Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 08:33


 

LE FRONT DE GAUCHE du FINISTERE ( PCF, Parti de Gauche, FASE, Gauche Unitaire) et ses candidats aux législatives s'associent pleinement à l'appel de la CGT, de la FSU, de l'UNSA, et de Solidaires, de participer à une journée de grève et de manifestation le mercredi 29 février décidée par la Confédération Européenne des Syndicats pour dire non aux plans d'austérité mis en place dans toute l'Europe. Cet appel pour l'emploi et la justice sociale s'adresse aux salariés, mais aussi aux précaires, chômeurs, retraités.

 

4 rassemblements sont prévus dans le Finistère, le 29 février à 11h: à Brest,  à Quimper, à Quimperlé et enfin à Morlaix, place de la Mairie.  


Cette journée européenne d'action verra des rassemblements se constituer de Malte à l'Islande et du Portugal à l'Estonie, avec un point fort à Bruxelles. 

En France, le mardi 21 février les députés de droite ont donné leur accord pour un projet de loi autorisant un nouveau traité européen permettant de généraliser dans toute l’Europe le traitement inhumain imposé à la Grèce. Le Parti Socialiste par son abstention courageuse (sauf 20 députés dont Gilbert Le Bris de la 8ème du Finistère, qui ont voté contre), a permis cette adoption ouvrant la voie à la perte de souveraineté de la France, principalement en matière budgétaire. 
 

C'est pourquoi le Front de Gauche, avec son programme "l'humain d'abord" dit avec les syndicats européens :

 

-Trop c'est trop ! l'austérité ça ne marche pas, bien au contraire cela creuse durablement les inégalités.

 

- Manifestons pour l'emploi et la justice sociale parce que la crise ne doit pas être un prétexte pour brader nos systèmes sociaux

 

- Des alternatives existent ! L'Europe doit être fondée sur la solidarité, la justice et la cohésion sociale.

 

- Parce que cela ne peut plus durer: tous dans la rue le 29 février.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 08:00

DECLARATION DE NOELLE PEOCH 

SUR LES CHOIX ENERGETIQUES

21 février 2012

Noëlle Péoc'h - Huelgoat

Candidate du Front de Gauche, je propose la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange.

Nous devons tenir compte de l’impact des activités humaines et économiques sur l’écosystéme afin de préserver l’intérêt général de l’humanité.

 

Pour parvenir à cet objectif, un débat public est une nécessité absolue.

 

Ainsi , pour ce qui concerne les choix énergétiques en Bretagne et dans le Finistère, le Front de Gauche réclame un débat démocratique associant la population à la réflexion sur les besoins énergétiques et les solutions alternatives à la centrale à gaz préconisée par le pacte électrique breton .

Est-il pertinent qu’un approvisionnement en gaz soit la solution ? 

Cette énergie fossile non renouvelable proviendrait de pays étrangers avec tous les risques de rupture d’alimentation que cela comporte.

Par ailleurs, il apparaît que le principe même de la préservation de l’environnement serait une nouvelle fois bafoué dans le seul but de privilégier les intérêrs particuliers d’actionnaires dont l’objectif premier est de faire du profit .

 

La transition écologique est indispensable .

 

Comme l’a démontré Guy Jourden, membre du CESER (conseil économique social et environnemental de la région Bretagne), lors de notre réunion publique du 17 février à Huelgoat, en présence d’une cinquantaine de personnes, la Bretagne possède un potentiel important pour développer les énergies renouvelables : éolien offshore, éolien flottant, hydroliennes, filière bois, STEP du lac de Guerlédan (stockage d’énergie par pompage turbinage ) , STEP de St Herbot…

Accepter cette centrale extrêmement polluante et coûteuse , c’est compromettre une nécessaire orientation résolument tournée vers les énergies renouvelables et freiner les choix politiques favorisant les économies d’énergies .

Sur ce sujet important qui les concerne directement, je souhaite que l’ensemble des citoyens de notre territoire soient consultés et, pourquoi pas, puissent s’exprimer par un référendum.

 

 

Noëlle Péoc’h

 

Le 21/02/2012


Sur le blog: http://www.finistere6-lhumaindabord.fr/

Partager cet article
Repost0
24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 14:08

Reunion-publique-Plouigneau-aide-a-l-autonomie-1-copie-4.jpgReunion-publique-Plouigneau-aide-a-l-autonomie-1-copie-3.jpgReunion-publique-Plouigneau-aide-a-l-autonomie-1-copie-2.jpgReunion-publique-Plouigneau-aide-a-l-autonomie-18-fevrie.jpgReunion-publique-Plouigneau-aide-a-l-autonomie-1-copie-5.jpg

 

50 personnes sont venues débattre pendant deux heures après l'intervention liminaire de Christiane Caro autour des problèmes de la prise en charge des personnes âgées à Plouigneau. Une douzaine de personnes dans la salle, dont plusieurs professionnels (aide-soignants et infirmiers, directeur de maison de retraite) et des aidants familiaux ont pu témoigner de leur expérience, faire part de leurs propositions, analyses, et sources de colère ou d'interrogation.  Le programme du Front de Gauche est clairement apparu comme le seul qui se donnait les moyens de déboucher sur une transformation immédiate du réel tout en ne se contentant pas de colmater à la marge les imperfections de l'existant mais en basant l'invention de nouvelles solidarités sur un meilleur partage des richesses et une reprise en main de la finance.  

 

Plouigneau-reunion-aide-a-l-autonomie.JPGPlouigneau-reunion-aide-a-l-autonomie-2.JPGplouigneau-aide-a-l-autonomie-4.JPG

 

Compte-rendu réalisé par Jacques Normand.

 

 

RENCONTRE CITOYENNE

du 18 février 2012 à PLOUIGNEAU

 

« LE DROIT DE BIEN VIEILLIR POUR TOUS ET PARTOUT »

 

Une cinquantaine de personnes a répondu le samedi 18 février à l'invitation du Front De Gauche pour échanger autour du « droit de bien vieillir ».Dans la salle, décorée aux couleurs du Front De Gauche par les militants ignaciens, une table de presse proposait les derniers tracts et prises de position du FDG ainsi que de nombreux livres traitant de l'accompagnement réservé actuellement aux personnes âgées.

 

Après le débat qui aura duré trois bonnes heures des discussions plus informelles ont pu se prolonger autour de quelques boissons et gâteaux.

L'objectif a donc été atteint dans une ambiance conviviale, constructive et déterminée, riche d'échanges fructueux entre citoyens, usagers et personnels d'établissements, élus, syndicalistes, bénévoles, …

 

 

Accueil et présentation de la rencontre :

 

 

Alain DAVID entouré de Christiane CARO, Ismael DUPONT et Michel PRIGENT

Alors que la droite parle de « dépendance » nous préférons parler de « l'autonomie des personnes âgées » et de l'accompagnement de celles-ci lors de leur perte progressive d'autonomie.

En résumé il s'agit aujourd'hui de débattre autour des conditions et des moyens pour « vivre dignement jusqu'au bout de la vie » …

Débattre et aussi témoigner et faire des propositions qui viendront compléter celles déjà présentées par le Front De Gauche.

 

Introduction :

 

Christiane CARO

 

En réponse à l'invitation du Collectif Citoyen du FDG Morlaix et dans la suite de l'atelier « Santé » qui s'est tenu à la Fête de l'Huma de Lanester, Christiane attaque fort sur un thème d'actualité : les « civilisations » dont certaines seraient supérieures à d'autres selon le ministre de l'intérieur !

Mais alors … que dire de notre civilisation qui « sacrifie une partie de sa population » : les personnes âgées !

Discrètement certes, mais à travers une ségrégation médicale et sociale.

 

Elle dresse d'abord un état des lieux.

 

Les ARS (agences régionales de la santé) ont pour finalités de faire des choix de priorités (rentabilité) et visent les deux publics les plus fragiles et qui n'ont pas encore, ou qui n'ont plus la parole : la toute petite enfance (maternités) et les personnes âgées.

La crise a bon dos pour accélérer les restructurations, réduire les budgets et centraliser régionalement la gestion des établissements.

Le constat des déficits imposés ouvre la voie au privé !

Les « restes à charge » des usagers, les coûts des mutuelles explosent et l'accès aux soins devient de plus en plus difficile pour les publics les moins favorisés.

Le système de protection sociale est attaqué de front au profit des assurances privées.

Dans un deuxième temps elle présente la situation en Bretagne.

Notre région est fortement concernée puisque ce sont 750 000 habitants de 60 ans et plus … et qu'ils seront 1 000 000 en 2030 !

De nombreux territoires en Centre-Bretagne deviennent des déserts médicaux faute d'installation de médecins généralistes.

 

 

Elle aborde ensuite les choix politiques.

 

Le gouvernement actuel met en place les conditions d'ouverture aux marchés financiers des modes de prise en charge des personnes âgées.

Le Front de Gauche propose de rendre le pouvoir au peuple :

  •  
    • en créant de nouveaux services publics

    • en replaçant « l'humain d'abord », donc en permettant à chaque citoyen de rester le plus longtemps « responsable » de ses choix de vie en la poursuivant « dignement » jusqu'au bout

Enfin, avec Alain David, elle ouvre le débat aux participants en proposant de réfléchir autour de problématiques essentielles :

 

  •  
    • Face à la privatisation : réponses publiques étatiques ou (et) associatives ?

    • A quel niveaux situer les réponses en matière de :

      . fixation des objectifs

      . gestion des dispositifs

      . mise en œuvre sur le terrain

  •  
    • Accueil en établissement ou maintien à domicile ?

Ils présentent les propositions déjà portées par le FDG

(cf. programme et additif proposé par le collectif de Morlaix).

Ils soulignent l'exigence de porter ces questions dans le débat public des campagnes en cours et rappellent enfin que ce qu'il faut gagner ou sauvegarder en 2012 est dans le droit fil de ce qui c'est déjà passé en 1936, 1945, et 1968 sous la pression des mouvements populaires les plus forts !

  •  
    •  

       

Le débat, les questions-réponses et les propositions.

(classées par ordre chronologique et regroupées selon le cas)

  • 1- Fragilité du secteur associatif (situation de l'ADMR). Comment mieux le contrôler et en garantir la pérennité auprès de l'usager ?

     

    => Si il y a délégation de service public : adosser le secteur associatif à un pôle public départemental

  • 2- Profit des assurances privées (127 milliards seulement de reversés sur 403 milliards collectés ). Comment empêcher la marchandisation de la prise en charge de la perte d'autonomie

  • 3- Inventer enfin une « civilisation de la personne âgée » dans le respect de « l'intergénérationnel ».

  • 4- Comment ne pas subir le simple constat des difficultés rencontrées et subies de la part des autorités et comment réagir à leur « défaitisme ». Le préfet qui annonce « qu'il faudra faire des choix courageux ». Le président du conseil général du Finistère qui déclare « Il faudrait créer 2000 places mais nous ne pouvons financer que 70 création de lits par an » !

     

    => Réagir en « brisant le silence » ! « si je suis le 2000éme je ne peux pas attendre 30 ans pour avoir ma place !... je serai mort avant ! »

  • 5- Les personnels vivent sous la pression de l'urgence et dans la frustration de conditions de travail intenables : « je ne supporte pas de traiter comme je le fais les personnes dont je m'occupe … Je ne veux pas être traité comme ça plus tard ! … 8 minutes en moyenne pour une toilette, c'est indigne ! »

     

    => Exiger la norme revendiquée par les syndicats européens d'un professionnel pour une personne accueillie. Ratio de 1/1 alors qu'il est de 0,6/1 en France.

  • 6- Les associations gèrent mal leurs personnels, les payent mal et indemnisent peu les frais de déplacement.

    Le service public n'est pas non plus sans reproches … Beaucoup de conditions de travail et de respect des résidents sont liées aux ambiances de travail, au management local et au manque de moyens budgétaires.

     

    => refuser la marchandisation de la « perte d'autonomie »

    => mettre en place une péréquation entre services ruraux et urbains pour permettre la juste indemnisation des frais de déplacement

  • 7- La maltraitance n'est pas uniquement de la responsabilité des intervenants en établissements comme à domicile … Il existe surtout une « maltraitance institutionnelle ».

     

    => . Allouer des moyens corrects et contrôler leur utilisation.

    . Favoriser le contrôle démocratique de la mise en œuvre des missions (salariés, usagers).

    . Former les personnels, informer les familles.

  • 8- Les établissements sont trop souvent « l'antichambre de la mort » et le maintien à domicile peut aboutir à l'isolement total de la personne âgée et à son « dépérissement social ».

Nécessité de recréer du lien social, de considérer la personne âgée comme étant toujours « en développement », « en devenir » …

 

=> encourager l'accès à la connaissance, à la culture, à se connaître soi-même, … à se préparer … à la mort …? Favoriser et encourager les intervenants professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées en perte d'autonomie.

  • 9- Les familles s'occupent peu, quelques fois mal, et parfois pas du tout … Elles ne connaissent pas l'existence des « Conseils de Vie Sociale ».

     

    => C'est un champ d'action à investir ! Il faut que les élus, les cadres d'établissements, les militants encouragent et aident les citoyens et les familles à s'impliquer dans ce champ de la démocratie participative : « faisons vivre les droits acquis ! 

  • 10- Le coût d'une place en EHPAD (établissement d'hébergement de personnes âgées dépendantes) se décompose ainsi : 50%hébergement, 35% soins, 15% dépendance. Il est pris en charge, respectivement, par le résident, par l'état (Sécurité Sociale), et par le Département (APA). Le « reste à charge » du résident reste à minima dans le Pays de Morlaix de 1500€ à 1700€ par mois !

     

    => Puisque le FDG propose un SMIC à 1700€, ne devrait-il pas exiger que le revenu minimal de toute personne âgée ne soit pas inférieur à 1500€ ? Et … pourquoi dans cette hypothèse ne pas exiger que l'écart entre les retraites soit au maximum de 1 à 5 ?

  • 11- Il n'est pas normal qu'il n'existe plus de « Foyer-logement » (deviennent des Ehpad).

     

    => Offrir sur chaque territoire une gamme diverse de prises en charge possibles : maintien au domicile, habitat groupé, foyer-logement, Ehpad, solutions adaptées aux situations les plus lourdes (Alzheimer, Parkinson, …).

  • 12- A t-on les moyens de financer tout cela ? Comment éviter les prises en charge « à deux vitesses » ?

     

    => C'est un choix politique, une question de civilisation, du même ordre que pour l'éducation ou la justice ! Ceci renvoie donc au modèle de société et aux choix de priorités budgétaires ! Il faut donc « changer de système » !

    =>L'état doit garantir l'accès de tous à une prise en charge de qualité quelle qu'elle soit...

  •  

  • 13- Comment imposer ces choix politiques ?

     

    => se mobiliser, porter et populariser des solutions politiques de transformation sociale.

    => voter, certes, mais surtout maintenir une pression de haut-niveau de la part du mouvement social !

    => reproduire 36, 45, ou 68 !

    => redonner envie à la jeunesse de se ré-impliquer dans le changement. Y compris pour l'encourager à accéder avec entrain et conviction dans les métiers de l'accompagnement des personnes en perte d'autonomie. Aimer ces métiers !

En conclusion :

 

Alain David et Ismael Dupont :

 

Ils soulignent le « flot de questions » pour ce débat riche d'informations, de témoignages et de propositions.

Ils invitent les participants à approuver et à signer le texte présentant les propositions complémentaires du collectif morlaisien du FDG qui reprend déjà plusieurs axes évoqués. (cf. doct joint)

 

Ils rappellent une dernière fois la mobilisation de tous avant, pendant et surtout après les échéances électorales … quel que soit le résultat de celles ci !

 

«Tout n'est pas dans les programmes !

Toutes les grandes avancées sociales se sont gagnées par le mouvement populaire ! »

Partager cet article
Repost0
23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 09:05

J'ai lu dans les pages Idées du Monde du mercredi 22 février avec curiosité et plaisir ce manifeste de chrétiens éclairés et soucieux de justice sociale qui reprennent à leur compte une formule de Mélenchon et appellent à remettre en cause la domination du capital qui s'installe plus que jamais un Europe et dans le monde en nourrissant la xénophobie afin d'altérer la conscience de classe des gens. Je publie ce manifeste à titre d'information, et parce que l'on peut voir un signe positif dans le fait qu'il y ait encore des consciences de chrétiens pour défendre un projet politique basé sur la laïcité, la volonté de partage et de justice.

 

Chrétiens, nous votons saint Martin. Le 12 février, Jean-Luc Mélenchon était l'invité de "Radio France Politique". Il a dénoncé les dérives "extrême droitistes" de la majorité, illustrées par les récentes déclarations du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, et de Nicolas Sarkozy. Il a salué la prise de position de François Bayrou et en a appelé aux chrétiens : "Il est temps que des chrétiens, comme lui, commencent à dire que, au fond, il y a deux christianismes, celui des croisades et celui de saint Martin : partager son manteau sans aller demander les papiers à celui à qui on donne le morceau pour qu'il ait chaud." Quelles que soient nos opinions sur Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou ou leurs programmes, nous affirmons notre vision d'un christianisme du "manteau partagé". C'est ce christianisme que nous faisons vivre sur le terrain, que nous défendons, sans toujours être entendus.

Nous dénonçons l'esprit de croisade pour la défense de la "France chrétienne" : l'extrême droite catholique s'attaque à l'art contemporain, la présidence de la République et sa majorité affirment une soi-disant supériorité d'une civilisation (chrétienne) sur d'autres, sans compter le discours du Front national, et nous en passons... Nous contestons la manipulation et l'accentuation des clivages : raciaux, sociaux, religieux, ethniques, de couleur de peau, qui font du jeune de banlieue, du musulman, du chômeur, du Rom, le bouc émissaire. Ces clivages sont utilisés par les médias, les pouvoirs et certaines forces politiques pour occulter le clivage social.

Les discriminations ne sont plus des faits isolés, elles sont un système qui s'attaque aux habitants des quartiers populaires, aux Noirs, aux Arabes, aux musulmans. Elles créent une classe de citoyens à part. Jésus était du côté des parias pour mettre à bas les murs de séparation, nous sommes aux côtés de ceux d'aujourd'hui.

Nous défendons la laïcité de la loi de 1905 dans son esprit et dans sa lettre. Donc nous dénonçons son instrumentalisation pour mener l'assaut contre les musulmans et autres minorités religieuses. Cette croisade n'est possible que parce que d'aucuns renvoient dos à dos laïcité et religion comme deux entités inconciliables. La laïcité ne pourrait que s'opposer à des religions toujours présentées comme dogmatiques, obscurantistes, dangereuses. Le spirituel et ses valeurs ne seraient réservés qu'à la sphère intime ou privée, en l'opposant à la sphère sociale, politique, publique.

Au contraire, il est urgent de promouvoir l'esprit des pères de la loi de 1905 : une laïcité inclusive qui n'exclut pas telle ou telle population, une laïcité qui permet le dialogue public de positions religieuses et non religieuses. C'est pour nous le meilleur moyen de renforcer des religions synonymes de liberté de conscience et de faire reculer les courants religieux d'aliénation. La peur du communautarisme ne doit pas occulter le rôle positif des communautés dans l'enrichissement du lien social et la construction d'une société une et diverse.

Notre christianisme est bien celui de saint Martin, mais aussi de l'abbé Pierre, de Théodore Monod, de Dietrich Bonhoeffer, de Martin Luther King ou Desmond Tutu. Le partage du manteau signifie aider l'autre, frère ou soeur en humanité, qu'il ait des papiers ou non, même si cela viole la loi. Mais il faut aller plus loin. Donner un bout de son manteau, c'est poser le problème du partage planétaire des richesses, rendu impossible par le système capitaliste qui repose sur la concurrence de tous contre tous, qui produit souffrances personnelles et violences sociales, qui permet l'émergence de peurs et de discriminations. Nous refusons le chantage sur la dette qui place des pays sous l'emprise des banques et des systèmes financiers. Nous soutenons le peuple grec étranglé par un nouveau plan d'austérité. Nous contestons les politiques d'austérité qui engendrent la pauvreté pour des millions d'individus et mettent en danger l'action publique.

Cessons de diaboliser l'impôt, instrument de la répartition des richesses, cessons de penser en "toujours plus" de production, de consommation, d'énergie... Au contraire, face à la crise, posons-nous la question du mieux, du "bien vivre ensemble". Le vote pour l'extrême droite est incompatible avec les valeurs de l'Evangile partagées bien au-delà des chrétiens. Nous disons aux chrétiens de droite inquiets de la tentation de l'extrême droite, qu'ils se doivent d'interpeller leur camp sur les dérives des politiques, notamment sur l'immigration, qui ont dépassé le niveau de l'humainement acceptable. Nous disons aux dirigeants de la gauche que leurs politiques passées et leurs propositions ne sont pas à la hauteur des enjeux, que nous espérons mieux d'eux.

Nous disons aux chrétiens, aux croyants des autres religions, à tous les humanistes, aux hommes et femmes de bonne volonté : retroussons-nous les manches, interpellons les partis et les candidats lors de la présidentielle et des législatives, organisons des débats, prenons position pour refuser l'esprit de croisade et défendre celui de saint Martin.


Olivier Abel, Institut protestant de théologie, Paris ; Jérôme Anciberro, rédacteur en chef de Témoignage chrétien ; Jean Baubérot, sociologue ; David Berly, responsable associatif ; Jean-Marc Bolle, consultant en communication, ancien vice-président d'une association d'insertion ; Guy Bottinelli, pasteur en retraite, foyer protestant de la Duchère, lyon ; Christophe Brénugat, éducateur, protestant réformé, adhérent David et Jonathan ; Roberto Beltrami, pasteur, directeur de La Fraternité de la belle de mai, Marseille ; Denyse Boyer, catholique, membre de FHEDLES ; Olivier Bres, pasteur retraité, militant associatif ; Brigitte Chazel, psychologue, militante du Christianisme social ; Jean Combe, catholique, membre de l'association FHEDLES ; Christophe Cousinié, pasteur, directeur de Toulouse-Ouverture (to7) ; Annie Crépin, catholique, membre de la FHEDLES ; Quentin Dezetter, catholique, adhérent MoDem, membre de David et Jonathan ; Héloïse Duché, militante du Christianisme social et du Front de gauche ; Jean-Marc Dupeux, pasteur, ancien secrétaire générale de la Cimade ; Isabelle Grellier-Bonnal, professeur, militante du Christianisme social ; Rémi Goguel, secrétaire général des Eclaireuses et éclaireurs unionistes de France ; Philippe Kabongo-Mbaya, pasteur, militant du Christianisme social ; Stéphane Lavignotte, pasteur, directeur de la Fraternité de La Maison verte, Paris, militant du Christianisme social ; Bertrand Marchand, doctorant en théologie, militant du Christianisme social ; Francis Muller, pasteur, Secrétaire général de la Mission populaire évangélique de France ; Jacques Perrier, militant du Christianisme social, responsable associatif ; Jean-Pierre Rive, pasteur, président de la Commission église et société de la Fédération protestante de France ; Antoine Rolland, enseignant-chercheur, militant du christianisme social Lyon ; Otto Schaefer, théologien et biologiste ; Mariam Séri-Sidibé, protestante, travailleuse sociale ; Alexandre et Marie Sokolovitch, animateurs de l'éducation populaire, Jesus Freaks ; Catherine Thierry, membre de la Communauté Mission de France ; Pierre Valpreda, Gennevilliers, directeur d'école, protestant réformé, adhérent EELV, membre de David et Jonathan ; Marie-Thérèse van Lunen Chenu, catholique, membre de FHEDLES ; Marina Zuccon, fonctionnaire, présidente du Carrefour de chrétiens inclusifs.

 

Partager cet article
Repost0
23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 08:51

Lettre ouverte de la Jeunesse, par la Jeunesse, pour la Jeunesse

 

 

 

 

 

« Personne, aucune puissance, aucun être humain, n'a le droit d’énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s'étioler […]. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable. »

Stig Dagerman*

 

- - -

 

  Je ne suis membre d'aucun parti, d'aucune association, je ne suis que citoyen. Mais si je m'adresse à la Jeunesse, c'est de plein droit : je la connais, je la côtoie, j'en fais partie et je l'admire. C'est en son nom que je voudrais parler. C'est avec elle et pour elle que je veux discuter du futur que nous partagerons. Je le fais en tant que jeune citoyen français, mais je voudrais pouvoir m'exprimer,  au-delà de toute barrière d'âge et de toute frontière, en citoyen du monde.

 

Nous sommes le moteur des révolutions.

 

  Je sais notre inexpérience et notre malléabilité, je sais notre capacité à nous égarer, à renouveler les erreurs du passé. Je sais à quel point nous sommes influençables ; d'autant plus que nous sommes précaires, d'autant plus que nous sommes fragiles. Mais notre énergie, notre grande force résident précisément dans nos faiblesses : sans expérience, nous sommes plus aptes à nous libérer des préjugés ; sans certitude, nous sommes capables d'innovation ; instables, nous avons cet avantage décisif de pouvoir nous mettre en mouvement sans prévenir et de tout emporter avec nous dans un formidable élan vers l'avenir.

  C'est à nous de réaliser aujourd'hui les changements que nous espérons, car nous sommes le moteur des innovations et des révolutions. C'est à nous de marcher vers le lendemain, dans l'incertitude du devenir, mais avec espoir et détermination. J'aimerais pouvoir parler en notre nom à tous, mais ce serait une tâche impossible : nous sommes une masse inouïe d'individualités, multiple, foisonnante. Pourvu que nombre d'entre nous se reconnaissent dans mes propos, y réagissent, et m'enrichissent en retour de leurs contradictions. Voilà tout ce que je souhaite. Si je parviens à être entendu par la Jeunesse, je souhaite aussi que chacun s'y retrouve pour en avoir un jour fait partie.

 

Un changement de société s'impose.

 

  Tous les indices sont aujourd’hui rassemblés pour nous indiquer qu'un changement de paradigme est en cours. Un changement de société s'impose : nous le voyons chaque jour autour de nous, dans notre quotidien. Nous le comprenons dans les médias, nous le lisons dans les événements qui ébranlent le monde, la matière, les peuples et les gouvernements.

  Notre désespoir et nos inquiétudes, nos égarements, le désintérêt que nous affichons parfois pour la chose publique, tout cela, ne l'imputez pas à notre jeune âge : demandez-vous plutôt si notre mal-être, l'échec scolaire, les difficultés d'insertion sociale et professionnelle, le chômage, la violence, la dépression et le suicide ne sont pas symptomatiques d'un mal plus profond, un mal qui serait à la racine de notre modèle de société.

  Ce mal a un nom et un visage, n'en déplaise à certains, qui craignent peut-être de le regarder en face de peur d'y trouver leur propre reflet et de s'y reconnaître. Je le nomme sans tabou : ce mal, c'est la corruption des principes fondamentaux de la République, c'est l'effondrement de la démocratie face au pouvoir croissant de la finance. Et la Finance aussi a un nom : c'est le Marché. Elle a surtout une foule de visages impersonnels : bourses, banques, financiers, multinationales, lobbys... et si tous se ressemblent et arborent la même grimace, c'est que tous se cachent derrière le même masque : celui de la sociale-démocratie occidentale. L'ennemi de la République et de la démocratie avance donc à découvert. À la vérité, nous le savions depuis longtemps, mais nous avons trop longtemps laissé faire. Il n'en est plus question.

 

Message à nos dirigeants :

 

  Mesdames, Messieurs, occupants ou candidats à de hautes fonctions d’État, dans de nombreux pays d'Europe et du monde, je vous juge maintenant avec toute l'impétuosité de la jeunesse : vous n'êtes plus dignes de votre fonction si vous laissez ou placez des nations souveraines sous le contrôle de la finance ! Comment pouvez-vous vous ridiculiser de la sorte, faire des courbettes élégantes devant l'opinion publique, pour ployer ensuite franchement le genou jusqu’à terre, et abdiquer, capituler sans résister une seconde à la finance ? C'est vous-mêmes qui, en refusant de lui résister, par votre silence ou votre inaction, lui accordez ce pouvoir dont elle abuse. Vous lui avez accordé la possibilité de monter sur ce trône illégitime, et c'est vous maintenant qui travaillez à l'y maintenir au prix des efforts, de la liberté, du sang et des larmes du peuple. Rendez-vous compte que votre attitude est indigne des fonctions qui sont les vôtres, quand, prétendant agir au nom de l'État, au nom du peuple souverain d'une nation entière, au nom de ses citoyens, vous prenez en leur nom sans prendre la peine de les consulter (ou pire, en les ignorant !) des mesures graves, aux conséquences lourdes et durables. Cela, en France, sous prétexte d'un vote quinquennal, alors que le principe constitutionnel de la République Française veut qu'elle soit un « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » ! Prenez-en conscience et agissez en conséquence, ou disparaissez ! Vous avez besoin de nous pour exister, nous n'avons pas besoin de vous pour vivre.

 

« Je ne voterai plus pour vous »

 

  Mesdames, Messieurs, qui vous soumettez à la Finance, je ne voterai plus pour vous !

  Je ne voterai pas pour vous. Je fais table rase de mes convictions passées, de mes préjugés, parce qu'en dépit de toute appartenance partisane, je veux voter selon ma seule conscience ! Je ne voterai pas pour vous parce que vous n'en êtes pas dignes. Je ne voterai pas pour vous, car je veux à tout prix conserver ma liberté de choisir le monde dans lequel je vais vivre, et celui que je vais léguer à ceux qui viendront après moi.

  Je ne voterai pas pour vous qui vous soumettez à la Finance, car je crois qu'au lieu de la concurrence et des échanges marchands, au lieu de la cupidité et de la volonté de puissance, ce sont l'éducation, le savoir, la créativité, et par-dessus tout l'aspiration de l'Homme à la paix et au bonheur qui doivent, au-dessus de tout, rester libres, et non faussés !

  Je ne voterai pas pour vous, car je souhaite pour nous tous et pour tous ceux qui nous suivront dans l'aventure humaine construire un autre modèle de société que celui dans lequel j'ai grandi. Car trop d'entre nous sont victimes d'une idéologie qui, au nom de la « liberté », bride la créativité, écrase les cultures et altère notre désir de vivre. En vertu de quoi le Marché — invention récente dans l'histoire de l'humanité, demeurerait-il maître du monde, des nations et des peuples ? Pourquoi et dans l'intérêt de qui devrait-il être placé au-dessus de tout et de chacun, comme une cage opaque, et de quel droit serions-nous maintenus dans cette caverne d'où nous ne voyons que l'ombre du monde véritable, l'ombre d'une démocratie réelle, porteuse et protectrice des libertés fondamentales de l'Homme ?

  Je ne voterai pas pour vous, car je veux pouvoir penser totalement par moi-même, jusqu'aux limites de ma conscience et de mon esprit, et pas seulement dans le carcan du Capital. Je ne voterai pas pour vous, car je veux que nous puissions vivre libres et égaux, tels que nous naissons : en tant qu'individus singuliers, uniques, tous différents, mais chacun nos semblables. Cela, quelle que soit la culture dont nous héritons par la naissance ou l'éducation. Et je proclame qu'il nous faut pour cela élire la Fraternité comme la première de nos valeurs. Elle seule n'a pas été retenue par le système libéral, pour une bonne raison : il repose sur son contraire, la concurrence libre, et non faussée !

 

Réaffirmer les valeurs républicaines : Fraternité, Égalité, Liberté.

 

   Nous ne voterons pas pour vous, car nous voulons replacer au cœur des valeurs de la République, non pas l'individu, mais la collectivité, en vertu de la Fraternité : quand la richesse d'un pays n'a jamais été aussi grande, on doit attendre de lui qu'il en fasse profiter le plus grand nombre, et que chacun avec lui soit solidaire des démunis. Les ravages de l'individualisme sont incontestables et il nous appartient d'y mettre un terme, dès aujourd'hui.

  Nous ne voterons pas pour vous, car nous voulons servir non pas le capital, mais la société, en vertu de l'Égalité : de quel droit quelques-uns continueraient-ils à tirer la plus grosse part sinon l'ensemble des bénéfices du travail de tous ? Chacun sait quelle part infime de la population du globe profite de la crise actuelle, tandis que la majorité survit avec de maigres moyens, et qu'une grande partie de l'Humanité continue de mourir de faim. Nous voulons replacer l'Homme au cœur de l'humanité, c'est pourquoi il faut d'abord en chasser la Finance !

  Nous ne voterons pas pour vous, car nous voulons revaloriser non pas le profit, mais le travail, en vertu de la Liberté : quand la production est asservie aux caprices des actionnaires, le travailleur voit son œuvre se dissoudre dans la masse immatérielle du Capital, et s'évanouir bientôt dans des paradis dont il ne verra jamais la couleur. Cela est intolérable. Aucun être humain ne devrait être asservi à son travail ou à son employeur au point que sa vie en pâtisse.

 

Du monde de la Finance à celui de l'Homme.

 

  Ce monde est accessible : il nous suffit pour l'apercevoir de regarder au-delà des œillères qui entravent notre vision. Libérés de l’individualisme aveuglant et de la cécité mercantile, ne voyons nous pas immédiatement que la spiritualité, la science, l'art, l'amour, la compassion, et tant d’autres valeurs nobles valent chacune cent fois — mille fois celles qui dirigent aujourd’hui notre vie ? La compétitivité, le profit, la marchandisation.... sont-ce bien là les valeurs que nous voulons promouvoir, que nous voulons porter et transmettre, et sur lesquelles nous voulons fonder le vingt-et-unième siècle ?

  En vertu de quel principe devrait-on accepter que l'économie gouverne non seulement nos existences, mais contrôle également nos désirs et nos peurs, jusqu’à nous dicter nos choix ? Le libéralisme et la publicité, dont le but commun se résume aujourd'hui à maintenir l'équilibre précaire du système financier, ne nous laissent pour toute liberté que le choix de la marchandise à consommer et celui du produit à vendre. Est-ce au nom de cette liberté-là que nous avons renversé la Monarchie, traversé la Terreur, subi la Guerre et l'Occupation ?

  Rien ne devrait nous empêcher de voir plus loin que ce prisme idéologique, et ceux qui nous accuseront de n'être que des utopistes sont ceux-là mêmes qui, dans leur intérêt ou malgré eux, cherchent à nous contraindre à cet asservissement. Eux-mêmes devraient bien se rappeler que le système capitaliste et libéral qu'ils défendent contre vents et marées est né avant toute chose de deux grandes utopies, dont les principes ont été depuis corrompus : la Révolution républicaine, et la philosophie des Lumières. J'en appelle à l'espoir, à l'utopie, et à l'absence de déterminisme en matière d'idées : le changement est possible, il est déjà en marche, car le système capitaliste s’effondre sur lui-même.

 

L’indignation ne suffit plus.

 

  Nous, jeunesse citoyenne du monde, de l’Europe, jeunesse française, immigrée, jeunesse à laquelle l'indignation ne suffit plus et qui appelle à la révolte, voulons démontrer qu'une autre République est possible. Nous voulons prouver que les peuples des démocraties occidentales peuvent se soulever sans verser de sang ni de larmes : en prenant les urnes contre le Marché, comme on a pris par le passé les armes contre la Monarchie.

  Nous, jeunes, citoyens, occupants du sol français, pouvons dès aujourd'hui choisir de construire ensemble une nouvelle République. Nous avons le pouvoir de mettre en place une démocratie véritable, qui nous rendra en retour ce qui nous revient de droit : le pouvoir de décision, le pouvoir politique sur notre société et notre économie. Qu'on ne cherche pas à nous faire croire que cela est impossible : les gouvernements sont faits pour se succéder et les institutions pour être changées. Nous, indignés, révoltés, citoyens, peuples souverains à l'intérieur de nos limites, savons tous qu'un changement est possible, et nous affirmons d'une seule voix qu'il est devenu urgent et indispensable.

  En définitive, nous refusons l'alternative du vote contre, ou contraint. Nous ne serons pas des machines électorales. Nous voterons selon nos convictions, pas pour un Homme, mais pour des idées. Pas pour un parti, mais pour une cause. Pas contre un système en crise, mais pour un autre.

  Nous voterons en exerçant notre pleine liberté de citoyens : sans tenir compte du tapage médiatique, sans tenir compte des sondages, que nous savons trompeurs par expérience, sans regarder les fantômes que l'on brandit pour nous faire peur, sans écouter les mensonges que l'on profère pour nous séduire.

 

La révolte est en marche.

 

  Mon appel est le suivant : indignons-nous, en premier lieu, et puis révoltons-nous ! Prenons pleinement conscience que la Crise n'est pas économique et financière comme on nous le répète sans cesse, mais sociale et politique.

  Cultivons-nous, alertons-nous, soulevons-nous et prenons les urnes, massivement, chaque fois que l'occasion se présentera – mais n'en restons pas là ! Il nous appartient de mettre également notre énergie et notre créativité au service d'idées et de causes, de les incarner, de les porter sur le devant de la scène publique et politique, et de ne nous en défaire sous aucun prétexte.

  Le vingt-et-unième siècle ne sera pas celui de la ruine ou du désastre, mais celui d'un nouveau modèle de développement social et économique, porté par une forme nouvelle de démocratie, citoyenne, souveraine et exemplaire.

 

  Je souhaite à tous ceux qui se reconnaîtront dans mes propos qu'ils puissent faire de même : reconnaître leurs convictions, les confronter au monde et leur donner un sens. Parce que l'avenir nous appartient à tous, et qu'il appartient à chacun d'entre nous de le faire advenir, j'en appelle à la formation d'une Assemblée Constituante.

  Pour toutes ces raisons, et plus encore, je voterai pour le candidat du Front de Gauche, Jean Luc Mélenchon. Pas pour un homme ni pour un parti, mais pour les idées qu'ils défendent et pour le changement de société qu'ils proposent. Pour la première fois dans ma vie d'électeur, j'irai voter avec conviction et avec enthousiasme : pour quelque chose en quoi je crois.

 

  Le 17 février 2012

Max DESPIN,

Étudiant, 22 ans

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 18:17

Diagnostic sur la situation des abattoirs bretons.

 

En tant que végétarien sensible au bien-être animal sans être militant de cette cause, je ne suis pas personnellement un chaud partisan de l'élevage et de l'abattage intensifs du fait de la souffrance animale qu'ils impliquent, des conditions de vie dénaturées et terribles que l'on réserve souvent à ces bêtes (particulièrement les poulets et les porcs) considérées comme de simples euros sur patte ou des machines à produire en un minimum de temps de la viande commercialisable. Par ailleurs, la consommation de viande dans les pays occidentaux et riches est très certainement excessive, participant à la mise en difficulté des agricultures vivrières du sud (à cause de l'accaparement des terres pour produire des céréales, oléagineux et protéagineux qui servent d'aliment pour des élevages industriels hors sol), à la faim dans le monde, à la production de gaz à effet de serre (du fait des transports des aliments et des bêtes abatues, mais aussi des pets de vache...). Cette consommation excessive a pour contrepartie une consommation de viande de qualité dégradée et des ennuis de santé.

Toutefois, se sentir concerné par le sort des bêtes, de notre éco-système et de notre santé, n'empêche pas d'être solidaire des hommes qui triment et craignent de perdre leur gagne-pain.

 

La Bretagne abat et découpe près des deux tiers des cochons français (14 millions de porcs abattus en 2011). A la mi-janvier, le Syndicat National du Commerce du Porc, représentant des entreprises, a annoncé 100 millions d'euros de perte dans le secteur des abattoirs de porcs, arguant ainsi d'une menace sérieuse pesant sur une partie des 20.000 emplois de la filière porcine. Nationalement, beaucoup de petits abattoirs, et particulièrement les abattoirs publics (tel celui du Faou dans le Finistère), sont menacés de fermeture

Qu'est-ce qui explique ces mauvais résultats selon les abatteurs bretons (Coperl, Bigard, Gad, Jean Floc'h, Kermené-Leclerc), les chambres d'agricultures et la presse régionale qui se fait volontiers le relai docile de la communication des gros intérêts de l'agriculture productiviste (comme d'ailleurs le Conseil Régional la plupart du temps)?

D'abord, la concurrence faussée avec les abattoirs allemands qui emploient des ouvriers polonais ou romains payés avec les salaires et les cotisations sociales dérisoires de leur pays d'origine et la concurrence avec l'Espagne où le coût du travail et les normes sociales sont beaucoup moins élevés, ces deux pays qui tendent à augmenter considérablement leur production.

On met en avant le fait que « la moitié de la matière première du jambon cuit (vendu en France) vient d'Espagne tandis que de la viande fraîche débarque sur les étals » (Ouest-France, 19 janvier 2012). Dans les plats cuisinés vendus en France, la viande vient souvent du Brésil. Nos abattoirs de poulets sont soumis à la même concurrence internationale intense mais ils peuvent difficilement plaider en faveur d'un protectionnisme dans la mesure où 80% des volailles abattues, dans une entreprise comme Tilly à Guerlesquin, partent à l'exportation (au Maghreb, au Yemen, en Arabie Saoudite).

Comme les prix de vente baissent, la solution trouvée par les industriels pour maintenir la profitabilité est d'augmenter le nombre de bêtes abattues et commercialisées (Doux tue par exemple 1 millions de poulets par jour dans ses abattoirs de Chateaulin, Plouay, et de Vendée quand Tilly en tue 270.000 par jour), augmentant ainsi les commandes vis à vis des éleveurs engraisseurs, ce qui contribue probablement à faire chuter un peu plus les prix.

Les entreprises d'abattage comme Doux (Père Dodu) peuvent connaître des difficultés conjoncturelles, elles n'en restent pas moins hautement profitables : 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaire en 2008. Charles Doux était la 151ème fortune française en 2009, avec un patrimoine personnel estimé à 200 millions d'euros. Cette rentabilité a un prix: le volailler a fermé plus de 10 usines ou abattoirs en 15 ans (cf l'article d'Erwan Seznec sur « la revanche du capitalisme familial » dans l'Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, éditions La découverte). « La plupart, ajoute Erwan Seznec dans l'article mentionné, étaient encore viables, à l'image de celles de Châtelet (Cher) et Pleucadec (Morbihan) en juillet 2008, qui employaient un total de 647 personnes. Parallèlement, il n'a cessé de créer des emplois au Brésil, où la main d'oeuvre est moins coûteuse. Les salaires sont pourtant tout sauf mirobolants dans le secteur agroalimentaire en France. Et les usines Doux ont la réputation d'être encore en dessous de la norme -237 de ses salariés ont d'ailleurs gagné contre leurs employeurs aux prud'hommes de Quimper en mai 2009, dans une affaire de non-paiement des heures supplémentaires; Doux avait décidé de ne plus rémunérer la pause quotidienne d'une demi-heure accordée aux ouvriers ». Modèle de réussite à l'exportation, Doux doit cette réussite à un pillage méthodique du contribuable européen au nom de la compétitivité dans un marché dérégulé et de l'emploi. Le groupe a décroché 63 millions d'euros d'aides publiques entre octobre 2007 et octobre 2008 au titre des « restitutions à l'importation ». Comme les cours européens sont supérieurs aux cours mondiaux, les entreprises vendant leur production hors UE touchent des aides, qui leur permettent d'être plus compétitives. Ainsi, Doux touchait en 2009 200 à 300 euros par tonne de volaille vendue hors de l'Union tout à continuant à licencier en France!

Plutôt que de plaider énergiquement contre le dumping social et fiscal au niveau européen et des normes sociales communes, les « abatteurs-découpeurs » (entendez les patrons, non les salariés) dénoncent le coût du travail, le « manque de compétitivité » du marché du travail en France et se verraient bien embaucher eux aussi des travailleurs étrangers avec des conditions de rémunération et de cotisation sociale proches de celles des pays d'origine. Article de Jean-Paul Loudéoc dans le Ouest-France du 19 janvier 2012: « « Nous courons le 100 mètres avec des semelles de plomb » se plaignent les industriels. « Chacun de son côté se croit le meilleur. Mais en face de nous, il y a 43 millions de cochons abattus annuellement par le danois Danish Crown, et par le hollandais Vion. Si la Bretagne ne regroupe pas ses forces, elle restera sur le carreau »...  

 

Les entreprises invoquent ainsi la trop grande quantité et dispersion des abattoirs en Bretagne et plaident pour une nouvelle concentration dans ce secteur afin d'augmenter la rentalibilité et de faire des économies d'échelle, ce qui aurait assurément des conséquences sur le maintien de l'emploi.

 

C'est ce dont témoigne dans le journal La Terre du 31 janvier 2012 l'éleveur de porc Thierry Thomas (Côtes-d'Armor): « On entend depuis longtemps dire qu'en Bretagne il y a un abattoir de trop. On ne sait pas très bien ce que ça veut dire. Une partie de la stratégie des industriels de la viande a été de toujours prévoir des outils pour faire face à l'augmentation de la production. Or la production est plutôt en train de diminuer, et du coup on a des abattoirs surdimensionnés et des coûts d'abattages qui sont soit disant plus élevés qu'ailleurs. A partir de là, on a un gros débat à la Chambre d'agriclture: un certain nombre de professionnels demandent à l'Etat français soit d'arrêter cette possibilité offerte aux Allemands d'embaucher des Roumains ou des Polonais au prix du salaire de ces pays-là, soit de s'aligner. Est-ce à ce prix qu'on doit produire nos cochons, est-ce que c'est ça qu'on propose aux salariés de ce pays? Je ne me sens pas du tout en phase avec ce genre de demande. En Bretagne, terre de production animale par excellence, l'économie bretonne n'est pas faite que de paysans mais aussi de salariés, et on ne veut pas leur faire porter le poids de ce soit disant surcoût ».

 

Un article très intéressant de Martine Goanec dans Le Monde Diplomatique de novembre 2011, intitulé « Bouchers romains pour abattoirs bretons » mettait en évidence le commencement du processus de « délocalisation interne » que constitue l'emploi par les entreprises de l'agro-alimentaire d'une main d'oeuvre étrangère ne bénéficiant pas de toutes les garanties sociales proposés à nos travailleurs.

Selon la communication de la Cooperl Arc Atlantique de Lamballe, le plus gros abattoir breton, l'emploi important d'intérimaires roumains, tchèques, polonais, slovaques depuis 2007-2008, prenant le relais des Africains arrivés il y a 20 ans, ne s'explique pas par une volonté de faire baisser la part des salaires dans la valeur ajoutée pour augmenter les profits mais par la difficulté à embaucher dans ce secteur qui souffirait d' « une mauvaise image ».

Cette « mauvaise image » ne correspondrait-elle pas à la réalité de conditions de travail extrêmement dures du fait de la nature homicide de la tâche, mais aussi à cause des rémunérations faibles (à titre d'exemple, avec 10 ans d'ancienneté et une pénibilité du travail indéniable, on ne peut gagner que 1140 euros net par mois à l'entreprise Tilly de Guerlesquin- qui paye mieux que Doux pourtant-, qui rémunère ses salariés 15 centimes d'euros l'heure au-delà du SMIC, sur la base de 9,80€/h, sans compter la progression du salaire à l'ancienneté), des cadences terribles, la répétition des mêmes gestes, l'inconfort des positions physiques, se traduisant au bout de quelques années pour une grande partie des salariés par des troubles musculo-squelettiques graves (aux poignets, au dos, aux épaules) que l'on cherche à oublier pour continuer à travailler en se bourrant de cachets anti-douleurs?

 

cf. Lettre ouverte de Corinne Nicole sur la situation type d'une ouvrière de l'abattoir.

 

 

Corinne-Nicole-lettre-ouverte-temoignage.jpg

 

 

Dès lors, en payant mieux ses salariés et en étant davantage attentifs à prendre leur humanité en considération dans la fixation des exigences de rendement et la définition des postes de travail, il est probable qu'on aurait moins de mal à recruter dans le secteur.

Mais on peut penser que les entreprises préfèreront durcir les conditions de radiation des chômeurs en cas de refus d'emploi pour atteindre cet objectif et on se doute surtout que cette difficulté d'embauche invoquée est un bon prétexte pour justifier l'emploi d'intérimaires étrangers pour lesquels on ne paye pas de cotisations patronales.

Citons un peu l'article de Mathilde Goanec qui semble issu d'une enquête très sérieuse:

 

« Délocalisations sur place.

Car si les abattoirs embauchent à tour de bras, la rotation des salariés est très élevée. « C'est un travail pénible, et qui génère pas mal de maladies professionnelles » explique M.Jean-Bernard le Gaillard, inspecteur du travail dans les Côtes d'Armor. A la section départementale de la CGT, le langage est plus cru: « Des entreprises comme la Cooperl ou Kermené, ça mange les hommes! Estime M. Noël Carré, 21 ans de Cooperl. Si en 2008 en était en sous-effectif, c'est aussi parce qu'on avait des gens qui n'étaient plus capables de travailler en atelier ». Son collègue François Lefort, lui aussi délégué CGT à la Cooperl Lamballe, fait le même constat: « Ce sont des métiers très durs et de moins en moins bien payés, par rapport à l'évolution des prix. Moi, ça fait neuf ans que je suis dans ce secteur, et quand j'ai commencé, on gagnait certainement mieux notre vie ». Le plus souvent cantonnés aux travaux les plus difficiles- abattage, découpe et parage (opération qui consiste à préparer et dégraisser la viande)- les ouvriers venus de l'Est font désormais partie du paysage. Au coeur des échanges, il y a ces agences d'intérim enregistrées dans le pays d'origine des migrants. ArcForce, bien connue des directions locales et des syndicats, constitue un modèle du genre. Son site Internet, en français et en roumain, propose une liste, photographies à l'appui, de collaborateurs « disponibles sous 30 jours ». Lesquels sont desosseurs, ouvriers-découpe, bouchers, mais aussi manutentionnaires, cuisiniers, soudeurs... Leurs curriculum vitae s'affichent avec leur âge, leur formation et leur expérience dans l'intérim. D'autres agences en ligne, telle Assistance Recrutement, qui fournit à la France des travailleurs polonais tout en ayant son siège au Royaume-Uni, annoncent la couleur: « Le travailleur détaché est employé et rémunéré par l'agence d'intérim. C'est elle qui paie les cotisations sociales. Tout en respectant la législation en France, l'intérimaire dépend de la loi fiscale et sociale de son pays d'origine. A bas salaire net équivalent, il est donc possible pour votre entreprise de réaliser une économie substantielle ». La réalité est encore moins reluisante. En mars 2010, la police de l'air et des frontières ainsi que l'inspection du travail débarquent dans l'un des ateliers de découpe de la Cooperl à Lamballe. Treize Roumains sont arrêtés pour travail illégal. L'un d'entre eux témoigne, sous couvert d'anoymat: « Nous avons passé une nuit en garde à vue à Rennes...Le motif, c'est qu'on avait pas le droit de travailler plus de 3 mois sans titre de séjour. Je ne le savais pas. Pour nous, tout était légal. On a dû repartir en Roumanie pour refaire des papiers ». Intérimaire depuis 2008, l'homme a ensuite été intégré en CDI au sein de la Cooperl, comme 22 autres Roumains, sous la pression de l'administration judiciaire et de l'inspection du travail.

(…). L'affaire, en cours d'instruction, met le doigt sur le problème du statut de ces employés mobiles venus des nouveaux entrants dans l'Union européenne. Si la loi oblige à une égalité de traitement avec les Français, il est difficile de savoir exactement ce qui tombe dans la poche du travailleur étranger... Le jeu autour des cotisations sociales occupe une place centrale: ces agences d'intérim, souvent fictivement basées à l'Est, profitent de manière indue du « principe de détachement » qui permet de payer les cotisations dans le pays d'origine (où elles sont bien moins élevées) plutôt qu'en France... Les cotisations sociales, payées dans le pays d'origine, representent des économies pour l'employeur en France...et autant de pertes pour les caisses de l'Etat français... Autre avantage, dans un secteur miné par les troubles musculo-squelettiques: les entreprises utilisatrices ne sont pas tenues d'assumer le coût des problèmes de santé des intérimaires étrangers auprès des caisses d'assurance-maladie.(...).

Dans le cadre de l'Union européenne, ces pratiques confuses sont le résultat d'une cacophonie législative. L'intérim était au départ inscrit dans les services à libéraliser lors de la rédaction de la fameuse directive « Blokenstein » (du nom du commissaire européen au marché intérieur Frits Bolkenstein). Mme Evelynne Gebhardt, députée allemande sociale-démocrate et rapporteuse du texte, explique pourquoi ce secteur, éminemment sensible, a finalement été exclu du document d'origine: « Le texte de départ prévoyait la dérèglementation totale du marché du travail, avec mise en concurrence des systèmes sociaux des différents pays. Cela aurait été une catastrophe pour les citoyens. Au terme d'une discussion difficile, nous avons réussi à évacuer les services publics, les secteurs particuliers comme l'intérim, ainsi que le principe du pays d'origine (selon ce principe, ce sont les salaires et la législation du pays d'origine qui se seraient appliqués) de la directive services votée au Parlement ».

En 2008, une directive spécifique à l'intérim est à son tour adoptée à Bruxelles. Elle garantit l'égalité de traitement des travailleurs européens. «  Il ne s'agit pas seulement du salaire, mais aussi des dispositions sociales et du droit du travail en général, qui doit être respecté et qui donne des droits équivalents à tous les travailleurs, français ou étrangers. Le problème, c'est que cette directive est supplantée par une autre loi: celle sur le détachement des travailleurs en général. Et certains arrêts récents de la Cour de justice de l'Union européenne, pris sur la base de la règle du détachement, ne sont pas favorables aux travailleurs ».

C'est le cas actuellement en Allemagne où, faute de salaire minimum obligatoire, les travailleurs de l'Est prétendument « détachés » constituent l'essentiel de la main d'oeuvre des abattoirs (payés entre 3 et 7 euros de l'heure contre une moyenne de 9 à 15 euros). Les arrêts Viking, Laval, Rüffert et Luxemburg rendus ces dernières années sont tous de la même veine: les conventions collectives du pays d'accueil ne s'appliquent pas forcément aux travailleurs détachés, ce qui crée inévitablement des différences de traitement. Et plus les législations nationales sont souples, plus les abus sont possibles ».

(Le Monde Diplomatique n°692, novembre 2011).

 

 

La nécessité sociale et écologique d'un changement de modèle agricole en Bretagne

 

 

Avec la spécialisation de la Bretagne dans l'élevage industriel hors-sol, on en arrive, je crois, au bout d'un modèle qui présente des coûts sociaux, sanitaires et environnementaux exhorbitants.

 

Pensons d'abord aux conditions de rémunération des agriculteurs. La Bretagne qui produit 60% des porcs français, 40% de la volaille, 20% du lait se classe 21e région sur 22 pour le revenu agricole.

 

Dans les années 1950-60, sur les conseils de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) créé dans le sillage du CNR, la pénurie d'engrais tels que le calcium, le phosphore, la potasse, a été compensée par un système de rotation des cultures et de retour périodique des sols à l'herbe, dans des prairies qu'entretennaient et fertilisaient des cheptels de vaches.

 

Laissons le paysan André Pochon décrire ce phénomène (article « Les Mutations agricoles: Etat des lieux des années 50 aux années 80 », dans Les marées vertes tuent aussi de André Ollivro et Yves-Marie Le Lay):

« L'augmentation considérable de la production laitière grâce à l'herbe (et aussi grâce aux races plus performantes comme la normande ou la frisonne qui produisent 4 à 5000 litres de lait, au lieu de 15000 pour nos vaches du pays) permet du même coup de quintupler la production porcine. Les paysans ne commercialisent en effet que la crème ou le beurre; le lait écrémé reste donc à la ferme et sert de complément protéique à la nourriture des porcs. Ainsi le nombre de porcs engraissés est directement lié à la quantité de lait écrémé. Nos amis danois qui sont nos modèles disent « le porc est suspendu » au pis de la vache. C'est ainsi que sur ma petite ferme de 9 hectares, je deviendrai le plus gros producteur de lait et de porc de la commune: plus de 100 porcs gras vendus par an; mon père sur sa ferme de 25 hectares en produisait 12! … Produisant plus sans dépense supplémentaire, le revenu de l'exploitant augmente considérablement. C'est pendant cette période que la Bretagne ma région, sort de son état de pauvreté. L'habitat se modernise: eau, électricité, machines à laver, chauffage central, sanitaires, carrelages, parquets, chambres confortables... réfrigérateurs, aspirateurs, TSF, télévision, automobile... Comme le revenu augmente dans les fermes, les artisans et les commerçants prospèrent aussi car tout se tient. Le tissu rural est vivant: jusqu'en 1965, pas une exploitation ne disparaît, les familles paysannes restent nombreuses. Et il n'y a pas de nitrate ni de pesticides dans l'eau, dans l'air, ni dans l'alimentation et pas d'algues vertes dans la baie de Saint Brieuc ».

Dans les années 60, l'agriculculture bascule dans le productivisme, l'endettement privé, l'hyper-spécialisation, et l'élevage industriel hors-sol:

« Avec ce nouveau modèle, commente André Pochon, l'agriculteur augmente certes sa production mais il augmente encore plus ses dépenses; il voit passer beaucoup d'argent mais il lui en reste peu! Difficulté économique donc qu'il doit résoudre dans l'agrandissement de son exploitation... Nombre de fermes disparaissent, c'est autant de familles paysannes en moins, de commerçants, d'artisans, d'écoles... Le tissu rural s'appauvrit et les pollutions apparaissent par les nitrates, les pesticides, et le saccage des talus, des haies, des zones humides. Car les nouvelles techniques mises en oeuvre sont la culture du maïs-fourrage et l'importation du soja pour nourrir les vaches, l'élevage industriel des porcs sur lisier; finie l'herbe, la porcherie danoise fait place à la porcherie hollandaise, fini l'élevage lié au sol. L'aliment des porcs, des volailles, des bovins rentre à flot dans les ports bretons, hollandais, danois, belges. Ces aliments sont importés au prix mondial cependant que la viande et le lait produits avec ces aliments sont payés à l'éleveur au prix garanti européen, le double du prix mondial! Le budget européen paie la différence: c'est l'effet pervers de la Politique agricole commune (PAC) signée par 6 pays européens en janvier 1963. Les prix agricoles sont désormais garantis par l'intervention sur le marché. On stocke pour faire remonter les cours et les excédents sont vendus sur le marché mondial grâce aux subventions européennes, ce qui met à mal l'économie paysanne des pays africains. Les prix sont garantis aussi du fait de la protection du marché européen: les céréales, la viande, les produits laitiers américains, canadiens, sont taxés (prélèvements) à leur entrée dans la Communauté, sauf qu'il y a une brèche dans la protection: le soja et les produits de substitution aux céréales (PSC) échappent au prélevèvement... Cette situation booste l'élevage (hors sol) dans les pays européens situés près des grands ports... L'équilibre ancestral « sol, plantes, animaux » est rompu, les excédents d'azote se retrouvent dans les nappes phréatiques, les cours d'eau et nos baies, d'où les nitrates dans l'eau et les algues vertes... Parallèlement à cette explosion de l'élevage hors sol dans des régions comme la Bretagne, d'autres régions comme la Beauce, la Brie...abandonnent toutes sortes d'élevage et se spécialisent en productions céréalières, sans risque puisque le prix en est garanti quelles que soient les quantités produites. Au bout de 30 années de cette monoculture céréalière, les sols en panne de prairie dans la rotation, en panne de fumier, descendent à des taux de matières organiques en dessous de 1%. IL s'agit d'une catastrophe agronomique puisque ces sols ne produisent plus qu'à grand renfort d'engrais azotés, de pesticides et de gros matériel pour décompacter les terres. Catastrophe écologique aussi: la nappe phréatique de la Beauce est polluée pour des années...

La cause principale de l'abandon du modèle polyculture/ élevage autonome et économe, initié par la Révolution fouragère dans les années cinquante, est bien dans la garantie de prix sans aucune limite de production, aggravée par la brèche dans la protection du marché européen en ce qui concerne le soja et les PSC (produits de substitution aux céréales) ».

 

Pour André Pochon, et son avis me semble plein de bon sens, la solution passe par « la fin du productivisme agricole enclenché dans les pays développés depuis 40 ans avec la spécialisation à outrance, la monoculture, l'élevage industriel hors sol. Il faut revenir à la polyculture-élevage. Les plaines céréalières devront introduire des animaux: grâce au fumier et aux prairies, elles verront remonter le taux de matières organiques de leur sol aujourd'hui déjà usé. Et les régions d'élevage intensif hors-sol devront diminuer leur production animale, loger leurs animaux sur litière et nourrir leurs vaches à l'herbe. Les unes comme les autres ont tout à y gagner: meilleur revenu, santé pour les exploitants eux-mêmes premières victimes des pesticides, considération de la société civile. Il s'agit donc de réorienter en profondeur l'agriculture européenne des pays industriels, de la sortir du modèle actuel où l'agriculteur voit passer beaucoup d'argent mais il lui en reste peu ».

 

Le modèle agricole actuel est surtout préjudiciable aux agriculteurs eux-mêmes, ou du moins à beaucoup d'entre eux.

Ainsi, le prix du porc est fort peu élevé du faut des pressions des distributeurs en aval, d'une production abondante et d'une consommation qui ne progresse pas, en France tout du moins, peut-être du fait de l'image dépréciée du porc de production industrielle (antibiotiques, lisiers qui se déversent dans les bassins versants et créent des marées vertes, une pollution des eaux aux nitrates...).

En 1992, la réforme de la PAC a été conçue pour faire entrer l'agriculture dans l'OMC: merci Delors! Des aides directes ont été versées aux paysans, et le plus gros morceau aux plus gros entrepreneurs, pour compenser la chute des prix désormais alignés sur les cours mondiaux. La Commission Européenne a choisi depuis 30 ans, de rester sur l'idée, coûteuse écologiquement et socialement, qu'il ne faut pas contrôler les prix agricoles: c'est au marché de régulé et aux filières de s'adapter.

L'absence de prix garantis crée une fluctuation des cours qui tend à créer des besoins d'agrandissement et d'intensification de la production perpétuels, du côté des producteurs comme des abattoirs, ce qui a pour effet mécanique de faire chuter les prix sur le long terme, ce qui est d'autant plus dramatique pour les éleveurs que les matières premières en amont, les aliments des bêtes, comme le soja et les céréales sont devenus des objets de spéculation au niveau mondial, voient leur coût augmenter.

L'alimentation animale des porcs est importée à 60%. Elle constitue 55% à 60% du prix de revient dans l'élevage de porcs du fait de l'augmentation du prix des céréales, des oléagineux, des protéagineux qui constituent la base de l'alimentation animale depuis 2010. Le revenu des producteurs ovins est parmi les plus faibles de ceux des agriculteurs depuis 2008: il faudrait que le prix du porc soit fixé à 1,60€ sans augmentation du coût des aliments pour leur permettre de s'en sortir et de vivre de leur travail.

Comme le note Yves-Marie Le Lay dans Les marés vertes tuent aussi, « le prix de vente d'un porc charcutier à 120 euros couvre à peine le coût de son alimentation, à 100 euros. 20 euros pour les remboursements de bâtiments et de matériels, les frais d'intrants et le travail ». C'est pourquoi « 10% des exploitations porcines sont en dépôt de bilan ». « Et pendant ce temps, ajoute Yves-Marie Le Lay, la richesse s'accumule dans les banques, chez les marchands d'engrais, de tracteurs, de semences, de pesticides, de nourriture industrielle . Quelques gros exploitants en profitent aussi, histoire de faire rêver les autres, plus petits, qui n'en profiteront jamais ».

Sur le long terme, le revenu des éleveurs de porcs aurait baissé de 1,5% entre 1990 et 2006.

 

Dans La Terre, Thierry Thomas, éleveur de porc costarmoricain, témoigne: « Dans les années 90, on (les éleveurs) avait du cochon à 13 francs le kilo, ça fait 2 euros. On est payé 1,35 euros, en ce moment, et il y a de la casse, il y a moins de gens qui sont producteurs de porc. Les gens ont été acculés à avoir comme seul réponse non pas des prix rémunérateurs, mais des résultats techniques qui leur permettaient de faire baisser leurs coûts de production. Mais les gains de productivité énormes qu'on a réalisés ont été captés par les industries agro-alimentaires et la distribution: on le voit bien, ça n'a pas permis aux paysans de vivre mieux de ce métier, et le consommateur n'a pas vu le prix de la viande baisser, au contraire je crois qu'il l'a toujours vu augmenter... Entre 10 et 15% des éleveurs sont en grosses difficultés financières. 85% surnagent, et certains gagnent leur croûte, il y a de gros écarts de coût de production entre éleveurs. Selon que l'on soit jeune installé avec de gros prêts sur le dos ou que l'on soit en fin de carrière, on n'a pas du tout la même perception du prix payé ».

 

Il faut en finir avec ce modèle, ce soutien inconditionnel des pouvoirs publics à l'élevage intensif, pour toujours plus d'extensions d'élevage, moins de normes contraignantes sur l'épandage du lisier.

 

Le Front de Gauche plaide lui pour un nouveau modèle agricole et « un plan de transition écologique de l'agriculture en vue de faire de l'agriculture française un modèle d'agriculture de qualité , sans OGM, largement autonome en ressources non renouvelables, relocalisée, participant à la santé publique des consomateurs et contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique. Aides publiques, recherche agronomique, conseil technique, politique de crédit et enseignement agricole seront repensés en fonction de cet objectif ». (p.50 du Programme partagé: l'humain d'abord). « Nous stopperons et inverserons le processus de concentration de l'agriculture et recréerons des emplois en agriculture » à travers une juste rémunération du travail agricole (prix minimus aux producteurs), « le soutien à l'installation des jeunes agriculteurs et la consolidation des petites exploitations, le soutien aux filières alternatives labellisées, vivrières, courtes, de proximité, biologiques et reposant sur une juste rémunération pour permettre au plus grand nombre de bénéficier d'une alimentation de qualité ».(p.51). « Les marges de manoeuvre nationales pour l'utilisation des aides Pac seront pleinement utilisées pour favoriser l'agriculture paysanne, l'emploi, et la transition écologique de l'agriculture. Au niveau européen, nous agirons pour l'adoption d'une politique agricole commune cohérente, avec l'objectif de souveraineté alimentaire, centrant la production sur la réponse aux besoins du marché intérieur plutôt qu'aux échanges sur le marché international sur la base du moins-disant social et environnemental. L'Europe, par une juste répartition de la valeur ajoutée entre producteurs, industries agro-alimentaires et grande distribution, doit garantir l'accès de tous les consommateurs à une alimentation de qualité ».   

 

Ismaël Dupont.

Partager cet article
Repost0
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 15:34

Alors que, contexte de campagne électoral aidant, les responsables les moins droitiers au bureau national du PS ont obtenu que le groupe parlementaire à l'Assemblée ne ratifie pas le Mécanisme Européen de Stabilité qui prévoit la règle d'or, l'austérité, la baisse du "coût du travail" et la mise sous tutelle des Parlements européens, en laissant aux députés PS le choix de voter contre ou de s'abstenir, Francis Wurtz révèle dans l'Humanité quelle fut la position tout à fait contraire des groupes Verts et PS au Parlement Européen. De quoi mettre en doute la sincérité du positionnement de circonstance du PS qui traduit, fécilitons-nous en tout du moins, une certaine crainte des conséquences néfastes pour ses intérêts que pourrait avoir, grâce à la force et à la résonnance de la campagne d'éducation populaire du Front de Gauche, une nouvelle confiscation de la souveraineté du peuple au profit d'un autoritarisme libéral s'exerçant au niveau européen de manière plus brutale que jamais depuis 2 ans.

 

Francis Wurtz dans l'Humanité du 16 février 2012:

 

L’Europe est décidément un élixir de vérité sur les grands choix stratégiques des différentes familles politiques.La dernière illustration spectaculaire de cette évidence date du 2 février dernier.

Ce jour-là, le Parlement européen était appelé à se prononcer (informellement car il s’agit d’un traité intergouvernemental) sur le projet de traité cher à Angela Merckel et à Nicolas Sarkozy et visant à instituer une “règle d’or” contraignant durablement les gouvernements à respecter une sévère “discipline budgétaire” sous peine de se voir infliger des “sanctions automatiques”.

Dans ce cas,chaque groupe politique prépare en principe son propre projet de résolution exprimant sa position sur le sujet,avant de négocier,le cas échéant, un texte de compromis avec certains autres groupes ( aux positions compatibles avec les siennes) pour tenter d’obtenir une majorité des votes.Rien de tel ne s’est produit cette-fois-ci.

Incroyable mais vrai: le Parti Populaire Européen (PPE où siège l’UMP);les Libéraux (où siège le MODEM); le groupe des ” Socialistes et des Démocrates”; et le groupe des Verts ont fait cause commune en présentant d’emblée une résolution unique! Elle l’emporta évidemment,par 443 voix contre 124 et 75 abstentions. On y cherchera vainement,et pour cause, la moindre critique de fond de ce traité,qu’il s’agisse de son essence-même (l’abandon de toute ambition sociale et la pérénisation d’une politique d’austérité) ou des moyens prévus pour remplir ses “missions”(en particulier la violation d’un principe démocratique fondamental,en retirant aux parlements nationaux leur droit souverain de maîtriser le budget ).

Les quatre groupes en question tiennent même à mettre en exergue des “améliorations par rapport au texte initial” tel que “l’ajoût d’une référence aux objectifs (du traité) que représentent la croissance durable,l’emploi,la compétitivité et la cohésion sociale”(!) Ils n’hésitent pas non plus à rendre hommage au Conseil européen des Chefs d’Etat et de gouvernement pour avoir reconnu qu’il fallait “renforcer la solidarité”. Le seul “regret” explicitement exprimé est qu’il ne soit pas tenu compte…de la demande du Parlement européen que son président participe pleinement aux réunions informelles des sommets de la zone euro. On croit rêver.

Oui,vous avez bien lu:telle est la substance de la position commune du PPE,des Libéraux,des Socialistes et des Verts au Parlement européen sur le traité Merkozy! Courageux mais pas téméraires, la plupart des députés socialistes et verts français (campagne électorale oblige) se sont abstenus sur le texte co-signé par leur groupe.

Le seul texte alternatif fut celui de notre groupe de la “Gauche unitaire européenne” (GUE-NGL): celui-ci a rappelé les causes profondes de la crise; fustigé les gouvernements qui “ont accepté les diktats des marchés financiers”;souligné la “crise de légitimité” de l’Union européenne actuelle;”rejetté le traité” après en avoir décrypté les ressorts; réclamé une série de mesures fortes et notamment une refonte des missions de la Banque centrale européenne et le “contrôle public des banques”; et exigé des consultations populaires par voie de référendum sur le traité en question. Une fois encore,le groupe GUE a sauvé l’honneur de la gauche au Parlement européen.Sa composante française s’appelle le “Front de Gauche.”

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 14:41

JEUDI 1er Mars, à 20H30 à la MJC: deuxième réunion du collectif citoyen pour un audit de la dette publique (ouverte à tous).  

 

 

  reunion-du-collectif-de-la-dette-1er-mars.jpg

 

 

 

Le 9 février, une réunion a eu lieu à l'initiative d'Attac et dans le prolongement de la conférence sur la dette de l'économiste Plihon pour créer sur Morlaix un collectif citoyen pour un audit de la dette.

18 personnes étaient présentes, citoyens engagés et curieux, membres d'Attac, du Front de Gauche (5 personnes au moins), de Sud, d'EELV (1 personne). 

Des visions différentes du rôle du collectif en devenir et du problème de la dette (s'agit-il d'une question avant tout technique ou politique?) se sont exprimées. 

J'ai mis en avant le rôle de la décision politique de financement des Etats auprès des banques privées (73 en France), de la dérégulation financière et de politiques fiscales néo-libérales des années 1980-2000 dans l'élargissement de la dette publique, mais aussi la cause profondes de la crise financière de 2008: une pression sur les salaires depuis deux decennies (grâce au chantage au chômage et à la compétition internationale) ayant pour contrepartie une envolée des inégalités favorisant l'essor des profits et des bulles spéculatives et l'encouragement à l'endettement privé. 

Alain David a souligné que la dette était non seulement une réalité qui avait des origines mais aussi un outil, un argument pour foutre la trouille aux gens. Toute la population est confrontée à ce chantage. 

Paul Salaün a mis en avant la nécessité de s'interroger sur l'expérience des pays qui ont choisi de ne pas payer leur dette en considérant toute une partie de celle-ci comme illégitime. Un des rôles de l'audit peut être de définir une part de la dette illégitime, une part de la dette légitime, que l'on devra rembourser.

Certains intervenants ont remarqué qu'il était nécessaire de rappeler que toute dette n'était pas dangereuse, particulièrement quand il s'agit d'investissements dont les retombées positives se font sentir des années plus tard (santé, éducation, investissements écologiques).

Jacques Normand a fait part de la nécessité de prendre conscience des pré-notions qu'il y a dans la tête des gens sur la malhonnêteté et la déraison d'un non-remboursement de la dette, et de les combattre par des arguments appropriés et accessibles. La dette est en effet un outil de subordination et d'aliénation dans le contexte actuel.

Michel Le Saint a rappelé que le meilleur moyen de tuer la dette publique et privée, c'était l'inflation: à ce titre, l'inflation n'était pas le problème mais la solution. Or, depuis Maastricht, les politiques économiques et sociales préconisées par l'UE sont toutes dominées par le souci de lutter contre l'inflation.

J'ai alors souligné avec d'autres que seule une réforme des statuts de la BCE pouvait limiter la spirale actuelle d'élévation des taux d'intérêt pour les Etats à supposer que l'on permette à la BCE de prêter directement aux Etats à des taux d'intérêt très bas et non de prêter aux banques qui prêtent ensuite aux Etats après avoir réalisé des ponctions scandaleuses.

Tous ont mis en avant la nécessité:  

1) d'enquêter sur le contenu de la dette publique (qu'est-ce qu'elle recouvre? qui la détient? quel profit en tire t-on? quels sont les différents types d'emprunt, à court et long terme?), y compris à travers des exemples particuliers (l'hôpital de Morlaix, les crédits toxiques contractés par des collectivités, le budget de la défense, la SNCF).

2) d'analyser avec des données chiffrées précises les causes de la dette publique: comment en est-on arrivé là?

3) quelles solutions que nous proposons pour réduire la dette publique, être moins dépendants du chantage des marchés et des agences de notations?

4) de réfléchir aux moyens de faire oeuvre d'éducation populaire et de sensibiliser la population. 

Compte-rendu d'Ismaël Dupont.     

Partager cet article
Repost0
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 14:37

ouest-france-le-PCF-et-le-Front-de-Gauche--18-fevrier.jpg

Partager cet article
Repost0
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 09:00
Vinci fait courir les autoroutes

Il y a aujourd’hui quelques 8.600 km d’autoroutes en France, soit l’équivalent de la distance de Paris à Bogota ! Et le nouveau Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT) prévoit d’en rajouter 879 km. Dans les réseaux militants, on s’exaspère, on peste et on se désole. Car on est bien loin, une fois de plus, des engagements du Grenelle en matière de report de la route vers le rail1, de réduction de 20% des émissions de CO2 dans les transports2, de préservation des espaces naturels et d’aménagement du territoire, sans parler d’anticipation du pic pétrolier… Alors qu’est ce qui fait courir les autoroutes ? Par Corinne Morel Darleux pour le Sarkophage.

Le fric ! Les autoroutes en France sont majoritairement gérées par trois groupes privés : Vinci, Eiffage et l’espagnol Abertis. C’est le gouvernement de Villepin qui a conclu l’opération de bradage en 2006, contre l’avis de la majorité des Français. Résultat, alors que les investissements de départ ont été pris en charge par les contribuables, ce sont aujourd’hui les multinationales qui ramassent la mise. Sans compter que plus de 95% de leur chiffre d’affaires provient des péages, c’est à dire de nos poches. Recettes estimées en 2007 : 7,4 milliards d’euros ! Résumons : nous payons pour utiliser des autoroutes que nous avons contribué à financer par nos impôts et dont les recettes alimentent les profits des grandes entreprises. Bien joué.

On perd sur tous les tableaux. Et les travailleurs aussi. La privatisation, comme d’habitude, s’est accompagnée de dégradation des conditions de travail et de pertes d’emplois : 16.500 agents en 2009 contre 17.359 en 2006, soit une baisse de 5% en 3 ans. Les mouvements sociaux se multiplient, comme chez ASF et Cofiroute en décembre 2009, les premiers depuis la privatisation. Les salariés protestent contre la baisse des effectifs et de la sécurité, la détérioration du service aux usagers, et réclament des augmentations de salaire au regard des bénéfices engrangés. Argent public confisqué, détérioration des conditions de travail, course aux profits… Qu’à cela ne tienne, les nouveaux tronçons sont désormais envisagés directement en concession privée, Castres-Toulouse par exemple.

Las, pour les intérêts capitalistes, rien n’est jamais assez. Alors le Ministre Borloo, en janvier 2010, décide de faire un cadeau supplémentaire aux gourmands appêtits : un an de concession gratuite, en échange d’investissements dits écologiques, qui auraient été réalisés de toute manière: « l’éco-rénovation des aires de repos, inspirée de la HQE » ou le « péage sans arrêt », censé faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, qui sert surtout à faire passer plus de voitures et ainsi augmenter encore les recettes des péages.

Et tout ceci se fait dans dans l’opacité la plus totale. L’augmentation moyenne des péages depuis la privatisation se situerait entre 0,9 et 2,5 %, trouver les chiffres officiels s’apparente à un vrai parcours du combattant. Cette opacité a d’ailleurs été dénoncée par la Cour des Comptes, peu suspecte d’activisme écolo-radical, en 2008. Son rapport dénonce l’absence de lien entre coûts et tarifs, qui sont judicieusement indexés sur l’inflation. Il note des écarts de prix kilométriques « incompréhensibles », d’un rapport de 1 à 14, les concessionnaires rusant avec la hausse globale moyenne convenue avec l’État en sur-augmentant les tarifs des sections les plus fréquentées. C’est ainsi que leur chiffre d’affaires péages augmente plus vite que le trafic. Très fort. Les recommandations de la Cour des Comptes n’ont eu aucun effet à ce jour.

Non contents de nous faire raquer aux péages (alors que ceux ci, rappelons le, ne sont pas censés générer des profits, mais uniquement couvrir les frais d’entretien et les investissements du réseau) les exploitants d’autoroutes ont aussi trouvé le moyen de faire de nous des consommateurs captifs de stations service aux prix abusifs.

Captifs, nous le sommes dès que nous rentrons sur l’autoroute. Ou plutôt captés. La CNIL a en effet autorisé cet été ASF, filiale de Vinci, à utiliser un « dispositif de lecture et de reconnaissance automatisées des plaques minéralogiques ». Le système LAPI (lecture automatisée de plaques d’immatriculation) a initialement été mis au point pour le repérage des véhicules volés ou suspects dans le cadre de la loi de lutte contre le terrorisme du 23 juillet 2006. Son plus gros fabricant n’est autre que Sagem Defense Securité, du groupe Safran, expert de l’identification biométrique et des cartes à puces, qui fournit également les radars fixes. « PG-2675-CM », vous roulez trop vite ! ». Le paiement par carte et le « péage en flux libre » permettaient déjà de nous suivre à la trace, les caméras de nous vidéosurveiller, voilà maintenant que ce « système de contrôle pédagogique des vitesses » nous envoie des messages personnalisés. Comble du green washing, le dispositif est présenté comme un moyen de « favoriser l’écoconduite » ! Et si on interdisait plutôt aux fabricants de produire des voitures pouvant rouler à 200 ? Si on réduisait plutôt la vitesse de 10 km/h, comme sur les autoroutes non concédées de Lorraine, au Danemark et en Suède ? Non, on préfère nous fliquer un peu plus sous couvert d’écologie.

En 2006, la privatisation a rapporté 14,8 milliards d’euros à l’Etat. D’ici à 2032, durée de la concession, ces sociétés devraient engranger 40 milliards de bénéfices. L’argent ainsi confisqué, 25 milliards d’euros, c’est précisément le coût estimé des JO de 2014 à Sotchi, en Russie. Quel rapport ? Eh bien c’est aussi en Russie, à Khimki, que se mène la bataille contre un projet d’autoroute confié à… Vinci !

Comme si les incendies de cet été ne suffisaient pas, ce sont 140 hectares de forêt qui sont maintenant destinés au béton pour une déviation Moscou – Saint Petersbourg permettant de desservir l’aéroport Sheremetyevo. Un joli projet de partenariat public-privé, le premier d’une telle ampleur en Russie, avec des gens très sérieux comme la BERD (banque européenne pour la reconstruction et de le développement) ou la BEI (banque européenne d’investissement). Et Vinci, donc. Voilà qui méritait bien un petit coup de pouce des autorités. C’est Poutine lui même qui a signé le reclassement de la forêt de Khimki en terrain reconstructible. Initialement porté par des militants écologistes autour d’un tracé alternatif, le combat a quitté le terrain environnemental pour virer au champ d’affrontement. En deux ans de lutte pour la défense de la forêt de Khimki, les habitants n’ont jamais été consultés. Mais invités à se taire, oui ! Incendies de maison et accidents suspects, envoi de militants néonazis pour casser de l’écolo… Deux porte-parole du mouvement antifasciste et anarchiste, Alexey Gaskarov et Maxim Solopov, ont été arrêtés et retenus en préventive pendant plus de deux mois, risquant sept ans de prison. Grâce aux actions de soutien qui se sont tenues dans 35 villes de 12 pays, Maxim Solopov a été remis en liberté provisoire et le cas d’Alexey Gaskarov doit être réexaminé avant le 27 octobre.

Mais de tout ceci, Vinci se lave les mains, expliquant à l’AFP que « le tracé a été décidé et reste du ressort des autorités russes ». A la clé pour le groupe : 1,8 milliard d’euros, et une manne de près de 700 millions d’euros de péage par an.

Plus près de nous, et dans un autre registre de l’arène politique, les quelques 22 projets de nouveaux tronçons dénoncés par le Réseau « Stop-Autoroutes » seront au coeur des élections cantonales de 2011. Rien ne pourra en effet se faire sans la participation des collectivités territoriales. On se souvient de la manière dont la Région Pays de la Loire a avalisé le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, avec la bénédiction du Département, et au mépris des arguments des opposants, élus locaux et habitants. En le confiant à Vinci ! Et comme si cela ne suffisait pas, Réseaux Ferrés de France offre également à Vinci la concession exclusive de la nouvelle ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux pour 2016. C’est la première ligne ferroviaire confiée à un groupe privé en France. C’est ainsi que bientôt, que vous preniez le train, la voiture ou l’avion, vous contribuerez aux 833.334 euros de revenu mensuel de Xavier Huillard… 41.000 euros jour tout de même.

Lieux de pouvoirs et de collusions, mais aussi de luttes écologiques et sociales, les autoroutes méritent bien qu’on y mette notre grain de sel. Elles représentent un enjeu stratégique pour la collectivité, à la fois en termes de ressources financières et de planification écologique.

Elles pourraient, sous maîtrise publique et citoyenne, devenir un levier important de notre projet de transformation écologique et sociale. Alors comme pour l’eau, l’énergie et le rail, défendons le retour en exploitation publique des autoroutes nationales ! Pour revoir les conditions de travail, le niveau de sécurité et les règles de fixation des tarifs. Au lieu d’alimenter les caisses des grandes multinationales, les droits de péage pourraient être réinvestis de manière volontariste vers des investissements publics et la création d’emplois dans les transports collectifs, la navigation fluviale, le frêt ferroviaire, et les modes doux de déplacement. Et un coup d’arrêt pourrait être porté au productivisme autoroutier.

Les autoroutes sont à nous. Reprenons le contrôle de ce qui nous appartient !

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011