EUROPEENNES : ROMPRE ET REFONDER L’EUROPE (synthèse du programme du Front de Gauche par Alain David)
La campagne du Front de Gauche
A 3 semaines du scrutin des européennes le moins que l’on puisse dire c’est que les médias ne se décarcassent pas pour en expliciter les enjeux. Le Front de Gauche, qui se présente uni dans les huit grandes régions qui constituent les circonscriptions électorales, a élaboré un texte très riche dont voici les grandes lignes
1 – L’Union européenne est en crise
Cette crise est à la fois sociale et écologique. Elle se traduit par une destruction de l’écosystème ; par une explosion de la précarité, de la pauvreté et du chômage et par une négation des souverainetés populaires et donc de la démocratie.
Cette crise s’inscrit dans la crise globale du capitalisme néolibéral qui a commencé en 2007. C’est une crise du capitalisme financier dont les exigences exercent une pression accrue sur les revenus salariaux et les garanties sociales.
Elle entre en résonnance avec la crise propre de l’Union Européenne dont la construction est fondée sur la concurrence généralisée entre les peuples et sur le dumping social et fiscal.
A cette situation la réponse des classes dirigeantes a été la mise en place d’une Europe de plus en plus autoritaire. Ce choix partagé par les gouvernements de droite comme sociaux-démocrates remet en cause les acquis sociaux et démocratiques issus dans les différents pays d’Europe des luttes populaires des décennies passées. La conséquence, avec l’éloignement de toute possibilité de contrôle populaire, est une véritable catastrophe sociale et écologique qui offre à l’extrême droite un terreau sur lequel elle prospère.
La droite (PPE) et les partis « socialistes » (PSE) portent ensemble (parce qu’en réalité ils cogèrent l’Union Européenne) la responsabilité de cette situation et des attaques contre la souveraineté populaire.
La seule voie possible de sortie de cette crise passe par la rupture avec cette Union Européenne là pour refonder une Europe solidaire et démocratique.
2 – Il faut désobéir et rompre avec les traités
Pour refonder l’Europe sur de nouvelles bases il faut d’abord rompre avec l’Europe telle qu’elle est : traités négociés en secret et ratifiés sans consultation des peuples, dumping social et fiscal, politique d’austérité, … C’est pourquoi il faut désobéir à ces traités et à leur logique.
Pour cela, nous proposons une révolution citoyenne qui s’appuie, en toutes circonstances, sur la souveraineté et les mobilisations populaires.
Il faut donc se battre, au niveau européen, avec toutes les forces progressistes (sociales et politiques) qui rejettent l’austérité et la construction libérale de l’Europe.
Rompre et désobéir supposent de refuser de s’enfermer dans un consensus mou et d’assumer des affrontements au sein de l’Union Européenne pour obtenir une modification des règles actuelles et, si ce n’est pas possible, pour, avec tous les pays qui le souhaiteront, désobéir à ces règles. Dans ce mouvement la France, 2èmeéconomie européenne, peut jouer un rôle moteur.
Sans attendre il est possible de prendre des mesures unilatéralescoopératives avec tous les pays qui le souhaitent, mesures qui auraient vocation à s’étendre à toute l’Europe.
Il faut donc rompre avec l’Europe telle qu’elle est pour refonder une autre Europe
Cela suppose de sortir la dette publique de l’emprise des marchés pour relancer l’emploi et la transition écologique. On sait combien la dette sert de prétexte à la nécessité de mener des politiques d’austérité drastiques. Cela pose évidemment la question du rôle de la Banque Centrale Européenne (BCE) et de l’Europe qu’il faut revoir de fond en comble pour que l’une et l’autre deviennent enfin des outils au service des peuples.
Pour sortir de l’austérité il faut refuser la politique budgétaireeuropéenne qui impose de mener des politiques d’austérité de façon permanente et de couper massivement dans les dépenses publiques, la protection sociale et les services publics.
Il faut refuser le dumping social, les libéralisations et en finir avec la précarité. Il faut agir pour la mise en place de critères de convergence sociale pour tous les pays de l’Union et mettre un coup d’arrêt à la déréglementation des services publics.
Il faut en finir avec l’Europe de la Finance. Pour que la finance soit mise au service de la société et non l’inverse il faut qu’elle soit mise sous une surveillance stricte des pouvoirs publics. Rôle des banques, taxation des transactions financières, lutte contre les paradis fiscaux,…aucun aspect ne sera éludé.
Il faut lutter contre le libre-échange destructeur. Comme contre la finance des mesures de protection sont indispensables en ce qui concerne les échanges de marchandises. Face au pouvoir exorbitant des grandes firmes transnationales et aux dégâts écologiques et sociaux qu’elles génèrent il s’agit d’aller vers la relocalisation des activités et de favoriser les circuits courts de production et de consommation : c’est dans la même optique que nous prônons une refondation de la politique agricole commune (PAC). Nous défendons la coopération internationale et la solidarité intra-européenne plutôt que la guerre économique de tous contre tous.
C’est cette même logique qui nous amène à combattre vigoureusement le grand marché transatlantique (GMT).Ce projet négocié entre les USA et l’Union Européenne dans l’opacité la plus totale est inacceptable. C’est un sujet déterminant pour l’avenir social, écologique, économique et démocratique de l’Europe. Il déstabiliserait nos industries, nos cultures, nos agricultures. Il permettrait l’arrivée en Europe de produits ne répondant pas à nos normes sociales ou environnementales. C’est pourquoi nous exigeons du gouvernement français la fin des négociations sur le GMT et si cela n’est pas obtenu, la tenue d’un référendum.
D’une façon plus générale nous dénoncerons les accords de libre échangeet nous agirons pour leur remplacement par des accords basés sur la solidarité et la coopération.
Il faut rompre avec le productivisme et instaurer une planification écologique européenne. : Incidence sur le climat, pillage des ressources naturelles, multiplication des déchets toxiques, appauvrissement de la biodiversité,…jamais l’existence d’un intérêt général humain radicalement anticapitaliste n’a été aussi évidente. La mise en œuvre d’une planification écologique et le retour des biens communs de l’humanité et des services d’intérêt général dans le giron public, transition énergétique, gestion des ressources renouvelables, gaz à effet de serre,…tout cela exige des moyens à la hauteur des enjeux et un contrôle citoyen permanent.
Il faut rompre avec la dépendance de l’Europe aux intérêts géostratégiques des USA. Le traité de Lisbonne prévoit que les politiques des états de l’U.E. soient compatibles avec les orientations de l’OTAN. Nous voulons la dissolution de l’OTAN et, sans attendre, la sortie de la Francede l’OTAN. L’avenir de la planète ne doit pas être discuté au sein des G8 et G20. Nous refusons la toute puissance du dollar comme monnaie de réserve.
Il faut rompre avec l’Europe Forteresse » et la politique agressive vis-à-vis des pays du Sud et de l’Europe orientale :
Engager toutes ces ruptures est une condition indispensable pour pouvoir refonder le projet européen sur de nouvelles bases libérées des traités européens actuels.
3 – Refonder l’Europe
Notre critique de l’U.E. et les ruptures que nous voulons engager ne signifient pas une volonté de repli nationaliste. Au contraire nous sommes aujourd’hui la seule liste à porter une idée européenne à laquelle les peuples pourraient adhérer porteuse de progrès humain, social et écologique. C’est le sens de la refondation que nous proposons :
Une Europe démocratique qui respecte les souverainetés populaires
Toutes les politiques nationales comme européennes doivent faire l’objet de débats publics, être librement consenties, contrôlées et soumises à la souveraineté populaire.
Le renforcement des assemblées élues (parlements nationaux et parlement européen) doit changer l’équilibre des pouvoirs. Le parlement européen, élu à la proportionnelle au niveau national, verra ses pouvoirs renforcés notamment dans l’initiative des lois. Mais surtout nous voulons développer la possibilité d’intervention des peuples dans les décisions européennes. Elaboration, suivi et évaluation des politiques européennes tous les aspects leur seront ouverts.
Une Europe du développement humain soutenable
Face au chômage et à la précarité, la priorité absolue est d’offrir à tous les Européens un modèle de développement qui leur garantisse du travail, des revenus décents, une protection sociale, tout en protégeant notre écosystème.
Dans l’immédiat, un grand plan européen d’investissement pour reconstruire les économies et enclencher la transition écologique. Relocaliser les activités, transformer les modes de production, favoriser les circuits courts pour faire face aux défis sociaux et environnementaux.
Une réappropriation publique et démocratique des secteurs stratégiques, des coopérations industrielles et de recherche, des visas écologiques et sociaux sur les importations permettront un nouveau type de production alliant développement humain, social et écologique.
Interdiction des licenciements boursiers, création d’emplois qualifiés, sécurisés, bien rémunérés avec des pouvoirs d’intervention sur les choix des entreprises.
La préservation de l’écosystèmesera une priorité avec une planification écologique, le retour des biens communs de l’humanité dans le secteur public, les énergies renouvelables, les économies d’énergie, le développement dans les transports ferroviaires et des voies d’eau.
Il est nécessaire de définir un cadre européen du droit du travail et de la protection sociale. Un « bouclier social » garantira la sécurisation des emplois, un droit à la formation pour tous ; une harmonisation progressive des droits sociaux par le haut ; des salaires minimum décents en Europe.
Convergence vers le hautdes normes sociales, écologiques et démocratiques, réduction du temps de travail, égalitéfemmes/hommes, droit à la retraite à 60 ans, lutte contre les discriminations.
Les services publics, avec de nouvelles créations à l’échelle européenne permettront l’accès de tous aux droits universels : éducation, santé, logement, eau, énergie…ces services publics créateurs d’emploi, de lien social, de dynamisme des territoires ruraux et des quartiers populaires.
La PAC sera elle aussi refondée : sécurité et souveraineté alimentaire, agriculture paysanne non soumise à la logique productiviste garantissant aux agriculteurs des prix rémunérateurs et aux citoyens une nourriture de qualité saine et variée, accessible à tous au juste prix.
Une Europe libérée de l’emprise de la finance
L’union économique et monétairedoit enfin servir la création d’emplois, les services publics, les produits utiles et la transition écologique pour un partage juste des richesses. La BCE doit être placée sous le contrôle démocratique des peuples.
Taxer les transactions financières, lutter contre la fraude fiscale, harmoniser la fiscalité des entreprises pour lutter contre le dumping fiscal.
Donner la priorité à la réduction des inégalités sociales et territoriales comme aux programmes de solidarité et de lutte contre l’exclusion.
Une Europe des droits et liberté
L’Europe doit garantir l’égalité entre les femmes et les hommes à tous les points de vue et protéger le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps.
L’Europe doit être laïque et garantir la liberté de conscience. Ce qui implique la liberté des cultes et une stricte séparation entre les Eglises et les institutions européennes.
Une Europe de la paix au service de l’émancipation humaine
Face à la puissance du capital globalisé, notamment aux transnationales et aux marchés financiers, l’Europe doit être un espace politique et économique qui fasse contrepoids et qui renonce aux ingérences impérialistes et néocolonialistes. Elle sera ainsi un très puissant outil de coopération entre les peuples du monde.
Recherche permanente de la paix et de la sécurité collective. Pour cela il faut rompre avec les politiques atlantiques, sortir de l’OTAN, être indépendant vis-à-vis des USA, être active sur le désarmement multinational. La politique extérieure doit se fonder sur le droit international pour la résolution des conflits.
Au Proche-Orient l’Europe engagera tous les moyens à sa disposition pour faire respecter le droit imprescriptible du peuple palestinien à un état souverain et démocratique dans les frontières de 1967.
A l’opposé de l’ « Europe Forteresse » actuelle, les droits des migrants (droit d’asile, droit à la scolarisation, droit au travail, …) seront respectés ;
Une politique de solidarité et de coopération sera mise en place avec les différentes régions du monde. Avec l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, le Proche-Orient, l’Europe de l’Est de nouvelles relations seront établies sur un pied d’égalité et non dans le cadre d’accords de libre-échange.
L’Europe soutiendra les révolutions citoyennes qui ont mis à bas des régimes autoritaires.
Résumé par Alain DAVID
P.S. : le document du FdG est bien plus riche et plus détaillé. On peut se le procurer auprès des différentes composantes
Pour le PCF : 2, petite rue de Callac 29600 MORLAIX
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