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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 08:03
Une information peu connue et passionnante communiquée sur la liste de diffusion d'Attac Finistère:
La révolution silencieuse…Quelle révolution ? On n’en entend parler nulle part.
Effectivement à l’origine de cette révolution, qui a eu lieu en 2008, dans ce pays d’à peine plus de 300 000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de cette crise, en 2006.
Merveille de la désinformation, un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique peut se produire en Europe à nos portes sans que les médias français n'en informent le peuple français. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos pouvoirs politico-financiers qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective.
Confronté alors à la faillite brutale du système bancaire, le peuple était descendu dans la rue. Du jamais vu au pays des geysers d’eau chaude. Le gouvernement avait été renversé Et, pour commencer, les banques avaient été nationalisées.
Des images du palais présidentiel assiégé par une foule…Celle-ci, néanmoins pacifique, n’usait que de casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du cacerolazo, qui a su s’avérer très payante aussi là-bas.
Un nouveau gouvernement est institué. Mais, très vite le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois.
Le Président de la République refuse de promulguer ce choix de politique économique et décide de soumettre cette décision à un référendum. Le peuple rejeta unanimement (93%) le plan de renflouement. À plus de 93%, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (6 mars). 
Consécration de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante, le 27 novembre 2010, événement peut-être aussi considérable que la nuit du 4 août 1789 où était votée l’abolition des privilèges. C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants.
Les constitutants se réuniront à partir de la mi-février et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. En particulier, seront soumis à la décision de cette Assemblée :
-         les bases de la constitution islandaise et ses concepts fondamentaux;           
-         l'organisation des branches législatives et exécutives et les limites de leurs pouvoirs;                                                                                                             
-         le rôle et la place du Président de la République;
-         l'indépendance de la magistrature et leur surveillance des autres détenteurs de pouvoirs gouvernementaux; 
-         les mesures pour les élections et les circonscriptions électorales;                  
-         la participation des citoyens au processus démocratique, y compris l'organisation de référendum, y compris un référendum sur une loi constitutionnelle;                                                                                                
-         le Transfert des pouvoirs souverains aux organisations internationales et conduite des affaires étrangères;                                                                       
-         les affaires environnementales, y compris la propriété et l'utilisation de ressources naturelles.
Il s’agit donc de l’élaboration d’un nouveau contrat social et, pour un tel objectif, il faut, ce que beaucoup ici semblent ignorer, la participation de toute la nation.
Dans une interview avec l’agence d’information financière Bloomberg, Olafur Grimsson a dit : « La différence [avec l’Irlande] c’est qu’en Islande nous avons permis aux banques de faire faillite. C’étaient des banques privées et on n’y a pas injecté d’argent pour les maintenir ; l’Etat n’a pas porté la responsabilité de la faillite des banques privées. »  
« L’Islande se porte bien mieux qu’attendu », a déclaré Grimsson. « Peut-on demander aux gens ordinaires – les agriculteurs et les pêcheurs, les enseignants, les docteurs et les infirmières – d’assumer la responsabilité de la faillite des banques privées ? Cette question, qui fut au cœur du débat dans le cas de la banque islandaise Icesave, va être la question brûlante dans de nombreux pays européens.» 
En Islande, les activités en faillite furent séparées du reste des banques, ce qui permet aujourd’hui d’avoir un système bancaire au service de l’économie nationale. 
Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle donne cependant là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France : songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du chef de l’État. Aujourd’hui où, partout en Europe, les parlements sont soumis aux chantages d’institutions essentiellement soumises aux intérêts financiers pour voter des plans de rationnement des populations et de pillage des fonds sociaux et publics, où on donne de plus en plus le pouvoir à ceux qui amplifient les dégâts en profitant d’un système de privilèges et d’inégalités, cet évènement indique, une fois encore, que seule la souveraineté du peuple permettra de trouver une issue politique à la crise économique et sociale. 
Source de l'information: le sîte internet "Paris s'éveille".  
 
Du nouveau en Islande (nouvelles fraîches de quelques mois) :
Aussi incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur « google »: bref, le black-out total …
Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante : un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société.
Alors que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population.
Depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.
Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’excommunistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre.
http://www.cadtm.org/Quand-l-Islande-reinvente-la
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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 18:25

 

En avril 2007, Marie-George Buffet, malgré le grand crédit et l'estime dont elle jouissait dans toute une partie de l'électorat de gauche, n'obtenait que 1,93% au premier tour des élections présidentielles. C'était une énorme déception pour les communistes et tous les partisans d'une gauche anti-libérale, d'autant que l'on aurait pu penser que la désignation par les militants socialistes de Ségolène Royal, une candidate manquant d'envergure et de crédibilité, qui rompait avec toutes les traditions idéologiques de la gauche, aurait pu favoriser d'autres candidats de gauche. La décision majoritaire des communistes à l'hiver 2006 d'être représentés aux présidentielles par leur première secrétaire a eu ainsi de lourdes conséquences en cassant une dynamique de rassemblement, même si l'anti-communisme foncier d'une partie des écolos et d'autres organisations ou citoyens composant les collectifs anti-libéraux et plus largement les soupçons réciproques liés à des cultures politiques historiquement très différentes ont eu aussi leur part de responsabilité dans ce gâchis. La désillusion était d'autant plus grande que la victoire du NON au referendum du 29 mai 2005 sur le Traité Constitutionnel Européen, suivie de l'énorme mobilisation et du triomphe du mouvement social anti-CPE, avaient mis les questions fondamentales d'une autre politique économique et sociale européenne et de la rupture avec le libéralisme au cœur du débat public. Pourtant, rien ne permet de savoir après coup si une autre candidature unitaire qui aurait fait consensus au sein des collectifs anti-libéraux (créés dans le sillage de la victoire référendaire de 2005 et de la lutte contre la directive Bolkelstein), que cela soit celle de Clémentine Autain, de Yves Salesse ou de José Bové, aurait permis d'accéder à des résultats beaucoup plus glorieux, car la LCR et Besancenot avaient d'emblée refuser de jouer collectif et le souvenir traumatisant du 21 avril 2002 a conduit beaucoup d'électeurs de gauche à voter PS au premier tour sans véritable conviction.

 

Toujours est-il que pour les communistes, la question de l'avenir d'un parti qui subissait un tel effondrement électoral se posait de manière aigüe et dramatique, malgré son bon réseau d'élus locaux, ses 130000 militants, et le respect qu'il inspirait toujours dans une partie de la population qui savait tous les acquis démocratiques et sociaux qu'elle lui devait. A l'automne 2008, avant le 34ème Congrès, les militants communistes ont eu des débats posant toutes les questions fondamentales sur l'avenir du parti qu'on peut résumer de manière un peu caricaturale ainsi: le transformer pour prendre en compte l'évolution de la société et des nouvelles formes de mobilisations ou revenir aux fondamentaux marxistes-léninistes, faire le choix du rassemblement ou du renforcement des fondamentaux, changer de nom, dissoudre le parti pour le fondre en une nouvelle structure plus large ou garder son ossature solide pour négocier des accords électoraux avec d'autres organisations sans disparaître en tant qu'entité autonome et perdre des militants et des sympathisants en route. Ils ont majoritairement choisi de conserver l'existence indépendante de leur parti et son nom, tout en optant pour la poursuite des stratégies de rassemblement avec les citoyens et les organisations de la gauche anti-libérale, mais sans s'enfermer dans une opposition au PS si frontale qu'elle nous empêcherait de gérer des collectivités locales ensemble et gréverait les chances de toute la gauche de prendre le pouvoir à la droite.

Fin 2008, à l'issu du congrès de Reims, Jean-Luc Mélenchon et quelques autres cadres du PS issus de sa tendance ont également fait le choix de quitter le parti socialiste pour créer le parti de Gauche (qui compte environ 8000 adhérents aujourd'hui), résolus à contribuer à l'organisation d'un pôle de gauche anti-libérale et républicaine combattive, et pourquoi pas à être les chevilles ouvrières de la création d'un parti du type Die Linke. En mars 2009, suite à la confirmation de la stratégie d'indépendance et d'intransigeance dans la posture radicale hostile à toute idée de participation gouvernementale de la LCR devenue NPA, Christian Picquet et son courant unitaire minoritaire (représentant aujourd'hui 1000 adhérents aujourd'hui) décident de quitter le NPA et de fonder la Gauche Unitaire, afin de créer avec les communistes et le parti de Gauche un rassemblement de gauche volontariste, le Front de Gauche, présent aux élections européennes de 2009 et ultérieurement.

Aux européennes de 2009 et aux régionales de 2010, le Front de Gauche a obtenu en moyenne 6 à 8% des voix, sauf dans d'anciens bastions communistes où ses scores sont plus considérables. Il n'est pas encore parvenu à convaincre l'électorat de gauche peu politisé et l'électorat populaire abstentionniste qu'il incarnait une véritable alternative à la gestion libérale des socialistes mais il a enclenché une véritable dynamique et suscité beaucoup d'espoirs chez les acteurs du mouvement social, les syndicalistes, les ex-communistes, et tous les membres des petits partis et organisations de la gauche alternative, sociale et écologiste.

Même si dans plusieurs régions, les exécutifs communistes traînent des pieds pour jouer à fond la carte de cette stratégie d'indépendance vis à vis du PS du fait de positions réformistes assumées ou de l'influence des élus qui craignent de perdre leurs sièges et leur pouvoir d'action, cette option de l'unité dans une force électorale qui permet, en dépit de sa diversité, au PCF d'assumer beaucoup plus clairement que dans les 25 dernières années ses options égalitaristes, anti-capitalistes et anti-libérales, est largement plébiscitée par les militants communistes, qui qui y voient un moyen de renforcer l'influence de leurs idées sur les politiques publiques et les possibilités de changement réel.

 

Cette volonté de faire grandir le Front de Gauche et de l'élargir pour en faire un mouvement plus populaire où s'engageraient des citoyens non encartés est d'autant plus forte que depuis 2008, les responsables politiques socio-démocrates ou socio-libéraux européens ont montré toute l'étendue de leur impuissance et de leur docilité face aux diktats des marchés ruinant les systèmes de protection sociale, les droits acquis des travailleurs, et les services publics, tandis que le capitalisme mondialisé et financiarisé a fait la preuve de son incapacité structurelle à garantir la stabilité et le progrès social dans les pays développés. Seul le choix une reprise en main par les peuples de leur souveraineté et de leurs outils d'intervention économiques et sociaux pourra créer un espoir, une dynamique ascendante, qui nous fera échapper à la montée des peurs, des passions xénophobes et communautaristes qui font progresser l'extrême-droite et la droite-extrême partout en Europe.

 

C'est pourquoi les élections présidentielles de 2012 en France sont si décisives pour nous. Malgré le succès dans la bataille de l'opinion du mouvement syndical, citoyen et politique de défense des retraites, et l'extrême lassitude de l'opinion vis à vis des rodomontades stériles et de la vulgarité du style présidentiel de Nicolas Sarkozy, il n'est pas du tout certain que la gauche remporte cette élection, particulièrement si Dominique Strauss-Khan, le candidat de Sarkozy pour la présidence du FMI, affronte le président sortant sans pouvoir prétendre incarner une autre politique économique et sociale. Sans qu'il s'agisse de l'hypothèse la plus probable, surtout si une coalition de la droite anti-sarkozyste se forme pour soutenir un candidat sérieux (Villepin ou Bayrou), on pourrait même imaginer un duel Sarkozy - Marine Le Pen au second tour. Les électeurs de gauche en sont conscients et beaucoup croient qu'il pourrait être nécessaire une nouvelle fois de voter « utile » en votant PS au premier tour. Nous devons donc à mon sens proposer un candidat du Front de gauche qui ait immédiatement une envergure suffisante auprès des médias et des citoyens pour continuer à exister, à faire entendre sa différence et à faire pression sur les socialistes pour qu'ils prennent des engagements véritablement à gauche, pendant les 2 ou 3 mois que va durer la campagne des primaires qui aboutira à la désignation du candidat PS à l'automne prochain.

 

Suite à la conférence nationale du PCF les 4 et 5 juin qui fera la synthèse des remontées des démarches et réunions publiques organisées localement pour associer les citoyens à la construction d'un programme populaire et partagé, et qui décidera sans doute aussi d'une proposition de candidature, les militants communistes feront leur choix parmi les différents postulants à la candidature Front de Gauche les 6 et 11 juin 2011.  

 

Jean-Luc Mélenchon, omniprésent dans les médias depuis le printemps dernier, n'a jamais caché son ambition de représenter le Front de Gauche aux présidentielles et après avoir été choisi comme le candidat privilégié du Parti de Gauche il y a quelques semaines, il s'est déclaré candidat pour le vote des communistes. Né en 1951, il est entré au PS en 1977, venant comme Jospin du courant trotskiste lambertiste. Pendant 30 ans au PS, quoique grand admirateur de François Mitterrand, il a animé son aile-gauche luttant contre la dérive libérale de la direction socialiste. Il a ainsi fondé le courant de la Gauche Socialiste avec Julien Dray en 1988, puis, après un passage remarqué au gouvernement comme ministre Jospin de l'enseignement professionnel, il a animé le courant Nouveau Monde avec Henri Emmanuelli après la défaite de 2002.

Mélenchon est un des plus brillants orateurs de la gauche, doté d'une culture historique et idéologique profonde et d'un sens de la répartie et de la formule qui fait des malheurs dans les débats. Il est capable, plus que beaucoup d'autres, de s'adresser au peuple par son style direct et sa capacité à s'éloigner des formules convenues et du politiquement correct. En même temps, son agressivité, qui tient pour partie d'une stratégie tribunitienne et médiatique, et pour partie de son caractère irascible et intransigeant, est un atout autant qu'un handicap, car si elle lui vaut d'être un bon client pour les médias, sa parole étant attendue et n'ennuyant pas, elle le fait passer pour un petit tyran potentiel et quelqu'un d'assez peu sympathique, ce qui peut nous aliéner les votes de beaucoup de gens qui seraient susceptibles de partager beaucoup de nos idées et nos analyses mais qui se reconnaîtront davantage dans un candidat plus policé , humble et cordial (comme Eva Joly?). Même si elle peut apparaître moins importantes que certaines rigidités jacobines sectaires sur la question régionale ou les invectives contre les critiques unanimes des régimes chinois ou russes inspirés par la sensibilité démocratique et humanitaire, cette question du tempérament et des emportements n'est pas anecdotique pour moi car la gauche se vit aussi à travers une certaine pratique des relations humaines, respectueuse, tolérante et fraternelle. Mélenchon peut aussi agacer et inquiéter les communistes par sa tendance à se mettre en avant et à jouer à plein la personnalisation plutôt que le programme ou le rassemblement qui donne du poids à sa parole et par les privilèges dont il jouit quand il s'agit d'accéder aux sunlights des plateaux télé, des émissions de variété, des journaux télévisés, là où Pierre Laurent ou André Chassaigne ont le plus grand mal à exister médiatiquement. L'autoritarisme et la mise en avant d'un chef charismatique qui accompagnent l'image (sinon la réalité) du personnage Mélenchon et du Parti de Gauche s'accordent mal également avec notre tradition de rejet du présidentialisme, si destructeur pour notre vie démocratique.

En même temps, il est évident que si nous voulons mettre en place de nouvelles institutions avec plus de démocratie directe, plus de démocratie à l'intérieur des entreprises, un parlementarisme rénové avec des élections à la proportionnelle, et une récupération de notre souveraineté économique et sociale face à l'Europe libérale, il nous faudra un candidat capable de l'emporter ou de peser significativement grâce à ses qualités personnelles et sa personnalité aux présidentielles. Pour ma part, je pense, mais je peux bien sûr me tromper, n'étant pas devin, que Mélenchon est le seul candidat à la candidature Front de Gauche qui ait des chances de faire plus de 8 ou 10% aux présidentielles et de créer ainsi une dynamique pour gagner des sièges de députés sur une ligne politique clairement à gauche dans la foulée, en passant devant les socialistes dans beaucoup de circonscriptions, ce qui permettrait de rendre une éventuelle majorité de gauche dépendante du soutien de nos parlementaires. De plus, à mon sens, un bon score du Front de Gauche en 2012 serait de nature à renforcer la combativité sociale des salariés et pourrait les amener à se montrer très exigeants vis à vis d'un éventuel gouvernement socialiste dont il est difficile d'attendre une politique sociale ambitieuse spontanée.

Des trois autres candidats possibles, seul André Chassaigne me semble vraiment une alternative sérieuse. En effet, André Gérin, maire PCF de Vénissieux pendant 24 ans et député du Rhône, me paraît être quelqu'un de difficilement conciliable avec les aspirations des électeurs de gauche d'aujourd'hui. C'est un communiste orthodoxe, partisan d'une ligne identitaire fondamentaliste refusant la réévaluation critique de l'expérience communiste et du marxisme-léninisme. Pour lui qui déclare contre toute évidence ne pas vouloir « servir d'alibi pour Mélenchon qui roule pour le parti communiste », il est impensable que les communistes ne présentent pas de candidat issu de leur parti. Le Front de Gauche à son sens « perpétue une démarche étriquée, périmée, au vu de ces 30 dernières années qui ont conduit à l'échec de la gauche plurielle et du gouvernement Jospin de 1997 à 2002 ». Son objectif est apparemment de régénérer le PCF, mais... avec quelle force militante, quelles bases électorales, si il ne propose qu'un retour aux crédos des années 70? André Gérin, confronté dans sa commune populaire à la progression des comportements délinquants et islamistes, a également tenté de contrer la progression du Front national et de l'insécurité en épousant des thèses jusque là avancées par la droite: celui de l'immigration déstabilisatrice et du péril islamiste menaçant la République. Le très droitier député UMP Eric Raoult a préfacé son livre sur les « Ghettos de la République » et il a également piloté avec lui une mission d'information parlementaire sur le port du voile intégral recommandant de transformer en délit le port de la burqa dans l'espace public. Si on peut discuter de l'opportunité de cette interdiction pour lutter contre le communautarisme, faire respecter l'égalité homme-femme et la laïcité, il reste qu'elle aura contribuer à alimenter les fantasmes sur un Islam et une communauté musulmane difficilement assimilable et menaçant notre identité, renforçant ainsi la stratégie de récupération de l'électorat FN de l'UMP, alors que le port du voile intégral reste une attitude très minoritaire en France, de même que l'intégrisme religieux musulman.

L'autre communiste orthodoxe dont on pressent la candidature, Maxime Gremetz, même s'il dispose d'une solide popularité dans la Somme en tant qu'ancien métallurgiste et bête politique increvable (élu député pour la première fois en 1978 et réélu sans l'investiture Front de Gauche et contre un candidat Front de Gauche en juin 2007) en révolte ouverte contre l'appareil et le politiquement correct de gauche, ne me semble guère avoir le profil pour être le candidat rassembleur dont nous avons besoin, d'autant que, comme George Frêche à qui il ressemble par certains côtés, il paraît colérique et sujet à des débordements douteux.

Reste André Chassaigne, député du Puy de Lôme depuis 2002 qui a accompli un très bon travail d'élu de terrain enraciné dans les problématiques de la ruralité ainsi qu'un excellent travail de parlementaire parvenant à convaincre au-delà de son propre camp, notamment sur les questions de défense de l'environnement. L'homme est réfléchi, rassembleur car peu sectaire. Ses convictions humanistes et communistes sont incontestables et il a fait la preuve de sa capacité à conduire une liste composée d'une grande variété de forces politiques, dont le NPA aux élections régionales dans le Limousin et en Auvergne, où il a obtenu les meilleures scores du Front de Gauche en 2010 et l'a imposé comme la troisième force politique locale, ce qui est riche d'espoirs pour la suite.

Certes, le Massif Central dont venait le candidat communiste de 1988, André Lajoinie, avait une tradition communiste mais cet électorat avait fondu depuis le milieu des années 80 et c'est tout le mérite de cette stratégie de rassemblement large et de la popularité personnelle de Chassaigne d'être parvenu à le retrouver et à l'étendre. Chassaigne peut donc séduire au-delà des communistes convaincus par la rondeur de son caractère, sa prise en compte des problématiques contemporaines incontournables qui s'imposent à la gauche (l'altermondialisme, la remise en cause du productivisme et de la croissance et la défense de l'environnement). Mais il a le handicap d'être encore trop peu connu du grand public et je ne suis pas sûr que les médias l'aident à surmonter ce handicap très vite, au cours de la primaire socialiste, si nous le désignons candidat du Front de Gauche. Or, seul un candidat Front de Gauche qui, aux yeux de l'opinion publique, pourra faire un score significatif aux présidentielles et peser réellement dans le paysage politique, pourra nous éviter, me semble t-il, un report massif de votes utiles vers le PS. Il faut faire peur à l'establishment et constituer une force électorale potentielle pour attirer les électeurs et notamment ceux qui sont tentés par l'abstention ou le vote contestataire . A ce titre, je pense qu'il est moins aventureux de désigner Mélenchon plutôt que Chassaigne, d'autant que si Mélenchon n'était pas désigné par les communistes, beaucoup de commentateurs diront que les communistes ont fait preuve de frilosité, de repli identitaire comme en 2007, et Mélenchon, par dépit, ne ferait probablement rien pour les démentir et jouer collectif. Toutes ces analyses sont personnelles et ne reflètent peut-être pas le point de vue majoritaire de la section, mais elles ont pour but de susciter la réflexion et le débat sur la question de la désignation de notre candidat, qui est pour moi au moins aussi importante que le travail sur le contenu de nos propositions, et elle appelle d'autres contributions en réponse.

 

Ismaël Dupont.

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 10:07
nov 2010 076Décidemment notre maire et son équipe s'acharnent à vider Morlaix de tout ce qui peut de près ou de loin faire référence à la culture !
Après le Théâtre, le FAR, voici maintenant que cette municipalité s'attaque aux cinémas (si l'on en croit l'article du Télégramme du 28/01/2011) En effet, il semblerait que l'équipe menée par Madame LE BRUN verrait bien les cinémas quitter le centre ville pour privilégier un multisalle en périphérie.
 
Ce qui permettrait peut-être de supprimer le cinéma d'art et essai " La Salamandre" et de transformer l'emplacement où est actuellement le RIALTO en parking (ça ne vous rappelle pas une chanson... "la dernière séance - Eddy Mitchell").
 
La droite a toujours été frileuse à l'égard de la culture : tout ce qui peut éduquer, informer, faire réfléchir les citoyens, c'est dangereux pour ceux qui font de la politique pour le profit du capital, car les citoyens pourraient s'en rendre compte et voter autrement.
 
Certainement que le cinéma rapporterait moins qu'un parking, surtout géré par une entreprise privée !!! Mais est-ce que tout doit forcément rapporter beaucoup d'argent ???
Est-ce que l'Education de nos enfants doit être rentable ?
Est-ce que notre santé doit être rentable ?
Pour ne prendre que ces 2 exemples, et pourtant c'est ce que veut faire le gouvernement actuel et rappelons que notre Maire est du même Parti que notre Président !
 
De grâce, laissez-nous un peu d'espace pour respirer, pour sourir, pour pleurer, pour se cultiver, pour réfléchir, bref pour VIVRE sans forcément être RENTABLE !
Nicole Labelle.
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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 08:51

Dans une instructive page "Morlaix" du Ouest France datée du lundi 24 janvier, on pouvait lire un entretien du président de la communauté de commune, Yvon Hervé, avec David Dupré, le directeur de la rédaction morlaisienne, sous le titre astucieux, dans le style de Libé ou du Canard enchaîné: "Arts dans la rue: Yvon Hervé pique un fard"... A défaut de certitudes sur la permanence du FAR à Morlaix, on aura donc bien une prolongation de la farce tragi-comique dont Agnès Scapin et Yvon Sgnanarelle assurent les rebondissements pathétiques depuis 2009.

Le 18 janvier 2011 déjà, la section communiste publiait un communiqué dans le Télégramme et le Ouest France pour marquer sa volonté que les spectacles du Festival des Arts dans la Rue continuent à se jouer à Morlaix, son désaccord total avec le désengagement financier de la ville de Morlaix dans le FAR et son inquiétude par rapport à la diminution considérable de subventions (30000 euros sur trois ans) au Fourneau qui organise le Mai des Arts et le FAR  planifiée au nom d'une pure logique d'austérité budgétaire par le socialiste Yvon Hervé, dont l'attitude au moment du conflit social des personnels administratifs et des personnels de collectes des ordures de Morlaix-Communauté avait déjà montré toute la profondeur des convictions de gauche...

Quels mots doux sortaient donc de la bouche du président de la communauté de commune pour réaffirmer sa volonté de ne pas voir le Festival des Arts dans la rue mourir? :

 

"ce qu'on donne pour les arts dans la rue, c'est beaucoup d'argent" (70000 € en 2011)", "franchement, on trouve que les arts dans la rue, c'est cher", "d'autant qu'on est déçu par certains de leurs spectacles", "ce sont des sommes déraisonnables", "que les gens du Fourneau réécrivent leur nouveau programme en prenant en compte le contexte", "on a mis de l'argent, ils feront avec ce qu'ils ont", "s'ils boudent et veulent voir ailleurs, qu'ils s'en aillent", "ce n'est pas parce qu'on aura pas le Fourneau autour de nous qu'on va mourir, loin de là"...

 

"Ma cassette, ma cassette": le rôle d'Harpagon convient si bien à Yvon Hervé! On croirait presque entendre François Fillon: "les caisses de l'Etat sont vides, on est au bord de la banqueroute, il va falloir vous serrer la ceinture, mes pauvres petits administrés, et de préférence autour du cou!" La stratégie rhétorique est connue: "on peut faire mieux avec moins de moyens et parce que les services que vous proposez peuvent être améliorés, on vous donne moins". La question du soutien aux activités culturelles populaires et à la création est posée en termes purement comptables, subordonnée à des objectifs de rentabilité.

D'ailleurs, le président socialiste de la communauté de commune donne avec beaucoup de courtoisie trans-partisane des arguments à la députée européenne UMP Agnès Le Brun pour lui donner raison de n'avoir pas craint de provoquer la ruine du Far en lui retirant 60000 euros de subventions en 2009 et en envisageant avec tant de sérénité que les Arts dans la rue aillent égayer d'autres places que celles de Morlaix: " Trois ou quatre jours à Morlaix, dit-il au journaliste à la fin de son entretien, c'est beaucoup plus compliqué à organiser que dans un village. Dans un centre-ville, ça barre les routes, ça complique le stationnement. Tout ça a un coût, 50000 euros selon la Ville de Morlaix. En dehors du paiement des artistes, il y a des contraintes en ville que vous n'avez pas dans un bourg".

 

Le commentaire du journaliste David Dupré tire la sonnette d'alarme et met les différentes parties prenantes de ce grand gâchis annoncé, le maire de Morlaix, le président de la communauté de commune, la DRAC, et le Fourneau qui, dégoûté par l'attitude des élus de la région de Morlaix, n'hésite pas à faire un chantage au départ d'un festival qui a été porté à bout de bras depuis 24 ans par la collectivité et le contribuable de la région de Morlaix:

"il est clair qu'une disparition du Far du paysage culturel morlaisien devient l'hypothèse la plus plausible. D'autant que cela n'empêcherait pas de dormir la maire de Morlaix. Agnès le Brun, qui n'apprécie guère les gens du Fourneau, n'a pas cédé d'un pouce lorsque Morlaix Communauté l'a invité à piocher dans les finances de la ville pour soutenir le festival. Pas sûr non plus qu'Yvon Hervé...soit très affecté par un départ du FAr. Pas sûr enfin que le Fourneau, qui tire à boulets rouges sur les élus morlaisiens sur son site internet, ne soit non plus très hostile à un exil dans une autre ville bretonne. Entre élus et responsables du Fourneau, on se regarde en chien de faïence. Mais on pourrait finalement trouver un terrain d'entente: l'arrêt du festival dans le Pays de Morlaix. Reste que ce sont bien les Morlaisioens qui pourraient être les dindons de la farce".    

 

Autre intervention salutaire qui tombe à point nommé et qui rappelle avec esprit de synthèse et grande clarté les principes fondamentaux qui doivent guider les orientations budgétaires des responsables politiques de la région de Morlaix et le maintien de l'organisation du FAR à Morlaix, celle d'Alain David, s'exprimant dans le Ouest France du 24 janvier, sans connaître la teneur des propos d'Yvon Hervé, en tant qu'ancien adjoint au maire indigné par l'évolution de ce dossier:

 

COMMUNIQUE d'ALAIN DAVID DANS LE OUEST FRANCE du LUNDI 24 JANVIER 2011

Manifestation gratuite, le Far a su, dans ces temps de grandes difficultés pour la population, demeurer à la fois une possibilité de rassemblement convivial pour les habitants de la région morlaisienne et un moment de rencontre naturelle avec les férus des arts dans la rue et les estivants.

Le Far est donc, au fil des ans, devenu une composante forte du patrimoine morlaisien. Aucun élu communautaire ou municipal ne peut donc moralement ni le dénaturer ni le faire mourir à petit feu. Au vu de l'importance de l'enjeu il importe de faire taire les ego et de faire cesser les querelles entre la ville et la communauté.

Car, certains l'auraient-ils oublié, Morlaix est l'une des communes de Morlaix-Communauté. Peut-être est-il temps de prendre en compte l'avis des professionnels, des bénévoles et de la population qui, eux, n'auront d'autre intérêt que l'avenir du FAR".    

  

Après la purge imposée aux associations, la remise en cause de l'excellent travail réalisé au théâtre, c'est maintenant le Far qui est dans le collimateur. Pourtant, sa qualité et son succès sont reconnus par tous. Son audience a depuis longtemps dépassé les limites du département et de la région. C'est devenu un évènement de portée nationale voire internationale qui participe fortement à l'attractivité de la communauté.

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 16:44

 

André Chassaigne, ancien professeur et proviseur, a été découvert par le grand public avant de postuler à la candidature Front de Gauche pour les présidentielles 2012 après son remarquable score de 24% à la tête d'une liste Front de Gauche élargi à des Verts antilibéraux et au NPA au deuxième tour des élections régionales dans le Limousin. Il a aussi mené avec intelligence et efficacité la résistance parlementaire jusqu'à obtenir au printemps 2008 le vote d'une motion de procédure qui rend caduque le texte autorisant les cultures OGM en France.

 

Cet essai très documenté, écrit avec élégance, modestie et sens des réalités mêle à une réflexion de fond sur les enjeux de l'alimentation mondiale, de l'accès à l'eau, des transports et de l'habitat écologiques, de l'énergie et des biotechnologies, la chronique de ses années d'activité de parlementaire et le récit d'expérimentations locales d'un autre mode de développement.

Sa préoccupation pour les dégâts causés par nos modes de vie coûteux en ressources naturelles et polluants et le capitalisme mondialisé vient d'abord d'un sentiment d'appartenance à une terre dont notre vie tire sa beauté, mais qui ne saurait être réduite à un rôle purement instrumental, « sentiment des grandes forces cosmiques, l'eau, le vent, les grands chênes » que l'homme du sud-ouest qu'est André Chassaigne éprouve comme Jean Jaurès en son temps. Enfant d'une cité ouvrière et communiste depuis longue date, l'auteur a nénmoins longtemps conçu la nature comme ce qui devait être exploité, rentabilisé indéfiniment au service du progrès social et grâce au progrès technique mais, ses conversations avec des amis Yves Cochet (député Vert et ancien ministre de l'environnement) ou Jean Lassale (Modem), de même que ses propres travaux parlementaires quotidiens, l'ont amené à rééxaminer de manière critique « la culture productiviste » que le parti communiste partageait, au nom du développement humain, avec beaucoup d'autres composantes politiques. Cette évolution peut même le pousser à partager l'idée qu'il existe une harmonie dans les écosystèmes dans lesquels s'enracine toute vie que l'homme doit s'efforcer de ne pas saccager par la démesure de ses appétits et de ses passions, ce qui est sensible quand il reprend à son compte la parole aux résonances panthéistes retranscrite en 1854 du Chef indien Seattle:

 

 « Ceci nous le savons: la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre. Toutes les choses sont liées entre elles comme le sang est le lien entre les membres d'une même famille. Nous ne tissons pas la toile de la vie. Nous ne sommes qu'un fil dans la toile de la vie. Ce que nous faisons à la toile nous le faisons à nous-mêmes. Toutes les choses sont liées entre elles... »

 

Quelles sont les grandes idées, les analyses et les propositions les plus significatives mises en valeur cet ouvrage riche et stimulant?

 

I. Les principes qui doivent gouverner notre conciliation de l'ambition sociale et du souci écologiste (chapitre II).

 

1) Il ne faut pas se leurrer sur l'efficacité d'une « écologie apolitique » et toute écologie politique implique une remise en cause du modèle libéral et capitaliste dominant.

Pour exemple, « trier son papier, éteindre la lumière et fermer le robinet doivent devenir des mécanismes...mais reconnaissons, écrit A. Chassaigne, que l'impact sera minime si on ne fait pas bouger les politiques industrielles d'entreprises obsédées par l'appât du gain » (p. 17). L'idée qu'il peut et doit y avoir un consensus trans-partisan sur des réponses écologiques à l'épuisement des ressources naturelles et à la pollution est un mythe, A. Chassaigne n'hésite pas à l'affirmer, et un mythe qui sert objectivement les intérêts du système et des entreprises responsables de la crise écologique: Promue par des personnalités complices du libéralisme telles que Nicolas Hulot ou Yann-Arthus Bertrand, « cette écologie hors du politique fait le pain béni des adeptes d'un libéralisme sans limites. Pensez-donc, une écologie sur le seul terrain de la morale, qui n'implique pas de s'attaquer aux racines du problème (à savoir le système économique, les modes de production, les habitudes de consommation) pour au contraire faire peser toute la responsabilité environnementale sur l'individu, le citoyen, le consommateur acculé à relayer une pollution déjà produite bien loin en amont ».  

 

 

2)Le capitalisme vert peut certes, guidé par la capacité des acteurs de l'économie à s'adapter à de nouvelles conjonctures pour maintenir leur taux de profit, créer des technologies écologiques innovantes, mais il ne saurait être la solution à privilégier face aux crises écologiques et il est absolument nécessaire que l'Etat lui aussi investisse dans la recherche et la mise en œuvre des nouvelles technologies écologiques.

André Chassaigne s'indigne comme Mélenchon du nouveau marché de la pollution carbone qui est en train d'être créé lors d'accords internationaux sur l'environnement et qui implique la création de véritables bourses de permis à polluer car si la pollution a un prix fixé par le marché comme cela existe au niveau européen dans le Système Communautaire d'Echange de Quotas d'Emissions Carbone (SCEQE), cette pollution acquiert également une légitimité. De plus, « dans ce nouveau champ du libre-échange, qui pourra interdire d'accumuler, de stocker, de vendre, de faire de l'argent sur cette pollution? » (p.26). La pollution pourrait alors devenir source de profit en elle-même. Par ailleurs si des technologies vertes telles que de nouvelles voitures moins polluantes ou plus économes de carburants engendrent une surconsommation, elles ne résoudront en rien les problèmes environnementaux. Les solutions techniques peu coûteuses au niveau de la réorientation de nos modes de vie ne peuvent suffire s'il n'y a pas dans les esprits et les lois une remise en question globale de nos modes de développement et de consommation.

 

3)Promouvoir une forme de décroissance est une nécessité rationnelle à condition de ne pas abandonner l'objectif d'émancipation humaine et de ne pas diaboliser le progrès technique et l'activité transformatrice de l' homme en général.

 Sachant que le bien-être n'augmente pas mécaniquement avec la consommation de biens matériels et que les modes de vie des occidentaux modernes exigeraient 5 terres pour trouver un équilibre tant ils sont dispendieux en énergies et en ressources naturelles, on ne peut faire l'impasse d'une réflexion sérieuse sur la théorie de la décroissance. En effet, comme A. Chassaigne la caractérise bien, « bien que non unifiée, elle est la critique la plus radicale qui soit du productivisme. Elle prône une réduction du volume de l'activité économique mondiale pour rendre celle-ci écologiquement tenable, et une réorganisation de la production et de la consommation pour répondre non pas à des exigences de profit, mais aux besoins des êtres humains. C'est une critique qui va bien au-delà de l'économie: elle dénonce un système qui déshumanise en poussant à la consommation, qui détruit l'homme comme la nature, en le forçant à aller vers toujours plus, encore plus de possessions matérielles. La théorie de la décroissance déconstruit un idéal de progrès qui serait une marche mécaniquement bénéfique des sciences et des technologies, et elle construit en contrepoint un mouvement collectif de responsabilité envers notre planète » (p.29).

 

II.  Le besoin de régulation et d'investissement étatique pour faire face aux grands défis écologiques.

 

1)La gestion de l'eau.

« En France, hormis quelques exceptions, la desserte en eau potable est assurée dans de bonnes conditions sous le contrôle des collectivités locales. Mais si la loi fait obligation aux communes de gérer les services d'eau, ils sont délégués à des entreprises privées dans 71% des cas, représentant 45 millions d'habitants » (p.58). Or, l'eau est un bien commun qui devrait échapper à toute logique de marchandisation. Mais, comme elle est rare dans beaucoup de partie du monde et souvent impropre à la consommation à l'état brut, elle nécessite partout dans le monde pour être rendue potable des travaux d'assainissement et de recyclage qui requièrent des technologies coûteuses. Pour l'instant, seules les multinationales de l'eau se positionnent dans l'innovation technologique du fait du retrait des Etats de la gestion de ces secteurs et par carence de la recherche publique. Or, elles le font avec des objectifs exclusifs de rentabilité alors qu'il s'agit de satisfaire des besoins fondamentaux des hommes en leur garantissant une eau de qualité en quantité suffisante. Il est nécessaire donc de ne pas laisser aux multinationales de l'eau telles que Véolia ou Suez-Lyonnaise des eaux qui en France emploient jusqu'à 33000 salariés l'exclusivité de la maîtrise des techniques de traitement et d'assainissement des eaux.

 

 

2)La question de l'énergie.

Chassaigne rappelle qu'en France c'est la maîtrise par la nation de la production énergétique à travers EDF qui a permis d'atteindre l'auto-suffisance en développant un parc de production nucléaire (75,2% des sources d'électricité en 2009) et hydroélectrique (11,9% en 2009). Or, au nom de la prise en charge de la filière par le privé recommandée au niveau européen et acceptée par nos responsables politiques, on organise la désorganisation, multiplie les recours à la sous-traitance, accroît les risques environnementaux. Le dernier avatar de cette logique ultra-libérale de l'union européenne est la loi NOME (Nouvelle Organisation des Marchés de l'Electricité) qui impose à EDF de mettre à disposition des opérateurs privés tels que GDF Suez 25% de sa production d'électricité d'origine nucléaire en leur permettant de faire des profits sur le dos des usagers et des contribuables, ce que le député du Havre Daniel Paul a dénoncé dans un débat houleux à l'Assemblée Nationale. En réalité, on est en train de privatiser le produit de 60 ans d'investissements publics qui ont eu des retentissements sur les factures passées des usagers. Il n'est pas sûr non plus que l'Etat maintienne son monopole à EDF pour gérer et créer des centrales nucléaires, GDF Suez s'étant déjà positionnée sur cette question. Même s'il ne pense pas que l'on puisse rapidement faire du nucléaire une source d'énergie secondaire, Chassaigne rappelle qu'à niveau de consommation inchangée, on ne disposerait que de 30 années d'uranium récupérables en dessous de 80 dollars le kilo et que l'accès à cette ressource peut être rapidement l'objet de conflits internationaux d'ampleur. Par rapport aux besoins qui s'expriment à l'échelle du monde (dessalement de l'eau de mer), compte tenu du changement climatique accéléré par les émissions de carbone et du déclin inévitable des productions mondiales de pétrole et de gaz naturel, il est néanmoins impensable de sortir du nucléaire à moyen terme, même s'il ne faut pas négliger les dangers liés à de possibles accidents et à la durée de dangerosité très longue des déchets.

Ce qu'il faut travailler essentiellement, c'est l'économie d'énergie dans l'habitat et les secteurs d'activité économique et la production d'énergie à partir de l'utilisation de déchets et de ressources inépuisables. Au chapitre 6, Chassaigne discute ainsi des avantages et des inconvénients de l'incinération des déchets qui fait si peur aux riverains, puis met en avant l'émergence de bâtiments pouvant produire leurs propres énergies.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre passe aussi par une promotion du fret ferroviaire pour les transports de marchandises et d'un transport collectif accessible à tous par sa desserte du territoire et ses tarifs. Or, la privatisation et l'ouverture à la concurrence du fret et du transport de voyageurs, la gestion comme une entreprise privée de la SNCF qui sont les conséquences des dogmes néo-libéraux promus au niveau de l'UE rendent ces objectifs d'intérêt général fort difficiles à atteindre (chapitre 9).

 

3) La question de l'alimentation.

 Aujourd'hui, si 1 humain sur 6 est sous-alimenté, cela est largement dû à l'application universelle des politiques libérales et au lobbying efficaces des grands groupes agro-alimentaires, notamment ceux spécialisés dans les « agrocarburants, ce pétrole vert qui creuse les ventres ». Deux principes essentiels doivent guider les accords internationaux en matière de gestion ressources alimentaires: la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire. L'application de ces principes suppose une relocalisation des productions, la suppression du primat des monocultures d'exportation. Or, les industries agro-alimentaires et la grande distribution tendent de plus en plus à délocaliser les productions qui nécessitent de la main d'œuvre.

Au chapitre 7, Chassaigne cite ainsi un exemple édifiant donné par Gerard Le Puill: « En surgelés, une poêlée de légumes bien de chez nous avec le logo de Bonduelle peut provenir d'une demi-douzaine de pays. Les choux-fleurs arrivent de Pologne, car leur prix de revient est inférieur à 30% à celui des choux-fleurs bretons. Les choux brocolis viennent du Guatemala, les poivrons de Turquie, les asperges du Pérou, les haricots verts du Kenya, les petits pois et les champignons de Chine...»

Et la même dérive est à l'œuvre pour les produits carnés:  les ministres de l'agriculture européens décidaient ainsi de multiplier par 5 en mai 2009 les volumes d'importation ouverts au bœuf américain qui est élevé avec des exigences sanitaires bien moins fortes. Actuellement, après avoir sabordé la paysannerie des états du Tiers Monde en forçant ces derniers à supprimer leur protectionnisme pour accueillir des produits européens à bas coût subventionnés par la PAC, l'UE est en train de sacrifier l'agriculture européenne au sein de l'OMC pour ouvrir de nouveaux débouchés, notamment à l'industrie aéronautique, à l'automobile, aux services. La protection des marchés intérieurs est essentielle pour garantir une agriculture à la fois productive et garante du maintien de la fertilité des sols, d'un environnement sain, et du maintien de l'emploi rural.

 

En conclusion de cette présentation des thèses d'André Chassaigne, on peut citer un beau paragraphe qui nuance un peu l'adhésion au respect quasi religieux de la terre nourricière du chef indien Seattle invoquée en introduction et qui combat ceux qui s'en tiennent à une simple dénonciation morale et anti-humaniste de l'agression de l'environnement naturel: « Il nous faut briser l'image d'Epinal d'une nature indemne de toute intervention humaine, d'une nature « naturalisée »...Car ce n'est pas l'homme qui tue la nature, ce sont les rapports des hommes entre eux qui lui nuisent gravement ». (p.163).

 

Compte-rendu réalisé par Ismaël Dupont le 21/01/2011

 

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 11:37

 

Qu'ils s'en aillent tous, Jean-Luc Mélenchon, Flammarion, 10 €: une révolution citoyenne est à portée de main.

 

« Il y a en ce moment une déplorable ambiance de nuit du 4 août ». Cette formule de Jean-François Copé que cite Mélenchon en introduction dit assez bien la crainte que les classes possédantes ont d'une prise de conscience par le peuple de sa capacité à renverser des privilèges qui sont tout aussi exorbitants que ceux de l'Ancien Régime. En effet, dans cet essai au ton direct et combattif qui a déjà fait vendre plus de 53000 livres, Mélenchon rappelle que « nous sommes la cinquième nation la plus riche du monde» tandis qu' « il y a 8 millions de pauvres dans notre pays » et que leur nombre a bondi de plus de 1 million depuis 2007. Entre les smicards, les victimes du travail précaire, du temps partiel, et du démantèlement des services publics et de la solidarité nationale (radiations des listes de chômeurs, déremboursements des frais de médicaments et d'hospitalisation...) d'un côté, et les gagnants de l'ultra-libéralisme de l'autre, il y a un gouffre qui se creuse chaque année davantage. A titre d'exemple significatif, depuis le début des années 2000, les revenus des patrons du CAC 40, chantres de l'austérité et pourfendeurs des charges sociales et des privilèges sociaux ont été multipliés par 8 (p. 58). Ainsi, le patron de BNP Paribas, Baudouin Prot, a perçu en 2009 200 ans de SMIC, tandis que celui d'Axa, Henri de Castries, s'est assuré des revenus équivalent à 265 années de SMIC et que celui de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a touché 770 ans de SMIC.

 

On nous dit qu'il est populiste de lâcher à l'aveuglement du courroux populaire ces brillants patrons qui, après tout, ne gagnent pas plus que leurs homologues américains, européens, indiens ou chinois. Mais la spéculation financière et le primat de l'actionnaire nuisent à la production effective de richesses redistribuables aux salariés et un tel niveau d'inégalités, dont le prix est l'exploitation des producteurs, est suffisamment indécent pour pouvoir, s'il est connu de tous, servir de ferment révolutionnaire. Or, le but de Mélenchon paraît bien dans ce livre de montrer à une population dont la résignation a trop longtemps été le principal allié du capital mais qui en France, conserve le souvenir de sa tradition révolutionnaire glorieuse, qu'une voie de changement radical est nécessaire et possible dans un cadre démocratique. Comme le souligne avec force le tribun de la gauche socialiste en introduction, les révolutions démocratiques d'Amérique du Sud (Vénézuela, Bolivie, Equateur), dans lesquelles le peuple a repris la main sur son destin après des décennies de domination oligarchique et d'application des recettes néo-libérales qui l'avaient mis à genoux, nous montrent, nous montrent la voie à suivre pour sortir du consentement à la domination des marchés:

 

 « La révolution que je souhaite est citoyenne d'abord en ceci que, si elle s'enracine dans le mouvement social, elle se déclenche et se mène par les bulletins de vote et les élections...Ce primat des urnes, c'est la grande contribution des révolutions sud-américaines contemporaines. L'implication populaire est massive, multiforme et constante. Et on y vote beaucoup, après des campagnes électorales extraordinairement âpres! La vieille rengaine selon laquelle les révolutions de gauche ne font pas bon ménage avec la démocratie est caduque. A l'inverse, on voit bien comment les libéraux sont en froid avec la démocratie. En Europe, les référendums français, hollandais et irlandais sur le traité de Lisbonne ont bien montré que la décision des citoyens est tout simplement annulée quand elle n'est pas conforme aux dogmes libéraux. Et chaque jour, l'Union européenne accroît cette dérive autoritaire. La révolution citoyenne...c'est un renversement de pouvoir. Elle le reprend à l'oligarchie, au monarque présidentiel, à l'argent roi. Elle les chasse. Elle change les institutions pour atteindre ses objectifs. Elle renverse la primauté de la finance, abolit le « dogme de la concurrence libre et non faussée », réorganise la production et le partage des richesses. (introduction, p.16-17).

 

L'essai de Mélanchon esquisse ensuite les différentes dimensions que devra prendre pour lui cette révolution citoyenne en argumentant des propositions-phare pour la restauration d'une vigueur républicaine dans notre pays (premier chapitre), pour un autre partage des richesses (chapitre deux), pour une autre Europe (chapitre trois), pour une planification écologique (chapitre 4), et enfin pour un monde plus pacifique et moins écrasé par l'impérialisme américain (chapitre 5). Sans prétendre à l'exhaustivité, nous pouvons indiquer quelques unes des propositions que Mélenchon soumet au débat dans la population et chez les sympathisants du Front de Gauche, sachant que beaucoup de ses propositions ne sont pas originales et se trouvaient déjà dans les programmes du PCF depuis longtemps, toute notre interrogation pouvant porter sur les moyens de montrer au peuple qu'elles sont réalisables et que le rassemblement qui les porte peut arriver au pouvoir afin de les mettre en œuvre concrètement.

 

  • Réformer les institutions en convoquant d'emblée comme au point de départ de la Révolution Française et comme dans plusieurs pays d'Amérique Latine gérés par une gauche de combat une Assemblée Constituante. Cette constituante serait un moyen de redonner de la légitimité aux pouvoirs représentatifs, de répondre au défi de l'abstention des classes populaires en rendant au peuple le sentiment qu'il est à l'origine de ses institutions qui lui permettent d'exprimer sa souveraineté inaliénable.

  • Tourner la page du présidentialisme en restaurant un régime parlementaire permettant à la diversité des sensibilités politiques de la population d'être représentées et en rompant avec les pratiques de concentration du pouvoir dans les mains d'un clan quasi-mafieux et d'étouffement du débat législatif.

  • Reconstruire une école laïque de qualité qui éveille la raison, la curiosité intellectuelle et l'esprit civique de tous les jeunes et qui ait les moyens de former des compétences intellectuelles élevées si nécessaires dans la mondialisation. Réserver les fonds publics aux établissements publics, revenir sur la carte scolaire et l'autonomie des établissements.

  • Permettre aux médias d'éclairer réellement le citoyen et non pas seulement de le divertir ou de le manipuler pour complaire aux puissances d'argent. Supprimer les empires médiatiques contrôlés par le grand patronat de l'armement, des BTP, ou de la finance travaillant pour l'Etat et se servant de lui. Restaurer un vrai statut stable et une formation intellectuelle exigeante des journalistes et leur rendre une indépendance à l'intérieur de groupes de presse, de télévision, ou de radio, qui devraient fonctionner comme des coopératives autogérées avec pourquoi pas une partie de financement public.

  • Rendre aux français les dix points de la richesse nationale totale qui sont passés de la poche des producteurs à celle des rentiers au cours des 25 dernières années (195 milliards par an de transfert du travail vers le capital). Cela passe par un SMIC à 1500 euros net, par une taxation du capital à la même hauteur que le travail (ce dernier est actuellement taxé en moyenne à 42% quand le capital l'est à 18%). Cela passe aussi par la création d'un revenu maximum, la très forte taxation des hauts revenus permettant de financer des services publics de qualité augmentant la liberté concrète de tous. « Ce salaire maximum, on peut l'établir en suivant la proposition de la Confédération européenne des syndicats: au sein d'une entreprise, pas de salaire, en haut de l'échelle, qui fasse plus de vingt fois celui du bas de l'échelle. Il ne s'agit ni d'égalitarisme ni d'uniformisation. Je suis parfaitement conscient qu'il y a des tâches dont le contenu a une valeur d'usage et une valeur d'échange différentes et que toutes ne s'achètent pas au même prix. Mais ce système lie tous les étages de la pyramide. Ainsi, celui qui est en haut de l'échelle, s'il décide d'augmenter son salaire, aura l'obligation d'augmenter ceux du bas de l'échelle ». (p.67). 30000 euros par mois serait pour Mélenchon un plafond de revenu raisonnable que l'on pourrait atteindre à taxant à 100% les 0, 05% de contribuables, c'est à dire les 15000 ultra-riches qui dépassent actuellement allégrement après imposition ce plafond. Aux Etats-Unis, le président Roosevelt avait bien porté le niveau supérieur de l'impôt sur le revenu à 91% en 1941, niveau qui est demeuré jusqu'en 1964.

  • Sortir du traité de Lisbonne et restaurer la souveraineté populaire à l'intérieur de l'Europe. En effet, « le capital exige que soient constitutionnalisées les normes interdisant qu'on le maîtrise. En ce moment, c'est du délire! Les uns veulent interdire dans la Constitution les déficits publics, les autres veulent passer des accords européens qui interdisent les augmentations d'impôt »(p. 73). On ne peut plus accepter cette Europe qui se met au service des intérêts privés en forçant les peuples à privatiser ou à ouvrir à la concurrence leurs services publics (poste, électricité, transports), qui menace d'exercer son véto sur les budgets présentés par des gouvernements qui ne feraient pas assez de coupes sombres dans les dépenses sociales. Mélenchon, qui a longtemps pensé que la construction politique européenne pourrait être « un moyen de rétablir la souveraineté populaire mise en cause par la mondialisation et la puissance des Etats-Unis d'Amérique » n'y croit plus. Seul une option renforçant le pouvoir du Parlement et du fédéralisme européen aurait pu rendre l'unification européenne compatible avec l'idéal républicain mais ce n'est pas le choix qui a été fait au début des années 2000. De la même manière que les Anglais ont obtenu le droit de déroger à toute législation sociale plus favorable que la leur, la France devrait pouvoir demander l'opt-out pour ne pas appliquer des directives remettant en cause ses services publics et ce qu'il reste de son modèle social.

  • Mettre l'ambition écologique au cœur du projet politique de la gauche sociale. Il ne s'agit pas d'idéaliser la nature ou de « sauver la planète » pour elle-même: « Elle se fiche bien de nous ». Il nous faut seulement « lutter pour sauvegarder l'écosystème qui rend possible la vie humaine ». Ce n'est pas la main invisible du marché qui le permettra mais le volontarisme des Etats plaçant l'intérêt général à long terme des sociétés au-dessus des appétits financiers, ce pourquoi l'adhésion au libéralisme et au capitalisme mondialisé et financiarisé ne s'accordent pas avec le souci de préserver l'environnement qui rend possible la vie sociale. Il faut lutter contre la création de droits à polluer monnayables créant un marché spéculatif de l'émission de gaz à effet de serre, lutter aussi contre les stratégies marketing des multinationales du « capitalisme vert » qui instrumentalisent les préoccupations écologiques pour trouver des nouveaux marchés juteux, comme celui des agro-carburants dont la croissance se fait au détriment de l'agriculture vivrière et de la lutte contre la faim dans le monde. En revanche, la prise en compte des dégâts du productivisme et du consumérisme exacerbés par la recherche des taux de profit les plus élevés est une porte d'entrée stratégique pour une remise en question radicale du système capitaliste (p.96), dont on voit bien qu'il ne « marche pas », qu'il n'est pas viable à long terme. Pour lutter contre le réchauffement climatique et pour la qualité de vie des producteurs et des consommateurs, il est également nécessaire de relocaliser les productions en luttant contre la trop forte importation de produits agricoles et les délocalisations industrielles. Contre les dogmes libre-échangistes, il est donc indispensable de rétablir une dose de protectionnisme pour des raisons sociales et écologiques complémentaires et de mettre en place des circuits courts pour rapprocher le producteur du consommateur en limitant les productions d'exportations. Mélenchon propose aussi de favoriser réellement le transport ferroviaire au détriment de la circulation des camions et de sortir progressivement et méthodiquement du nucléaire: « La folie, c'est de dire qu'on va continuer à produire de l'énergie avec un système dont un seul accident peut équivaloir à toutes les catastrophes que le pays a connues depuis qu'il existe. Et qui, de plus, laisse des déchets nuisibles jusqu'à la fin des temps » (p.105). Des pistes à explorer: les économies d'énergie par l'isolation des bâtiments, le recyclage de l'énergie naturelle, et l'exploitation de la chaleur du sol et du sous-sol.

  • Se battre pour la paix dans le monde en sortant du commandement militaire de l'OTAN qui « est à présent un pur organe impérial des Etats-Unis » (p.115), en cessant de justifier des interventions armées motivées en réalité par des raisons stratégiques et économiques par une rhétorique humanitaire, en construisant des partenariats privilégiés avec des grandes puissances telles que la Chine et la Russie pour pouvoir équilibrer le poids écrasant des intérêts américains dans la politique internationale, cessant d'encourager le risqué démantèlement des Etats en légitimant des régionalismes ou des nationalismes en quête de séparatisme, le communautarisme devant sa vigueur à l'affaiblissement des projets politiques de progrès social et des solidarités collectives. Œuvrer au désarmement nucléaire généralisé.

Pour ce républicain patriote qu'est Mélenchon, si attaché à la tradition historique de la gauche française depuis le XVIIIème siècle à l'inverse de beaucoup d'hommes politiques socio-démocrates contemporains, « la France est le pays où peut s'ouvrir une grande page neuve de l'histoire du monde » (p.138) qui nous montrait une voie de sortie à un système qui transforme les gouvernements « en agences de spectacle politique » et qui « patauge dans les crises financières endémiques ». Il nous reste à nous mobiliser pour que ce sursaut nécessaire ne reste pas un vœu pieux.

 

Compte-rendu de lecture réalisé le 26/01/2011 par Ismaël Dupont.

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 20:07

C'était il y a près de 30 ans. Dans le prolongement d'un vieux choc pétrolier, la Crise avait commencé à s'inviter dans le débat public et le quotidien des occidentaux. La menace du chômage était perçue par tous et justifiait une sacralisation de l'entrepreneur, seul véritable créateur de richesses chargé d'assurer le salut public en laissant libre cours à son instinct créatif et son courageux sens de l'initiative.

La crise avait au moins quelque chose de positif: elle obligeait les peuples à reconnaître leurs bienfaiteurs, à ne plus se goinfrer innocemment d'avantages acquis ou de privilèges de peuples trop gâtés tels que les contrats de travail à durée indéterminée, la sécurité sociale, la retraite à soixante ans, les services publics accessibles à tous, les revenus d'insertion pour les plus défavorisés. Il allait bien sûr falloir assouplir le droit du travail, limiter l'impôt et la dépense publique, accepter des cures d'austérité salariale pour réveiller les bêtes endormies des économies occidentales et leur permettre de concurrencer les tigres et dragons d'Asie où les multinationales commençaient déjà à délocaliser leurs activités de production. Pour bien gérer les pays engagés dans la compétition économique internationale, il était donc nécessaire de rompre avec les vieilles lunes idéologiques bonnes pour la politique à papa et d'exhausser le vieux rêve de Platon en confiant enfin les rênes du pouvoir à des experts qui prometteraient une mondialisation heureuse et profitable à tous les peuples à condition qu'ils s'adaptent à la nouvelle donne économique et brisent les freins à l'investissement privé et à la création d'entreprise, laissant ainsi les marchés générer du bien public par le seul jeu harmonieux de la compétition des intérêts privés.

Bien sûr, les peuples n'étant en rien naturellement raisonnables et éclairés, il fallait faire de la pédagogie pour leur montrer que leur intérêt véritable était de se serrer la ceinture, ou bien encore mettre sur le devant de la scène une figure charismatique, ancien acteur, play boy ou chef d'entreprise de préférence, capable de les faire rêver par la force de son verbe ou d'un sourire désarmant. La vedette était annoncée par des séries de sondages montrant l'impatience du peuple à se voir dépossédé de son destin, sondages commandités et commentés par les magazines et les chaînes de télévision possédés par les grands manitous de la finance, lesquels passeraient ensuite des contrats avec les gouvernements nationaux ou leurs alliés et vassaux étrangers pour acquérir des marchés de construction d'armement, de routes et de palais présidentiels. C'était une époque bénie pour le monde de l'argent: l'épouvantail qui faisait peur aux électeurs et au personnel politique de gauche n'était plus le capitaliste sans scrupule mais l'ouvrier abruti par la télé poubelle et ses loisirs ringards qui s'abstenait aux élections ou votait pour des partis populistes d'extrême-droite. Dans le même temps, les rangs des syndicalistes étaient de plus en plus clairsemés, le salarié, soit qu'il pensât qu'entre son patron et lui, c'était gagnant-gagnant, soit qu'il craignit de perdre son poste ou sa prime d'employé modèle, ne voyant plus d'autre planche de salut pour lui que la débrouille individuelle et la compétition et râlant contre les planqués et les assistés qu'un Etat trop charitable s'obstinait à coucouner.

Un autre moyen de rendre les salariés dociles et compréhensifs par rapport aux objectifs de rentabilité de leurs employeurs était de les encourager à s'endetter en empruntant à gogo pour s'acheter les nouveaux gadgets vantés par la publicité omniprésente, des voitures ou des maisons qui satisfaisaient leurs aspirations à l'embourgeoisement. Comme le haut niveau de profit des entreprises et de leurs actionnaires reposait sur deux facteurs difficilement conciliables, à savoir des bas salaires et un haut niveau de consommation dans les pays développés, l'encouragement gouvernemental, bancaire et commercial au sur-endettement individuel, de la même manière que les délocalisations qui font pression sur les salaires tout en garantissant en contrepartie des marchandises à bon marché, aura permis un temps de surmonter la contradiction sur laquelle était assise la croissance des économies occidentales.

Le nouveau signe d'élection divine des peuples, cette fameuse croissance du PIB, était dopée ici et là par la hausse des prix de l'immobilier, qui attirait et était gonflée par les investisseurs privés, petits acteurs ou représentants des monarchies pétrolières, ainsi que des fonds de pension gérant les retraites par capitalisation des salariés américains. Le boom de l'immobilier offrait de surcroît des perspectives d'enrichissement bien au-delà des revenus du travail et faisait prospérer les entreprises du bâtiment. Les banques, parce que le marché était immense et juteux, ont commencé par consentir des prêts immobiliers à taux d'intérêt variable ou élevé à des citoyens aux revenus modestes aspirant à devenir propriétaires, soit qu'ils voulaient acheter et revendre, constituer une épargne par l'investissement dans le bâti, soit qu'ils étaient lassés de payer des loyers en hausse continuelle. Ces emprunts risqués ont ensuite été transformés, par un savant dispositif boursier inventé au début des années 2000, en actions à haut risque et fortement rémunératrices vers lesquelles se sont précipités les traders des grandes banques dont la fortune dépendait de la capacité à gongler rapidement les profits de leurs employeurs par le jeu boursier des achats et reventes opportunes dans le casino mondial de la bourse.

Mais voilà, comme cela devait arriver, de plus en plus de ménages ne sont pas parvenus à faire face à leurs échéances de remboursement à taux d'intérêt très élevé, les possibilités d'augmenter la demande en termes d'achat immobilier se sont taries, et les prix des maisons et des appartements ont commencé à baisser, provoquant un vent de panique sur les places financières, tous les traders cherchant à vendre leurs actions toxiques en même temps, ce qui a fait chuter vertigineusement la valeur de ces actions. De grandes banques d'affaires et de crédits se sont retrouvées dans la situation de ne plus pouvoir s'acquitter de leurs dettes, au bord de la faillite, cependant que l'économie, fragilisée par la crise du bâtiment annoncée, était menacée d'un assèchement total du crédit. Les Etats, après avoir entonné le couplet de la catastrophe imminente et de la nécessité de moraliser le capitalisme une fois l'avoir sauvé, ont donc vidé les poches des contribuables ou de leurs enfants en alourdissant la dette publique pour réinjecter de l'argent frais dans les coffres des banques. Celles-ci, après avoir fait profil bas un temps en suspendant provisoirement quelques parachutes dorés, quelques encaissements sonnants et trébuchants de stocks options, ont vite décidé qu'il fallait à leur tour ramener les Etats à une sobriété vertueuse.

Les agences de notation qui travaillent pour les grands acteurs des marchés ont donc commencé à distribuer des mauvais points aux Etats dont la dette avait grossi à la faveur de la crise financière de 2008, perte du « triple A » qui a fait grimpé de manière inquiétante les taux d'intérêts consentis par les acteurs financiers privés à ces Etats. Comme les dettes grecques, portugaises, espagnoles, irlandaises, sont à rembourser à échéance à des banques ou à d'influents investisseurs privés allemands, français, américains et autres, il n'était pas question pour les gens responsables qui nous gouvernent d'abandonner ces piliers de nos économies. Après les avoir durement sermonné et leur avoir fait sentir la générosité de la grâce qui leur était faite, le FMI, la Banque centrale européenne et les Etats les plus riches de l'UE ont donc consenti à prêter de l'argent aux mauvais élèves de l'Europe à des taux d'intérêt bien plus élevés que ceux accordés aux grandes banques au bord de la faillite quelques mois plus tôt, ces mêmes banques qui se refont une santé et des profits considérables en prêtant à des taux usuraires aux Etats pour les sauver d'une prétendue banqueroute qui ne signifierait rien d'autre en premier lieu que la mise en difficulté des créanciers privés.

Les gouvernements des pays visés par les agences de notation pour le poids de leurs déficits publics entonnent à nouveau la bonne chanson de la Crise, de l'heure grave et dramatique, pour faire accepter aux peuples les remèdes de cheval du FMI et de la banque centrale: réduction des salaires, suppression de services publics et de postes de fonctionnaires, durcissement des conditions d'attribution des minima sociaux, des allocations familiales et des allocations chômage, allongement de la durée de travail avant le départ à la retraite avec un taux de remplacement décent. Cette cure d'austérité permettra sans doute au secteur financier de se frayer de nouveaux marchés sur les vestiges du service public ou de la protection sociale. Elle empêchera sans doute aussi la relance de la croissance par le soutien à la consommation, l'appauvrissement des populations plongeant les économies dans le marasme, même si les grands groupes financiers continuent à bien se porter. La prise de pouvoir des banques et des marchés financiers dans les démocraties occidentales ne date peut-être pas d'hier, mais elle n'a jamais été aussi manifeste et manifestement dangereuse pour les populations. Mais, en fait, suffit-il comme le suggère le red devils Eric Cantona de retirer ses économies des banques pour mettre à bas ce système de privatisation des profits et de socialisation des pertes?

 

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 19:22

Communiqué envoyé le 25/01/11 à la presse...

Pouvoir jouir d'une retraite apaisée et digne en comptant sur l'appui de la collectivité pour faire face à sa perte d'autonomie est un droit fondamental que l'Etat doit garantir à tous par le biais de la Solidarité Nationale. S'occuper des vieux, c'est s'occuper du futur de chacun, faire vivre une société pour tous les âges.

C'est pourquoi les communistes morlaisiens entendent faire connaître leur inquiétude et leur colère face aux carences des politiques publiques dans le Finistère en matière de prise en charge des personnes âgées. De l'aveu même du président du conseil général, il manque 2000 places en maison de retraite dans le Finistère pour faire face aux besoins liés au vieillissement de la population et on n'en créerait actuellement que 70 par an dans le département, ces maisons de retraite ayant d'ailleurs trop souvent des tarifs journaliers inaccessibles à beaucoup de familles. Rappelons qu'en France les personnes âgées n'intègrent une maison de retraite pour des raisons de santé et de sécurité impératives qu'à 83 ans en moyenne et que 90% des places en maison de retraite construites depuis 2006 le sont dans le domaine privé en recherche de profit (pour un coût de 1500 à 3000 euros par mois en général). Parallèlement, plusieurs personnes âgées handicapées ou malades ont vu leur nombre d'heures d'aides à domicile financées par l'APA (Aide Personnalisée à l'Autonomie) amputé de manière significative par le conseil général, sous prétexte que le contexte économique ne permettrait plus de telles « largesses » de la collectivité.

En réalité, on sait tous que l'Etat a transféré aux conseils généraux des charges qu'il n'a pas compensé, qu'il les a étranglés financièrement en supprimant la taxe professionnelle et en gelant ses dotations tandis que les besoins de la population âgée et précaire augmentaient. L'APA (aide universelle qui variant en fonction des ressources et du degré de dépendance du bénéficiaire dont le montant moyen est de 500 euros) qui devait initialement être financée à 50% par l'Etat et à 50% par les conseils généraux, est aujourd'hui financée à 70% par les conseils généraux. Or, plutôt que de faire le choix de la résistance comme de nombreux départements face à cet assèchement intentionnel des ressources en continuant à couvrir les besoins sociaux, quitte à présenter un budget en déséquilibre pour alerter l'opinion, la majorité PS du conseil général a fait le choix de prolonger au niveau local les politiques de rigueur du gouvernement de droite. Cette résignation au moins-disant social se traduit également par un manque de soutien du conseil général aux 3700 salariés de l'ADMR (Aide à domicile en milieu rural), association historiquement gérée sans quête de rentabilité par des bénévoles, et aux 30000 familles finistériennes concernées par ces interventions à domicile. Le Conseil Général doit s'engager financièrement pour aider l'ADMR 29 et les associations qu'elle fédère à sortir de la mauvaise passe où elles se trouvent du fait de dépenses de prestige superflues et d'une gestion peu rigoureuse et il doit garantir aux personnels intervenant à domicile des plannings et des conditions de travail décents afin que les personnes âgées reçoivent des services de qualité. Rappelons qu'en 2010, il y a eu près de 5000 jours d'arrêt maladie chez les salariés de l'ADMR, ce qui est un signe de conditions de travail stressantes et difficiles qu'a confirmé, si besoin était, la démission en bloc du Comité Hygiène et Sécurité de l'ADMR. Rappelons aussi que si les associations ADMR cessent leurs activités, les familles n'auront d'autre recours que de faire appel aux sociétés privées à but lucratif de services à la personne favorisées par la loi Borloo de 2005 ou d'utiliser du personnel peu qualifié et précaire en chèque emploi-service.

Enfin, comment ne pas dire notre révolte devant le projet gouvernemental de réforme de la prise en charge de la dépendance qui obligerait à souscrire dès 50 ans à une assurance privée pour faire face, à la mesure de ses moyens financiers, à sa dépendance future, et créerait deux tarifs de l'APA selon que l'on accepte ou non la récupération sur le patrimoine que l'on laisse à ses enfants. Cette réforme supprimerait également pour le premier niveau de dépendance, le GIR 4, l'éligibilité à l'APA. C'est un projet profondément régressif et injuste qui, en marginalisant le financement de la prise en charge de la dépendance par la sécurité sociale au profit du financement individuel et familial, augmentera les inégalités entre retraités pour offrir au secteur assurantiel privé un marché très juteux. Nous appelons à l'inverse à la création d'un grand service public sanitaire et social garantissant à tous le droit de bien vieillir, financé par l'impôt redistributif et la cotisation sociale, et regroupant maintien à domicile, structures d'hébergement, hôpitaux et médecine de proximité en garantissant un statut et des formations de qualité au personnel.

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:58

Le 6 mai 2007, l'avocat d'affaires Nicolas Sarkozy fêtait son OPA sur la nation au Fouquet's avec les plus grandes fortunes de France qui ont favorisé son élection avec leurs médias et leurs réseaux et qu'il promettait de choyer en retour: Vincent Bolloré, Martin Bouygues (témoin de mariage du petit Nicolas et parrain d'un de ses fils), Bernard Arnaud, Serge Dassault, et les milliardaires Albert Frère et Paul Desmarais, actionnaires principaux de Total, Lafarge, et Suez.

Depuis 3 ans et demi, le bouclier fiscal et les facilités accordées à la non-imposition des revenus du patrimoine s'évadant dans les paradis fiscaux ou les niches fiscales, la dépénalisation du droit des affaires, l'allégement des droits de succession et de donation, l'ouverture du capital d'EDF et de la Poste, les cadeaux faits aux sociétés d'assurance et aux fonds d'épargne-retraite par capitalisation, manifestent toute l'étendue des relations incestueuses entre la haute finance et le pouvoir politique de droite. A l'opposé, l'affaiblissement considérable des services publics et de la protection sociale, le durcissement des conditions d'indemnisation des chômeurs et la précarisation des salariés, montrent bien combien les classes possédantes peuvent, dans un contexte de dérégulation de l'économie internationale renforcée par les orientations favorables au capitalisme financier de l'UE et du FMI, détricoter sans complexe l'ensemble des avancées sociales acquises de haute lutte depuis la Libération.

 

L'oligarchie qui nous dirige tente néanmoins de capter les suffrages des catégories populaires qu'elle saigne à blanc pour se légitimer démocratiquement. Pour cela, elle parie sur notre individualisme, instrumentalise nos angoisses face à l'insécurité et cultive les replis identitaires ou xénophobes. Pour servir sa politique de casse de l'Etat-Providence en faveur des plus riches, la majorité de droite ne cesse ainsi d'attaquer l'indépendance de la justice et les libertés individuelles au profit du tout-sécuritaire tout en mettant en application les idées nauséabondes du Front National en matière de criminalisation des migrants et des minorités culturelles.

 

C'est parce qu'ils ont conscience d'être les témoins d'une très grave régression de civilisation et d'une négation pure et simple des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui constituaient le socle de notre pacte républicain que des millions de Français ont trouvé les réserves d'indignation nécessaires pour se mobiliser plusieurs semaines durant afin de défendre, sans guère d'espoir de victoire, le droit de partir en retraite à taux plein à 60 ans et une autre répartition des richesses produites par le travail. Cette capacité de mobilisation des Français, intacte malgré le matraquage idéologique que nous infligent les médias pour fabriquer du consentement à la Réforme, est un encouragement au réveil des populations européennes qui sont si durement touchées par les conséquences des politiques néo-libérales. En même temps, nous voyons bien qu'en Espagne, en Grèce, au Portugal, des premiers ministres sociaux-démocrates mis au pouvoir par les électeurs de gauche acceptent de réduire les salaires et les minima sociaux, d'allonger la durée du travail, de d'amputer les services publics afin de satisfaire la Banque Centrale Européenne, le FMI, et les créanciers des Etats qu'ils gouvernent, ces mêmes banques qui trouvent le prétexte d'une dette publique qu'elles ont considérablement aggravée en 2008 du fait de leurs pratiques de spéculation financière et d'encouragement au surendettement pour briser tous les freins encore opposés à leur prise de contrôle des sociétés.

 

La dynamique actuelle du capitalisme, qui fait basculer toutes les régulations étatiques et les protections sociales depuis que s'est construit politiquement la mondialisation libérale, montre plus que jamais la nocivité de ce système tendant à faire de la compétition et de la recherche du profit individuel maximal les seuls modes de régulation sociale et sa capacité à faire régresser le niveau de vie des peuples des pays développés. Il est donc temps que les électeurs de gauche se rassemblent sur des bases de critique fondamentale du capitalisme et du libéralisme pour construire sans sectarisme le projet alternatif d'une société basée sur la coopération, la solidarité internationale et nationale, le respect des libertés individuelles et des différences, et enfin la préservation de l'environnement. C'est pourquoi le Front de Gauche, rassemblement en voie de progression et d'élargissement, tente depuis 2008 de s'associer toutes les énergies et toutes les réflexions citoyennes avec pour objectif est de récréer les conditions d'une prise de pouvoir par une gauche de transformation sociale ambitieuse, décidée à remettre véritablement en cause le pouvoir de la finance pour reconstruire du commun et remettre le principe d'égalité au cœur de l'ambition politique.

Ismaël Dupont

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:54

Comme nous l’avons tous remarqué, on ne peut pas lever le petit doigt en demandant un peu plus de moyens pour nos retraites, la sécurité sociale, les budgets des hôpitaux, … sans qu’à un moment ne survienne l’argument « vous n’y pensez pas : vous savez bien qu’il n’y a plus d’argent » ou « vous ne voudriez tout de même pas que l’on lègue une telle situation à nos enfants ?».

Et bien non, l’argent de manque pas : il n’y en a jamais eu autant ! Simplement il n’est plus là où il faut. En gros 120 milliards à 170 milliards d’Euros par an ont ripé du travail vers le capital. Ce transfert devrait être au cœur des débats actuels sur les « déficits de la dépense publique » : même avec les estimations basses, c’est plus d’une dizaine de fois le déficit de la Sécurité Sociale (12 milliards d’Euros) et une vingtaine de fois celui des retraites (5 milliards d’Euros) !

Or tous les débats médiatiques parlent de ces trous là, tandis que celui, combien de fois plus profond, creusé par les actionnaires dans la poche des salariés et dans le financement des cotisations sociales est lui, disons « oublié » !

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