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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 22:38

 A l'initiative de l'ADESS (Association de Développement de l'Economie Sociale et Solidaire), du cinéma associatif La Salamandre et d'Attac Morlaix, un excellent documentaire politique du réalisateur canadien Richard Brouillette sorti en 2008 a pu être découvert ou revu ce dimanche 6 novembre par 76 spectateurs, une affluence remarquable par rapport à l'exigence et l'austérité du documentaire et son absence de notoriété en dehors des cercles militants.

 

Le film, intitulé L'encerclement. La démocratie dans les rets du néo-libéralisme est constitué de dix parties consacrées à pénétrer l'histoire et la logique profonde de cette idéologie au caractère totalitaire qui s'est emparée des esprits des élites dirigeantes des États un peu partout dans le monde à partir du début 1980. Il est façonné à partir d'entretiens réalisés avec des propagateurs de l'idéologie néo-libérale au Quebec et des intellectuels de la gauche critique – Noam Chomsky, Ignacio Ramonet (ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique), Susan George (co-fondatrice d'Attac), Normand Baillargeon (prof en sciences de l'éducation au Quebec), Omar Atkouf (professeur d'économie à Montréal), Michel Chossudovsky (directeur du centre de recherche sur la mondialisation), Bernard Maris (économiste et chroniqueur à Charlie Hebdo et France Inter). Qu'apprend t-on dans ce film?

 

 Avant d'être une technique de transformation du social au service des milieux de l'entreprise et de la finance, le néo-libéralisme est une idéologie qui a commencé à se former dans les années 1930-1940 autour d'économistes au profil généraliste et à l'ambition prescriptive tels que ceux de l'école autrichienne, Friedrich Hayek et Ludwig Von Mises, fortement conservateurs, anti-égalitaristes, élitistes, et d'autres intellectuels polyvalents partisans d'une démocratie neutralisée dans ses tendances à la surenchère sociale et dirigiste, gérée par un gouvernement des élites rationnelles, des technocrates soucieux de ne pas tomber dans « les travers » du socialisme, du dirigisme et du planisme d'état alors très en vogue du fait de la crise de 1929 (et du discrédit du libéralisme classique qui s'en est suivit), des progrès des mouvements ouvriers et de l'économie de guerre en voie de constitution.

 

 On peut citer à ce titre les participants du colloque fondateur du néo-libéralisme, le colloque Walter Lippmann de 1938 à Paris: outre Walter Lippmann, brillant intellectuel conservateur, juif germanophone émigré aux Etats-Unis, les deux économistes autrichiens précédemment cités, Jacques Rueff, le philosophe français Louis Rougier, les sociologues allemands von Rustow et Röpke, pères de l'ordo-libéralisme qui aura tant d'influence sur la construction de l'UE (et les statuts de la Deutschbank, puis de la BCE) et qui, avant cela, servira de base pour reconstruire le système économique allemand dans l'après-guerre.

 

Ces intellectuels sont unis par une méfiance profonde vis à vis de la démocratie, censée donner le pouvoir à une foule ignorante et incapable par manque de temps, d'intérêt, ou de lumières de saisir les enjeux des choix de gestion politique, une foule aisément manipulable qui tend à faire prévaloir les intérêts immédiats de la masse des pauvres et des classes moyennes en exerçant si besoin un pouvoir tyrannique sur les minorités plus aisées et les entreprises. Ils croient au pouvoir des cercles d'élites sociales pensantes mutuellement cooptées qui peuvent grâce à un travail d'influence idéologique au sein des institutions renverser les présupposés anti-libéraux des élites dirigeantes de cette époque.

 

 En même temps, ces gens-là veulent réformer et rénover la théorie du libéralisme classique basée selon eux sur une idée fausse, à savoir que le marché pourrait donner la pleine mesure de son efficacité en l'absence d'intervention étatique. Pour eux, il faut au contraire que le libéralisme s'appuie sur un volontarisme politique et une action publique prolongée pour adapter les sociétés au règne du marché et de la concurrence libre et non faussée des acteurs privés, défaire les entraves politiques, juridiques et sociales issues des traditions, de l'histoire, qui s'opposent à la domination nationale, puis mondiale du marché.

 

 Ce néo-libéralisme entend également s'appuyer sur un travail de conversion idéologique pour donner sa pleine mesure à l'efficacité du capitalisme et discréditer les projets de société qui prennent appui sur l'intervention étatique dans le champ économique et social et la redistribution des richesses par la loi et l'impôt.

 Louis Rougier, cité dans La nouvelle raison du monde. Essai sur la société libérale de Pierre Dardot et Christian Laval (La découverte, 2000), formule ainsi la conception remodelée à la sauce néo-libérale de ce que devrait être une démocratie délivrée des risques de la souveraineté du peuple: « Il faut que les démocraties se reforment constitutionnellement de façon à ce que ceux auxquels elles confient les responsabilités du pouvoir se considèrent non comme les représentants des intérêts économiques et des appétits populaires, mais comme des garants de l'intérêt général contre les intérêts particuliers (c'est à dire les intérêts matériels immédiats de la majorité de la population); non comme les instigateurs des surenchères électorales, mais comme les modérateurs des revendications syndicales; se donnant pour tâche de faire respecter par tous les règles communes des compétitions individuelles et des ententes collectives; empêchant que les minorités agissantes ou les majorités illuminées ne faussent en leur faveur la loyauté du combat qui doit assurer, pour le bienfait de tous, la sélection des élites. Il faut qu'elles inculquent aux masses, par la voix de nouveaux instituteurs, le respect des compétences, l'honneur de collaborer à une oeuvre commune (Les mystiques économiques) ».

 

 Le deuxième moment fondateur de la formation du néo-libéralisme est, au sortir de la guerre, en 1947, la création en Suisse de la Société du Mont Pèlerin autour d'Hayek et de 13 autres intellectuels et technocrates influents comme Bertrand de Jouvenel, Robert Marjolin (un des futurs concepteurs de l'Union Europénne), société à laquelle se joint Milton Friedman, le futur pape de l'école de Chicago, conseiller de Reagan et de Pinochet. Ce mouvement organisé ultra-élitiste défend une idéologie minoritaire à cette époque qui affirme la capacité de l'économie à s'auto-réguler, la nécessité de s'opposer aux nationalisations, monopoles publics, politiques d'assistance sociale, de réglementation de l'économie qui dénaturent la compétition économique des acteurs privés et en entravent ses effets positifs au niveau de la production des richesses.

 Les tenants les plus radicaux de cette idéologie néo-libérale qui va asseoir son audience au fil du temps grâce à ses courroies de transmission dans les différents Etats occidentaux, des « think tanks » financés par le patronat réunissant universitaires, patrons, hommes politiques, journalistes, sont les libertariens, adeptes de l'Etat minimal, l'état veilleur de nuit n'exerçant de pouvoir de coercition que pour protéger la propriété privée et l'indépendance des individus contre toute vélléité tyrannique du collectif. Dans le documentaire de Richard Brouillette, les deux intellectuels libertariens interrogés dévoilent tout à fait tranquillement et sans fards les tenants et aboutissants de leur idéologie extrémiste: les politiques de redistribution sont inefficaces en fait, l'aide aux pauvres entretenant les pauvres dans leur attitude d'assistés, et illégitime en droit car les biens publics n'existent pas et la seule justice sociale, c'est le respect de la propriété individuelle. Pour eux, la démocratie, c'est à dire la souveraineté du peuple, est essentiellement perçue comme un danger pour la seule valeur qui importe: la liberté de l'individu et son droit de jouir comme il l'entend de ses biens.

 

 Cette idéologie néo-libérale a valorisé dans les années 1960-1970 une conception de l'économie pensée comme science dure parfaitement neutre, formalisée et mathématisée à l'extrême, ne résolvant de manière définitive que des questions partielles et complètement dépourvue d'ambition d'une compréhension globale du monde sociale et des finalités de la production des richesses. En cela, souligne Omar Atkouf, les nouveaux économistes raisonnant à partir de modèles économiques abstraits sans penser l'économie à partir des finalités humaines et du social, comme le voulait l'étymologie du mot économie (Oikos et nomos: la loi de la maison, les règles qui régissent la production des biens à l'intérieur d'une société), mais en ne s'intéressant qu'à ce qu'Aristote appelait la chrématistique (du mot grec « chréma »-argent : l'art de la production de l'argent) et ce que nous appellerions aujourd'hui la finance, les moyens de faire fructifier l'argent, ont joué un rôle essentiel pour faire passer des préconisations politiques pro-capitalistes pour des réalités ou des lois économiques naturelles, intangibles, avec lesquelles il faut de toute manière composer.

 

Le propre de cette idéologie qui devient dominante à partir de la contre-révolution libérale rampante dans les années 60-70 (on se souvient de Pompidou et de Giscard défaisant l'héritage étatiste et social du gaullisme) et qui se manifeste dans tout son éclat en prenant le pouvoir sous une forme décomplexée et extrémiste au début des années 1980 avec Reagan et Tatcher est ainsi de faire passer ses partis-pris pour des évidences, qui s'imposent d'autant plus qu'elle est à peu près la seule à s'exprimer dans l'espace public, du fait de la conversion des élites, venant des mêmes milieux favorisés et formés dans les mêmes écoles sous l'influence de cette doxa, ainsi que du financement capitaliste des médias.

Cette idéologie a eu tendance et à toujours tendance (il suffisait pour s'en convaincre d'entendre ce matin à la radio Rocard louer le bilan de Sarkozy en matière de gestion de la crise financière internationale ou d'écouter Jerôme Cahuzac, le président socialiste de la commission des finances à l'Assemblée, réclamer 4 milliards d'économie supplémentaire par rapport au nouveau plan d'austérité s'ajoutant à celui de septembre à la hauteur de 6 milliards) à vider de contenu l'alternance politique. En effet, comme le rappelle le réalisateur de ce documentaire et les intellectuels qu'il interroge, la gauche social-démocrate ou social-libérale au gouvernement dans les années 80-90 a admis, elle aussi, que les licenciements boursiers étaient des réalités naturelles contre lesquelles on ne pouvait pas plus lutter que contre les aléas météorologiques, a privatisé les services publics et les entreprises publiques et dérégulé les activités financières à tour de bras, fait baisser les impôts redistributifs et ceux qui touchaient les entreprises pour financer la protection sociale au nom du réalisme économique, de la compétitivité, de la création d'emplois, a accepté que partout les normes de l'efficacité économique et de la rentabilité deviennent prévalentes par rapport aux choix collectifs et aux besoins humains. C'est pourquoi un mois avant les présidentielles de 1995 Ignacio Ramonet a pu inventer dans un éditorial du Monde Diplomatique le concept de « pensée unique » promis à une belle destinée et signifiant la réussite de ce travail d'infusion des esprits réalisé par le néo-libéralisme.

Cette « pensée unique » qui vante la mondialisation heureuse, les vertus de la « main invisible » du marché auto-régulé, les effets mutuellement avantageux de la concurrence internationale grâce aux « avantages comparatifs » (chaque société ayant intérêt à se spécialiser dans un production pour laquelle elle dispose de plus d'atouts que les autres), est basée sur les partis-pris anthropologiques du libéralisme économique classique, comme le rappelle Bernard Maris en commentant le concept de « main invisible » chez Adam Smith. Selon cette thèse héritière de l'idée d'une providence exploitant les défauts des hommes pour leur bien, l'homme est naturellement peu altruiste, sujet à entrer en conflit avec ses semblables parce qu'il veut les dominer, les épater, obtenir leur estime ou leur envie, mais le moindre de ses défauts et celui qui est le plus profitable à la société est sa cupidité, son désir de s'enrichir, qui l'amène à entrer dans une concurrence avec ses semblables, concurrence qui favorise les consommateurs et est source de justes rémunérations du travail et qui permet en outre surtout l'émulation et l'innovation productrice de plus de richesses et de productivité du travail. Ce présupposé anthropologique, qui sous-tend par la suite toutes les modélisations de l'économie néo-classique, ne prend pas en compte la place du don, du dévouement dans les différents édifices culturels bâtis par les hommes: il repose sur une conception appauvrissante de l'homme, celle d'un individu abstrait, séparé affectivement et culturellement de ses semblables, indifférent au collectif et à son avenir.

Surtout, le néo-libéralisme ne repose pas du tout sur l'ordre spontané produit par des individus ou des nations entrant dans une compétition mutuellement avantageuse pour s'enrichir. Le néo-libéralisme est en effet ce qui soumet l'ensemble des sociétés humaines aux intérêts de quelques « corporations » (Noam Chomsky), groupes financiers ou multinationales, la plupart ayant leur centre de gravité en Europe ou aux États-Unis, et plus précisément dans une grande bourgeoisie d'héritiers qui s'est gavée avec les mesures de dérèglementation, de défiscalisation, de privatisation des années 1980-2010. Ce néo-libéralisme s'impose dans le monde par la pression, la force, la contrainte, celle des Etats, celles des banques et des investisseurs qui étranglent les États hyper-endettés auprès d'eux et leur imposent avec la complicité des fondés de pouvoir du capital au niveau mondial – Banque Mondiale, FMI- des plans d'austérité radicaux, des mesures de dévaluation de leur monnaie, des privatisations massives, une ouverture aux capitaux et marchandises venus d'Occident, une spécialisation dans des productions d'exportation qui les mettent en concurrence avec d'autres pays pauvres et mettent sur la paille leurs paysans.

L'idéologie de la liberté des acteurs privés, de l'équilibre naturel et de l'efficience des marchés, de la mondialisation pacificatrice, de la supériorité de l'entreprise privée pour réduire la pauvreté, tout en se parant de brevets scientifiques accrédités par le statut de prix Nobel d'économie de bon nombre de ses promoteurs, n'est qu'un faux semblant, un instrument au service de puissants intérêts financiers plus gourmands que jamais qui décident désormais des politiques publiques du monde occidental. Michel Chossudovsky explique ainsi très bien comment les fonds d'investissement privés américains ont creusé considérablement en quelques semaines les dettes de pays comme la Thaïlande et la Corée au début des années 2000 afin de dévaloriser la monnaie de ces États, d'acquérir à vil prix les réserves de leurs Banques Centrales et leurs principaux champions industriels. Susan George explique quant à elle comment à l'OMC, les cycles de négociation multilatéraux de l'ouverture à la concurrence des services et activités économiques et de la suppression graduelle des douanières douanières et des monopoles profite avant tout aux entreprises privées du quatuor États-Unis, Japon, Union Européenne, Canada, les pays pauvres n'ayant pas réellement voix au chapitre, ayant peu de moyens pour se faire représenter par des ambassadeurs et étant soumis à des pressions colossales. Noam Chomsky montre, lui, comment, en particulier du temps des Bush et de Clinton, la guerre est devenu un moyen d'imposer au monde la domination du capitalisme occidental grâce à une importation d'un modèle économique et surtout une appropriation de ressources naturelles stratégiques. Le néo-libéralisme ne serait alors que le visage apparent et lisse d'une réalité plus brutale, qui a accompagné le développement du capitalisme mondial au XVIIIème et XIXème siècle, quand les Anglais et les Français, loin de tout « laisser-faire » libéral, imposaient par la violence l'emprise de leurs groupes financiers privés à la Chine et à l'Inde, notamment pour y organiser légalement le narco-trafic (cf. la guerre des Boers en Chine) ou l'achat forcé du textile britannique, comme à l'ensemble de l'Afrique et de l'Asie. Derrière le néo-libéralisme se cache dès lors l'impérialisme brutal ou le néo-colonialisme à la violence moins manifeste et il est frappant de voir que ses chantres, adeptes de la fin de l'histoire, venus parfois de la « nouvelle philosophie » (c'est une plaisanterie) anti-totalitaire et anti-communiste- les BHL ou les Gluksman par exemple chez nous, se font les apôtres d'un « humanisme militaire » (Noam Chomsky) d'une guerre pour le droit, la démocratie, la liberté, les droits de l'homme, la civilisation.

Le documentaire de Richard Brouillette s'attache aussi à dénoncer les effets catastrophiques de l'emprise grandissante du néo-libéralisme sur l'éducation, celle ne visant plus, en toute indépendance des milieux économiques, à former des personnes autonomes, curieuses et dotées de connaissances nécessaires pour participer à un monde commun transhistorique et penser, des citoyens critiques, mais plutôt des individus « employables », des serviteurs du système. Omar Alkouf, avec une pointe de hauteur désabusée, nous présente le tableau effrayant d'une école occidentale qui a délaissé l'ambition de former des intelligences critiques et créatives par la transmission des humanités ou plus simplement de la culture mais qui ne vise plus, au travers de la transmission de compétences opératoires et utilitaires, qu'à former trois types d'hommes, tous adaptés au besoin du système capitaliste néo-libéral: 1) des technocrates qui ont une intelligence calculatrice, combinatoire pour résoudre des problèmes mais non plus la culture, l'exigence intellectuelle et morale et le sens critique pour les reformuler, poser de nouvelles questions, chercher à comprendre globalement le monde et à s'interroger sur les finalités de l'action humaine: ressortent de ce type d'homme les PDG ou les cadres d'entreprise qui licencient sans état d'âme des milliers de salariés tout en se félicitant des bons chiffres d'affaire de l'entreprise et en s'augmentant. 2) des techniciens spécialisés qui font tourner la machine sans trop se poser de questions non plus 3) une frange de 30% à 40% de manoeuvres « à la limite de l'analphabétisme » dont on nourrit l'absence de vraie formation intellectuelle de peur qu'ils se révoltent et revendiquent des droits.

La démonstration à laquelle se livre ce documentaire a quelque chose d'effrayant tant on a le sentiment que ces croisés du néo-libéralisme ont fabriqué un monde, celui là même, invivable, que nous subissons, dont toutes les parties se tiennent et concourent à nous entretenir dans une passivité qui fortifie les intérêts d'un capitalisme de plus en plus agressif. En même temps, le fait que cet anti-modèle de société se soit imposé par un coup de force politique au succès improbable ou imprévisible au départ et qu'il ne repose en aucun cas sur les intérêts de la démocratie ou du grand nombre, a de quoi nous rassurer car ce triomphe du néo-libéralisme, forgé par les moyens de l'intrigue, de l'argent, et de la politique, n'a rien d'éternel et peut être défait, d'autant que depuis la crise d'une violence inégalée depuis 1929 du capitalisme financier mondial de 2007 - et c'est peut-être la lacune du propos de ce documentaire qu'on ne peut toutefois imputer à la responsabilité du réalisateur - la prise de conscience que ce capitalisme financier dégrade l'existence du grand nombre, le lien social, et la terre, gagne du terrain partout dans le monde et que d'autres voix, affirmant la possibilité et le désir d'une autre société, basée sur la démocratie réelle, la prise en compte prioritaire des besoins humains, de la solidarité, et la préservation de la nature pour une vie digne durable sur terre, se font entendre partout dans le monde et gagnent en pouvoir de persuasion devant l'évidence des faits.

Ismaël Dupont

 

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 21:42

 

Communiqué des candidats du Front de Gauche aux législatives dans la circonscription de Morlaix (visé et approuvé par plusieurs membres du collectif citoyen):   

 

La Sica fait montre depuis un an d'une volonté d'expansion qui interroge quant à ses effets. Cela d'abord été la prise de participation majoritaire dans Combiwest, un opérateur privé de transport-combiné (rail-route), concurrent de la filiale de la SNCF, Novatrans. Si l'option de développer le ferroutage est à saluer pour sa cohérence économique et écologique, on peut regretter que la SICA ait décidé, encouragée peut-être par l'abandon des plans de développement publics du frêt, de s'engouffrer dans la mise en concurrence et la privatisation du rail décidées à l'échelle européenne plutôt que de faire appel à l'opérateur public de frêt ferroviaire. De même, la décision prise par la Sica de créer une gigantesque plateforme agroalimentaire de 7 hectares sur le site de Vilargren à Saint-Pol-de-Léon se substituant aux cinq dépôts implantés actuellement dans le canton a de quoi nourrir l'inquiétude sur le danger d'un trafic incessant de camions et de tracteurs sur les routes conduisant à ce nouveau dépôt pharaonique. Ce projet de modernisation pourrait également, du fait d'un recours plus important à la robotisation, aboutir à la suppression de nombreux emplois au conditionnement et à l'emballage des légumes. La SICA a t-elle réellement prévu une évolution de carrière, des plans de formation et de reconversion satisfaisants pour ses employés au conditionnement qui travaillent pour elle depuis des décennies? Nous craignons qu'ici encore, l'humain soit sacrifié au profit et si c'était le cas, nous serions au côté des salariés des dépôts exposés à la fermeture.

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 11:31

Une information:

 

A l'invitation d'Attac Morlaix, François Ruffin, journaliste à France Inter et rédacteur en chef de Fakir, animera une conférence-débat le jeudi 17 novembre à 20h30 à la salle du Cheval Blanc à Plourin les Morlaix sur le thème:

 

Contre le fatalisme, vive le protectionnisme?  

 

 

Voilà ce qu'on pouvait lire sous sa plume dans le dossier "Vive les douaniers" du Fakir n°50 de mai-juin 2011:

 

« C'est quoi, leur grande trouille? Leur peur bleue?

Il suffit de parcourir le site du Medef.

Le 17 octobre 2008, « d'une manière tout à fait exceptionnelle, Laurence Parisot a pris l'initiative d'organiser à Paris une réunion des patronats des principaux pays membres du G8 ». Et pour déclarer quoi? Que « nous attendons aujourd'hui des responsables politique et institutionnel...qu'ils écartent toute mesure protectionniste.(...). Nous sommes convaincus que nos économies retrouveront le chemin de la croissance à condition qu'elles écartent les mesures protectionnistes ». Préparant le G20 à Londres, quel est « le premier point » qu'aborde Laurence Parisot, en mars 2009, lors de sa conférence de presse? Ce « qui nous semble tout à fait essentiel est de dire clairement et le plus précisément possible à quel point il faut résister à toutes les tentations protectionnistes ». Le sommet n'est pas encore achevé, le 2 avril, que déjà elle respire: « L'appel à lutter formellement contre les tentations protectionnistes est fondamental pour nos économies, mais aussi pour nos démocraties ». Car taxer les importations, c'est bien connu, voilà le prélude au fascisme...

Ah, les charmes du monde « ouvert » - moins ouvert néanmoins pour le réfugié économique du Sud que pour les produits du nord... Ça fait réfléchir, quand même, non, que les braves patrons redoutent autant le « protectionnisme »? Voilà leur talon d'Achille.

Contre leur libre-échange, des barrières douanières. La grosse artillerie.

C'est notre dernière arme, j'ai l'impression. Les seules batteries qui les feront reculer. J'ai cru au reste. Ou j'ai voulu croire? Qu'il y aurait des trucs plus sympas, pour les arrêter: la consommation citoyenne, les rendez-vous altermondialistes, la concertation internationale, des luttes partout dans le monde, l'autodestruction du capitalisme, etc.

J'ai perdu ces illusions. Tant que leurs capitaux, leurs marchandises se baladeront tranquillement sur le globe, nous serons à genoux devant eux. A les supplier de rester: « D'accord, nous ne relèverons pas le SMIC... D'accord, vous pouvez rejeter votre CO2 dans l'atmosphère...D'accord, nous éliminerons la taxe professionnelle...Mais ne partez pas! » Ils disposeront toujours de cette menace.

Je tape « Tobin » sur le site du Medef:: « Aucun document ne correspond aux termes de recherche spécifiés ». Idem avec « taxe sur les transactions financières ». Alors que cette idée- qui a également mes faveurs- est reprise par Nicolas Sarkozy, par Christine Lagarde, le patronat ne déploie manifestement pas la même énergie pour la contrer. Et pourquoi? C'est que, à l'évidence, le danger est plus lointain: il faudrait que tous les pays du monde se mettent gentiment d'accord. Ça laisse du temps au temps... »

François Ruffin

 

 

Voici les réflexions que m'inspire pour ma part ce problème de l'opportunité du protectionnisme pour mener une politique vraiment de gauche.

 

Tout d'abord, un fait massif: il y a 60 ans, les produits manufacturés étaient taxés à hauteur de 20% au moins à leur entrée en France. Un taux qui est descendue à 2,5% aujourd'hui pour l'Union Européenne. Sur l'ensemble du globe, d'un cycle de négociation à l'autre au sein du Gatt, puis de l'OMC, les tarifs de douane moyens sont passés de 40% à 3,9%.

 

Le protectionnisme est-il de gauche?

 

Pas nécessairement: dans l'Angleterre ou la France du XIXème siècle, des conservateurs pouvaient défendre des politiques économiques protectionnistes pour défendre des intérêts financiers nationaux contre la concurrence d'industries ou d'agricultures étrangères. On peut plaider pour la protection des intérêts économiques nationaux, subventionner et protéger de la concurrence des « champions industriels », sans réellement défendre le salariat et l'intérêt général contre les intérêts privés du capitalisme local. La défense de l'emploi industriel et de la patrie en danger peuvent même être des diversions aux combats de lutte des classes.

 

Certains, adeptes de la « mondialisation heureuse » comme Strauss-Kahn ou Daniel Cohen diront, dans le sillage du libre-échangisme d'Adam Smith, que la concurrence libre et non faussée favorise la croissance, la spécialisation des sociétés dans les domaines économiques où elles peuvent prétendre à des avantages comparatifs et qu'elle est au final mutuellement avantageuse, permettant l'élévation du niveau de vie dans les pays riches comme dans les pays émergents ou en voie de développement. Être de gauche, ce ne serait pas, par chauvinisme ou simplisme, restaurer les frontières et les restrictions à l'activité économique privée et à la libre concurrence des acteurs économiques: ce serait d'abord être soucieux de redistribuer équitablement des richesses que seul le libéralisme est en mesure de maximiser...

Ce serait aussi penser aux intérêts du producteur chinois, africain ou roumain bénéficiaire des transferts d'activité et de l'arrivée des investisseurs dans son pays... et ne pas s'accrocher à des activités économiques non rentables en France en privilégiant le repli nationaliste et le refus de l'insertion dans la mondialisation pour lutter contre quelques délocalisations qui relèvent du mal nécessaire et creuseront bien moins le chômage et la misère dans notre pays que ne le ferait une fermeture de notre économie. De toute évidence, en restreignant notre marché intérieur aux produits et capitaux étrangers, on s'interdit également un accès aisé à d'autres marchés: or, il est loin d'être établi que les pays européens avec des normes sociales élevés pâtissent actuellement de la mondialisation libérale.

 

D'autres, dans la gauche radicale et marxiste y compris, plaident contre un protectionnisme qui préserve artificiellement des secteurs d'activité obsolètes ou nécessitant une restructuration au nom de l'internationalisme et de la nécessité de donner des réponses globales pour transformer ou dépasser le capitalisme en profitant préalablement de sa tendance endogène auto-destructrice, de sa propension à homogénéiser le statut des salariés dans le monde ou à créer des outils politiques de gouvernance économique à l'échelon international qui pourront être utilisés à l'avenir pour d'autres fins.

 

On peut citer Daniel Bensaïd le philosophe et militant de la LCR décédé l'an passé, dans l'ouvrage collectif coordonné par Clémentine Autain, Post capitalisme: Imaginer l'après (édition Au Diable Vauvert, 2009):  

"Devant la brutalité de la crise et l'explosion du chômage, des voix s'élèvent pour prôner des mesures protectionnistes, à commencer par un "protectionnisme européen"... Emmanuel Todd s'en en fait le champion. Le but serait de "créer les conditions d'une remontée des salaires" afin que l'offre crée enfin sur place sa propre demande... La question n'est pas de principe ou de doctrine. Protéger? Mais protéger quoi, contre qui, et comment? Si l'Europe commençait par adopter des critères sociaux de convergence en matière d'emploi, de revenu, de protection sociale, de droit au travail, par harmoniser la fiscalité, elle pourrait légitimement adopter des mesures de protection, non plus des intérêts égoïstes de ses industriels et financiers, mais des acquis sociaux. Elle pourrait le faire de manière sélective et ciblée, avec en contrepartie des accords de développement solidaire avec les pays du Sud en matière de migrations, de coopération technique, de commerce équitable. Sans quoi un protectionnisme de riche aurait pour principal effet de se décharger des dégâts de la crise sur les pays les plus pauvres".    

 

Les militants tiers-mondistes peuvent aussi se plaindre de trop de protectionnisme unilatéral et accuser les États occidentaux, les Etats-Unis notamment de trop protéger leurs agricultures et certaines de leurs industries, en pratiquant un libre-échangisme à géométrie variable qui ne permet pas aux États émergents ou en voie de développement moins puissants politiquement de continuer à se développer grâce au commerce extérieur et à leurs exportations.

 

En même temps, comment ne pas voir que le libre-échange promu par l'Union Européenne, les institutions financières internationales et les gouvernements néo-libéraux des principaux états mondiaux depuis 30 ans, produit une mise en concurrence des salariés pour le profit des actionnaires des grandes entreprises? La libre circulation des capitaux a renforcé leur volatilité et leurs exigences de rendement, ce qui a nourri les licenciements boursiers, le développement sans fin des opérations boursières spéculatives, porté préjudice à l'économie réelle et à l'investissement dans la recherche et le renouvellement de l'appareil de production, et servi de chantage au niveau des entreprises et des États pour faire pression sur les salaires et renforcer l'exploitation des salariés?

 

Aujourd'hui, c'est la menace des délocalisations et du déplacement des investisseurs étrangers vers des pays au « coût du travail » moins élevé, à l'économie moins réglementée et à la fiscalité « moins décourageante pour l'activité » que l'on agite à chaque fois qu'un mouvement politique exprime la volonté de mener une politique sociale ambitieuse par la loi afin de répondre aux aspirations populaires et de donner satisfaction aux luttes des salariés.

Dès lors, ne faut-il pas penser que seule est en mesure de donner les moyens d'une politique de gauche souveraine et efficace le développement, à l'échelle nationale et continentale, d'un investissement public massif dans des secteurs stratégiques d'intérêt général au travers d'entreprises subventionnées ou de services publics soustraits à la concurrence?

Ou encore qu'il faut en passer par l'instauration d'une restriction sévère à la libre circulation des capitaux et des marchandises, par le biais notamment d'une fiscalité freinant ou retardant les déplacements de capitaux d'une entreprise et d'un État à un autre, pénalisant les réimportations de productions délocalisées et taxant les marchandises produites dans des conditions écologiques ou sociales inacceptables? Augmenter les salaires, lutter contre la précarité par une politique sociale volontariste peut bénéficier dans un schéma de pensée keynésien à l'économie nationale à condition que les consommateurs ne se reportent pas mécaniquement sur des marchandises produites à bas coût à l'étranger, pourvu aussi que les investisseurs ne fuient pas tout en pouvant vendre sans problème leurs produits à nos salariés au pouvoir d'achat restauré.

 

Par ailleurs, si l'on veut que des États comme la Chine ou l'Inde fassent réellement profiter toute leur population- et pas simplement leur nouvelle bourgeoisie- des fruits de leur dynamisme industriel et commercial, ne faut-il pas que des restrictions à l'exportation les encouragent à se créer un marché intérieur et une large classe moyenne consommatrice?

Le protectionnisme n'est-il pas également un moyen d'aller dans les pays du Sud, à l'encontre du développement des monocultures d'exportation, vers la défense des agricultures paysannes et vivrières si nécessaires pour nourrir leur population et, dans les États occidentaux, vers des agricultures et des activités industrielles plus écologiques, des échanges commerciaux courts moins coûteux en énergies et en émission de gaz carbonique? Ne peut-il pas enfin être considéré comme un moyen de progresser (par l'augmentation des prix des biens de consommation produits par des salariés mieux retribués) vers moins de consommation superflue et irréfléchie et une certaine décroissance plus compatible avec le caractère fini du monde tout en privilégiant des modes de production plus solidaires et coopératifs?

 

Le protectionnisme, contrairement à ce qu'en disent ses détracteurs libéraux qui le rapprochent volontiers de la xénophobie ou de la fermeture totale des frontières, ne signifie pas le repli sur soi et l'égoïsme national exaspéré. Il n'exclut pas au contraire des coopérations mutuellement avantageuses entre les États, peuples, et régions du monde, sur la base de transfert de travailleurs qualifiés, de compétences, de moyens financiers et de matières premières décidés non par l'intérêt de groupes financiers mais par des accords politiques résultant du sens de l'intérêt général des sociétés.

On peut préférer la perspective d'une altermondialisation, un pilotage politique national et transnational des échanges économiques mondiaux qui ne vise pas simplement à renforcer la domination du capital sur les salariés et les profits des investisseurs privés, plutôt que celle, improbable de toute manière, d'une antimondialisation ou une démondialisation, pensées sous la forme d'un recentrage des activités économiques dans les frontières régionales ou nationales.

Cette altermondialisation est bien sûr compatible avec une plus grande circulation des hommes entre les États et les continents, alors que les frontières sont aujourd'hui scandaleusement plus fermées pour eux que pour les capitaux et les marchandises.

 

Ismaël Dupont.

 

 

 

 

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 17:25

 Il y a 3 ans la folie spéculative du système bancaire faisait planer sur le monde des menaces d’une gravité sans précédent.

Aussitôt une nouvelle expression fleurissait dans tous les médias : on était en face d’une crise systémique qui justifiait l’appel au secours en direction des états sommés de sauver le système … ce que fit sans hésiter Nicolas Sarkozy. Avec, comme d’habitude, force déclarations dont la modération et le recul n’étaient pas la qualité principale. Qu’on en juge : il ne s’agissait ni plus ni moins que de moraliser le capitalisme. Excusez du peu. On sait ce qu’il advint de ces mâles déclarations.. mais il est vrai que les promesses, chez ces gens-là, n’engagent que ceux qui les écoutent.

 

3 ans plus tard, miracle : le capitalisme, car c’est lui le système en question, n’y est plus pour rien. Le coupable c’est la dette. La dette des particuliers comme des états qui, bien entendu, vivent au-dessus de leurs moyens… et qu’il faut donc ramener à la raison. Même si le traitement est douloureux.

Pour assurer ce résultat tous les « spécialistes » tous les « experts » tous les « politologues » et tous les économistes libéraux sont mobilisés pour prêcher la bonne parole.

 

Un seul exemple : L’autre jour, sur une chaîne nationale, un brillant aréopage devisait doctement sur la situation de la dette en Europe. Et pour permettre au bon peuple à l’écoute de bien comprendre l’un d’entre eux de reprendre le fameux « bon sens populaire » déjà utilisé pour justifier l’allongement de la durée des cotisations et donc le recul de l’âge de la retraite «Puisque les gens vivent plus vieux, il faut bien qu’ils cotisent plus longtemps ». Voici la nouvelle parabole qui fut servie aux auditeurs. « Que voulez-vous, quand dans un ménage il rentre 2 200 euros par mois et qu’il en dépense 2 500 çà ne peut finir que dans le mur. Et c’est pareil pour les états ». Tout ceci asséné d’un ton qui ne souffrait aucune réplique.

 

Il ne vint à l’esprit d’aucun de ces brillants cerveaux que la solution pouvait être que les ressources de la famille passent à 3 000 euros. De cette façon, non seulement, il n’y a plus d’endettement mais en plus cette famille peut enfin avoir accès à ce dont elle se prive depuis si longtemps puisqu’elle disposera de 500 euros de plus. Et pour reprendre la formule péremptoire de notre spécialiste  « c’est pareil pour les états »

 

En clair, si l’énorme part des richesses détournées pour rémunérer les banques et les actionnaires diminue considérablement, toute la donne change. Alors il devient possible, à la fois, d’augmenter les ressources des peuples et de donner aux états les moyens de répondre aux besoins d’intérêt général.

C’est ce que propose le Front de Gauche et que commencent à réclamer les peuples. Dès lors on comprend pourquoi les dirigeants, qu’ils soient de droite ou sociaux-démocrates, ne veulent absolument pas qu’ils soient consultés .En témoigne la levée de boucliers suscitée par le Premier Ministre grec qui a enfin décidé de consulter sa population par référendum. Décision dont, sous la pression internationale, il est ensuite contraint de prévoir le retrait.


La situation actuelle montre aussi combien nous avons raison d’exiger l’instauration d’une VIème République enfin plus démocratique où le pouvoir ne sera plus délégué sans contrôle à des « représentants » qui ne tiennent aucun compte des exigences de la population pas plus qu’ils ne se sentent tenus de lui rendre des comptes.


Ensemble, dans le respect de nos différences, nous avons la force de changer cette situation

Alain DAVID

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 08:28
C’est sous Giscard d’Estaing, dans une période de début de crise économique, de désindustrialisation et de chômage de masse que la droite, en véritable apprenti sorcier, a commencé à faire de l’immigration un problème pour l’emploi et la conservation de notre identité nationale. Victorieuse en 1981, la gauche, portée les années précédentes par l'activisme des associations de défense des droits des immigrés, a interrompu ses politiques discriminantes de restriction du regroupement familial, de reconduites à la frontière sur des critères ethniques, et elle a réformé le code de la nationalité et le droit de résidence en un sens humaniste.
Seulement, après 1983, le tournant de la rigueur, l’abandon de pans entiers de l’industrie française, la montée du chômage, de la précarité, et des logiques de ségrégation ethnique et sociale dans les quartiers populaires, ont donné du poids aux messages simplistes du Front national associant immigration et chômage et réclamant la préférence nationale. La peur du déclassement, la disparition progressive des collectifs de travail multi-culturels et la perte de repères idéologiques liés à la désindustrialisation et à la perte d'influence du PCF ont nourri ces progrès du vote FN dans les classes populaires. Ce parti issu de l’extrême droite traditionnelle - anticommuniste, antisémite et raciste, chrétienne intégriste, collaborationniste et colonialiste – parvint à séduire grâce à un leader charismatique utilisant toutes les ressources du contexte de désorientation idéologique et sociale et malgré un programme économique et social ultra-libéral inspiré de Reagan.
La réponse de la gauche mitterrandienne a été catastrophique. Sans même parler de l'introduction politicienne du scrutin proportionnel pour mettre le FN en position d'affaiblir le RPR, le recours trop systématique à la rhétorique anti-raciste, la valorisation des vertus du métissage, du cosmopolitisme et de la différence, la stigmatisation hautaine et bien-pensante par les belles âmes de la gauche caviar du fascisme ordinaire des ploucs franchouillards, ont constitué des diversions commodes dissuadant d’analyser les causes politiques et sociales de la montée de l’extrême droite et de l’abstention ouvrière et permettant du même coup de détourner le regard de tous les renoncements de la gauche de gouvernement convertie au libéralisme. SOS racisme, les manifs et les badges « Touche pas à mon pote », la générosité de plateaux télévisés, n’étaient pas en mesure de satisfaire les revendications d’égalité sociale de la marche des Beurs de l’automne 1983, pas plus qu’ils n’ont fait perdre une voix au Front National.
Pire, la droite gouvernementale elle-même est parvenue peu à peu à capter une partie non négligeable de l’électorat populaire traditionnellement acquis à la gauche en nourrissant les fantasmes sur l’insécurité, le caractère inassimilable de l’immigration africaine ou nord-africaine, le dépérissement annoncé de l’identité culturelle et ethnique française, les pratiques d’assistés d’immigrés présentés comme des profiteurs et des nuisibles. En 2002, c’est parce qu’il avait accepté la prétendue impuissance de l’Etat face aux délocalisations et aux licenciements boursiers, parce qu’il s’excusait d’être socialiste plus que de présenter un projet qui ne l’était pas, parce qu’il avait mené depuis 2 ans une politique de privatisation et de défiscalisation des activités financières que Jospin a nourri l’abstention ou la dispersion de l’électorat de gauche et n’a pas été en mesure d’arriver devant Le Pen au deuxième tour. Le score du FN au second tour cette année maudite montrait néanmoins que le péril d’une victoire en France de l’extrême droite était largement surévalué. Toutefois, ce poids politique conquis par le FN qui se nourrit des fractures sociales et géographiques entre les ruraux et les urbains a eu pour effet indirect de remobiliser l’électorat de gauche, au nom du vote utile, derrière un PS dénué de projet historique et ambition sociale véritable. La consolidation de ce vote de ressentiment, d’indignation et de xénophobie en faveur du FN a durci considérablement les politiques de la droite gouvernementale vis à vis des étrangers sans-papiers, des immigrés et des soi-disant assistés, des jeunes, des règles ordinaires de justice, jusqu'à aboutir à une situation, celle que nous connaissons depuis la victoire de Sarkozy en 2007, où tous les principes républicains fondamentaux qui protègent la liberté des citoyens, l’égalité de droit, l’accès à la nationalité et la prise en compte de l’humain, sont bafoués avec une morgue et un cynisme absolus par une droite de gouvernement qui a fait siennes bon nombre des propositions du FN.
Pour contrer le Front National, il ne faut plus désormais s’excuser d’être de gauche, internationaliste, sensible aux droits universels de l'homme et donc au sort des étrangers venus en France pour fuir la misère, l'absence d'avenir, de liberté, de sécurité. Il ne faut pas non plus chercher à copier Sarkozy dans la gesticulation sécuritaire. La gauche doit à l'inverse retrouver une ambition collective et reconquérir des marges de manœuvre économiques pour créer des emplois, lutter contre la précarité et le dépérissement de certaines zones urbaines désindustrialisées, agir pour une vraie mixité sociale et ethnique dans les villes, les écoles, les assemblées politiques et les emplois. Il faut qu’elle parvienne grâce au travail militant dans les quartiers et à la perspective politique crédible de transformation sociale qu’elle peut lui offrir, à condition de desserrer l'étau de la domination de la finance et du libéralisme, à refaire voter l’électorat populaire abstentionniste, bien plus important numériquement que celui qui vote pour le FN. Il ne faut surtout pas qu’elle se concentre exclusivement, comme la très social-libérale fondation Terra Nova le lui propose, sur ce noyau dur prétendu de son électorat que seraient les classes moyennes urbaines et éduquées, sensibles aux thématiques sociétales et à la valorisation de la société ouverte et de l’Europe fédérale, au détriment d'une prise en charge sérieuse des problèmes des inégalités, du chômage de masse, des délocalisations et de la précarité.
Ismaël Dupont
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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 19:28

"La leçon d'économie de Sarkozy" (titre du Télégramme en page 2 aujourd'hui); "le président de la République s'est livré hier soir à un exercice de pédagogie sur la crise de la dette" (page 2 du Ouest France ce 28 octobre): la grande machinerie médiatique à fabriquer du consentement ou de la résignation à la régression sociale se remet en marche.

 

L'accord signé par les participants du sommet européen du 26 octobre est censé avoir "sauvé l'Euro", "sauvé l'Europe", voire "évité une catastrophe mondiale" (Ouest France, p.2). En attendant, certains du côté des palais de la finance où l'on spécule depuis trois ans sur les dettes des Etats européens, se régalent de cet accord pour une mise au pas des démocraties européennes et une préparation de transferts massifs de l'argent des contribuables vers les banques en cas de défaut des Etats les plus endettés. En une journée, les valeurs de la bourse de Paris ont progressé de 6,28%, celles de Francfort de 5,35%, celles de New-York de 3% environ.   

 

Un point positif: la restructuration de la dette grecque. Malgré les résistances du secteur bancaire, les créanciers de la Grèce renoncent d'ici 2020 à 50% de leurs créances sur la dette du pays par l'intermédiaire d'une décote de leurs titres de dette. Cela représente un effacement de 100 milliards d'euros de la dette grecque, dont le montant actuel de 350 milliards d'euros à été plus que nourri par l'énormité des intérêts extorqués par les banques et les fonds d'investissement. Cette mesure scelle l'échec absolu de deux ans d'hyper-austérité imposée à la Grèce qui a fait doubler le poids de sa dette et qui a rendu les taux d'intérêt qu'on lui octroie pour de nouveaux emprunts inacceptables. En même temps, cette mesure est assortie d'un contrôle encore plus sévère par les créanciers, la BCE, la commission et les Etats européens les plus puissants tels que la France et l'Allemagne de l'effectivité des réformes ultra-libérales de privatisation, de baisse des salaires et des pensions, de démantèlement de la protection sociale et de hausse d'impôts pour les plus modestes imposés aux grecs.

 

En échange de cette décision tardive et inévitable (car les Grecs n'auraient jamais pu rembourser en s'enfonçant chaque jour davantage dans la récession et la misère) de restructurer la dette grecque, les dirigeants européens se sont accordés pour généraliser la rigueur, accroître le contrôle budgétaire des dépenses publiques par le biais notamment du carcan budgétaire de la "règle d'or" à inscrire dans les constitutions pour 2012.   

 

Surtout, les dirigeants européens, grâce à la poigne de fer de Merkel et Sarkozy, ont accepté que l'argent des salariés servent à augmenter les moyens du Fonds de stabilité de la zone euro sous la forme d'une garantie passant de 400 milliards à 1000 milliards, grossissant- un peu actuellement et beaucoup prochainement - la dette des Etats, ce qui sert en retour à justifier une hausse de la TVA, une pression accrue sur les salaires, une mise à mal de la Sécurité sociale, un allongement de la durée du travail.

 

Ce Fonds européen de stabilité permet de prêter avec l'argent des Etats les moins en difficulté, qui l'empruntent eux-mêmes aux banques, de l'argent aux Etats au bord du défaut de paiement à des taux d'intérêt inférieurs au marché, mais évidemment sans garanties de remboursement autres que celles qui sont assurées par la prise de contrôle des politiques économiques et sociales de ces Etats surendettés et vassalisés. Le Fonds peut aussi aller jusqu'à acheter directement des titres de la dette publique d'Etats en difficulté auprès des banques. 

 

Ce plan qui ne réforme rien en profondeur pour toucher aux causes de la crise financière et de la crise de la dette, il se contente degarantir que ces manifestations morbides d'un capitalisme débridé profiteront le plus possible aux capitalistes.  

 

Patrick Le Hyaric l'analyse très bien dans un éditorial de L'Humanité:

 

"Aucune décision n'est prise pour la relance de l'investissement productif. Pourtant, la solution existe! Elle consiste à transformer le fonds financier européen en un fonds de développement social, écologique et humain. De l'abonder grâce à un rôle nouveau de la Banque centrale européenne et à son pouvoir de création monétaire, tout en imagineant un nouveau système de crédit public pour le travail, les investissements utiles, le progrès social, culturel, écologique. Il n'y a d'ailleurs plus de solution viable sans nationalisation démocratique des grandes banques et des institutions financières pour relancer un crédit public contre la spéculation financière.

Derrière le vocable de "gouvernance économique" se profile une modification de l'idée même de communauté européenne telle que nous l'avons connue, en un système autoritaire, centralisé, impérial qui va donner, pour le compte de la haute finance, des pouvoirs nouveaux à la Commission de Bruxelles et à la BCE. Non seulement ils veulent contrôler et surveiller les budgets des Etats, mais ils veulent aussi s'octroyer le pouvoir de les modifier autoritairement en cours d'exercice par delà les parlements et les gouvernements nationaux. C'est ce qu'ils visent à travers la modification des traités, mettre fin au droit de souveraineté populaire et au droit de souveraineté nationale. Le Traité de Lisbonne ainsi aggravé sera un verrou contre tout projet européen progressiste. Une véritable gangue qui aggrave la crise économique et sociale en amorçant désormais une crise politique grosse de dangers pour les peuples et l'idée de construction européenne. Pour la sauver, il faut en sauver radicalement le cours".

 

On en est là: l'Europe va plus que jamais être associée dans la tête d'une grande partie des Européens à la saignée sociale au profit des intérêts égoïstes des financiers et la récession et les transferts d'argent entre sociétés européennes vont nourrir des logiques de repli identaire, de ressentiment, qui font le lit de l'extrême-droite.

 

En France, Nicolas Sarkozy a déjà annoncé une nouvelle louche de mesures d'austérité à la hauteur de 6 à 8 milliards et un rapprochement avec le modèle économique allemand, ses baisses de salaires et de protection sociale, ses réduction d'impôts sur les entreprises imposés par Schröder et Merkel après lui au nom de l'ajustement à la mondialisation. "La vérité, c'est qu'il y a trop de fonctionnaires" a dit-il encore précisé sur TF1 jeudi soir histoire de ne laisser aucun doute sur ses intentions, tout en tapant une nouvelle fois sur la réforme des 35 heures, responsables du déficit de compétitivité de notre économie, de notre dette publique et de tous nos maux: qu'il est malhonnête cet "argument massue", ce gros mensonge revenant depuis 10 ans dans les discours de la droite, surtout quand on connaît les gains de productivité, de flexibilité, et de "modération salariale" conquis par le patronat à la faveur de la deuxième réforme Aubry des 35 heures.  

 

La réaction de François Hollande, nouveau candidat du PS à la présidentielle, à cet accord européen qui se refuse à changer les statuts de la BCE, à empêcher la spéculation sur les dettes, à désserer l'étreinte de politiques libérales qui plongent les économies européennes dans le marasme, mais qui à l'inverse installe des outils pour réduire la souveraineté des peuples et transférer toujours plus de richesses publiques dans des mains privées, est plus qu'inquiétante, se contentant de s'inquiéter de la participation de fonds souverains chinois au Fonds Européen de stabilité Financière: "Le pire a été évité...Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour prendre des mesures à la hauteur de l'enjeu? Je trouve profondément troublante la participation des grands Etats extérieurs à l'Europe dans la mise en oeuvre de ce fonds".

 

On comprend pourquoi le vendredi 21 octobre Pierre Laurent critiquait ouvertement François Hollande "pour son respect draconien des injonctions européennes de réduction des déficits, son contrat de génération qui fait la part belle aux exonérations de cotisations patronales, ou sa visite à Zapatero" qui a "appliqué avec zèle l'austérité au peuple d'Espagne". Hollande ne pourra pas décevoir, trahir des engagements en termes de progrès social: il est déjà couché devant les professeurs de bonnes gestion libérale appointés ou non par le patronat et les agences de notation. Comme l'a rappelé Michel Sapin, son "Monsieur Economie" en début de semaine dans le Ouest France, la réduction de la dépense publique, le passage à 3% de déficit en 2013 (nous en sommes à 7% du PIB), est pour son champion un objectif inconditionnel, tout comme la course à la compétitivité qui exige réduction de la dépense publique et des charges patronales tant que l'on ne s'attaque pas aux règles du libre-échange mondial et au pouvoir de la finance.

 

Si les français veulent disposer d'un vrai choix de société à faire en 2012, il faut qu'ils résistent à la tentation de penser que cet homme de centre-gauche qui a bénéficié de tous les soutiens au sein des notables de la droite du PS, qui participe aux dîners mondains du Siècle où se forgent les amitiés entre patrons, grands journalistes, hommes politiques partisans du consensus libéral, est le candidat naturel pour battre le FN au premier tour et Sarkozy au second tour.  

 

Ismaël Dupont.

 

 

 

   

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 12:27

Ouest France du 24 octobre 2011

ouestfrance24octobre.jpgdeclaration candidature 

 

declaration candidatureTelegramme 

 

 

 Mariegeorgebuffet

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 09:01
Dans une lettre, Jean-Luc Mélenchon propose à François Hollande, Eva Joly, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou de porter avec lui la proposition d'un référendum sur la sortie du nucléaire.
(Photo : Place au peuple - Flickr - cc)
Cher François Hollande, chère Eva Joly, chère Nathalie Arthaud, cher Philippe Poutou,

La question du recours à l’énergie nucléaire divise la gauche. Cette situation paralyse la réflexion et l’action sur l’enjeu majeur de notre temps pour l’humanité. Car elle fait perdre de vue l’objectif commun : sortir des énergies carbonées. Notre génération a le devoir de ne pas se laisser enfermer dans l’impasse actuelle. La catastrophe écologique qui s’avance est sans doute la manifestation la plus terrible de l’aberration à laquelle conduit le mode de développement dominant. Les scientifiques s’accordent pour dire que les énergies carbonées aggravent le changement climatique dans des conditions qui ne tarderont pas à devenir immaîtrisables. Mais nous connaissons aussi les risques et les servitudes liés à l’utilisation de l’énergie nucléaire. Nul parmi nous ne les nie. Nous pouvons tous également anticiper la raréfaction puis l’épuisement des ressources en énergies fossiles. Hélas, rien n’est fait pour parer au problème. Alors même que ces processus menacent les conditions de la vie humaine sur Terre, le capital financier qui dicte aujourd’hui sa marche au monde ne se préoccupe que de ses profits à court terme. Il pousse même parfois le cynisme jusqu’à se prévaloir d’un « capitalisme vert » qui amnistierait le productivisme de ses tares.

Notre responsabilité est donc immense. Jamais sans doute dans l’histoire, l’humanité toute entière n’a été confrontée à un tel défi. Jamais nous, les héritiers des lumières et du mouvement ouvrier n’avons été mis au pied du mur de résoudre une aussi grande difficulté. Il n’y a qu’un seul écosystème viable pour tous les êtres humains quelles que soient leurs opinions politiques, qu’ils soient riches ou pauvres. C’est à nous d’incarner une nouvelle fois dans l’histoire l’intérêt général humain, les droits universels.

Dans ce contexte, nous ne pouvons-nous contenter d’échanger des anathèmes, de nous admonester mutuellement ou de nous opposer des oukases contradictoires. Nous devons, à mon avis, d’abord chercher ce qui peut unifier la société autour d’un intérêt général. Ce point de convergence c’est, je crois, la nécessité de sortir des énergies carbonées. Il est aujourd’hui partagé par tous. En prenant le problème posé par ce bout, on peut avancer. La question du recours à l’énergie nucléaire s'y ajoute. C’est une réflexion d’ampleur inouïe : proposons à la société tout entière de s’y impliquer.

Je n’évacue pas les discussions qui traversent la gauche sur ce point du nucléaire. Elles ont leur noblesse. La force des arguments qui se confrontent est connue.  Evitons de faire des dogmes avec des raisonnements. Admettons la loyauté de chacun de ceux qui contribuent à cette discussion et respectons les argumentations. Ma position personnelle à ce sujet est connue. Je suis favorable à une sortie programmée du nucléaire. Si je reviens sur cette conviction personnelle c’est précisément parce qu’elle n’est pas partagée au sein du Front de Gauche dont je suis pourtant le candidat commun. En effet, notre rassemblement regroupe plusieurs points de vue sur ce sujet, à l’image de la gauche et de la France dans son ensemble ! Comment avons-nous surmonté cette difficulté ? Nous avons pris le temps d’échanger nos arguments et de nous écouter. Je vous propose de vous inspirer de notre exemple. Je suggère qu’on en propose autant au pays.

Puisque cette question n’a jamais été soumise au peuple lui-même, faisons le maintenant. Rendons-le juge du problème à trancher. Proposons un référendum  au pays. Un référendum argumenté et informé. Ne demandons pas une réponse émotive ou crispée. Chaque point de vue aurait le devoir de proposer un scénario énergétique complet avec son calendrier d’application et son mode de suivi et d’évaluation des résultats.

Ne pouvons-nous nous accorder sur cette idée et la démarche raisonnée qu’elle avance ? Ne serions-nous pas les uns et les autres prêts à nous incliner devant la décision de la volonté populaire ? Notre pays ne sortirait-il pas grandi et mieux informé et donc plus fort après cet exercice de souveraineté populaire ?

Je vous propose donc que nous portions cette proposition tous ensemble. Elle est respectueuse des idées de chacun et permet au pays tout entier d’avancer sur la solution d’un problème majeur qui engage son avenir. Cette démarche serait à l’honneur de la gauche et à la hauteur de la responsabilité qui est la nôtre sur un sujet qui touche à l’intérêt général humain.

Je vous prie de croire, chers camarades, en l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Jean-Luc Mélenchon,
Candidat du Front de gauche
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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 08:54

 Lors de la primaire du parti socialiste, François Hollande a longuement développé, pour montrer sa volonté de rupture avec Sarkozy, son engagement de créer 60 000 emplois supplémentaires dans l’éducation nationale.

 

L’élection acquise (et cette promesse n’est pas pour rien), le député Michel Sapin, proche du candidat retenu, a donné à la presse un certain nombre de précisions. Et des précisions inquiétantes.

 

Qu’on en juge :

 

« bien entendu ces 60 000 créations seront compensées par des baisses de postes ailleurs » dans quels secteurs ? Mystère

«L’idée est de ne pas augmenter le nombre de fonctionnaires »

«L’idée est de stabiliser la masse salariale dans le budget de l’Etat » . Bonjour l’austérité !

 

Ce n’est sans doute que le début d’un certain nombre de « clarifications » et de gages donnés à ceux qui craindraient encore que la révolution soit en marche.

 

Il faut que cesse ce petit jeu. La gauche ne peut pas gagner sur le seul thème « il faut battre Sarkozy ». Assez de flou, d’approximations, de dissimulations, de demi-mesures, de demi-vérités et donc de demi-mensonges.

 

Il faut, devant les Français, que les choses soient claires. Cette clarification nécessaire c’est l’objectif du débat public que le Front de Gauche propose à tous les candidats de gauche …

Débat qu’ils ne semblent pas pressés d’accepter.


Il n’y a pas de solutions réelles répondant aux besoins et aux exigences des peuples sans une remise en cause radicale de la domination qu’exerce sans partage la finance mondialisée. Car la crise qui menace le monde entier n’est pas la crise de la dette, dont on nous rabat les oreilles depuis des mois, mais, plus que jamais, une crise du système capitaliste tel qu’il s’est mondialisé dans les dernières décennies.



Les Français se rappellent que, chaque fois que la gauche a refusé de s’attaquer au mur de l’argent, elle a fini par perdre… et c’est le peuple qui a payé l’addition. C’est pourquoi la gravité de la situation exige que ce peuple, informé et mobilisé, dans sa diversité, investisse le champ politique et fasse valoir avec détermination ses attentes et ses exigences. C’est ce que propose le Front de Gauche dans le cadre des collectifs et assemblées citoyennes qu’il met en place.

La porte est grande ouverte. Franchissez-la.

 

Alain DAVID

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 15:30

Les 11 salariés employés aux guichets des bureaux de Poste de la région de Morlaix ont décidé ensemble de suspendre leur mouvement de grève le 19 octobre 2011, après 8 jours de grève et de mobilisation collective dans tous les bureaux de poste du pays de Morlaix pour sensibiliser la population et faire signer des pétitions. 

 

Ils venaient d'investir le mardi 18 octobre au matin les locaux de la direction à Quimper et la perspective de voir revenir de vacances des salariés non grévistes et se fissurer peu à peu la belle unité des salariés en grève pour la sauvegarde de leurs missions de service public et la reconnaissance de leurs statuts a fait penché la balance pour cette décision d'arrêt de la grève.

Le préavis de grève mentionnait que celle-ci visait le maintien des 30 heures d'ouverture que l'on prévoyait de supprimer dans les bureaux de la région morlaisienne, la conservation des 2,6 postes que la direction entendait récupérer, pour payer son tribut à un objectif national d'économie en "charges de personnel" qui a coûté 11000 postes en 2010, sacrifiés sur l'autel de la rentabilité immédiate. Ils voulaient aussi assurer réellement leurs heures au guichet, faire le métier pour lequel ils s'étaient engagés et formés, et non être détachés avec des lettres de mission en compléments de service (allant de 7h à 20h par semaine) pour faire du classement, des entretiens téléphoniques de démarchage, du rangement pour les activités bancaires...  

Les revendications, pour l'essentiel, n'ont pas été satisfaites. La direction de La Poste Morlaix, avec laquelle il a été quasiment impossible de discuter, a cedé sur deux points seulement, qui ne remettaient pas en question ces objectifs de suppression d'emploi et d'extension des lettres de mission qui permettent de récupérer des postes une fois que les titulaires partent en retraite: à Taulé, le bureau ouvrira à 9h au lieu de 9h 30 comme initialement prévu et à Morlaix-Ville, les positions de guichet seront désormais couvertes quand une partie des personnels sera en pause repas, ce qui représente 5h15 d'occupation de poste de gagné par semaine.

 

Ce n'est sans doute pas grand chose par rapport aux ambitions des postiers et à l'ampleur des sacrifices financiers accomplis pour faire cette grève. En même temps, ces salariés grévistes savaient sur quel terrain ils s'engageaient. Depuis la suppression du statut des PTT en 1990 par le gouvernement Rocard et Paul Quilès, la séparation de la Poste et de France Télécom en 1996, puis la transformation de la Poste en société anonyme en 2010, la direction de la Poste applique nationalement un mode de management néo-libéral intégré par les cadres venus de la base qu'elle forme dans un moule accordé à ses ambitions de productivité, de rentabilité, d'auto-financement, mais non à la nature de ce que devrait être un service public financé en partie par l'impôt.

 

Une des grévistes morlaisiennes nous a confié qu'il est quasiment interdit désormais aux employés des guichets de bureaux de poste de délivrer de l'argent en espèces contre signature de bordereaux, même quand La Poste n'a pas installé de distributeurs automatiques, et encore plus d'aider des gens âgés ou en situation précaire à remplir leurs papiers... Aller vite, se concentrer sur les opérations rentables plutôt que sur l'humain, aborder le client avec un script de communication préétabli en lien avec les objectifs commerciaux du moment de l'entreprise: voilà ce qui donne aux salariés le sentiment de ne plus pouvoir être des fonctionnaires au service de l'intérêt général et des missions de service public autrefois promues.

Parallèlement, la Poste est décidé à fermer de plus en plus de bureaux ruraux, faisant prévaloir l'objectif de 1 bureau de poste tous les 30 km pour accroître sa rentabilité. Et tant pis pour les personnes âgées, tant pis pour l'environnement que l'on maltraite avec nos circulations de voitures incessantes....

 

Il est des combats perdus d'avance à court terme qui doivent quand même être menés pour manifester sa dignité, son sens de l'intérêt général, en particulier contre la loi du profit. Celui des grévistes de La Poste de la région de Morlaix en était et leur a permis de conquérir le respect, sinon de la population qui les estimait déjà, du moins de la direction qui les dédaignera moins. Il a permis de sensibiliser la population et les élus ont été obligés de se positionner.

Le PS ne prévoit cependant pas dans son projet de revenir sur la transformation de la poste en société anonyme et les suppressions de poste effectuées depuis 5 ans.  Agnès Le Brun, par intérêt électoral et pour ne pas se mettre à dos les élus de la communauté de commune, a fait finalement voter, après avoir jugé positive la réorganisation dans les bureaux de poste morlaisiens, un voeu du Conseil Municipal pour un maintien des heures d'ouverture des bureaux de Poste des communes environnant Morlaix et pour une ouverture le midi du bureau de La Boissière, tout en continuant à approuver la transformation de La Poste en société anonyme et les normes libérales qui sous-tendent sa politique actuelle de chasse aux postes et de course à la productivité.

Les élus de la région morlaisienne (principalement socialistes), quand ils se sont réunis à Plougonven en présence de Mme Le Branchu et Mr Fichet pour défendre le service public de proximité de La Poste et s'opposer aux suppressions d'heures d'ouverture, n'avaient pas prévu au départ d'inviter les salariés de La Poste en grève - leurs conditions de travail quotidiennes n'étaient pas à l'ordre du jour... Il a fallu que nos valeureuses postières accompagné du seul homme gréviste s'invitent eux-mêmes à cette manifestation d'élus hautement médiatisée pour évoquer les conséquences en interne de la transformation du statut et des missions de La Poste et mêler un peu de drapeaux rouges de SUD et de CGT  aux tranquilles écharpes tricolores.

On aimerait qu'au-delà des affichages et des protestations d'opportunité, il y ait dans la gauche gestionnaire une réelle ambition de renforcer les services publics et d'aller à rebours de 15 ans au moins de démentèlement néo-libéral du service public: quand à son poids, son extension, mais aussi sa définition profonde, battue en brèche par son alignement sur l'entreprise privée.

On peut toutefois se féliciter que l'opposition de gauche représentée au Conseil Municipal de Morlaix (PS, Idées) ait unanimement décidée de voter un voeu qui indique clairement les responsabilités de la situation actuelle de fragilisation du service public postal dans la région morlaisienne.      

Comme nous ne pouvons qu'approuver cette démarche, je me permets ici de citer le voeu voté par la seule opposition.

 

Ismaël Dupont.

 

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Voeu rédigé par Sylvain Espitalier (PS) et voté par l'opposition de gauche au Conseil Municipal de Morlaix du 21 octobre 2011 pour le maintien du service public postal:  

 

La Direction Départementale de La Poste envisage de réorganiser les horaires des bureaux du Pays de Morlaix. Les communes de Morlaix, Plouezoc'h, Plougonven, Taulé, Plourin-lès-Morlaix, Plougasnou, Locquirec, Guerlesquin et Plouigneau sont ainsi concernées. A Morlaix, l’ouverture matinale du bureau de poste serait reculée d’une demi-heure et une fermeture entre 12h et 13h30 est envisagée. Le bureau de La Boissière fermerait un quart d’heure plus tôt.

 

Les bureaux de postes seront par conséquent moins accessibles partout sur le territoire. Ces difficultés d’accessibilité sont de nature à réduire la fréquentation et à justifier, pour la direction, d’autres restrictions encore. La Poste poursuit ainsi sa recherche de productivité à la distribution et aux guichets, conséquence du changement de statut rejeté par 2243 Morlaisiens lors de la votation citoyenne organisée le 3 octobre 2009.

 

Cette réorganisation, loin d’être positive, représente un recul du service public de proximité, en contradiction totale avec la volonté des élus de réaliser un aménagement équilibré du territoire. Ce recul généralisé des services publics à l’image de la fermeture du Tribunal de Grande Instance ou de la réduction des effectifs de l’Education Nationale affaiblit l’attractivité du pays de Morlaix.

 

En conséquence, les élus du Conseil Municipal de Morlaix :

  • rappellent le rôle essentiel des services publics pour l’attractivité du territoire

  • dénoncent la recherche de la rentabilité au détriment du service rendu aux usagers

  • exigent le maintien des horaires actuels des bureaux de poste de Morlaix

 

      

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