Mercredi 28 octobre, avant la présentation de la liste finistérienne du Front de Gauche aux Régionales, Xavier Compain (tête de liste régionale du Front de Gauche, membre de la direction nationale du PCF) et Sylvie Larue (tête de liste du Front de Gauche dans l'Ille et Vilaine, membre d'Ensemble, avec Catherine Boudigou (médecin à Audierne, membre du Parti de Gauche, tête de liste du Front de Gauche dans le Finistère), d'autres candidats aux Régionales (Noëlle Péoc'h, n°3 sur la liste du Finistère, et François Rippe, n°6 sur la liste), des militants du Front de Gauche, du PCF, d'Ensemble, du Parti de Gauche de Brest et le secrétaire départemental du PCF, Ismaël Dupont, ont rencontré des animateurs du collectif de défense du collège de Kérichen à Brest, Gildas Cloarec et Bruno Robert, et échangé avec eux pendant 1 heure et demi dans au café Celton.
Cette démarche s'inscrit dans une volonté de nourrir nos propositions et notre discours de campagne des luttes de terrain, notamment pour la défense des services publics.
Le 11 septembre dernier, les élus du Conseil d'Administration du collège de Kérichen étaient informés par une lettre du conseil départemental qu'une démarche "de concertation" allait débuter en vue de la fermeture annoncée du collège à la rentrée 2016. Marc Labbey, conseiller général, avait pourtant rassuré les personnels l'an passé, pendant la campagne des départementales, en disant qu'il y avait des garanties pour qu'il n'y ait pas de fermeture dans l'immédiat. C'est que, du fait de resectorisations, des redéfinitions de cartes scolaires, des fermetures d'options ou du refus d'ouvrir des options, le collège de Kérichen s'est affaibli depuis des années, passant de 900 à 280 élèves. L'année dernière, il a perdu le label d'éducation prioritaire REP qui lui donnait quelques moyens d'encadrement supplémentaires. Le collège de Kérichen est tout près de Pontanezen, un des gros quartiers populaires de Brest. La décision, le Conseil Départemental l'a prise avec une séance menée au pas de charge, sans véritable débat, dans l'accord PS-droite, avec 52 délibérations votées ce jour là. Les parents et les enseignants ont appris la nouvelle avec beaucoup de surprise et un fort mécontentement.
Les 3 mois de délai de concertation ne sont qu'un simulacre: la décision est prise, point d'aboutissement d'un long démantèlement. Le discours du Conseil Départemental, c'est: si vous en êtes arrivés là, c'est de votre faute. Il y avait une réunion le 13 octobre avec les représentants des parents, les représentants du CA. A 18h, le conseil départemental avec organisé une pré-rencontre avec les chefs d'établissement du secteur, les représentants de la mairie, manière d'exprimer qu'il ne s'agissait que de travailler les conditions techniques du transfert des élèves. A aucun moment, la voix des parents ou des enseignants et personnels n'a été prise en compte.
Il y a un seul collège brestois dans le secteur qui peut vraiment accueillir des élèves: Pen ar C'hleuz (aujourd'hui: 370 élèves). Les autres élèves du secteur sont saturés ou pas en capacité d'accueillir un afflux de nouveaux élèves issus de Kérichen. Le départ du collège menacerait d'ailleurs à terme l'école primaire.
Ce qui risque de se passer, une concentration d'élèves de catégories sociales défavorisées dans un seul collège avec beaucoup d'effectifs et une gestion humaine plus difficile, la fuite de certains élèves de Kérichen vers le privé. Les études montrent que les collèges de taille humaine (entre 250 et 550 élèves, en gros) présentent de meilleurs résultats que les collèges aux effectifs très élevés.
Il semblerait qu'une des explications de la décision du Conseil Départemental soit une volonté pour la Région de récupérer les locaux du collège de Kérichen pour le lycée qui a des problèmes avec certains de ses bâtiments.
Il y a bien sûr aussi l'argument du côté de l'inspection académique et du rectorat de la volonté de fermer des écoles, et de récupérer des postes dans le Finistère face à la hausse de la démographie scolaire en Ille-et-Vilaine, sachant qu'on ne peut pas faire face à ces nouveaux besoins, en régime libéral d'austérité pour les services publics et de cadeaux au patronat, par des nouveaux moyens financiers, des créations d'établissement sans fermetures et des nouveaux postes.
La fermeture du collège de Kérichen risque de fragiliser des quartiers populaires déjà en difficulté. C'est une erreur pour le maintien ou l'essor de la mixité sociale, objectif affiché pourtant par ce gouvernement.
Dans cette affaire, comme dans bien d'autres, on observe un vrai déni de démocratie. La fermeture du collège s'accomplit au pas de charge, sans mandat issu des élections départementales, sans en avoir jamais parlé pendant les élections départementales de mars 2015, pour ce qui est des élus socialistes brestois. Ce collège, comme celui de Commana, également dans l’œil du collimateur austéritaire, est un facteur de lien social. Le supprimer risque de dévitaliser un quartier comme le bourg de Commana risque aussi d'être dévitalisé. On déplume le Finistère dans le cadre de l'austérité, pour rendre des postes, rendre des moyens financiers.
Le Front de Gauche, nos candidats l'ont dit, soutient la bataille des collectifs de parents et de personnels de Kérichen et du collège de Commana. Nous avons conscience que la mobilisation des parents, des habitants du quartier et du bourg, dans les deux cas, est décisive. Il faut faire pression sur les élus, qu'ils n'oublient pas que leur mandat vient du peuple, pas du PS qui leur demande d'appliquer la politique d'austérité de François Hollande et Manuel Valls sans tenir compte de la qualité de la prise en charge éducative des enfants. En effet, en concentrant les collèges, on diminue le nombre de profs. Un moyen de mobiliser pour la défense de ces collèges est de valoriser leur spécificité, leur apport pour le quartier, les anciens élèves. Le Conseil Départemental, la directrice académique ne fonctionnent qu'au rapport de force: seule une mobilisation significative des parents et des citoyens peuvent sauver ce collège!
C'est d'autant plus essentiel que le nombre d'élèves sur Brest risque d'augmenter les années à venir, c'est l'ADEUPA qui le dit.
Pour l'instant, le PCF, le Parti de Gauche, Ensemble, et donc le Front de Gauche, avec BNC et EELV se prononcent contre la fermeture de ce collège. Mais il y a beaucoup de boulot à faire avec le collectif de défense si on veut faire reculer le Conseil Départemental et l'Inspection académique au nom de la défense du service public de proximité.
Voir aussi: communiqué du PCF Finistère le 19 septembre 2015 paru dans la presse (Ouest-France):
Le Parti Communiste du Finistère : Les collèges Kérichen à Brest et François Manac'h à Commana ne doivent pas disparaître.
Le Parti Communiste du Finistère condamne la décision des services de l'Education Nationale et du Conseil Général de se diriger vers la fermeture des collègues de Kérichen à Brest et le collège de Commana. Il se tiendra aux côtés des personnels et des parents d'élèves pour la défense de ces services publics de proximité qui comptent tant dans un quartier, dans un canton.
Les établissements à petits effectifs ne sont pas forcément moins accueillants pour les élèves ni moins efficaces pour la réussite de tous.
Même quand leur nombre d'élèves diminue sur plusieurs années, ils peuvent se relancer avec le temps, surtout en zone urbaine comme à Brest.
A l'inverse, dans le contexte d'austérité qui altère la qualité des services publics de manière dramatique, ce qui prime, ce n'est pas les besoins sociaux mais des considérations de coût et de rentabilité financière qui sont très éloignés des objectifs d'éducation. Aucune création de collège dans le Finistère n'accompagnera évidemment ces fermetures d'établissement. Les "petits" établissements sont régulièrement menacés ( LP de PLOUHINEC- Le collège de BANNALEC et son internat- PLOUNEOUR-MENEZ- Les Iles du PONANT... ) au nom d'une logique purement comptable et financière.
Il s'agit selon l'administration centrale de "redéployer" des postes; la BRETAGNE étant prétendument "surdotée" par rapport à d'autres académies, et le Finistère devant rendre des postes à l'Ille-et-Vilaine, à la démographie scolaire beaucoup plus dynamique.
Il s'agit aussi et surtout de pouvoir supprimer des dépenses de fonctionnement pour le Conseil Général et l’Éducation Nationale, de réduire les besoins en personnels et en moyens matériels.
Par ailleurs, des projets de regroupement en réseau existent dans les tiroirs (4 ou 5 collèges dans l'orbite d'un "gros" lycée ayant à sa tête un "super-proviseur" doté de pouvoirs accrus ( y compris allant jusqu'au recrutement d'une partie du corps professoral). En fait il s'agit d'abord de "récupérer" des postes d'enseignement et de direction.
Le collège de Commana contribue au maintien de l'activité (logements- emplois-transports) dans le centre-Finistère et participe à la lutte contre la désertification du centre-Bretagne, déjà bien touché par la crise, le chômage et la montée de la pauvreté.