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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 16:43

La droite est tombée si bas qu'elle perd la majorité dans une Assemblée qui a été conçue pour être dominée par les notables conservateurs capables de tempérer et d'immobiliser les ardeurs réformatrices de l'Assemblée Nationale, seule émanation directe et réellement légitime de la volonté générale du peuple.

Si le basculement de la majorité au Sénat a été rendu possible par les succès répétés de la gauche et principalement des socialistes aux élections municipales, régionales, départementales, depuis 2002 (la droite n'a fait bonne figure qu'aux Présidentielles et aux législatives de 2007), il traduit aussi, au-delà des divisions de la droite qui reflètent un sentiment d'affaiblissement autant que des contradictions d'intérêts, l'exaspération des élus de terrain face aux pratiques mafieuses de ce pouvoir (affaire Clearstream, affaire de Karachi et des retrocommissions sur ventes d'armes, les malettes d'Omar Bongo et de Liliane Bettancourt...), et aussi face à ses politiques de recentralisation et de casse des services publics et de la protection sociale véhiculées en partie par la réforme des collectivités territoriales.

Une majorité de gauche à l'Assemblée aurait en 2012 les moyens de faire passer des réformes audacieuses sans craindre le blocage et la guerre de tranchées au Sénat. Des enquêtes parlementaires pourront enfin être conduites en toute indépendance sur les pratiques illégales de l'exécutif. Et la droite n'aura pas les moyens d'imposer à marche forcée d'ici 2012 la constitutionnalisation de la rigueur incarnée par sa fameuse règle d'or. C'est une excellente chose.

Le renouvellement des élus et l'entrée au Palais du Luxembourg, en lieu et place de dinosaures de droite connus pour leur népotisme, d'élus désintéressés, travailleurs et atypiques comme Joël Labbé, maire de St Nolff très à gauche (nouvellement à EELV) ou Michel Le Scoarnec (le maire communiste d'Auray), est enthousiasmante. Dans le Morbihan, département historiquement conservateur s'il en est (en dehors de la région lorientaise), comme le fait remarquer Ouest France aujourd'hui, la gauche n'avait eu pendant la Vème République qu'une seule et unique sénatrice: ils sont maintenant trois nouveaux sénateurs de gauche à la remplacer. C'est historique...

Pour le PCF et le Front de Gauche, le plaisir est tempéré par la perte de 3 sièges de sénateurs d'un point de vue global: mais nos élus seront assurément plus utiles à l'intérieur d'une majorité de gauche dominée par le PS qui aura besoin de leurs voix la plupart du temps, et plus encore sans doute de leur force de proposition. 

Voici la réaction de Pierre Laurent lue sur le site internet du Point: 

 

   

 

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a dit, dimanche, sa "grande satisfaction" de voir le Sénat, "citadelle de la droite", basculer à gauche à sept mois des échéances de 2012, malgré la perte de trois sénateurs dans le groupe CRC-SPG sur les vingt-quatre qu'il comptait. Le Sénat était une "citadelle de la droite depuis le début de la Ve République avec un scrutin taillé sur mesure pour la droite", il va désormais "pouvoir jouer un rôle de point d'appui au mouvement de résistance contre la politique de la droite", a-t-il dit. C'est une "grande satisfaction de voir le Sénat basculer à gauche à sept mois des échéances" de 2012 (présidentielle et législatives), a ajouté le numéro un communiste. Dans ce scrutin sénatorial, le PCF a perdu deux sièges, un en Seine-Saint-Denis "de seulement quelques voix" et un autre (le sortant Bernard Vera) dans l'Essonne "dû à une situation compliquée" avec une liste dissidente PS face à la liste d'union PS-EELV-PCF, selon Pierre Laurent. En revanche, "un siège a été gagné dans le Morbihan" avec Michel Le Scouarnec (PCF), a-t-il souligné. Le groupe CRC-SPG (communistes et Front de gauche) comptait 24 sénateurs (21 communistes, 2 du Parti de gauche et 1 du PC réunionnais), il en compte désormais 21. "Nos listes ont progressé dans la plupart des départements en termes de voix", que ce soit sur les listes Front de gauche ou celles d'union avec le PS, a-t-il dit, soulignant la "progression de l'influence du Front de gauche", ce qui pourtant "ne se retrouve pas en nombre de sièges" du fait du mode de scrutin, selon lui.

 

 

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 13:49

 

 

troy davis

 

Malgré les 20 ans pendant lesquels Troy DAVIS a crié son innocence du meurtre d’un policier blanc pour lequel il a été condamné à mort en quelques heures.

Innocence qu’il a revendiquée jusqu’au moment de la piqûre fatale qui lui a donné la mort.,

 

Malgré l’absence de toute preuve matérielle et en particulier de l’arme du crime (la condamnation ne reposant alors que sur des témoignages),

 

Malgré la rétractation de sept des neuf témoins qui l’avaient « reconnu »,

 

Malgré les pressions de la police que ces témoins déclarent avoir subies (des adolescents noirs dans un commissariat dont l'un des policiers venait d’être tué),

 

Malgré les centaines de milliers d’appels à la retenue émanant d’institutions, d’états, de célébrités comme de citoyens anonymes,

 

 

ILS ONT OSE !!! ILS ONT TUE DE SANG-FROID UN ADOLESCENT (au moment des faits) QUI A PASSE ENSUITE 20 ANS DANS LE COULOIR DE LA MORT

 

Je suis d’accord avec Robert BADINTER : c’est un crime, un assassinat judiciaire.

Mais c’est aussi une déroute de la « démocratie » états-unienne.

 

 

Au moment où, surfant sur l’échec de la politique sécuritaire de SARKOZY et sur le mal-vivre de couches de plus en plus larges de la population, certain-e-s veulent remettre en cause l’abrogation de la peine de mort, c’est aussi un combat qu’il appartient à tous les démocrates de mener dans notre pays.

 

 

Alain DAVID

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 16:42

  Roms à la rue à Brest

 

En 2007, Nicolas SARKOZY nous promettait qu'il n'y aurait plus personne à la rue. En 2011, dans tous les départements, de très nombreuses familles dorment encore dehors. Les promesses n'ont, une nouvelles fois, pas été tenues.

 

Cet été 2011 c'était donc au tour de Benoit APPARU, secrétaire d'Etat au logement, d'annoncer de nouveaux objectifs, revus nettement à la baisse. Face à la démission de Xavier EMMANUELI, en charge du SAMU SOCIAL, celui-ci a ainsi annoncé qu'il ne voulait plus voir d'enfants dans les rues de la capitale. Qu'en est-il depuis? Des places supplémentaires ont-elles été ouvertes? Non, bien sûr. Le gouvernement est passé maître dans l'art du double discours.

S'il y a moins d'enfants aujourd'hui dans les rues de Paris c'est qu'il a été décidé de financer des billets de trains aux familles plutôt que des hébergements, pour mieux « répartir la charge » sur les territoires. Résultat, les DDCS (directions départementales de la cohésion sociale), les plateformes d'accueil et les 115 sont débordés dans nos départements. Tous les dispositifs sont à leur tour engorgés en province car rien n'a été fait, au ministère et dans les préfectures, pour préparer l'arrivée massive des populations déplacées.

En Bretagne, des baisses budgétaires sont annoncées pour 2012 alors même que les demandes d'asiles ont augmentées de 40% dans la région cette année. Les plateformes chargées de l'accueil et de l'hébergement des étrangers sont surchargées. Pour résoudre ce problème, ou plutôt le déplacer, il est demandé au SIAO-115, le dispositif d'hébergement d'urgence des personnes de droit commun, de répondre à la demande supplémentaire occasionnée, sans contre-partie financière.

Conséquence: l'enveloppe budgétaire allouée en 2011 à ces dispositifs est déjà bien amputée et l'on craint de ne pouvoir répondre à la demande cet hiver. Les DDCS, qui financent, demandent donc aux 115 de laisser à la rue certaines catégories de population, les sans-papiers et les Roms en premier lieu.

Le principe d'inconditionnalité de l'assistance à personne en danger fixé par la loi n'est pas respecté, et les pratiques discriminatoires se développent. Aucune consigne n'est donnée par écrit, mais la pression mise par le ministère sur les préfectures, les DDCS et les opérateurs associatifs est bien réelle. Les associations sont prises en tenaille entre les valeurs qu'elles défendent et la volonté de l'état qui les finance.

Les sans-abris sont aujourd'hui abandonnés par un gouvernement qui est prisonnier de ses contradictions. Officiellement, l'État demande à ce que toute personne en situation de danger soit mise à l'abri. Officieusement, il demande que soient laissées à la rue les personnes seules et les familles lorsqu'il s'agit de ménages roms ou de personnes dont la demande d'asile a été déboutée.. De nombreuses familles avec des enfants en bas âge dorment ainsi dehors sans que l'État ne réagisse.

En réaction à cela, les associations militantes se mobilisent et font pression sur l'État par voie de presse ou de justice. Piégées entre le discours officiel et les directives informelles qui leur sont données, Préfectures et DDCS ne savent plus que faire. Aucun positionnement clair n'est donné. Les décisions se prennent au jour le jour, heure par heure, au détriment des familles. A la précarité de leurs situations s'ajoute donc l'angoisse quotidienne de l'attente d'une hypothétique solution pour la nuit. Aucune solution à long terme n'est apportée. On repousse continuellement le problème au lendemain, ou on le déplace au département voisin... L'objectif est, ni plus, ni moins, d'user physiquement et psychologiquement les migrants pour les pousser au départ.

Si les familles avec des enfants de moins de 3 ans sont épisodiquement hébergées c'est moins pour des raisons humaines que politiques. C'est la peur de l'article ou du procès qui guide les services de l'Etat dans leurs choix. Les décisions sont prises en fonction des réactions des associations militantes et des conditions climatiques. Parfois, certaines personnes laissées dehors et accompagnées par ces associations se font hospitaliser et espèrent bénéficier d'un hébergement à leur sortie pour raison médicales. Mais cela ne marche pas toujours, la DDCS et les centres hospitaliers se rendant la balle.

Malgré tout, hébergées par intermittence, les familles entretiennent l'espoir de solutions durables et affluent chaque jour plus nombreuses. Le problème est donc sans fin. Les dispositifs d'hébergement d'urgence sont au bord de l'explosion alors même que l'hiver approche. Il n'y a plus d'argent pour faire face à la demande. Sarkozy va t-il enfin agir pour les plus démunis et tenir ses promesses.

 

Tangi LE COZ,

 

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 19:21

 

 

Il n'existe pas encore de vidéo du discours de clôture de Pierre Laurent à la Fête de l'Huma sur le WEB mais voici le lien avec le sîte de l'humanité pour retrouver sa version écrite:

 

http://www.humanite.fr/politique/pierre-laurent-tenez-vous-prets-479729

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 06:00

Comment des révolutionnaires proclamés et M. Dominique Strauss-Kahn peuvent-ils simultanément invoquer Jean Jaurès ? Pourquoi continue-t-on de se demander si le tribun pacifiste qui harangua en 1913 les foules du Pré-Saint-Gervais contre la prolongation du service militaire aurait, un an plus tard, rejoint l’Union sacrée lors du déclenchement de la première guerre mondiale ? Peut-être le journaliste Jaurès, auteur prolifique (1312 articles dans La Dépêche de Toulouse, 2650 dans L’Humanité), a-t-il produit tellement de munitions que celles-ci ont pu ensuite alimenter toutes les artilleries intellectuelles. Le chef socialiste « n’a pas peur de se répéter », de frapper sur le même clou. Mais, dans une période aussi agitée que la sienne (1859-1914), on doit parfois modifier son appréciation des dangers et des priorités. La défense de la laïcité, par exemple, devient moins pressante quand l’Eglise « n’est plus capable de grands élans » et quand « l’argent menace plus que le cléricalisme ». Selon Charles Sylvestre, deux fils rouges équilibrent néanmoins chez Jaurès tous les changements de perspective et permettent, aujourd’hui encore, de distinguer les disciples des imposteurs : « Faire du sort réservé aux ouvriers la mesure en tout » ; « Qui ne pose pas la question de la propriété n’est pas socialiste ». Serge Halimi , Le Monde Diplomatique

 

 

  la passion du journalisme

 

 

Charles Silvestre, ancien journaliste et rédacteur en chef adjoint de l'Humanité, président de l'association des Amis de l'Humanité, sera invité par la section PCF de Morlaix le lundi 7 novembre à 20h, salle du Cheval Blanc à Plourin les Morlaix, pour y animer une conférence-débat sur "Jaurès journaliste". Cet homme passionné et truculent cherchera à retrouver les moments d'élaboration d'une pensée politique au fil des évènements qui interpellaient Jaurès chroniqueur de l'actualité (le boulangisme, le scandale de Panama, la répression des grandes grèves de mineurs, viticulteurs, fonctionnaires, l'affaire Dreyfus, les aventures coloniales...).

 
 

 

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 18:38

Dans les pages Finistère du Ouest France du vendredi 9 décembre, le député socialiste du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, s'indignait à juste de titre des conséquences de la décision prise par le gouvernement Fillon, dans le cadre du renforcement de la politique de rigueur, de doubler la taxe sur les mutuelles, remarquant que les 1,1 milliards de recettes fiscales supplémentaires ainsi prélevées sur les revenus des classes moyennes et populaires pesaient bien lourd par rapport aux 200 millions d'euros gracieusement concédés à titre exceptionnel par les très très grandes fortunes (plus de 500 000 euros de revenus par an) en échange bien sûr de la suppression de l'impôt sur les grandes fortunes (2 milliards de recettes en moins). Mais on fait croire que l'austérité qui s'imposerait à tous est équitablement répartie car les riches contribuent davantage à l'effort de l'austérité...

Cette surtaxe sur les mutuelles va entraîner une augmentation de leurs tarifs équivalant probablement en moyenne à un mois de cotisation supplémentaire pour les salariés, les retraités, et les précaires. Sachant que les déremboursements partiels progressifs par la Sécurité Sociale du 2003 du séjour hospitalier, de consultations médicales et de soins divers et de nombreux médicaments rendaient déjà les mutuelles plus chères, moins accessibles et pourtant toujours plus nécessaires pour faire face à la maladie ou la prévenir, cette nouvelle pression sur les mutuelles se répercutera fatalement sur leurs usagers et risque d'éloigner de leurs services des millions de français qui n'auront plus les moyens d'accéder aux complémentaires santé et hésiterons à engager de gros frais pour se soigner, ou ne le pourront tout simplement pas. L'accès au soin, affirme ainsi à raison M. Urvoas, devient « de plus en plus coûteux et inégalitaire. 50% des dépenses courantes de santé sont désormais à la charge des patients. Se soigner devient un luxe ».

Devant cette opposition résolue d'un responsable socialiste à la casse du système de santé publique français, on est plutôt rassuré et on se dit qu'il y a sans doute de bonnes choses à attendre d'une éventuelle victoire de la gauche en 2012, du moins dans ce domaine, mais il suffisait ce 9 décembre de revenir en page 4 du Ouest France pour lire en gros titre:

« La Cour des comptes s'alarme du trou de la Sécu »

Et en sous-titre, au dessus de la photo du très consensuel ancien responsable socialiste de la commission des Finances au Parlement du début de l'ère Sarkozy:

« L'hémorragie du déficit (30 milliards) est trop forte, affirme son président, Didier Migaud. Il préconise un traitement de choc sur les médicaments, l'hôpital, l'emploi...Aie, aie, aie! ».

On nous prévient déjà car il s'agit encore et toujours de fabriquer du consentement par l'appel à la raison, à la clairvoyance: c'est vrai que cela fera mal mais il n'y aura pas d'autre alternative que de se soigner moins ou de payer plus pour rester en bonne santé ou la retrouver car il y a un très gros trou (30 milliards d'euros...) dans la caisse de la Sécu, un déficit qui s'épand à la manière d'une hémorragie, et au final, il faudra bien l'éponger et c'est vous qui allez le faire, quelle que soit la majorité au pouvoir en 2012...

Et cela fera mal, très mal - aie, aie, aie... -mais il faut comprendre que la saignée s'impose en toute logique comptable, pour des raisons de bonne gestion.

Migaud et sa cour des comptes sont formels: le déficit de la Sécu n'est pas d'abord et avant tout la conséquence du chômage de masse, de la généralisation des bas salaires, de la dégradation des conditions de travail et des conditions de vie liée aux nouvelles formes de management et au stress dû à la précarisation des salariés, ou encore l'effet des baisses de cotisations patronales et de la crise économique qui balaie l'Europe depuis 2008 et les remous sur les marchés financiers rendus fous de spéculation par leur libéralisation, phénomènes créés ou aggravés par les politiques libérales menées depuis 30 ans.

Non, le déficit de la Sécu aurait essentiellement des origines culturelles, il renverrait à des traditions ou à un tempérament national à l'origine obscur qui rendrait les français « accros » aux consultations, drogués aux médicaments. Il va donc falloir les désintoxiquer et la meilleure manière de le faire, comme quand il s'agit de limiter la consommation de tabac, est de rendre ces services toujours plus onéreux. Le journaliste de Ouest-France, Paul Burel commente ainsi: « la Cour des comptes réclame du sang et des larmes ».

Pour preuve, Didier Migaud ne s'en tient pas à préconiser encore et une nouvelle fois des déremboursements, des réductions de prise en charge par la solidarité nationale. Non, il légitime et exige un renforcement de la réforme libérale de l'hôpital, pourtant souvent condamnée sur un plan local par les socialistes, comme à Morlaix lors du dernier conseil municipal en juin 2011: il faut de toute urgence une « cure d'amaigrissement pour l'hôpital...les marges de manœuvre sont considérables en matière de compétitivité et de restructurations ». Migaud préconise également de continuer à supprimer des postes de fonctionnaires à la Sécurité sociale (6000) en supprimant les feuilles de soins sur papier.

 

Le 18 décembre 2010, Le Télégramme présentait un dossier très instructif sur une pleine page dont le titre était « le luxe de se soigner ». Citons-le car il rappelle certains hauts faits passés presque inaperçus dans les médias (mais pas dans les pharmacies et les cabinets médicaux) des gouvernements de droite qu'il convient de se remettre en mémoire:

 

« Avril 2003. 617 produits pharmaceutiques voient leur taux de remboursement fondre brutalement. Et 80 autres sont déremboursés du jour au lendemain, car considérés comme peu efficaces dans le traitement de certaines pathologies. Mars 2006, 152 médicaments sont à nouveau recalés de l'arsenal thérapeutique remboursé. Avril 2010, de nouvelles mesures donnent naissance à la vignette orange qui estampille désormais 170 médicaments remboursés à hauteur de 15% au lieu de 35% précédemment. Étape intermédiaire avant de tomber dans les oubliettes des produits déremboursés... Cette action a... eu des répercussions désastreuses pour les foyers les plus modestes. Depuis quelques mois, il n'est pas rare d'avoir à se délester d'une trentaine d'euros au comptoir de la pharmacie pour guérir une bronchiolite, une angine ou toute autre affection hivernale souvent bien douloureuse ». Un pharmacien d'un quartier de HLM de Vannes, Ménimur, offre ensuite un témoignage intéressant: « selon lui, de nombreux déremboursements ont été fixés dans le but de faire des économies. « Certains médicaments visés sont vraiment efficaces. Je pense notamment aux sirops contre la toux, aux collutoires contre les maux de gorge, aux expectorants. On peut difficilement faire sans. Le discours sur leur inefficacité, c'est du pipeau. Si c'était vraiment le cas, les médecins ne les prescriraient pas... Il n'est pas rare (désormais) de voir des gens refuser de prendre un produit. Pour eux, ils sont souvent hors de prix » ». A Saint Brieuc, un autre pharmacien constatait il y a 8 mois que de plus en plus de gens « sautent la cause médecin » pour ne pas payer le prix de la consultation, sachant qu'il leur prescrira quantité de médicaments non ou faiblement remboursés. De ce fait, les disparités entre les patients sont de plus en plus flagrantes, regrettait cette pharmacienne : « Nous sommes inquiets car on s'oriente vers une médecine à deux vitesses. Les maladies du quotidien, qui sont parfois douloureuses, ne sont plus prises en charge. Seules sont remboursées les surinfections et les pathologies lourdes ».

 

S'attaquer à la prise en charge par la sécurité sociale, ce n'est pas se soucier des générations futures en réduisant une dette qui pèserait d'un fardeau écrasant sur elles... Elles naîtront peut-être moins nombreuses et vivront moins longtemps si on continue de la sorte. C'est plutôt réduire cyniquement, alors que les Français n'ont jamais produit autant de richesses par leur travail (lesquelles ont rarement été aussi mal réparties) les revenus indirects en termes de prestation sociale du grand nombre afin de faire passer toujours plus de pans de la dépense des familles de la prise en charge collective mutualisée par la Solidarité Nationale à la prise en charge privée par le biais de systèmes d'épargne ou d'assurance privée. Au final, ce sont les entreprises que l'on cherche à taxer moins en limitant au maximum les cotisations sociales et les revenus financiers que l'on cherche à doper à leur livrant en pâture la sécurité sociale comme on l'a fait avec la retraite par répartition.

Face à cette politique de classe qui démantèle la solidarité nationale pour confier toujours plus de secteurs de l'existence et de l'activité sociale aux marchés financiers, le Front de Gauche, dans son projet pour 2012 intitulé « L'Humain d'abord », entend imposer la prééminence du droit à la santé et du devoir de solidarité.

Les médicaments efficaces et les dépenses de santé seront à nouveau remboursés à 100%, tout comme les soins liés à la perte d'autonomie. Le financement des dépenses de santé individuelles sera garanti par un système fiscal redistributif donnant à chacun selon ses besoins et prenant à chacun selon ses moyens. Nous commencerons par en finir avec les 30 milliards d'euros annuels d'exonérations de cotisations sociales patronales sans réelle efficacité pour lutter contre le chômage, 30 milliards qui correspondent curieusement au poids du trou de la Sécu.

Le prix des médicaments sera contrôlé à travers le développement des médicaments non rentables par la recherche publique et la généralisation de leur prescription par les soignants. La création d'un pôle public du médicament y aidera et permettra un encadrement plus strict des pratiques commerciales des laboratoires pharmaceutiques. Nous contrôlerons également davantage les pratiques de dépassements d'honoraires des médecins. Nous établirons une couverture nationale de santé égale sur tout le territoire et reviendrons sur toutes les restructurations de l'hôpital public qui le fragilisent dans la concurrence avec les cliniques privés, l'éloignent des usagers et de leurs besoins au profit du triomphe des logiques comptables et de l'exigence d'auto-financement. Nous augmenterons le nombre d'étudiants appelés à devenir médecins et lancerons un grand programme de formation de toutes les disciplines de santé libéré de l'influence des laboratoires pharmaceutiques.

La santé est notre bien commun et pour la garantir à tous dans la mesure des possibles de la nature et des progrès de la science et de l'art humain, il faut un effort national reposant prioritairement sur les plus aisés.

 

Ismaël Dupont.

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 06:19

Le recul de la décennie n’a pas effacé l’intensité du terrible choc de cet événement mondial communément baptisé « le 11 septembre », avec la destruction des deux tours du « World Trade Center ». Symbolique, car ces tours avaient été ainsi baptisées parce qu’elles devaient indiquer le lieu où battait le cœur économique et financier du monde capitaliste occidental. Acte de barbarie vécu par des milliards de téléspectateurs, imprégnant les mémoires, qui fut, quelques temps après la chute du mur de Berlin, un nouvel événement de rupture dans l’histoire.

Les dirigeants américains qui, pour combattre les pays du bloc soviétique et aussi les pays non alignés cherchant des voies d’émancipation, ont favorisé le fondamentalisme islamique, venaient de subir une attaque sur leur propre territoire, de ceux-là même qu’ils avaient créés, nourris et contribué à développer. Au-delà des trois mille morts qu’elle a engendré, de la destruction d’un quartier des plus emblématiques de New-York, le peuple nord-américain a été d’autant plus traumatisé que ses dirigeants n’avaient cessé de faire croire qu’ayant gagné la guerre froide contre le système soviétique, ils étaient désormais en sécurité et pouvaient envisager un avenir paisible, voir prospère. Les années de gouvernement de B. Clinton donnaient d’ailleurs pour une part raison à cette thèse.

Mais dans un monde globalisé, aucun pays ne peut vivre dans la prospérité quand l’immense majorité des peuples vit dans le dénuement le plus total. C’est sur la misère et la pauvreté qu’a prospéré un fondamentalisme terroriste faisant confondre les idéaux généreux de l’islam avec un intégrisme islamique. Prétexte utilisé par un bushisme, tout aussi intégriste, appelant lui aussi à de prétendus ordres de dieu pour, au nom de la lutte contre le terrorisme, déclencher deux guerres, celle d’Afghanistan et celle d’Irak. En Afghanistan, les dirigeants nord-américains ont installé au pouvoir l’ancien royaliste Hamid Karzaï, qui était collaborateur de la compagnie pétrolière américaine « Unocal », pour négocier avec les talibans, sans que l’influence de ces derniers ne recule aujourd’hui. Quant à la guerre en Irak, déclenchée sur le mensonge des armes de destruction massive, en dehors de toute légalité internationale, là non plus les choses ne s’améliorent pas, ni en Irak, ni aux alentours avec les tensions décuplées avec l’Iran que le Président Sarkozy vient de relancer.  

Partout, particulièrement aux Etats-Unis, en Europe et en Israël, la destruction des tours a servi de prétexte à des politiques sécuritaires de contrôle des individus, de restriction des libertés. Dans cette période, la direction israélienne, a favorisé l’émergence du Hamas contre l’Organisation de libération de la Palestine. Elle a bloqué les négociations pour l’existence d’un Etat palestinien souverain, continuant de voler leurs terres, leurs maisons aux Palestiniens, les colonisant de plus en plus sans qu’aucune initiative efficace ne soit prise pour mettre fin à l’intégrisme israélien au nom de la théorie bushiste du combat contre «l’axe du mal », alors que les peuples arabes considéraient que l’humiliation faite aux Palestiniens était aussi leur humiliation.

Et que dire des scandales de la prison de Guantanamo et de la complicité européenne qui ont laissé deux pays, la Roumanie et la Pologne abriter des centres de détention au service de la logique nord-américaine?

Les dirigeants nord-américains et de larges fractions de dirigeants en Europe et en Israël, ont tenté ces dernières années de survaloriser la nécessaire lutte contre le terrorisme, espérant ainsi affaiblir la lutte des classes. Nous sommes à la fin de ce cycle. Les mouvements arabes viennent de faire voler en éclats le concept de « guerre de civilisations », comme d’ailleurs celui d’une prétendue « fin de l’histoire ». L’élection de B. Obama est due pour une part au rejet des guerres américaines. Mais au-delà, le monde change un peu plus chaque jour. Sous l’effet de la crise totale du capitalisme mondialisé et de luttes émancipatrices, particulièrement en Amérique latine, la prédominance nord-américaine est menacée. L’empire vacille. Les peuples arabes cherchent les voies de leur émancipation. Ne sous-estimons pas le fait que dans la nouvelle stratégie nord-américaine, existe plus que la tentation de contrôler ce processus. Le continent africain est ainsi devenu un vaste champ d’influence et de pressions alors qu’il s’enfonce dans des difficultés extrêmes.

Dans quelques jours, l’autorité palestinienne déposera la demande de la reconnaissance de l’Etat palestinien à l’Organisation des Nations-Unies. Dans ce contexte, la valorisation de la guerre, par la Président de la République française, comme politique internationale, à rebours de toutes les traditions et valeurs françaises, est très préoccupante. Avec dix ans de retard, il marche sur les chemins de M Bush. La vigilance, l’unité dans l’action pour le désarmement et la paix, pour faire reculer la famine et la pauvreté, pour transformer le système financier international afin de faire reculer et éradiquer la crise du capitalisme, est plus que jamais indispensable. Des voies nouvelles inédites pour un monde nouveau, appelant le partage et la solidarité, sont en gestation. Des potentiels existent pour faire germer les semences encore trop sèches des futurs d’humanité.

 

Patrick Le Hyaric. Edito pour l'Humanité dimanche.

le 9 septembre 2011.

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 18:17

Bandeau Melenchon-158c7

 

 

"Il faut que nous restions ces forces de l'esprit au moment où s'avance la tempête de l'histoire", c'est sur ces mots pleins de gravité que s'est clos un préambule de discours où Mélenchon, devant Pierre Laurent, Christian Picquet, Clémentine Autain et des militants de toutes les forces du Front de Gauche rassemblés à Grenoble le dimanche 28 août pour l'université du parti de Gauche, venait de mettre en garde les forces politiques de l'establishment libéral contre un réveil brutal du peuple s'ils continuaient à vouloir étouffer le débat sur les projets et les causes de la crise actuelle du capitalisme.

"Le mot crise n'est même plus adapté". "Le système capitaliste tout entier est englobé dans une crise globale" . Celle qui menace de destruction les éco-systèmes de cette terre que le productivisme dicté par la course aux profits maximum saccage: "la question de la perpétuation de l'éco-système n'est pas l'à-côté de la question sociale... Nous voulons planifier le redéploiement industriel, productif... avec la préoccupation de mettre en phase les systèmes productifs avec les conditions de la perpétuation des éco-systèmes".  

Cette crise globale, c'est aussi celle qui fait planer des risques d'auto-destruction sur le capitalisme et l'économie productive eux-mêmes. Celle qui saccage la moralité publique, la cohésion sociale, les acquis de la révolution et de la République. "Le moteur de tous les dangers, a martelé Jean-Luc Mélenchon, c'est le capitalisme de notre temps, sous la forme particulière qu'il a prise, lorsque la finance veut contrôler toutes les activités humaines et imposer partout ses taux de profit démentiels". "Ce capitalisme là, nous proposons à toute la société de s'en libérer...Nous proposons de définanciariser l'économie". 

La tâche est t-elle trop difficile pour nous, vouée à l'échec en elle-même car nous sommes maintenant dans le train en marche de l'économie financiarisée et mondialisée ou dans l'avion en vol, de sorte qu'il ne s'agit plus que de survivre en restant compétitifs et réduisant nos droits sociaux et nos dépenses publiques? "Il n'y a qu'un combat qu'on ne risque pas de perdre, répond Mélenchon, c'est celui qu'on ne mène pas". De toute manière, il n'y a pas d'autre choix que de chercher à tenir la dragée haute aux puissances financières qui écrasent tout ce qui s'abaisse devant elle, telle la Grèce de Papandréou qui doit privatiser pour près de 40 milliards de biens publics socialisés au cours de l'histoire. "Ainsi, vous êtes prévenus braves gens: si vous cédez, il n'y aura pas de limites à la prédation".

En tant que candidat du Front de Gauche aux élections présidentielles, Jean-Luc Mélenchon  "en appelle donc à la résistance de la patrie républicaine", de cette part de la France qui reste l'héritière de la grande révolution. Cette résistance se fonde sur l'humanité, les droits de la personne humaine qui sont de plus en plus bafoués aujourd'hui (droit à la santé, à l'éducation, à l'emploi stable, au logement décent)... 

Notre projet politique s'appuie prioritairement sur la reconnaissance des besoins sociaux et non des contraintes financières. "La modernité, c'est de partir des besoins humains et de mettre à contribution l'intelligence et les capacités d'invention collectives pour les servir".

Quels sont les obstacles à faire basculer pour faire un virage à 180 degrés afin de mettre en oeuvre un projet émancipateur? La gouvernance de la BCE d'abord, chien garde des intérêts des rentiers et du capital que l'on veut désormais confier à un ancien conseiller de la banque Goldman Sachs, celle-là même qui est impliquée dans le maquillage des comptes de l'Etat grec... C'est aussi le pouvoir impérial des Etats-Unis qui "ne garantissent plus la valeur des dollars que par la peur qu'ils inspirent avec leur puissance militaire". C'est surtout aujourd'hui "ce coup d'état financier" auquel on est en train d'assister sans broncher en Europe, les socialistes français y compris, avec ce "semestre européen" qui permettra à la commission de censurer les budgets nationaux, avec ce pacte pour l'euro plus ou "pacte des rapaces" dénoncé par Patrick le Hyaric. Et la dette... "Qu'est-ce que c'est cette histoire de dette? La dette n'est qu'un prétexte...Le montant de la dette n'équivaut qu'à 12% de ce que notre économie produit en 7 ans...". A quoi le Front de Gauche s'engage t-il? A forcer à l'abandon "des normes de management absurdes qui abaissent non seulement la productivité mais aussi le goût de vivre", à rompre avec la précarité, qui touche particulièrement les femmes, à rompre avec l'absence d'indemnisation de la moitié des chômeurs: "nous briserons le coeur de l'exploitation, nous briserons toute cette servitude de la précarité". De même, "il faut cesser la politique d'appauvrissement délibéré de l'Etat" qui fragilise et dépèce les services publics. Pour cela, "les revenus du capital doivent être taxés à la même hauteur que ceux du travail". On nous annonce minoritaires, mais qui sait de quoi demain sera fait, qui sait quel sera le scénario dans quatre mois?  Certes, nous aurons pour toute la campagne à peine l'argent que le PS va dépenser pour ses seules primaires. Mais notre force, c'est l'appel "à la mise en commun de toutes les intelligences", notre volonté de faire de notre campagne "un modèle d'argumentation", notre volonté de "parler à tout le monde", y compris et surtout à ceux qui pensent que droite et gauche, c'est au fond la même chose. Cette élection, a dit Mélenchon au début de son discours, "doit être un grand moment d'éducation populaire". Ce qui fera notre force, c'est "notre discours de rebellion, de rassemblement" qui n'écarte pas le débat, qui appelle même toutes les forces de gauche, du NPA au PS, à un grand débat sur nos propositions respectives pour faire face à la crise du capitalisme. Car "si nous n'avons pas d'adversaires à gauche, oui nous avons des divergences".       

 

 

 
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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 08:58

la bourse ou la vie

 

 Les éditoriaux de Ouest France se suivent et se ressemblent trop. Avant-hier, 27 août, François Regis Hutin, commentant dans un sens anti-redistributif la formule de Saint Exupéry "Jette leur du grain, ils se battront. Fais-les construire une cathédrale, ils s'uniront", propose à ces enfants irréfléchis et dissipés que seraient les français de se rassembler autour de la construction européenne et de la lutte contre le protectionnisme et cet idéal de "démondialisation" qu'il juge démagogique et contraire au sens de l'histoire (parce qu'il confond à dessein la réalité d'une accélération des contacts humains et commerciaux au niveau mondial induit par les progrès techniques et la mise en concurrence politiquement orchestrée des peuples et des systèmes sociaux pour le plus grand profit du capital au travers de la dérégulation des mouvements de capitaux). Sans cela, nous dit notre petit père des peuples centriste, en excitant des convoitises et des frustrations, notre société de consommation va produire dans nos sociétés riches une recrudescence des "pillages et de manifestations tournant à l'émeute". C'est un sacré tour de passe-passe digne d'un Cameron ou d'un Sarkozy que celui qui consiste à faire passer la révolte contre les inégalités et la brutalité policière, celle des jeunes londoniens cet été et celle des banlieues parisiennes en 2005, pour une révolte d'individualistes trop gâtés incapables de se sacrifier à des idéaux communs.

Aujourd'hui, 29 août, c'est Michel Urvoy qui cherche lui aussi à éteindre l'incendie de la révolte sociale qui couve en mettant en garde les socialistes contre un excès d'audace dans leurs promesses en matière sociale ou de service public: "une opposition susceptible de l'emporter ne peut pas délivrer n'importe quel message, n'importe quel excès de promesses, sans risquer de favoriser son adversaire pour défavoriser la confiance dans la France". Sous-entendu: si vous ne voulez pas que nous perdions notre triple A - ah, ah, ah!...- il faut bien oser dire aux français qu'il faudra se serrer la ceinture.

Cela tombe bien: comme le déplore Jean-Paul Piérot dans son éditorial de L'Humanité du jour, les leaders socialistes lors de leur université d'été de La Rochelle n'ont pas développé "d'idées fortes pour construire une victoire de la gauche solide et péréenne" mais se sont contenté de rodomontades et de petites phrases pour afficher leur différence et leur confiance dans la perspective de la compétition des Primaires, François Hollande dépassant sans doute les autres dans l'usage excessif du JE censé lui créer par la magie de l'égotisme une stature présidentielle et le mettre en phase avec la France profonde passionnée par les hommes providentiels sûrs de leur destin... En revanche, rappelle J.P Pierrot, "au moment où Nicolas Sarkozy agite le chiffon rouge de la dette pour réduire les dépenses utiles à la société, comprimer la consommation et étouffer la croissance, le Parti socialiste en reste à promouvoir une répartition plus équitable de sacrifices dans le cadre du retour aux 3% de déficits publics en 2013 ou 2014". L'invocation assumée par beaucoup de candidats à la primaire socialiste, Hollande et Aubry en tête, au "sérieux" nécessaire fait partie d'une pédagogie du renoncement appelé à légitimer la politique de rigueur qui suivrait une victoire en 2012 et à assurer cette victoire en pariant sur la généralisation chez les français de la conviction que nous sommes impuissants à changer les règles du jeu actuelles du capitalisme financier et mondialisé.   

Tout en réaffirmant que notre objectif premier était de se débarasser de Sarkozy et de construire une majorité de gauche en 2012, Pierre Laurent a rappelé que le consentement des socialistes à l'austérité, qui cache une résignation  plus grave encore au fonctionnement du capitalisme actuel, est inacceptable. Il a marqué sa différence à l'université d'été du PCF à Karellis (Savoie) en disant que dans la campagne pour 2012, "nous ne concourons pas pour le titre de meilleur gestionnaire de la crise, nous sommes candidats pour porter des solutions pour en sortir". 

Cela passe par une définanciarisation effective de l'économie au travers d'une lutte effective contre les paradis fiscaux et d'une harmonisation fiscale européenne, d'une taxation des mouvements de capitaux et de la reprise du contrôle du mouvement des capitaux aux frontières de l'union européenne, d'une fiscalité plus lourde sur les riches, d'une séparation des banques de dépôt et d'investissement, d'un grand pôle financier public pour limiter la croissance de l'économie financière.

Cela suppose aussi une réforme des statuts de la Banque Centrale Européenne, qui devrait être placée sous le contrôle du Parlement européen et être autorisée à créer de la monnaie pour racheter les dettes des Etats et leur prêter à des taux d'intérêt très bas. Cela peut passer enfin par une annulation d'une partie de la dette des Etats européens, jugée illégitime (car produite pour moitié par les taux d'intérêt usuraires exigés par les banques depuis 30 ans), et une annulation des politiques dites de rigueur qui étouffent la croissance dans l'oeuf et se traduisent par la stagnation des salaires, le chômage, la baisse des prestations sociales et le délitement des services publics accessibles à tous.      

Pour aller vers ces réformes structurelles qui rompraient avec les logiques de marchandisation et de socialisation des pertes privées, il est indispensable de renouer nous dit Pierre Laurent avec une "gauche de courage" qui engage le bras de fer avec les puissances financières afin de satisfaire les exigences légitimes de la population en termes d'emploi, de services publics, de protection sociale, de salaires. Pour cela, dès aujourd'hui, il faut tenter d'élever le niveau d'exigence et de combativité de notre population et non l'encourager au fatalisme et au renoncement au progrès social.

Dans son discours de vendredi dernier, Pierre Laurent a aussi dénoncé  « l’été des grands mensonges », s'en prenant au discours dominant sur l'action des marchés. Pour lui, « il ne s’agit pas d’une main invisible mais d’un ensemble d’acteurs identifiés : des grands groupes capitalistes, des grandes banques, des institutions financières, des fortunes colossales amassées grâce au dumping social… ». De même, il a dénoncé « les mensonges sur la non-responsabilité des gouvernements dans la crise » et ceux entourant le plan d’austérité. « Il aura pour conséquence, une récession durable. » a-t-il martelé. La veille, Pierre Laurent avait participé à l’envahissement des locaux de l’agence de notation Standard & Poor’s, désignant ainsi la nécessité d'engager l'épreuve de force avec le capital: « il faut combattre le chantage des marchés, inverser la vapeur, en fermant la chaudière de la finance et en alimentant celle de la relance sociale». Pierre Laurent a également appelé en vue des législatives et des présidentielle à la constitution dans les entreprises et les quartiers « d’assemblées citoyennes ». « Nous voulons être la nouvelle voie à gauche et donner confiance à tous ceux qui veulent arracher la page du sarkozysme et qui aujourd’hui doutent » a-t-il lancé, avant de céder la parole au candidat du Front de gauche pour l’élection présidentielle.

Devant les communistes, Jean-Luc Mélenchon l’a réaffirmé : « désormais je ne dis plus "je" mais "nous" et je me demande à chaque instant si vous êtes d’accord. » Pour lui, la France peut être un moteur du changement en Europe et dans le Monde : « notre pays n’est pas la cinquième roue du carrosse, c’est la cinquième puissance mondiale. » Critiquant le capitalisme vert et les candidats socialistes qui « avalent tout rond la règle absurde des 3% de déficit donnant ainsi la victoire idéologique aux sarkozysme », Jean-Luc Mélenchon a affiché sa sérénité : « La saison des tempêtes est revenue mais nous avons un outil pour y faire face, c’est le Front de gauche »
 

Tout au long du week-end, les 500 participants de l'université d'été des Karellis, haut lieu du tourisme social dans les Alpes, ont enchaîné les débats sur les défis posés par la crise: "Quelle politique économique pour un vrai changement?", "Quelle fiscalité pour demain?", "Faut-il achever l'euro?", "La crise, le peuple et la politique, enquête sur l'opinion" avec le sociologue Michel Simon, "Quelle assise sociale pour la gauche?", "Comment battre le FN de Marine Le Pen?"  

 

La couverture de l'université d'été du PCF à Karellis par ALTERNATIVE TV:

 

Et aussi, un bref reportage télévisé (TV8 Montblanc) sur l'université d'été du PCF:  

http://lejt.tv8montblanc.com/L-universite-d-ete-du-PCF_v2655.html

 

Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon 

 

Il y a eu ces derniers jours dans les médias une polémique lancée sur le choix du PCF et du Parti de Gauche d'organiser leurs universités d'été séparement, choix qui traduirait selon les commentateurs les difficultés et l'inachèvement de l'union incarnée par le Front de Gauche. Même si on peut regretter en effet que nos universités d'été aient été organisées le même week-end, ce qui interdisait aux militants de participer aux débats ouverts aux sympathisants et autres militants de gauche de l'université d'été du partenaire, il n'y a rien d'anormal à ce que chaque parti conserve une force de réflexion et de renouvellement des propositions autonome, et Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, en assistant respectivement aux universités d'été du PCF et du Parti de Gauche, ont bien montré que nous avions des objectifs partagés et un combat à mener en commun au niveau du Front de Gauche, même si chaque composante du Front de Gauche gardait son indépendance et sa spécificité. A l'université du Parti de Gauche, il y avait des personnalités communistes et des intellectuels de la gauche critique qui témoignent là aussi d'une volonté d'ouverture et de rassemblement de la gauche anti-libérale. On peut lire ainsi sur un site d'information: "Sur la liste des invités au stage grenoblois, on remarque des personnalités des médias (Edwy Plenel de Mediapart, Denis Sieffert de Politis...), des militants associatifs (Jean-Baptiste Eyraud du DAL, quelques économistes dont Jacques Généreux (IEP de Paris, ex-PS) et Yves Dimicolli (commission économie du PCF), de nombreux syndicalistes, des militants tunisiens et marocains... et des communistes, des élus, des militants mais aussi certains dirigeants, telle Marie-Pierre Vieu, ou d’anciens, comme Roger Martelli et Patrice Cohen-Seat".

 

Lors de cette université d'été du parti de gauche dans la banlieue de Grenoble, Jean-Luc Mélenchon a violemment attaqué le favori des sondages pour les primaires socialistes, François Hollande, en lui reprochant le "cynisme" qui consiste à plaider depuis des mois pour la rigueur et les sacrifices nécessaires tout en prétendant engager un rapport de force avec les pouvoirs financiers et préparer le chemin pour le relèvement de la France et l'insertion de la jeunesse.

On peut regretter qu'il ait choisi de cibler prioritairement un candidat dans ses critiques alors que c'est tout le projet et la stratégie du PS qui compromet l'alliance à gauche et le véritable changement en 2012. On ne peut par ailleurs qu'approuver sa proposition de grand débat élargi à toutes les forces de gauche, du PS au NPA, pour clarifier les divergences et les convergences sur les moyens du changement pour 2012 et de la sortie de la crise économique et sociale, le but étant aussi de mettre au premier plan des médias les diagnostics sur les causes de la crise et les projets plus que la politique-spectacle et les rivalités d'ambitions.     

 

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 06:41

Non à la soumission aux marchés financiers,

Les peuples ne doivent pas payer leur  crise !


L'Union européenne et les gouvernements utilisent les dettes publiques pour imposer aux peuples d'Europe une véritable purge sociale. Alors que les banques et autres opérateurs financiers n'en finissent pas de spéculer sur les dettes publiques, il faudrait que ce soit les populations qui payent une crise dont les marchés financiers sont les premiers responsables et uniques bénéficiaires.
C'est pour cela que les gouvernements de l'Union, la Commission et le Parlement européen, avec la participation active de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, veulent imposer une nouvelle gouvernance économique asservie à la finance avec pour objectif de mettre sous surveillance accrue les budgets nationaux, de durcir les sanctions contre les Etats en cas de déficit dit excessif et de réduire les dépenses publiques.
Le pacte « euro plus » utilisait déjà la crise de la dette pour imposer l'austérité, la baisse des salaires des pensions et des retraites, la diminution du nombre de fonctionnaires, la flexibilité du travail, le recul de l'âge du départ en retraite, la casse des systèmes de protection sociale, tout en réduisant les pouvoirs des organisations syndicales.  Le tout, au seul bénéfice des actionnaires des grandes sociétés et du système financier international ! Une mesure déjà prise, le « semestre européen », vise à soumettre au Conseil et à la Commission, les budgets des Etats avant même qu'ils soient débattus par les parlements nationaux.
Pour essayer de verrouiller totalement ce montage, les gouvernements européens veulent intégrer dans la loi fondamentale des Etats l'objectif de l'équilibre budgétaire, ce que Nicolas Sarkozy appelle « la règle d'or ». Stupide économiquement - que se serait-il passé si cette règle avait été appliquée au moment de la crise financière où les Etats ont renfloué les banques -, cette proposition est une agression contre la démocratie, car les politiques économiques seraient ainsi totalement soustraites au débat politique et à la décision citoyenne.
Une telle disposition, adoptée par les parlementaires des deux chambres, ne doit pas être intégrée dans la Constitution française comme le veulent le président de la République et l'Union Européenne.
Les citoyens et les citoyennes ne doivent pas payer les dettes qui sont le résultat de la soumission des Etats aux marchés financiers. Ces dettes sont illégitimes et les peuples ne doivent pas en faire les frais. Il faut exiger aujourd'hui un moratoire et des audits citoyens sur les dettes publiques. Dans l'immédiat, les organisations signataires
appellent les citoyennes et les citoyens, leurs organisations associatives, syndicales et politiques à se mobiliser contre la constitutionnalisation de l'austérité et les parlementaires à voter contre ce texte si Nicolas Sarkozy osait malgré tout convoquer le Parlement en congrès à Versailles.

SIGNATAIRES de l'APPEL: ATTAC, CGT-Finances, FASE, Fondation Copernic, GU, Les Alternatifs, Marches européennes, MPEP, NPA, PCF, PCOF, PG, Union syndicale Solidaires.

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