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11 août 2022 4 11 /08 /août /2022 05:25

 

 

 

 

 

 

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10 août 2022 3 10 /08 /août /2022 07:00
Israël met le feu à Gaza de façon « préventive »

L’opération militaire lancée vendredi sans aucune raison a fait déjà 32 morts, dont 6 enfants. Elle se poursuivra « aussi longtemps que nécessaire », selon le premier ministre israélien, Yaïr Lapid.

Pierre Barbancey

Sans scrupule, Israël a lancé vendredi une offensive aérienne contre la bande de Gaza. Il ne s’agissait pas de répliquer à des tirs en provenance du territoire palestinien, comme l’ont expliqué les autorités israéliennes, mais de procéder à une « attaque préventive », après l’arrestation, en début de semaine dernière, en Cisjordanie occupée, du responsable du Djihad islamique, Bassem Saadi. Le Djihad islamique a confirmé la mort d’un de ses chefs, Tayssir Al Jabari. « L’ennemi sioniste a commencé cette agression et doit s’attendre à ce que nous nous battions sans relâche. (…) Il n’y aura aucune trêve après ce bombardement », a déclaré le secrétaire général de l’organisation, Ziad Al Nakhala.

Dimanche, plus de 30 Palestiniens avaient été tués, dont 6 enfants. De son côté, le Djihad islamique, directement visé, a déclenché plusieurs salves de roquettes vers Israël et plus précisément Tel-Aviv et Jérusalem. La plupart auraient été interceptées par le système « Dôme de fer ». Selon des sources israéliennes, samedi, une vingtaine d’Israéliens ont été légèrement blessés, alors qu’ils fuyaient vers des abris. L’unique centrale électrique de Gaza a fermé samedi, en raison d’un manque de carburant au troisième jour du bouclage complet de l’enclave palestinienne. Ce qui n’a pas empêché le premier ministre israélien, Yaïr Lapid, d’avertir dimanche que l’opération militaire dans la bande de Gaza se poursuivra « aussi longtemps que nécessaire ».

Icon TitrePourquoi Israël frappe maintenant ?

Les raids menés contre la bande de Gaza ne sont pas isolés. Ils se produisent alors que, depuis plusieurs mois maintenant, les opérations de répression de toute résistance palestinienne s’intensifient, notamment en Cisjordanie. La politique israélienne d’occupation s’amplifie, voire s’aggrave, avec la tenue prochaine d’élections générales. Dans un pays où le curseur n’est plus simplement à droite mais largement à l’extrême droite, le vainqueur sera celui qui se montrera le plus déterminé à faire taire les Palestiniens. « Toute personne qui essaye de faire du mal à Israël doit le savoir : nous vous trouverons », a lancé Yaïr Lapid.

Israël s’est clairement lancé dans une fuite en avant qui a deux aspects. Le premier est bien sûr l’occupation elle-même avec son corollaire, la colonisation, qui s’alimentent l’une et l’autre et, de fait, renforcent le poids des colons dans la société israélienne et surtout dans la vie politique. Protégés par l’armée, ces derniers se déchaînent contre toute présence palestinienne. À Jérusalem-Est occupée et annexée, ces mêmes colons multiplient les provocations sur l’esplanade des Mosquées. À la Knesset (le parlement), ils sont de plus en plus puissants.

L’occupation se renforce donc. La signification politique est sans équivoque et c’est le deuxième aspect de cette fuite en avant : malgré les déclarations, Israël ne veut pas de la création d’un État palestinien. Il considère, de fait, la Palestine historique comme son propre territoire. Il doit donc mettre en place un système de gestion des populations dont les droits ne seront pas les mêmes selon qu’elles soient juives ou non. En Cisjordanie, les colons dépendent des lois civiles israéliennes, les Palestiniens des lois militaires. En Israël même, depuis l’instauration de la loi État-nation, devenue une des lois fondamentales faisant office de constitution du pays (qui n’en possède pas), le droit à l’autodétermination n’est garanti qu’au peuple juif comme il est inscrit. De plus, les Palestiniens d’Israël ne peuvent acquérir des terres. Ce qui a amené de nombreuses organisations internationales (Human Rights Watch et Amnesty International) et israélienne (B’Tselem) à dénoncer un régime d’apartheid mis en place en Israël. C’est un mode d’organisation de l’État, donc, qui n’est pas consubstantiel à l’existence même de cet État.Cette nouvelle phase de l’occupation israélienne, couplée à un manque de perspectives politiques côté palestinien, peut ouvrir la voie à de multiples scénarios.

Icon Titre Quelles sont les réactions internationales ?

Si la rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a qualifié l’opération militaire israélienne d’ « illégale, immorale, irresponsable », l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Tom Nides, considère, lui, qu’«  Israël a le droit de se défendre ». De son côté, l’Union européenne (UE) dit suivre avec une «  vive inquiétude » les événements dans la bande de Gaza, mais se garde bien de prendre position, renvoyant dos à dos l’occupant et l’occupé, l’armée israélienne et le peuple de Gaza sous blocus israélien depuis quinze ans, appelant une fois de plus toutes les parties à un «  maximum de retenue » afin d’éviter une nouvelle escalade.

« Israël a le droit de protéger sa population civile, mais tout doit être fait pour empêcher un conflit plus large, qui affecterait avant tout les populations civiles des deux côtés et entraînerait de nouvelles victimes et davantage de souffrances », a même insisté Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Ce qui ne l’empêche pas d’ajouter : « Ces derniers événements soulignent une fois de plus la nécessité de restaurer un horizon politique et d’assurer une situation durable à Gaza. » Comment ? La question ne sera pas posée, il n’y aura donc pas de réponse.

Icon TitreQue peut-il se passer dans les semaines  à venir ?

Au mois de mai, l’année dernière, Israël avait cru pouvoir mater la révolte dans les territoires palestiniens qui se cristallisait autour du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, et l’opposition à l’éviction des habitants pour y installer des colons. Une véritable étincelle qui s’était propagée dans l’ensemble de la partie orientale de la ville occupée puis en Cisjordanie, à Gaza et dans les zones peuplées par ceux qu’on appelle, à tort, les Arabes israéliens, c’est-à-dire les Palestiniens qui sont restés sur place lors de la création de l’État d’Israël, en 1948. Pour la première fois en plusieurs décennies, les Palestiniens brisaient les murs, les frontières et tout ce qui les séparait pour retrouver leur histoire commune. Leur passé mais aussi leur avenir. D’autant que la jeune génération, celle qu’on appelle « génération Oslo » puisque née au moment des accords, cherche sa propre voie. Là se trouve peut-être la clé de la solution au Proche-Orient.

L’émotion suscitée par les derniers bombardements sur Gaza pourrait aboutir à un même mouvement qui, de protestation, se muerait en une véritable exigence politique. Ce qui ne serait pas sans conséquences. On n’en est pas là, d’autant que le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, est, pour l’heure, dans la modération. Le mouvement islamiste a appelé, dimanche, la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour « arrêter l’agression israélienne en cours contre la bande de Gaza » tout en mettant en garde contre ce qui pourrait mener à une situation « incontrôlable ». De son côté, la présidence de l’Autorité palestinienne demande à la communauté internationale de forcer Israël à « mettre fin à son agression contre notre peuple partout, en particulier à Gaza, et à lui fournir une protection internationale ». Une frappe sur un site du Hamas, et la retenue serait reléguée au rayon des accessoires, permettant à Israël de se présenter comme agressé par des forces soutenues par l’Iran.

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10 août 2022 3 10 /08 /août /2022 05:21

 

 

 

 

 

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10 août 2022 3 10 /08 /août /2022 05:10

 

Le 11 décembre 1964, en pleine guerre froide, le commandant de la révolution cubaine dénonce à la tribune des Nations unies l’interventionnisme des puissances occidentales, frein à toute « coexistence pacifique des peuples ».

Vêtu de son treillis vert olive, Ernesto Guevara est à la tribune de l’Assemblée des Nations unies. Ce 11 décembre 1964, le palais de verre de New York tremble. Rarement un dirigeant s’est livré dans cette enceinte à un tel réquisitoire contre l’impérialisme des puissances occidentales, particulièrement des États-Unis qui ensanglante l’Amérique latine, le Congo de feu Patrice Lumumba, le Vietnam, etc.

Le commandant de la révolution cubaine en sait quelque chose. Depuis l’avènement de la révolution en 1959, Cuba, autrefois bordel de la mafia et des États-Unis, est la cible d’attaques de la Maison-Blanche, comme l’illustre l’invasion de la baie des Cochons, en 1961, par des mercenaires entraînés par la CIA. Depuis, le pays est soumis à un terrible blocus toujours en vigueur. En 1962 encore, la Grande Île a été le point névralgique de la guerre froide avec la crise des missiles.

Dans son adresse à l’ONU, en porte-voix des pays non alignés, le Che dénonce « la bande de chacals et de hyènes » que « la civilisation occidentale dissimule derrière sa façade somptueuse ». Et de plaider pour la libération des peuples, seule condition d’une véritable coexistence pacifique. 

Extrait du discours

La dernière heure du colonialisme a maintenant sonné, et des millions d’habitants d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine se lèvent à la recherche d’une nouvelle vie et imposent leur strict droit à l’autodétermination et au développement indépendant de leur nation. (…)

Notre pays est un des points constants de friction, un des lieux où les principes qui fondent les droits des petits pays à leur souveraineté sont mis à l’épreuve jour après jour, minute après minute, et, en même temps, il est une des tranchées de la liberté du monde située à petite distance de l’impérialisme nord-américain.

La coexistence pacifique doit s’exercer entre tous les États...

De tous les problèmes brûlants qu’il faut traiter dans cette Assemblée, un de ceux qui ont pour nous une signification particulière (…) est celui de la coexistence pacifique entre États de régimes économico-sociaux différents. Le monde a fait de grands progrès dans ce domaine, mais l’impérialisme – surtout l’impérialisme nord-américain – a prétendu faire croire que la coexistence pacifique était réservée à l’usage exclusif des grandes puissances de la Terre. (…) La coexistence pacifique doit s’exercer entre tous les États, indépendamment de leur taille, des rapports historiques antérieurs qui les ont liés et des problèmes qui se sont posés parmi certains d’entre eux à une époque donnée (…).

Nous considérons qu’une conférence dont l’objectif serait la destruction totale des armes thermonucléaires, avec pour première mesure l’interdiction totale des essais, est nécessaire. Dans le même temps doit être clairement établie l’obligation pour tous les pays de respecter les frontières actuelles des autres États, de n’exercer aucune action agressive même menée avec des armes conventionnelles.

En unissant notre voix à celle de tous les pays du monde qui demandent le désarmement général et total, (…) nous croyons nécessaire que l’intégrité territoriale des nations doit être respectée et que le bras armé de l’impérialisme doit être arrêté car, pour n’utiliser que les armes conventionnelles, il n’en reste pas moins dangereux. (…)

Nous déclarons une fois de plus que les vices coloniaux qui empêchent le développement des peuples ne s’expriment pas seulement dans des rapports de type politique : la fameuse détérioration des termes de l’échange n’est autre que le résultat de l’échange inégal entre pays producteurs de matières premières et pays industriels qui dominent les marchés. (…)

Tant que les peuples économiquement dépendants ne se libéreront pas des marchés capitalistes (...), il n’y aura pas de développement économique solide ; on reculera...

Tant que les peuples économiquement dépendants ne se libéreront pas des marchés capitalistes pour imposer, fermement unis aux pays socialistes, nos rapports entre exploiteurs et exploités, il n’y aura pas de développement économique solide ; on reculera, et dans certains cas, les pays faibles retomberont sous la domination politique des impérialistes et des colonialistes. (…)

Nous ne pouvons nier notre sympathie envers les peuples qui luttent pour leur libération et nous devons remplir l’obligation de notre gouvernement et de notre peuple en exprimant catégoriquement devant le monde que nous soutenons moralement les peuples qui, n’importe où dans le monde, luttent pour que les droits de pleine souveraineté proclamés dans la Charte des Nations unies deviennent une réalité. » 

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9 août 2022 2 09 /08 /août /2022 07:15
Bella Ciao, juive, tzigane, patriote et altermondialiste

Il y a longtemps, il y eu un doute sur le fait que l’hymne de la résistance italienne, entonné dans le monde entier, l’ait bien été par les partisans. Des preuves le confirment désormais…

L’air n’a rien d’un chant de messe. Et pourtant, c’est un curé du centre de l’Italie qui a rédigé un opuscule qui apporte la preuve que Bella Ciao, qui a fait le tour du monde, a bel et bien été chanté par les résistants. En juillet 1945, quelques mois après la Libération, don Otello Marcaccini publie la brochure les Représailles allemandes à Poggio San Vicino, un hameau des Marches . Il y raconte le massacre, le 1er juillet 1944, de quatre habitants par les nazis. Père Otello écrit que les villageois « assistent comme ils peuvent les partisans ». Et que leurs enfants « sont toujours au milieu des résistants, leur rendent de petits services, s’enthousiasment et répètent leurs chansons de bataille : “Et si je meurs en patriote/Bella ciao, ciao, ciao”  ».

Voilà la première trace écrite de Bella Ciao, dont les origines demeuraient troubles. Elle a été exhumée par l’historien communiste Ruggero Giacomini dans son livre non traduit Bella Ciao. L’histoire définitive de la chanson partisane qui, des Marches, a conquis le monde entier. Car, même à gauche, certains estimaient que l’hymne était né dans l’immédiat après-guerre, qu’il avait peu de liens avec la résistance. D’autres historiens n’en faisaient qu’un chant marginal clamé uniquement par les brigades actives dans les zones bolognaises et modénoises, ou par des anarchistes dans les Abruzzes. En tout cas, on n’en décèle nulle trace dans les anthologies de chants de la résistance publiées dans les années 1940.

La première trace écrite a été exhumée par l’historien communiste Ruggero Giacomini.

Les paroles de cette version ne sont pas celles d’aujourd’hui « Et si je meurs en partisan/Je suis prêt à mourir ». Dans l’Humanité Dimanche du 5 août 2021, Ruggero Giacomini expliquait que c’est la brigade Maiella qui a diffusé le chant. Ce bataillon « vient des Abruzzes », plus au sud. Ensuite, il « passe dans la zone des Marches à l’été 1944, participe à la libération de Cingoli, de Pozzo San Vicino et se mêle à la population locale. Elle reprend la chanson, l’adapte d’une certaine manière et l’amène plus au nord, en Émilie », autour de Bologne . Ainsi, selon l’auteur, la chanson qui clame l’histoire de cet homme qui, « un matin, (s’est) levé et a trouvé l’envahisseur » et en a informé sa belle à qui il a dit « ciao » pour rejoindre les partisans a connu une première extension.

L’histoire ne dit pas si l’un des enfants observés par don Otello a participé au Festival mondial de la jeunesse, à Prague, en 1947, où se rassemblaient communistes et progressistes venus de partout. Car on sait que d’anciens résistants y ont entonné Bella Ciao. De là, le chant est parti à la conquête du monde. Mais, avant la découverte de Ruggero Giacomini, il fallait jusqu’alors attendre 1953 pour en observer la première trace écrite, dans la revue la Lapa. Elle n’est pas encore une chanson à succès. Le très complet recueil de Chants politiques italiens, publié en 1962 par les Editori riuniti, la maison d’édition du Parti communiste italien, n’en fait pas mention.

Des rizières du pô à l’anti-G8 de gênes

À l’époque, c’est encore Fischia il vento, « le vent souffle », chanté sur l’air soviétique de Katiouchka, qui est plus populaire. Mais en promettant de partir à la « conquête du printemps rouge » pour faire advenir le « soleil de l’avenir », c’est-à-dire le socialisme, elle est trop clivante. Bella Ciao, moins politique, qui s’en prend à « l’envahisseur » nazi, interprétée en 1963 par un Yves Montand aux origines toscanes, s’imposera peu à peu, car acceptée par les démocrates-chrétiens et socialistes qui, eux aussi, participèrent à la résistance.

Elle résonne dans les luttes de la péninsule. Chant de manifestation, chant des femmes dans les rizières du Pô, elle est réinterprétée dans les années 1990 comme une ballade irlandaise par le groupe italien Modena City Ramblers. Avec cette version, elle séduit par son effet d’entraînement dans les rassemblements altermondialistes de Gênes et de Florence, au début des années 2000, et revêt une dimension internationale.

Dans une chanson, les paroles ne sont pas tout. Il faut une mélodie. En 2006, un quidam, Fausto Giovannardi, flâne dans le Quartier latin. Il achète pour 2 euros l’album Klezmer Yiddish Swing Music, enregistré en 1919 à New York par un accordéoniste tzigane, Mishka Ziganoff. Quelques notes du titre Koilen attirent son oreille : ce sont celles de Bella Ciao. Il fait des recherches, confie-t-il au quotidien la Repubblica en 2008, et découvre, en interrogeant Rod Hamilton, de la British Library de Londres, que c’est une version de Dus Zekele Koilen, un chant yiddish – la culture des juifs d’Europe de l’Est – dont existent deux enregistrements dans les années 1920. Pour résumer : une mélodie juive, jouée par un tzigane, certainement ramenée des États-Unis en Italie par un migrant rentré au pays, entonnée par des résistants, propulsée sur les cinq continents par le mouvement altermondialiste. L’air est œcuménique.

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9 août 2022 2 09 /08 /août /2022 07:00
Climat. Le carnage écologique des ultrariches

Dans un monde où la sobriété s’impose aux plus pauvres du fait de la hausse des températures, les milliardaires continuent, eux, de polluer sans compter. Jets privés, yachts, tourisme spatial : leurs activités de luxe hypothèquent notre futur.

Ils prennent un jet privé, un yacht, un hélicoptère comme on prend un train, un bus, un vélo. Ils voient le monde comme leur terrain de jeu, les frontières n’existent plus et monter à 12 500 mètres d’altitude pour une demi-heure de vol est leur quotidien. Avec un kérosène moins taxé que l’essence de M. et Mme Tout-le-Monde, s’il vous plaît. « Ils », ce sont les ultrariches.

Ceux qui, au mépris de l’urgence climatique et parce qu’ils en ont les moyens, se comportent comme si l’humanité ne vivait pas déjà à crédit, ayant consommé, dès le 28 juillet cette année, l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en une année. « Ils » s’appellent Bernard Arnault, Xavier Niel, Vincent Bolloré, Jeff Bezos, Elon Musk ou encore Mark Zuckerberg et composent une élite capitaliste s’affichant en une des magazines financiers comme un modèle de réussite. Leur fortune pourrait sauver la planète (et l’espèce humaine avec), mais ils passent leur temps à la saccager. L’équation est des plus simple : plus on est riche, plus on pollue.

D’après une étude du Laboratoire des inégalités mondiales de décembre 2021, les 1 % les plus fortunés émettent plus de dioxyde de carbone (CO2) que les 50 % les plus modestes. Les premiers sont à l’origine de 17 % des gaz à effet de serre (GES) quand les seconds n’en sont responsables que de 12 %. Sans parler de la destruction de la biodiversité, terrestre comme marine, qu’implique leur mode de vie. Et si leurs luxueuses vacances nous coûtent cher, ce n’est rien comparé au bilan carbone de leurs investissements et de leurs entreprises dans des secteurs polluants. À l’échelle de la France, lorsque est inclus au calcul le poids climatique du patrimoine financier, les ONG Oxfam et Greenpeace trouvent une donnée effrayante : 63 milliardaires émettent autant de CO2 que la moitié de la population hexagonale. À elle seule, la famille Mulliez, derrière le groupe Auchan, détruit le climat dans les mêmes proportions que la totalité des habitants de Nouvelle-Aquitaine.

Pour autant, ce n’est pas aux plus gros pollueurs que le gouvernement macroniste demande de la « sobriété ». Peu importe que les émissions des 1 % les plus aisés seront trente fois supérieures, en 2030, à ce qu’il faudrait pour respecter l’accord de Paris et limiter le réchauffement sous les 1,5 °C, c’est aux simples quidams qui pratiquent déjà une sobriété forcée du fait de leurs revenus que l’on demande de faire des « petits gestes du quotidien » qui, seuls, ne sauveront personne de la catastrophe . Les ministres donnent du « débrancher son WiFi la nuit », du « baisser la climatisation », du « éteindre la lumière » à longueur de plateaux sans oser s’attaquer à la racine du problème : les milliardaires et le système qui leur permet de perdurer. En 2018, Emmanuel Macron préférait instaurer une taxe carbone pesant sur tout un chacun plutôt qu’un ISF climatique tel que le proposent aujourd’hui la Nupes (lire page 5) ainsi que plusieurs associations écologistes.

« Ils » sont les vrais criminels climatiques.

Icon TitreQuand les plus fortunés planent…

À ce rythme, ils finiront par survoler les ruines du monde qu’ils sont censés bâtir. Les canicules, les inondations, les incendies, les disparitions d’espèces s’amplifient mais les milliardaires n’en ont cure. Eux veulent voyager dans le plus grand des luxes, quand bon leur semble, sans avoir à emprunter de vols commerciaux. Encore moins un métro ou un taxi, même pour un Londres Ouest-Londres Est. Parce que le temps, c’est aussi de l’argent… Le 25 mai, Bernard Arnault préférait grimper dans son jet afin de traverser la capitale anglaise plutôt que de rester sur la terre ferme. Résultat de cette folie : 200 kg de dioxyde de carbone (CO2) rejetés pour dix minutes de vol. Soit autant d’énergie qu’il faut à une voiture pour rouler 1 000 kilomètres. Le PDG de LVMH, proche d’Emmanuel Macron, affectionne aussi les allers-retours Paris-Bruxelles – quinze en deux ans malgré un Thalys reliant les deux villes en 1 h 30 –, émettant au passage 2,7 tonnes de CO2 à chaque fois.

Au fil des ans, le réchauffement climatique s’intensifie. Alors qu’on pourrait s’attendre à assister au déclin souhaitable de l’aviation privée, l’inverse se produit : elle est en plein boom, notamment boostée par… le télétravail que les cadres fortunés peuvent faire depuis leur lieu de villégiature.

En France, un avion sur dix quittant une piste est un jet, parfois pour des distances et des escales très courtes. Exemple parmi d’autres, celui de Vincent Bolloré. L’un de ses avions faisait l’aller-retour entre Paris et la Côte d’Azur dans la journée. Son bilan carbone dominical ? Six tonnes de CO2. Ces fastueux appareils sont pourtant le moyen de transport le plus polluant : ils émettent, en moyenne, dix fois plus de gaz à effet de serre que les déjà peu vertueux avions de ligne classiques.

Terrible nouvelle pour le climat : la tendance n’est pas à la sobriété. Les locations d’avions d’affaires bondissent depuis quelques années, les carnets de commandes des fabricants sont pleins. Entre 2005 et 2019, les émissions de dioxyde de carbone des jets ont augmenté de 31 % en Europe, d’après un rapport de l’ONG Transport & Environment. Et, selon le quotidien le Figaro, 40 % de ces voyages se feraient à vide. 

Icon TitreLes  superyachts superpolluants

L’ Azzam, l’ Éclipse, le Dubaï. Des navires qui, à eux trois, s’étalent sur plus de 500 mètres. Ces monstres marins font partie des cinq plus grands yachts du monde, ceux qu’on appelle les « super­yachts ». Des embarcations luxueuses de 40 à 180 mètres de long accueillant Jacuzzi, salles de sport, héliports, cinémas, discothèques, parfois même des sous-marins. Et des équipages prêts à recevoir sur ces terrains de foot flottants des familles d’oligarques russes, de rois du pétrole qataris ou de magnats de la Silicon Valley.

Un bond de 25 % en un an

Bien qu’ils ne naviguent que très peu, ou en tout cas pas très loin, ces super­yachts ont un impact écologique désastreux. « Un côté pollution totale », pour Grégory Salle, qui leur a consacré un ouvrage entier, Superyachts.  Luxe, calme et écocide, en 2021. Pourtant, l’industrie se porte bien. L’édition 2021 du « Global Order Book », publié par le magazine Boat International, montre que le Covid a eu un effet de relance pour le secteur : plus de 1 000 vaisseaux de luxe ont été commandés ou sont en construction cette année-là. Un bond de 25 % en un an.

Chercheur en sciences sociales au CNRS, Grégory Salle rappelle que « la seule flotte des 300 plus gros superyachts en activité émet tous les ans 285 000 tonnes de dioxyde de carbone, autant voire davantage que des pays entiers ». Pour les ultrariches qui polluent le plus, posséder un tel palace flottant, c’est l’assurance de voir leur empreinte carbone tripler. À ce triste jeu, l’ex-propriétaire du club de football Chelsea FC et oligarque russe Roman Abramovitch est numéro 1. En 2018, il a émis 22 440 tonnes de CO2 avec son imposant vaisseau sur un bilan carbone total équivalant à près de 34 000 tonnes.

En sus des émissions pharaoniques, des rejets massifs d’eaux souillées et des nuisances sonores et lumineuses, le « superyachting » dégrade les fonds marins. Grégory Salle s’est intéressé à la posidonie : une plante à fleur maritime, véritable lieu de vie et d’alimentation pour les poissons. Espèce protégée en Méditerranée, elle capte le carbone et amortit la houle pour ralentir l’érosion du littoral. Lors du mouillage, l’ancre et les chaînes des bateaux viennent balayer les sols marins et mettre ainsi à mal ce poumon de la mer.

Icon TitreUne très carbonée guerre des étoiles

Pour les milliardaires, le ciel n’est plus une limite. Le 11 juillet 2021, Richard Branson (Virgin Group) devenait le premier milliardaire à voler dans sa propre fusée, SpaceShipTwo. À peine neuf jours plus tard, Jeff Bezos (Amazon) l’imitait avec Blue Origin. Et en septembre, Elon Musk (SpaceX, Tesla) allait plus haut avec un vol de trois jours à plus de 500 kilomètres d’altitude avec Falcon 9. La course au tourisme spatial est lancée. Richard Branson ambitionne de faire décoller 400 vols par an et la fusée de Jeff Bezos a déjà effectué son cinquième vol touristique de l’année en juin. Mais à quel prix climatique ?

« L’équivalent de 1 220 tonnes de TNT »

D’après le rapport d’évaluation environnementale de SpaceShipTwo, les émissions de CO2 d’un vol complet représentent l’équivalent d’ « un tour de la Terre seul dans une voiture moyenne » (27,2 tonnes de CO2), alarment les chercheurs Roland Lehoucq, Emmanuelle Rio et François Graner dans une étude publiée par The Conversation. Même constat pour SpaceX, chez qui la recyclabilité des fusées permet surtout à l’entreprise d’augmenter sa fréquence de lancement. D’après le rapport cité plus haut, la fusée Falcon 9 utilise en kérosène « l’équivalent de 1 220 tonnes de TNT ». Une énergie comparable à celle de l’explosion au port de Beyrouth.

Des vols plus fréquents, et donc des billets moins chers. Pour Blue Origin, la place est aujourd’hui estimée à 12 années de Smic (200 000 dollars), loin des 28 millions d’euros déboursés par un Néerlandais de 18 ans pour participer au vol inaugural. D’abord réservé aux ultrariches, le tourisme spatial ne sera alors plus qu’un loisir de riches.

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9 août 2022 2 09 /08 /août /2022 05:14

 

 

 

 

 

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9 août 2022 2 09 /08 /août /2022 05:09

 

Le 14 février 2003, le ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac fait entendre une France indépendante au Conseil de sécurité de l’ONU face à des États-Unis menteurs pour justifier leurs menées bellicistes.

 

«Saddam Hussein et ses fils doivent quitter l’Irak dans les 48 heures. » L’ultimatum est fixé par le président des États-Unis, Georges Bush, le 18 mars 2003, au dictateur irakien. Deux jours plus tard, 250 000 GI et 45 000 soldats britanniques déferlent sur l’Irak, à la tête d’une coalition internationale. Mais, sans mandat de l’ONU. Un discours de Dominique de Villepin a convaincu le Conseil de sécurité de ne pas voter en faveur du recours à la force.

L’origine de cette intervention remonte au 11 septembre 2001. À la suite de l’attentat du World Trade Center, les États-Unis s’attellent à combattre un « axe du mal » composé de la Corée du Nord, de l’Iran et de l’Irak. Dans un rapport remis aux Nations unies en septembre 2002, l’administration américaine accuse le régime baasiste de détenir des armes de destruction massive. Des affirmations « exagérées ou non étayées », confirmera un rapport du Sénat américain en 2004. Le 8 novembre 2002, le Conseil de sécurité adopte la résolution 1441, confiant à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) les soins de réaliser des inspections. Mais Washington fait le forcing. En janvier 2003, le secrétaire américain de la Défense, Donald Rumsfeld, qualifie de « vieille Europe » la France et l’Allemagne, qui s’opposent à un conflit armé. Le 5 février, Colin Powell, secrétaire d’État, pense remporter l’adhésion du Conseil de sécurité en exhibant une fiole censée prouver la possession d’armes biochimiques par l’Irak. Le 14 février, la France fait entendre une voix singulière par son ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. 

 

Extrais du discours

 

« Nous assumons collectivement cette lourde responsabilité qui ne doit laisser place ni aux arrière-pensées, ni aux procès d’intention. Soyons clairs : aucun d’entre nous n’éprouve la moindre complaisance à l’égard de Saddam Hussein. (…)

La France a deux convictions : la première, c’est que l’option des inspections n’a pas été conduite jusqu’à son terme et peut apporter une réponse efficace à l’impératif du désarmement de l’Irak ; la deuxième, c’est qu’un usage de la force serait si lourd de conséquences pour les hommes, pour la région et pour la stabilité internationale qu’il ne saurait être envisagé qu’en dernière extrémité. (…)

L’option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n’oublions pas qu’après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la face : cela sera long et difficile, car il faudra préserver l’unité de l’Irak, rétablir de manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par l’intrusion de la force. Face à de telles perspectives, il y a l’alternative offerte par les inspections qui permet d’avancer de jour en jour dans la voie d’un désarmement efficace et pacifique de l’Irak. (…)

Nous sommes les gardiens d’un idéal, nous sommes les gardiens d’une conscience.

Personne ne peut donc affirmer aujourd’hui que le chemin de la guerre sera plus court que celui des inspections. Personne ne peut affirmer non plus qu’il pourrait déboucher sur un monde plus sûr, plus juste et plus stable. Car la guerre est toujours la sanction d’un échec. Serait-ce notre seul recours face aux nombreux défis actuels ? Donnons par conséquent aux inspecteurs des Nations unies le temps nécessaire à la réussite de leur mission. (…)

 

Il y a dix jours, le secrétaire d’État américain, M. Powell, a évoqué des liens supposés entre al-Qaida et le régime de Bagdad. En l’état actuel de nos recherches et informations menées en liaison avec nos alliés, rien ne nous permet d’établir de tels liens. En revanche, nous devons prendre la mesure de l’impact qu’aurait sur ce plan une action militaire contestée actuellement. Une telle intervention ne risquerait-elle pas d’aggraver les fractures entre les sociétés, entre les cultures, entre les peuples, fractures dont se nourrit le terrorisme ? (…)

La France l’a toujours dit : nous n’excluons pas la possibilité qu’un jour il faille recourir à la force, si les rapports des inspecteurs concluaient à l’impossibilité pour les inspections de se poursuivre. (…)

Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d’un idéal, nous sommes les gardiens d’une conscience. La lourde responsabilité et l’immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix.

Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’Occupation, la barbarie. Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs. Et qui pourtant n’a cessé de se tenir debout face à l’Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur. »

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8 août 2022 1 08 /08 /août /2022 15:08

 

La résistante lance un appel depuis Londres, le 20 avril 1944, sur les ondes de la BBC et, parlant au nom des Françaises, dénonce la barbarie nazie.

Photo de la carte d'identité de Lucie Aubrac (1912-2007) pendant la Seconde Guerre Mondiale. © Florence Bochoire/editingserver.com

Comment résumer une vie aussi riche, intense et digne que celle de Lucie Aubrac ? Quand elle prononce ce discours, le 20 avril 1944, à 21 h 25, au micro de la BBC, voici deux mois qu’elle est arrivée à Londres, après déjà plusieurs années de résistance. L’année précédente, en 1943, elle a organisé l’évasion de son mari, Raymond Samuel – qui prendra le pseudonyme « Aubrac » dans la clandestinité –, à Caluire, près de Lyon, où il avait été arrêté avec Jean Moulin. Lucie Bernard, de son nom de naissance, était arrivée à la fin des années 1920 à Paris, menant des études d’histoire et militant aux Jeunesses communistes.

Depuis juillet 1940, l’émission Honneur et Patrie est diffusée quotidiennement par la BBC, et Lucie Aubrac veut mettre en lumière le rôle des femmes dans l’ensemble des actions de la Résistance : le soutien, la solidarité, mais aussi la lutte, qu’elle soit logistique ou parfois armée. Et les déportations, citant les « 347 du camp d’Auschwitz ». Pour que ne soit jamais rabaissé ou oublié leur combat pour la paix. La guerre n’est jamais une seule « affaire des hommes ». 

 

Extraits du discours

 

Le Conseil national de la Résistance a lancé un appel à la conscience mondiale pour que soient connues les terribles conditions de vie et de mort que l’Allemagne fait subir aux patriotes français. Il signale dans son appel les 270 femmes françaises mortes au camp d’Auschwitz, en Silésie ; 270 sur 347 qui y furent déportées en janvier 1943, 270 femmes françaises dont certaines paient le crime d’être veuves d’otages fusillés à Paris. À cette longue liste il faut ajouter toutes celles qui, en France même, dans les prisons de Vichy et dans les prisons allemandes, connaissent souvent le même sort. “La guerre est l’affaire des hommes.” Mais les Allemands, qui ont menacé des femmes et asphyxié des enfants, ont fait que cette guerre est aussi l’affaire des femmes. Mais les Allemands et la police de Vichy ne connaissent pas le droit international, et cette guerre est aussi l’affaire des femmes.

Nous, les femmes de France – je dis “nous” car il y a deux mois seulement que j’ai quitté mon pays, nous, les femmes de France, avons dès l’armistice pris notre place dans ce combat. Notre foyer disloqué, nos enfants mal chaussés, mal vêtus, mal nourris ont fait de notre vie depuis 1940 une bataille de chaque instant contre les Allemands. Bataille pour les nôtres, certes, mais aussi bataille de solidarité pour tous ceux qu’a durement touchés l’occupation nazie.

Arrêtées, torturées, déportées, exécutées, vous restez dures et pures, sans confidences pour le bourreau.

 

La grande solidarité des femmes de France : ce sont les petits enfants juifs et les petits enfants de patriotes sauvés des trains qui emmènent leurs parents vers les grands cimetières d’Allemagne et de Pologne ; ce sont dans les prisons et les camps de concentration en France les colis de vivres, les cigarettes, le linge nettoyé et raccommodé, qui apportent aux patriotes entassés derrière les murs un peu d’air civilisé et d’espoir ; ce sont les collectes de vêtements et de vivres qui permettent aux jeunes hommes de gagner le maquis ; ce sont les soins donnés à un garçon blessé dans un engagement avec les Allemands.

Et puis maintenant que tout le pays est un grand champ de bataille, les femmes de France assurent la relève des héros de la Résistance. Dans la grande armée sans uniforme du peuple français, la mobilisation des femmes les place à tous les échelons de la lutte : dactylos, messagères, agents de liaison, volontaires même dans les rangs de groupes francs et de francs-tireurs, patiemment, modestement, les femmes de France menèrent le dur combat quotidien.

Vous n’êtes qu’un prénom, Jeannette ou Cécile, mais arrêtées, torturées, déportées, exécutées, vous restez dures et pures, sans confidences pour le bourreau. N’est-ce pas vous, héroïne anonyme, qui, arrêtée par la Gestapo, frappée au visage, défigurée, un œil perdu, vous évanouissant aux terribles coups de cravache sur le haut des cuisses, êtes restée silencieuse ? Ils vous ont enfermée avec les prostituées, sans soins pour vos plaies infectées.

C’est peut-être dans la cellule voisine que mourut Thérèse Pierre, les reins brisés par la torture, que Mme Albrecht attendit la hache du bourreau… Battues, méprisées, toutes seules devant la souffrance et la mort, si notre martyrologe est long, nous savons, nous, femmes de France, nous qui connaissons le prix de la vie, qu’il faut nos pleurs, nos souffrances et notre sang pour que naisse le beau monde de demain. » 

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8 août 2022 1 08 /08 /août /2022 05:33

 

Au Parlement, ces derniers jours, au cours de la discussion d’une loi prétendument « pour le pouvoir d’achat », se sont agités une cohorte de députés aux couleurs de la macronie, de la droite et de l’extrême-droite, pour défendre ce qu’ils appellent « la valeur travail ».


Ils le font évidemment pour soutenir celles et ceux qui leur soufflent à l’oreille : les grands actionnaires et détenteurs de capitaux.


« Nous voulons que le travail paye ! » s’écrient-ils en cœur, sous leur air fourbe. Ils n’ont évidemment aucune intention de considérer le travail à sa juste valeur et de le rémunérer en conséquence, puisqu’ils le considèrent comme « un coût ». Un comble, le travail est le seul créateur de biens et de richesses. Le problème des représentants de la haute bourgeoisie et de la finance mondialisée est justement de trouver le moyen de rétribuer le moins possible le travail salarié pour augmenter d’autant ce qu’il rapporte à ceux qui l’exploitent. Problème de vases communicants qui commence par le refus d’augmenter les salaires, à commencer par le salaire minimum. Pour cela, ils dupent nos concitoyennes et nos concitoyens, toutes les travailleuses et tous les travailleurs. Ils inventent donc une prime versée selon le bon vouloir de l’employeur. Celle-ci n’est pas assujettie aux cotisations sociales patronales, mais automatiquement à l’impôt pour les salariés. D’une pierre, les forces dominantes font deux coups : elles bloquent toute augmentation des salaires et assèchent les recettes de la Sécurité sociale. Demain, elles expliqueront que les déficits des caisses de la protection sociale sont tels qu’il faudra transférer ses missions aux assurances privées. Une triple peine : chaque mois sur la feuille de paye, à chaque accroc de santé et sur la future pension de retraite. La prime, au bon vouloir de l’employeur, une fois l’an n’est qu’un morceau de sucre pour atténuer le goût de la pilule amère avalée douze mois de l’année.


À cette disposition, s’en ajoutent d’autres, comme la défiscalisation des heures supplémentaires alors que plus de la moitié des travailleurs les plus modestes ne paient pas d’impôt sur le revenu. En revanche, ces derniers paient très cher en ce moment la TVA et les taxes sur les carburants ou l’électricité.

 

Cependant, depuis des années, les grandes entreprises et les plus fortunés touchent sans contrôle un crédit « impôt-compétitivité » équivalent à 40 milliards d’euros, un crédit « impôt-recherche », et bénéficient d’une réduction de la taxation des revenus du capital avec la fameuse « flat-tax » et de l’abolition de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). On voit ici que le souci des droites n’est pas que le travail paye, mais que le capital rapporte. Or, c’est la rente qui détruit du travail pour faire monter les cours des actions en bourse, et donc la valeur du capital, dont les seuls bénéficiaires sont ses propriétaires. Les marchés financiers et les propriétaires du capital ne sont pas des défenseurs de la rémunération du travail. Tout au contraire, ils défendent d’abord la rémunération du capital !


La valeur du travail n’est donc ni une proclamation ni une donnée naturelle. Elle a toujours été le résultat d’un rapport de forces entre les détenteurs de capitaux et les travailleurs. C’est la définition, honnie des puissants et de leurs porte-voix, de la lutte des classes.


Un pouvoir qui ne cesse de renforcer le pouvoir des dominants, n’est pas du côté du travail et de la création. Il l’a amplement démontré avec ses contre-réformes du droit du travail, sa loi-pacte, son abaissement de la fiscalité sur le capital. Aujourd’hui, il cherche des artifices pour ne pas augmenter le salaire minimum et s’exonérer de toute action durable, pour une pression à la baisse sur les prix à la consommation. Il se moque éperdument des travailleurs de première ligne et des sacrifices des travailleuses et travailleurs aux corps usés dans les usines, les chantiers, derrière les bennes de ramassage des ordures, aux caisses et aux rayons des supermarchés ou dans les hôpitaux, en voulant les obliger de partir toujours plus tard en retraite.

Même l’urgence de la situation de celles et ceux qui exercent des travaux pénibles est mise de côté. Sinon, la petite avancée que constituait le compte professionnel de prévention, voté sous le quinquennat de M. Hollande, n’aurait pas été supprimée

Rien non plus n’est encore envisagé pour mettre en œuvre l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Quand seront pris réellement en compte les drames au travail ? 539 833 accidents du travail en 2020. 40 219 maladies professionnelles. 79 428 accidents de trajets. Y a-t-il un mot, un acte, une décision pour réduire ces drames ? Aucun.


L’utilisation par les privilégiés qui nous gouvernent de ces mots « valeur-travail » n’a pour objectif que de culpabiliser les chômeurs afin de préparer une nouvelle contre-réforme de l’allocation chômage et de conditionner le revenu de solidarité active à un travail obligatoire.


On parle ici de 6 millions de chômeurs et de près de 4 millions de travailleurs précaires. Tous des fainéants ? Allons donc ! L’objectif est de diviser les citoyens entre eux pour que les puissants soient tranquilles, à l’abri de mouvements populaires.


C’est aussi le moyen de créer les conditions d’un nouvel abaissement des rémunérations de tous les travailleurs. L’ennemi d’un privé d’emploi n’est pas celui qui a un travail et l’ennemi d’un salarié ou d’un paysan n’est pas celui qui touche le RSA, pas plus que le travailleur dont les parents étaient immigrés, mais bien ceux qui favorisent le capital au détriment d’un travail utile, intéressant, correctement rémunéré.


Ne pas se diviser et agir pour une nouvelle répartition des richesses et une nouvelle manière de les produire permettrait réellement de commencer à parler du respect de « la valeur travail ». Le reste est un leurre ! L’ambition de notre époque devrait être d’engager un processus pour libérer le travail de la domination qu’exercent sur lui les détenteurs de capitaux privés. Il est temps que les citoyens, les travailleurs puissent exercer leur pleine souveraineté sur le travail. C’est un combat de l’heure !

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