusieurs reprises, en 2013, sur les difficultés financières de l’Humanité et publie dans nos colonnes son soutien : l’Humanité

En effet, c’est à l’âge de 16 ans, en 1962, en pleine guerre d’Algérie, que le lycéen parisien rejoint le Parti communiste. Alors qu’il était très croyant, il perd la foi. Un tournant dans sa vie. Pour un monde plus juste, il se tourne alors vers la politique et milite pendant six ou sept ans chez les étudiants, jusqu’à être élu au bureau national de l’Union des étudiants communistes. Jusqu’en 1977, il sera actif dans les rangs du Parti communiste français, avant de se rapprocher du Parti socialiste et de s’impliquer dans l’élection présidentielle aux côtés de Martine Aubry en 2012.

À partir de 2013, Axel Kahn se met à parcourir seul la France à pied. Des milliers de kilomètres, de montées et de descentes, des genoux douloureux, une épaule déboîtée. Un voyage vers les autres et soi-même. Marcher n’était pas une activité pour Axel Kahn, c’était une manière d’être. Il se définissait d’ailleurs comme un homme qui marche, un chemineau de la vie.

Dans son dernier ouvrage, Et le bien dans tout ça ?, Axel Kahn prend à nouveau position sur les grands sujets d’actualité et évoque ses derniers instants avec son père Jean qui, avant de se donner la mort, lui avait laissé ces quelques mots : « Sois raisonnable et humain ! » C’était en 1970. Dans son dernier essai, Axel le loup se demandait s’il avait bien suivi cette injonction. Exemplaire jusqu’au bout, il l’a suivie à la lettre. grand chercheur, un grand humaniste vient de nous quitter. Courageux et engagé, jusqu’à la fin. »

Hommage. Disparition d'Axel Kahn, l'homme serein
Mardi 6 Juillet 2021

Le généticien et écrivain Axel Kahn est mort à l'âge de 76 ans le 6 juillet 2021. L'homme de sciences et de lettres emporté par un cancer foudroyant était également connu pour sa formidable capacité de vulgarisation scientifique.  Il avait lui-même annoncé l’issue fatale de sa maladie, le 11 mai dernier. Serein face à la mort il écrivait  « La joie de tout instant de beauté est décuplée par l’hypothèse que l’on pourrait n’en plus connaître de pareille. Sensation inouïe, bonheur immense ».

Nous publions l'entretien qu'il nous avait accordé en décembre 2020 sur la pandémie de Covid19.

 

Grand entretien avec Axel Kahn : « Contre le Covid-19, une couverture vaccinale de 60 % ferait la différence »

Le médecin généticien, président de la Ligue contre le cancer, livre une analyse critique de la gestion de la crise sanitaire en France et propose des mesures constructives pour en sortir. Cela dit, alerte-t-il, la pandémie de coronavirus n’est que la première du XXIe siècle et ne sera pas la dernière. Entretien.

Comment analysez-vous la gestion de la crise sanitaire depuis le début de l’année et notamment les deux confinements ?

Axel Kahn Le Covid-19 ne se transmet que par proximité avec une personne infectée. En l’absence de traitement, la seule arme disponible est la distanciation physique. Elle peut être sélective ou non sélective.

La première solution est accessible lorsque la circulation virale n’est pas trop importante et que l’on dispose de grandes capacités de tests et d’organisation du repérage des cas contacts. Elle consiste en le diagnostic, initialement grâce à la détection du génome viral dans le nasopharynx des sujets infectés, des tests systématiques aux frontières et dans les foyers naissants (clusters), une enquête épidémiologique pour remonter aux cas contacts et un isolement (quatorzaine au début de l’épidémie, septaine aujourd’hui) des personnes contaminées. Cette stratégie a été très opérante en Corée du Sud, Japon, Taïwan. En France, elle a permis de circonscrire les foyers de Haute-Savoie, du Morbihan et de Montpellier au début de l’épidémie.

La seconde approche est celle du confinement non sélectif de toute la population. Elle est la seule possible lorsque la circulation du virus est intense, ou bien quand on ne dispose pas d’une capacité suffisante de tests et de traçage : en Chine, à Wuhan et autres villes, Inde, Europe de l’Ouest, pays d’Amérique du Sud, etc. En fait, la moitié de l’humanité a été confinée.

 

En France, l’explosion de l’épidémie après le rassemblement religieux de Mulhouse du 17 au 24 février a dépassé toutes les capacités de limitation des foyers et a conduit au confinement inéluctable de mars. La seconde vague épidémique de l’automne a frappé toute l’Europe, y compris l’Europe de l’Est, relativement préservée au printemps. Elle a été facilitée en France par une certaine insouciance à la suite du confinement du 17 mars au 11 mai. Et aussi par l’action de scientifiques très invités dans les médias pour diffuser leur message rassurant selon lequel rien ne se passait et qu’il n’était pas nécessaire de prendre des précautions. De ce fait, la circulation virale très basse le 11 mai a progressivement augmenté, d’abord chez les jeunes, puis, lentement, chez les sujets âgés et fragiles, plus sensibles à développer des formes graves. La rentrée universitaire a contribué à la remontée des infections. Fin octobre, le virus circulait dans toute la France, globalement plus qu’en mars. La seule possibilité pour éviter un confinement total au mois de décembre avec ses conséquences économiques et psychologiques redoutables était de faire baisser la circulation virale suffisamment en amont. Par conséquent de décider le second confinement, plus modéré que le premier mais d’une indiscutable efficacité quand même.

Icon QuoteLa démocratie en santé a été maltraitée dans l’urgence de la situation épidémique.

Quels ont été les manquements au niveau des pouvoirs publics ?

Axel Kahn Le devoir de réserve du président de la Ligue contre le cancer que je suis lui interdit de prendre des positions de nature politique, idéologique, religieuse. Et aussi de se mêler au chœur des critiques des autorités aussi bien que d’en défendre l’action. Mes remarques seront par conséquent limitées à quelques items. En mars, en dehors de la Chine et des pays d’Asie qui ont la culture du port du masque, personne au monde n’en disposait en quantité nécessaire et suffisante. Pour autant, il était inutile de prétendre qu’ils ne servaient à rien. Les Chinois avaient averti les autres pays du monde de l’extrême vulnérabilité des personnes âgées au Covid. Les autorités françaises ont très tôt recommandé d’interdire les visites de la famille aux pensionnaires des Ehpad. Cependant, les personnels y travaillant n’ont pas été pourvus de protections supplémentaires, masques, surblouses, charlottes, etc. La mortalité a été considérable dans ces établissements.

Retrouvez tous nos articles sur la situation dans les Ehpad.

Après la première vague, j’espérais que des dispositifs seraient mis en place qui permettraient lors de la seconde vague mieux qu’au printemps de certes soigner les formes graves de Covid mais aussi d’assurer la continuité des soins pour des personnes souffrant d’affections plus graves et plus fréquentes que le Covid, tels les cancers. Ces personnes malades ont été à nouveau des victimes collatérales du Covid. La démocratie en santé a été maltraitée dans l’urgence de la situation épidémique. Aux côtés du conseil scientifique chargé d’éclairer les décisions de l’exécutif, il est peu compréhensible qu’on n’ait pas installé un conseil de citoyens puisque les décisions prises avaient un impact fort sur la vie des gens.

Icon QuoteSouvent, le politique a la tentation de se défausser de ses responsabilités sur les experts.

Les scientifiques ont-ils été écoutés par les pouvoirs publics ? L’Académie des sciences, dont c’est la mission, a-t-elle été suffisamment sollicitée ?

Axel Kahn En démocratie, il revient aux experts d’éclairer le processus décisionnel et non de dicter les décisions de l’État. Sinon, on risque de tomber dans une sorte de « dictature sanitaire », d’ailleurs dénoncée par des opposants. Souvent, le politique a la tentation de se défausser de ses responsabilités sur les experts. L’illustration absurde de cette dérive est l’affirmation par l’État que le maintien du premier tour des élections municipales en mars était la conséquence d’un avis du conseil scientifique. C’était une décision politique sous la pression des circonstances. À l’inverse, lorsque le président du conseil scientifique a annoncé que 18 millions de personnes fragiles ne seraient pas déconfinées le 11 mai, il empiétait sur une décision de l’État. Oui, en tout cas, l’exécutif a été correctement éclairé sur le plan scientifique durant cette période, le conseil scientifique est un comité d’experts reconnus de grande valeur. Je ne sais si l’Académie des sciences aurait constitué une meilleure solution. Son fonctionnement est plus lourd et beaucoup de ses membres ont quitté la vie professionnelle active.

 

Icon QuoteL’engouement pour une parole déviante porteuse d’espoir s’est vite confondu avec une large communauté adepte des théories complotistes.

Les scientifiques ont-ils bien fait d’être très présents sur les plateaux de télévision et d’y étaler souvent leurs divergences alors que « la science » était en train de se faire ?

Axel Kahn Durant des mois, les Français ne se sont pas intéressés à autre chose qu’au Covid. Il fallait pour les satisfaire que les stations de radio et les chaînes de télévision, surtout celles d’information continue, répondent à cette demande. Qui pouvait mieux le faire que des scientifiques du domaine et des médecins ? Ils se sont succédé, la maladie était émergente, le virus nouveau, un large spectre de sensibilités, hypothèses et analyses s’est manifesté : cela a dérouté les citoyens mais était en fait inéluctable et est habituel. De même, le poids d’une voix divergente, celle du professeur Didier Raoult, est un grand classique dans l’histoire des sciences et de la médecine, elle renoue avec la grande et riche tradition des « savants maudits » opposés à la science officielle. Le domaine du cancer est riche d’épisodes de ce type. Ce qui est plus original est que l’engouement pour cette parole déviante porteuse d’espoir s’est vite confondu avec une large communauté française et internationale au centre de gravité très à droite et à l’extrême droite, adepte des vérités alternatives et des théories complotistes, foncièrement rétive à toute « parole officielle ». Les présidents Trump aux États-Unis et Bolsonaro au Brésil s’y sont ralliés. Des publications YouTube de Didier Raoult ont été vues par des millions de personnes. Ce phénomène a profondément marqué et perturbé tout le processus des essais cliniques à travers le monde.

Comment continuer d’assurer les soins pour tous les malades, notamment les malades atteints d’un cancer ?

Axel Kahn Durant la première vague, toutes les structures de soins ont été prises par surprise. Les dépistages systématiques ont été arrêtés, les consultations se sont effondrées. Dans les hôpitaux généraux, les examens endoscopiques ont chuté de 90 %, presque 100 % des opérations chirurgicales ont été annulées. En effet, anesthésistes et salles de réveil étaient réquisitionnés pour faire face au tsunami des personnes atteintes des formes graves de Covid. Ce schéma s’est reproduit lors de la seconde vague dans les régions les plus touchées : Auvergne-Rhône-Alpes, Paca, Hauts-de-France… La situation a été moins tendue dans les centres de lutte contre le cancer et dans les établissements privés, indiquant la solution : prévoir des sites hospitaliers ne recevant pas de personnes infectées et dédiés à la poursuite des soins indispensables pour les maladies graves autres que le Covid.

Les annonces récentes de vaccins contre le Covid-19 vont-elles vraiment permettre de sortir de cette crise et si oui, à quel horizon ?

Axel Kahn L’expérience de la pandémie depuis neuf mois a permis de faire deux observations : d’abord, nulle part ne s’est établie une immunité collective suffisante. Ensuite, le Covid est un peu le sparadrap du capitaine Haddock, on ne s’en débarrasse pas vraiment. Seul le confinement absolu et prolongé tel qu’un pays dictatorial comme la Chine peut imposer y parvient, mais les retours menacent en permanence. Seule la vaccination permettra d’obtenir, pour un temps, une immunité collective freinant vraiment la circulation virale sans distanciation physique trop stricte. Cela pourrait commencer d’être le cas vers la fin de l’année 2021 si les vaccinations débutent au premier trimestre.

 

Justement, comment devrait-on organiser la campagne de vaccination et convaincre les Français de se faire vacciner ?

Axel Kahn Les premières personnes vaccinées seront celles au contact du public et à risque : personnel soignant, enseignants, agents des services d’accueil et de contrôle, personnes âgées et fragiles, etc. Cela représente déjà vingt millions de personnes qui pourraient au départ être vaccinées dans des centres dédiés de vaccination. Le reste de la population qui le désire serait vacciné « en ville » par les médecins, d’autres soignants, les pharmaciens. La réticence au progrès est devenue forte en France, je l’ai analysé ailleurs. Notre pays est celui au monde le plus rétif aux vaccinations et autres mesures sanitaires. C’est ainsi, on ne changera pas cela d’un coup de baguette magique. L’explication et la persuasion sont les seules armes disponibles. Cela dit, une couverture vaccinale de 60 % devrait être atteinte, elle ferait la différence.

Comment devrait être conduit le second « déconfinement » et quelles mesures faut-il prendre pour éviter une troisième vague au début de l’année 2021 ?

Axel Kahn Pour éviter le yoyo confinement, allègement, reconfinement, re-allègement, etc., la solution est triple : maintenir un haut niveau de distanciation physique et de gestes barrières. Tester-tracer-isoler-protéger. L’isolement ne doit pas être un enfermement administratif « en cellule », il doit être accompagné, dédommagé MAIS EFFECTIF, au moins sept jours, jusqu’à négativation des tests antigéniques. Et enfin vacciner.

Une fois que nous serons sortis de cette pandémie, quelles mesures de long terme faudrait-il envisager pour éviter de subir une nouvelle crise sanitaire de ce type, voire pire ?

Axel Kahn Aucune mesure au monde n’est susceptible d’éviter le retour de pandémies, notamment virales, le cas échéant sévères. Il y en a toujours eu depuis l’établissement de l’humanité, quatre au XX e siècle : grippe espagnole, 20 à 40 millions de morts (1917-1920) ; grippe asiatique, 2 millions de morts (1957) ; grippe de Hong Kong, 1,5 million de morts (1968-1970) ; sida, depuis 1980, 40 millions de morts.

 

La pandémie de Covid-19 n’est que la première du XXI e siècle, ce ne sera pas la dernière. La question est de disposer des services de santé publique et des dispositifs de soins susceptibles d’être rapidement mobilisés pour y faire face dans les moins mauvaises conditions.

Entretien réalisé par Anna Musso

TEMOIGNAGES

" Axel, tu ne mourras pas. Il n’y a que ce qui est insignifiant qui meurt. Tu lègues à nos contemporains et aux générations futures l’amour de se mobiliser au service des autres, de se battre pour les valeurs essentielles à l’émancipation humaine.

J’ai eu ces toutes dernières semaines l’honneur d’échanger avec mon ami Axel KAHN. J’étais bouleversé et impressionné. Cette élégance et ce courage apaisé face à sa mort imminente témoigne de la hauteur de ce grand homme, obsédé par le bonheur et l’avenir des autres. Un homme de gauche.

Nous avions décidé avec notre association l’EDEC d’organiser une conférence débat autour de son dernier livre « Et le bien dans tout ça ? » en octobre dans l’Hérault. Cette conférence nous la tiendrons avec un de ses amis François AZOUVI qu’il m’a proposé pour le représenter. A tous les siens nos plus sincères condoléances. A toi Axel tout mon amour fraternel."

Jean-Claude GAYSSOT

Lycée Buffon, 1961,

En mémoire d’Axel Kahn

Au lycée Buffon, lycée de garçons du XVe arrondissement de Paris, élèves, enseignants et administration avaient été fortement engagés dans la Résistance.

En 1961, année agitée par les derniers et douloureux soubresauts de la guerre d’Algèrie, la trace en était, seize ans après la Libération, encore vivace. Plusieurs enseignants encore en activité, le concierge, Monsieur Talhouarn, par ailleurs secrétaire général des personnels de l’Éducation nationale étaient d’anciens résistants.

Le débat politique était vif. La cellule communiste, emmené par un talentueux et respecté professeur d’Histoire, Jacques Chambaz, dirigeant national, souvent en affrontement avec un pion, Philippe Robrieux, secrétaire national de l’UEC, voisinaient avec un fort cercle de la JC animé par Axel Kahn et Luc Mazloum et un comité antifasciste  dynamique, face aux menaces quotidiennes de l’OAS.

Le brillant chercheur et humaniste qu’est devenu Axel s’annonçait: Les féliciations du conseil de discipline obtenus chaque trimestre récompensaient un élève d’exception, dont les qualités intellectuelles accompagnaient un vrai courage physique. Il en fallait car presque chaque distribution de tracts donnait lieu à de sévères bagares avec les fascistes, parfois plastiqueurs déclarés de l’OAS, souvent fils d’officiers de L’École militaire proche.

Nombre de mes camarades de la JC de l’époque, toujours militants ou non, en gardent le souvenir. C’est dans ce climat qu’après le massacre des Algériens de Paris le 17 octobre 1961, je lui ai remis mon adhésion à la porte du lycée, avant de lui succéder lorsqu’il se mit en retrait pour préparer le Bac.

Je lui conserve depuis une admiration qui touche autant au parcours du scientifique qu’à l’homme engagé sous diverses formes, toujours avec passion,  parmi ses frères humains.

Nicolas Devers-Dreyfus

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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 07:08
Le Parti du Cinéma - le documentaire de Pauline Gallinari et Maxime Grember sur le rapport du PCF au Cinéma dans son histoire en replay sur LCP jusqu'au 30 juillet 2021
LE PARTI DU CINÉMA
L'épopée cinématographique du PCF

Un documentaire de Pauline Gallinari & Maxime Grember.
Une coproduction La Générale de Production - Ciné-Archives.
En replay jusqu'au 30 juillet sur 
LCP

De sa création en 1920 jusqu’au début des années 1980, le PCF a développé une intense activité cinématographique, sans équivalent dans les autres formations politiques, en impulsant la production, la réalisation et la distribution de centaines de films pour diffuser et défendre ses idées. Pour la première fois dans un documentaire, et à partir d’archives inédites, Le Parti du cinéma raconte cette épopée politique et cinématographique.


Pour celles et ceux qui souhaiteraient le (re)découvrir, le programmer ou encore le chroniquer, voici le lien de visionnage sur le site de LCP.
 
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Avant l'avènement de la télévision, le 7e art a longtemps été un levier politique majeur. Les communistes ont su l'utiliser, nourrissant l'imaginaire collectif. L'Humanité
*
Entre utopies, lavage de cerveau, innovations formelles, un voyage passionnant, et contrasté au cœur de l'image militante. Télérama
*
Les communistes français et le 7e art, une riche histoire. Des images d'archives inédites montrent comment le PCF a utilisé le film pour faire passer ses idées. Le Monde
 
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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 06:47
Salah Hamouri à Brest à l'invitation de l'AFPS en 2019 (photo I.Dupont)

Salah Hamouri à Brest à l'invitation de l'AFPS en 2019 (photo I.Dupont)

Jérusalem Le Quai d’Orsay « pleinement mobilisé » pour Salah Hamouri
Vendredi 9 Juillet 2021

Dans son édition du 30 juin, le site du journal israélien Israel Hayom cite les déclarations de la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked. Celle-ci évoque notamment le cas de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri en ces termes : « Les actions de Salah Hamouri constituent une violation grave de l’engagement fondamental d’un citoyen israélien, et en raison de cet abus de confiance, la révocation de sa citoyenneté est légalement justifiée. » En clair, les autorités israéliennes veulent interdire à Salah Hamouri de vivre dans sa ville natale, Jérusalem. Interrogé par l’Humanité sur ces menaces, le Quai d’Orsay a répondu que ses services « à Paris, Jérusalem et Tel-Aviv sont pleinement mobilisés pour que Salah Hamouri puisse faire valoir l’ensemble de ses droits et qu’il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il réside. La situation de Salah Hamouri est suivie attentivement et à haut niveau par les autorités françaises ». P. B.

 

Israël. Le gouvernement s’acharne contre Salah Hamouri
Mardi 6 Juillet 2021 - L'Humanité

La ministre de l’Intérieur veut la révocation du statut de résident permanent à Jérusalem de l’avocat franco-palestinien.

Le nouveau gouvernement israélien prolonge la politique menée par Benyamin Netanyahou. Particulièrement s’agissant de l’occupation des territoires palestiniens. Depuis plusieurs jours maintenant, les colons se déchaînent. Un jeune Palestinien a été tué non loin de Naplouse.

Les détentions administratives se multiplient

De son côté, la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, membre de l’extrême droite israélienne, déjà ministre dans l’équipe précédente, poursuit sur sa lancée. Les détentions administratives se multiplient. Ghazanfar Abou Atwan, 28 ans, est en grève de la faim depuis maintenant 62 jours pour protester contre son incarcération arbitraire. Sa santé est en train de se dégrader.

C’est dans une telle situation que Ayelet Shaked vient d’annoncer qu’elle approuvait la révocation du statut de résident permanent de Jérusalem de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, né et vivant à Jérusalem. Une information publiée, ce lundi, sur la version anglaise du site Israel Hayom.

Plus de 14 500 Palestiniens ont perdu le statut de résident depuis cinquante ans.

Depuis l’annexion illégale de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les Palestiniens qui y vivent sont considérés comme des « résidents permanents ». Contrairement aux Israéliens, qui sont citoyens, les Palestiniens de Jérusalem doivent posséder un permis de résidence pour y demeurer.

Or, Israël s’arroge le droit de révoquer ce permis de plusieurs manières. Plus de 14 500 Palestiniens ont perdu ce statut depuis cinquante ans. Selon l’amendement du 7 mars 2018 à la loi sur l’entrée en Israël, contester la politique israélienne représente une « rupture de loyauté envers l’État d’Israël ».

« Les actions de Salah Hamouri constituent une violation grave de l’engagement fondamental d’un citoyen israélien et, en raison de cet abus de confiance, la révocation de sa citoyenneté est légalement justifiée », a doctement expliqué la ministre de l’Intérieur. Elle doit obtenir l’accord du ministre de la Justice et du procureur général.

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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 06:45
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la « Caravane des jours heureux »
Mercredi 7 Juillet 2021 - L'Humanité

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a lancé mardi un périple de 50 jours le long du littoral français. Une campagne de terrain qui s’achèvera dans le nord du pays.

 

Marseille (Bouches-du-Rhône), envoyé spécial.

« L es jours heureux, c’est du bonheur, ne l’oublions pas ! » Sous le soleil de la plage de l’Estaque à Marseille, Fabien Roussel lance sa campagne de façon originale. La « Caravane des jours heureux », une camionnette aux couleurs de la campagne du secrétaire national du PCF, a pris son départ le 6 juillet dans la cité phocéenne. Un périple de 50 jours, 4 068 kilomètres et 43 étapes attend ce convoi tout au long des côtes françaises. « C’est un long chemin qui va nous conduire jusqu’au mois d’avril 2022 », insiste le dirigeant communiste.

Tout au long de ce parcours, les militants et le candidat du PCF iront ainsi à la rencontre des vacanciers sur les plages, des habitants des villes qu’ils traverseront, et des travailleurs saisonniers en cet été de déconfinement. « Les gens, qu’ils votent ou qu’ils soient abstentionnistes, ont surtout besoin que ça change et nous voulons leur dire que c’est possible. » Devant la petite foule qui commence à se rassembler, le candidat communiste à la présidentielle de 2022 insiste sur l’abstention qui a marqué les derniers scrutins. « La start-up nation d’Emmanuel Macron nous explique que le vote électronique pourrait résoudre plein de choses. Mais ce n’est pas le vote physique qui dégoûte les gens. C’est par exemple les Français qui n’ont pas été écoutés après leur vote au référendum de 2005 contre le traité constitutionnel européen. Ce sont les salariés qui perdent leur travail parce que leur entreprise délocalise à l’étran ger. »

La jeunesse, l’une des priorités de la campagne

Le message est donc clair pour Fabien Roussel : « Nous voulons parler de tout ça avec les abstentionnistes. Nous voulons leur dire que nous, nous sommes des gens de parole. » Le dirigeant du PCF veut également confronter les propositions de son parti aux aspirations populaires, telles que l’augmentation du Smic de 20 % tout de suite, la retraite à 60 ans à taux plein, ou encore « la création d’un ministère de l’évasion fiscale ».

Olivier Marchais, « l’artisan discret de cette caravane d’été », ainsi que le présente Fabien Roussel, se dit satisfait de ce lancement. « Le 6 juillet est un jour heureux pour moi, reconnaît-il. Il y a du monde, une couverture médiatique, nous avons une petite fenêtre. » Il souligne que les villes et les fédérations du PCF ont eu envie d’accueillir la caravane. « Ce sont les militants locaux qui accueillent et on s’appuie sur cette force. » Elle suscite un engouement de la part de militants désireux d’entrer dans le vif d’une campagne au contact des électeurs. « S’ils peuvent venir ne serait-ce qu’une heure à chaque étape, on sera ravi », confie Olivier Marchais.

La caravane est ainsi un outil dans cette campagne pour dynamiser le PCF et ses militants. Les Jeunes communistes ont été associés étroitement à son organisation. Certains d’entre eux ont même été embauchés pour la durée du périple. C’est le cas de Chimène Siredey, étudiante en théâtre à Poitiers, qui dit vivre cette expérience comme « un moment de formation et de connaissance de son parti ». Mais aussi des préoccupations des Français qu’elle rencontrera sur son chemin, même si elle les partage déjà concrètement. « Mes parents ne sont pas très riches. Donc je travaille comme femme de ménage en même temps que mes études », explique la militante. La jeunesse, c’est justement l’une des priorités de la campagne de Fabien Roussel. « On a répété dans les médias que c’était la sécurité, mais non, c’est bien la jeunesse », insiste-t-il. Elle fait bien partie des cinq priorités du candidat communiste, avec le droit aux vacances, les retraites, le travail et l’environnement, que l’on retrouve sur le matériel de campagne à la disposition des curieux. Avec aussi, des choses plus ludiques : des mugs, un « carnet de jeux des jours heureux », des « goodies », des préservatifs…

À Marseille le candidat à la présidentielle n’est pas seulement resté sur la plage de l’Estaque. Deux autres visites s’imposaient : l’une dans les usines de Ricard, l’autre au Mondial de pétanque la Marseillaise. Et dès ce 7 juillet, le périple démarre pour de bon. Il passera entre autres par Nice, Les Sables-d’Olonne, Toulouse, Bordeaux… 43 villes en tout, jusqu’à Malo-les-Bains, dans le Nord, dans deux mois. Sans oublier bien sûr Le Touquet, en guise de « clin d’œil à Emmanuel Macron », promet le secrétaire national du PCF.

Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
C’est parti pour deux mois de rencontres, de débats, d’échanges, de moments de convivialité, de fraternité. Deux mois pour écouter et proposer.
Marseille, ville départ de la caravane des Jours Heureux !
« Nous allons réparer la France en répondant aux attentes populaires et en nous attaquant réellement au capital ! »
La caravane des jours heureux sera à Morlaix le 13 août 2021
Présidentielle 2022. Sous le soleil de Marseille, la  Caravane des jours heureux de Fabien Roussel (L'Humanité, 7 juillet 2021)
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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 06:17
500 plus grandes fortunes de France :  Ils pillent notre argent en pleine pandémie, prenons le pouvoir au capital !  (Fabien Roussel - PCF)

500 plus grandes fortunes de France : « Ils pillent notre argent en pleine pandémie, prenons le pouvoir au capital ! » (Fabien Roussel - PCF)

Les 500 familles les plus riches de France explosent une fois de plus leur record : elles détiennent désormais un patrimoine total de 1000 milliards d'euros et ont vu leur fortune augmenter de 30% par rapport à l’année dernière, en pleine période de pandémie !

Eux ne risquent pas de subir la pauvreté, le chômage, la précarité. Ils sont « covid résistants ».

Le nombre de milliardaires français passe de 95 à 109. Pendant la même période, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté passerait de 9 à 11 millions avec des APL en baisse, des factures de gaz, d’électricité, de mutuelle, d’essence en hausse, des salaires et des pensions gelés et un SMIC bloqué à 1234 euros net.

La politique du Président des riches produit ses effets. Son bilan est inégalé pour les plus riches, pour la finance et le capital : la fortune des 500 familles plus riches est passée de 570 milliards en 2017, année de son élection, à 1000 milliards aujourd’hui. La fortune des 500 familles les plus riches a donc quasi doublé !

En 4 ans, le Président des riches a rempli sa mission : les premiers de cordée ont atteint les sommets mais les français sont restés en bas car les riches ont coupé la corde ! L’emploi, le pouvoir d’achat et les salaires ont été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. C’est le fruit de toutes les baisses d’impôts sur les grandes fortunes, sur le capital, sur les dividendes, sur les plus-values. C’est aussi le fruit d’un grand laxisme en matière de lutte contre l’évasion fiscale.

Pire, ces familles les plus riches sont propriétaires d’entreprises, de multinationales qui bénéficient de toutes les aides publiques telles que le CICE, la baisse des impôts de productions, le Crédit Impôt Recherche, les exonérations de cotisations sociales... 140 milliards d’euros d’aides publiques versées en 2019 aux entreprises sans aucune condition, sans rien demander en échange, dont les deux tiers bénéficient en priorité aux plus grandes d’entres elles !

En 2022, nous voulons passer un pacte avec les Françaises et les Français, avec le monde du travail, pour prendre le pouvoir à ces 500 familles, au capital. Oui, nous disons qu’il est possible de relever le défi des jours Heureux, d’éradiquer la pauvreté et le chômage, de retrouver des services publics et une industrie au service de l’emploi et du climat. Cela implique de changer l'utilisation de l'argent dans le pays et de créer de nouveaux droits d'intervention des salarié.e.s.

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF,

Paris, le 8 juillet 2021.

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8 juillet 2021 4 08 /07 /juillet /2021 06:37
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7 juillet 2021 3 07 /07 /juillet /2021 05:27

 

Le Haut Conseil pour le Climat vient de sortir son rapport annuel visant à évaluer les politiques climatiques de la France et émettre des recommandations. Nous voulons tout d'abord saluer le travail des scientifiques de cet organisme indépendant, véritable juge de paix concernant le respect des objectifs de l'accord de Paris de 2015.

 

Comme les années précédentes, il est très critique vis-à-vis des politiques gouvernementales, et constate que les objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas respectés. Ainsi, de 2015 à 2018, la France a émis près de 65 millions de tonnes de CO2 au-delà de ce qu'elle avait prévu dans sa première stratégie nationale bas carbone (SNCB1). Plus grave, ces émissions en excès, doivent être compensées par des efforts accrus reportés pour les autres périodes de références (de 2019 à 2023 et de 2023 à 2027). Ainsi, à partir de 2021, les émissions devront baisser à un rythme environ 3 fois supérieurs que la période précédente (une baisse de - 3% /an contre - 1,1% constaté pour la période 2015-2018) : la marche est donc très haute !

Le gouvernant est maintenant au pied du mur et  doit cesser cette procrastination consistant à renoncer systématiquement aux efforts, pour mieux les reporter aux décennies futures, s'ajoutant ainsi aux efforts déjà programmé : c'est un cercle vicieux. Au contraire, il doit prendre ses responsabilités et engager dès maintenant les transformations structurelles profondes pour dé-carbonner les secteurs clés du bâtiment et des transports, qui progressent très peu, au lieu de capituler face aux profits à courts termes et aux habitudes bien établies et confortables des entreprises.

Aussi, comme le pointe le rapport, l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050, bien qu'ambitieux ne se limite qu'aux émissions territoriales et ne tient pas compte de l'empreinte carbone qui reflète vraiment les émissions totales de la France (incluant le différentiel de carbone contenu dans les produits et service importés, ainsi que les émissions du transport maritime et aérien international).

50% de notre empreinte carbone provient de biens importés. Si nos émissions de gaz à effet de serre ont bien diminué entre 1995 et 2019 ( -25% ), les émissions issues de biens importés ont considérablement augmentés ( + 72% ).

Le PCF vise l'objectif ambitieux d'une empreinte carbone nulle d'ici 2050, et rejoint ainsi les recommandations du rapport d'accorder plus d'importance à cet indicateur.

Dans les mois qui viennent, le Parti communiste veillera à ce que les préconisations de ce rapport soient vraiment entendues et appliquées, en particulier son appel à des transformations profondes de tous les secteurs de l'économie par un investissement public ambitieux. Le PCF propose d'ailleurs pour réussir une telle transformation, une réorientation des financements des entreprises par les banques sur des critères favorisant les mesures efficaces pour le climat.

C'est avec cet ambition que nous pourrons espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d'ici 2100.

 

 

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7 juillet 2021 3 07 /07 /juillet /2021 05:23

 

Si nous nous contentions de constater la reconduction des présidents de région sortants, nous nous aveuglerions sur la profondeur des manifestations de défiance qui tourmentent le pays. Sans évidemment contester la légitimité de celles et ceux qui ont gagné les élections, force est de constater qu’ils ne le doivent qu’à une minorité d’inscrits sur les listes électorales.

Songeons que les candidats soutenus par le président de la République n’ont rassemblé sur leur nom que… 3% des inscrits lors du premier tour. Ajoutons qu’une démocratie qui laisse si massivement sa jeunesse se détourner de la vie de la cité se condamne à moyen terme.

Ce terrible désaveu n’est en aucun cas la manifestation d’un désintérêt pour la politique. L’abstention devient pour beaucoup un acte politique pour être écouté et entendu. C’est parce que les pouvoirs restent sourds à la multitude des mouvements syndicaux, sociaux, citoyens, aux luttes pour une réforme juste du système de retraite comme pour la défense de la sécurité sociale, aux mouvements des Gilets jaunes comme aux « nuits debout », aux combats unitaires pour empêcher la privatisation d’EDF ou de la SNCF, aux actions des jeunes pour le climat, des femmes pour l’égalité, ou encore à la diversité des actions des travailleurs pour défendre l’industrie, l’emploi et les services publics, qu’en conscience une majorité de nos concitoyens organise le silence des urnes.

Toutes ces manifestations de la volonté populaire se heurtent aux pouvoirs successifs qui, refusant d’écouter ces exigences, accélèrent la mise aux normes du pays aux canons de la mondialisation capitaliste. Le système représentatif est ainsi englué dans une « alternance » qui perpétue les mêmes politiques au service des puissances d’argent. Mais le fameux duo Macron-le Pen, qui ne sert qu’à verrouiller le paysage politique, est ébranlé. D’évidence, notre peuple cherche une autre voie.

Ce qui tend à devenir une farce démocratique trouve parmi ses causes premières le poids exorbitant des institutions européennes sur les politiques nationales et locales qui fixent le cadre d’un consensus libéral dévastateur pour le modèle républicain, notamment la conception républicaine des services publics, et empêchent son déploiement vers une République sociale démocratique et écologique, réellement protectrice.

Le système institutionnel agonise ainsi dangereusement. Le pouvoir, qui prend appui sur les classes supérieures bien plus mobilisées que la moyenne, subit une déroute d’ampleur qui laisse augurer un redoublement de la crise de légitimité des institutions. Mais si l’extrême droite ne sort pas renforcée du scrutin, gare à en tirer des conclusions trop hâtives car ses idées nauséabondes, derrière lesquelles court une bonne partie des droites et du pouvoir, sont toujours là : aux présidentielles qui concentrent toute l’attention pourrait s’exprimer tout autre chose… Au point de déliquescence où se trouve la démocratie, il faudra plus que des rustines pour la faire revivre. Le présidentialisme grotesque et les politiques libérales menées sous les auspices de l’Union européenne produisent un cocktail amer qui mine l’ensemble de l’architecture démocratique.

L’enjeu réclame d’engager un processus de transformation radicale des institutions portant une souveraineté populaire sur les choix politiques et économiques. Une nouvelle République, la sixième, qui devrait devenir la première République sociale, démocratique et écologique. Partout, de l’usine à l’université jusqu’au Parlement et au plus haut niveau de L’État, l’urgence est d’inventer de nouvelles formes de démocratie et d’interventions conférant de réels pouvoirs aux citoyens. C’est ce que demandent celles et ceux qui souffrent de ne pouvoir correctement se nourrir, se loger, travailler avec des bons salaires ou des revenus corrects pour les paysans et les artisans.

La 5ème République se meurt. Il faut, avec les citoyens, en inventer une nouvelle.

Patrick LE HYARIC

Directeur de l’Humanité

 

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6 juillet 2021 2 06 /07 /juillet /2021 05:42

 

 

Le premier week-end du mois de juin 2021 aura vu les négociations engagées entre les pays du G7 aboutir à l’idée d’une taxation des bénéfices des multinationales, remontés à leur siège, à un taux de 15 %. Concrètement, que signifie cette proposition et comment se traduirait-elle ? Par exemple : une entreprise qui réalise des bénéfices sur notre territoire et relève d’un groupe multinational dont le siège est installé dans un pays à faible impôt sur les sociétés (10 %), devra s’acquitter de 5 % supplémentaires à l’État Français pour atteindre les 15 %.

Cette mesure cible les multinationales du numérique, les GAFA, mais aussi certaines entreprises françaises du luxe ou de la banque. Par contre, pour celles du médicament et de la pharmacie… on attendra un peu !

Dans l’air du temps, notamment à partir de la crise financière 2008-2009 qui a éveillé la conscience mondiale de la réalité de l’évasion et de l’optimisation fiscales, les négociations sur un impôt sur les sociétés minimum auront sans doute connu une certaine accélération sous l’effet de la crise sanitaire et du besoin nouveau de financements publics qu’elle a généré. En arrière-plan se trouve également la montée des mouvements revendicatifs face à la mondialisation capitaliste.

L’OCDE, un des bras armés du G7, lui-même expression économico-politique de l’atlantisme, est depuis quelque temps en alerte face à « l’érosion des bases fiscales », encouragée par la concurrence fiscale agressive à laquelle se livrent certains pays dans l’espoir d’accueillir sur leur territoire quelques entreprises et activités avec les emplois à la clé. Ainsi la proposition d’une sorte d’IS mondial s’apparente plus à une forme de réflexe sur le mode « touche au grisbi ! » qu’à une volonté affirmée des pays du G7 de traquer la fraude fiscale et de s’en prendre à l’évasion fiscale. Un constat d’autant plus amer que ces mêmes pays (Royaume-Uni, France, Japon, Canada, États-Unis, Allemagne) sont les pointes avancées de l’ultralibéralisme dont une des pierres angulaires idéologiques est l’autorégulation du marché.

Enfin on soulignera que le débat s’est, depuis quelques années déjà, polarisé sur la situation des grands groupes engagés dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (les GAFAM) et dans leurs applications. Il s’est également centré autour du problème du taux facial de l’impôt sur les sociétés (IS), comparant par exemple celui de 12,5 % de l’Irlande avec le taux français de 28 % cette année ou avec les taux hongrois ou slovaque d’environ 10 %.

Aboutissement d’une longue réflexion, la proposition de l’OCDE aux gouvernements réunis dans le cadre du G7 de retenir un « taux minimal d’IS de 15 % » se présente comme un moyen de « réguler » la compétition fiscale et, on l’escompte, la concurrence économique… Affichée comme quasi révolutionnaire elle devrait prospérer auprès du G20. Pas la moindre des contradictions quand on sait que certains des États membres de ce sommet usent assez souvent des redevances et royalties là où l’on souhaite glisser l’impôt.

Un impôt trompe-l’œil, arme de guerre contre les services publics et le social

Pour récapituler, cet accord du G7 sur un IS mondial minimum est censé s’en prendre à l’évasion fiscale, décourager de la course au moins-disant fiscal, s’attaquer aux paradis fiscaux. De l’aveu des ministres des Finances britannique, allemand et français il s’agit d’un bon accord qui va permettre de casser la spirale de la concurrence fiscale entre États, et pour une part des délocalisations d’entreprises. L’objectif est pour eux de favoriser le redressement économique en cette période de sortie espérée de la pandémie du Covid en faisant droit à la justice et à la solidarité fiscales.

Malheureusement, il est à craindre qu’une telle mesure nous laisse loin, très loin des objectifs affichés et que finalement tout cela ne soit qu’un effet d’annonce politique permettant de donner momentanément le change en attendant une prochaine crise ou un prochain réveil des populations. Car sur le fond idéologique rien n’est vraiment changé. L’idée de base est de continuer à laisser croire que le capitalisme du XXIe siècle peut se « réguler » par lui-même. Au mieux, quelques aménagements à la marge peuvent être consentis. Mais pas touche aux principes sacrés de la mondialisation capitaliste, par exemple à celui de la concurrence libre et non faussée ou au mythe de la neutralité et de l’efficacité des nouvelles technologies informationnelles pour empêcher et débusquer la fraude. Utilisées contre l’intervention humaine, il s’agit surtout de laisser les peuples à l’écart de toutes ces questions et de ne surtout pas avoir recours à des personnels compétents et formés disposant de droits et de moyens réels de contrôle et de décisions. Les datas alliés du système, jamais cela n’aura été aussi vrai !

Au cœur de l’idée de fixation d’un taux d’impôt sur les sociétés mondial de 15 % sont en effet trois questions fondamentales :

  1. Quelle est la « consistance » c’est-à-dire l’assiette, la base, sur laquelle seront calculés les bénéfices à soumettre à cet IS mondial minimal ?
  2. Une fois cet IS minimum appliqué et prélevé, sera-t-il possible de remettre en cause les bases imposées en cas de découverte a posteriori de fraudes ou de malversations ? Cette imposition ne risque-t-elle pas de jouer comme une forme de rescrit ? C’est 15 % et puis basta !
  3. Ce taux de 15 % ne risque-t-il pas de tirer vers le bas celui des pays qui en applique un plus élevé.

Comme souvent en période de tension de la dépense publique au plan national, européen et mondial, l’arrivée sur le devant de la scène médiatique d’une telle proposition ne vient-elle pas détourner de la vraie question qu’est l’enjeu fondamental de nouvelles recettes pour les États, et parmi celles-ci des recettes fiscales qui y occupent une place prépondérante ? Carburant des services publics et des dépenses sociales, ne sont-elles pas, dans le contexte actuel de rationnement de la dépense publique, irrémédiablement vouées à n’être constituées que des quelques miettes que sa majesté « Capital » aura bien voulu lui octroyer ? Changer de cap en la matière correspond à un changement radical de politique, choix que ne semblent pas prêts d’effectuer les pays membres de l’OCE et particulièrement ceux du G7.

Quelques voies d’analyse et éléments de propositions.

L’établissement de l’assiette d’IS taxable est à bien des égards déterminante pour faire payer aux entreprises multinationales un impôt juste et efficace. La négociation en cours à l’OCDE, avec le projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting) est censée traiter ce problème pour une meilleure imposition. Les discussions sur l’ACCIS (assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés) au niveau européen se situent dans la même optique. Une négociation qui risque de déboucher sur un bien petit dénominateur commun au vu des informations qui transpirent. Il devrait s’agir en effet de prendre quasiment pour acquis les pratiques d’élaboration des bases de chaque pays pour construire l’assiette consolidée pour au final implanter cette dernière dans le pays où multinationale aura choisi d’installer son siège. Pas besoin de longs développements pour imaginer dans quel pays ce siège sera implanté.

Quelle base ?

La question centrale est donc de savoir comment établir les bases, à partir de quoi et où les calculer ? Le défi est que ces dernières reflètent au plus juste l’activité d’un groupe et de ses filiales non pas concentrée au niveau du siège mais là où ont véritablement lieu les actes de créations, de construction, de production de biens et/ou de services, de vente…

Concernant l’établissement de la base d’imposition, si les choses sont assez claires pour une entreprise comme Apple qui vend à la fois des matériels informatiques et des services, c’est beaucoup moins évident pour Google qui exploite fondamentalement des services et notamment le fameux « référencement » dont il est plus compliqué d’appréhender le mode de rémunération, même si, concernant le montant des diverses ventes d’information, il existe aujourd’hui une grille de tarif qui certes, comporte encore de réelles approximations. C’est un problème sérieux qui nécessite d’accompagner absolument cette proposition d’un IS minimal au taux de 15 %, d’une autre revendication des mouvements altermondialistes, le « reporting State by State » dans la comptabilité des grands groupes. Car quand on décide de taxer des services dont le caractère immatériel est évident, il convient de connaître où les activités trouvent effectivement à se réaliser. Et cela peut aujourd’hui être connu, contrairement à ce qui est répété y compris par les plus hauts dignitaires des ministères des finances des pays du G7.

Mais le problème est également ailleurs. Par exemple en France, mais nous ne faisons malheureusement pas exception, la moitié ou presque de l’impôt sur les sociétés brut disparaît avant d’arriver dans les caisses de l’État, sous les effets conjugués de l’imposition séparée des plus-values, du report en arrière des déficits, de l’imputation de ceux des filiales, sans même parler du crédit d’impôt recherche, du crédit d’impôt compétitivité emploi ou du traitement des dotations aux amortissements, des provisions comme des dettes financières. Le résultat est connu ! En France, de 67 milliards d’impôt brut, nous arrivons, en bout de course, à 36,3 milliards d’impôt net. Un peu comme si le taux réel de l’impôt sur les sociétés était de … 15,17 %… Autant dire que la seule prise en compte d’un taux minimal mondial ne suffit pas à régler la question posée par l’optimisation fiscale. Notamment parce que, derrière les stratégies de taux, il y a des règles particulières qui tiennent aux relations que certains groupes entretiennent avec les États, particulièrement en matière de prix de transferts qui font l’objet de discussions entre les États et les représentants des multinationales là où ces dernières ont une ou des filiales implantées.

Ainsi, et pour ne donner qu’un exemple parmi d’autres, la capitalisation boursière d’un groupe français comme LVMH, dépasse aujourd’hui les 300 milliards d’euros. C’est-à-dire un montant bien plus élevé que le budget de bien des administrations nationales où ce groupe dispose de filiales ou d’une implantation. On imagine le rapport de forces ! Par exemple, un pays de l’Union Européenne comme la Slovaquie ne dispose que d’un budget d’environ 40 milliards d’euros et le total des dépenses publiques aux Pays-Bas représente un montant de 390 milliards d’euros. Dans le même ordre d’idées, la capitalisation boursière de Facebook, c’est 950 milliards de dollars. Celle d’Amazon dépasse les 1 600 milliards, soit 70 % de la dette négociable de l’État français. Voilà qui situe les enjeux et le niveau de la bataille à livrer ainsi que la détermination politique à afficher si on veut véritablement soumettre les bénéfices des groupes multinationaux à un impôt sur les sociétés digne de ce nom !

Sur le fond, une question doit être posée : qu’est-ce qui fait objectivement obstacle à ce que l’imposition de la vente de services ait lieu dans le pays où le service est effectué et puisse ainsi venir directement alimenter les caisses de l’État concerné ? N’est-ce pas là que l’acheteur en émet encore le plus souvent le paiement ?

Idem en plus évident pour les biens de consommation. Leur imposition devrait naturellement se faire là où ils sont produits et où ils sont d’une manière ou d’une autre vendus. En effet, un produit fabriqué dans un pays X avant d’être vendu par un pays Y suppose au préalable différentes opérations. La première est l’activation de tout un process de production dans le pays X auquel s’ajoute un acte de vente puis de transport pour se retrouver dans le pays Y qui ensuite le revendra. Par exemple, une voiture construite à l’étranger et vendue en France est normalement soumise à une double obligation comptable. Un bilan dans le pays de la production/vente, un bilan dans le pays de la revente, ces bilans étant normalement accompagnés d’une imposition dans chacun des pays. Il doit être à cet instant précisé que c’est dans le pays de production que la création de valeur ajoutée est localisée et avec elle le plus important paiement de salaires, de prestations sociales et par conséquent de multiples impôts. Concernant l’impôt sur les sociétés, ce sont d’abord les choix de chaque pays, puis entre eux, de conventions, voire d’accords tacites passés avec les représentants des multinationales, qui constituent le terreau de l’évasion et de la fraude fiscale organisée. Les banques et leurs diverses officines sont ensuite là pour ouvrir en grand les vannes au détournement de cet argent vers des cieux accueillants. Au préalable la réglementation de la gestion des relations mères-filles – fiscalité de groupe, bénéfice mondial consolidé – aura permis de mettre de l’huile dans les rouages. C’est cette législation permissive qui contribue en effet à ce que tout remonte au siège du groupe et que ce soit finalement à ce niveau, que se cumulent les « compensations fiscales » (management fees, prix de transfert, effet du carry back…) venant ainsi totalement miter une base imposable déclarée, cerise sur le gâteau, dans un paradis fiscal ou tout au moins dans un pays à taux d’IS ultra-minoré. Une chose à ne jamais oublier : l’objectif de tout ce circuit est de faire peser le minimum de contraintes sur les entreprises et donc sur le capital.

Parfois même, le pays de facturation peut devenir celui de l’imposition alors qu’aucune activité réelle n’y a été exercée, une sorte de comble ! Enfin, une facteur très important doit être observé touchant aux délocalisations d’entreprises. Il doit également être observé que si les délocalisations d’entreprises peuvent tenir à l’attirance de régimes fiscaux privilégiés, elles ont aussi beaucoup à voir avec le niveau des salaires pratiqués. D’où un lien étroit entre concurrence fiscale et concurrence sociale, toute chose que le G7 se garde bien de traiter.

Un calcul inavoué, un prélèvement libératoire qui ne dit pas son nom

Une autre problématique passée sous silence par l’accord envisagé par le G7 est la dimension de bouclier que cet impôt minimal sur les sociétés pourrait jouer. En effet, une fois payé le montant découlant du différentiel de taux, il y a fort à parier que les multinationales tirent argument de ce règlement pour refuser toute mise en cause ultérieure de leur base imposable. Ainsi, ce minimum de 15 % fonctionnerait comme une sorte de prélèvement libératoire lui-même, étant ensuite juridiquement utilisé comme un rescrit, pratique dont sont friands les grands groupes, qui a été largement poussée dans le droit fiscal français par les cabinets internationaux de conseil fiscal et juridique. Ainsi, les groupes ayant accepté le principe d’un rehaussement automatique de leur impôt sur les sociétés par les administrations fiscales pourraient utiliser l’application de cette règle pour s’opposer ensuite à toute intervention, tout contrôle de leur assiette imposable sur la période concernée. Le prétexte serait qu’il y aurait eu entente et engagement communs pour régler les impayés sur la base de l’accord du G7. Sans doute que nombreux sont déjà les conseillers fiscaux et juridiques à y avoir pensé, particulièrement ceux établis dans les pays anglo-saxons pour qui le rescrit doit devenir l’alpha et l’oméga des relations entre les contribuables et l’administration fiscale.

Ainsi le tour de passe-passe serait parfait. À un accord fiscal inoffensif pour les multinationales ainsi que le laisse largement entendre un des géants de la « toile » comme Facebook souhaitant « pleine réussite aux négociations en cours », s’ajouterait un certificat de probité fiscale délivré par les plus hautes instances des administrations fiscales nationales et internationales.

Un choix qui peut s’avérer contreproductif et finalement mortel

En proposant un taux « commun » minimal de 15 %, le G7 risque de jouer un autre mauvais tour aux comptes publics des États. Ce taux est près de 10 % en-dessous du taux moyen d’imposition des bénéfices dans le monde (23 %) et seulement trois pays de l’OCDE ont un taux inférieur ou égal à 15 %. Il est dès lors à redouter que la faiblesse du taux mondial proposé joue le rôle de pompe à bas taux vis-à-vis des pays qui pratiquent des taux plus élevés, en particulier la France. Rappelons que le taux d’IS est en France, en 2021 de 28 % avant de tomber à 25 % en 2022, terme de la réforme engagée par E Macron.

On peut dès lors facilement imaginer que les 4 milliards d’euros que la France récupérerait du fait de l’application du taux mondial minimal de 15 % seraient aussitôt repris par d’éventuelles nouvelles baisses du taux de l’IS national, baisses pratiquées au motif de ne pas être en situation trop défavorable par rapport à l’IS pratiqué par des pays voisins. Serait ainsi repris d’une main ce qui aurait été donné de l’autre.

S’ajoute au handicap que fait peser ce taux minimal d’IS mondial, la faiblesse de la base transférée qui ne fera pas bouger d’un centimètre la localisation du siège de la multinationale concernée. Car pour être éligible à cet IS minimal il faut que la marge bénéficiaire réalisée soit d’au moins 10 % et que ne seront réaffectés au pays lésé que 20 % du montant dépassant la marge bénéficiaire de 10 %. Autant dire qu’il n’y a vraiment pas de quoi dissuader les multinationales et leurs alliées de premier plan que sont les banques, des pratiques d’évasion et d’optimisation fiscales et plus globalement de fraude à l’impôt. Autant dire que les paradis fiscaux ont de beaux jours devant eux !

Plus grave encore est ce que risque fondamentalement d’induire cette proposition quant au devenir de l’impôt sur les sociétés lui-même. Avec un IS de 15 % jouant le rôle de prélèvement libératoire sur les bénéfices des multinationales, on assiste à une dénaturation de l’impôt sur les sociétés transformé de facto en une sorte de taxe unique. Ne sommes-nous pas en train d’assister sous couvert d’un imprimatur international à la mise à mort de l’impôt sur les sociétés ? Ce qui se passe au propos de l’IS sur un plan mondial n’est pas sans rappeler à une échelle plus réduite ce qui a été mis en œuvre vis-à-vis de la taxe professionnelle en France ayant conduit à sa disparition et continuant encore à produire ses effets jusqu’à une extinction totale de ce type de prélèvement (CVAE et CFE).

Réduction et exonération de bases, baisses de taux, changement d’affectation des produits de l’impôt, voilà ce qui a contribué à briser l’efficacité de la taxe professionnelle et son lien aux budgets publics, particulièrement locaux. Finalement, il y a beaucoup de ressemblance avec les diverses vicissitudes que connaît l’impôt sur les sociétés, dont le rendement est de plus en plus limité et le lien aux recettes et dépenses publiques de plus en plus ténu. On imagine déjà le Medef et ses clones mondiaux se lécher les babines !

Une information parvenue quelque temps après l’annonce de cette proposition, et cela avant la rencontre du G20, n’a en effet pas de quoi rendre optimiste. Sous la poussée de certains groupes multinationaux, les membres du G7 réfléchiraient déjà à réduire le taux imposable. Comme quoi le capital ne renonce jamais lorsqu’il s’agit de défendre son rendement et comme quoi il est bien difficile aux chantres nationaux du capitalisme ultralibéral de se transformer en chevaliers blancs de la lutte contre l’optimisation et la fraude fiscales au niveau mondial.

Promouvoir une tout autre vision de la coopération fiscale entre les peuples

Il est grand temps de remettre la fiscalité, particulièrement celle des entreprises sur de bon rails. L’urgence est d’engager au niveau national, européen et mondial une révolution fiscale partant de l’application et du respect de principes simples et non simplistes. Les possibilités nouvelles et considérables de suivi et de connaissance qu’offrent les nouvelles technologies informationnelles, couplées à des emplois en nombre suffisant et fortement qualifiés devraient permettre d’appréhender dans des conditions satisfaisantes la base imposable, sa localisation et son imposition. Il s’agit pour cela d’en avoir la volonté politique. Il s’agit pour cela d’être déterminé à lutter contre la domination du capital et sa logique de rentabilité. Jamais il n’a jamais été aussi nécessaire de construire de réelles coopérations fiscales entre les États et de s’engager sur la voie d’une harmonisation fiscale permettant à chacun de combattre la toute-puissance du marché pour soutenir le développement des capacités humaines et l’écologie partout sur la planète.

Au plan européen

Il serait proposé la mise en place d’un serpent fiscal européen fonctionnant sur le principe de taux planchers et de taux plafonds. Son fonctionnement serait assuré par une commission de l’harmonisation fiscale européenne adossée au parlement européen et déclinée au niveau de chaque parlement national. Elle serait composée à chaque niveau de députés, de représentants des salariés (organisations syndicales) et des citoyens (partis politiques et associations de consommateurs) ainsi que du patronat et des banques.

Cette commission disposerait d’un outil d’incitation à l’application par les États d’une fiscalité à taux crédibles et non symboliques. Il s’incarnerait dans une modulation des taux d’intérêts des prêts accordés aux États par le fonds européen social, solidaire et écologique que nous proposons pour financer le développement de leurs services publics.

Cette commission aurait par ailleurs pour mission de revoir l’ensemble des conventions fiscales passées entre les États européens avec pour objectif de permettre l’échange total d’informations et la transparence de toutes les transactions intra-européennes ainsi que de lutter contre l’installation des paradis fiscaux en ayant le pouvoir de demander des comptes précis aux banques sur l’utilisation de certains fonds des entreprises.

En matière de contrôle fiscal particulièrement celui des entreprises, sur le territoire de l’UE, cela se traduirait par l’instauration d’un véritable droit de suite entre les diverses administrations financières nationales afin qu’existe un réel suivi des contrôles engagés pour déboucher sur des sanctions concrètes effectivement mise en œuvre.

Au plan mondial

Au niveau mondial, la création d’une nouvelle institution fiscale adossée à l’ONU serait proposée. Elle intégrerait les missions fiscales de l’OCDE, le rôle politique décisionnel imparti au FMI et une action incitative en matière d’écologie.

Les objectifs prioritaires de cette institution seraient de localiser, de suivre et d’informer les États, des lieux d’activités, des méthodes de production et des flux financiers intragroupes, inter-États et interbancaires et particulièrement vers les paradis fiscaux.

Elle aurait en outre pour fonction de définir et de proposer à tous les États qui voient s’échapper des opérations normalement imposables sur leur territoire au titre du bénéfice des entreprises, les éléments et les moyens d’établir une base concrète et objective d’imposition par la transmission d’information que permettent de récupérer les technologies informationnelles. En matière de TVA, ce type d’information existe. Même s’il a été tenté de dénaturer certains relevés accompagnant les transactions et destinés aux pays de leur réalisation, tout n’a cependant pas disparu mais il est vrai que la TVA est au final payée par le consommateur citoyen…

À charge ensuite pour chaque État d’appliquer sa fiscalité des entreprises avec à la clé des conséquences sur ses conditions d’accès au crédit, par exemple auprès du FMI, de la Banque mondiale ou des banques zonales, comme la BCE en ce qui concerne l’UE. Cela permettrait dans les faits d’utiliser l’argent, l’euro mais aussi une nouvelle monnaie commune mondiale à la place du dollar hégémonique, les DTS, en faveur du développement social et de l’écologie contre les marchés financiers.

Répondre aujourd’hui aux exigences sociales, économiques et écologiques passe par une relance de la dépense publique qui contrairement aux discours officiels, participerait à assainir l’ensemble de la sphère économique car utilisant l’argent pour investir dans le développement de l’homme et de tous ses potentiels. La fiscalité a un rôle évident à jouer en ce sens. Il s’agit de promouvoir un mode de production des richesses qui à partir de critères de maîtrise sociale et environnementale, conduise à une réponse respectueuse des besoins de chacun. C’est bien loin de l’accord proposé par les pays du G7 sur un taux d’imposition minimal des entreprises ; pays qui, charité bien ordonnée commence par soi-même, devraient récupérer 60 % des recettes nouvelles procurées.

 

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4 juillet 2021 7 04 /07 /juillet /2021 18:37
Dimanche 4 juillet 2021 - Pique-nique convivial des communistes brestois sur les bords de la Penfeld
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Dimanche 4 juillet 2021 - Pique-nique convivial des communistes brestois sur les bords de la Penfeld
Hier midi, dimanche 4 juillet, les communistes de la section du Pays de Brest se retrouvaient pour un pique-nique sur les rives de Penfeld !
Un super moment convivial entre camarades, où nous avons notamment célébré l'élection de 4 élues au Conseil Régional de Bretagne (Delphine Alexandre - Gaby Cadiou - Gladys Grelaud - Katja Krüger) et de 3 élu·es au Conseil Départemental du Finistère (Ismaël Dupont - Jacqueline Héré - Isabelle Maugeais) !
C'était également l'occasion d'accueillir comme il se doit, après plusieurs mois de réunions en distanciel, les nouvelles et nouveaux camarades de la section : bienvenue !
Un pique-nique auquel ont participé nos camarades morbihanais Philippe Jumeau, secrétaire départemental du PCF 56 et animateur du comité régional PCF Bretagne, Delphine Alexandre, nouvelle vice-présidente communiste à la Région Bretagne, Fréderique Lalys et Gildas Bernard.
Enzo de Gregorio, Gladys Grelaud, Philippe Jumeau et Delphine Alexandre ont également pu parler de la campagne des Régionales.
Photos Eug - PCF Brest
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