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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 13:34
Le site internet du journal Ouest-France Le marché de la place Cornic au pied du mur - Morlaix

Nous reprenons ici la page Morlaix du sîte internet de Ouest France où, après l'article de la journaliste Jennifer Pinel sur les réactions de mécontentement suite à cette décision, Alain David, ancien élu communiste et adjoint à l'urbanisme à Morlaix, dénonce avec des arguments qui portent, la délégation de service public pour le stationnement payant et ses conséquences pour les commerçants et les morlaisiens.   

 

 

Jeudi 15 décembre 2011

L'avenir des commerçants non-sédentaires de la place Cornic est suspendu à la décision de la municipalité.

Le 1 er janvier, la gestion des parkings de la ville sera confiée à la société Vinci. L'avenir du marché de la place Cornic s'en trouve menacé.

« On a le sentiment d'être dans l'impasse », confiait, hier, Daniel Imbault, marchand de chaussures et représentant des commerçants non-sédentaires du marché de Morlaix. En cause : le marché de la place Cornic, dont l'avenir est en suspens depuis que la municipalité a choisi de confier la gestion des parkings de la ville à une société privée.

Si, pour la place Allende, un compromis a été trouvé avec la société Effiparc Bretagne (groupe Vinci), futur gestionaire, il n'en est rien pour la place Cornic. Cette dernière compte une vingtaine de commerçants, l'hiver ; une centaine, l'été.

Les pompiers mettent leur veto

« Dans un premier temps, la municipalité a proposé de reloger les commerçants, rue du Mur, mais le service de sécurité des pompiers a refusé cette éventualité », annonce Daniel Imbault.

Contacté par la rédaction, le service Prévision du centre de secours morlaisien justifie cette décision par un manque d'accessibilité. « La règle veut que nous disposions de quatre mètres de largeur autour du marché afin de pouvoir faire passer le matériel incendie. Ce n'est pas le cas dans la rue du Mur », précise l'un des membres du service. Qui rappelle que ce problème se pose aussi pour la place Allende, qui accueille le marché alimentaire. « Comme cette place est une place historique du marché morlaisien, il est difficile de faire évoluer les choses », confie le pompier.

« Hors la loi ? »

Lors d'une rencontre inopinée, Daniel Imbault a échangé avec Annie Piriou, adjointe chargée de l'attractivité à la Ville. « Elle m'a confié ne pas avoir d'autres pistes pour reloger les déballeurs de la place Cornic », s'alarme Daniel Imbault. « La place de Viarmes avait été envisagée, mais le délégataire de service public a refusé. Les gestionnaires de Vinci veulent bien recevoir le marché des bouquinistes, une fois par mois, mais ils refusent d'accueillir le marché non-alimentaire, tous les samedis. »

Afin de défendre ses collègues, le représentant des commerçants a contacté le syndicat des marchés de France. « D'après les juristes et les avocats, la mairie ne serait pas dans ses droits. Déménager un marché, elle peut le faire. En amputer une partie, c'est autre chose ! », annonce-t-il.

Pétition et manifestation en vue

Le représentant des commerçants ne veut pas rajouter de l'huile sur le feu : « On ne cherche pas la bagarre, mais il faut trouver une solution. » Le porte-parole des commerçants s'interroge tout de même sur les motivations d'Agnès Le Brun, première magistrate de la ville. « Se rend-t-elle compte que le marché a une grande importance pour les habitants de la ville ? Ou est-ce qu'elle s'en moque ? », interroge-t-il.

Daniel Imbault et Stéphane Jehanno, également représentant des commerçants non-sédentaires de Morlaix, espèrent obtenir un rendez-vous avec Agnès Le Brun. Ils envisagent de lancer une pétition sur le marché de samedi. Une manifestation pourrait également être organisée.

« Trouvez-vous plus important de faire perdurer le marché ou de pouvoir disposer d'un parking le samedi, place Cornic ? »

Jennifer PINEL.

http://www.ouest-france.fr/2011/12/15/morlaix/Le-marche-de-la-place-Cornic-au-pied-du-mur--61889914.html

 

Le site internet du journal Ouest-France Trouvez-vous plus important de faire perdurer le marché ou de pouvoir disposer d'un parking le samedi, place Cornic ?

Au 1er janvier, le stationnement dans le centre-ville de Morlaix sera confié en délégation de service public à Effiparc Bretagne (groupe Vinci). Conséquence inattendue de ce changement : la place Cornic, qui devient un parking sous barrières, ne sera plus accessible aux commerçants non sédentaires qui s'y retrouvaient chaque samedi.

Donnez votre avis

 

de Alain David, Morlaix | jeudi 15 décembre 2011

La décision de mettre en place un stationnement sous barrières n'induisait pas obligatoirement la délégation de service public à une société privée. La gestion aurait tout à fait pu demeurer municipale, la ville restant ainsi maîtresse de la gestion de l'espace public. C'est un autre choix qui a été fait pour des raisons essentiellement financières. C'est ainsi, pour répondre aux exigences de VINCY, que la municipalité a abandonné sa souveraineté sur l'utilisation du centre ville avec les conséquences que l'on connaît : quasi suppression du stationnement gratuit,  suppression de la gratuité du lundi où pourtant il n'y a aucun problème de stationnement, et maintenant déplacement du marché. Ce marché hebdomadaire concourt pourtant très fortement à l'attractivité de notre ville dont l'équipe municipale répète à qui veut l'entendre que c'est l'un de ses soucis permanents. Comprenne qui pourra ! Cette décision, bien entendu, a été prise sans aucune consultation de la population . Mais il est vrai que Madame le Maire a l'autre jour déclaré sur Tébéo que la démocratie ce n'est pas : "chacun a un avis " mais : "élire des responsables pour décider à votre place ". Plutôt que de prendre des décisions aussi lourdes au coup par coup n'aurait-il pas été plus efficace ...et plus démocratique (Oh le gros mot! ) de poser publiquement et complètement les problèmes de la circulation, du stationnement et de l'animation du centre-ville ? Surtout que l'aménagement du pôle gare et l'arrivée de la grande vitesse rebat toutes les cartes.

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 21:29

Impressions à l'issue du Conseil Municipal du 16 décembre.

 

Ce vendredi, lors du dernier conseil municipal de l'année 2011, Agnès Le Brun s'est livrée à un nouvel exercice d'auto-satisfaction en rappelant que son objectif de début de mandat était de parvenir à désendetter la ville- « le seul projet que je m'autorise à avoir, disait-elle avec son sens prononcé de la rhétorique décoiffante, c'est de parvenir bientôt à nouveau à m'autoriser de former des projets »- et que cet objectif était atteint partiellement, ce qui lui donnait de nouvelles marges de manœuvre pour investir dans quelques travaux d'urbanisme, comme le réaménagement des trottoirs rue de Paris ou la destruction de l'école Léon Blum pour en faire un parking provisoire auprès du pôle gare.

En réalité, ce qu'elle fait passer pour un impératif technique, apolitique- la nécessité de désendetter la ville- a servi à justifier des politiques idéologiquement très cohérentes, en parfaite continuité avec la politique de droite dure menée au niveau national par Sarkozy, Fillon et leur clique.

La dette de la ville a diminué de 26% en 3 ans et demi, mais comme l'a reconnu Agnès Le Brun, cela s'est obtenu à travers des « mesures drastiques qui ont pu être mal ressenties par les concitoyens faute de pédagogie peut-être ». On tout cas, le résultat montre selon elle, pédagogie des chiffres à l'appui, que « l'effort partagé » aurait été « fructueux ».

C'est amusant comme les éléments de langage et les stratégies de communication de notre gouvernement sont décalqués avec une belle discipline de parti par notre maire: on fait peur en promettant la faillite, la banqueroute pour bientôt, on affiche la nécessité de sacrifices douloureux en se prévalant de l'esprit de responsabilité et de l'intérêt pour la viabilité de long terme des politiques publiques, et on appauvrit au bout du compte la population afin de servir des intérêts financiers privés tout en faisant croire qu'il n'y a pas d'autre politique raisonnable possible.

 

Rappelons que la politique d'Agnès Le Brun et de sa majorité, cela a été depuis plus de 3 ans:

 

  • Une augmentation des charges pour les familles aux revenus moyens et modestes (parmi d'autres exemples: augmentation des impôts locaux et suppression des abattements pour les revenus les plus modestes, tarifs de cantine élevés, suppression de bon nombre de places de stationnement gratuites avec le choix de la délégation de service public pour le stationnement payant et de la suppression du lundi gratuit, musée devenu payant, comme beaucoup de loisirs culturels).

  • Une dévalorisation de l'efficacité du service public (refus du retour en régie municipale de la gestion de l'eau, de la gestion publique du stationnement, soutien initial à la direction de la Poste de la région de Morlaix pour sa réorganisation interne comme au projet de regroupement d'activité au niveau des hôpitaux de Brest, Landerneau, Morlaix, au détriment des intérêts du personnel et des familles des malades), des transferts de compétence vers le privé décidés pour des raisons idéologiques, la décision de supprimer 2 écoles en début de mandat et de ne pas soutenir les instituteurs en lutte pour le maintien des classes, à l'école Jean Jaurès notamment.

  • Une arrogance vis à vis du milieu associatif et une décision de baisser drastiquement les subventions au Théâtre, scène nationale et au Far qui a conduit à leurs départs, et de faire baisser de 15% dans un premier temps les subventions aux associations (culturelles, sociales, sportives)- alors que notre maire s'octroyait dans le même temps une augmentation d'indemnité de 50%- puis de geler leurs subventions en les mettant en difficulté du fait de l'inflation et de leurs charges de personnels quand elles ne fonctionnent pas qu'avec des bénévoles.

  • Une baisse des moyens accordés au musée, aux bibliothèques, aux centres de loisirs.

  • Une valorisation systématique du mécénat privé (dans le domaine de la culture, du social) – au détriment de la solidarité collective passant par l'impôt redistributeur et un discours continuel de lutte contre l'assistanat, les politiques de guichet, qui vise à reprendre les leitmotivs nationaux sur les solidarités automatiques qui entretiendraient la misère.

  • Une conception très restrictive de la démocratie selon laquelle la parole des citoyens est légitime et ne doit être prise en compte qu'au moment des élections (d'où le passage en force sur le renouvellement de contrat avec Véolia, l'attribution à Vinci de la gestion du stationnement payant, le déplacement des commerçants du marché). Le refus d'incarner la république pour tous les morlaisiens: suppression du parrainage civil, politique clientéliste vis à vis de l'enseignement privé.

  • Une volonté de réduire les possibilités d'expression du débat démocratique et du dynamisme politique et associatif en ne mettant pas à disposition gratuitement des salles requises par les besoins.

     

    Les dissensions persistantes avec Morlaix-Communauté, le refus de transferts de compétence, ont eu par ailleurs comme conséquences le manque d'ambition du projet d'aménagement du Pôle Gare et la volonté de faire des économies partout au détriment du pouvoir d'achat des morlaisiens, de leur qualité de vie et de l'attractivité de la ville. Les besoins d'une proportion importante de la population en situation de précarité- Morlaix étant une des villes les plus pauvres du Finistère - sont insuffisamment pris en compte.

    Les charges élevées à Morlaix et le manque de dynamisme dans le secteur du logement (social notamment) continuent à incliner les gens à s'installer dans les communes périphériques qui disposent souvent de services tout à fait satisfaisants et mieux subventionnés, ce qui continue à appauvrir Morlaix.

     

    Ce qui irrite peut-être le plus chez Agnès Le Brun, c'est sa facilité désarmante à jouer à front renversé en prétendant avec un aplomb sans pareil se battre pour le logement social (lors de la visite d'Apparu) ou le maintien des aides européennes aux associations d'aides aux plus démunis (finalement elle ne s'est félicitée que du sursis de 2 ans obtenu avant la réduction programmée de 75% du Programme d'Aide Européen aux plus Démunis, qui passerait de 480 millions à 113,5 millions alors qu'il ne représentait jamais qu'un millième de l'argent que les États européens ont transféré vers les banques pour les recapitaliser depuis 2008) alors que les politiques économiques et sociales qu'elle soutient au niveau national et européen organisent des transferts de richesses massifs vers les milieux financiers et les riches au détriment de la satisfaction des besoins sociaux.

 

Alors que Agnès Le Brun insistait sur la situation difficile que nous vivons avec « la crise mondiale, la crise durable qui balaie l'ensemble de l'Europe » pour mieux faire accepter un probable renforcement de la politique de rigueur au niveau municipal, lié à des désengagements de l'État et des pertes de recettes fiscales, les élus d'opposition ont raison de dire que la majorité municipale avait réduit la dette au-delà du nécessaire, au détriment des investissements d'avenir, de l'amélioration des équipements et de la qualité du lien social.

Surtout, Michel Le Saint a eu des mots justes pour dire qu'il y avait une autre méthode possible que celle de l'austérité pour réduire la dette au niveau européen, celle que ne porte malheureusement pas assez son parti depuis qu'il a conclu une alliance électorale avec le PS sur une ligne politique trop favorable à la rigueur et à l'orthodoxie économique libérale, soit celle qui consiste à réduire la dette par sa monétisation (la Banque Centrale Européenne autorisée à prêter directement aux Etats en créant de la monnaie), sa mutualisation, la hausse de la fiscalité pour les entreprises, les capitaux, et les riches, et le consentement à un certain niveau d'inflation qui favorise l'activité et réduit mécaniquement le poids des dettes et les bénéfices des rentiers et des banques.

 

Cette municipalité est en effet comptable de la politique néo-libérale qu'elle décline au niveau local et que son premier magistrat soutient au niveau national et européen. Décidément, la ville a plus que besoin d'un changement de cap et de représentants.

 

Ismaël Dupont.  

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 11:28

Lundi 12 décembre 2012.

4ème Réunion du collectif Front de Gauche de la circonscription de Morlaix.

 

Il y avait 35 participants , dont 7 à 8 nouveaux, ce qui porte à 70 le nombre de citoyens à nous avoir rejoint depuis notre création le 13 octobre 2011. Rejoignez-nous encore plus nombreux pour imposer un profond changement en 2012!

 

Plusieurs décisions ont été prises au cours de cette assemblée:

  • Créer un bureau ouvert à tous et non limité en nombre de participants du collectif Front de Gauche (qui se réunirait régulièrement -toutes les 2 semaines au moins- et qui travaillerait aussi par échange de mails et de coups de fil) afin de gagner en efficacité dans l'organisation de nos actions militantes tout en respectant la diversité du collectif Front de Gauche et en prenant nos décisions dans le cadre le plus démocratique et collectif possible.

  • Mobiliser dans la circonscription de Morlaix pour affréter un car afin d'assister au grand meeting du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon au zénith de Nantes le 14 janvier.

  • Organiser plusieurs réunions publiques thématiques dans le cadre de la campagne du Front de Gauche: la première dans le canton de Plouigneau sur la prise en charge publique de la perte d'autonomie (1ère semaine de février), la seconde à Saint Pol de Léon sur nos propositions et analyses en matière d'agriculture (1ère semaine de mars), la troisième fin mars à Morlaix sur l'école, la quatrième dans le canton de St Thégonnec sur le travail, l'emploi, la précarité et les salaires.

  • Continuer à organiser des ASSEMBLEES CITOYENNES partout dans la circonscription après le succès de celle de Lanmeur (en regroupant pourquoi pas certains cantons, comme Plouzévédé et Saint Pol de Léon).

  • Faire des actions de distributions de tracts dans les zones artisanales aux sorties des entreprises, à Pôle Emploi.

  • Mettre en place des « kermesses citoyennes » avec des barnums, des tables, des jeux, de la musique, des boissons et des gâteaux, ou une soupe, dans les quartiers populaires pour aller à la rencontre de la population et parler politique dans un cadre sympathique.

  • Organiser du porte-à-porte le plus rapidement possible pour présenter notre Programme Populaire et Partagé.

  • Rencontrer les associations qui aident les précaires pour prendre la mesure des difficultés rencontrées, de la situation sociale locale.

  • Inviter vers le mois de février les candidats de gauche aux législatives à un grand débat public sur le contenu des projets en terme de propositions pour la sortie de crise, l'avenir de l'Europe, de nos institutions, de partage des richesses, de défense de la protection sociale et des services publics, de réponses à la crise écologique et aux défis énergétiques.

  • Créer des mini-groupes Front de Gauche par secteurs là où c'est possible pour parvenir à toucher plus facilement l'ensemble de la circonscription et à ne pas trop se concentrer sur la région de Morlaix. Démultiplier les micro-assemblées citoyennes à initiative personnelle avec des voisins, des parents, des collègues, des amis.

  • Réaliser des tracts de manière potentiellement décentralisée aussi, en fonction des évènements que l'on organise localement canton par canton, et en fonction des situations concrètes sur lesquelles on cherche à interpeller (santé, logement, travail, coût de l'énergie, vie des entreprises, transports, services publics...) pour décliner les propositions alternatives du Front de Gauche. Le plus important, c'est de multiplier les initiatives pour sortir du cadre des gens qui sont déjà persuadés du bien-fondé de ce que nous défendons.

     

MORCEAUX CHOISIS DU DEBAT.

 

Sebastien Le Goff: J'ai le sentiment que les gens ont peur et que tout est fait pour cultiver cette peur. Beaucoup se disent: il n'y a qu'une solution, c'est de voter PS. Il y a une peur vis à vis du FN, une peur vis à vis de la mondialisation vis à vis de laquelle, soit-disant, on ne peut rien.

 

Hervé Penven: Je suis électeur du Front de Gauche depuis 3 élections et je me retrouve dans l'essentiel du projet et des objectifs du Front de Gauche mais j'ai besoin de garanties sur quelques modifications du Programme pour participer activement aux actions militantes. Le programme du Front de Gauche est bien sous plein de points de vue mais il me semble discutable sur 2 ou 3 points: proposer d'élever le SMIC à 1350 euros nets 1700 euros bruts) ne me paraît pas très judicieux car cela créerait certainement une situation d'inflation qui annulerait le gain de pouvoir d'achat. Par ailleurs, porter le niveau des retraites minimales à la hauteur de ce SMIC me semble très difficile à réaliser.

Je pense que ce sur quoi on doit mettre l'accent, c'est l'emploi, l'emploi, toujours l'emploi. C'est plus important que de promettre la lune.

Il y a des besoins sociaux évidents pour tous mais ce que me disent mes voisins, qui ont parfois été des militants de l'union de la gauche, c'est « mais vous avez déjà été là », « que ferez-vous de mieux maintenant alors qu'on vous a laissé une chance trois fois? » (en 1981, 1997). Je pense qu'il ne faut pas esquiver ces questions. On peut y répondre 1) en disant que tout n'a pas été négatif dans le bilan de la gauche gouvernementale, grâce notamment au poids et à la participation des communistes. 2) qu'on a payé un lourd tribut à nos erreurs du passé et qu'on ne refera pas une troisième fois les mêmes erreurs.

Notre boulot lors de cette campagne: c'est 1) de dénoncer (20%) 2) d'expliquer (20%) 3) de montrer des perspectives qui peuvent paraître utopiques mais qui ne le sont pas (50%), 4) de polémiquer (cela doit se rapprocher des 0% d'utilisation du temps de parole).

 

Alain David: Actuellement, il y a un doute dans la population par rapport à notre capacité, à notre envie de changer véritablement les choses, de sortir de cette domination du capital et des logiques financières sur les vies humaines. Si tout n'a pas été fait correctement dans le passé, on peut balayer devant notre porte. En revanche, le doute sur la possibilité technique des mesures de dépenses publiques et de prises en compte des besoins sociaux existe moins depuis que l'on a vu il y a quelques mois avec quelle facilité déconcertante les gouvernements décidaient de renflouer les banques avec de l'argent public. 90% des français ont intérêt à ce que cela se passe autrement mais beaucoup doutent qu'il y ait à gauche notamment une volonté réelle de changer les choses. En me penchant sur l'accord européen de cette semaine pour le renforcement de la surveillance budgétaire supra-nationale et de l'austérité imposée, une phrase m'a interpellé: « si un Etat arrive à être en situation de défaillance, on ne fera pas appel aux fonds privés ». Cela veut dire quoi, c'est qu'en aucun cas, on ne demandera au système financier de contribuer à apaiser les crises qu'il a généré. Non seulement il ne faut pas que l'on consulte les peuples sur ces plans d'austérité, mais en plus on ne pourra pas consulter les Parlements. Dans notre campagne politique pour réveiller l'opinion, on a intérêt comme en 2005 de porter haut et fort notre opposition à 2 ou 3 mesures symboliques qui emportent tout l'édifice des acquis sociaux avec elles.

 

Hubert Peneau: moi, le SMIC relevé à 1700 euros, cela ne me gêne aucunement. Il faut faire comme Mélenchon et retourner la question: comment fait-on aujourd'hui avec le coût de la santé, des loyers, des transports, de l'énergie pour vivre avec 1100 euros, ou moins encore quand on travaille à temps partiel imposé? On a besoin pour l'activité économique, notamment celle des commerçants, des artisans, des producteurs locaux, que l'argent circule et donc que les salariés soient payés de manière correcte, qu'ils aient un certain niveau d'aisance qui les mette à l'abri du besoin et leur permette d'acheter des produits et services de qualité, élaborés par des travailleurs bien rémunérés. Par ailleurs, le programme est un tout: il a une cohérence globale. Il y a des outils de redistribution dans la fiscalité sur les revenus, le patrimoine financier des entreprises, leurs profits, l'échelle des salaires, qui permettent de crédibiliser le financement de ce passage à un SMIC à 1700 euros.

 

Jacques Carrasse: en Allemagne, il y a 4 millions de personnes qui vivent avec 450 euros par mois (et l'espérance de vie en Allemagne de l'est a été réduite de 4 ans depuis 10 ou 20 ans semble t-il). On se trompe complètement si on se focalise sur le PS. Il faut trouver des points d'accroche qui sont proches du quotidien car l'enjeu, c'est de toucher les gens qui sont peu motivés par la politique, mais en colère. Nous n'avons aucun intérêt à nous bagarrer contre les gens qui sont PS telle version ou telle version. Il faut travailler sur la question des revenus, du pouvoir d'achat, pour toucher le monde du travail, les catégories populaires, la masse des gens souvent désorientés. Il faut faire remonter des choses propres au territoire pour nos revendications, pour rendre notre projet suffisamment attractif. On peut se battre contre la remise en cause des 35h, la remise en cause du SMIC. Sur la dette, on a également d'excellents arguments: il faut battre en brèche le discours sur les fraudeurs. Pour toucher le grand nombre, il faut travailler à des tracts sous la forme de petites fiches spécialisées et non de grandes déclarations d'intentions générales ou des analyses économiques globales: travailler sur des extraits du programme sur le SMIC, le pouvoir d'achat, l'emploi, l'accès aux soins.

 

Franck Simonnet: en 1968, l'augmentation du SMIC de 30%, cela a été possible parce qu'il y avait une mobilisation sociale et populaire suffisamment forte. Moi je pense qu'il faut convaincre tout le monde et ne pas nous concentrer exclusivement sur un électorat-cible spécifique: les abstentionnistes, les électeurs potentiels de Marine Le Pen, les électeurs traditionnellement écologistes, socialistes... Il n'y a que face au discours du « Tous pourris », « tous les mêmes », « à quoi bon voter? » que je me retrouve personnellement un peu désemparé. Actuellement, ce qui me fait peur, c'est que Marine Le Pen utilise notre langage contre l'Europe libérale, la mondialisation financière: elle pourrait tromper son monde alors que le creuset idéologique du FN, c'est la défense des privilèges et le peuple qui doit rester bien à sa place. Par rapport à nos erreurs passées, il faut dire que la situation n'est pas la même qu'en 1981 ou en 1997. L'objectif n'est pas de participer à un gouvernement socialiste. Clémentine Autain disait la semaine dernière quelque chose d'intéressant: ce n'est pas par des mesures précises qu'on suscitera l'espoir mais c'est sur la cohérence globale du programme et du projet de société.

 

Jacques Normand: il faut trouver un concept qui fasse pendant au vote utile ou au vote de résignation. Ce pourrait être le concept de vote actif, de vote qui sert de mise en mouvement. « Osez y croire, n'ayons pas peur », ce devrait être notre message essentiel. « Votez actifs ». Il faut à tout prix que les gens aient envie de porter un projet en rupture.

 

Amélie Salzenstein: Je viens de faire du porte-à-porte dans des quartiers pavillonnaires de Plougonven. Avec plein de gens, j'ai reçu un excellent accueil et pu faire passer nos analyses et nos idées. Mais il faut commencer par discuter de ce qui touche directement les gens: la facture d'électricité, de chauffage. A partir des choses quotidiennes, en pensant l'origine des problèmes rencontrés par les gens, on peut faire le tour des questions sociales.

 

Daniel Ravasio: Jusqu'à présent, nos distributions de tracts restent trop ciblées sur Morlaix-ville et quelques entreprises. Comment on fait pour aller au fin fond du canton, pour aller toucher les gens? Il faut démultiplier les réunions et les initiatives, s'organiser aussi en micro-collectifs par secteurs. Il faut ramifier nos actions.

 

Yvette Adigard: On a une bonne dynamique militante collective actuellement mais pour que les gens se rapprochent de nous, il faudrait expliquer clairement quelle est l'identité des diverses organisations impliquées actuellement dans le Front de Gauche. Pour beaucoup de gens, le Front de Gauche, c'est flou, et ça peut même être suspect car les gens ont une méfiance viscérale désormais face à la politique: on ne sait pas trop à qui on a affaire.

 

Compte-rendu réalisé par Ismaël Dupont.

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 08:33

  Manif contre l'austérité 13 décembre 2011

 

 

Ce mardi 13 décembre, nous n'étions qu'une centaine de personnes (dont au moins 20 militants du Front de Gauche) à nous rassembler contre l'escroquerie des politiques d'austérité devant la sous-préfecture de Morlaix à midi. Cette mobilisation plutôt moins ridicule que celle d'autres villes françaises reste bien mince tant la résolution de la droite et de certains dirigeants du PS d'approfondir la destruction libérale de l'Etat social est plus forte que jamais grâce à l'efficacité du chantage à la dette et à la perte du fameux triple A.

Bernard Thibault était lucide mais a sans doute eu tort de prévoir avant même la tenue des rassemblements une mobilisation modeste car ces prévisions annoncées publiquement n'étaient guère mobilisantes et responsabilisantes. Et il aurait fallu il me semble pour réussir cette mobilisation et installer un vrai rapport de force associer ces manifestations à une journée de grève. Sans doute que les syndicats ont voulu préserver leur unité et se sont dit que les salariés attendaient les élections de 2012, lassés de protester sans être aucunement entendus.

 

Mais c'est une grave erreur à mon sens d'attendre les présidentielles comme la clef de tout sans installer de véritable pression sociale auparavant. C'est cette pression sociale en effet qui pourrait infléchir les projets des candidats, le climat de la campagne, et le résultat des élections. Hier, sous le titre trompeur de Ouest France "Retraite à 60 ans: Hollande relance le débat", nous lisions, écoeurés plus que surpris, que le candidat du PS, non content d'accepter l'allongement par la réforme Fillon de la durée de cotisation minimale pour bénéficier de la retraites à taux plein à 42 ans et 6 mois, alors que les socialistes étaient dans la rue en 2010 pour dénoncer cette réforme, revenait même sur le droit ouvert à un départ en retraite à 60 ans (assorti auparavant de restrictions: pour les travaux pénibles, ce qui ont commencé à travailler jeunes; et sans taux plein de remplacement pour les autres).

C'est une forfaiture! Et la droite a beau jeu et raison de dire "François Hollande a menti".  

 

Hollande, à force d'écouter trop attentivement les financiers et économistes appointés (un Jean-Hervé Lorenzi qui bosse pour la banque Rotschild ou un Daniek Cohen qui travaille pour lan banque Lazard) de son staff de campagne, et son propre et ancien tropisme "démocrate", libéral et centriste, piétine le projet initial du PS (qui prévoyait le rétablissement de la retraite à 60 ans) et l'accord électoral passé avec Europe Ecologie-Les Verts. 

Le programme socialiste, déjà très en retrait des revendications syndicales et des propositions du Front de Gauche (retraite à taux plein à 60 ans avec 75% du salaire de référence et un seuil plancher pour le niveau de pension retraite: aucune retraite inférieure au SMIC) prévoyait de rétablir l'âge légal de départ à 60 ans mais sans précision sur la durée de cotisation et l'âge de départ sans décote était fixé à 65 ans. L'accord signé il y a un mois entre le PS et les écologistes prévoyait lieu le taux plein à 60 ans "pour ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont exercé des métiers pénibles".

Quand parallèlement, des responsables socialistes proches de Hollande réclament entre autres reculs sociaux une augmentation de la TVA, une réduction d'un an du droit aux allocations chômage, un approfondissement de la réforme hospitalière et des déremboursements de certains médicaments, une augmentation du temps de présence des enseignants dans les établissements et une accélération de l'autonomisation des établissements et des universités avec partenariats publics-privés (...etc.), on se dit que le seul moyen d'éviter en France plusieurs pas supplémentaires d'application de l'idéologie néo-libérale au service de la finance, c'est que le monde du salariat qui a des intérêts communs montre ses dents sans attendre sagement que la droite sarkozyste quitte le pouvoir.

 

Il ne faut surtout nous faire confisquer les choix économiques et sociaux pour 2012 car nous avons nous, contrairement aux Grecs et aux Italiens, encore droit de nous exprimer dans des élections...

 

I.D

 

La CGT a sorti dernièrement un tract national très bien fait qui rappelle certaines données incontournables que nous devons avoir en tête quand nous discutons et essayons de convaincre la population. Citons en quelques extraits qui rétablissent des vérités importantes à connaître.

 

Les salariés ne sont pas responsables ni de la dette publique, ni du déficit budgétaire.

 

Celui-ci a fortement augmenté depuis la présidence de Sarkozy: 50 milliards d'euros en 2007, 112 milliards en 2010. Le budget de l'Etat est déficitaire depuis 30 ans, donc les emprunts réalisés ne cessent de gonfler la dette. Depuis plusieurs années, les charges d'intérêt de cette dette représentent plus de 10% des dépenses publiques. Ces charges d'intérêt (50 milliards actuellement) profitent aux financiers. La dégradation de la situation économiquque depuis 2008 n'explique qu'un tiers du déficit budgétaire. Les 2/3 restant résultent des choix gouvernementaux qui réduisent l'impôt sur les riches et imposent des sacrifices aux salariés, aux retraités et aux privés d'emploi. La seule suppression de l'impôt sur la fortune a privé les recettes de l'Etat de 2 milliards d'euros.

11,4 milliards d'euros de cadeaux fiscaux ont été faits aux plus riches depuis 2007 et 172 milliards d'euros d'exonérations fiscales et sociales et différentes aides aux entreprises ont été réalisées en 2010. A ce titre, l'impôt sur les sociétés des grandes entreprises décidé à l'occasion du dernier plan d'austérité ne représente que 1,1 milliard d'euros de recettes, seulement pour 2012 et 2013. Actuellement, pourtant, les grandes entreprises payent en moyenne 8% d'impôt sur les sociétés, tandis que les petites entreprises en payent 30%...

 

On dénonce honteusement la fraude des salariés et des précaires pour diviser le monde du travail.

 

Et pourtant, sur les 20 milliards d'euros de fraude sociale pointés dans le rapport d'information parlementaire, 16 relèvent des entreprises. Le travail non déclaré représenterait à lui seul entre 9 et 15 milliards de manquer à gagner de cotisations.

 

Le gouvernement prend de la vitesse dans la destruction des acquis sociaux.

 

Un nouvel aménagement de la réforme des retraites: les 62 ans de cotisation imposés en 2017 et non plus en 2018. La nécessité de cotiser 67 ans pour avoir une retraite à taux plein. Ces réformes produisent non seulement un recul de l'âge légal de départ à la retraite, une augmentation de la durée de cotisation, mais aussi une baisse des pensions.

Les nouvelles baisses d'aides sociales annoncées en novembre représentent elles 500 millions d'euros. Cette mesure concerne:

- 4,7 millions de de foyers pour les prestations sociales alors qu'elles ont permis à la France d'avoir un des plus haut taux de natalité en Europe qui représente un atout pour l'avenir.

- 3 millions de foyers pour l'allocation de rentrée scolaire.

- 6 millions de foyers pour l'aide au logement alors que les prix des loyers ont explosé ces dernières années.

 

L'augmentation de la TVA qui devrait rapporter 1,8 milliards d'euros par an à l'Etat touche davantage des pauvres et les clasees populaires

 

La TVA représente 16,6% de la consommation des plus modestes par rapport à leurs revenus, 8% pour les ménages les plus aisés, quasiment rien pour les plus fortunés.

 

LES 10 EXIGENCES GENERALES QUE PRESENTE LA CGT DANS CE TRACT POUR SORTIR DE LA CRISE SONT AUSSI DES ENGAGEMENTS DU FRONT DE GAUCHE, DE SON CANDIDAT JEAN-LUC MELENCHON ET DE SES CANDIDATS AUX LEGISLATIVES:

 

- REVALORISER LES SALAIRES, LES PENSIONS ET LES MINIMA SOCIAUX 

- CONTROLER LES AIDES PUBLIQUES AUX ENTREPRISES.

- CONTRAINDRE LES ENTREPRISES A DES ALTERNATIVES AUX LICENCIEMENTS.

-SUPPRIMER LES EXONERATIONS FISCALES ET SOCIALES SUR LES HEURES SUPPLEMENTAIRES

- STOPPER LES SUPPRESSIONS D'EMPLOIS

- DEVELOPPER LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LES MOYENS DES SERVICES PUBLICS.

- REFORMER LA FISCALITE EN PROFONDEUR.

- CREER UN POLE FINANCIER PUBLIC ET ETABLIR UN MECANISME DE CREDITS A TAUX REDUITS.

- TAXER LES MOUVEMENTS SPECULATIFS DE CAPITAUX ET ERADIQUER LES PARADIS FISCAUX.

- METTRE EN PLACE UN FOND EUROPEEN DE SOLIDARITE SOCIALE ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE.

  

 

 

 

 

 

          

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 19:50

Assemblée Citoyenne de Lanmeur, salle Gallouédec, 8 décembre 2011

 

Compte-rendu des débats (réalisé à partir de mes notes lacunaires: les propos rapportés correspondent dans l'esprit à ceux qui ont été tenus).

 

Il y avait plus de 40 personnes à cette Assemblée où beaucoup de choses ont été débattues: stratégie politique, moyen de faire voter l'électorat populaire pour ses intérêts, Europe, programme économique, transport public, énergies, démocratie...

 

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Michel Tudo, secrétaire de la section communiste de Lanmeur, a fait une introduction pour présenter le principe des Assemblées Citoyennes et nos objectifs de rénovation démocratique.

 

 

Dans le cadre des élections présidentielle et législatives, le Front de Gauche ouvre ses portes et ses fenêtres !: « Nous voulons créer un mouvement civil et pacifique, qui unit mouvement social, mouvement intellectuel, mouvement politique en un nouveau Front Populaire du XXIème siècle »

 

Et pour cela des assemblées citoyennes vont être organisées, animées partout en France.

Donc nous vous disons :

 

PRENEZ LE POUVOIR !

 

Et aujourd’hui à Lanmeur nous inaugurons la 1ère assemblée citoyenne en présence de nos deux candidats du front de gauche pour les législatives de 2012 dans notre circonscription : Ismael DUPONT ET Marie HUON. Ils se présenterons plus largement dans un instant.

 

Ces assemblées citoyennes sont des lieux de débats et de prises d’initiatives citoyennes. Elles ne sont limitées ni dans le temps, ni dans un lieu, ni même par une appartenance politique. Elles sont un espace ouvert, de rencontre et de discussion où chacun et chacune doit trouver sa place. Vous y ferez part de vos attentes, de vos envies, de vos analyses sur la situation politique. La finalité des assemblées citoyennes ne se trouve pas uniquement dans le constat. Des actions pourront être décidées en soutien aux luttes et résistances locales soulevées et débattues par les participants de l’assemblée. C’est ici et là, dans vos lieux de vie, de travail, mais aussi dans le café au coin d’une rue que peuvent surgir ces assemblées. Les assemblées citoyennes fonctionneront dès lors que l’implication populaire y sera grande. Alors n’attendez pas ! Investissez, créez, organisez, pensez les assemblées citoyennes.

 

 

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Puis, c'est Marie Huon qui a pris la parole:

 

J'ai 22 ans. Je suis venue à la politique par un engagement précoce dans le syndicalisme étudiant à SUD lorsque j'étais en faculté de sociologie à Brest. J'ai une licence de sociologie. Après l'avoir obtenue, je suis allée passer deux ans d'études en Argentine où j'ai eu des expériences de travailleuse sociale avec des enfants et des handicapés dans les quartiers pauvres voisins de Buenos Aires. Je suis passionnée de chevaux et je travaille pour avoir un diplôme d'éducatrice spécialisée dans l'équithérapie en même temps que j'exerce mes fonctions d'assistante d'éducation au collège de Lanmeur.

Ce qui m'amène à m'engager, c'est d'abord une indignation par rapport au discours dominant: les caisses sont vides pour vous, il va falloir vous serrer la ceinture, il faut davantage de compétitivité pour notre économie et donc moins d'impôts pour la solidarité. Pendant ce temps, on persiste à défendre le patrimoine, la rente, les inégalités. Ce discours  que la droite et la social-démocratie tiennent toujours aujourd'hui en face d'une population qui galère de plus en plus:

- jeunes que l'on stigmatise, qui peinent à financer leurs études, puis se retrouver à cumuler les stages, les CDD, les périodes de chômage, même quand ils sont diplômés, en parvenant pas toujours à avoir leur logement indépendant

- agriculteurs qui souffrent de l'absence de prix garantis, de la fixation des prix par les marchés mondiaux et la grande distribution.  

- 8 millions de pauvres (dont beaucoup de travailleurs et surtout travailleuses pauvres, payés au SMIC à temps partiel, ou cumulant les CDD et les périodes d'intérim, tout en ayant des enfants à élever: ce sont les femmes, et singulièrement les femmes célibataires, qui payent le plus lourd tribu à la précarité) et 5 millions de chômeurs qui galèrent de plus en plus, comme toute une partie de la classe moyenne, avec l'explosion des dépenses logement, énergie, transport, santé (hausse des mutuelles, déremboursement de médicaments, forfait hospitalier) ces 10 dernières années.

- vieux en perte d'autonomie qui sont victimes du manque d'engagement de l'Etat et des carences de la sécurité sociale solidaire.

- salariés que l'on rend harcèle avec les nouvelles méthodes de management, que l'on croit rendre productifs en accentuant leur stress, en les mettant en compétition, en intrumentalisant de manière perverse leur désir de sécurité, de promotion sociale, ou d'estime de soi.

D'où une multiplication des arrêts de travail, des suicides. - fonctionnaires et salariés d'entreprise à capitaux majoritairement publics dont on méprise le sens de l'intérêt général, que l'on voudrait transformer en commerciaux en rapport avec des clients

Le Front de Gauche est la seule force politique qui dans le contexte actuel cherche à rassembler le plus largement possible autour d'une alternative à cet ultra-libéralisme et ce capitalisme financier qui nous mènent droit dans le mur. J'ai l'espoir que nous parviendrons à semer des graines pour faire monter l'envie d'autre chose, le désir de changer de système.

 

Photo-AC-Lanmeur-1.jpg 

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Introduction au débat par Ismaël Dupont:

 

Tout d'abord, je voulais dire que c'est un grand honneur pour moi d'être en première ligne pour défendre aux élections législatives l'ambitieux et l'indispensable projet de transformation sociale du Front de Gauche et de prolonger du mieux que je le pourrai le travail formidable de notre candidat aux présidentielles, Jean-Luc Mélenchon, et surtout l'investissement très important des militants des collectifs citoyens du Front de Gauche, venus de cultures politiques diverses qui s'apportent beaucoup de choses les unes aux autres ces derniers temps.

Le Front de Gauche est cette force politique nouvelle qui entend répondre aux nouveaux défis du temps, liés aux enjeux écologiques et à la transformation de la société, tout en reprenant le flambeau des combats historiques du mouvement ouvrier et de la gauche socialiste révolutionnaire et communiste, depuis le 19ème siècle.

C'est un grand honneur et aussi une charge lourde car nous avons une responsabilité énorme dans la situation actuelle, celle de convaincre le maximum de personnes qu'il y a des marges de manœuvre pour défaire les carcans nationaux et européens de la domination de la finance et du libéralisme, qu'il y a la possibilité de sortir de l'austérité, de gagner la lutte contre la précarité, les inégalités, l'affaiblissement du service public et de la protection sociale, la dégradation de notre éco-système.

La possibilité théorique de redistribuer les richesses pour faire droit aux besoins sociaux existe, beaucoup de gens n'en doutent pas. On a bien trouvé des milliards pour « sauver » le système financier en 2008 alors que l'on disait précédemment que les caisses étaient vides... En revanche, c'est la possibilité pratique qui pose question à beaucoup. On ne croit pas en particulier qu'en France, le PS ait une réelle volonté d'impulser une autre dynamique européenne et de rompre avec les recettes de l'austérité et du libéralisme. On ne croit pas non plus qu'une force plus à gauche que le PS ait la capacité de prendre l'ascendant et de battre la droite. Du coup, beaucoup de sympathisants de gauche qui regrettent la dérive centriste du PS sont prêts néanmoins à voter « utile », comme on dit, à se résigner au moins pire plutôt que de voir rester au pouvoir une droite dure, cynique et corrompue, plutôt qu'à affirmer avec force leur volonté d'un véritable changement.

Les gens ont peut-être l'impression que ceux qui veulent le changement (nous) ne peuvent pas le mettre en œuvre tandis que ceux qui le pourraient (le PS, les gouvernements européens) ne le veulent pas. On peut penser aussi aux sentiments défaitistes d'une bonne partie de la population qui pense que, quel que soit le gouvernement, on est pied et poing liés à cette Europe et à cette globalisation libérale.

A ceux là, nous voulons dire que la séquence de la crise 2007-2008 a rappelé que rien n'était installé de manière immuable dans l'histoire humaine, que l'édifice du capitalisme était instable, fragile, promis peut-être à accoucher d'autres systèmes de distribution des ressources et des pouvoirs. Quant à l'Europe: on voit comment on s'est assis sur les critères du Traité de Maastricht en 2008 avant de les remettre à l'honneur aujourd'hui pour continuer le travail de démolition des acquis sociaux.

On peut aussi penser à l'attitude fataliste de ceux qui sont intoxiqués par l'énorme machine politico-médiatique de propagande faisant du poids de la dette et de la menace d'une perte de la confiance des marchés, d'une montée des taux d'intérêts, un risque énorme de perte de souveraineté et de méga-crise économique justifiant de nouvelles atteintes aux droits sociaux et aux services publics au nom des sacrifices ou des efforts nécessaires.

 

Or, ce que nous disons à propos de cette prétendue « crise de la dette », ce qui fait sans doute consensus entre nous et que nous aurons à rappeler de manière inlassable auprès de la population, c'est:

 

1°) que la crise que nous vivons n'est pas une crise de la dette (et de la trop grande générosité d'une société de redistribution) mais une crise systémique du capitalisme, qui en relève les tendances et la nocivité profonde. La crise financière est directement liée à une politique de partage des richesses et d'établissement d'un rapport de force entre le capital et le travail très défavorable aux salariés. C'est parce que les acteurs financiers ont cherché  à produire toujours à moindre coût tout en continuant à entretenir la consommation dans les pays occidentaux qu'ils ont favorisé l'endettement privé par l'acquisition immobilière, à l'origine de la crise des subprimes. C'est parce qu'ils ont réduit les salaires par le consentement au chômage de masse et le chantage à la perte d'emploi, le dumping fiscal, les délocalisations, parce qu'ils ont plaidé sans relâche pour la destruction des systèmes solidaires de services publics et de protections sociales qu'ils ont considérablement augmenté le poids de l'économie financière par rapport à l'économie productive et ainsi donné toujours plus de prise aux phénomènes de spéculation.

2°) La dette en France a été creusée par les politiques libérales à travers plusieurs phénomènes:

a) la décision prise en France à partir de 1973 par Pompidou, ancien cadre de la banque Rotschild, t'interdire à l'Etat de faire marcher la planche à billet de la banque centrale pour se refinancer à 0%- et l'obligation conjointe d'emprunter sur le marché auprès des banques privées. Obligation confirmée par les statuts qui ont été donné à la Banque Centrale Européenne par les traités européens, et notamment celui de Maastricht. Le poids de la dette était de 22% du PIB en 1974: il est de 88% aujourd'hui. Or, les intérêts payés en plus du remboursement de la dette depuis le début des années 1980 représentent nous disait Yves Dimicoli environ 70% (1300 milliards) du poids global de la dette française aujourd'hui: 1700 milliards d'euros. D'où la nécessité d'un audit sur la dette publique, et de prévoir peut-être une annulation d'une partie de la dette, jugée illégitime, celle qui procède de baisses des cotisations et impôts pour les grosses entreprises, celle qui procède de taux d'intérêts abusifs...: cf. 2010: les 5 réseaux bancaires français ont réalisé 20 milliards de profit net, en pleine « crise de la dette », et après avoir été recapitalisés à peu de frais par l'Etat en 2008. D'où la nécessité aussi de permettre aux Etats et aux collectivités locales d'emprunter directement auprès de pôles financiers publics, des banques centrales nationales et européennes.

b) Ce sont aussi les baisses de cotisations sociales et de cotisations patronales au nom de la compétitivité, de l'emploi et de la lutte contre le chômage, les baisses d'impôts et les niches fiscales pour les plus riches au nom de politiques clientélistes ou de la juste rémunération des mérites pour ne pas faire fuir « nos plus grands talents », qui ont renforcé aussi le poids des déficits des caisses sociales et de l'Etat. Les 25 dernières années, l'ensemble des réformes fiscales mises en place ont privé les caisses de l'Etat de 140 à 150 milliards d'euros (Jean-Marc Durand, membre de la section économique du PCF).

c) La dette a enfin considérablement augmenté ces 5 dernières années avec le recul de l'activité liée à la politique sarkozyste d'attaque contre le pouvoir d'achat des catégories populaires et surtout à cause de la crise financière que le néo-libéralisme au pouvoir dans une bonne partie du monde depuis 25 ans au 30 ans a causé.

3°) Le niveau de la dette française n'a rien d'insupportable en lui-même: on dit qu'il représente aujourd'hui près de 90% des richesses produites chaque année (1850 milliards d'années) et on nous invite à comparer la situation de notre Etat avec celle d'une famille au bord de la cessation de paiement, de la restriction de crédit... Mais en réalité le service de la dette ne représente guère que 14% du PIB (avec certes beaucoup d'intérêts payés dessus): il faut bien se dire que le remboursement de la dette est échelonné, en moyenne sur 7 ou 8 ans. Quelle famille ne rêverait pas d'un taux d'endettement aussi faible, là où le remboursement des dettes (voiture, maison...) prend souvent 50% du budget? Par ailleurs, l'Etat a une capacité qu'une famille n'a pas: il ne tient qu'à lui d'augmenter ses ressources, ses recettes, en élargissant sa base fiscale.

4°) Ce qui est vraiment critique dans la situation actuelle, ce n'est donc pas le niveau de la dette, mais les mécanismes institutionnels qui donnent tout pouvoir aux marchés pour spéculer sur les dettes souveraines et provoquer l'augmentation irrationnelle des taux d'intérêt, laquelle est dissociée des possibilités effectives de remboursement et tend même à les réduire. Ce qui est inacceptable, c'est d'être contraint de se justifier devant des agences de notation plutôt que devant les électeurs parce que l'on refuse que les Etats puissent se financer par l'émission monétaire de banques centrales ou la coopération directe.

5°) L'austérité, les politiques de rigueur les plus radicales qu'on nous présente comme le seul moyen d'amadouer les agences de notation sont les pires moyens pour diminuer le poids de la dette car cela contracte l'activité, fait rentrer les économies en récession, réduit le poids de la consommation et des recettes fiscales. Les agences de notation conviennent d'ailleurs de l'inefficacité de la rigueur budgétaire et des atteintes actuelles aux droits sociaux et aux dépenses sociales en Europe en continuant à brandir l'épée de Damoclès d'une note négative au-dessus des États malgré la docilité des gouvernements vis à vis des attentes du capital.

 

La dette n'est donc qu'un nouveau prétexte pour vider de contenu la démocratie en Europe (la signification de l'alternance politique, des élections), pour appauvrir démanteler les dispositifs de solidarité et l'Etat après l'avoir appauvri, et confier toujours plus de champs de la vie sociale et de l'existence individuelle à l'emprise de la finance et de la marchandisation.

Ce n'est pas le moindre paradoxe de cette crise du capitalisme financier qui a été quasiment universellement reconnue par les commentateurs, même les plus libéraux, en 2008, que de conduire à un renforcement sans précédent des logiques de destructuration du champ social et politique au service du capitalisme.

En même temps, ce mouvement de renforcement autoritaire de la domination du libéralisme et de la finance conduit politiquement à l'échelle européenne et nationale est si rapide et violent qu'il peut produire:

- Soit une résignation face à un mal qui apparaît inévitable. Résignation qui s'accompagne du dégoût généralisé vis à vis de la politique et des politiques - « tous pourris »- de la montée d'une culture de la peur, du ressentiment vis à vis de boucs-émissaires, d'ennemis de l'intérieur ou de l'extérieur, culture instrumentalisée par la droite pour renforcer la domination des riches.

- Soit l'émergence d'une conscience critique plus forte de la population vis à vis du capitalisme et du fonctionnement oligarchique des élites, d'une nouvelle espérance politique, d'une nouvelle combativité sociale qui peut faire naître des possibilités de progrès social et de riposte enfin puissante après 30 ans de coups encaissées par le salariat et la classe ouvrière.

 

Notre boulot, dans cette séquence de campagne électorale et au-delà, c'est de dire que l'argent existe pour satisfaire les besoins sociaux en termes de salaires, d'accès aux études, à la retraite, au logement, aux pensions sociales, à des services publics de qualité pour que chacun puisse vivre bien, dignement, comme lui en donne droit sa qualité d'homme et de citoyen. Les richesses produites en France aujourd'hui sont deux fois plus élevées qu'en 1980 (PIB x 2) grâce notamment à l'augmentation de la productivité du travail (liée aux progrès techniques mais aussi à de nouvelles organisations du travail qui associent rendement et stress, compétition pour la survie, la promotion ou la prime...). L'argent existe mais, c'est bien connu, depuis le tournant libéral des politiques publiques en France au milieu des années 1980, 10 points de la richesse nationale, de la répartition de la valeur ajoutée, sont passées du travail au capital: soit 195 milliards par an.

Notre intention est donc de renverser la tendance pour aller vers plus de partage des richesses, plus de contribution du capital au financement de la vie sociale et des solidarités collectives: aujourd'hui, le capital est taxé en réalité à 18% alors que le travail l'est en moyenne à 42%. Cette intention nous ne pourrons la mettre en œuvre qu'en nous donnant des outils efficaces pour reprendre en cas de victoire électorale l'ascendant sur les marchés et les pouvoirs financiers - pôle bancaire public, accès sélectif au crédit, nouveaux pouvoirs donnés aux salariés dans les entreprises, rupture avec les traités européens existants et leur sacralisation du libre-échange et de la course à la défiscalisation du travail, au moins-disant fiscal pour les entreprises....

Mais surtout, il faut qu'elle s'accompagne d'une vraie mobilisation populaire débordant les forces actuelles du FDG. Cette mobilisation, c'est peut-être la campagne contre le renforcement de l'austérité et la confiscation des choix économiques au niveau européen qui peut permettre de la stimuler.

 

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 LE DEBAT de l'ASSEMBLEE CITOYENNE

 

Une intervenante : Tout ce que vous dîtes de ce qu'est le PS et de ce que l'on peut en attendre, on le sait bien. Moi, je les connais depuis les années 60 et je ne leur ai jamais fait confiance, même en 1981. Aujourd'hui, Hollande a clairement fait le choix d'attirer le centre, un bout de la droite, les bobos. Mais la question que je vous pose, c'est: comment allez-vous faire pour faire revenir un vote de gauche résolue les catégories populaires, et notamment les gens qui pouvaient voter PCF dans les années 60 et qui aujourd'hui font souvent le choix de Marine Le Pen, en se disant qu'ils ont essayé les autres qui n'ont pas changé grand chose à leur vie?

 

Hubert Peneau: il faut faire attention à avoir en tête des données exactes quand on parle de montée du FN. Les scores de Le Pen en pourcentage augmentent grâce au poids de l'abstention: en réalité, les scores du FN se tassent ou ont même tendance à régresser. Notre travail, ce sera justement de faire voter pour une gauche utile au peuple les abstentionnistes. Actuellement, les médias à travers la publication de leurs sondages alarmistes sur la montée du et la banalisation de la candidature Marine Le Pen cherchent à alimenter les logiques de vote « utile » ou pire encore, à placer le FN en position pour être au second tour. C'est que pour la droite ou le PS, à condition de passer l'obstacle du premier tour, ce serait la victoire assurée. En réalité, le FN est aujourd'hui porté par le système, c'est un allié objectif de ce système capitaliste prédateur sur la défensive.

 

Jacques Carrasse: Aujourd'hui, il est urgent, plutôt que de se positionner uniquement sur la défensive par rapport au discours de propagande pro-capitaliste omniprésent (sur le mode « c'est la crise, il va falloir se serrer la ceinture »...) en disant à raison que l'austérité va amener à nous appauvrir, de dessiner les perspectives concrètes d'un autre modèle de société capable de fixer un objectif aux luttes et de remobiliser des gens qui n'y croient plus. Il faut reconstruire de l'utopie, dessiner pour l'imagination ce que pourraient être un autre modèle de développement (délivré du productivisme et de la course à la croissance, impliquant la réduction du temps de travail, le développement des coopératives, des circuits courts, des solidarités locales). C'est très important de mettre dans la tête des gens l'idée qu'il existe des contre-modèles globaux déjà pensés, qui permettent de donner du sens à la résistance.

 

Patrick Le Nan: Je suis d'accord pour dire qu'il faut rallumer ces lumières dans la tête des gens. D'autant que, par rapport à notre communication avec les citoyens, il est extrêmement important de dégager les objectifs généraux de notre projet, sa cohérence et les axes de changement qu'il entend promouvoir, car les gens se méfient des propositions programmatiques généreuses, des belles promesses (augmentation du SMIC...) du type « on rase gratis ». Quand ils lisent certaines de nos promesses, beaucoup se disent peut-être: « tous des menteurs », « tous les politiques sont achetés »... D'où l'importance de la pédagogie, de notre capacité à bien faire sentir dans quelle direction on veut aller et pourquoi la direction suivie actuellement nous mène dans le mur.

 

Jean-François Huon: Je voudrais mettre un peu plus d'optimisme dans cette réunion. Rappelez-vous la campagne contre le Traité Constitutionnel Européen en 2005: nous avions 90% des politiques et des médias qui considéraient un éventuel non comme le summum de l'irréflexion, de l'irresponsabilité, qui chargeaient les opposants de tous les vices, et pourtant les citoyens, un peu comme aujourd'hui dans le Front de Gauche, ont commencé à s'associer pour se mêler de leurs affaires, produire collectivement un discours critique et faire une campagne de proximité qui nous a permis de gagner. Le Front de Gauche est l'émanation de la victoire de 2005 avec une vraie capacité à associer la revendication sociale, la culture écologiste, le projet de rénovation de la démocratie. A ce propos, je crois qu'il faut absolument que nous portions avec force l'exigence du non cumul des mandats (pas plusieurs mandats en même temps, limiter à deux mandats la possibilité de prolonger ses fonctions d'élus dans le temps). C'est le seul moyen de sortir de l'oligarchie, d'éviter que les élus se laissent plus ou moins détourner de leurs voies initiales par l'influence des lobbys patronaux qu'ils fréquentent au quotidien.

 

Jean Rozech: Le non cumul des mandats, la limitation à un seul mandat, me semblent des évidences si l'on veut assainir notre démocratie. Et les élus du Front de Gauche doivent commencer par donner l'exemple de ce qui est inscrit dans notre programme, ce qui n'est pas toujours le cas. Je voudrais aussi revenir sur un objectif que la gauche n'a pas assez défendu depuis 2002: la réduction du temps de travail. La productivité du travail et le niveau de richesses produites dans notre pays rendraient possible sans aucune difficulté, avec un vrai partage des richesses, une semaine de 4 jours et de 32h avec maintien du salaire. Cette semaine de 4 jours serait un moyen d'éviter la multiplication des heures supplémentaires et une possibilité de créer réellement de l'emploi.

 

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Ismaël Dupont: Je suis parfaitement d'accord sur la nécessité de défendre la réduction du temps de travail. Revenir à des 35 heures strictes en supprimant les facilitations données aux heures supplémentaires est d'ailleurs la première proposition du programme du Front de Gauche en matière économique, dans la partie « Partager les richesses et abolir la sécurité sociale ». Pourquoi on ne va pas plus loin? Sans doute par pragmatisme, pour ne pas éloigner de nous les catégories populaires et les ouvriers parce qu'on sait que beaucoup ont mal vécu les 35 heures, alors que les professions intellectuelles et les cadres s'en félicitent. Pourquoi? Parce qu'Aubry a fait passé sa loi au profit de beaucoup de concessions faites au patronat: annualisation du temps de travail, flexibilité, stagnation des salaires pour des salariés qui étaient juste au SMIC ou au dessus du SMIC. En revanche, il est complètement faux de dire comme la droite que la RTT a nui à la compétitivité de notre économie et à l'emploi: elle a permis de créer des dizaines de milliers d'emplois et elle aurait permis d'en créer davantage si l'Etat employeur avait eu l'esprit de suite et avait réellement compensé les heures de services perdues avec la RTT, à l'hôpital notamment. Par ailleurs, la Réduction du Temps de Travail, revendication constante de la gauche sociale depuis le 19ème siècle, est un moyen de réduire les profits capitalistes sans pour autant continuer à tomber dans l'encouragement au consumérisme...Elle permet à la société d'avoir des citoyens plus capables de trouver de l'énergie pour leur développement personnel, de s'investir dans leur vie familiale, de se cultiver, de faire du sport, de s'engager au service des autres dans le secteur associatif, la politique. C'est une richesse non immédiatement mesurable en termes comptables et c'est une des bases d'un projet de civilisation alternatif, basé sur le bien vivre et non sur la multiplication des échanges marchands, que nous devons porter. Au Front de Gauche, il y a encore des débats entre nous sur la valeur de la croissance, la validité de la mise en avant d'objectifs de décroissance ou de sobriété: au PCF, par exemple, on continue majoritairement à penser comme avant qu'on a besoin de croissance pour satisfaire les besoins sociaux de plus en plus grands, et en particuliers dans les pays du Sud avec l'explosion démographique. Mais les positions se font plus nuancés: on apprend au contact d'autres cultures politiques et sociales.

 

Hubert Peneau: Il y a en tout cas un objectif qui nous réunit, c'est celui de la décroissance des inégalités...

 

Jacques Normand: Sur la question des énergies, je crois qu'il nous faut creuser des expériences locales alternatives qui ont déjà été tentées comme la création du premier parc éolien citoyen réalisé en bord de Vilaine en Bretagne grâce à des participations financières de gens du coin et de Cigales. C'est sur ces questions énergétiques (nucléaire, installation d'une centrale à Gaz, d'un méthaniseur) que la démocratie participative que nous appelons de nos vœux peut s'exercer entre des gens qui ne font pas parti de l'oligarchie. En 1981, quand l'union de la Gauche est passée, c'est parce que les gens avaient envie que ça change. Ils avaient envie d'une alternative et pas d'une alternance. Il faut proposer des alternatives, y compris dans la manière dont on fait de la politique. Chacun doit oser dire quelle est sa petite part d'idéal et rentrer ensuite dans une démarche d'éducation populaire. Au Front de Gauche, nous ne devons pas avoir peur des propositions clivantes, non consensuelles, qui peuvent interroger la population et l'amener à réfléchir, et nous faire percevoir comment une force politique qui ne se met pas à la remorque de revendications déjà bien partagées (syndicalement notamment) mais constitue une vraie force d'invention et de proposition. Par exemple, sur l'immigration, on a raison de dire sans faux-fuyant que nous sommes pour une régularisation et une décriminalisation des sans-papiers, pour l'octroi possible de la nationalité au bout de 5 ans de résidence, pour un carte de séjour unique à 10 ans et le caractère automatique du droit d'asile... On ne peut plaire à tout le monde: il faut que les gens aient le sentiment que l'on s'engage sur les sujets parce qu'on a un grand dessein en tête et une résolution d'aller au bout.

 

Jacques Carrasse: Nous avons à travailler pour dessiner des perspectives, montrer comment elles pourraient se concrétiser sur les territoires, sur un plan local: comment économiser et produire l'énergie pour faire face aux défis écologiques et sociaux, comment développer les circuits courts? Il faut que l'on développe une expertise sur ce qui se fait déjà au niveau des communautés de commune et ce que l'on pourrait proposer de neuf. Il est possible de commencer à construire la société meilleure à laquelle nous aspirons sur un plan très local.

 

Hervé Penven: Je crois que le Front de Gauche doit tout le temps rappeler qu'il a l'ambition d'être majoritaire à gauche, comme l'a fait Bayrou en 2007, avec beaucoup moins de forces militantes que nous et le bon résultat que l'on sait. Pour retrouver l'électorat populaire, le convaincre de fuir l'abstention, il faut aller dans le concret sur tous les sujets: parler par exemple des haricots verts du Kenya vendus dans nos supermarchés pour faire ressentir la bêtise de la mondialisation à outrance. De quoi se préoccupent les gens: de leur emplois et de leurs salaires, de leur logement, de leurs transports, de leur remboursement de santé... etc. Il faut décliner notre programme avec des phrases simples, percutantes, exemplifiées, sur ces sujets là. Il faut aller voir les gens au porte-à porte chez eux à l'heure où ils rentrent du travail, et établir un contact, et non se contenter de mettre les tracts dans les boîtes à lettre. Le programme du Front de Gauche a beaucoup de qualité mais il compte un peu trop pour financer toutes nos mesures de progrès social sur la taxation des revenus du capital et je ne pense pas qu'il soit réaliste de proposer le SMIC à 1700 euros brut dès 2012, ni que les citoyens penseront que l'on est en mesure de réaliser ce que l'on promet. En revanche, il faut insister sur la nécessité d'une grande réforme fiscale: augmenter la fiscalité sur le patrimoine, l'héritage, faire de l'impôt sur le revenu l'impôt essentiel et le rendre plus progressif encore.

 

Jacques Normand: Ce qui serait concret par exemple, c'est de demander à ce que collectivement, les citoyens décident des indicateurs du développement humain, pour ne pas nous faire voler la définition des critères de la richesse et du développement par le capital: pourraient y entrer le niveau de santé publique, d'éducation, de prise en charge des loisirs, le niveau des inégalités...

 

Une intervenante :Je voulais poser des questions au candidat et aux militants du Front de Gauche sur votre rapport à la politique de la ville – car j'habitais en région parisienne et je vois bien que la gauche a dû mal à être écoutée dans ces quartiers là, où il y a de plus en plus d'exclusion, de moins en moins de mixité sociale et « ethnique », les classes populaires un peu plus intégrées ou moyennes les ayant désertés - mais aussi sur l'indépendance des médias et le renouveau de la démocratie.

 

Ismaël Dupont: Le dernier chapitre du programme du Front de Gauche, L'Humain d'abord, porte sur « le droit à la ville »: il s'agit d'en finir avec « la politique de la ville », politique spécifique de charité stigmatisante vis à vis des quartiers périphériques et populaires des grandes villes dits sensibles, et de refaire rentrer la politique de la ville dans le droit commun, la volonté d'accorder à tous le droit à l'emploi, au travail non précaire, au logement de qualité, à la mobilité, au sport et aux loisirs. Notre volonté est d'aller « vers des quartiers équilibrés, qui ne soient pas uniquement résidentiels ou dortoirs, mais de vrais quartiers de vie, avec des logements, de l'activité économique, de l'emploi, des équipements publics et privés de proximité, des lieux de loisirs et de culture ». L'accès de tous au logement de qualité est une priorité de notre projet, qui prévoit de construire 1 millions de logement sociaux en 5 ans (200.000 par an), de renforcer la proportion de logement social dans les villes (passer à 25 ou 30% suivant le niveau des loyers du secteur privé et des prix à l'achat), les pénalités pour les villes qui ne respectent leurs obligations au titre de la SRU, mais aussi de plafonner les prix des ventes et des loyers pour éviter la spéculation et maintenir un budget logement inférieur à 20% du budget total des ménages. Sur l'indépendance des médias, un des chevaux de bataille de Mélenchon et une de nos dénonciations constante et ancienne concerne les collusions entre le grand capital et les groupes de télévision et de presse influents, notamment les groupes financiers (Rotschild), de BTP (Bouygues), d'armement (Lagardère, Dassault) qui prennent les commandes de l'Etat ou se font servir par lui en créant des conflits d'intérêt avec des hommes politiques qui travaillent pour eux en échange de bons procédés. Pour cela, il faudrait une loi anti-monopole dans les médias comme le programme commun le proposait déjà il me semble et transformer le pluralisme de la presse d'opinion en exigence de service public impliquant la possibilité de subventionner publiquement des journaux pour les rendre indépendants des groupes financiers et des annonceurs. Une diversité d'expression médiatique est une des conditions d'existence de la démocratie. Par rapport à la démocratie, nous avons un projet extrêmement ambitieux de création d'une assemblée constituante et d'un grand débat national pour aller vers une 6ème République qui, à notre sens, devrait introduire la proportionnelle intégrale à toutes les élections, multiplier les référendums d'initiative populaire, aller vers plus de démocratie participative aussi au niveau des collectivités territoriales (budgets participatifs votés par des assemblées de citoyens volontaires ou tirés au sort), des communes, mettre fin au présidentialisme monarchique, au pouvoir du Sénat et à la mise sous tutelle de la justice. Là-dessus, l'accord gouvernement conclu entre le PS et EELV est extrêmement timide, conservateur: et pour cause, le PS n'a aucune raison de vouloir mettre fin aux logiques institutionnelles qui renforcent le bipartisme et la délégation de pouvoir et les Verts sont prêts à céder sur l'essentiel de leurs exigences programmatiques pour avoir quelques fauteuils et des financements. Nous sommes les seuls aussi à proposer une vraie démocratie sociale, une démocratie dans l'entreprise, avec un pouvoir accru donné aux salariés pour définir l'usage des profits dans les entreprises, interdire les licenciements , les ponctions excessives des actionnaires et soutenir l'investissement productif.

 

Jacques Normand: Nos Assemblées Citoyennes en rodage doivent donner l'exemple de la vie politique que nous voulons, elles ne doivent pas s'arrêter en juin 2012 mais continuer à se rassembler pour être les lieux d'influence des politiques ou des résistances collectives futures, les think tanks du peuple.

 

La même intervenante que les deux fois précédentes: Lors du coup d'État de Napoléon III, une véritable armée citoyenne s'était monté en Provence à la suite de rumeurs de résistance pour mettre le tyran dehors. Elle a tenu plusieurs mois, réfugiée dans les montagnes de l'arrière-pays. Aujourd'hui, on entend les jeunes anglais se révolter à plusieurs reprises, les Espagnols créer le formidable mouvement des Indignés et chez nous, en France, cela ne prend pas assez, le signal de la révolte ne crée pas de contagion... Cela m'interroge.

 

Hubert Peneau: Les indignés en France, ils ont gagné en 2005, ils étaient des batailles pour la défense des droits sociaux collectifs en 1995, 2003, 2006, 2010 pour les retraites. A chaque fois, on a méprisé leurs mobilisations et leurs revendications. Maintenant, il faut à tout prix que l'on s'organise et que l'on se rassemble politiquement pour donner dès 2012 un débouché politique à ces luttes pour la justice. C'est notre combat.

 

Jacques Carrasse: Il faut que l'on travaille sur des mots d'ordre simples et universels: propriété des moyens de production, de la terre, des biens fondamentaux qui doivent être gérés collectivement et accessibles à tous (eau, électricité, transport en commun et de proximité). Pourquoi par exemple les premiers mètres cubes ou kwh d'eau et d'électricité ne seraient-ils pas gratuits et au-delà d'un certain seuil de consommation, pourquoi n'y aurait-il pas des surtaxes sanctionnant un usage excessif?

 

Jean-François Huon: Sur les transports collectifs, le coût de la gratuité pour la communauté de commune, ce serait 283000 €: c'est tout à fait gérable. On aurait intérêt à aller vers là pour des raisons sociales et écologiques plutôt qu'à dilapider l'argent ailleurs.

 

Hervé Penven:Je ne suis pas pour une gratuité complète du transport en commun de proximité car il faut le développer – nous n'avons qu'un vingtième actuellement de ce qu'il faudrait. Il faut financer ce développement nécessaire des transports en commun et je ne crois pas que l'on puisse compter que sur une fiscalité qui ne touche pas spécifiquement les usagers. A Vitroles, à Vitré, à Chateauroux, on expérimente la gratuité des transports mais il faudrait faire un bilan précis de ce que cela coûte et rapporte à la collectivité. En revanche, au niveau de la communauté d'agglomération, il y a actuellement une DSP: il faut revendiquer une maîtrise publique qui coûtera moins cher et permettra de continuer à investir dans le transport en commun. Il faut soutenir partout aussi le covoiturage, la mise à disposition en prêt de véhicules, la création de mini-taxis sous forme de navettes. Par ailleurs, le Programme partagé a un autre défaut: toutes nos dépenses publiques pour financer la satisfaction des besoins sociaux sont garanties par des taxes sur les entreprises et leur capital financier. Cette manne là n'est pas extensible, surtout si l'on veut limiter l'économie spéculative. Il faut donc surtout insister sur une réforme globale de la fiscalité, un impôt sur le revenu qui redeviendrait l'impôt le plus important dans les recettes de l'État et dont la progressivité serait accrue.

 

Jean Rozech: Comment allons-nous donner le plus d'efficacité et de prolongement à ce qui se dit dans les Assemblées Citoyennes? Je crois que l'on peut décider, à l'issue de ces assemblées citoyennes, de créer des ateliers constituées de personnes motivées pour travailler ensemble des propositions à faire remonter à l'échelon national après en avoir décidé collectivement lors d'assemblées citoyennes suivantes... Par exemple, on prenant pour thème de travail en mini-groupes dès aujourd'hui la gratuité, le transport.

 

Hubert Peneau: Moi, je ne suis pas partisan d'une spécialisation des Assemblées Citoyennes et de la création de ces micro-ateliers préparatoires. Ces assemblées citoyennes doivent garder un côté informel, ne pas perdent de vue la défense de la globalité de notre projet vis à vis de la population, car l'urgence est d'abord de rassembler chaque semaine toujours plus en vue d'une victoire au printemps 2012. Il faut aussi que l'on passe à l'action, à travers des distributions de tracts...etc.

 

Jacques Normand: Sur le contenu de nos propositions sociales, je pense qu'on pourrait aller plus loin dans la lutte contre les inégalités de revenus et limiter par exemple l'écart des retraites à une échelle de 1 à 5, l'écart des salaires à une échelle de 1 à 10 en suivant l'exemple des grilles salariales de la fonction publique. Jean-François Huon Il y a des propositions qui me tiennent à cœur et que l'on doit porter haut et fort. Par exemple, taxer à 100% toute spéculation qui n'est pas investissement productif. Réduire considérablement le budget de la défense: il faut voir que tout l'argent que l'on met dans l'armée (16% du budget de l'Etat), on ne le met pas pour satisfaire les besoins sociaux. On travaille pour des industriels comme Dassault et la diplomatie de la France est dictée par le besoin de vendre des Rafales, y compris à la Libye... C'est inacceptable que ces intérêts financiers influencent notre politique stratégique. Il faut également être incisifs sur l'Europe et réaliser l'Europe sociale sans laisser de prise au retour des nationalismes et de la xénophobie. Or, tout ce que l'on voit, c'est que ce que l'on dénonçait dans Maastricht, le TCE, le Traité de Lisbonne – à savoir une mise en concurrence généralisée des salariats et des entreprises sans critères de convergence sociale- a produit des effets catastrophiques. L'Allemagne, dans l'agro-alimentaire notamment, ne cesse de faire du dumping social. Son soit-disant modèle économique, c'est la réduction des salaires et des garanties sociales des salariés, un taux de pauvreté plus élevé qu'en France. L'Europe doit devenir un espace harmonisé au niveau social, et par le haut. Cela doit être un de nos objectifs fondamentaux.

 

Hervé Penven: Il faut développer l'impôt sur le revenu, l'impôt sur l'héritage et les donations et faire des propositions pour un autre barème: on trouvera ainsi l'argent pour satisfaire les besoins sociaux sans mettre en péril l'activité économique.

 

Jacques Carrasse: Pour affiner nos argumentaires, ce serait intéressant d'établir des tableaux comparatifs avec les droits sociaux il y a 10 ou 20 ans (APL, remboursements médicaux, services publics) et les outils fiscaux d'alors, afin que l'on visualise très bien dans quel sens s'est opéré la distribution ou la non-distribution de la richesse.

 

Jean Rozech: Au sujet des retraites, je plaide moi pour une égalité stricte des pensions. Il n'y a pas de raison pour que ceux qui se sont crevé le cul pendant plus de 40 ans pour des salaires minimalistes n'aient pas en plus les moyens de payer l'aide à l'autonomie, les loisirs, les maisons de retraite, alors que d'autres auront accumulé des biens immobiliers et un patrimoine et jouiront encore de revenus considérables à ne pas savoir qu'en faire. Il faut harmoniser les pensions: seul le travail justifie les différences de revenus.

 

Ismaël Dupont: Des pensions de retraite proportionnelles aux cotisations, c'est la philosophie du système de sécurité sociale et de financement des retraites pensé à la Libération dans le sillage du CNR. Ceci dit, sans être moi-même pour une égalisation complète des pensions, je pense que l'on pourrait réduire considérablement l'échelle des retraites perçues pour augmenter les petites retraites (ceux qui ont travaillé avec des très bas salaires ou qui n'ont pas travaillé toute leur vie: les femmes, ceux qui ont des périodes de chômage et d'inactivité) et réduire les retraites de ceux qui avaient des revenus suffisants du temps de leur activité pour acquérir du patrimoine, de l'épargne, des actions, leur permettant d'envisager l'avenir avec plus que de la sérénité. D'accord donc pour lisser les retraites en partie.

 

Jacques Normand: Sur ces sujets, on a intérêt à être imaginatifs, à ne pas nous contenter de nous plier aux cadres existants ou de prolonger des revendications syndicales. Il faut poser l'exigence de justice dans toute son étendue et sur tous les sujets et essayant de tout remettre à plat pour réintroduire de l'idéal et du projet de société global.

 

 

 

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 07:39

 

Une première version de ce texte a été rédigée fin mai 2011…et n'a pas suscité beaucoup de réactions, pas davantage que les remarques sur le programme rédigées fin juin! Voici à nouveau ces textes, avec, en italiques, quelques compléments rédigés début décembre.

 

 

FRONT DE GAUCHE : PAR ROUTINE ET MANQUE D'AMBITION, N'EST-ON PAS EN TRAIN DE TOUT GACHER ?

 

 

Au fur et à mesure que s'éloigne la victoire de 2005, seule vraie victoire politique depuis des dizaines d'années, le Front de Gauche initié par trois organisations depuis 3 ans maintenant doit oser s'élargir, et s'approfondir en s'ouvrant à la masse des citoyens qui s'étaient mobilisés de mille et une façons pour ôter toute légitimité démocratique à un projet de Constitution européenne explicitement capitaliste et libéral.

Le contexte est favorable : un pouvoir Sarkozy-UMP discrédité, une mouvance centriste éclatée (même si Bayrou flanqué d'Arthuis va être plus qu'un figurant), un PS sans programme crédible, une formation EE-Les Verts écartelée entre ses illusions pro-européennes et ses aspirations à s'ancrer dans le mouvement social…Tout devrait favoriser la progression politique des idées qui trottaient dans la tête des millions de salariés qui ont manifesté l'an passé, et avant.

Tout devrait favoriser cela, à condition de passer d'une action politique "contre" à une action "pour", un action pour un programme formulé en un nombre limité de thèmes, développés à travers des propositions très concrètes, ce qui ne peut se faire qu'en faisant confiance à des centaines de milliers de partisans, et pas seulement à quelques dizaines de milliers de militants actifs des trois organisations à l'origine du Front de Gauche.

Sinon, le risque est double : abstention populaire et un FN à deux chiffres, c'est-à-dire, une fois de plus, bien au dessus du total de la "gauche de la gauche". On sait déjà que les médias font tout pour qu'il en soit ainsi.

 

Pour éviter ces risques, renouer avec la victoire de 2005 et retrouver des succès comparables à ceux de 1945 et de l'application du programme du CNR, il fau répondre à trois questions :

Où passe la contradiction principale dans le monde actuel et dans la société française ?

Quelle démarche politique mener après une victoire électorale en 2012 ?

Quelle démarche politique mener dès maintenant et pendant toute l'année qui vient ?

 

OU PASSE LA CONTRADICTION PRINCIPALE ?

 

En France ou ailleurs, l'antagonisme majeur n'est pas entre "la Gauche" et "la Droite", mais entre le Travail et le Capital, entre les prolétaires, ouvriers et employés (la moitié de la population active, on l'oublie trop souvent) et les capitalistes (ceux qui, de façon plus ou moins visible, vivent principalement de l'exploitation des salariés d'exécution), entre ceux qui ont intérêt à ou qui veulent (même s'ils n'y ont pas directement intérêt !) changer le système social (pour aller vers ce qu'il faut bien continuer à appeler le socialisme), et ceux qui veulent aller toujours plus loin dans la mondialisation capitaliste (l'écrasante majorité de l'UMP), ou y aller en la "régulant" plus ou moins (le PS dans sa grande majorité, une partie non négligeable des centristes, et pas grand monde au-delà).

 

 

Bien sûr, il y a aussi des contradictions qui se situent entre "Droite" et "Gauche" : sur les droits de l'homme, sur l'immigration, sur l'école, sur la protection sociale…mais l'expérience de ces trente dernières années montre justement qu'il n'y a pas sur tous ces thèmes et bien d'autres de clivages nets et de solutions durables si on les traite sans les relier à la contradiction principale.

 

Il découle de cela que, s'il ne faut pas refuser à priori une alliance de "toute la Gauche", il faut toujours en avoir en tête les limites, bien cadrer un accord éventuel avec le PS et EE-les Verts et, surtout, pour le F de G, avoir l'ambition d'être en tête de la Gauche. A défaut d'être en tête de la Gauche ou, au minimum, d'être entre 15 et 20% des suffrages (Bayrou y est bien arrivé…), la légitimité politique des mouvements sociaux à venir sera très faible, voire nulle.

A défaut d'un tel résultat à la Présidentielle et aux législatives (là serait la différence majeure avec Bayrou et le Modem de 2007) le F de G n'aurait à négocier que la survie d'un groupe parlementaire PCF élargi à quelques individus : les prolétaires s'en moquent dans leur très grande majorité, la survie d'un appareil politique nonagénaire n'est pas leur problème, de même qu'ils se moquent du fait qu'un petit pourcentage des suffrages permettra toujours au NPA-LCR de faire vivre quelques années de plus sa petite organisation avec le financement public des partis.

 

Par suite, il est clair que la réussite du F de G passe par un élargissement au NPA et à d'autres petites organisations qui frappent à la porte, par un élargissement à des syndicalistes connus qui font de même, c'est bien cela qui serait un signal pour les "sans partis" qui n'hésiteraient plus à s'engager, au risque dans un cas de se faire traiter de rabatteur pour le PS, et dans l'autre de diviseur et d'allié (objectif!) de Sarkozy…ou du FN.

C'est à cette condition que le F de G peut passer de quelques dizaines de milliers de militants à quelques centaines de milliers, ce qui change tout.

Qu'est-ce qui est le plus utile au peuple, dans les mois qui viennent, pour les militants (et militantes, cela va sans dire, on ne perdra pas de temps dans ce texte à mettre des "e" entre parenthèse partout) du NPA : partir à la pêche aux signatures de 500 maires puis s'épuiser une fois de plus dans des collages d'affiches et des distributions de tracts sur les marchés, ou rentrer enfin dans un mouvement politique unitaire sur un programme et une démarche où ils auraient leur mot à dire? Où Besancenot serait le plus utile au peuple : comme débateur occasionnel et soutien d'un candidat dont on sait déjà qu'il sera loin de faire un score comparable aux siens où à ceux d'Arlette (parce que les travailleurs ont compris que ça ne débouche sur rien), ou comme candidat à la députation dans un arrondissement du nord-est parisien, et ensuite député ? Il n'y perdrait pas ses qualités de parole, mais il aurait la légitimité politique en plus.

Symétriquement (ce n'est pas exactement une symétrie, ou du moins pas une symétrie parfaite), qu'est-ce qui est le plus utile au peuple pour les responsables du PCF, du P de G et de la GU, dans les semaines à venir : continuer à peaufiner un programme partagé entre eux seuls et se partager aussi toutes les candidatures aux législatives ainsi que l'argent public qui en découlera, ou mettre en place les débats sur ce programme et la démarche politique commune pour les deux années à venir avec les autres organisations candidates et des dizaines de milliers de personnes sans parti, mais pas sans idées ni sans courage militant ?

Quoi de neuf six mois après ces lignes ? On est passé de trois à six organisations au sein du F de G, le NPA se délite, mais on n'est pas encore passé à un mouvement de masse, à cinq et six mois des échéances.

N'est-il pas temps de surmonter les vieilles querelles, les désaccords de personnes, sans pour autant s'interdire d'analyser tout ce qui s'est passé depuis 1920, mais en étant conscient que le travail d'historien ne se fait pas au même rythme que le combat politique ?

S'il est vrai que toute union est un combat, qui peut croire que la meilleure façon de mener ce combat consiste à s'affaiblir mutuellement en posant trop de préalables à un accord, alors que le temps presse? Que gagnera-t-on, sinon encore plus d'amertume, à un nouvel échec en 2012, même si en apparence il devait être moins patent?

Ces deux paragraphes peuvent sembler dépassés, conjoncturellement .Ils restent vrais sur le fond. Quand au débat sur le programme et la démarche politique, il n'est pas encore allé très loin, même à la fête de l'Huma.

A toute petite échelle, la démarche engagée en Limousin pour les régionales (et depuis) ne trace-t-elle pas la voie à suivre?

 

QUELLE DEMARCHE APRES UNE VICTOIRE EN 2012 ?

 

En cas de victoire (le F de G en tête de la Gauche à la Présidentielle et aux législatives), ou en cas de succès relatif (le F de G entre 15 et 20% des suffrages) la négociation avec les deux autres composantes de la gauche (Ps et EE-Les Verts) devra avoir été anticipée sur un nombre limité de points essentiels pour le peuple dans son ensemble. Il ne faudra pas se perdre et noyer le poisson dans des listes à n'en plus finir de mesures plus ou moins symboliques ou sans grande importance pour la grande majorité des citoyens.

Osons dire dès maintenant que le but est de gagner, d'être en tête, pas de servir de force d'appoint à un PS qui se présente (et que les médias présentent au peuple) comme étant "naturellement" le leader de la Gauche. C'est malheureusement ce qui se passe, et c'était prévisible, depuis la fin de l'été et la primaire du PS. Le F de G a laissé faire pendant toute cette période. Dans L'Huma, pendant la quinzaine précédant le premier tour, rien sur la campagne du F de G et de Mélenchon…mais des articles plus ou moins ambigus soutenant en fait Aubry contre Hollande, et contre Montebourg. Pourtant, c'est bien en se présentant pour gagner que Bayrou a fait 18% en 2007, et cependant sa base électorale potentielle était bien plus faible que la nôtre. Si nous savons élargir et approfondir le F de G et si nous proposons un programme allant à l'essentiel, pour le peuple dans son ensemble mais en priorité pour les milieux populaires, il est possible de gagner.

 

Depuis vint ans au moins nous aurions dû comprendre qu'il ne suffisait pas de rédiger des pages plus ou moins savantes sur l'abstention électorale et le vote FN chez les ouvriers, mais qu'il faut aller chez les ouvriers et les employés sur leurs lieux de travail et à leur domicile, le soir, à l'heure de "plus belle la vie" ou avant le début du match de foot ou de la série policière à la télé, en frappant à leur porte, pas seulement en distribuant des tracts dans les boites aux lettres et sur les marchés, ou en organisant des réunions publiques qui nécessitent beaucoup d'abnégation de la part des militants les plus actifs, mais pour ne réunir que des gens déjà convaincus . Il n'y a pas beaucoup d'effet "boule de neige".

Ne faut-il pas, même avec des moyens militants encore limités, tenter le porte à porte, avec des textes simples, concrets ?.

 

Si ce qui précède pouvait se concrétiser: quelle démarche après la victoire électorale, ou un succès électoral suffisant ?

 

Quelles mesures immédiates ?

Un petit nombre, à commencer par le droit de partir en retraite à 60 ans, avec suppression de la décote et de la surcote. On sait que la grande majorité des actifs est prête à une augmentation des cotisations, qui n'a pas besoin d'être importante vu qu'il est possible de mettre fin en quelques mois à toutes les exonérations non justifiées de cotisations patronales. Nous savons bien que les créations d'emplois durables assureront le financement à long terme, mais nous devons aussi proposer, si nous sommes vraiment pour la République et l'unité du peuple, une unification progressive de tous les régimes, en l'espace d'une génération (20 à 30 ans). Le F de G est forcément influencé par les grosses fédérations de la CGT (SNCF, RATP), qui pensent logiquement à défendre leurs acquis. Cependant, l'unification par le haut de tous les systèmes de retraite serait un objectif unificateur et mobilisateur, à la fois syndicalement et politiquement.

Nous avons tous les dossiers et tous les arguments sur ce point, mais il faudra le défendre avec quatre pages d'explications en allant voir les salariés chez eux, pas en noyant cette revendication essentielle au milieu d'un catalogue de 125 propositions sur un tract ou une profession de foi arrivant trois jours avant le scrutin. Nous ne vaincrons les discours mensongers des médias qu'en luttant contre eux, en sonnant chez les gens à l'heure du JT, pas en croyant pouvoir les utiliser.

 

Quel programme économique et social ?

Il ne s'agit pas de promettre la lune ni de multiplier les promesses catégorielles, donc il faut commencer par la fiscalité, oser dire dès maintenant que nous sommes partisans d'un impôt sur le revenu beaucoup plus progressif, et d'un impôt sur les successions et donations très fortement progressif. Il faut chiffrer cela, en discuter partout dans les six mois qui viennent avant de conclure par un fascicule simple à défendre au porte à porte.

Il ne faut pas s'égarer dans des propositions démagogiques du type "pas d'écart de salaire supérieur à 20", qui ne peuvent que masquer le débat fiscal : l'important n'est pas de savoir si le PDG gagne 20 fois, 30 fois ou 17,5 fois plus que le smicard sur sa feuille de paie, mais ce qu'il lui reste après impôt.

Il faut au contraire débattre d'un barème progressif précis pour l'impôt sur le revenu. Il n'y a rien de monstrueux à proposer une tranche supérieure située entre 60 et 70%, à condition de faire comprendre aux couches moyennes de la société que leur intérêt bien compris est de payer un peu plus d'impôt (soyons honnêtes d'abord avec nous-mêmes : quel couple d'enseignants titulaires, de salariés de la SNCF ou de retraités issus de ces catégories ne pourrait pas payer quelques centaines d'euros supplémentaires chaque année ?). Il n'y a rien de monstrueux à proposer un impôt sur les successions et donations avec une tranche supérieure située entre 80 et 90%, à condition qu'il y ait progressivité régulière du début à la fin du barème (sinon, par le jeux de l'héritage, des enfants des couches moyennes finiront par se retrouver riches et à se comporter en riches, avec une jolie petite morale : "il y a plus riche que moi").

Dire cela, c'est juste du keynésianisme pour temps de crise économique, c'est du marxisme très modéré. Mais ça permettrait de dire à la Droite : "d'accord, on supprime l'ISF! Mais on a trouvé mieux, qui ponctionne beaucoup plus vos partisans fortunés, et qui rapporte beaucoup plus à l'Etat."

Ce serait beaucoup plus clair de proposer une fiscalité simple (et distincte des cotisations sociales et de la CSG, pour bien se distinguer du PS et de son candidat), une fiscalité réduite à un nombre limité d'impôts nationaux, prioritairement directs et progressifs, plutôt que d'envisager une nouvelle taxe sur les "profits financiers" dans chaque chapitre du programme. Les profits en question, les intérêts et les dividendes, les plus-values à la revente, financières et immobilières, tout peut rentrer dans trois impôts directs : l'impôt sur les bénéfices, l'impôt sur le revenu et les droits de mutation, les deux derniers pouvant être très progressifs. Il suffit de tout intégrer dans l'assiette de ces trois impôts.

 

 

Il faut continuer notre programme avec le logement et les transports collectifs, car c'est sur ces deux points que l'on peut concrètement et rapidement (dans la campagne électorale, d'abord, et dans la pratique, ensuite, en quelques années) relier les questions sociales, les questions énergétiques et écologiques, et la question du pouvoir d'achat. Il est facile de montrer que les politiques menées depuis trente ans par le PS et la Droite (concurrence entre communes périurbaines pour développer des zones pavillonnaires, défiscalisation profitant d'abord aux plus aisés…) conduisent tout à la fois au gaspillage énergétique (chauffage, seconde –voire troisième, et même parfois quatrième- automobile par foyer), aux pertes de temps, aux loyers exorbitants, et bien sûr à l'exclusion du logement ou au logement plus ou moins insalubre pour un nombre toujours croissant de jeunes.

Il est facile de montrer que l'on peut dans le même mouvement redensifier les centres villes (et les centres bourgs) plus ou moins délabrés, réduire les temps de trajet domicile-travail, réduire les dépenses de chauffage en construisant en priorité des petits logements collectifs à la fois bioclimatiques et sociaux, et mettre fin au gaspillage insensé de terres agricoles.

On ne pense pas ici principalement à Paris , ni à quelques dizaines de métropoles régionales, mais prioritairement à ce que l'on pourrait appeler "la France des sous-préfectures", soit plusieurs centaines de villes plus ou moins petites et leurs couronnes périurbaines : cela représente au bas mots vingt millions d'habitants, mais comme chacun n'en connaît qu'un petit nombre, personne n'y pense, alors que c'est là que se situe –mais dispersé, donc guère visible- la plus grande pauvreté et l'absence quasi-totale de transports collectifs, souvent réduits aux transports scolaires, même si le PS s'évertue à masquer cette carence en les faisant passer pour des lignes régulières ouvertes à tous.

Il va de soi qu'en construisant massivement ce type de logements socio-écolo au plus près (ou pas trop loin, selon les cas) des lieux de travail, et en développant des transports collectifs périurbains on peut réduire la facture de chauffage, les dépenses de transport (une voiture en moins dans un ménage, ou pas de voiture, ça fait économiser plusieurs centaines d'euros par mois), donc on améliore fortement et réellement le pouvoir d'achat, et d'abord celui des plus modestes.

C'est facile à expliquer, et ça remplace les slogans démagogiques sur l'augmentation massive de tous les minima sociaux ou le SMIC à 1600 euros nets (entre juin et septembre, on est passé à 1700euros…). C'est d'autant plus facile à expliquer que ce sont bien ces deux vecteurs (logement social et transports collectifs) qui peuvent être très rapidement créateurs de dizaines de milliers d'emplois utiles, pérennes, non délocalisables par définition, et répartis sur tout le territoire. Ce serait d'une efficacité sociale tout autre que les "emplois –jeunes" que le PS veut remettre en place…juste en en changeant le nom.

C'est facile à expliquer, tout comme il est facile de débattre largement dans chaque localité de ce que cela implique, parce que c'est concret : où construire les logements ? Quelles lignes de transport mettre en place ? Comment modifier la loi SRU ? Quelles lois nouvelles faut-il éventuellement voter pour obliger les communes et structures intercommunales à mettre logement et transport en priorité absolue, quitte à leur imposer un moratoire de quelques années sur les "embellissement" des entrées de villes ou des centres bourgs ? Comment l'Etat doit-il éventuellement leur venir en aide pour "amorcer la pompe" (et ici on retrouve la nécessité d'augmenter les recettes fiscales) ? Comment former les nouveaux salariés du bâtiment et des transports collectifs (c'est peut-être le point le plus difficile à résoudre si l'on veut aller très vite dès l'automne 2012, mais il y a des solutions) ?

 

 

 

La suite de notre programme pourrait concerner la politique industrielle et énergétique. Sans développer ici, quelques pistes de réflexion :

Si on sort du nucléaire, en vingt ou trente ans, comment combiner économies d'énergies et énergies alternatives ? Qui fabrique quoi et où ? Utilise-t-on au maximum les possibilités marines de la Baie du Mont St Michel (car, c'est bien connu, tout le monde est pour les énergies nouvelles, mais peu de personnes les acceptent près de chez elles). Là encore, mieux vaut engager les débats publics tout de suite ? Etc.

Si on a compris que dans le même délai (épuisement de la ressource en pétrole et lutte contre l'effet de serre y obligent) il va falloir diviser par dix la circulation des automobiles, celle des gros camions, ainsi que leur nombre (et pas seulement faire un peu de covoiturage), alors il faut débattre avec les salariés de l'automobile et leurs sections syndicales de questions très concrètes : quelles usines doivent continuer à produire des voitures à court et moyen terme ? Lesquelles doivent au plus vite être reconverties en productrices de véhicules de transport collectif, sachant qu'il faut prévoir plusieurs types de véhicules différents pour les besoins urbains et périurbains ? Lesquelles devront produire autre chose (des panneaux solaires, des éoliennes, des turbines, etc, etc) ?

Ce type de réflexion –si on veut échapper à la domination du capital, on n'échappera pas à un minimum de planification impérative- peut paraître compliqué (car la division internationale du travail a séparé en de multiples segments à travers le monde des productions jadis nationales), mais c'est ça ou l'accumulation de promesses qu'on ne tiendra pas, et donc un boulevard de plus pour le FN sur le plan idéologique et politique, et une reprise durable du pouvoir par la Droite post- sarkozienne (Copé, etc).

Mieux vaut proposer aux salariés de l'automobile ce type de débats (ce n'est pas le PS qui le fera !) plutôt que de leur laisser comme seule perspective la lutte contre les prochains licenciements, ou le mirage de la voiture électrique, une impasse puisqu'elle implique encore plus de production électrique, et un pillage suivi d'épuisement rapide des ressources mondiales en lithium, assorti bien sûr d'une exploitation de la main d'œuvre des pays producteurs.

Ce n'est pas un hasard si Sarkozy s'apprête à subventionner grassement (5000 euros d'aide!) les futures voitures électriques qui coûteront 20 000 ou 30 000 euros au minimum : elles ne seront achetées que par les gens aisés, et les bénéfices tomberont dans la poche de son copain Bolloré qui fabrique les batteries. L'inauguration de l'usine est d'ailleurs déjà prévue, en février 2012…

A essence, au gaz, à l'électricité ou avec toute autre motorisation, la voiture individuelle est une impasse totale, surtout si on a le bon sens de se placer à l'échelle du monde, dont la France ne représente qu'un centième en population La "voiture propre", pour chaque famille ou chaque individu , à l'échelle du monde, ça n'existe pas et ça n'existera jamais : entre les matières premières et l'énergie à la fabrication, et l'énergie qui sera toujours nécessaire à la propulsion, c'est une impasse écologique totale, même à court terme. Mieux vaut explorer les solutions collectives, ça servira aux autres pays sans nullement nous desservir, bien au contraire. En France, on ne produit plus guère d'autocars de grande capacité, et presque pas de minicars et de minibus (12 à 30 places) adaptés aux transports de proximité autour des agglomérations petites et moyennes, ou aptes à compléter les réseaux existant dans les grandes agglomérations : on les importe, d'Allemagne, d'Italie ou d'Espagne.

 

 

Le bras de fer avec l'U.E.

 

Il est inévitable. Certes, plusieurs mesures proposées ci-dessus et par le F de G ne sont pas incompatibles avec les règles actuelles de l'UE (construire des logements, développer les transports collectifs, économiser l'énergie et même augmenter les impôts), mais d'autres le sont en droit (planification économique, retour ou mise en propriété publique de secteurs-clés de l'économie…) ou en fait (fiscalité accrue sur les bénéfices des entreprises, taxation des marchandises entrant dans l'UE…). Depuis 2007 –et avec la complicité du PS- Sarkozy piétine le "non" clair et net de 2005 et impose le plus discrètement possible de nouvelles règles constitutionnelles qui, demain encore plus qu'hier (pensons à Jospin en 97) aboutissent à un "choix" simple : soit promettre aux électeurs monts et merveilles si "la Gauche" revient au pouvoir et s'excuser platement aussitôt arrivé en disant "nous on aurait bien voulu, mais les autres ne veulent pas", soit engager l'épreuve de force (faire du Thatcher, mais à l'envers sur le programme!), en ayant conscience des difficultés, mais aussi des atouts uniques de la France pour cette épreuve.

En ayant conscience des difficultés : imposer des objectifs de plein emploi à la BCE et à l'euro (dont il ne faut bien sûr pas sortir), rétablir un tarif extérieur commun (le Traité de Rome n'est pas aboli, il le prévoit) pour les marchandises entrant dans l'Union, sur des critères sociaux (scolarisation des enfants, protection sociale), écologiques (mesures contre l'effet de serre) et de taux de change (il faut compenser par la taxe aux frontières la sous-évaluation du $ et du yuan), ce n'est pas du protectionnisme injustifié, c'est un moyen d'obliger les pays extérieurs à négocier, mais nous n'aurons pas d'accord européen du jour au lendemain sur ces questions. De même pour mettre fin au dumping fiscal, en premier lieu pour l'impôt sur les bénéfices. De même pour une harmonisation sociale par le haut (critères de convergences à moyen et long terme pour le salaire minimum, en premier lieu –c'est bien pour cela qu'il faut rester dans l'euro-). Il est clair qu'il ne faut pas compter sur les prochaines élections européennes pour espérer passer d'un Parlement européen très à droite à un Parlement antilibéral. C'est plutôt l'épreuve de force que nous engagerons pendant des mois et des années, relayée par les mouvements sociaux et les partis progressistes dans d'autres pays qui pourra contraindre les autres Etats à évoluer.

En ayant conscience des atouts uniques de la France pour cette épreuve de force : nous sommes un des six pays fondateurs, nous avons une place privilégiée à l'ONU (et on ne va pas abandonner un siège permanent au Conseil de Sécurité et le droit de veto contre rien du tout!), nous avons la force nucléaire (il ne s'agit pas d'envoyer des bombes sur nos voisins, mais de faire comprendre que nous pouvons contribuer à une sécurité commune en dehors de l'OTAN, ou Sarkozy nous a fait rentrer sans tambour ni trompettes), et, surtout, nous sommes au milieu de l'UE, et donc de la circulation des marchandises…et des touristes. Nous pouvons donc arrêter les camions et les autocars aux frontières et contrôler tous les chronotachygraphes (c'est légal!), interdire le survol du territoire par les compagnies "low-cost", négocier le trafic des TGV transeuropéens, etc.

Si toute la "gauche de la gauche" s'y met dès maintenant, on trouvera plein d'idées sur les mille et une façons de "désobéir à l'Europe", et on aura le temps de faire le tri entre les bonnes et les mauvaises idées d'ici au printemps.

Il faut anticiper dès maintenant tous les aspects possibles de cette épreuve de force, les mesures de rétorsion probables et la façon de leur répondre (vu l'interconnexion des entreprises et des productions au niveau européen et mondial, mieux vaut mobiliser les salariés de l'industrie sur ces risques, car c'est dans l'industrie que les problèmes seront complexes, pas dans les services ni dans l'agriculture). Souvenons-nous que jadis les Etats capitalistes ont cherché à asphyxier économiquement l'URSS, et plus tard la Chine…mais, qu'en même temps, des entreprises de ces mêmes pays ne refusaient pas le commerce avec ces "méchants communistes".

Voilà ce qui sera possible et nécessaire si le F de G est suffisamment fort. Si le PS reste dominant à gauche, la question ne se posera pas davantage qu'en 97 : il s'inclinera sans même chercher à combattre, et se contentera de quelques petits changements de vocabulaire, assortis de réformettes à usage interne pour faire passer sa nouvelle soumission au capitalisme.

 

Des changements institutionnels sont impératifs.

 

En fait, il faut en finir avec la 5ème République, il est temps de passer à la suivante, les raisons sont connues : il faut remettre à plat nos rapports avec les pays de l'UE car depuis vingt ans, par modifications constitutionnelles "pro européennes" successives, mais de moins en moins discrètes, on vide de tout contenu réel nos "textes fondateurs" (Déclaration de 1789, préambules de 1946 et de 1958, pourtant non abrogés) et notre libre-arbitre national. Quitte à devoir se mettre pour un temps "en congé de l'UE", mais sans en sortir, il nous faudrait élaborer, dans l'année qui suivrait une victoire, une nouvelle Constitution, moins présidentielle, moins "naïve" vis-à-vis de l'UE, garantissant l'indépendance de la Justice, mettant au clair l'organisation des collectivités territoriales…et décrétant très précisément dans son texte lui-même que dorénavant toutes les élections à tous les étages auront lieu à la proportionnelle intégrale. Le modèle allemand est probablement le meilleur en la matière, en dépit d'une apparence première un peu compliquée (voir fiche en annexe à la fin de ce texte).

Ces questions constitutionnelles et de mode de scrutin sont au premier abord plus difficiles et moins attrayantes pour les citoyens que les questions économiques, écologiques et sociales, mais il faut pourtant expliquer que les"règles du jeu" dans une société sont décisives.

Comme en 2005, il faut expliquer que ce que le PS et l'UMP ont toujours tenté de faire passer pour "normal", voire "naturel", à savoir le scrutin majoritaire uninominal à deux tours, conduit forcément à une bipolarisation des partis, mais le plus souvent avec un parti hégémonique dans chaque camp. Et si Sarkozy pousse vers un scrutin majoritaire à un seul tour, c'est pour arriver, comme aux USA ou au Royaume-Uni, au bipartisme pur et simple. Le PS lui a simplement soufflé une petite hypocrisie : ajouter une (petite) "dose de proportionnelle". Idée géniale pour eux : celui des deux grands partis qui gagnera aura de toute façon la majorité absolue des élus à lui tout seul, et ces deux "grands" partis autoproclamés n'auront même plus besoin de perdre du temps à négocier des accords de second tour avec les "petits" partis, réduits encore plus qu'aujourd'hui au rôle d'intermittents du spectacle. Cela rendrait encore plus pervers le système actuel, qui donne aux "petits" partis de l'argent pour qu'ils survivent et entretiennent l'illusion du pluralisme le plus large, mais les prive de représentants élus en nombre suffisant pour qu'ils pèsent sur les choix publics.

Il faut expliquer clairement au peuple que la Proportionnelle, c'est tout ou rien. Elle ne se divise pas, elle ne se "dose" pas. Elle existe tout entière, ou pas du tout.

On peut aussi expliquer pourquoi le PS n'accepte la proportionnelle qu'à usage interne, en son propre sein et, jusqu'à preuve du contraire, à condition de pouvoir tricher !

C'est au regard de tout le passage ci-dessus qu'il faut examiner l'accord de programme entre le PS et EE-Les Verts sur le mode de scrutin.

 

Conclusion pratique, tant pour le PCF que pour le NPA : un accord avec le PS –et avec EE Les Verts-, ce n'est pas une question théologique. Ce n'est pas "on va négocier quelque chose de toute façon" (en fait, un petit groupe parlementaire, qui aidera le parti à survivre), et ce n'est pas "de toute façon, on ne va rien négocier"(et on va continuer notre démarche solitaire, mais en partie sur fonds publics). Le F de G doit envisager toute une gamme de solutions possibles, et le débat au sein d'un Front élargi doit aussi clarifier cette gamme. Il va de soi qu'un accord de gouvernement suppose d'être en accord sur un programme, une démarche vis-à-vis de l'UE et les changements institutionnels : on en est actuellement à des années lumière. Un accord de soutien sans participation gouvernementale pendant une législature, dans l'hypothèse où le PS arriverait en tête de la Gauche, suppose un engagement précis (et suivi d'effet dans les délais prévus, sinon il faudrait dénoncer l'accord) sur quatre ou cinq points essentiels : la retraite à 60 ans, deux ou trois mesures de notre programme économique, une renégociation des traités européens, et la Proportionnelle. Un simple désistement de second tour ne saurait se faire sans obtenir en échange deux ou trois mesures essentielles pour le peuple et la démocratie. On ne peut pas se désister et appeler à voter uniquement pour obtenir trente députés. Si, face à un F de G au résultat trop modeste, le PS ne proposait rien d'essentiel, il ne faudrait pas négocier de désistement, et laisser la liberté de vote aux électeurs.

Pour éviter d'en arriver là, on revient à la case départ de ce texte : il faut élargir et approfondir le F de G, l'ouvrir à tous, et ne pas s'imaginer qu'il suffira d'appeler les sympathisants trois mois avant les élections pour réussir.

 

QUELLE DEMARCHE DES MAINTENANT ?

 

Le F de G ne peut se limiter, dès les semaines à venir, à être "contre" (contre la vie chère, contre la politique de la BCE, etc) car nous sommes trop perçus comme "protestataires", les médias en rajoutent une couche chaque semaine sur ce thème, jusqu'à essayer de nous amalgamer au FN…pour le plus grand bénéfice de celui-ci d'ailleurs. [ces lignes datent de fin mai : six mois après, on en est toujours là. C'est bien Marine Le Pen qui capte, potentiellement, 40% des ouvriers qui envisagent d'aller voter.]

Il faut d'urgence proposer un programme "pour", un programme pour une nouvelle organisation économique, sociale et politique, et aller le discuter au sein du peuple, pour l'améliorer d'ici à la fin de l'année 2011.

Il faut toutefois que ce programme évite le défaut majeur des programmes-catalogues de ces dernières décennies, avec 100 ou 125 mesures ou propositions, qui cherchent à faire plaisir à tous les "segments" de l'électorat, à toutes les" catégories" possibles, à tous les groupes de pression (en anglais : lobbies) influents, pour répondre –ou faire semblant- à tous les "problèmes" et "sujets de société" plus ou moins à la mode, car cela revient à considérer le peuple comme un agglomérat d'intérêts hétéroclites et à noyer les questions importantes dans un fatras de propositions ou les électeurs ne s'y retrouvent plus, attendu que tous les catalogues électoraux se ressemblent plus ou moins, et avec une ou deux lignes par point de catalogue, les clivages essentiels ne sont plus visibles.

Il faut donc que le programme soit limité à dix, douze ou quinze sujets essentiels, à traduire en autant de fascicules de quatre pages (moins, ça devient impossible de s'expliquer correctement; davantage, la majorité des gens ne liront pas).

Il faut que ces sujets ne traitent que de ce qui concerne l'avenir de l'Humanité, l'avenir du Peuple en France dans son ensemble, l'avenir des prolétaires (ouvriers et employés) en France et ailleurs, de façon à mettre en évidence les intérêts de classe et les divergences de valeurs des différents partis.

Par suite, en plus des sujets abordés dans ce texte (retraites -et Sécu bien sûr-, fiscalité, logement, transports, emploi et pouvoir d'achat, U.E., représentation proportionnelle et nouvelle Constitution…), il faut développer des propositions sur :

-alimentation, agriculture et commerce (en France et dans le monde, en particulier en Afrique; il y a un éléphant du PS qui n'est plus à la tête du FMI, mais il y en a un autre, moins connu, qui est toujours à la tête de l'OMC.);

-services publics à restaurer ou à instaurer (santé –ça peut aussi bien sûr être traité avec la Sécu-, enseignement, petite enfance, Poste, eau potable et assainissement…)

- banques, épargne, contrôle des marchés financiers (ça touche aussi aux propositions sur l'UE et la fiscalité, mais, justement, l'intérêt de concentrer le programme sur un petit nombre de thèmes essentiels, c'est de montrer les relations qui existent entre eux);

- l'emploi est une résultante des propositions que nous pouvons développer sur tous les thèmes précédents : nous ne proposons pas des petits boulots précaires ou du travail pitoyable dans des centres d'appel, mais des emplois incontestablement utiles et durables. Il faut oser porter des jugements de valeur sur les emplois : une infirmière ou une aide-soignante à l'hôpital public, c'est incontestablement plus utile qu'un "commercial" de France Télécom ou qu'un salarié qui bidouille des jeux vidéos.

C'est un tel programme, concentré sur les questions essentielles en les développant, qu'il faut aller porter et discuter là où se trouvent les ouvriers, employés et salariés des couches moyennes : sur leurs lieux de travail et à leurs domiciles, dans les HLM des petites villes autant que dans les grandes banlieues, et dans les bourgades pauvres davantage que dans les quartiers bo-bo. C'est dans un même mouvement que l'on pourra diffuser ce programme, l'améliorer, unifier et structurer un F de G qui ne se limite pas à un accord au sommet entre trois partis : un vieux qui a parfaitement le droit de vouloir continuer à vivre et à agir, mais qui devrait reconnaître qu'au regard de ses grosses erreurs de jugement des cinquante dernières années (en particulier depuis août 1965, si ma mémoire est bonne), il n'a pas le droit de prétendre à l'hégémonie au sein du mouvement populaire; un composite –le P de G- qui à le mérite de montrer à un partie de l'électorat PS et écologiste qu'il y a des choix réels à faire, mais qui n'aura pas vraiment d'utilité s'il se réduit à une équipe présidentielle; et un tout petit –la GU- qui peut faire le lien avec le NPA et la mouvance trotskyste, mais qui a déjà compris qu'il faut aller bien au-delà, en sortant des habituelles manœuvres de tendances, courants et sous-courants qui caractérisent cette mouvance.

 

Il y a un révélateur incontestable de l'écart qui existe entre le F de G tel qu'il est aujourd'hui et ce qu'il devrait être, demain ou après-demain : "L'Humanité", le journal. C'est un résumé de toutes nos contradictions. C'est encore le journal du PCF, sans l'être tout à fait. C'est un journal qui survit grâce aux abonnés et aux souscriptions militantes, tout en ayant toujours besoin des Caisses d'Epargne et de TF1 dans son capital (à moins que j'ai loupé un épisode, et que ce ne soit plus le cas), et besoin aussi de publicités émanant de ceux-là même que l'on dénonce (banques, grandes entreprises, voire le gouvernement lui-même). C'est un journal qui dénonce régulièrement et souvent très bien l'exploitation des travailleurs, celle des peuples à travers le monde…mais auprès d'un lectorat régulier réduit à quelques dizaines de milliers de personnes déjà convaincues. C'est un journal ouvert aux débats, mais ne tourne-t-on pas en rond surtout "entre-nous "(PCF et F de G, écologistes, NPA, ATTAC, M'PEP…et PS, qui est invité autant que les autres) sans que le grand public soit touché ? Quand aux débats sur la candidature à la présidentielle et l'avenir du F de G, on a un peu l'impression qu'on leur laisse de la place à certains moments comme défouloir, et qu'ils n'apparaissent plus quand les "choses sérieuses", c'est-à-dire les débats internes au PCF et les négociations qu'il mène avec le P de G et la GU sont dans une phase décisive. C'est visiblement le cas depuis plusieurs semaines.

Depuis six mois, hélas, rien n'a changé, la petite tribune des lecteurs n'est qu'une redite des articles des jours précédents .Pourtant, il y a forcément des points du programme qui méritent débat. Par exemple, est-ce bien réfléchi que de proposer le SMIC brut à 1700 € tout de suite, et aucune retraite inférieure à ce même SMIC ? [voir texte suivant]

"L'Huma" ne pourrait-il pas devenir -et explicitement- le journal et la tribune du F de G tout entier ? Ca n'empêchera jamais d'y inclure les suppléments propres à chaque parti pour tous les abonnés qui le souhaiteraient, mais ça permettrait d'élargir le lectorat et la diffusion militante, avec des numéros spéciaux propres à telle ou telle ville ou région, à telle ou telle profession, et en intégrant périodiquement les fascicules de propagande sur le programme dont on a parlé plusieurs fois dans ce texte. La rédaction et le personnel du journal savent forcément faire cela, mais ils n'ont ni les moyens financiers ni la force de diffusion nécessaire.

Le journal fondé par Jaurès est-il appelé à disparaître ? Si cela devait arriver, ça voudrait dire que la stratégie du F de G a échoué. Ce n'est pas avec des gros titres en première page et en ayant trop souvent recours aux sondages (que l'on dénonce fort justement quand ils viennent d'ailleurs !) qu'on amènera les travailleurs à lire le seul quotidien qui est effectivement de leur côté tous les jours, mais en acceptant une ouverture encore plus large sur le plan politique, une collaboration régulière ouverte à tous les partis membres du F de G, mais aussi à tous les collectifs de base qui pourraient naître dans toutes les circonscriptions, attendu que les législatives comptent davantage que la Présidentielle, même avec la Constitution actuelle.

Enfin, parce que certaines mesures symboliques sont parfois plus importantes qu'on ne le pense : pour montrer que "L'Huma" change de rôle et élargit son public, ne pourrait-on pas supprimer "Pif le chien" ? C'est toujours aussi stupide que lorsque je le lisais, gamin, il y a plus de cinquante ans…Il y a sûrement mieux à faire pour les enfants des lecteurs du journal!

Hélas encore, Pif est toujours là, et, même en couleur, soit c'est nul, soit c'est une idéologie réactionnaire : un chien et un chat qui se font des vacherie. Cet été, "la vie privée de Laurence P.", c'était tout autre chose : génial!

Surtout, L'Huma reste principalement un journal de dénonciation. Il faudrait, dès la "Une" et en gros titres, devenir un journal de propositions, sans démagogie, et avec chaque semaine des pages entières de propositions concrètes à discuter à l'intérieur.

 

Toute démarche politique nouvelle devient forcément organisationnelle à un moment ou à un autre, sinon on avoue clairement qu'on en reste à un accord d'appareil. Il y a un an déjà l'idée avait été émise (j'ai souvenir d'un article de l'Huma) de créer "les amis du F de G", ou quelque chose d'approchant. L'idée d'une "amicale" avait déjà quelque chose d'assez insolite, voire presque méprisant, mais de toute façon elle a été très vite abandonnée.

Ce n'est pas une amicale qu'il faut créer (les "amis de l'Huma", est-ce que ça change beaucoup de choses ?), ni des comités de soutien pour diffuser des tracts préétablis deux mois avant le premier tour, mais des comités de circonscriptions avec des membres ayant des devoirs (payer une cotisation plus que symbolique, participer à la propagande) mais aussi des droits (participer aux débats sur la démarche politique et le programme, et voter pour en décider). C'est urgent, presque en retard déjà.

On est bien conscient que cela demande double travail aux militants qui sont déjà dans un des partis fondateurs, mais ils doivent être conscients qu'ils n'ont pas toute la légitimité politique à eux seuls. Depuis les années soixante, à gauche du PS, personne n'a eu tort sur tout en permanence, mais tous nous avons fait des erreurs, et parfois des grosses. Et, sur l'essentiel, nous avons tous échoué, sauf en 2005.

 

Les trois partis fondateurs se sont mis d'accord sur un candidat à la Présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui a ses qualités et ses défauts comme tout un chacun. Il ne faut pas qu'il se prenne pour Mitterrand, personnage machiavélique au passé douteux ou condamnable, qui a plongé la France et le "peuple de gauche" dans les impasses de la mondialisation libérale, ni pour Marchais, triste clown au passé également douteux –jusqu'à preuve du contraire-, qui est rentré dans les pièges de l'autre, et n'a jamais su en sortir. Il faut qu'il se prenne simplement pour lui-même, et pour l'un des représentants d'un projet à construire, tout en se présentant d'emblée comme candidat pour le second tour…sans oublier de faire tout de suite la lumière sur son patrimoine, attendu que certains éditorialistes ont déjà commencé leurs attaques sur le thème "Mélenchon = nanti, grand bourgeois populiste, etc". Ces attaques semblent abandonnées actuellement, mais elles reviendront si le F de G et son candidat décollent.

 

On en revient toujours à la nécessité de créer un mouvement politique de masse partout , de ne pas se limiter à un accord d'appareils et une campagne autour d'une personnalité, ce sur quoi tout le monde semble d'accord. Le but du présent texte est de donner quelques idées pour y arriver, même s'il peut paraître un peu provocateur ou agaçant par endroits.

Que les lecteurs veuillent bien aller au-delà de leurs éventuelles réactions épidermiques, et retenir toutes les idées utiles. Et voici une dernière idée : inutile de continuer à proposer un débat public à Hollande, au PS et à EE-Les Verts : ils n'en veulent pas, ce n'est pas leur intérêt. Ils ne débattront que contraints et forcés, si le F de G progresse en allant voir directement les salariés d'exécution, sur leurs lieux de travail quand c'est possible, et à leur domicile, avec des fascicules concrets à proposer et à discuter.

 

Plourin lès Morlaix, 28 mai 2011, 05 décembre 2011.

 

Hervé Penven

 

Annexe :

 

 

Résumons la RP allemande, qui n’est complexe qu’à première vue :

 

  • Chaque citoyen a un double droit de vote, le même jour : pour un(e) candidat(e) dans la circonscription où il vote, et pour une liste régionale de candidats présentée par tel où tel parti.

  • Chaque parti a droit au Bundestag à un nombre national de députés déterminé proportionnellement au nombre total de voix que ses listes régionales ont eu dans tout le pays.

  • La moitié des députés sont élus avec le premier vote des citoyens, dans les circonscriptions, au scrutin majoritaire uninominal à un seul tour.

  • Le solde des députés de chaque parti provient de ses listes régionales. Si un parti a eu 120 députés dans les circonscriptions, et que la RP nationale lui donne droit à 150 députés, il a droit à 30 députés supplémentaires provenant de ses listes régionales. Et, en gros, s’il a eu un bon résultat dans une région assez peuplée, celle-ci va lui fournir plusieurs députés supplémentaires, alors que s’il a eu un mauvais résultat dans une région peu peuplée, celle là ne lui en fournira aucun. La calculette est aujourd’hui remplacée par l’ordinateur, on sait très vite quels sont les députés élus pour chaque parti, et d’où ils viennent.

  • Au bout du compte, chaque région a un nombre d'élus proportionnel à sa population.

  • Tous les partis ayant nationalement au moins 5% des suffrages exprimés, même s’ils n’ont eu aucun élu dans les circonscriptions, participent au partage proportionnel des sièges de députés. En clair, un parti ou une coalition de partis présentant partout des listes communes a droit à 25 ou 30 députés minimum, si le total est de 500 ou 600, soit un groupe parlementaire, c’est-à-dire la possibilité de se partager le travail, de s’exprimer, de peser sur la vie politique. Le seuil de 5% est une convention, mais une convention qui évite un trop grand émiettement du Parlement et qui permet aux partis de jouer un rôle dans les institutions. Ca ne les empêche pas d’en jouer un aussi en dehors des institutions. Chacun fait ses choix, et les assume.

  • Par exception, si un parti a eu moins de 5%, mais s’il a eu au moins trois élus dans des circonscriptions, il participe quand même au partage des sièges, en proportion de son total national de voix (ça a été le cas, sauf erreur, pour l’ancien parti communiste de RDA, la seconde fois où il a participé aux législatives, les autres fois, il dépassait les 5% ).

  • Par exception, si un parti a davantage d’élus dans les circonscriptions que la RP ne lui en accorde, il garde tous ses élus (on ne désavoue pas les électeurs des circonscriptions). Ce cas de figure est forcément d’ampleur limitée.

  • Les citoyens votent donc doublement, mais pas inutilement, et subtilement s’ils le veulent.

  • La moitié seulement des élus provenant des circonscriptions, celles-ci sont donc forcément assez grandes (certains départements en France n’auraient qu’une seule circonscription, si on gardait les départements comme base). Chez nous, cette circonscription intégrerai donc souvent plusieurs agglomérations, ce qui, combiné avec l’interdiction du cumul des mandats, limiterait les dérives de « la France des sous-préfectures », c’est-à-dire une pratique de la politique nationale à l’aune des intérêts locaux, et la confiscation locale des pouvoirs par des potentats manipulateurs et indéboulonnables (il y a même déjà quelques femmes dans ce type de personnage…).

  • Le peuple peut finalement avoir une double satisfaction : il y a la RP, et il a des élus tous plus ou moins proches des citoyens.

  • En Allemagne, ce mode de RP a déjà permis de gérer les hauts et les bas du Parti Libéral, de donner un rôle autonome aux Verts, puis aux néocommunistes de l’ex-RDA, et à leur alliance aujourd’hui avec la scission de gauche du SPD (Die Linke). Autrement dit, ça n’empêche pas la vie politique d’évoluer, à l’inverse de ce qui se passe chez nous. Quant au risque de faire entrer Le Pen et le FN à l’assemblée nationale, il ne provient pas du mode de scrutin, mais des politiques défaillantes menées par les autres partis : si celles-ci sont correctes, chacune à sa manière, Le Pen et le FN s’effondreront tôt ou tard. En Allemagne, les néo-nazis n’ont jamais réussi à rentrer au Bundestag, et dans les parlements régionaux leur présence n’est qu’épisodique et limitée.

 

 

 

 

 

Quelques remarques sur le programme populaire et partagé, L'humain d'abord, programme du Front de Gauche.

 

Dans un texte aussi dense, qui représente un gros travail et ou il ne doit pas manquer grand-chose, il y a forcément quelques étourderies d'écriture, je signale pour corrections celles qui ne me semblent pas encore corrigées dans la brochure à 2€ . Autant que le programme soit sans défaut de compréhension, même si la diffusion est déjà commencée.

 

-page 3 à gauche (p. 21, 2è paragraphe), second paragraphe en haut, il manque quelques mots à la fin : "nous renforcerons les critères de procédure de réquisition et nous supprimerons l'abattement annuel de 10% sur les plus-values à la revente au bout de la 5è année, ainsi que l'exonération fiscale sur ces plus-values pour les étrangers.

(Si ça n'est pas ça, je ne comprends pas la phrase)

 

-page 10 toujours, partie de droite, 4è paragraphe, seconde ligne (p. 70, 2èmemoitié) : "…pour empêcher le dumping fiscal entre pays membres de l'UE…". il s'agit bien ici du dumping fiscal. Le dumping social, on peut en parler trois paragraphes plus bas, puisqu'on veut l'empêcher par "l'établissement d'un salaire minimum légal et des procédures de convergence vers le haut", ce qui est essentiel (j'en parlerai plus tard à propos du Smic à 1600 euros brut immédiatement, ce qui serai totalement destructeur pour les prolos en France, entre autres raisons du fait de l'absence, justement, de salaire minimum légal et de processus de convergence vers le haut partout en Europe.)

 

- page 12, en haut à gauche (p.86; 1erpoint) : si j'ai bonne mémoire, CREPS ça veut dire "Centre Régional d'Education Physique et Sportive".

 

Je passe maintenant à des observations sur le fond du texte.

 

Le programme est bon, mais il y a au début des revendications syndicalement et humainement largement compréhensibles, mais cependant infondées, nos adversaires de Droite ou partenaires éventuels de Gauche se feront un malin plaisir de nous attaquer si nous ne corrigeons pas le tir rapidement.

 

La première proposition infondée est celle d'un SMIC à 1700 euros brut dès 2012, c'est 22% de hausse d'un coup par rapport au niveau actuel (1393 euros brut). Les effets d'une telle mesure (dès le 1er juillet 2012 ?) seraient dévastateurs, à commencer pour les ouvriers et employés smicards. Il y aurait au moins quatre conséquences négatives :

- Les prix augmenteraient automatiquement dans beaucoup d'activités (PME du bâtiment, petit commerce, salons de coiffures…), donc une inflation plus forte annulerait assez vite une partie des hausses de salaires. L'important n'est pas la hausse nominale des salaires, mais la hausse du pouvoir d'achat réel !

-Bon nombre de patrons chercheraient à compenser la hausse des salaires par une augmentation des cadences de travail. Ca va pourtant déjà bien trop vite dans beaucoup d'entreprises, avec les effets connus sur la santé des travailleurs (et sur la qualité des produits).

-Rapidement, toutes les entreprises qui le pourraient renforceraient la mécanisation et l'automatisation pour réduire la main d'œuvre, et il n'y aurait pas forcément beaucoup d'embauches en compensation dans les entreprises de mécanique en France : la majorité des machines et processus automatisés sont importés (d'Allemagne, en premier lieu). Le programme a raison (chapitre 4) d'insister sur la nécessité de filières industrielles stratégiques, mais ça ne peut donner des résultats tangibles qu'à moyen terme (deux à trois ans), tant l'effort de réorganisation, de recherche (…et de financement !) sera important.

-Les entreprises qui ne pourraient ni augmenter les prix, ni augmenter les cadences vu qu'on est souvent à la limite (ou hors limite !), ni automatiser, ces entreprises là chercheront à délocaliser, soit en Europe de l'est, soit hors de l'UE, avec des licenciements massifs à la clé.

 

Je n'ai pas la mémoire courte : après 1968 et une très forte augmentation du SMIG (transformé en SMIC par la même occasion), en dix à quinze ans, c'est bien cela qui s'est passé, dans un contexte d'accélération de la mondialisation capitaliste. Il y a eu accélération de l'inflation et les salariés se sont rendu compte qu'on les payait en "monnaie de singe". Il y a eu augmentation des cadences, puis mécanisation et début d'automatisation (dans l'automobile en particulier), ou délocalisations massives (sidérurgie, textile…). Au bout du compte, un million et demi de chômeurs ouvriers en plus.

Demain, la mondialisation étant devenue la règle dans la majorité des activités, y compris dans beaucoup de services (informatique et Internet étant passés par là), ce sont des centaines de milliers d'emplois d'ouvriers et d'employés (agro-alimentaire, services bancaires ou d'assurances…) qui seraient menacés par une hausse irréfléchie du salaire minimum (et, par suite, d'une large majorité des salaires, sauf à payer la moitié des salariés au SMIC).

 

J'ajoute :

Si le SMIC brut passait à 1700€ au 1erjuillet 2012, comment les communes et autres collectivités locales paieraient-elles leur personnel ? En augmentant les impôts locaux ?

On peut répondre : grâce à une augmentation des dotations de l'Etat, rognées par Sarkozy. Admettons. On voit cependant que ça chargerai encore plus la barque de l'Etat, qui devrait lui-même augmenter les salaires d'une partie de ses fonctionnaires (même problème pour la Fonction Publique Hospitalière : on augmenterai massivement la CSG pour payer les aides-soignantes ?).

Intuitivement, on voit bien que la priorité pour l'Etat et les Fonctions Publiques, ça doit être les créations d'emplois, la titularisation des précaires, et le soutien aux investissements stratégiques. Ce sont déjà d'énormes chantiers !

 

 

 

L'augmentation du SMIC n'est vraiment possible, à moyen terme, qu'à trois conditions au moins :

- Remise en place d'un véritable Tarif Extérieur Commun aux frontières de l'UE, à négocier avec les principaux pays concernés (Chine, Inde, Corée, etc). l'UE, première zone importatrice et exportatrice du monde, a le poids nécessaire pour négocier avec les autres grandes zones , c'est d'ailleurs abordé dans les chapitres 3 et 4 du programme. C'est plus difficile pour un pays seul (plus difficile pour un pays comme la France, impossible pour beaucoup de petits pays).

- Etablissement de critères de convergences sociaux au sein de l'UE : salaire minimum dans tous les Etats membres, protection sociale harmonisée, convergence progressive vers le haut, même si ça demandera au moins dix à quinze

ans. Mais le seul fait que ce soit mis en route réduirait beaucoup les délocalisations.

-Retour vers le plein emploi. Intuitivement, la grande majorité des smicards aujourd'hui sent bien qu'avec trois millions de chômeurs officiels et au moins autant de travailleurs précaires, ça n'a pas grand sens de proposer une hausse massive du SMIC. C'est la hausse de l'emploi qui peut tirer les salaires vers le haut, et pas le contraire, dans une économie ouverte.

L'important, c'est de créer le plus vite possible des emplois pérennes et non délocalisables : services publics, bâtiment, transports collectifs partout, recherche, nouvelles filières industrielles…Tout cela a un coût, qu'il faudra chiffrer , mais tout cela est indispensable, c'est expliqué à plusieurs endroits du programme.

L'important, c'est la hausse du pouvoir d'achat réel, pas une hausse nominale illusoire. Avec un effort de construction de logements sociaux bien conçus (orientation, isolation, etc), avec un effort de rénovation des logements au centre des villes et des bourgs, on peut faire baisser les loyers et les charges de chauffage, donc augmenter le pouvoir d'achat à SMIC inchangé. Avec des transports de proximité partout, si on permet aux ménages de se passer d'une seconde voiture, ou de laisser la première au garage le plus souvent possible, voire de s'en passer, on leur permet d'économiser plusieurs centaines d'euros par mois, donc d'améliorer leur pouvoir d'achat à salaire inchangé. Et pas besoin pour cela que les transports publics soient gratuits, ce qui serait budgétairement intenable pour les collectivités locales, et, en plus, assez souvent injuste socialement.

Avec le bâtiment et les transports collectifs, on peut gagner sur tous les tableaux : emploi, pouvoir d'achat, réduction des productions inutiles d'énergie et de la dépendance énergétique, baisse des émissions de CO2 et des déchets nucléaires.

 

La seconde proposition du programme qui me semble infondée est celle d'une retraite minimale au niveau du SMIC. C'est contradictoire avec la notion, qui elle est tout à fait justifiée, d'un droit à la retraite dès 60 ans à 75% du salaire de référence (à condition bien sûr de préciser que c'est pour toutes les personnes ayant le nombre requis d'annuités pleines, on en reparlera plus loin). Pas de retraite inférieure au Smic réévalué de 20%, soit environ 1300€ net, c'est peut-être humainement satisfaisant comme proposition, mais ça n'est pas finançable.

Ce n'est pas non plus cohérent avec le programme lui-même (75% du salaire de référence), puisque pour des salariés ayant cotisé au SMIC à plein temps toute leur vie, ça leur ferai une retraite égale à environ 130% du salaire de référence…

L'essentiel, sur la question des retraites, c'est de réaffirmer que nous sommes pour un système public obligatoire par répartition et contre les systèmes par capitalisation, car cette vérité simple n'est même plus une évidence pour beaucoup de gens aujourd'hui. Or, il est pourtant facile de montrer que la capitalisation, c'est de l'individualisme et une gestion (privée le plus souvent) qui ne donne aucune garantie (ça se voit dans les pays qui ont privilégié ce choix, à commencer par les USA et le R-U).

L'essentiel serait de proposer un système par répartition progressivement unifié (sur une vingtaine d'années par exemple) en fusionnant tous les régimes (général, complémentaires, spéciaux, fonctionnaires…) et très lisible, avec une valeur simple et intangible du trimestre et de l'annuité pleine (plein temps pour une année complète), par exemple 2% du salaire de référence, comme c'était plus ou moins le cas avant les "réformes" de ces vingt dernières années. Les notions de décote et de surcote sont à supprimer (le dire explicitement dans le programme), et un plafond de 40 annuités maximales pourrait être envisagé, ce qui voudrait dire que ceux ayant ces 40 annuités pourraient partir avant 60 ans, et que le plafond de retraite serait alors de 80% du salaire de référence (…pour les personnes ayant vraiment envie de travailler 40 ans de suite à plein temps sans jamais s'arrêter !).

A mon avis, ça devrait être ça la République, c'est-à-dire l'égalité et la fraternité, en matière de retraite : un système simple, intangible, égal pour tous, comme pour la santé et les allocations familiales. La seule variable d'ajustement serait le montant des cotisations, patronales et salariales.

C'est ce qu'en 1945 on a appelé la Sécurité Sociale.

 

Il faudrait aussi en revenir à une distinction bien nette entre les cotisations sociales, destinées à financer une Sécurité Sociale pérenne, et les impôts, destinés à financer le fonctionnement des services publics et les choix d'investissements publics, nationaux et locaux. Il me semble que le programme va déjà dans ce sens. Dans le cas des impôts, il est normal qu'il y ait débat public et vote tous les ans, car les priorités évoluent au fil du temps, alors que s'agissant des cotisations sociales, si le système est correctement construit, il suffit de gérer chaque année l'équilibre entre prestations automatiquement versées et masse des cotisations à collecter.

Cela suppose, aussi bien pour les cotisations sociales que pour les impôts, de déterminer les bonnes assiettes, les bonnes bases de prélèvement.

De ce point de vue, une faiblesse du programme est (je n'ai pas compté le nombre de fois !) de "résoudre" les questions de financement par une taxation des revenus financiers. C'est la version du moment du "faire payer les riches" ou du "taxer le grand capital" largement utilisé par le passé à gauche ou à l'extrême –gauche.

Cette proposition est peu satisfaisante pour plusieurs raisons :

-Si on taxe ces revenus à tous les carrefours, soit il s'agit de taxes symboliques et ça ne suffira pas, soit on taxe vraiment et ils disparaîtront en s'exilant à l'étranger avant que d'avoir été entièrement pompés par le fisc, tout pendant qu'il n'y aura pas des règles fiscales et des règles de contrôle des changes communes dans l'UE (ce que le programme propose avec raison), ce qui ne sera pas obtenu du jour au lendemain;

-Taxer ces revenus, c'est faire l'hypothèse qu'ils sont relativement stables d'une année sur l'autre, ce qui n'est pas le cas (une assiette fiscale à géométrie variable ne peut pas être une bonne assiette);

-Taxer ces revenus, c'est presque admettre qu'ils seront durablement assez élevés…ce qui n'est pas l'objectif global du programme !

-Taxer ces revenus sans distinction (et quelle bureaucratie allons-nous inventer pour tout contrôler ?) c'est ignorer que, pour les entreprises, grandes ou petites, les revenus financiers sont normaux s'ils découlent de l'accumulation sur plusieurs années d'une épargne destinée à financer des investissements ultérieurs. En simplifiant, c'est un peu comme pour un ménage qui met de l'argent de côté pour changer plus tard de voiture ou acheter un logement : ça donne des revenus financiers, à savoir des intérêts sur un livret A ou un PEL, au minimum.

 

Par suite de tout ce qui précède, c'est le dossier fiscalité qui doit être travaillé, d'ici à fin novembre ou mi-décembre au plus tard, car il sera décisif dans la bataille d'idées à partir de janvier.

 

Il faut proposer une fiscalité économiquement crédible, socialement juste et politiquement lisible par le peuple, c'est-à-dire la plus simple possible.

Il faut donc estimer le coût de toutes les mesures proposées par le programme, année après année, en déduire la masse de recettes supplémentaires nécessaire, et répartir cette masse sur un nombre limité d'impôts directs, puisque nous sommes opposés à l'alourdissement de la fiscalité indirecte (celle-ci peut être réaménagée en fonction de critères nouveaux, mais pas globalement alourdie, en particulier pour les ménages à ressources modestes).

Il nous faut donc proposer un barème pour l'impôt sur les bénéfices (les revenus financiers y contribuent, pas besoin de les taxer spécifiquement), un barème très progressif sur tous les revenus des ménages (plus-values diverses incluses), et un barème encore plus progressif pour les mutations (héritages et donations).

Si, compte tenu du formidable accroissement des écarts de revenus ces trente dernières années, on monte très haut dans la progressivité, on peut supprimer l'ISF, impôt assez incohérent et qui ne rapporte pas grand-chose, sauf les éternelles polémiques pour savoir qui est "riche" ou pas, et ce qui doit être taxé ou pas (œuvres d'arts, etc).

La société n'est pas divisée entre les "riches" et les "pauvres", même si les écarts s'accroissent : il suffit de regarder les graphiques du type "poire des salaires" et "poire des revenus" pour le saisir. Il y a toute la gamme, il faut donc un barème progressif, et de ce fait éviter les "effets de seuil" qui posent toujours problème.

 

En conclusion de tout ce qui vient d'être dit, on arrive à la nécessité d'une épreuve de force avec l'UE en cas de victoire en 2012.

Il est bien certain que la BCE ne va pas nous ouvrir toutes grandes les vannes du crédit pour appliquer notre programme dès le 1er juillet de l'an prochain ! Au-delà du fait que la création monétaire –il en faudrait plus qu'aujourd'hui, bien sûr- n'est pas une panacée universelle, n'ayons aucune illusion sur la création monétaire par la BCE dans l'UE telle qu'elle est aujourd'hui et sera (au minimum) dans les deux années à venir : elle ne créé de la monnaie en abondance (en 2008, en août dernier, ces dernières semaines) que pour "rassurer les marchés", "sauver les banques", et restaurer leurs comptes en vue des bilans de fin d'année. Ce sera la même chose en 2012 et 2013.

De même, il est certain que nos positions sur les services publics, sur l'harmonisation sociale entre les Etats membres, sur la nécessité d'une fiscalité plus que minimale sur les bénéfices…tout cela ne passera pas "comme une lettre à la poste", il faudra se battre.

Six mois après ces lignes, ça devient encore plus évident : il faudra dénoncer et désobéir à un nouveau traité imposé à la hussarde aux peuples d'Europe.

A nous de rechercher dès maintenant de quelles armes concrètes dispose la France, d'imaginer toutes les formes que pourra prendre ce combat, qui durera des mois et, probablement, des années.

 

C'est en réfléchissant sur cette épreuve de force à venir avec l'UE que nous pouvons préciser petit à petit notre démarche et nos relations éventuelles avec le PS et EE-Les Verts. Tout cela n'a pas forcément vocation à figurer dans le programme (c'est par rapport à un programme déjà bien élaboré qu'on envisage les alliances et les combats à venir), mais cela devrait figurer dans une déclaration qui envisage toutes les possibilités, au plus tard au début de la campagne proprement dite, soit au plus tard courant janvier.

 

Enfin, si l'on estime que le programme et cette déclaration sur les relations avec d'éventuels partenaires d'abord, puis avec l'UE ensuite, doivent être réellement appropriés et partagés par toutes celles et tous ceux qui feront la campagne, alors il faut accepter une forme d'adhésion au Front de Gauche pour les personnes, potentiellement les plus nombreuses, qui n'adhèrent pas à un parti. Soit carte d'adhésion au Front pour toutes les personnes, membres d'un parti ou pas, soit carte d'adhérent direct, avec représentation de ces adhérents, et, bien sûr, doit de vote pour l'approbation du programme définitif et de la déclaration sur les alliances et la démarche vis-à-vis de l'UE proposée ci-dessus. Et, pour la cotisation, il faudrait qu'elle soit plus que symbolique (il ne s'agit pas de verser 10 euros pour participer à des primaires !), et progressive en fonction du revenu. [ce dernier paragraphe est peut-être périmé, mais je le laisse quand même!]

 

Hervé Penven, Plourin lès Morlaix, 27 juin 2011, 05 décembre 2011.

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 13:29

  manif du 10 12 devant la mairie

Darry Cowl and the gang 3manif 10 décembre 3manif du 10 12 on part de la mairiela fanfare devant la mairie 

 

 

 

 

 

   

 

 

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  le PCF bien représenté à la manif du 10.12

le couple Merkel Sarkozy de sortiefanfare-Darry-Cowl-and-the-Gang.jpg

photos-manif-Gilles-Troel.jpg   

Merci aux 6 musiciens de la fanfare « Darry Cowl and the Gang » qui ont dynamisé et égaillé notre manifestation. Merci à Constance qui les a convaincu de venir et a réalisé avec Babeth et Hubert de belles pancartes rafraîchissantes et de très beaux masques du couple infernal « Merkel-Sarkozy ». Un remerciement aussi aux 50 résistants, citoyens engagés, sympathisants ou militants du Front de Gauche, du PCF, de la CGT, d'ATTAC, du mouvement anarchiste, sympathisants du groupe Idées qui ont fait le déplacement à la sous-préfecture pour lutter contre la dictature de la finance en Europe.

 

50 personnes à Morlaix pour dire oui à une Europe de progrès social au service des peuples, comme le disait Hubert tout à l'heure, c'est bien peu pour faire peur au capitalisme mondial, mais on espère que notre bonne humeur sera communicative et permettra de fédérer les gens qui refusent qu'on leur confisque tout - leurs droits démocratiques après leurs acquis sociaux...

 

 

Prochain rendez-vous pour organiser la riposte: lundi 12 janvier à 18h00: le collectif citoyen du Front de Gauche de la Circonscription de Morlaix (2, Petite rue de Callac). Rejoignez-nous nombreux!  

 

Discours lu par Ismaël Dupont, candidat du Front de Gauche aux législatives, lors de la manifestation du 10 décembre 2011 devant la sous-préfecture à l'occasion des 20 ans du Traité de Maastricht.

 

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En 2008, les États Européens se sont affranchi des règles de réduction de la dépense publique et de désendettement qu'imposait Maastricht pour recapitaliser les banques. Ils prévoient aussi depuis quelques mois de garantir un fonds de stabilité à la hauteur de 1000 milliards pour pallier le défaut d'États hyper endettés et empêcher des faillites bancaires qui mettraient en grosse difficulté le système financier.

 

C'est donc au citoyen européen que l'on fait les poches pour garantir la préservation des profits de la finance. Puis on revient le voir en disant que les caisses de l'Etat sont vides et qu'il faut donc qu'il accepte une réduction de ses droits sociaux (retraites, arrêts de travail remboursés par l'assurance maladie), de sa protection sociale, de ses services publics...

Aujourd'hui, les critères de convergence du Traité de Maastricht (déficit budgétaire inférieur à 3% -endettement public inférieur à 60% du PIB) redeviennent des dogmes dont la violation doit être rendue impossible parce que les budgets nationaux seront directement contrôlés au niveau de la commission européenne ou de l'état major des gouvernements les plus riches d'Europe pour être bien sûrs qu'ils rançonnent suffisamment la population.

 

Toute violation entraînerait de toute manière des sanctions financières automatiques, car il est bien connu qu'il n'y a rien de tel pour désendetter qu'imposer aux États des amendes supplémentaires....

 

Ces accords sont négociés au niveau de quelques États, qui les soumettent ensuite à des Conseils des ministres, sans que les populations ne soient à aucun moment consultés sur ces dessaisissements sans précédent de souveraineté qui constitutionnalisent des politiques de rigueur, des politiques libérales. Même la Suède et la Tchéquie n'ont temporisé avant d'adopter l'accord d'hyper-discipline budgétaire que pour consulter leur Parlements.

 

Le Traité de Maastricht, lui, après avoir fait l'objet d'un accord en Conseil des chefs d'Etat européens à Maastricht en décembre 1991, puis avoir été signé le 7 février 1992, avait fait l'objet d'un référendum en France à la fin de l'année 1992 à l'issue duquel à la faveur d'une intense campagne de propagande médiatique (le mode binaire « le Traité ou le retour du nationalisme et de la guerre en Europe ») le « oui » l'avait emporté de justesse avec 51% des suffrages.

 

Pourquoi le PCF et d'autres forces et citoyens de gauche s'opposaient alors à ce traité?

 

Parce qu'il alignait les politiques monétaires et économiques de tous les pays européens sur le modèle libéral allemand (taux d'inflation réduit à -1,5%; déficit budgétaire -3%; endettement public -60%). Parce qu'il préservait les intérêts de la rente et du capital plutôt que de rendre possible des politiques de relance de la dépense publique au service de l'emploi et des besoins sociaux.

Parce qu'il garantissait l'indépendance de la Banque Centrale Européenne, c'est à dire sa soumission aux intérêts du capital.

Parce qu'il abolissait entre les États membres des obstacles à une libre circulation des marchandises, des personnes, des services, des capitaux, et prévoyait la suppression de toutes les entraves à une concurrence non faussée, sans prévoir, parallèlement et en contrepartie, une harmonisation par le haut des salaires, des protections sociales, des fiscalités. D'où depuis un dumping social et social permanent et une dégradation généralisée des standards sociaux.

 

En réalité, les dispositions de ce Traité et le projet de Monnaie Unique étaient inspirés par le grand patronat européen, réuni en lobby avec l'Européan Round Table of Industrialists (ERT), lancée en 1982 avec le soutien de commissaires européens (Etienne Davignon et François-Xavier Ortoli). Cette plateforme d'influence patronale regroupait les patrons de Volvo, Fiat, Nestlé, Philips, Siemens, Shell, Saint Gobain, Lafargue, Danone, Lagardère.

Jacques Delors, président de la Commission de 1985 à 1995, a été un bon artisan de cette construction néo-libérale d'une Europe au service des multinationales et de la finance. En 1986, il disait déjà: « J'ai toujours pensé, en France, qu'il n'y avait pas assez de marché et que l'Etat était, pour des raisons historiques, omniprésent et souvent étouffant ou dominant. La plupart des français n'ont pas encore acquis cette mentalité d'ouverture au monde sans laquelle nous ne pouvons pas édifier une économie compétitive ».

 

En 1992, Robert Pelletier, un économiste du CNPF (devenu ensuite le MEDEF) déclarait avec beaucoup de sincérité les raisons de l'enthousiasme des milieux patronaux vis à vis du Traité de Maastricht: "Le souvenir des accords de Grenelle après 1968, celui de la politique désastreuse menée de 1981 à 1983 sont présents dans l'esprit des chefs d'entreprise. Pour eux, Maastricht ferme définitivement la porte à de tels débordements. Il interdit un laxisme de gauche et permet de faire supporter à la Banque centrale européenne et au Conseil européen la responsabilité d'une politique de rigueur".

Le chantre de l'ultra-libéralisme reaganien en France, Alain Madelin, déclarait quant à lui avec lucidité et semblable satisfaction: "le traité de Maastrcht agit comme une assurance-vie contre le retour à l'expérience socialiste pure et dure".  

Dans ce traité de Maastricht qui accompagnait la mise en place de la monnaie unique et d'un grand marché européen ouvert, aucun critère de convergence sur l'emploi, l'harmonisation par le haut des salaires et des fiscalités, n'était prévu. Seuls critères de convergence adoptés, ceux qui concernent la maîtrise du déficit et de la dette publics, la stabilité du taux de change, la lutte contre l'inflation.

 

Le traité de Maastricht limita ainsi la souveraineté des Etats de l'Union européenne (alors la CEE) en matière économique et sociale en leur défendant, sous peine de pénalités financières, toute politique keynésienne de relance par l'investissement public et le soutien à l'augmentation des salaires et de la protection sociale. Il sanctuarisait pour toute la zone européenne la rigueur budgétaire et le refus de l'inflation si défavorable aux rentiers et au capital, alors que la lutte contre le chômage aurait exigé de l'investissement public et un consentement à une certaine dose d'inflation. Il proscrivait aussi toute dévaluation pour favoriser les exportations et lutter contre la désindustrialisation.



Alors que certains promettaient - pour faire avaler la pilule des renoncements à une portion de notre souveraineté nationale et démocratique- l'avènement de l'Europe sociale à l'horizon de l'union monétaire et économique de Maastricht, et plus immédiatement encore un avenir de prospérité et de sortie de crise ("la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité", disait Rocard; "ce sera plus d'emplois, plus de protection sociale et moins d'exclusion" disait Martine Aubry; "on rira beaucoup plus" déclarait sans honte le tonitruant Bernard Kouchner), le traité de Maastricht a sans doute été au contraire responsable du maintien d'un niveau de chômage, de précarité, et d'inégalités très important en Europe.

Ces dispositions ont encore été aggravées depuis par le Pacte de Stabilité et de Croissance de 1997 prévoyant de renforcer les contrôles de vertu libérale des gouvernements de la zone euro et de de distribuer des sanctions financières en cas de dérapages budgétaires.   

 

Nous constatons que l'Europe a été lancée sur de biens mauvais rails qui expliquent les convulsions dans lesquelles elle se débat aujourd'hui. 

 

En sacralisant les principes du libéralisme avec une BCE et une Commission gardiennes des intérêts du capital, la défense faite aux Etats de se financer auprès des banques centrales, de protéger leurs emplois contre les délocalisations et les licenciements boursiers, de promouvoir des services publics et une protection sociale de qualité, cette construction politique de l'Europe qui a permis pendant deux décennies aux gouvernements de légitimer des politiques de droite au nom de la discipline européenne et du grand dessein de l'union continentale, a joué un grand rôle dans l'aggravation de la domination de la finance sur les sociétés et de l'endettement public.

Aujourd'hui, alors que ces recettes utilisées depuis plus de 25 ans en Europe ont montré toute leur nocivité, on veut nous faire croire que la seule manière de sauver les Etats, l'euro et l'Europe, est d'élever de plusieurs crans le niveau des sacrifices sociaux demandés aux peuples alors que jamais autant de richesse n'a été produite au sein de l'Europe et ni la productivité du travail été aussi forte.

 

Pire encore, l'harmonisation des politiques économiques européennes selon des orientations néo-libérales se fait désormais en bafouant les droits démocratiques les plus élementaires.

 

 

Au Front de Gauche, nous ne sommes pas partisans de la fin de la monnaie unique qui livrerait davantage encore les Etats à l'exaspération des concurrences entre capitalismes nationaux et à la spéculation contre des monnaies fragilisées. Nous ne sommes pas favorables non plus évidemment à une sortie de l'Europe et au retour des individualismes nationaux au nom d'on ne sait quel chauvinisme. L'Europe et l'euro sont désormais notre bien commun qu'il faut défendre contre ceux qui les fragilisent en appliquant de manière dogmatique et plus stricte encore ces mêmes recettes qui nous ont plongé dans la crise du capitalisme financier en 2007-2008.

 

Nous sommes pour plus de coopération et de solidarité entre peuples européens dans le respect de leurs traditions sociales et démocratiques et de la souveraineté populaire en général. Aussi, nous considérons comme inadmissibles cet autoritarisme libéral porté actuellement par la France et l'Allemagne, cette généralisation d'une austérité qui va contracter l'activité économique et dégrader les conditions d'existence des  européens, cette mise en place sans élections de gouvernements dirigés par des technocrates venus de la finance, ce refus d'envisager une consultation des peuples par référendum.  

 

Depuis 2005 et le piétinement des votes français, hollandais, irlandais contre le projet de Traité constitutionnel européen, suivi du refus généralisé de faire ratifier le Traité de Lisbonne par référendum, il est devenu évident que le renforcement de l'intégration européenne selon le modèle libéral se construit contre les démocraties, contre les souverainetés populaires.     

 

Une autre Europe est possible, celle des peuples et non celle des milieux d'affaires.     

 

 

 

En annexe, article du Ouest-France annonçant la manif ce 10 décembre:

  Annonce-manif-du-10.12-contre-Europe-liberale.jpg

  Ce dimanche 11 décembre , article sur le blog du Télégramme: le journaliste nous a retiré d'autorité 20 manifestants. Etaient-ils déjà trop nombreux pour les intérêts que sert la ligne éditoriale de son journal...?

Front de gauche. Une trentaine de manifestants

11 décembre 2011

 

 

Le collectif citoyen du Front de gauche du Pays de Morlaix appelait hier matin à manifester «pour une Europe de coopération et de progrès social respectueuse des démocraties», à l'occasion de la commémoration des 20 ans du traité de Maastricht. Une trentaine de personnes se sont rendues devant la sous-préfecture pour exprimer leur désaccord avec «le traité de Maastricht, qui coïncide avec un redoublement de l'agressivité des gouvernements et des marchés contre les droits sociaux des peuples européens».

  

     

 

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 12:33

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FRONT de GAUCHE Anniversaire MAASTRICHT ( 10 décembre 2011)

Déclaration d'André BERNARD, candidat du Front de Gauche

 

 

Chers Amis,

 

Merci, Merci de votre présence, Merci aux Alternatifs, Merci à mes Amis du collectif La Gauche...Naturellement, Merci aux amis du NPA ( ?) Merci aux amis des Indignés qui ont toute leur place dans notre combat; s'ils souhaitent la prendre. Merci, encore, aux militants Syndicalistes, Associatifs, Alter-mondialistes, Merci aussi à ceux qui sont ici à titre personnel; leur présence n'en a que plus de valeur.

Merci à tous et, avant d'aller plus loin- pour le plaisir de taquiner- permettez-moi de lever l'inquiétude de ceux qui avaient des doutes sur ma capacité à rassembler!

 

 

Je vous remercie d'avoir répondu à l'appel du Front de Gauche, de ses composantes dans la 1ère circonscription ( le PCF, le PG, la GU, la FASE) de ses partenaires et amis, à participer à ce rassemblement symbolique, en ce 20ème anniversaire du traité de Maastricht ...que nous avions combattu en son temps et combien nous avions raison!

 

Depuis et dans la logique implacable du libéralisme, ce traité a été complété par celui de Lisbonne qui a conduit l'Union Européenne dans un carcan d'abord, dans une impasse ensuite.

 

Aujourd'hui, nous voyons à l'oeuvre cette entreprise de DESTRUCTION :

  •  
    •  
      •  
        • Destruction de l'emploi, avec l'explosion du chômage et de la précarité.

        • Destruction des droits sociaux, hérités du programme du CONSEIL NATIONAL de la RESISTANCE.

        • Destruction des services publics.

        • Recul de la Démocratie.

Pour un objectif clairement identifié :

 

Il s'agit d'amplifier la guerre économique pour niveler par le bas!

 

REGRESSION SOCIALE!

INJUSTICES et INEGALITES!

APPAUVRISSEMENT GENERAL!

 

coincident avec l'installation- au mépris de la Démocratie- aux manettes de plusieurs pays européens d'hommes-liges,non-élus, issus du même sérail et au service du capital financier international.

 

Les forces de l'argent, portées par les banques privées, les fonds d'investissement et les grandes compagnies d'assurance bénéficient de la complaisance- voire de la complicité- des gouvernements libéraux et socio-libéraux.

 

L'AUSTERITE de GAUCHE n'est pas moins DOULOUREUSE que l'AUSTERITE de DROITE !

 

...elle peut même l'être davantage puisqu'elle s'accompagne d'un sentiment de trahison ! Et il est particulièrement intolérable d'entendre François HOLLANDE nous dire qu'il faut «  expliquer l'austérité ».

NON! Il ne faut pas l'expliquer, il faut la refuser et la combattre !

 

SARKOZY, dans le enième discours de la enième «  semaine cruciale » se propose de modifier les traités.

Nous luis disons ; CHICHE!

NON pas pour serrer un peu plus la vis; mais bien pour les balayer en les soumettant au peuple et en respectant son avis.

 

LA CRISE N'EST PAS INELUCTABLE !

L'AUSTERITE N'EST PAS FATALE !

 

Abrogeons ces traités ultra-libéraux !

Mettons en oeuvre une véritable politique de rupture d'avec le libéralisme !

Imposons un partage équitable des richesses pour abolir l'insécurité sociale !

Reprenons le pouvoir aux banques et aux marchés !

Mettons en place une véritable planification écologique pour produire autrement !

A l'opposé d'une concurrence indigne et destructrice, inventons de nouvelles coopérations entre individus et nations !

Construisons une Europe du respect, affranchie des traités de Maastricht et de Lisbonne !

Construisons une Europe solidaire avec les Pays du Sud et avec tous ceux qui luttent pour s'émanciper des marchés !

Enfin, mettons en place une République pour de vrai !

 

Ce sont là les principaux objectifs du FRONT de GAUCHE, déclinés dans son programme ; «  L'HUMAIN D'ABORD! »

Mettons-le au coeur de nos débats et de nos échanges dans les Assemblées citoyennes que nous allons réunir dans toute la circonscription, dès le mois de janvier.

POUR VOUS RENDRE LA PAROLE !

POUR RENDRE AU DEBAT POLITIQUE TOUT SON SENS ET SA DIGNITE !

POUR FAIRE DE LA POLITIQUE DEBOUT!

Aidez-nous à les populariser.

Et, dès l'an prochain, aux présidentielles d'abord, aux législatives ensuite, donnons-nous les moyens de la mettre en oeuvre !

 

C'est là tout le sens de notre combat !

 

C'est là le sens profond de mon engagement !

 

Merci

 

André BERNARD

 

 

 

 

 

 

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 07:19

Ci-joint, un entretien très intéressant paru dans Marianne en début de mois.

 

JL-melenchon-place-au-peuple.jpg

 

 

Marianne, no. 763

France, samedi 3 décembre 2011, p. 44

 

On peut critiquer le candidat socialiste sans être un suppôt de la droite. Accusé par le PS d'être un «agent de la droite» et de créer la division dans l'opposition face à Nicolas Sarkozy, le candidat du Front de gauche revient pour «Marianne» sur ses divergences avec François Hollande.

 

Marianne : Depuis des années, vous ne cessez de vous affronter avec François Hollande. Vous l'avez traité autrefois de «parrain», de «roi de l'entourloupe», vous avez dit qu'il vous donnait «la nausée». On n'est donc pas très étonné de vous entendre dire, aujourd'hui, qu'il est un «capitaine de pédalo». Quels sont, sur le plan personnel, les cadavres dans les placards entre vous et lui ?

 

Jean-Luc Mélenchon : Il n'y a aucune dimension personnelle dans mes relations avec François Hollande. Comme il est quelqu'un d'extrêmement plastique, il n'y a jamais eu, d'homme à homme, la moindre trace de tensions entre nous. Moi-même, je ne pratique pas les vendettas personnelles. Il faut des circonstances très particulières, quasi intimes, pour que je me fâche vraiment. Ce n'est pas le cas ici. J'ai la religion républicaine. Il n'y a pas de place là-dedans pour des inimitiés de personnes.

 

Alors, pourquoi ces attaques ? Elles sont si violentes qu'on vous accuse de jouer contre la gauche.

 

J.-L.M. : Une divergence radicale nous oppose sur le fond. Elle remonte à 1984. Comme moi, il est alors un jeune homme. Il écrit un texte, «Pour être modernes, soyons démocrates», dans lequel il explique le cœur de son orientation politique. Cette ligne vient d'apparaître aux Etats-Unis

d'Amérique. C'est elle qui va progressivement infester tous les partis socialistes de la vieille Europe. Avec constance, François Hollande a opté pour cette orientation dont les traits caractéristiques sont toujours les mêmes : effacement du clivage gauche-droite, effacement de l'adhésion du mouvement socialiste à sa base salariale, négation de l'opposition capital-travail et alliance au centre jusqu'à devenir soi-même un parti centriste. Une grande controverse nous oppose donc, qui mérite mieux que d'être réduite à un affrontement de personnes. Je n'ai pas d'irrespect pour lui, même si, bien sûr, je ne goûte guère l'attitude intellectuelle du sophiste. Pour lui, tout se vaut et sa méthode de combat consiste à dénigrer soit celui qui prononce l'argument, soit la forme de l'argument. Pourtant, la situation exige une autre attitude intellectuelle.

Nous sommes en train d'affronter la plus terrible crise du capitalisme depuis le début du siècle

dernier. Or, en même temps, nous devons faire face au désarmement unilatéral du mouvement

socialiste mondial. Papandréou est l'héritier de la ligne Blair-Schröder. Tous ces gens ont capitulé

sans combattre. Le choc décisif s'est produit en Grèce : président de l'Internationale socialiste,

Georges Papandréou a cédé devant tous les diktats et le reste a été emporté. C'est un événement

fondateur, comme la capitulation des députés allemands du SPD au moment de voter les crédits deguerre : c'est ce qui a alors déclenché l'affrontement en 1914.

 

Même si vous vous en défendez, on ne peut s'empêcher de penser que l'un des moteurs de votre

aventure du Front de gauche, c'est le mépris dont vous pensez avoir fait l'objet, en particulier de la

part de François Hollande, lorsque vous étiez au Parti socialiste ?

 

J.-L.M. : Il y a eu une attitude arrogante, mais j'y suis habitué. Je l'ai connue de mille façons et sous toutes les formes possibles. Ça n'est pas la peine de ressasser, je suis blindé. Je sais que le ressort essentiel de leur démarche intellectuelle, c'est la négation de l'autre.

 

Vous n'êtes pas si blindé que vous voulez le faire croire !

 

J.-L.M. : Si, parce que mon courant d'idées a eu raison sur l'analyse du capitalisme. Nous avons eu raison en 2005 sur ce que donnerait la mise en place du traité constitutionnel repeint en traité de Lisbonne. Dans ces deux occasions, nous avons fait, François Hollande et moi, des choix diamétralement opposés. Ça n'est en aucun cas une affaire relationnelle, même si j'ai souffert de les voir tricher dans tous les votes internes, traiter les gens par-dessus la jambe, manquer de parole à tout le monde.

 

Si vous avez connu tant de blessures, pourquoi n'avez-vous pas quitté le PS plus tôt ?

 

J.-L.M. : C'est dur de se séparer de sa famille politique, de ses camarades de combat. J'ai toujours

gardé ce lien avec les socialistes. Je connais au moins cinq députés socialistes qui s'apprêtent à voter pour moi au premier tour de la présidentielle. Je n'aurais pas été élu dans le grand Sud-Ouest si des milliers d'électeurs socialistes n'avaient pas voté pour moi ! D'une certaine manière, j'appartiens à la famille intellectuelle du socialisme, et la relation reste affective.

 

Mais vous tournez le dos radicalement aux choix du PS et de François Hollande.

 

J.-L.M. : Oui, parce que le candidat du PS ne parle plus à présent qu'à une étroite couche de la

population : la classe moyenne supérieure qu'il essaie de convaincre qu'il y a une sortie heureuse et non douloureuse de la crise, c'est-à-dire sans affrontement avec le capital financier, ses pompes et ses œuvres. Dans ce sens, il renvoie à un monde qui n'existe plus. La vérité de notre temps, c'est que, face à l'affrontement que le système financier a entrepris contre les peuples et la démocratie, il faut des réponses qui soient à la hauteur. Je suis partisan de la relance de l'activité. Je ne crois pas aux politiques d'austérité. La contraction de la dépense nous conduit au chaos social et à la guerre. Le socialisme international s'est voué aux politiques d'austérité. Sans exception. C'est ce qu'ont fait Socrates au Portugal, Papandréou en Grèce, Zapatero en Espagne. Tous ont dû quitter le pouvoir. Pourtant, c'est ce que François Hollande propose aujourd'hui. Il a fait annoncer par Michel Sapin un plan de 50 milliards d'euros d'économies supplémentaires. Entendez tous les mots : supplémentaires. Ça veut dire que toutes celles déjà faites sont validées. Et qu'on en fera 50 milliards de plus. Si M. Fillon exige ces économies, que lui répondra- t-il ? Il a déjà dit oui et s'est mis ainsi dans une situation absolument inouïe. Comment voulez-vous que, comme homme de gauche, je fasse comme si je n'avais pas vu ça !

 

Si on vous suit, Hollande et Sarkozy c'est «bonnet blanc et blanc bonnet». Vous le dites, d'ailleurs,

lorsque vous déclarez au Journal du dimanche : «Nicolas Sarkozy est pour la rigueur et François

Hollande est pour «donner un sens à la rigueur». La rigueur ou la rigueur ? Quelle différence !» Vous les mettez dans le même sac, même si, du bout des lèvres, vous précisez que vous ne mettez pas un signe égal entre eux. On ne voit pas comment vous allez pouvoir appeler à voter Hollande au second tour de la présidentielle, si c'est lui qui doit affronter Nicolas Sarkozy... Vous ne choisirez pas entre la peste et le choléra !

 

J.-L.M. : Vous pourriez demander à François Hollande s'il se désistera pour moi si je suis au second tour ! Pourquoi ne le faites-vous pas ? Aujourd'hui, s'installe un chantage qui ne sert que les socialistes : le chantage au vote utile. Quiconque critique le candidat socialiste est un suppôt de la droite et de l'extrême droite. De l'autre côté, on fait comme s'il n'y avait qu'une seule politique

possible. François Hollande se déclare même élu d'avance, ce qui me paraît bien déraisonnable. Mais n'allez pas faire croire que je confonds pour autant le Parti socialiste avec la droite. Ce n'est pas ma position.

 

Ça mérite une clarification.

 

J.-L.M. : Sur des dizaines de sujets, dans la vie quotidienne, des milliers et des milliers de militants

socialistes combattent avec les militants du Front de gauche dans les syndicats, la cité et ailleurs.

Donc, à aucun moment, pour moi, il n'y a de confusion possible. Mais il y a l'exigence d'un débat

public. Je trouve incroyable que demander ce débat ou faire une critique soit considéré comme lèse majesté.

 

Vous avez du travail pour convaincre sur ce terrain, quand on voit que Robert Hue, l'ancien patron du PC, dénonce votre «dérive sectaire».

 

J.-L.M. : Le cas de Robert Hue est si pitoyable que je ne veux pas le commenter. Des milliers de

communistes sont malheureux en voyant Hue se transformer en bagage accompagné du PS. Sa voix ne compte pas.

 

Dans l'Humanité du 16 novembre, Pierre Laurent, le patron du PCF, en appelle «d'urgence à changer la manière de mener le débat à gauche». Il interpelle le PS, certes, mais il vous adresse aussi un message clair lorsqu'il déclare : «Au Front de gauche, nous n'avons qu'un adversaire : la droite», et il conclut qu'il faut éviter le «piège de la division». Vous êtes tombé dans ce piège ?

 

J.-L.M. : Mais pas du tout ! Cette situation de tension à l'intérieur de la gauche n'est pas que

française. Dans tous les pays du monde, ce débat a lieu dans des conditions qui ne sont guère

favorables au mouvement socialiste, raison pour laquelle il essaie de l'étouffer. Alors il est normal

qu'il y ait un certain acharnement à essayer de trouver une faille entre les communistes et leur

candidat. Mais cette faille n'existe pas. Toutes les phrases de Pierre Laurent que vous citez, je les reprends sans une nuance à mon compte. Car ce n'est pas de moi qu'il parle. Il parle de la violence avec laquelle j'ai été agressé et insulté par les socialistes. Quand les porte-parole socialistes me qualifient d'agent de la droite et de l'extrême droite, ils devraient savoir que ce n'est pas qu'à moi qu'ils s'adressent mais à des milliers et peut être des millions de gens qui se reconnaissent dans ma candidature. Donc, ils aggravent la division à gauche. Il n'y a pas le moindre doute sur le fait que nous ne nous trompons pas d'adversaire, mais j'observe que François Hollande me traite en adversaire avec une violence qui ne l'honore pas. Elle consiste à se donner des grands airs et à m'envoyer de véritables dobermans m'agresser.

Une chose est sûre : je ne suis pas d'accord pour participer à une tromperie qui consisterait à dire «l'étiquette vous garantit le contenu». Ça n'est pas vrai. Nous avons eu, à gauche, assez de déceptions dans le passé qui venaient de cette équivoque, pour ne pas recommencer. C'est mon devoir de dire la vérité. Après, le peuple souverain tranchera. Peut-être qu'il acceptera la logique de PMU qui est celle du vote utile. Peut-être qu'il choisira une méthode plus radicale. Mais je mets tout le monde en garde : on n'a jamais vécu une élection comme celle-ci. Et mon travail, face à cette échéance capitale, est de convaincre et d'entraîner. Qu'est-ce qu'on oppose à cette logique ?

De l'intelligence, de la raison ? Non : le silence dans les rangs et l'invective. Si vous partez de l'idée qu'ils vont être en tête de la gauche - ce qui n'est pas mon raisonnement -, demandez-leur

comment ils comptent faire pour rassembler la gauche après de telles bordées d'injures contre moi. On va me traîner derrière le char du vainqueur ? Et je devrais abjurer en place publique entouré de journalistes qui répéteront : «Regrettez-vous ?» On plaisante ! Ma vie politique n'est pas faite de ce genre de rapports.

 

Vous n'abjurez donc rien !

 

J.-L.M. : Je n'abjure rien du tout. Et je ne suis pas d'accord avec cette diabolisation à laquelle on

procède contre moi et contre tout le monde. Voilà le tour d'Eva Joly. Nous sommes priés de nous

taire et de faire la génuflexion. Il n'en est pas question. Notre époque est en train de basculer vers

une nouvelle tragédie. Mais il n'y a pas de fatalité. Comment s'en sortir ? On voit apparaître deux

cohérences. La première, la mienne, part de l'idée que le progrès est toujours à l'ordre du jour, que

le progrès social est la condition du progrès économique et non pas son résultat. L'autre cohérence, celle de François Hollande, consiste à dire que nous allons redresser les comptes publics par l'austérité. Moi, je pense redresser les comptes publics par la vie. Eux, par la mort. C'est une caricature, mais je soumets cette donnée à la réflexion de chacun : raisonnez, demandez-vous ce qui est bon pour le pays et la génération qui vient ? C'est ce défi de l'intelligence qu'il faut opposer au front de bœuf de la répétition, des mêmes refrains et des mêmes injures dont nous sommes accablés depuis 2005. Il y a des jours où elles me font mal, d'autres où elles glissent.

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 16:50

Suivant l'exemple de l'appel de la coordination Front de Gauche de Quimper, le collectif Front de Gauche de Morlaix invite tous ceux qui se résignent pas  au renforcement de l'ultra-libéralisme autoritaire en Europe à se rassembler devant la sous-préfecture de Morlaix le samedi 10 décembre à 11h  à l'occasion du (triste) anniversaire des 20 ans du Traité de Maastricht qui coïncide avec un redoublement de l'aggressivité des gouvernements et des marchés contre les droits sociaux des peuples européens. L'austérité ne va faire qu'aggraver la crise paroxystique - économique, sociale, politique- que traverse l'Europe parce qu'on a donné les clefs du domaine aux financiers.

 

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Ceux qui souhaitent manifester pour une Europe de progrès social et de coopération ce samedi 10 décembre peuvent, avant de rejoindre la sous-préfecture à 11h (avec panneaux, banderoles, drapeaux, instruments de musiques, casseroles, et que sais-je encore?), se retrouver devant la mairie vers 10h30 afin de défiler ensemble vers le port et la sous-pref.   

 

bandeau Front De Gauche

 

En 1992, Robert Pelletier, un économiste du CNPF (devenu ensuite le MEDEF) déclarait avec beaucoup de sincérité les raisons de l'enthousiasme des milieux patronaux vis à vis du Traité de Maastricht: "Le souvenir des accords de Grenelle après 1968, celui de la politique désastreuse menée de 1981 à 1983 sont présents dans l'esprit des chefs d'entreprise. Pour eux, Maastricht ferme définitivement la porte à de tels débordements. Il interdit un laxisme de gauche et permet de faire supporter à la Banque centrale européenne et au Conseil européen la responsabilité d'une politique de rigueur".

Le chantre de l'ultra-libéralisme reaganien en France, Alain Madelin, déclarait quant à lui avec lucidité et semblable satisfaction: "le traité de Maastrcht agit comme une assurance-vie contre le retour à l'expérience socialiste pure et dure".  

Dans ce traité de Maastricht qui accompagnait la mise en place de la monnaie unique et d'un grand marché européen ouvert, aucun critère de convergence sur l'emploi, l'harmonisation par le haut des salaires et des fiscalités, n'était prévu. Seuls critères de convergence adoptés, ceux qui concernent la maîtrise du déficit et de la dette publics, la stabilité du taux de change, la lutte contre l'inflation.

 

Le traité de Maastricht limita ainsi la souveraineté des Etats de l'Union européenne (alors la CEE) en matière économique et sociale en leur défendant, sous peine de pénalités financières, toute politique keynésienne de relance par l'investissement public et le soutien à l'augmentation des salaires et de la protection sociale. Il sanctuarisait pour toute la zone européenne la rigueur budgétaire et le refus de l'inflation si défavorable aux rentiers et au capital, alors que la lutte contre le chômage aurait exigé de l'investissement public et un consentement à une certaine dose d'inflation. Il proscrivait aussi toute dévaluation pour favoriser les exportations et lutter contre la désindustrialisation.

 

Se devant d'éviter un déficit public "excessif", les Etats s'engageaient à ce que ce dernier ne dépasse pas annuellement 3% du PIB et à ce que la dette publique n'excède pas 60% du revenu national (aujourd'hui, notre déficit se situe à près de 7% du PIB et notre dette à 80% du revenu national, du fait de la violence de la crise financière et des politiques de moins disant-fiscal au service des plus riches). Cette gestion des Etats "en bons pères de famille" se doublait d'une mise sous surveillance de ces Etats par la commission et les marchés financiers.  

 

Alors que certains promettaient - pour faire avaler la pilule des renoncements à une portion de notre souveraineté nationale et démocratique- l'avènement de l'Europe sociale à l'horizon de l'union monétaire et économique de Maastricht, et plus immédiatement encore un avenir de prospérité et de sortie de crise ("la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité", disait Rocard; "ce sera plus d'emplois, plus de protection sociale et moins d'exclusion" disait Martine Aubry; "on rira beaucoup plus" déclarait sans honte le tonitruant Bernard Kouchner), le traité de Maastricht a sans doute été au contraire responsable du maintien d'un niveau de chômage, de précarité, et d'inégalités très important en Europe.

 

Ses dispositions ont encore été aggravées par le Pacte de Stabilité et de Croissance de 1997 prévoyant de renforcer les contrôles de vertu libérale des gouvernements de la zone euro et de de distribuer des sanctions financières en cas de dérapages budgétaires.   

 

Nous constatons que l'Europe a été lancée sur de biens mauvais rails qui expliquent les convulsions dans lesquelles elle se débat aujourd'hui. 

 

En sacralisant les principes du libéralisme avec une BCE et une Commission gardiennes des intérêts du capital, la défense faite aux Etats de se financer auprès des banques centrales, de protéger leurs emplois contre les délocalisations et les licenciements boursiers, de promouvoir des services publics et une protection sociale de qualité, cette construction politique de l'Europe qui a permis pendant deux décennies aux gouvernements de légitimer des politiques de droite au nom de la discipline européenne et du grand dessein de l'union continentale, a joué un grand rôle dans l'aggravation de la domination de la finance sur les sociétés et de l'endettement public.

 

Aujourd'hui, alors que ces recettes utilisées depuis plus de 25 ans en Europe ont montré toute leur nocivité, on veut nous faire croire que la seule manière de sauver les Etats, l'euro et l'Europe, est d'élever de plusieurs crans le niveau des sacrifices sociaux demandés aux peuples alors que jamais autant de richesse n'a été produite au sein de l'Europe et ni la productivité du travail été aussi forte.  

 

Pire encore, l'harmonisation des politiques économiques européennes selon des orientations néo-libérales se fait désormais en bafouant les droits démocratiques les plus élementaires.

 

Nous ne sommes pas partisans de la fin de la monnaie unique qui livrerait davantage encore les Etats à l'exaspération des concurrences entre capitalismes nationaux et à la spéculation contre des monnaies fragilisées, ni pour une sortie de l'Europe et le retour aux individualismes nationaux au nom d'on ne sait quel chauvinisme. L'Europe et l'euro sont désormais notre bien commun qu'il faut défendre contre ceux qui les fragilisent en appliquant de manière dogmatique et plus stricte encore ces mêmes recettes qui nous ont plongé dans la crise du capitalisme financier en 2007-2008.

 

Nous sommes pour plus de coopération et de solidarité entre peuples européens dans le respect de leurs traditions sociales et démocratiques et de la souveraineté populaire en général. Aussi, nous considérons comme inadmissibles cet autoritarisme libéral porté actuellement par la France et l'Allemagne, cette généralisation d'une austérité qui va contracter l'activité économique et dégrader les conditions d'existence des  européens, cette mise en place sans élections de gouvernements dirigés par des technocrates venus de la finance, ce refus d'envisager une consultation des peuples par référendum.

 

Depuis 2005 et le piétinement des votes français, hollandais, irlandais contre le projet de Traité constitutionnel européen, suivi du refus généralisé de faire ratifier le Traité de Lisbonne par référendum, il est devenu évident que le renforcement de l'intégration européenne selon le modèle libéral se construit contre les démocraties, contre les souverainetés populaires.     

 

Une autre Europe est possible, celle des peuples et non celle des milieux d'affaires.     

 

     

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