« Festival international pour une culture et une civilisation de justice et de paix » du dimanche 9 juin 2013 à Crozon-Le Fret - face à la base de sous-marins nucléaires de l'Ile Longue, de 10h à 18h
La crise globale que connaît le monde creuse les inégalités au sein des Etats et entre les Etats, condamnant des millions d’hommes et de femmes à l’austérité, au chômage, aux licenciements, à la précarité et dans certaines régions à la misère, l’analphabétisme, la faim c’est-à-dire autant de violences économiques et sociales qui font le lit des intégrismes et des fascismes et nourrissent les violences et les guerres.
Dans le même temps les fortunes des plus riches augmentent de façon indécente, les dépenses mondiales d’armement ont doublé en 12 ans passant de 800 milliards de dollars par an à 1320 milliards de dollars (source SIPRI 2010), la privatisation des fabrications d’armes et le commerce de ces armes s’accélèrent enfin la prolifération des armes nucléaires persiste.
Face à cette situation, des réseaux de luttes et de solidarité se créent du plan local au niveau mondial qui montrent l’existence de convergences d’intérêts entre les peuples. Parmi les aspirations fondamentales que partagent les peuples il y a l’aspiration à une culture et une civilisation de justice et de paix.
Pour permettre à ces solidarités, ces aspirations de s’exprimer dans des convergences de luttes et de rencontres, les mouvements de paix en Bretagne ont décidé d’organiser le dimanche 9 juin 2013 à Crozon (Finistère) un festival international pour une culture et une civilisation de justice et de paix face à la base de sous-marins nucléaires de l’Île Longue.
Ce rassemblement sera organisé autour de 3 exigences principales:
- pour une civilisation de justice et de paix à travers la promotion « d’une culture de la paix » telle que définie par l’Unesco et les Nations Unies (cliquez ici)
- pour l’adoption en 2015 à l’ONU d’une convention internationale d’élimination des armes nucléaires (cliquez ici)
- pour la diminution des dépenses d’armement, contre le commerce des armes et pour l’augmentation des moyens consacrés au développement humain
Une réunion de préparation du festival avec les associations et organisations qui y participent est prévue le:
le vendredi 19 avril de 17h30/18h* à 19h30 à la salle municipale de Logonna-Quimerc'h en Pont-de-Buis. (plan joint)
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Quelques documents pour réfléchir à la nécessité de sortir du nucléaire militaire et de promouvoir une culture de la paix:
Dans le Chiffon rouge:
- Déclaration du Front de Gauche Finistère: http://le-chiffon-rouge-pcf-morlaix.over-blog.com/article-reduction-du-budget-de-la-defense-denuclearisation-il-est-urgent-de-promouvoir-une-culture-de-la-p-102954100.html
- "Agir pour l'homme d'abord et la paix" de Yves Jardin (Front de Gauche Finistère): http://le-chiffon-rouge-pcf-morlaix.over-blog.com/article-agir-pour-l-homme-d-abord-et-la-paix-100156239.html
- "Oui au désarmement français et mondial" de Ismaël Dupont: http://le-chiffon-rouge-pcf-morlaix.over-blog.com/article-oui-au-desarmement-nucleaire-fran-ais-et-mondial-96086168.html
Dans le Canard enchaîné du 3 avril 2013:
Les irradiés en rade de l'arsenal de Brest
Durant 24 ans, entre 1972 et 1996, une centaine de personnes ont travaillé sans protection au contact de charges radioactives. Ces civils transformés en chair à neutrons (et à particules) étaient employés à l'atelier de pyrotechnie - partie explosive des missiles nucléaires - de la Direction des constructions navales (DCN) à l'île Longue, près de Brest. 17 ans plus tard, au prix d'un travail de fourmi, l'Association Henri Pézérat, spécialisée dans la santé au travail, a réussi à boucler une enquête sur cet exemple sidérant d'irresponsabilité industrielle. Sur dix dossiers médicaux reconstitués par l'association, huit concernent un cancer déclaré dans les années 2000. Quatre se sont soldés par un décès. Les pathologies se sont déclarées autour de la cinquantaine, et cing des salariés qui ont survécu sont reconnus en maladie professionnelle, dont quatre au prix d'"une faute inexcusable" , admise par la DCN et le ministre de la Défense. Deux autres cas doivent être examinés par la justice dans les jours qui viennent.
Protection atomisée
En août 1996, à la suite d'un incident, la Direction des constructions navales décide subitement de procéder à des mesures de rayonnement (gamma et neutronique) sur les ouvriers au contact des têtes nucléaires qui doivent équiper le sous-marin le "Triomphant". Stupeur dans l'atelier: pendant plus de deux décennies, la DCN a prétendu que le danger d'irradiation était nul. Le Commisariat à l'énergie atomique (CEA) qui livre les charges nucléaires à l'île Longue n'a jamais rien signalé non plus. Auparavant, explique la DCN, les missiles assemblés sur le site étaient moins radioactifs. Impossible à vérifier, car les relevés radiologiques sont classés "secret-défense"!
Radioactivité sélective
Les nouvelles normes de sécurité mises en place ne rassurent guère le personnel: limitation du temps passé à proximité des ogives, instauration de "zones rouges", port obligatoire de dosimètre, etc. Certaines langues se délient. "Quand on sait ce qu'il y a dedans, c'est obligé que ça émette", confie un chef d'atelier, dont le témoignage est produit en justice.
Devant l'émotion et la mobilisation de la CGT, le ministère de la Défense ordonne une enquête, confiée à l'amiral Michel Geeraert. Ses résultats sont, eux aussi, classifiés! Et la DCN s'en sort sans reconnaître la moindre erreur. "Les directives écrites n'imposaient aucune disposition particulière", assure en novembre 1996 le président du comité d'hygiène et de sécurité. Un gros mensonge. Car la loi, elle, imposait des contrôles stricts pour les salariés exposés aux rayonnements ionisants, dont les atteintes sont connues et indemnisées depuis...1931. Une politique du silence qu'un médecin du Travail résume ainsi: "L'atome, c'est dangereux quand on l'envoie sur l'ennemi, pas pour nous".
Ce beau précepte était-il aussi respecté dans d'autres centres de recherche où l'on manipulait l'atome à des fins militaires? Par exemple à Vaujours (Seine-Saint-Denis), où l'on procédait à des essais de désintégration de l'uranium? A Bruyères-le-Chatel (Essone), où l'on produisait du plutonium, ou à Valduc (Côte d'Or) où des expériences sur tous les matériels, armes et combustibles nucléaires ont été menées. En 2001, des analyses ont montré que les lichens prélevés à 1km du site contenaient des doses de tritium radioactif mille fois supérieures à la normale. A 4km, cent fois supérieures.
Quant aux militaires et aux populations exposés aux retombées des essais nucléaires effectués, entre 1960 et 1996, en Algérie et en Polynésie, et dont certains ont subi un véritable calvaire médical, ils ne suscitent qu'une attention limitée de la part de l'Etat. Sur 817 dossiers d'indemnisation déposés par les victimes ou leurs familles seules... 11 réponses favorables ont été accordées. La réputation du nucléaire est si précieuse et tient à si peu de choses...
Jerôme Canard