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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 08:51

Dans une instructive page "Morlaix" du Ouest France datée du lundi 24 janvier, on pouvait lire un entretien du président de la communauté de commune, Yvon Hervé, avec David Dupré, le directeur de la rédaction morlaisienne, sous le titre astucieux, dans le style de Libé ou du Canard enchaîné: "Arts dans la rue: Yvon Hervé pique un fard"... A défaut de certitudes sur la permanence du FAR à Morlaix, on aura donc bien une prolongation de la farce tragi-comique dont Agnès Scapin et Yvon Sgnanarelle assurent les rebondissements pathétiques depuis 2009.

Le 18 janvier 2011 déjà, la section communiste publiait un communiqué dans le Télégramme et le Ouest France pour marquer sa volonté que les spectacles du Festival des Arts dans la Rue continuent à se jouer à Morlaix, son désaccord total avec le désengagement financier de la ville de Morlaix dans le FAR et son inquiétude par rapport à la diminution considérable de subventions (30000 euros sur trois ans) au Fourneau qui organise le Mai des Arts et le FAR  planifiée au nom d'une pure logique d'austérité budgétaire par le socialiste Yvon Hervé, dont l'attitude au moment du conflit social des personnels administratifs et des personnels de collectes des ordures de Morlaix-Communauté avait déjà montré toute la profondeur des convictions de gauche...

Quels mots doux sortaient donc de la bouche du président de la communauté de commune pour réaffirmer sa volonté de ne pas voir le Festival des Arts dans la rue mourir? :

 

"ce qu'on donne pour les arts dans la rue, c'est beaucoup d'argent" (70000 € en 2011)", "franchement, on trouve que les arts dans la rue, c'est cher", "d'autant qu'on est déçu par certains de leurs spectacles", "ce sont des sommes déraisonnables", "que les gens du Fourneau réécrivent leur nouveau programme en prenant en compte le contexte", "on a mis de l'argent, ils feront avec ce qu'ils ont", "s'ils boudent et veulent voir ailleurs, qu'ils s'en aillent", "ce n'est pas parce qu'on aura pas le Fourneau autour de nous qu'on va mourir, loin de là"...

 

"Ma cassette, ma cassette": le rôle d'Harpagon convient si bien à Yvon Hervé! On croirait presque entendre François Fillon: "les caisses de l'Etat sont vides, on est au bord de la banqueroute, il va falloir vous serrer la ceinture, mes pauvres petits administrés, et de préférence autour du cou!" La stratégie rhétorique est connue: "on peut faire mieux avec moins de moyens et parce que les services que vous proposez peuvent être améliorés, on vous donne moins". La question du soutien aux activités culturelles populaires et à la création est posée en termes purement comptables, subordonnée à des objectifs de rentabilité.

D'ailleurs, le président socialiste de la communauté de commune donne avec beaucoup de courtoisie trans-partisane des arguments à la députée européenne UMP Agnès Le Brun pour lui donner raison de n'avoir pas craint de provoquer la ruine du Far en lui retirant 60000 euros de subventions en 2009 et en envisageant avec tant de sérénité que les Arts dans la rue aillent égayer d'autres places que celles de Morlaix: " Trois ou quatre jours à Morlaix, dit-il au journaliste à la fin de son entretien, c'est beaucoup plus compliqué à organiser que dans un village. Dans un centre-ville, ça barre les routes, ça complique le stationnement. Tout ça a un coût, 50000 euros selon la Ville de Morlaix. En dehors du paiement des artistes, il y a des contraintes en ville que vous n'avez pas dans un bourg".

 

Le commentaire du journaliste David Dupré tire la sonnette d'alarme et met les différentes parties prenantes de ce grand gâchis annoncé, le maire de Morlaix, le président de la communauté de commune, la DRAC, et le Fourneau qui, dégoûté par l'attitude des élus de la région de Morlaix, n'hésite pas à faire un chantage au départ d'un festival qui a été porté à bout de bras depuis 24 ans par la collectivité et le contribuable de la région de Morlaix:

"il est clair qu'une disparition du Far du paysage culturel morlaisien devient l'hypothèse la plus plausible. D'autant que cela n'empêcherait pas de dormir la maire de Morlaix. Agnès le Brun, qui n'apprécie guère les gens du Fourneau, n'a pas cédé d'un pouce lorsque Morlaix Communauté l'a invité à piocher dans les finances de la ville pour soutenir le festival. Pas sûr non plus qu'Yvon Hervé...soit très affecté par un départ du FAr. Pas sûr enfin que le Fourneau, qui tire à boulets rouges sur les élus morlaisiens sur son site internet, ne soit non plus très hostile à un exil dans une autre ville bretonne. Entre élus et responsables du Fourneau, on se regarde en chien de faïence. Mais on pourrait finalement trouver un terrain d'entente: l'arrêt du festival dans le Pays de Morlaix. Reste que ce sont bien les Morlaisioens qui pourraient être les dindons de la farce".    

 

Autre intervention salutaire qui tombe à point nommé et qui rappelle avec esprit de synthèse et grande clarté les principes fondamentaux qui doivent guider les orientations budgétaires des responsables politiques de la région de Morlaix et le maintien de l'organisation du FAR à Morlaix, celle d'Alain David, s'exprimant dans le Ouest France du 24 janvier, sans connaître la teneur des propos d'Yvon Hervé, en tant qu'ancien adjoint au maire indigné par l'évolution de ce dossier:

 

COMMUNIQUE d'ALAIN DAVID DANS LE OUEST FRANCE du LUNDI 24 JANVIER 2011

Manifestation gratuite, le Far a su, dans ces temps de grandes difficultés pour la population, demeurer à la fois une possibilité de rassemblement convivial pour les habitants de la région morlaisienne et un moment de rencontre naturelle avec les férus des arts dans la rue et les estivants.

Le Far est donc, au fil des ans, devenu une composante forte du patrimoine morlaisien. Aucun élu communautaire ou municipal ne peut donc moralement ni le dénaturer ni le faire mourir à petit feu. Au vu de l'importance de l'enjeu il importe de faire taire les ego et de faire cesser les querelles entre la ville et la communauté.

Car, certains l'auraient-ils oublié, Morlaix est l'une des communes de Morlaix-Communauté. Peut-être est-il temps de prendre en compte l'avis des professionnels, des bénévoles et de la population qui, eux, n'auront d'autre intérêt que l'avenir du FAR".    

  

Après la purge imposée aux associations, la remise en cause de l'excellent travail réalisé au théâtre, c'est maintenant le Far qui est dans le collimateur. Pourtant, sa qualité et son succès sont reconnus par tous. Son audience a depuis longtemps dépassé les limites du département et de la région. C'est devenu un évènement de portée nationale voire internationale qui participe fortement à l'attractivité de la communauté.

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 16:44

 

André Chassaigne, ancien professeur et proviseur, a été découvert par le grand public avant de postuler à la candidature Front de Gauche pour les présidentielles 2012 après son remarquable score de 24% à la tête d'une liste Front de Gauche élargi à des Verts antilibéraux et au NPA au deuxième tour des élections régionales dans le Limousin. Il a aussi mené avec intelligence et efficacité la résistance parlementaire jusqu'à obtenir au printemps 2008 le vote d'une motion de procédure qui rend caduque le texte autorisant les cultures OGM en France.

 

Cet essai très documenté, écrit avec élégance, modestie et sens des réalités mêle à une réflexion de fond sur les enjeux de l'alimentation mondiale, de l'accès à l'eau, des transports et de l'habitat écologiques, de l'énergie et des biotechnologies, la chronique de ses années d'activité de parlementaire et le récit d'expérimentations locales d'un autre mode de développement.

Sa préoccupation pour les dégâts causés par nos modes de vie coûteux en ressources naturelles et polluants et le capitalisme mondialisé vient d'abord d'un sentiment d'appartenance à une terre dont notre vie tire sa beauté, mais qui ne saurait être réduite à un rôle purement instrumental, « sentiment des grandes forces cosmiques, l'eau, le vent, les grands chênes » que l'homme du sud-ouest qu'est André Chassaigne éprouve comme Jean Jaurès en son temps. Enfant d'une cité ouvrière et communiste depuis longue date, l'auteur a nénmoins longtemps conçu la nature comme ce qui devait être exploité, rentabilisé indéfiniment au service du progrès social et grâce au progrès technique mais, ses conversations avec des amis Yves Cochet (député Vert et ancien ministre de l'environnement) ou Jean Lassale (Modem), de même que ses propres travaux parlementaires quotidiens, l'ont amené à rééxaminer de manière critique « la culture productiviste » que le parti communiste partageait, au nom du développement humain, avec beaucoup d'autres composantes politiques. Cette évolution peut même le pousser à partager l'idée qu'il existe une harmonie dans les écosystèmes dans lesquels s'enracine toute vie que l'homme doit s'efforcer de ne pas saccager par la démesure de ses appétits et de ses passions, ce qui est sensible quand il reprend à son compte la parole aux résonances panthéistes retranscrite en 1854 du Chef indien Seattle:

 

 « Ceci nous le savons: la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre. Toutes les choses sont liées entre elles comme le sang est le lien entre les membres d'une même famille. Nous ne tissons pas la toile de la vie. Nous ne sommes qu'un fil dans la toile de la vie. Ce que nous faisons à la toile nous le faisons à nous-mêmes. Toutes les choses sont liées entre elles... »

 

Quelles sont les grandes idées, les analyses et les propositions les plus significatives mises en valeur cet ouvrage riche et stimulant?

 

I. Les principes qui doivent gouverner notre conciliation de l'ambition sociale et du souci écologiste (chapitre II).

 

1) Il ne faut pas se leurrer sur l'efficacité d'une « écologie apolitique » et toute écologie politique implique une remise en cause du modèle libéral et capitaliste dominant.

Pour exemple, « trier son papier, éteindre la lumière et fermer le robinet doivent devenir des mécanismes...mais reconnaissons, écrit A. Chassaigne, que l'impact sera minime si on ne fait pas bouger les politiques industrielles d'entreprises obsédées par l'appât du gain » (p. 17). L'idée qu'il peut et doit y avoir un consensus trans-partisan sur des réponses écologiques à l'épuisement des ressources naturelles et à la pollution est un mythe, A. Chassaigne n'hésite pas à l'affirmer, et un mythe qui sert objectivement les intérêts du système et des entreprises responsables de la crise écologique: Promue par des personnalités complices du libéralisme telles que Nicolas Hulot ou Yann-Arthus Bertrand, « cette écologie hors du politique fait le pain béni des adeptes d'un libéralisme sans limites. Pensez-donc, une écologie sur le seul terrain de la morale, qui n'implique pas de s'attaquer aux racines du problème (à savoir le système économique, les modes de production, les habitudes de consommation) pour au contraire faire peser toute la responsabilité environnementale sur l'individu, le citoyen, le consommateur acculé à relayer une pollution déjà produite bien loin en amont ».  

 

 

2)Le capitalisme vert peut certes, guidé par la capacité des acteurs de l'économie à s'adapter à de nouvelles conjonctures pour maintenir leur taux de profit, créer des technologies écologiques innovantes, mais il ne saurait être la solution à privilégier face aux crises écologiques et il est absolument nécessaire que l'Etat lui aussi investisse dans la recherche et la mise en œuvre des nouvelles technologies écologiques.

André Chassaigne s'indigne comme Mélenchon du nouveau marché de la pollution carbone qui est en train d'être créé lors d'accords internationaux sur l'environnement et qui implique la création de véritables bourses de permis à polluer car si la pollution a un prix fixé par le marché comme cela existe au niveau européen dans le Système Communautaire d'Echange de Quotas d'Emissions Carbone (SCEQE), cette pollution acquiert également une légitimité. De plus, « dans ce nouveau champ du libre-échange, qui pourra interdire d'accumuler, de stocker, de vendre, de faire de l'argent sur cette pollution? » (p.26). La pollution pourrait alors devenir source de profit en elle-même. Par ailleurs si des technologies vertes telles que de nouvelles voitures moins polluantes ou plus économes de carburants engendrent une surconsommation, elles ne résoudront en rien les problèmes environnementaux. Les solutions techniques peu coûteuses au niveau de la réorientation de nos modes de vie ne peuvent suffire s'il n'y a pas dans les esprits et les lois une remise en question globale de nos modes de développement et de consommation.

 

3)Promouvoir une forme de décroissance est une nécessité rationnelle à condition de ne pas abandonner l'objectif d'émancipation humaine et de ne pas diaboliser le progrès technique et l'activité transformatrice de l' homme en général.

 Sachant que le bien-être n'augmente pas mécaniquement avec la consommation de biens matériels et que les modes de vie des occidentaux modernes exigeraient 5 terres pour trouver un équilibre tant ils sont dispendieux en énergies et en ressources naturelles, on ne peut faire l'impasse d'une réflexion sérieuse sur la théorie de la décroissance. En effet, comme A. Chassaigne la caractérise bien, « bien que non unifiée, elle est la critique la plus radicale qui soit du productivisme. Elle prône une réduction du volume de l'activité économique mondiale pour rendre celle-ci écologiquement tenable, et une réorganisation de la production et de la consommation pour répondre non pas à des exigences de profit, mais aux besoins des êtres humains. C'est une critique qui va bien au-delà de l'économie: elle dénonce un système qui déshumanise en poussant à la consommation, qui détruit l'homme comme la nature, en le forçant à aller vers toujours plus, encore plus de possessions matérielles. La théorie de la décroissance déconstruit un idéal de progrès qui serait une marche mécaniquement bénéfique des sciences et des technologies, et elle construit en contrepoint un mouvement collectif de responsabilité envers notre planète » (p.29).

 

II.  Le besoin de régulation et d'investissement étatique pour faire face aux grands défis écologiques.

 

1)La gestion de l'eau.

« En France, hormis quelques exceptions, la desserte en eau potable est assurée dans de bonnes conditions sous le contrôle des collectivités locales. Mais si la loi fait obligation aux communes de gérer les services d'eau, ils sont délégués à des entreprises privées dans 71% des cas, représentant 45 millions d'habitants » (p.58). Or, l'eau est un bien commun qui devrait échapper à toute logique de marchandisation. Mais, comme elle est rare dans beaucoup de partie du monde et souvent impropre à la consommation à l'état brut, elle nécessite partout dans le monde pour être rendue potable des travaux d'assainissement et de recyclage qui requièrent des technologies coûteuses. Pour l'instant, seules les multinationales de l'eau se positionnent dans l'innovation technologique du fait du retrait des Etats de la gestion de ces secteurs et par carence de la recherche publique. Or, elles le font avec des objectifs exclusifs de rentabilité alors qu'il s'agit de satisfaire des besoins fondamentaux des hommes en leur garantissant une eau de qualité en quantité suffisante. Il est nécessaire donc de ne pas laisser aux multinationales de l'eau telles que Véolia ou Suez-Lyonnaise des eaux qui en France emploient jusqu'à 33000 salariés l'exclusivité de la maîtrise des techniques de traitement et d'assainissement des eaux.

 

 

2)La question de l'énergie.

Chassaigne rappelle qu'en France c'est la maîtrise par la nation de la production énergétique à travers EDF qui a permis d'atteindre l'auto-suffisance en développant un parc de production nucléaire (75,2% des sources d'électricité en 2009) et hydroélectrique (11,9% en 2009). Or, au nom de la prise en charge de la filière par le privé recommandée au niveau européen et acceptée par nos responsables politiques, on organise la désorganisation, multiplie les recours à la sous-traitance, accroît les risques environnementaux. Le dernier avatar de cette logique ultra-libérale de l'union européenne est la loi NOME (Nouvelle Organisation des Marchés de l'Electricité) qui impose à EDF de mettre à disposition des opérateurs privés tels que GDF Suez 25% de sa production d'électricité d'origine nucléaire en leur permettant de faire des profits sur le dos des usagers et des contribuables, ce que le député du Havre Daniel Paul a dénoncé dans un débat houleux à l'Assemblée Nationale. En réalité, on est en train de privatiser le produit de 60 ans d'investissements publics qui ont eu des retentissements sur les factures passées des usagers. Il n'est pas sûr non plus que l'Etat maintienne son monopole à EDF pour gérer et créer des centrales nucléaires, GDF Suez s'étant déjà positionnée sur cette question. Même s'il ne pense pas que l'on puisse rapidement faire du nucléaire une source d'énergie secondaire, Chassaigne rappelle qu'à niveau de consommation inchangée, on ne disposerait que de 30 années d'uranium récupérables en dessous de 80 dollars le kilo et que l'accès à cette ressource peut être rapidement l'objet de conflits internationaux d'ampleur. Par rapport aux besoins qui s'expriment à l'échelle du monde (dessalement de l'eau de mer), compte tenu du changement climatique accéléré par les émissions de carbone et du déclin inévitable des productions mondiales de pétrole et de gaz naturel, il est néanmoins impensable de sortir du nucléaire à moyen terme, même s'il ne faut pas négliger les dangers liés à de possibles accidents et à la durée de dangerosité très longue des déchets.

Ce qu'il faut travailler essentiellement, c'est l'économie d'énergie dans l'habitat et les secteurs d'activité économique et la production d'énergie à partir de l'utilisation de déchets et de ressources inépuisables. Au chapitre 6, Chassaigne discute ainsi des avantages et des inconvénients de l'incinération des déchets qui fait si peur aux riverains, puis met en avant l'émergence de bâtiments pouvant produire leurs propres énergies.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre passe aussi par une promotion du fret ferroviaire pour les transports de marchandises et d'un transport collectif accessible à tous par sa desserte du territoire et ses tarifs. Or, la privatisation et l'ouverture à la concurrence du fret et du transport de voyageurs, la gestion comme une entreprise privée de la SNCF qui sont les conséquences des dogmes néo-libéraux promus au niveau de l'UE rendent ces objectifs d'intérêt général fort difficiles à atteindre (chapitre 9).

 

3) La question de l'alimentation.

 Aujourd'hui, si 1 humain sur 6 est sous-alimenté, cela est largement dû à l'application universelle des politiques libérales et au lobbying efficaces des grands groupes agro-alimentaires, notamment ceux spécialisés dans les « agrocarburants, ce pétrole vert qui creuse les ventres ». Deux principes essentiels doivent guider les accords internationaux en matière de gestion ressources alimentaires: la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire. L'application de ces principes suppose une relocalisation des productions, la suppression du primat des monocultures d'exportation. Or, les industries agro-alimentaires et la grande distribution tendent de plus en plus à délocaliser les productions qui nécessitent de la main d'œuvre.

Au chapitre 7, Chassaigne cite ainsi un exemple édifiant donné par Gerard Le Puill: « En surgelés, une poêlée de légumes bien de chez nous avec le logo de Bonduelle peut provenir d'une demi-douzaine de pays. Les choux-fleurs arrivent de Pologne, car leur prix de revient est inférieur à 30% à celui des choux-fleurs bretons. Les choux brocolis viennent du Guatemala, les poivrons de Turquie, les asperges du Pérou, les haricots verts du Kenya, les petits pois et les champignons de Chine...»

Et la même dérive est à l'œuvre pour les produits carnés:  les ministres de l'agriculture européens décidaient ainsi de multiplier par 5 en mai 2009 les volumes d'importation ouverts au bœuf américain qui est élevé avec des exigences sanitaires bien moins fortes. Actuellement, après avoir sabordé la paysannerie des états du Tiers Monde en forçant ces derniers à supprimer leur protectionnisme pour accueillir des produits européens à bas coût subventionnés par la PAC, l'UE est en train de sacrifier l'agriculture européenne au sein de l'OMC pour ouvrir de nouveaux débouchés, notamment à l'industrie aéronautique, à l'automobile, aux services. La protection des marchés intérieurs est essentielle pour garantir une agriculture à la fois productive et garante du maintien de la fertilité des sols, d'un environnement sain, et du maintien de l'emploi rural.

 

En conclusion de cette présentation des thèses d'André Chassaigne, on peut citer un beau paragraphe qui nuance un peu l'adhésion au respect quasi religieux de la terre nourricière du chef indien Seattle invoquée en introduction et qui combat ceux qui s'en tiennent à une simple dénonciation morale et anti-humaniste de l'agression de l'environnement naturel: « Il nous faut briser l'image d'Epinal d'une nature indemne de toute intervention humaine, d'une nature « naturalisée »...Car ce n'est pas l'homme qui tue la nature, ce sont les rapports des hommes entre eux qui lui nuisent gravement ». (p.163).

 

Compte-rendu réalisé par Ismaël Dupont le 21/01/2011

 

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 11:37

 

Qu'ils s'en aillent tous, Jean-Luc Mélenchon, Flammarion, 10 €: une révolution citoyenne est à portée de main.

 

« Il y a en ce moment une déplorable ambiance de nuit du 4 août ». Cette formule de Jean-François Copé que cite Mélenchon en introduction dit assez bien la crainte que les classes possédantes ont d'une prise de conscience par le peuple de sa capacité à renverser des privilèges qui sont tout aussi exorbitants que ceux de l'Ancien Régime. En effet, dans cet essai au ton direct et combattif qui a déjà fait vendre plus de 53000 livres, Mélenchon rappelle que « nous sommes la cinquième nation la plus riche du monde» tandis qu' « il y a 8 millions de pauvres dans notre pays » et que leur nombre a bondi de plus de 1 million depuis 2007. Entre les smicards, les victimes du travail précaire, du temps partiel, et du démantèlement des services publics et de la solidarité nationale (radiations des listes de chômeurs, déremboursements des frais de médicaments et d'hospitalisation...) d'un côté, et les gagnants de l'ultra-libéralisme de l'autre, il y a un gouffre qui se creuse chaque année davantage. A titre d'exemple significatif, depuis le début des années 2000, les revenus des patrons du CAC 40, chantres de l'austérité et pourfendeurs des charges sociales et des privilèges sociaux ont été multipliés par 8 (p. 58). Ainsi, le patron de BNP Paribas, Baudouin Prot, a perçu en 2009 200 ans de SMIC, tandis que celui d'Axa, Henri de Castries, s'est assuré des revenus équivalent à 265 années de SMIC et que celui de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a touché 770 ans de SMIC.

 

On nous dit qu'il est populiste de lâcher à l'aveuglement du courroux populaire ces brillants patrons qui, après tout, ne gagnent pas plus que leurs homologues américains, européens, indiens ou chinois. Mais la spéculation financière et le primat de l'actionnaire nuisent à la production effective de richesses redistribuables aux salariés et un tel niveau d'inégalités, dont le prix est l'exploitation des producteurs, est suffisamment indécent pour pouvoir, s'il est connu de tous, servir de ferment révolutionnaire. Or, le but de Mélenchon paraît bien dans ce livre de montrer à une population dont la résignation a trop longtemps été le principal allié du capital mais qui en France, conserve le souvenir de sa tradition révolutionnaire glorieuse, qu'une voie de changement radical est nécessaire et possible dans un cadre démocratique. Comme le souligne avec force le tribun de la gauche socialiste en introduction, les révolutions démocratiques d'Amérique du Sud (Vénézuela, Bolivie, Equateur), dans lesquelles le peuple a repris la main sur son destin après des décennies de domination oligarchique et d'application des recettes néo-libérales qui l'avaient mis à genoux, nous montrent, nous montrent la voie à suivre pour sortir du consentement à la domination des marchés:

 

 « La révolution que je souhaite est citoyenne d'abord en ceci que, si elle s'enracine dans le mouvement social, elle se déclenche et se mène par les bulletins de vote et les élections...Ce primat des urnes, c'est la grande contribution des révolutions sud-américaines contemporaines. L'implication populaire est massive, multiforme et constante. Et on y vote beaucoup, après des campagnes électorales extraordinairement âpres! La vieille rengaine selon laquelle les révolutions de gauche ne font pas bon ménage avec la démocratie est caduque. A l'inverse, on voit bien comment les libéraux sont en froid avec la démocratie. En Europe, les référendums français, hollandais et irlandais sur le traité de Lisbonne ont bien montré que la décision des citoyens est tout simplement annulée quand elle n'est pas conforme aux dogmes libéraux. Et chaque jour, l'Union européenne accroît cette dérive autoritaire. La révolution citoyenne...c'est un renversement de pouvoir. Elle le reprend à l'oligarchie, au monarque présidentiel, à l'argent roi. Elle les chasse. Elle change les institutions pour atteindre ses objectifs. Elle renverse la primauté de la finance, abolit le « dogme de la concurrence libre et non faussée », réorganise la production et le partage des richesses. (introduction, p.16-17).

 

L'essai de Mélanchon esquisse ensuite les différentes dimensions que devra prendre pour lui cette révolution citoyenne en argumentant des propositions-phare pour la restauration d'une vigueur républicaine dans notre pays (premier chapitre), pour un autre partage des richesses (chapitre deux), pour une autre Europe (chapitre trois), pour une planification écologique (chapitre 4), et enfin pour un monde plus pacifique et moins écrasé par l'impérialisme américain (chapitre 5). Sans prétendre à l'exhaustivité, nous pouvons indiquer quelques unes des propositions que Mélenchon soumet au débat dans la population et chez les sympathisants du Front de Gauche, sachant que beaucoup de ses propositions ne sont pas originales et se trouvaient déjà dans les programmes du PCF depuis longtemps, toute notre interrogation pouvant porter sur les moyens de montrer au peuple qu'elles sont réalisables et que le rassemblement qui les porte peut arriver au pouvoir afin de les mettre en œuvre concrètement.

 

  • Réformer les institutions en convoquant d'emblée comme au point de départ de la Révolution Française et comme dans plusieurs pays d'Amérique Latine gérés par une gauche de combat une Assemblée Constituante. Cette constituante serait un moyen de redonner de la légitimité aux pouvoirs représentatifs, de répondre au défi de l'abstention des classes populaires en rendant au peuple le sentiment qu'il est à l'origine de ses institutions qui lui permettent d'exprimer sa souveraineté inaliénable.

  • Tourner la page du présidentialisme en restaurant un régime parlementaire permettant à la diversité des sensibilités politiques de la population d'être représentées et en rompant avec les pratiques de concentration du pouvoir dans les mains d'un clan quasi-mafieux et d'étouffement du débat législatif.

  • Reconstruire une école laïque de qualité qui éveille la raison, la curiosité intellectuelle et l'esprit civique de tous les jeunes et qui ait les moyens de former des compétences intellectuelles élevées si nécessaires dans la mondialisation. Réserver les fonds publics aux établissements publics, revenir sur la carte scolaire et l'autonomie des établissements.

  • Permettre aux médias d'éclairer réellement le citoyen et non pas seulement de le divertir ou de le manipuler pour complaire aux puissances d'argent. Supprimer les empires médiatiques contrôlés par le grand patronat de l'armement, des BTP, ou de la finance travaillant pour l'Etat et se servant de lui. Restaurer un vrai statut stable et une formation intellectuelle exigeante des journalistes et leur rendre une indépendance à l'intérieur de groupes de presse, de télévision, ou de radio, qui devraient fonctionner comme des coopératives autogérées avec pourquoi pas une partie de financement public.

  • Rendre aux français les dix points de la richesse nationale totale qui sont passés de la poche des producteurs à celle des rentiers au cours des 25 dernières années (195 milliards par an de transfert du travail vers le capital). Cela passe par un SMIC à 1500 euros net, par une taxation du capital à la même hauteur que le travail (ce dernier est actuellement taxé en moyenne à 42% quand le capital l'est à 18%). Cela passe aussi par la création d'un revenu maximum, la très forte taxation des hauts revenus permettant de financer des services publics de qualité augmentant la liberté concrète de tous. « Ce salaire maximum, on peut l'établir en suivant la proposition de la Confédération européenne des syndicats: au sein d'une entreprise, pas de salaire, en haut de l'échelle, qui fasse plus de vingt fois celui du bas de l'échelle. Il ne s'agit ni d'égalitarisme ni d'uniformisation. Je suis parfaitement conscient qu'il y a des tâches dont le contenu a une valeur d'usage et une valeur d'échange différentes et que toutes ne s'achètent pas au même prix. Mais ce système lie tous les étages de la pyramide. Ainsi, celui qui est en haut de l'échelle, s'il décide d'augmenter son salaire, aura l'obligation d'augmenter ceux du bas de l'échelle ». (p.67). 30000 euros par mois serait pour Mélenchon un plafond de revenu raisonnable que l'on pourrait atteindre à taxant à 100% les 0, 05% de contribuables, c'est à dire les 15000 ultra-riches qui dépassent actuellement allégrement après imposition ce plafond. Aux Etats-Unis, le président Roosevelt avait bien porté le niveau supérieur de l'impôt sur le revenu à 91% en 1941, niveau qui est demeuré jusqu'en 1964.

  • Sortir du traité de Lisbonne et restaurer la souveraineté populaire à l'intérieur de l'Europe. En effet, « le capital exige que soient constitutionnalisées les normes interdisant qu'on le maîtrise. En ce moment, c'est du délire! Les uns veulent interdire dans la Constitution les déficits publics, les autres veulent passer des accords européens qui interdisent les augmentations d'impôt »(p. 73). On ne peut plus accepter cette Europe qui se met au service des intérêts privés en forçant les peuples à privatiser ou à ouvrir à la concurrence leurs services publics (poste, électricité, transports), qui menace d'exercer son véto sur les budgets présentés par des gouvernements qui ne feraient pas assez de coupes sombres dans les dépenses sociales. Mélenchon, qui a longtemps pensé que la construction politique européenne pourrait être « un moyen de rétablir la souveraineté populaire mise en cause par la mondialisation et la puissance des Etats-Unis d'Amérique » n'y croit plus. Seul une option renforçant le pouvoir du Parlement et du fédéralisme européen aurait pu rendre l'unification européenne compatible avec l'idéal républicain mais ce n'est pas le choix qui a été fait au début des années 2000. De la même manière que les Anglais ont obtenu le droit de déroger à toute législation sociale plus favorable que la leur, la France devrait pouvoir demander l'opt-out pour ne pas appliquer des directives remettant en cause ses services publics et ce qu'il reste de son modèle social.

  • Mettre l'ambition écologique au cœur du projet politique de la gauche sociale. Il ne s'agit pas d'idéaliser la nature ou de « sauver la planète » pour elle-même: « Elle se fiche bien de nous ». Il nous faut seulement « lutter pour sauvegarder l'écosystème qui rend possible la vie humaine ». Ce n'est pas la main invisible du marché qui le permettra mais le volontarisme des Etats plaçant l'intérêt général à long terme des sociétés au-dessus des appétits financiers, ce pourquoi l'adhésion au libéralisme et au capitalisme mondialisé et financiarisé ne s'accordent pas avec le souci de préserver l'environnement qui rend possible la vie sociale. Il faut lutter contre la création de droits à polluer monnayables créant un marché spéculatif de l'émission de gaz à effet de serre, lutter aussi contre les stratégies marketing des multinationales du « capitalisme vert » qui instrumentalisent les préoccupations écologiques pour trouver des nouveaux marchés juteux, comme celui des agro-carburants dont la croissance se fait au détriment de l'agriculture vivrière et de la lutte contre la faim dans le monde. En revanche, la prise en compte des dégâts du productivisme et du consumérisme exacerbés par la recherche des taux de profit les plus élevés est une porte d'entrée stratégique pour une remise en question radicale du système capitaliste (p.96), dont on voit bien qu'il ne « marche pas », qu'il n'est pas viable à long terme. Pour lutter contre le réchauffement climatique et pour la qualité de vie des producteurs et des consommateurs, il est également nécessaire de relocaliser les productions en luttant contre la trop forte importation de produits agricoles et les délocalisations industrielles. Contre les dogmes libre-échangistes, il est donc indispensable de rétablir une dose de protectionnisme pour des raisons sociales et écologiques complémentaires et de mettre en place des circuits courts pour rapprocher le producteur du consommateur en limitant les productions d'exportations. Mélenchon propose aussi de favoriser réellement le transport ferroviaire au détriment de la circulation des camions et de sortir progressivement et méthodiquement du nucléaire: « La folie, c'est de dire qu'on va continuer à produire de l'énergie avec un système dont un seul accident peut équivaloir à toutes les catastrophes que le pays a connues depuis qu'il existe. Et qui, de plus, laisse des déchets nuisibles jusqu'à la fin des temps » (p.105). Des pistes à explorer: les économies d'énergie par l'isolation des bâtiments, le recyclage de l'énergie naturelle, et l'exploitation de la chaleur du sol et du sous-sol.

  • Se battre pour la paix dans le monde en sortant du commandement militaire de l'OTAN qui « est à présent un pur organe impérial des Etats-Unis » (p.115), en cessant de justifier des interventions armées motivées en réalité par des raisons stratégiques et économiques par une rhétorique humanitaire, en construisant des partenariats privilégiés avec des grandes puissances telles que la Chine et la Russie pour pouvoir équilibrer le poids écrasant des intérêts américains dans la politique internationale, cessant d'encourager le risqué démantèlement des Etats en légitimant des régionalismes ou des nationalismes en quête de séparatisme, le communautarisme devant sa vigueur à l'affaiblissement des projets politiques de progrès social et des solidarités collectives. Œuvrer au désarmement nucléaire généralisé.

Pour ce républicain patriote qu'est Mélenchon, si attaché à la tradition historique de la gauche française depuis le XVIIIème siècle à l'inverse de beaucoup d'hommes politiques socio-démocrates contemporains, « la France est le pays où peut s'ouvrir une grande page neuve de l'histoire du monde » (p.138) qui nous montrait une voie de sortie à un système qui transforme les gouvernements « en agences de spectacle politique » et qui « patauge dans les crises financières endémiques ». Il nous reste à nous mobiliser pour que ce sursaut nécessaire ne reste pas un vœu pieux.

 

Compte-rendu de lecture réalisé le 26/01/2011 par Ismaël Dupont.

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 20:07

C'était il y a près de 30 ans. Dans le prolongement d'un vieux choc pétrolier, la Crise avait commencé à s'inviter dans le débat public et le quotidien des occidentaux. La menace du chômage était perçue par tous et justifiait une sacralisation de l'entrepreneur, seul véritable créateur de richesses chargé d'assurer le salut public en laissant libre cours à son instinct créatif et son courageux sens de l'initiative.

La crise avait au moins quelque chose de positif: elle obligeait les peuples à reconnaître leurs bienfaiteurs, à ne plus se goinfrer innocemment d'avantages acquis ou de privilèges de peuples trop gâtés tels que les contrats de travail à durée indéterminée, la sécurité sociale, la retraite à soixante ans, les services publics accessibles à tous, les revenus d'insertion pour les plus défavorisés. Il allait bien sûr falloir assouplir le droit du travail, limiter l'impôt et la dépense publique, accepter des cures d'austérité salariale pour réveiller les bêtes endormies des économies occidentales et leur permettre de concurrencer les tigres et dragons d'Asie où les multinationales commençaient déjà à délocaliser leurs activités de production. Pour bien gérer les pays engagés dans la compétition économique internationale, il était donc nécessaire de rompre avec les vieilles lunes idéologiques bonnes pour la politique à papa et d'exhausser le vieux rêve de Platon en confiant enfin les rênes du pouvoir à des experts qui prometteraient une mondialisation heureuse et profitable à tous les peuples à condition qu'ils s'adaptent à la nouvelle donne économique et brisent les freins à l'investissement privé et à la création d'entreprise, laissant ainsi les marchés générer du bien public par le seul jeu harmonieux de la compétition des intérêts privés.

Bien sûr, les peuples n'étant en rien naturellement raisonnables et éclairés, il fallait faire de la pédagogie pour leur montrer que leur intérêt véritable était de se serrer la ceinture, ou bien encore mettre sur le devant de la scène une figure charismatique, ancien acteur, play boy ou chef d'entreprise de préférence, capable de les faire rêver par la force de son verbe ou d'un sourire désarmant. La vedette était annoncée par des séries de sondages montrant l'impatience du peuple à se voir dépossédé de son destin, sondages commandités et commentés par les magazines et les chaînes de télévision possédés par les grands manitous de la finance, lesquels passeraient ensuite des contrats avec les gouvernements nationaux ou leurs alliés et vassaux étrangers pour acquérir des marchés de construction d'armement, de routes et de palais présidentiels. C'était une époque bénie pour le monde de l'argent: l'épouvantail qui faisait peur aux électeurs et au personnel politique de gauche n'était plus le capitaliste sans scrupule mais l'ouvrier abruti par la télé poubelle et ses loisirs ringards qui s'abstenait aux élections ou votait pour des partis populistes d'extrême-droite. Dans le même temps, les rangs des syndicalistes étaient de plus en plus clairsemés, le salarié, soit qu'il pensât qu'entre son patron et lui, c'était gagnant-gagnant, soit qu'il craignit de perdre son poste ou sa prime d'employé modèle, ne voyant plus d'autre planche de salut pour lui que la débrouille individuelle et la compétition et râlant contre les planqués et les assistés qu'un Etat trop charitable s'obstinait à coucouner.

Un autre moyen de rendre les salariés dociles et compréhensifs par rapport aux objectifs de rentabilité de leurs employeurs était de les encourager à s'endetter en empruntant à gogo pour s'acheter les nouveaux gadgets vantés par la publicité omniprésente, des voitures ou des maisons qui satisfaisaient leurs aspirations à l'embourgeoisement. Comme le haut niveau de profit des entreprises et de leurs actionnaires reposait sur deux facteurs difficilement conciliables, à savoir des bas salaires et un haut niveau de consommation dans les pays développés, l'encouragement gouvernemental, bancaire et commercial au sur-endettement individuel, de la même manière que les délocalisations qui font pression sur les salaires tout en garantissant en contrepartie des marchandises à bon marché, aura permis un temps de surmonter la contradiction sur laquelle était assise la croissance des économies occidentales.

Le nouveau signe d'élection divine des peuples, cette fameuse croissance du PIB, était dopée ici et là par la hausse des prix de l'immobilier, qui attirait et était gonflée par les investisseurs privés, petits acteurs ou représentants des monarchies pétrolières, ainsi que des fonds de pension gérant les retraites par capitalisation des salariés américains. Le boom de l'immobilier offrait de surcroît des perspectives d'enrichissement bien au-delà des revenus du travail et faisait prospérer les entreprises du bâtiment. Les banques, parce que le marché était immense et juteux, ont commencé par consentir des prêts immobiliers à taux d'intérêt variable ou élevé à des citoyens aux revenus modestes aspirant à devenir propriétaires, soit qu'ils voulaient acheter et revendre, constituer une épargne par l'investissement dans le bâti, soit qu'ils étaient lassés de payer des loyers en hausse continuelle. Ces emprunts risqués ont ensuite été transformés, par un savant dispositif boursier inventé au début des années 2000, en actions à haut risque et fortement rémunératrices vers lesquelles se sont précipités les traders des grandes banques dont la fortune dépendait de la capacité à gongler rapidement les profits de leurs employeurs par le jeu boursier des achats et reventes opportunes dans le casino mondial de la bourse.

Mais voilà, comme cela devait arriver, de plus en plus de ménages ne sont pas parvenus à faire face à leurs échéances de remboursement à taux d'intérêt très élevé, les possibilités d'augmenter la demande en termes d'achat immobilier se sont taries, et les prix des maisons et des appartements ont commencé à baisser, provoquant un vent de panique sur les places financières, tous les traders cherchant à vendre leurs actions toxiques en même temps, ce qui a fait chuter vertigineusement la valeur de ces actions. De grandes banques d'affaires et de crédits se sont retrouvées dans la situation de ne plus pouvoir s'acquitter de leurs dettes, au bord de la faillite, cependant que l'économie, fragilisée par la crise du bâtiment annoncée, était menacée d'un assèchement total du crédit. Les Etats, après avoir entonné le couplet de la catastrophe imminente et de la nécessité de moraliser le capitalisme une fois l'avoir sauvé, ont donc vidé les poches des contribuables ou de leurs enfants en alourdissant la dette publique pour réinjecter de l'argent frais dans les coffres des banques. Celles-ci, après avoir fait profil bas un temps en suspendant provisoirement quelques parachutes dorés, quelques encaissements sonnants et trébuchants de stocks options, ont vite décidé qu'il fallait à leur tour ramener les Etats à une sobriété vertueuse.

Les agences de notation qui travaillent pour les grands acteurs des marchés ont donc commencé à distribuer des mauvais points aux Etats dont la dette avait grossi à la faveur de la crise financière de 2008, perte du « triple A » qui a fait grimpé de manière inquiétante les taux d'intérêts consentis par les acteurs financiers privés à ces Etats. Comme les dettes grecques, portugaises, espagnoles, irlandaises, sont à rembourser à échéance à des banques ou à d'influents investisseurs privés allemands, français, américains et autres, il n'était pas question pour les gens responsables qui nous gouvernent d'abandonner ces piliers de nos économies. Après les avoir durement sermonné et leur avoir fait sentir la générosité de la grâce qui leur était faite, le FMI, la Banque centrale européenne et les Etats les plus riches de l'UE ont donc consenti à prêter de l'argent aux mauvais élèves de l'Europe à des taux d'intérêt bien plus élevés que ceux accordés aux grandes banques au bord de la faillite quelques mois plus tôt, ces mêmes banques qui se refont une santé et des profits considérables en prêtant à des taux usuraires aux Etats pour les sauver d'une prétendue banqueroute qui ne signifierait rien d'autre en premier lieu que la mise en difficulté des créanciers privés.

Les gouvernements des pays visés par les agences de notation pour le poids de leurs déficits publics entonnent à nouveau la bonne chanson de la Crise, de l'heure grave et dramatique, pour faire accepter aux peuples les remèdes de cheval du FMI et de la banque centrale: réduction des salaires, suppression de services publics et de postes de fonctionnaires, durcissement des conditions d'attribution des minima sociaux, des allocations familiales et des allocations chômage, allongement de la durée de travail avant le départ à la retraite avec un taux de remplacement décent. Cette cure d'austérité permettra sans doute au secteur financier de se frayer de nouveaux marchés sur les vestiges du service public ou de la protection sociale. Elle empêchera sans doute aussi la relance de la croissance par le soutien à la consommation, l'appauvrissement des populations plongeant les économies dans le marasme, même si les grands groupes financiers continuent à bien se porter. La prise de pouvoir des banques et des marchés financiers dans les démocraties occidentales ne date peut-être pas d'hier, mais elle n'a jamais été aussi manifeste et manifestement dangereuse pour les populations. Mais, en fait, suffit-il comme le suggère le red devils Eric Cantona de retirer ses économies des banques pour mettre à bas ce système de privatisation des profits et de socialisation des pertes?

 

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 19:22

Communiqué envoyé le 25/01/11 à la presse...

Pouvoir jouir d'une retraite apaisée et digne en comptant sur l'appui de la collectivité pour faire face à sa perte d'autonomie est un droit fondamental que l'Etat doit garantir à tous par le biais de la Solidarité Nationale. S'occuper des vieux, c'est s'occuper du futur de chacun, faire vivre une société pour tous les âges.

C'est pourquoi les communistes morlaisiens entendent faire connaître leur inquiétude et leur colère face aux carences des politiques publiques dans le Finistère en matière de prise en charge des personnes âgées. De l'aveu même du président du conseil général, il manque 2000 places en maison de retraite dans le Finistère pour faire face aux besoins liés au vieillissement de la population et on n'en créerait actuellement que 70 par an dans le département, ces maisons de retraite ayant d'ailleurs trop souvent des tarifs journaliers inaccessibles à beaucoup de familles. Rappelons qu'en France les personnes âgées n'intègrent une maison de retraite pour des raisons de santé et de sécurité impératives qu'à 83 ans en moyenne et que 90% des places en maison de retraite construites depuis 2006 le sont dans le domaine privé en recherche de profit (pour un coût de 1500 à 3000 euros par mois en général). Parallèlement, plusieurs personnes âgées handicapées ou malades ont vu leur nombre d'heures d'aides à domicile financées par l'APA (Aide Personnalisée à l'Autonomie) amputé de manière significative par le conseil général, sous prétexte que le contexte économique ne permettrait plus de telles « largesses » de la collectivité.

En réalité, on sait tous que l'Etat a transféré aux conseils généraux des charges qu'il n'a pas compensé, qu'il les a étranglés financièrement en supprimant la taxe professionnelle et en gelant ses dotations tandis que les besoins de la population âgée et précaire augmentaient. L'APA (aide universelle qui variant en fonction des ressources et du degré de dépendance du bénéficiaire dont le montant moyen est de 500 euros) qui devait initialement être financée à 50% par l'Etat et à 50% par les conseils généraux, est aujourd'hui financée à 70% par les conseils généraux. Or, plutôt que de faire le choix de la résistance comme de nombreux départements face à cet assèchement intentionnel des ressources en continuant à couvrir les besoins sociaux, quitte à présenter un budget en déséquilibre pour alerter l'opinion, la majorité PS du conseil général a fait le choix de prolonger au niveau local les politiques de rigueur du gouvernement de droite. Cette résignation au moins-disant social se traduit également par un manque de soutien du conseil général aux 3700 salariés de l'ADMR (Aide à domicile en milieu rural), association historiquement gérée sans quête de rentabilité par des bénévoles, et aux 30000 familles finistériennes concernées par ces interventions à domicile. Le Conseil Général doit s'engager financièrement pour aider l'ADMR 29 et les associations qu'elle fédère à sortir de la mauvaise passe où elles se trouvent du fait de dépenses de prestige superflues et d'une gestion peu rigoureuse et il doit garantir aux personnels intervenant à domicile des plannings et des conditions de travail décents afin que les personnes âgées reçoivent des services de qualité. Rappelons qu'en 2010, il y a eu près de 5000 jours d'arrêt maladie chez les salariés de l'ADMR, ce qui est un signe de conditions de travail stressantes et difficiles qu'a confirmé, si besoin était, la démission en bloc du Comité Hygiène et Sécurité de l'ADMR. Rappelons aussi que si les associations ADMR cessent leurs activités, les familles n'auront d'autre recours que de faire appel aux sociétés privées à but lucratif de services à la personne favorisées par la loi Borloo de 2005 ou d'utiliser du personnel peu qualifié et précaire en chèque emploi-service.

Enfin, comment ne pas dire notre révolte devant le projet gouvernemental de réforme de la prise en charge de la dépendance qui obligerait à souscrire dès 50 ans à une assurance privée pour faire face, à la mesure de ses moyens financiers, à sa dépendance future, et créerait deux tarifs de l'APA selon que l'on accepte ou non la récupération sur le patrimoine que l'on laisse à ses enfants. Cette réforme supprimerait également pour le premier niveau de dépendance, le GIR 4, l'éligibilité à l'APA. C'est un projet profondément régressif et injuste qui, en marginalisant le financement de la prise en charge de la dépendance par la sécurité sociale au profit du financement individuel et familial, augmentera les inégalités entre retraités pour offrir au secteur assurantiel privé un marché très juteux. Nous appelons à l'inverse à la création d'un grand service public sanitaire et social garantissant à tous le droit de bien vieillir, financé par l'impôt redistributif et la cotisation sociale, et regroupant maintien à domicile, structures d'hébergement, hôpitaux et médecine de proximité en garantissant un statut et des formations de qualité au personnel.

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:58

Le 6 mai 2007, l'avocat d'affaires Nicolas Sarkozy fêtait son OPA sur la nation au Fouquet's avec les plus grandes fortunes de France qui ont favorisé son élection avec leurs médias et leurs réseaux et qu'il promettait de choyer en retour: Vincent Bolloré, Martin Bouygues (témoin de mariage du petit Nicolas et parrain d'un de ses fils), Bernard Arnaud, Serge Dassault, et les milliardaires Albert Frère et Paul Desmarais, actionnaires principaux de Total, Lafarge, et Suez.

Depuis 3 ans et demi, le bouclier fiscal et les facilités accordées à la non-imposition des revenus du patrimoine s'évadant dans les paradis fiscaux ou les niches fiscales, la dépénalisation du droit des affaires, l'allégement des droits de succession et de donation, l'ouverture du capital d'EDF et de la Poste, les cadeaux faits aux sociétés d'assurance et aux fonds d'épargne-retraite par capitalisation, manifestent toute l'étendue des relations incestueuses entre la haute finance et le pouvoir politique de droite. A l'opposé, l'affaiblissement considérable des services publics et de la protection sociale, le durcissement des conditions d'indemnisation des chômeurs et la précarisation des salariés, montrent bien combien les classes possédantes peuvent, dans un contexte de dérégulation de l'économie internationale renforcée par les orientations favorables au capitalisme financier de l'UE et du FMI, détricoter sans complexe l'ensemble des avancées sociales acquises de haute lutte depuis la Libération.

 

L'oligarchie qui nous dirige tente néanmoins de capter les suffrages des catégories populaires qu'elle saigne à blanc pour se légitimer démocratiquement. Pour cela, elle parie sur notre individualisme, instrumentalise nos angoisses face à l'insécurité et cultive les replis identitaires ou xénophobes. Pour servir sa politique de casse de l'Etat-Providence en faveur des plus riches, la majorité de droite ne cesse ainsi d'attaquer l'indépendance de la justice et les libertés individuelles au profit du tout-sécuritaire tout en mettant en application les idées nauséabondes du Front National en matière de criminalisation des migrants et des minorités culturelles.

 

C'est parce qu'ils ont conscience d'être les témoins d'une très grave régression de civilisation et d'une négation pure et simple des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui constituaient le socle de notre pacte républicain que des millions de Français ont trouvé les réserves d'indignation nécessaires pour se mobiliser plusieurs semaines durant afin de défendre, sans guère d'espoir de victoire, le droit de partir en retraite à taux plein à 60 ans et une autre répartition des richesses produites par le travail. Cette capacité de mobilisation des Français, intacte malgré le matraquage idéologique que nous infligent les médias pour fabriquer du consentement à la Réforme, est un encouragement au réveil des populations européennes qui sont si durement touchées par les conséquences des politiques néo-libérales. En même temps, nous voyons bien qu'en Espagne, en Grèce, au Portugal, des premiers ministres sociaux-démocrates mis au pouvoir par les électeurs de gauche acceptent de réduire les salaires et les minima sociaux, d'allonger la durée du travail, de d'amputer les services publics afin de satisfaire la Banque Centrale Européenne, le FMI, et les créanciers des Etats qu'ils gouvernent, ces mêmes banques qui trouvent le prétexte d'une dette publique qu'elles ont considérablement aggravée en 2008 du fait de leurs pratiques de spéculation financière et d'encouragement au surendettement pour briser tous les freins encore opposés à leur prise de contrôle des sociétés.

 

La dynamique actuelle du capitalisme, qui fait basculer toutes les régulations étatiques et les protections sociales depuis que s'est construit politiquement la mondialisation libérale, montre plus que jamais la nocivité de ce système tendant à faire de la compétition et de la recherche du profit individuel maximal les seuls modes de régulation sociale et sa capacité à faire régresser le niveau de vie des peuples des pays développés. Il est donc temps que les électeurs de gauche se rassemblent sur des bases de critique fondamentale du capitalisme et du libéralisme pour construire sans sectarisme le projet alternatif d'une société basée sur la coopération, la solidarité internationale et nationale, le respect des libertés individuelles et des différences, et enfin la préservation de l'environnement. C'est pourquoi le Front de Gauche, rassemblement en voie de progression et d'élargissement, tente depuis 2008 de s'associer toutes les énergies et toutes les réflexions citoyennes avec pour objectif est de récréer les conditions d'une prise de pouvoir par une gauche de transformation sociale ambitieuse, décidée à remettre véritablement en cause le pouvoir de la finance pour reconstruire du commun et remettre le principe d'égalité au cœur de l'ambition politique.

Ismaël Dupont

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:54

Comme nous l’avons tous remarqué, on ne peut pas lever le petit doigt en demandant un peu plus de moyens pour nos retraites, la sécurité sociale, les budgets des hôpitaux, … sans qu’à un moment ne survienne l’argument « vous n’y pensez pas : vous savez bien qu’il n’y a plus d’argent » ou « vous ne voudriez tout de même pas que l’on lègue une telle situation à nos enfants ?».

Et bien non, l’argent de manque pas : il n’y en a jamais eu autant ! Simplement il n’est plus là où il faut. En gros 120 milliards à 170 milliards d’Euros par an ont ripé du travail vers le capital. Ce transfert devrait être au cœur des débats actuels sur les « déficits de la dépense publique » : même avec les estimations basses, c’est plus d’une dizaine de fois le déficit de la Sécurité Sociale (12 milliards d’Euros) et une vingtaine de fois celui des retraites (5 milliards d’Euros) !

Or tous les débats médiatiques parlent de ces trous là, tandis que celui, combien de fois plus profond, creusé par les actionnaires dans la poche des salariés et dans le financement des cotisations sociales est lui, disons « oublié » !

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:48

 Au mois de novembre 2010 les personnels de Morlaix Communauté se mettaient en grève. Témoignage de Marc CORBEL l’un de leurs responsables syndicaux.

 

1 - Au coeur du conflit sur les retraites un autre conflit émergeait, celui des personnels communautaires des pays de MORLAIX. Pouvez-vous en rappeler les origines ? 

A l'appel de notre fédération nous avons organisé une réunion d'information avec le personnel de collecte de Morlaix-Communauté afn de savoir de quelle façon notre service pouvait s'inscrire dans le mouvement afin de lutter contre la réforme des retraites. Les agents ont souhaités profiter de ce mouvement pour porter des revendications locales. Dès le Lundi 18 Octobre à 5h30 le personnel de collecte s'est retrouvé sur le site de l'environnement pour commencer le piquet de grève et s'inscrire ainsi dans le mouvement. A 9h00 les agents ont intégrés le siège de Morlaix-Communauté pour transmettre un courrier au Président, ce courrier faisait part de l'implication des agents de Mx-Com dans la lutte contre la réforme des retraites mais il mettait aussi en avant les revendications locales (augmentation de salaire sur la base d'un 13ème mois et amélioration des conditions de travail). Comme les agents étaient dans les locaux du siège de Mx-Com nous avons improvisé une AG avec l'ensemble du personnel. A l'issue de cette AG et au cours des jours suivants, de nombreux agents administratifs nous ont rejoint. Après 8 jours de grève la détermination était telle que la collectivité a délégué un groupe d'élus pour venir négocier. Un protocole d'accord à été signé le Mardi 26 Octobre et l'activité des agents communautaire a pu reprendre dès le lendemain.

2 - La mobilisation et la détermination des personnels à été trés forte. Quelle a été la réaction de la population? Avez-vous eu des soutiens et lesquels?

Lors de la reprise de notre activité (collecte des ordures ménagères sur le territoire) nous (agents de la collecte) avons reçu une multitude de témoignages de la part des citoyens pour nous montrer leur solidarité, quelques réactions négatives, mais isolées, de la part de professionnels qui se trouvait dans des situations délicates pour assurer leurs activités.

Du fait que nous participions au conflit sur la réforme des retraites beaucoup de structures (autres syndicats, partis politiques, citoyens) sont venu sur le site de l'environnement (lieu du piquet de grève) pour nous témoigner leur solidarité, nous avons aussi reçu des courriers de soutien. Certains élus locaux ont aussi fait le déplacement pour prendre des informations sur l'objet du conflit et les attentes des agents de Mx-Com. Nous profitons de cet article pour les remercier de leur soutien durant ce conflit.

3 - Le président de MORLAIX-COMMUNAUTE, avec le soutien des maires, avait brandi le bâton contre les grévistes lorsqu'il parlait de l'utilisation de la force publique en même temps que la réquisition du personnel ou/et la mise en place d'une collecte parallèle. Quelle a été votre réaction à ses déclarations contre les grévistes?

Lorsque nous avons été informé de cette possibilité, nous avons interpellé le président de Morlaix Communauté pour lui affirmer que notre intention était de trouver un accord afin de sortir du mouvement de grève, nous ne souhaitions pas arrivé à une situation de bras de fer et faire en sorte que la mise en place de moyen privé aurait-été nécessaire. La pression de certains élus du territoire, le départ imminent du Marathon de St Pol - Morlaix, la détermination du personnel communautaire nous a permis de réaffirmer notre position. Les revendications devaient être traitées et nous devions trouver un accord en commun pour sortir du conflit.

4 - Après 9 jours de grèves des 80 agents un accord avait été trouvé. Quant est-il de l'application de vos revendications? Et que souhaiteriez-vous dans l'avenir ?

Le Mardi 26 Octobre un protocole d'accord à été signé à l'issu d'une journée de négociation sans la présence du Président de Mx-Com qui n'a assisté qu'à la dernière phase lors de laquelle il à validé le protocole en apposant sa signature. Le contenu de ce protocole : Une augmentation forfaitaire de 30 € Net par agent applicable dès le 1er Novembre 2010, la mise en place d'une commission mixte du personnel et la nomination d'un vice-président au personnel, la mise en place d'un CHSCT, une refonte des régimes indemnitaires pour le mois d'Avril 2011 avec effet au 1er Janvier 2011. A ce jour l'augmentation de 30 € n'est pas une réalité car aucun agent n'a perçu cette somme, nous avons demandés à la direction de se prononcer sur une date effective, l'échéance du mois de janvier 2011 a été évoqué nous restons donc vigilant jusque là. La commission mixte prend forme sans toute fois avoir un vrai vice-président au personnel car cette compétence reste du domaine de l'ancien vice-président qui est déjà en charge des Finances et de l'Administration générale. Le CHSCT devrait se créer avant la fin du premier trimestre 2011. Le travail sur la refonte des régimes indemnitaires devrait commencer avec la mise en place de la commission mixte.

Pour l'instant très peu de concrétisation, le syndicat restera donc vigilant sur la mise en place des différentes structures au sein de la collectivité et sur le versement des sommes dues aux agents, faute de quoi nous serons dans l'obligation de reprendre l'action qui a été suspendue.

Pour cette année 2011 nous espérons que les instances paritaires (CTP - CHSCT) reprennent leurs droits et que le travail de la commission mixte permette aux agents communautaires de s'épanouir dans l'accomplissement de leurs missions communautaires.

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:42

 

La décision de la majorité municipale de Morlaix appelle plusieurs remarques :

1 – le principe fondamental de libre accès à l’espace public ne peut être restreint que pour des motifs d’intérêt général...dont ne fait évidemment pas partie la volonté d’effectuer une bonne opération financière pour la ville

De même rien ne peut justifier que la ville ait à payer à un privé (ou compenser) pour pouvoir utiliser cet espace (marché, manifestations culturelles, sportives, …)

2 – le stationnement payant ne peut être acceptable que s’il a pour but de favoriser l’accès là où des problèmes se posent. Il n’a donc aucune justification dans les lieux ou aux moments où l’offre est satisfaisante (dimanche, jours fériés, lundi, …) Il doit cohabiter avec une offre suffisante de stationnement gratuit et non inciter (pour des raisons de gestion) à sa diminution

3 – La mise sous barrière est un choix technique. En aucun cas elle n’induit que le mode de gestion soit privatisé (la ville peut très bien gérer elle-même le fonctionnement).

4 – Le problème du stationnement ne peut se concevoir au centre ville sans une prise en compte globale de la problématique circulation/stationnement qui inclue :

a. l’aménagement de la gare (où la topographie offre des possibilités de stationnement importantes) et sa liaison mécanique avec le centre ville dont la réflexion avait été initiée par la précédente municipalité.

b. la création de parkings de dissuasion aux entrées de ville et la mise en place de navettes gratuites.

c. une véritable politique de transports en commun avec une réflexion sérieuse sur la possibilité de mise en place d’une tarification qui puisse aller jusqu’à la gratuité.

 

Tout ceci nécessitant bien entendu une collaboration avec Morlaix Communauté qui exerce la compétence « transport »

Déléguer pour 8 ans le stationnement à une société privée dont l’objectif est et restera le profit, prendre en compte la circulation et le stationnement, préparer l’avenir, tout cela ne peut se faire sans informer la population et l’associer à la décision.

Alain DAVID

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:37

Il ne sera pas dit que la neige aura été la seule responsable des coups de froid de décembre 2010. L'annonce dans la presse régionale des budgets prévisionnels des collectivités territoriales manifeste bien comment l'Etat UMP, en transférant aux collectivités des compétences sociales non compensées à long terme par des dotations équivalentes, en réformant la fiscalité au profit des entreprises et des hauts revenus, en faisant de la saignée dans les dépenses publiques son seul leitmotiv, est responsable de l'étranglement financier des communes, communautés de communes et départements.

La crise sociale relancée par le crack financier de 2008 exigerait plus que jamais que les collectivités jouent pleinement leur rôle d'investisseurs autonomes pour l'emploi, l'attractivité économique des territoires, et les politiques de solidarité et de cohésion sociale.

Au contraire, le gel des dotations de l'Etat et la suppression de la taxe professionnelle forcent communes, conseils généraux et régionaux à des politiques d'austérité dont les premières victimes sont les agents territoriaux, les associations qui oeuvrent à la vitalité culturelle et sociale des territoires et les familles en attente de crèches, de solutions pour les personnes âgées dépendantes, d'accès facilité à la culture et aux loisirs.

Ainsi, le Conseil Général du Finistère annonçait qu'il allait baisser ses investissements de 150 millions d'euros en 2011.

Ainsi Morlaix Communauté, anticipant la fin de la compensation extraordinaire de l''Etat pour faire face à la suppression de la taxe professionnelle, qui fera passer 7 milliards d'euros par an des caisses de la collectivité à celles des entreprises, prévoit elle aussi de prendre le tournant de la rigueur. Les personnels de la collecte des ordures et des services administratifs de Morlaix-Communauté peuvent déjà témoigner, eux qui se sont courageusement battu pour une meilleure rémunération et une plus grande considération lors des mobilisations pour la défense des retraites, des tristes conséquences de ces objectifs d'économie budgétaire sur les conditions de travail et de rétribution.

La majorité municipale de Morlaix continuera quant à elle, en 2011 comme en 2009 et en 2010, à prolonger la politique nationale de l'UMP dont elle est solidaire en taillant dans les dépenses sociales et culturelles de la ville alors qu’une part importante de la population morlaisienne vit la précarité au quotidien : en 2006, selon l'INSEE, et les chiffres n'ont guère pu aller en s'améliorant avec le contexte de crise économique, il y avait à Morlaix 45% de ménages non imposés sur les revenus, 12,5% de la population percevant les minimaux sociaux, la moitié des allocataires des Allocations Familiales vivant en-dessous du seuil de pauvreté.

Alors qu'il faudrait une politique publique ambitieuse pour faire vivre le dynamisme économique et la solidarité au niveau local, la municipalité passe son temps à justifier ses économies de bout de chandelle réalisées sur le dos des acteurs sociaux et culturels de la ville et ses hausses d'impôts en dissimulant la responsabilité de l'Etat pour communiquer à l'inverse à satiété sur la situation financière prétendument catastrophique laissée par ses prédécesseurs. Elle oublie ainsi qu'ils devaient faire face, eux aussi, à la disproportion entre la maigreur des recettes fiscales de Morlaix (liée à la forte proportion de catégories populaires et à l'installation de la plupart des entreprises dans les communes périphériques) et le poids financier de ses équipements publics utilisés par tous les habitants des communes riveraines. De plus, les ficelles de cette argumentation sont connues, pour être maniées trop régulièrement par le très arrogant François FILLON : la collectivité est au bord du naufrage financier, donc, pour

préserver le navire et ne pas couler, jetons toute la cargaison des investissements publics et des dépenses sociales par dessus bord.

En 2009, le gouvernement, grâce au rapport grassement rémunéré du revenant ultra-libéral Edouard Balladur, a trouvé un outil terriblement efficace pour faire des coupes sombres dans les dépenses publiques et mettre au pas la démocratie locale : la réforme des collectivités territoriales.

Après avoir été entériné en novembre à une courte majorité de 4 voix par le Sénat, ce remodelage administratif et politique devrait prendre effet d'ici deux à trois ans. Il prévoit que les 5660 conseillers généraux et régionaux seront remplacés par 3471 conseillers territoriaux élus sans contrainte de parité et de non-cumul des mandats lors d'un scrutin uninominal à un tour au niveau des cantons, et qu'ils siègeront à la fois au niveau régional et départemental.

La réforme du mode d'élection est faite pour renforcer le bipartisme UMP-PS, permettre à des candidats qui n'obtiendraient que 20 à 25% des suffrages des électeurs de les représenter. Elle aura pour effet d'empêcher le renouvellement du personnel politique, le rajeunissement et la féminisation des élus qu'assure bien mieux le scrutin de liste et la proportionnelle des élections régionales actuelles.

Quand bien même, malgré la volonté évidente de l'exécutif, des majorités UMP ne se dégageaient pas mécaniquement de ces élections locales, les conseillers territoriaux seraient de toute manière placés, tout comme les communautés d'agglomération, sous le contrôle étroit d'un super-préfet de région et ne jouiraient que d'une autonomie budgétaire réduite à la portion congrue. En effet, aujourd'hui, en dehors de leurs compétences obligatoires, dites d'attribution (financement des services sociaux, de la voirie, des collèges et des lycées...), les conseils généraux et régionaux bénéficient d'une « compétence générale » leur permettant de prendre des initiatives propres pour investir en coopération avec les communes et les communautés de commune dans des projets environnementaux, de solidarité, ou d'aménagement du territoire. Cette clause générale de compétence qui permettait jusque là aux assemblées locales de ne pas servir simplement de chambres d'enregistrement des décisions de l'Etat gérant la pénurie causée par des dotations étatiques en diminution constante ne bénéficiera bientôt plus qu'aux communautés de commune.

Seule l'autonomie des centres urbains (et particulièrement de ceux de plus de 500000 habitants qui auront un statut de « métropoles » se substituant aux collectivités préexistantes – communes, communautés et Conseil Général- et percevront la totalité de la fiscalité locale sur leur territoire, sauf la taxe foncière) va être accrue par la réforme des collectivités territoriales. Ceux-ci seront même invités à rentrer dans une logique de concurrence pour attirer les investisseurs et à se désintéresser des politiques d'aménagement du territoire et de solidarité vis à vis des périphéries urbaines ou rurales moins favorisées.

Comme l'a dit avec force l'ancien ministre communiste de F. Mitterrand, Anicet Le Pors (source: le monde.fr), qui est un des fers de lance du combat contre cette réforme d'inspiration néo-libérale, sous prétexte de réduire « le mille-feuilles administratif », source supposée de dépenses publiques superflues, Sarkozy tend à faire disparaître les moyens d'une politique de coopération entre les territoires et à réduire à néant les pouvoirs et l'autonomie de la triade démocratique « commune – département - nation » au profit de la triade technocratique et économique « communauté de commune – région - Europe », assurant ainsi le primat de l'économie sur la politique.

Ismaël DUPONT

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