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14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 06:26

L'HUMANITE

Mercredi 10 Février

Notre modèle d'agriculture est-il à bout de souffle?

MOBILISATIONS PAYSANNES, ABUS DANS LA GRANDE DISTRIBUTION...

LA CONCURRENCE DU LIBRE MARCHÉ ÉRIGÉE EN DOGME

Jean MOUZAT – Président du MODEF national

Nous connaissons depuis plusieurs années une crise agricole sans précédent. Nous sommes à la croisée des chemins entre un système agricole libéral, basé sur des fermes-usines appartenant à des investisseurs extérieurs qui ont pour but de casser les coûts de production pour augmenter la charge de travail des agriculteurs, et un système agricole familial, basé sur des exploitations à taille humaine où les agriculteurs sont maîtres de leur outil de production et s'insèrent dans la vie d'un territoire.

L'élément clef entre ces deux systèmes est le prix. Voulons-nous que les agriculteurs puissent vivre de leur travail en obtenant un prix qui les rémunère ou cherchons-nous à ce que les agriculteurs s'adaptent à un marché mondial ultralibéral qui fait la course au moins-disant ?

Sans vision sur l'avenir proche, nombre d'exploitants familiaux cessent leur activité. Selon la MSA, en 2014, le nombre de départs d'exploitants en retraite anticipée (qui font valoir leurs droits avant de pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein) a bondi de 25 % en moyenne. On peut imaginer que, en 2015, ce mouvement s'est accéléré, tout comme les cessations d'activité d'exploitants plus jeunes qui rejoignent les rangs des demandeurs d'emploi. Aujourd'hui, les agriculteurs sont unanimes et demandent des prix rémunérateurs, comme le revendique le Modef depuis des décennies. La PAC 2014-2020 a abandonné, a démantelé la quasi-totalité des outils de régulation des prix et des marchés, au nom du libre marché et de la libre concurrence. Or, pour agir sur les prix, il faut enfreindre les règles de la libre concurrence et du libre marché érigées en dogmes car le libre marché est incompatible avec la production agricole: sur les marchés à terme, moins de 3 % des contrats aboutissent à une transaction physique. La spéculation boursière sur les matières premières agricoles a pris le pas sur les marchés physiques, il n'est plus un indicateur fiable. Le marché réagit à la vitesse des liaisons Internet. La production a des contraintes de saison, de durée de culture ou d'élevage, de capacité des sols à produire, de maturité... L'agriculture n'est pas une usine où on peut appuyer sur un bouton pour augmenter ou ralentir la cadence de production. L'exemple de la crise de la grippe aviaire est saisissant. La mise en place d'un vide sanitaire de 21 jours a pour effet de cesser la production de foie gras durant plus de 120 jours. Les produits agricoles sont des produits stratégiques puisqu'ils sont destinés à satisfaire les besoins vitaux des êtres humains. Pour un pays, maîtriser son alimentation est une garantie d'indépendance. Le marché est dirigé par les multinationales de l'agroalimentaire et de la grande distribution. Du fait de leur taille et des volumes traités, elles imposent aux exploitants leurs prix et leurs conditions d'achat.

La table ronde de juin 2015 initiée par le ministre de l'Agriculture s'était conclue par un accord sur des augmentations de prix. Mais, sitôt l'accord obtenu, les acteurs de la filière, à tour de rôle, déclaraient au fil des jours qu'ils ne le respecteraient pas. Ainsi est démontré qu'il est complètement illusoire de compter sur la solidarité de la filière pour obtenir un juste partage des marges. Le plan de sauvegarde de l'élevage mis en œuvre par le gouvernement était nécessaire pour passer le cap de l'année dans l'attente d'un redressement des cours. Mais ces aides, aussi importantes soient elles, ne règlent pas le problème de fond qui est celui du prix. Le gouvernement français, s'il veut qu'il y ait encore demain une agriculture diversifiée, riche en emplois, répartie sur le territoire national, n'a pas d'autre choix que de prendre des mesures de sauvegarde de notre agriculture. Il faut obtenir du Conseil européen et de la Commission une exemption des règles de la libre concurrence pour les produits agricoles afin de pouvoir réguler le prix.

MOBILISATIONS PAYSANNES, ABUS DANS LA GRANDE DISTRIBUTION...

L'AGROBUSINESS SE PORTE BIEN, TRÈS BIEN MÊME

Laurent PINATEL – Porte parole de la confédération paysanne

Et si on arrêtait de prendre les paysans pour des imbéciles? Oui, notre modèle agricole est à bout de souffle. Alors pourquoi vouloir le cacher? Y aurait-il des intérêts supérieurs au devenir des paysans qui justifieraient qu'on continue cette course vers toujours plus de litres de lait par vache, plus de kilos de viande par animal, plus de quintaux de céréales par hectare? Et toujours moins de paysans et de paysannes...

Dans les années 1960, les politiques publiques ont encouragé les paysans à produire plus pour nourrir une Europe balbutiante et pas encore autosuffisante. Bons élèves, les travailleurs de la terre ont rapidement atteint les objectifs : produire plus, moderniser, agrandir les fermes... et mettre en place un transfert de main-d’œuvre de la campagne vers la ville. Si la modernisation a d'abord fait du bien dans les fermes (il y a peu de regrets aujourd'hui pour la traite ou la fauche à la main), elle s'est ensuite emballée au point de créer une rupture entre le paysan et son métier. Le système libéral a profité de ces moyens mis à disposition pour la nécessaire modernisation de l'agriculture pour financiariser le secteur et priver les paysans de l'exercice même de leur métier. Depuis des décennies, on promet un métier moins harassant physiquement, des récoltes plus sûres, des débouchés assurés, mais à une condition: il faut investir, moderniser, industrialiser en fait... inexorablement. Nous devons acquérir du matériel, des semences, des engrais, des pesticides, passer des contrats, et aller voir la banque, souvent, trop souvent... Mais nulle inquiétude à avoir, tout devait bien se passer...

Pourquoi avoir menti à ce point ? Pourquoi industriels et pouvoirs publics se sont-ils donné la main pour s'assurer de la disparition de centaines de milliers de paysans ? Ce processus d'industrialisation de l'agriculture s'est déroulé dans un cadre de cogestion de l'agriculture par la FNSEA et le ministère, et le pluralisme syndical instauré dans les années 1980 n'y a rien changé. Rendez-vous présidentiel à la veille des annonces sur la politique agricole commune, rallonge au plan de soutien à l'élevage annoncée sur le perron de Matignon... Les exemples ne manquent pas ces dernières années où Xavier Beulin, président de la FNSEA, semblait prendre les décisions pour l'avenir de l'agriculture, ou du moins les souffler sans discrétion aucune aux oreilles de nos dirigeants. Mais souffle-t-il des demandes pour l'avenir des paysans, ou pour l'avenir de son business, lui le président de Sofiprotéol-Avril ?

Tout le secteur agricole n'est pas en crise aujourd'hui. L'agrobusiness se porte bien, très bien même. Nous vendons des semences au monde entier, nous exportons du lait en Chine et de la viande en Turquie, et notre gastronomie est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité ! En fait, tout va bien, sauf pour les paysans qui disparaissent, sauf pour l'alimentation qui se dégrade, sauf pour les territoires qui se vident, sauf pour les sols qui s'épuisent, sauf pour le climat qui se dérègle. On s'est servi des paysans pour faire de l'agriculture un énorme business rentable, un de ceux avec lequel on peut se battre contre des superpuissances en négociant des accords de libre-échange. Maintenant, on n'a plus besoin de paysans, juste de travailleurs à façon pour l'agro-industrie. Mais, on peut encore se battre, les pouvoirs publics peuvent encore prendre leurs responsabilités pour renverser la balance, les citoyens peuvent se mobiliser pour leur alimentation. Nous n'avons pas besoin de milliards en plus pour stopper la crise et l'empêcher de se reproduire, nous avons besoin d'une réelle politique agricole et alimentaire. L'agriculture n'est pas l'affaire des paysans face aux agrobusinessmen. C'est une affaire de démocratie.

MOBILISATIONS PAYSANNES, ABUS DANS LA GRANDE DISTRIBUTION...

UN VASTE PLAN SOCIAL QUI N'EN PORTE PAS LE NOM

Xavier COMPAIN

Membre du Conseil National du PCF chargé de l’agriculture

Un mois que les éleveurs français mobilisés expriment leurs colère et inquiétudes. Un vaste plan social qui n'en porte pas le nom guette les producteurs et plus globalement l'élevage français. Le diagnostic est connu, démantèlement des outils de régulation, libéralisation des marchés, dumping social, concentration de l'agriculture au profit des géants de l'agroalimentaire et de la grande distribution. Faute d'affronter le sujet de prix agricoles rémunérateurs, comme celui des travailleurs détachés en Europe, les mesures gouvernementales de l'été dernier n'auront été qu'incantatoires ! C'est donc vers un autre chemin, celui du progrès humain, de l'appropriation sociale, des biens communs, qu'il faut faire route à gauche et avec courage. Face aux défis est posée l'émergence d'un nouveau mode de développement social et écologique. L'enjeu alimentaire interpelle nos civilisations.

Notre combat est celui d'en finir avec la faim. Notre croissance est celle d'un développement en faveur d'une alimentation de qualité, saine et accessible à toutes et tous, assise sur des productions relocalisées. Pour répondre au défi climatique, un nouveau modèle agricole, rémunérateur pour ces travailleurs, doit promouvoir la valorisation, la transformation et la vente au plus près des consommateurs. À tous les niveaux, monde, Europe, France, les politiques agricoles et alimentaires doivent planifier la production, se réapproprier la régulation des marchés et accompagner la transition écologique de l'agriculture. En France, repenser le territoire est devenu indispensable. À l'inverse des logiques capitalistes actuelles qui concentrent et marginalisent, la ruralité doit devenir attractive. Il est urgent de réinvestir les départements ruraux en faisant le pari de l'agriculture paysanne, de la pêche artisanale, de l'artisanat, du développement des savoir-faire. Le redéploiement du transport et de services publics au service des territoires et populations en est la condition. Les communistes font des propositions dans leur texte de projet intitulé « La France en commun ». À travers une série de chantiers prioritaires, nous tentons de dire ce qu'il nous semble essentiel de porter, de confronter, et devrait s'engager en actions de gouvernement de gauche. En ce sens, nous voulons reconstruire une production nationale qui réponde aux besoins. Nous proposons la création de fonds au soutien de l'agriculture paysanne, aux filières alimentaires relocalisées, à l'installation de jeunes paysans, à la transition écologique du modèle de production agricole.

Ces mesures sont pour nombre d'entre elles au cœur des programmes, mandatures des élu(e)s PCF. Il nous est posé l'exigence de vulgariser ces expériences de relocalisation menées, de développer les ventes paysans/consommateurs aux prix justes, montrer comment nous sommes écocommunistes en partant de l'alimentation et du projet agricole que nous proposons.

Avec « la France du commun », ces mesures d'urgence, si nous étions en responsabilité dans un gouvernement de gauche, font écho dans l'actualité. Parce que nous sommes communistes, nous ne remettons pas à demain pour (tout) changer mais voulons agir dès maintenant dans l'intérêt général. En effet, la proposition de loi déposée en septembre 2015 par nos parlementaires est à disposition pour apporter de vraies solutions aux éleveurs. Nous proposons de légiférer sur la réduction des marges et pratiques abusives dans la grande distribution. Les prix agricoles doivent faire l'objet de négociations annuelles et pluralistes à travers des conférences sur les prix. L'indication d'origine des produits agricoles et de la mer, transformés ou non, doit être appliquée. Face aux crises climatiques et sanitaires, les activités du vivant doivent être protégées par un régime mutuel. Pour affirmer sa souveraineté alimentaire, l'Europe doit se doter d'outils de gestion, réaffirmer le besoin de planification (stocks de sécurité alimentaire), mettre en place des prix indicatifs, conquérir de nouveaux droits sociaux pour les travailleurs de l'agriculture. Ce qui sera au cœur des batailles et initiatives menées en 2016 avec le Parti de la gauche européenne. Oui, un nouveau modèle agricole est possible. Intervention populaire, renforcement et convergence des luttes, conquête électorale et majorité d'idées sont les conditions de son émergence.

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14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 05:15
Dominique Cap (photo Le Telegramme) Plougastel-Daoulas va t-il changer de Cap?

Dominique Cap (photo Le Telegramme) Plougastel-Daoulas va t-il changer de Cap?

Des notes de frais suspectes

12 février 2016 - Hervé Chambonnière

Au cœur de la plainte, des frais de bouche et d'essence de la mairie jugés suspects par un habitant de Plougastel. Dominique Cap (ci-contre) dénonce de son côté une « vengeance politique » et menace de porter plainte à son tour.

« Détournements de fonds publics ».

C'est l'accusation que lance à Dominique Cap, maire de Plougastel-Daoulas et président des maires du Finistère, un contribuable qui a épluché les comptes de sa commune. Après plusieurs classements sans suite, une nouvelle plainte a été déposée.

Cinq années de frais de bouche de la mairie de Plougastel-Daoulas, entre 2008 et 2013, passées au peigne fin. Et, au final, 79 factures jugées « suspectes », pour un montant total qui pourrait avoisiner les 6.000 €.

C'est ce qu'assure Bernard Mahéo, contribuable de cette commune de 14.000 habitants de l'agglomération brestoise, et membre de l'association Anticor qui milite pour l'éthique en politique. Ce « retraité actif », comme il se définit, a déposé une plainte contre X, avec constitution de partie civile pour « détournement de fonds publics », le 29 janvier dernier.

Mister Freeze et Saint-Valentin

« Les dates de ces repas, des jours fériés, le week-end ou tard en soirée, ou encore la nature des plats, ont de quoi intriguer », relève l'avocat du plaignant, Me David Rajjou. Parmi eux, un repas avec un autre maire un soir de Saint-Valentin, des glaces pour enfants Mister Freeze lors d'un déjeuner dominical avec des élus d'une autre commune, ou encore des tarifs trahissant, selon lui, des menus enfants.

Le plaignant suspecte également des frais d'essence indus. « La voiture du maire a un réservoir de 60 litres de gazole. Plusieurs notes indiquent des pleins supérieurs à cette capacité, ou pour de l'essence ! ».

« Des erreurs »

Pointé du doigt, le maire divers-droite Dominique Cap réplique : « Pour les pleins, il s'agit d'erreurs commises par mes services techniques. Pour le reste, j'ai pu moi-même me tromper. Je rédige mes notes de frais très tardivement et parfois je ne sais plus avec qui j'ai déjeuné ou dîné ».

Le maire fait également valoir qu'une enquête de la police a déjà conclu « qu'il n'y avait rien » et que le parquet de Brest a classé deux plaintes sans suite. Le parquet a effectivement rejeté un signalement et une plainte, après avoir déclenché une enquête de police judiciaire qui « a démontré que les faits n'étaient pas établis ».

Dans une analyse juridique différente de celle portée par Me Rajjou, le parquet ajoutait que les faits, « à les supposer avérés », seraient dans leur quasi-totalité prescrits (trois ans). « J'ai eu le plus grand mal à obtenir les documents publics pour les années 2008 à 2013, plaide Bernard Mahéo. Et nous allons enfin bientôt recevoir les notes de frais de l'année 2014 ».

Au moins huit maires contestent

Le maire de Plougastel dénonce de son côté une « vengeance politique », et menace de porter plainte à son tour : « J'ai écarté M. Mahéo de la gestion d'un port de la commune, il y a quelques années et, depuis, il ne cesse de vouloir m'abattre. Quant à son avocat, il était sur une liste d'opposition aux dernières élections municipales de Plougastel-Daoulas ».

« Ce stratagème de défense est grossier, rétorque l'avocat. Je n'étais pas en position éligible sur cette liste sans étiquette, et je ne mélange pas les genres. Je ne m'intéresse qu'aux faits. Il n'y a pas eu de vraie enquête. C'est mon client qui a dû mener ses propres investigations. Et plusieurs maires lui ont indiqué qu'ils n'avaient pas rencontré Dominique Cap. Ces nouveaux éléments ont été portés à la connaissance du parquet dans la nouvelle plainte que nous avons déposée le 29 janvier ».

Le Télégramme a pu consulter trois réponses écrites d'élus de communes finistériennes et d'un autre département breton, adressées au plaignant, certifiant qu'ils n'avaient pas partagé les repas mentionnés par Dominique Cap. Nous avons également sollicité cinq autres élus mentionnés dans les notes de frais contestées. Tous réfutent leur présence aux repas en question. Plusieurs, que la police judiciaire n'a manifestement pas interrogés, ont depuis officiellement signalé les faits aux services locaux de police et de gendarmerie.

La plainte avec constitution de partie civile pourrait déboucher sur l'ouverture d'une information judiciaire. Entre les mains du doyen des juges d'instruction de Brest, cette décision ne devrait pas, selon nos informations, intervenir avant quinze jours.

© Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/bretagne/justice-des-notes-de-frais-suspectes-12-02-2016-10955267.php

Dominique Cap visé par la plainte d'un contribuable (Ouest-France)

Dominique Cap visé par la plainte d'un contribuable (Ouest-France)

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 09:03
Jean Gadrey - Portrait Alter eco plus

Jean Gadrey - Portrait Alter eco plus

Voici une tribune que nous a signalée notre camarade Jean Dréan qui montre bien que la réduction du chômage n'est qu'affaire de volontarisme politique et de renonciation aux politiques libérales de préservation des intérêts de la finance pour mettre l'humain au centre des choix économiques. Seul le peuple peut imposer cette réorientation.

Contre le chômage, "ils" essaient tout sauf... ce qui le réduirait vraiment. La raison est simple: "Ils" restent dans la logique de la mondialisation néolibérale, de la course effrénée à la compétitivité par les bas coûts salariaux et les bas coûts de l'Etat, de l'austérité pour le plus grand nombre.

Cette course est un mauvais jeu à somme négative pour l'emploi, et même les pays ou le chômage semble faible voient croître la pauvreté salariale et la pauvreté tout court, parce qu'on y encourage les petits et mauvais boulots en détruisant des protections sociales.

On peut pourtant créer et sauvegarder des millions d'emplois utiles et décents en France dans la période à venir en menant des politiques réalistes, répondant aux besoins urgents, pour lesquelles les moyens existent, sans qu'il y ait besoin d'attendre pour cela le retour d'une croissance qui ne reviendra probablement pas, ou seulement à de faibles niveaux. Plusieurs volets doivent être combinés, chacun correspondant à un potentiel d'emplois utiles.

Le premier est celui des besoins de services du bien-vivre associés à des droits actuellement en deshérence: pour les personnes âgées ayant besoin d'accompagnement, pour la petite enfance, pour les personnes handicapées, pour l'éducation, la santé, la culture et les services publics qui souffrent de l'austérité alors que l'évasion fiscale fait perdre chaque année des dizaines de milliards d'euros aux recettes publiques.

Le second volet est celui de la RTT sans perte de revenu pour 90% des personnes: le partage du travail lié à celui des revenus (la réduction des inégalités). Pas seulement la réduction hebdomadaire (par exemple les 32 heures), mais aussi la RTT tout au long de la vie. Le mouvement historique de RTT a permis dans le passé de créer ou sauvegarder des millions d'emplois. Si on en était encore aux 1900 heures moyennes annuelles des années 1960, on aurait environ 5 millions de chômeurs s'ajoutant aux 5 millions actuels! Or, ce mouvement historique a pris fin en 2002, ce qui a amplifié la hausse du chômage.

Le troisième volet est celui des emplois d'une transition écologique socialement juste. On commence à disposer de scénarios solides. L'enjeu, de type humanitaire, est urgent, pour le climat, la biodiversité, etc. Des centaines de milliers d'emplois, dans leur grande majorité non délocalisables, peuvent - et doivent - être ajoutés pour y faire face.

Dans l'agriculture et dans l'industrie, la chute dramatique des emplois depuis plusieurs décennies pourrait être stoppée ou au moins fortement ralentie si le productivisme était battu en brèche au bénéfice d'une transition vers la qualité et la soutenabilité écologiques, si cette transition s'appuyait sur une sécurité sociale professionnelle, et sur un vrai droit de préemption des salariés lorsque le capital déserte des entreprises viables. Lorsqu'on fait le bilan chiffré de ces volets de création et sauvegarde d'emplois répondant à des besoins d'avenir, on s'aperçoit, comme nous avons pu le faire dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie dans un "manifeste" pour l'emploi, que le chômage pourrait être réduit d'un tiers en 5 ans et de plus de la moitié en 10 ans.

Cela implique toutefois d'en finir avec une politique économique plus ou moins dictée par le Medef et les lobbies bancaires.

Pour aller plus loin, le blog de Jean Gadrey: http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 08:40

VŒUX DES ELUS COMMUNISTES ET DE PROGRES 2016

Chers amis, chers camarades,

Nous sommes très heureux de vous accueillir ce matin pour vous présenter les vœux des élus communistes et de progrès. Nous sommes certainement les derniers à le faire et il nous semblait important de nous retrouver dans cette Maison du Peuple, lieu ô combien symbolique en ces temps de crises, de renoncements et de luttes nécessaires, en ces temps où des syndicalistes sont poursuivis pour avoir défendu leur emploi, ou des syndicalistes sont condamnés à de la prison ferme pour 30 h de séquestration et alors même que la direction avait retiré sa plainte. Alors oui, notre place est aujourd’hui ici.

La tradition veut que je vous adresse tous nos vœux de bonheur et je le fais avec beaucoup de sincérité. Saint-Just, pendant la révolution française, disait que le bonheur était une idée neuve en Europe. Il semblerait qu’il reste encore à conquérir.

L’année 2015 s’est ouverte dans une tragédie et s’est terminée dans un bain de sang. C’est sans regret que nous lui tournons le dos. C’est sans regret que nous tournons le dos à une année qui a vu un gouvernement se disant de gauche concrétiser les rêves de la droite : 40 milliards pour des patrons qui n’ont pas créé d’emplois, le travail du dimanche, l’allongement de l’âge de départ à la retraite, le pilonnage du code du travail, la criminalisation de l’action syndicale, 8 millions de pauvres, des millions de mal-logés, un chômage qui ne fait que croître et des chômeurs montrés du doigt…. La liste est longue, trop longue pour que j’en fasse l’énumération ici.

C’est sans regret que nous tournons le dos à cette année terrible où la violence terroriste a semé la terreur sur notre territoire mais aussi au Liban, en Turquie, en Afrique. En ce début d’année 2016, nous devons avoir les yeux ouverts sur la réalité du monde. La France peut sortir de cette épreuve par le haut en s’appuyant sur les valeurs de la République. Notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité » ne doit pas être qu’un slogan. Ses valeurs doivent s’incarner dans un Etat de droit et de justice plutôt que dans les politiques d’exception.

Ses valeurs doivent s’incarner dans le message que la France doit délivrer au monde en étant aux côtés des Kurdes, des Palestiniens, des démocrates de Turquie et d’Israël, des centaines de petits Aylan qui se noient en Méditerranée… Ses valeurs s’incarnent dans la solidarité avec les réfugiés qui fuient la guerre et l’obscurantisme.

La Liberté, ce n’est pas l’inscription de l’état d’urgence dans la constitution.

La Fraternité, ce n’est pas Calais ou Grande Synthe.

L’Egalité, ce n’est pas la déchéance de nationalité. Que l’on soit né de parents d’ici ou d’ailleurs, le droit du sol fait que nous sommes tous filles et fils de France. Nous devons refuser et lutter contre tout ce qui nous divise et sème la suspicion. Ce serait donner raison aux terroristes. La République est grande lorsqu’elle protège l’ensemble de ses enfants. Pas lorsqu’elle crée un statut de citoyen de seconde zone.

Dans ce contexte, les communistes ont, plus que jamais, un rôle à jouer. C’est ce que les élus communistes font sur le territoire métropolitain, à Brest et au Relecq Kerhuon. Tout en dénonçant la baisse des aides de l’Etat et la politique gouvernementale qui tourne le dos aux promesses du candidat Hollande, les élu-e-s sont dans les majorités municipales pour être forces de propositions.

Eric Guellec, tout d’abord, notre vice-président chargé de la mise en œuvre de la politique de proximité territoriale. Vous savez, celui qui est chargé de resserrer les liens au sein du territoire métropolitain en améliorant la collaboration entre les quartiers, les communes et la métropole. Une politique de proximité qui touche les domaines de la voirie, des déplacements, des espaces verts et de l’écologie urbaine et qui assure un service public de qualité.

Gaëlle Abily, adjointe chargée des affaires culturelles à Brest. Parce que la culture est au cœur du vivre-ensemble, elle inscrit la ville de Brest, et au-delà la métropole, dans une dynamique culturelle durable et structurante avec le plateau des Capucins et sa médiathèque, les fêtes maritimes, l’obtention du label « Brest ville d’art et d’histoire » ainsi que l’organisation de nombreux festivals. Les nombreux équipements (Le Quartz, la Maison du théâtre, le Mac Orlan, le centre d’art Passerelle…) participent au rayonnement métropolitain.

Jacqueline Héré, adjointe sur le quartier de Bellevue, suit, en concertation avec la population, des projets destinés à améliorer le quotidien des habitants. L’agence nationale de rénovation urbaine a reconnu le quartier de Bellevue comme quartier d’intérêt national. L’année 2016 sera mise à profit pour travailler en concertation avec les habitants sur le Bergot et le centre commercial Bahamas, mais aussi plus largement sur Bellevue avec l’aménagement de certains espaces publics ou équipements publics.

Claude Bellec, elle, poursuit le travail entamé en 2015 sur le projet d’épicerie solidaire, projet qui a pour but de venir compléter les dispositifs d’aide alimentaire aux personnes en situation de précarité. A Brest métropole habitat, elle continue à œuvrer afin de permettre l’accès à l’habitat social pour une population dont les besoins en termes d’hébergement, de logement, sont de plus en plus pressants.

Au niveau de la métropole, l’action des élu-e-s communistes s’est faite sur l’accord, pendant ce nouveau mandat, de ne pas augmenter la pression fiscale. Nous serons attentifs aux politiques contractuelles menées. Nous pouvons citer, sans être exhaustifs, la tarification sociale de l’eau, les renouvellements de délégations de services publics de la restauration en 2017 et des transports en commun en 2018. Certaines de nos propositions ont été entendues, comme le titre intermédiaire TANGO chez Bibus et la desserte des nouveaux quartiers. D’autres, comme l’évolution de la taxe sur les hôtels et campings « grand standing », par exemple, n’ont pas encore trouvé l’écho escompté. Mais nous ne désespérons pas d’y arriver….

Nous réagissons également sur l’approche et le traitement de certains dossiers comme la baisse des subventions aux équipements de quartiers et aux associations. L’échange et le dialogue doivent prévaloir afin d’arriver à un accord et ainsi, permettre aux structures qui s’engagent dans la ville de continuer à créer du lien social et développer des actions innovantes reconnues sur notre territoire.

Vous le voyez, nous sommes attachés à être utiles, à travailler dans l’intérêt collectif. Nous poursuivrons avec détermination.

Cette année, nous fêterons les 80 ans du Front Populaire et les 70 ans de la mise en œuvre du programme du Conseil National de la Résistance. Profitons-en pour rappeler que la volonté et l’unité peuvent, malgré la crise, faire bouger des montagnes. Philippe Torreton, en réponse à Manuel Valls, écrivait dans l’Humanité : « Nous allons nous battre, nous autres les égarés, car notre espoir est grand et nos valeurs sont grandes… Notre espoir, cela pourrait être le nom de notre rassemblement, le nom de ce déclic salutaire du peuple de gauche. »

Il a raison. Il n’y aura d’avenir que si nous élargissons le cercle de ceux aux côtés de qui nous réaffirmerons nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Puisons nos forces dans le partage de nos valeurs humanistes, dans l’internationalisme, dans nos combats et nos résistances.

2016 devra être une année de luttes. Qu’elles nous apportent, qu’elles vous apportent, chers amis, chers camarades, bonheur et dignité.

Voeux des élus communistes et de progrès de la métropole brestoise: discours d'Isabelle Mazelin
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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 08:12
Paris - Le Parti communiste a dénoncé vendredi la disparition d'un secrétariat d'Etat aux Droits des femmes à part entière, désormais rattaché au ministère de la Famille et de l'Enfance à l'occasion du remaniement ministériel de jeudi.

Dans un communiqué, le PCF a qualifié cette nouvelle appellation de "goutte d'eau supplémentaire contre les droits des femmes et de faute politique". "Comment le gouvernement peut-il renoncer à l'égalité pleine et entière des femmes dans tous les domaines de la vie '" s'est interrogé le parti.

"Après avoir en début de quinquennat créé un ministère des Droits des femmes, de plein exercice, puis avoir au milieu de mandat réduit ce ministère à un secrétariat d'État, voici à présent le retour des stéréotypes les plus rétrogrades", a fustigé Laurence Cohen, responsable nationale Droits des femmes/féminisme du PCF, qui signe le communiqué.

"Le champ de la famille et de l'enfance est-il donc définitivement et exclusivement l'apanage des femmes'" a-t-elle demandé, s'indignant d'un "retour en arrière" et d'un "affront fait aux femmes".

"À quelles sirènes le gouvernement est-il sensible, si ce n'est à celles des partisan-e-s de la manif pour tous '" a-t-elle regretté.

Le PCF a averti: "À quelques semaines du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, les communistes continueront à montrer que les combats féministes sont toujours d'actualité".

Jeudi, l'ex-ministre communiste des Sports Marie-Georges Buffet s'était déjà émue sur Facebook: "On croit rêver", avait-elle écrit après l'annonce du remaniement ministériel.

La députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet a également dénoncé le rattachement du secrétariat d'Etat aux Droits des femmes à la Famille et à l'Enfance: "Création d'un ministère de la Famille de l'Enfance et des Droits des femmes: Hollande a oublié la couture et le repassage", a-t-elle ironisé dans un tweet.

(site Internet de l'express)

le communiqué complet de Laurence Cohen, pour le PCF:

Ministère Droits des femmes, Famille et Enfance : renoncements et stéréotypes !

Goutte d’eau supplémentaire contre les droits des femmes et faute politique ! Comment le gouvernement peut-il renoncer à l'égalité pleine et entière des femmes dans tous les domaines de la vie? Après avoir en début de quinquennat, créé un ministère des Droits des femmes, de plein exercice, puis avoir au milieu de mandat, réduit ce ministère à un secrétariat d’État, voici à présent le retour des stéréotypes les plus rétrogrades.

Droits des femmes = famille = enfance ! Le champ de la famille et de l’enfance est-il donc définitivement et exclusivement l’apanage des femmes ? Quel retour en arrière, quel affront fait aux femmes qui luttent au quotidien pour changer la société, pour en finir avec le patriarcat. À quelles sirènes le gouvernement est-il sensible, si ce n'est à celles des partisan-ne-s de la manif pour tous ?

À quelques semaines du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, les communistes continueront à montrer que les combats féministes sont toujours d’actualité, pour libérer la société des aliénations qui empêchent l’émancipation humaine.

Laurence Cohen, responsable nationale Droits des femmes/féminisme du PCF

Laurence Cohen, sénatrice communiste, animatrice du pôle égalité femmes-homme

Laurence Cohen, sénatrice communiste, animatrice du pôle égalité femmes-homme

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 08:02

La gauche ? Son futur vient de loin

Le capitalisme agressif et destructeur. Boursouflée de profits, la finance internationale tente d’imposer dans le dos des peuples le TAFTA ou TTIP. Ce partenariat de commerce et d'investissement entre les Etats-Unis et l’Europe ambitionne d’anéantir les velléités de souveraineté, d’émancipation et d’indépendance des peuples. Aux prises avec leurs contradictions, les Occidentaux otanisés poussent leur agressivité jusqu’à l’horreur. Ils bombardent ou laissent bombarder (Syrie) à tous vents. Au nom de la protection de « nos intérêts vitaux », ils se partagent les espaces pour l’exclusive jouissance des super-milliardaires, néo-colonialistes, nationalistes et autres dictateurs. Des kilomètres de murs, de barbelés et de portails sécuritaires sont érigés. Le « Non » rejette le traité établissant une Constitution pour l'Europe au référendum du 29 mai 2005 ? Le Traité est signé. Puis, familier des reniements et remaniements, François Hollande entérine les désiratas de la finance internationale prédatrice… Libéraux et prédicateurs assènent « libérons l’entreprise, l’époque a changé ». Grassement appointés, experts, idéologues et médias veulent achever le droit au travail, le code du travail, la sécurité sociale, l’école laïque, la démocratie, la paix. Après les avoir créés, les supermultinationales entretiennent le chômage de masse et « la dette ». A leurs bottes, leurs valets exacerbent le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. « Ils » inventent l’islamophobie dans le but de dresser leurs victimes « les unes contre les autres ». Macronisés, leurs commis d’Etat rabaissent les Services publics, éducation, formation, santé, transport, logement, le sport et la culture, au rang des marchandises. Au diable les besoins et aspirations des classes populaires, la loi du profit et du marché est leur seule boussole. Vive le commerce des armes. Les guerres d’assaut deviennent un marché en rafales. « Ils » nourrissent leur domination de l’instrumentalisation des peurs, violences et terrorismes. Dotés d’un outillage sophistiqué, les services de renseignements justifient les guerres et interventions policières en voie de privatisation. Politique canonnière, état d’urgence, surveillance et destruction sociale confortent l’exploitation et l’oppression de l’immense majorité par une infime minorité. Mondialisation capitaliste, désenchantement européen, technologie et automatisation engendrent l’accroissement des inégalités et génèrent une anxiété massive et de dangereux « replis ».

La force motrice de la transformation ? En 2007, Marie George Buffet recueille l’insignifiant 1,93% aux présidentielles. Les législatives sont à peine moins moches. A la Libération, le PCF recueillait 28,6% aux législatives de 1946 ! Le Front de Gauche surgit des phénomènes qui ont conduit à l’échec. Donc, apparition du Front de Gauche en janvier 2009. Ses initiateurs rassemblent les militants au Zénith. L’appel du PCF, du Parti de Gauche et de la Gauche unitaire est entendu. Après son relatif succès aux présidentielles de 2012, le Front de Gauche patine et ne parvient pas à ouvrir une perspective de transformation favorable à l’engagement du monde du travail et du peuple. Las, les mauvaises régionales à peine digérées, les regards empressés se tournent vers les échéances électorales de 2017. Cela, sans avoir pris le temps d’analyser les causes de la panne endémique. A la vérité, les composantes du Front de Gauche ne professent ni la même conception ni le même processus à développer. Ses fondateurs vivent le FdG comme un cartel électoral susceptible de conforter leur propre existence tandis que nombre de leurs partenaires le vivent comme un pas vers la création d’une « nouvelle force politique motrice ». Historiquement, la gauche s’est déployée à partir d’un courant réformiste et d’un courant révolutionnaire. Ces deux courants sont eux-mêmes traversés par diverses « écoles de pensée ». Depuis le siècle dernier, le Parti communiste incarnait le courant révolutionnaire. Cette phase est-elle achevée ? Cette question doit s’inscrire dans le débat. Si la « gauche » est au plus mal, ses deux courants, réformiste et révolutionnaire, continuent d’irriguer le peuple déçu, sceptique et plus que désorienté. Il se sent bafoué par les dominants du Parti socialiste convertis au libéralisme. Porosité de la vie oblige, le courant révolutionnaire pâtit lui-même de cette conversion. D’autant qu’il vasouille depuis longtemps et qu’il ne parvient pas à se constituer en force motrice, dynamique, autonome, créatrice, unitaire et attractive. Sa (re)constitution ne serait-elle pas la tâche prioritaire de notre temps ? A cette étape, le Front de Gauche génère toujours de l’espoir. L’éclosion du nouveau surgira de la convergence « des luttes et mouvements sociaux et de l’action politique ».

Les classes populaires ? Les chômeurs et précaires, les salariés en sursis ne supporteraient pas « les parlotes des politiques de tous bords ». Les jeunes adeptes du système D, « un p’tit job et un p’tit truc à côté », n’y croiraient pas davantage. Aussi, les diagnostics, thèses et hypothèses des penseurs, marxistes et amis, demeurent à « exploiter ». Les solutions se nichent dans un va-et-vient dynamique avec le salariat et le peuple. Elles se nichent dans une transformation radicale de nos pratiques trop souvent conduites d’en haut. Les primaires à gauche ? Riposte positive ou complaisance au système ? Rustine démocratique, compassion culpabilisatrice ou exclusion du peuple lui-même ? Un peu de tout ça ? Avons-nous essayé l’essentiel ? Non. C’est pourquoi vit l’espoir. Pain, liberté, paix, ce triptyque a fondé les combats populaires et démocratiques. Bizarrerie, la COP21 n’inscrit pas les activités des forces armées, guerres, essais nucléaires, militarisation des économies, dans les causes de la détérioration des écosystèmes et du déréglement climatique. Pour le poète, « il n’y a pas de modèle pour qui cherche ce qu’il n’a jamais vu ». Certes, mais nous ne partons pas du néant. Fussent-elles perfectibles, les analyses des avancées et échecs, les expériences sociales et démocratiques, les « connaissances scientifiques » des évolutions du monde sont disponibles. La difficulté à surmonter réside dans leur mise en cohérence politique.

La prise en compte de tous les phénomènes est l’art de la politique. La reconnaissance de la complexité ne signifie nullement l’acceptation du réel, tel qu’il est, ad vitam aeternam. C’est l’inverse. Le réel ? La politique invite à dénouer ses fils enchevêtrés. La dialectique et le mouvement contre le binaire et ses platitudes. Le combat de la Grèce le confirme, plus d’épines que de roses bordent la route du changement. Pourtant, si le capitalisme phagocyte la société, il n’est pas toute la société. Entravée, elle développe de l’espérance. Le capitalisme étant inamendable, il s’agit de créer le nouveau rapport de forces susceptible d’ouvrir le processus « démocratique-révolutionnaire », souhaitable et libérateur. Nous apprenons des échecs ? Apprenons des réalisations moins visibles des producteurs, créateurs et gens de peu. Inventons une autre dimension conceptuelle du « communisme vivant et de nouvelle génération ». Valorisons l’émancipation, expérimentons l’appropriation sociale et démocratique des leviers économiques, partageons les savoirs. Faisons vivre l’égalité, la citoyenneté, la solidarité et la démocratie sur le terrain, à tous les niveaux et dans les entreprises. Changeons d’échelle, de visée et de méthodologie. En recherche, la proposition de transformation sociale, démocratique et écolgique, est vivante. Pas à pas, elles retrouvera sa crédibilité pour peu qu’elle soit, d’abord, l’œuvre des premiers intéressés eux-mêmes. Laissons les remaniements de la soumission, les coups et opérations médiatiques aux guides et rabat-joie éternellement frustrés. Regardons devant. Dégageons-nous du somnambulisme ambiant et décorticons la complexité des phénomènes à considérer dans leur totalité. Les immondes réalités sociales et périls encourus par les humains, notre planète, nos terres et océans, nous pressent de dessiner un autre chemin, un autre futur. La France en commun ? Oui, en élargissant notre action au monde, en appui sur les forces sociales travailleuses les plus déterminées. Les probabilités de catastrophes sont palpables ? Les voies qui conduisent à un autre monde ne le sont pas moins. Posons nos vieilles lunettes. Ensemble, véritablement ensemble, nous verrons plus clair.

Louis Aminot Brest le, 12 février 2016

Technicien à statut ouvier à la retraite Membre de l’Association des Communistes Unitaires et d’Ensemble!

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 07:52

Hauts-de-Seine

117 millions d'euros se sont évaporés chez Patrick Balkany

Patrick Balkany est le maire de Levallois-Perret depuis 1983 (avec une période d'interruption de 1995 à 2001): plusieurs fois condamné pour ses pratiques mafieuses, sans cesse réélu grâce à ses pratiques clientélistes. Un rapport de la cour régionale des comptes dans un document de 192 pages pointe des "anomalies significatives" dans la gestion qui atteignent un total de 117 millions d'euros.

Rappelons que la ville de Levallois-Perret détient le record de France de l'endettement par habitant, soit 8444 euros pour chacun des 65 000 habitants. A tel point qu'en 2015, les impôts locaux ont été augmentés de 10% afin de boucler le budget.

Des emprunts toxiques avaient été souscrits par la collectivité auprès de Dexia et de la Société Générale: il en a coûté 17 millions à la Ville pour renégocier ces mauvais prêts. La Cour régionale des comptes s'interroge par ailleurs sur un marché "d'accompagnement et de conseil en communication" passé entre Levallois et la société de communication Bygmalion, celle qui avait servir à payer un certain nombre de collaborateurs de l'UMP et à enrichir certains responsables à l'occasion des Présidentielles. Bygmalion proposant bien sûr des prix bien supérieurs à ceux de ses concurrents. Pour la mise à disposition de consultants en communication Bygmalion, il en a coûté 218 000 euros à la ville alors que celle-ci a déjà 18 personnes qui travaillent à plein temps dans la communication.

A Levallois-Perret, on ne se déplace pas non plus sans son chauffeur, accessoire indispensable du parrain: un pour le maire, utilisé également comme garde du corps, un pour Isabelle Balkany, épouse et première adjointe, et un pour les directeurs des services.

Une enquête pénale ouverte sur la gestion de Levallois-Perret http://www.ouest-france.fr/ile-de-france/hauts-de-seine/levallois-perret-une-enquete-penale-ouverte-sur-la-gestion-de-balkany-4032549

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 07:19
Marylise Lebranchu revient, Gwenegan Bui s'en va (Le Télégramme, 12 février)

Gwenegan Bui, qui a voté pour la constitutionnalisation de l'état d'urgence à l'Assemblée,  a voté en revanche contre la déchéance de nationalité, un choix qui lui permet de terminer avec dignité un mandat de député dans lequel il a très certainement travaillé avec beaucoup de conscience et d'efficacité sur certains sujets ... tout en votant le TSCG, l'ANI, l'allongement du départ à la retraite, la loi Macron, et tous les budgets d'austérité et libéraux proposés par les gouvernements Ayrault et Valls. 

Il est par ailleurs étonnant et déconcertant de constater que Marylise Lebranchu, même si elle a été élue députée en 2012, ne laisse pas Gwenegan Bui, que l'on pressentait comme son "dauphin", terminer la mandature comme député, et qu'elle souhaite retrouver son mandat après avoir été ministre pendant quatre ans, et après une carrière politique déjà bien remplie.   

Souhaite t-elle peser sur les rapports de force interne du PS dans l'avant-présidentielles? Ou envisage t-elle de prétendre à un nouveau mandat de députée?  

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12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 11:59
Emmanuelle Cosse - Le Figaro

Emmanuelle Cosse - Le Figaro

Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili... et Emmanuelle Cosse!

L'ancienne patronne d'EELV rejoint le gouvernement libéral autoritaire de Valls, Macron et Hollande juste après le vote de la déchéance de nationalité dont elle avait pourtant fait un symbole de la dérive droitière extrêmement grave du gouvernement et au moment où s'engageait un débat sur l'union de la gauche et des écologistes aux présidentielles pour tenter de déplacer le centre de gravité à gauche, de contrer Hollande et sa politique néo-libérale, de faire échec à la droite et à l'extrême-droite en remettant la gauche en mouvement.

C'est à n'y rien comprendre. Julien Beyou, le porte-parole d'Europe Ecologie les Verts, sur France Info hier, a eu des mots très durs et très justes contre la décision individuelle et individualiste d'Emmanuelle Cosse:

" Emmanuelle Cosse a pris "une décision perso et très opportuniste", a t-il déclaré, après la nomination ce jeudi de la secrétaire nationale d'EELV au ministère du Logement."Je dois dire que cela donne une image catastrophique" de la politique, a ajouté Julien Bayou, estimant qu'Emmanuelle Cosse entre "au gouvernement contre l'avis de son mouvement pour ne rien faire". "Le mandat est fini, on a voté le dernier budget utile. Emmanuelle Cosse le sait : pour un grand plan logement, il faut du temps et de l'argent. Et ce temps et cet argent ont été dilapidés", a estimé le porte-parole d'EELV.Selon lui, Emmanuel Cosse, Barbara Pompili et Jean-Vincent Placé "trahissent leurs convictions" en participant au nouveau gouvernement de Manuel Valls. "La confiance est rompue avec les écologistes comme avec les Français. Il faut organiser le rassemblement de ceux qui n'en peuvent plus de cette politique", a martelé Julien Bayou" (compte rendu de la rédaction de France Info).

Pour le reste, Ayrault aux affaires étrangères, c'est un coup politique de Hollande pour mettre un fidèle exposé médiatiquement face à l'omniprésent Valls et pour succéder à Fabius, bénéficiant de la retraite dorée et prestigieuse de la présidence du Conseil Constitutionnel, que les rumeurs disent malade.

Fleur Pellerin remplacée à la culture: elle avait réussi à mettre la presque totalité du monde culturel contre elle, comme Aurélie Filippeti, la faute à une présidence qui considère la culture comme un enjeu mineur, et minoré budgétairement, et qui est bien décider à avancer sur le dossier de la précarisation des intermittents. Le fait que la technocrate Fleur Pellerin soit remplacée par une autre femme de cabinet, inconnue du grand public, la conseillère culture de François Hollande, Audrey Azoulay, en dit l'on sur l'importance qu'on donne au ministère à l'Elysée. Jamais, dans le passé de la 5e République, la culture n'avait été traitée aussi mal.

Le bloc économique ultra-libéral Sapin-Macron-El Khomri reste le même, comme le bloc sécuritaire-autoritaire Valls-Urvoas-Cazeneuve.

Les radicaux qui ne représentent strictement rien dans la population sont là, comme les notables écologistes en rupture de leur parti et de leurs militants, pour donner l'illusion d'une base politique de gauche diverse et assez large.

En réalité, elle se rétrécit au sein même du PS puisqu'une ministre aubryiste historique comme Marylise Lebranchu, en dépit de sa très grande loyauté envers les orientations néo-libérales du gouvernement en matière d'austérité salariale dans la fonction publique, de refonte du statut des fonctionnaires, de réforme des collectivités, est évincée, peut-être pour sanctionner l'attitude des députés aubryistes qui ont voté contre la déchéance de nationalité.

Voici un extrait de la réaction de Pierre Laurent au remaniement ministériel:

« Le pays attend un changement de politique sur les grandes questions sociales, sur le chômage et sur le reste. Là, on maintient exactement le même cap. Il n'y a aucun signal (...) de la moindre inflexion sur les grandes urgences sociales du pays (...) On a l'impression d'oublier que Christiane Taubira a quitté le gouvernement il y a quelques jours (...) Il y a 117 députés de gauche qui ont voté contre la révision constitutionnelle hier. »

La Marseillaise, le 12 février 2016

Lire aussi dans Médiapart:

Emmanuelle Cosse au logement: un coup fatal porté à EELV
"Manuel Valls, Emmanuelle Cosse et le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, lors d’un meeting pour les départementales en mars 2015 © Reuters Courtisée depuis des mois par François Hollande, la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts a accepté d'entrer au gouvernement comme ministre du logement. Ce choix risque de provoquer l'ultime explosion de son parti qui s'était prononcé contre un retour dans l'équipe gouvernementale. Ses amis et anciens camarades d'Act Up à Regards sont incrédules."

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12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 11:41
Syrie: l'inavouable accord russo-américain par Denis Sieffert (Politis)

L’inavouable accord russo-américain
http://www.politis.fr/articles/2016/02/linavouable-accord-russo-americain-34078/

L’inavouable accord russo-américain

Il faut bien en finir avec cette guerre civile sans issue, fût-ce par le bas, le très bas même, avec l’écrasement de l’insurrection.

Entre la guerre et le lâche abandon, existe-t-il un chemin ? C’est la question que l’on peut une nouvelle fois se poser à propos de la Syrie. Alors que l’aviation russe est en train d’écraser l’insurrection sous un déluge de bombes au nord d’Alep, le silence des grandes capitales est assourdissant. Sauf à s’inquiéter de l’afflux de nouveaux migrants en Europe. Tout juste a-t-on entendu quelques jérémiades onusiennes sur le « torpillage » des négociations de Genève par Vladimir Poutine. C’est bien le moins que l’on puisse dire. Doit-on pour autant entonner le refrain bien connu de la « lâcheté de la communauté internationale » ? C’est une figure classique du désarroi, mais qui n’est pas sans risque. Car il faut dire ce que serait le « courage ». Et la réponse n’est pas commode. En face de deux pouvoirs, celui de Moscou et celui de Damas, qui n’ont aucune limite dans l’exercice de la violence, et qui sont prêts à exterminer des populations entières pour arriver à leurs fins, on n’imagine a priori pas d’autres ripostes que la guerre.

Fort heureusement, nul n’est disposé à se lancer dans cette aventure. Sans doute aurait-il été possible, un temps, d’équiper les rebelles en armes anti-aériennes. Cela aurait pu être fait en 2013, lorsque Bachar Al-Assad a franchi la fameuse « ligne rouge » du recours aux armes chimiques. Cela n’a pas été fait, notamment parce que les Occidentaux craignaient que ces armes tombent entre les mains de jihadistes. Une autre solution aurait été de créer une zone d’exclusion aérienne. Mais l’ONU s’est contentée d’exiger le démantèlement de l’arsenal chimique de Damas. Ce que le régime syrien a immédiatement interprété comme un encouragement à lâcher en grand nombre des fûts de TNT sur la population.

Les amateurs de paradoxes noteront que c’est précisément parce que les plus modérés n’ont pas été aidés que les jihadistes, ceux du Front Al-Nosra en particulier, ont gagné en influence au sein de la rébellion.

À vouloir éviter les jihadistes, on n’a fait que les renforcer. Mais nous n’en sommes plus là aujourd’hui.

Depuis que Vladimir Poutine a commencé à mettre en œuvre au-dessus de Homs et de la province d’Alep une stratégie de la terre brûlée qui rappelle furieusement celle par laquelle il avait anéanti Grozny en 1999, la donne a changé.

L’inertie occidentale ne relève plus de la « lâcheté », ni même de l’impossibilité, mais d’un choix délibéré. Les États-Unis et les Européens ont fait de la guerre contre Daech, à l’autre extrémité du pays, leur priorité. Et les attentats ont attiré nos regards vers cet autre front, plus à l’est. Mais, la vérité est sans doute plus cruelle encore. Il semble surtout que Washington se soit rallié à Moscou. Puisqu’il faut bien en finir avec cette guerre civile sans issue, sortons-en, fût-ce par le bas, le très bas même, avec l’écrasement de l’insurrection et, accessoirement, des populations civiles.

Certes, le spectacle est peu ragoûtant, mais États-Unis et Union européenne ne sont pas directement impliqués dans le carnage, et Vladimir Poutine fait ça très bien. Il recueille même les louanges de John Kerry, le secrétaire d’État américain, qui juge que la diplomatie russe a des « idées constructives »… « Constructif », un étrange adjectif pour accompagner le fracas des bombes ! Les « idées », on en jugera ce jeudi à Munich lors du nouveau rendez-vous du groupe mal nommé « de soutien à la Syrie ». Mais on les devine déjà. Il s’agira pour Moscou d’imposer la candidature de Bachar Al-Assad à la présidentielle programmée pour 2017 en échange d’un cessez-le-feu observé à sa convenance. Mauvais calcul évidemment. Comment envisager que ce personnage, même « réélu », puisse être un jour réintégré dans la communauté internationale comme si de rien n’était ?

Comment imaginer que ce pays exsangue, vidé de la moitié de sa population, comptant par centaines de milliers ses morts, ses blessés, ses suppliciés, va se remettre à marcher comme un seul homme, droit derrière son dictateur ? Que le territoire démantelé va se reconstituer ? Que les Kurdes vont renoncer à une revendication historique tout près aujourd’hui de devenir réalité ? Et croit-on que la rébellion défaite ne va pas resurgir sous d’autres formes en confirmant cette loi du Moyen-Orient selon laquelle l’écrasement d’une opposition démocratique profite toujours aux mouvements les plus violents ? Espère-t-on que les quatre millions de Syriens qui ont fui la guerre civile vont faire demi-tour pour regagner leurs maisons en ruines ? Cela fait beaucoup d’illusions. Et un terreau de plus pour le terrorisme international !

Accessoirement, on s’étonnera aussi que les bombardements russes n’aient pas donné lieu dans nos régions à des mobilisations de la société civile. Sans doute les opinions publiques ont-elles été victimes de l’amalgame entre la rébellion et Daech. Sans doute le parrainage par l’Arabie saoudite de certaines factions rebelles a-t-il semé le trouble. Le peuple en a été oublié. Mais il y a peut-être d’autres causes à cette atonie. Que n’aurait-on dit si les bombes qui pleuvent sur Alep avaient été américaines ? On aurait hurlé, et avec raison. Aujourd’hui, rien. Quelques vestiges de nostalgie post-stalinienne seraient-ils à l’origine d’une certaine indulgence à l’égard de Poutine ? À moins que ce soit de l’anti-américanisme, en l’occurrence bien mal placé. Mais c’est déjà un autre débat.

Denis Sieffert éditorialiste à "Politis"

Denis Sieffert éditorialiste à "Politis"

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