Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 09:16
Dilma Roussef

Dilma Roussef

Chronique du lundi soir (19h15) sur la radio associative Art-Mada et publiée sur le site de J. Fort

Par José Fort - lu sur le BLOG du PCF PAYS BIGOUDEN: http://pcbigouden.over-blog.com/

Un coup d’Etat vient d’avoir lieu au Brésil. Il ne provoque aucune réaction en Europe. Le gouvernement français se réfugie dans un mutisme total. Comme si rien ne s’était passé.

La présidente Dilma Roussef a été « destituée » pour une période de 180 jours, le temps d’une enquête pour « maquillage » des comptes publics par des sénateurs dont plus de la moitié est poursuivie dans des affaires de corruption.

Première décision du nouveau gouvernement exclusivement composé d’hommes et présidé par un corrompu aux multiples gamelles: la suppression du Ministère de la Culture.

Quel crime a donc commis la présidente Dilma Roussef élue au suffrage universel ? S’est-elle enrichie sur le dos du pays ? A-t-elle violé la loi ? Rien de tout cela. Elle a « maquillé » les comptes publics, affirment ses détracteurs. La vérité est autre : elle a, comme cela se pratique couramment au Brésil comme partout ailleurs, transféré des lignes de crédits vers d’autres destinations budgétaires afin de combler les dépenses sociales, de recherches et de développement.

L’acharnement contre la présidente Dilma Rousseff n’a rien à voir avec un prétendu « maquillage » des comptes. C’est la politique économique et sociale progressiste menée depuis l’arrivée au pouvoir de Lula puis de Dilma qui est visée.

40 millions de Brésiliens sont sortis de la misère pendant les gouvernements progressistes brésiliens avec des réformes sociales d’envergure : création d’une caisse d’allocations familiales, politique scolaire, extension des universités publiques, bourses, nouveaux droits pour les minorités, mesures contre les discriminations, premiers pas vers une réforme agraire, développement de sociétés publiques, fin des privatisations. Une nouvelle classe moyenne a fait irruption dans la vie économique exigeant sa part du gâteau. Ces avancées sociales ont été obtenues grâce à une politique volontariste bénéficiant, il est vrai, d’une embellie économique aujourd’hui en nette perte de vitesse. Ces progrès sociaux ont été aussi financés, oh bien légèrement, par les grandes fortunes locales. C’est cela et seulement cela qui explique les événements actuels. Une politique insupportable pour la grande bourgeoisie et les couches moyennes aisées, la plupart du temps blanches dans un pays à majorité noire et métisse.

Ne soyons pas naïfs.

Des membres du Parti des Travailleurs, souvent proches du pouvoir, se sont vautrés dans la corruption. C’est vrai. Le Parti du Lula et de Dilma a parfois passé des alliances douteuses. C’est vrai aussi. Usure du pouvoir, affaiblissement de la bataille politique, de conviction et de lutte idéologique, c’est vrai également. Mais l’essentiel reste dans la volonté de l’oligarchie de mettre un terme à la politique populaire de la présidente Dilma Roussef.

Alors une question.

La majorité noire et les anciens pauvres, ceux qui ont profité des avancées sociales, vont-ils assister sans réagir au coup d’Etat, certains opposants à Dilma Rousseff rêvant même d’un retour des militaires au pouvoir ?

La situation au Brésil ne peut être isolée de l’offensive générale menée contre les gouvernements anti-impérialistes d’Amérique du Sud. En 2016, les officines US préfèrent aux putschs militaires, la déstabilisation économique, politique et médiatique comme par exemple au Paraguay avec la destitution en 2012 du président Fernando Lugo.

Question encore

Comment expliquer les revers électoraux survenus récemment en Argentine, en Bolivie, au Venezuela ?

Les ingérences impérialistes nord-américaines, sans aucun doute. La déstabilisation organisée par les oligarchies de ces pays et leurs médias tout puissants. Sans aucun doute aussi.

Mais, comme l’écrit mon ami Jean Ortiz, fin connaisseur de l’Amérique du Sud, « les sociétés ont changé, la politique par le haut a échoué et on ne peut pas faire campagne exclusivement sur un bilan, fût-il positif. Les électeurs ne votent pas que pour un bilan, mais pour ce que les partis annoncent et vont faire demain. »

Transformer en profondeur, c’est long et cela ne peut pas se faire sans avancées, sans affrontements, sans réformes de structures, sans échecs, sans reculs provisoires, sans épuisement des modèles choisis et sans victoires.

Une chose est certaine : les victoires ne sont jamais définitives.
Partager cet article
Repost0
17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 06:58
La tourmente grecque II "Chronique d'un coup d'Etat": ciné-débat en présence du réalisateur Philippe Menut à la salle du Cheval Blanc de Plourin les Morlaix le vendredi 10 juin
La tourmente grecque II "Chronique d'un coup d'Etat": ciné-débat en présence du réalisateur Philippe Menut à la salle du Cheval Blanc de Plourin les Morlaix le vendredi 10 juin

Après une projection à Baud (Cinéma le Celtic) le lundi 6 juin, à Pontivy (cinéma Rex) le mardi 7 juin, à Callac (Cinéma La Belle équipe) le mercredi 8 juin, à Guéméné sur Scorff (CinéRoch) le jeudi 9 juin:

Le film "La tourmente grecque II: Chronique d'un coup d'Etat " sera projeté à la salle du Cheval Blanc à Plourin les Morlaix le vendredi 10 juin à 20h, projection suivie d'un débat avec le réalisateur, Philippe Menut, et René Touriguine, animateur d'une association de Solidarité Médicale avec la Grève: "Bretagne Grèce solidarité santé".

L'entrée sera gratuite mais une collecte sera organisée en fin de soirée pour couvrir ces frais. L'excédent est destiné aux actions entreprises par Bretagne Grèce solidarité santé et les collectifs et associations Avec les Grecs en faveur des dispensaires solidaires grecques.

A cette occasion nous collectons aussi des médicaments et des matériels médicaux qui sont nécessaires à leur activité en direction des grecs sans couverture sociale et des nombreux réfugiés.

Synopsis du film: https://lesfilmsdumouvement.wordpress.com

LA TOURMENTE GRECQUE II,
« Chronique d’un coup d’Etat
» (75’)

Après six mois de négociations, malgré le « non » massif des Grecs au référendum, le gouvernement Syriza a cédé aux injonctions des « institutions » de la zone euro, tout en renonçant à toute annulation ou allègement de sa dette. Comment l’expliquer ? En quoi une alternative était-elle possible ?

Par une enquête précise et claire, le documentaire ouvre le débat sur les perspectives politiques et sur les alternatives démocratiques en Grèce et en Europe.

« Je n’ai pas fait un film pour dire ce que je savais ; ce que j’explique, je l’ai compris en tournant le documentaire » (Philippe Menut).

La première version du film, actualisé à deux occasions, avait été projetée et débattue plus de 120 fois en France.
Les programmations ont été soutenues notamment par Attac, le CADTM, Les Amis du Monde diplomatique, le CAC (collectif pour un audit citoyen de la dette publique), Assemblées citoyennes, Solidarité France Grèce pour la santé, La Ligue des Droits de l’Homme, ACRIMED, Osez Le Féminisme, la CGT, SUD-Solidaires, Parti de Gauche, Ensemble-FdG, PCF, NPA, EE-les Verts, Nouvelle Donne (liste ouverte).

Partager cet article
Repost0
17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 06:40

Le parti communiste appelle au rassemblement contre la loi travail et le 49/3 mardi 17 mai à 11h devant la place de la Mairie à Morlaix.

La section du pays de Morlaix du PCF appelle à renforcer la mobilisation contre le projet de loi El Khomri.

Non content de mettre à bas des décennies de droits sociaux conquis par les luttes du monde du travail, le gouvernement Hollande-Valls se rend coupable d'un coup de force contre la démocratie en utilisant à nouveau le 49/3 pour imposer un projet massivement rejeté par 3 Français sur 4 (78% des salariés, 79% des étudiants, 84% des chômeurs).

Les députés du PCF et du Front de Gauche ont voté la censure contre le gouvernement Valls, seule arme à disposition pour résister contre la casse du code du travail.

Le pouvoir présidentiel et le gouvernement de plus en plus autoritaires se sont rendus clairement illégitimes par ce nouveau coup de force contre la volonté populaire, la démocratie et les représentants du peuple.

Cela ne fait que confirmer notre conviction que les institutions de la Ve République sont à bout de souffle et qu'il est nécessaire de reconstruire les conditions d'un renouveau démocratique par une VI e République sortant du présidentialisme et redonnant tout son poids à l'intervention citoyenne, au Parlement et au respect du mandat populaire.

En même temps, ce recours à la force est l'aveu de faiblesse d'un gouvernement isolé, minoritaire dans l'opinion publique et même aujourd'hui au Parlement.

« Le 49-3 est une brutalité, le 49-3 est un déni de démocratie, le 49-3 est une manière de freiner ou d'empêcher le débat parlementaire » .

Celui qui contestait ainsi avec virulence l'utilisation du 49/3 lorsque la droite essaya en 2006 de faire passer en force le CPE, était alors premier secrétaire d'un parti d'opposition et n'hésita pas quelques mois plus tard à réclamer l'abrogation de cet article pour restaurer les droits du Parlement...

Il s'appelle François Hollande et a nommé un premier ministre qui aujourd'hui assène le 49/3 comme arme de destruction massive pour museler la volonté populaire et réduire au silence ses propres élus.

Faut-il leur rappeler comment s'est terminé l'épisode du CPE ?

La mobilisation populaire peut empêcher ce recul majeur que représenterait l'adoption de la loi travail en tordant le coup à la démocratie.

Les communistes appellent donc à donner le plus grand retentissement aux journées d'action décidées par les syndicats les 17 et 19 mai.

La section du Pays de Morlaix du PCF appelle en faisant grève et manifestant le mardi 17 mai à renforcer la mobilisation contre le projet El Khomri: tous place de la mairie à 11h le 17 mai !
Partager cet article
Repost0
17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 06:31
Camp d'Aida à Béthléem: la clef du retour (photo F. Rippe)

Camp d'Aida à Béthléem: la clef du retour (photo F. Rippe)

Mercredi 18 mai

20h00 - Landeleau - Salle multifonctions, derrière le collège Dans les collines au Sud d’Hébron Film de François Xavier Gilles. L’expulsion des villageois palestiniens par l’armée israélienne et les colons. Débat avec le réalisateur. (gratuit)

Jeudi 19 mai

18h00 - Carhaix - Médiathèque, Château Rouge Cultivons la Paix Film réalisé par Denys Piningre. Le commerce équitable et la production d’huile d’olives. Débat avec Michel Besson, responsable de la coopérative Andine. (gratuit)

Lundi 21 mai

20h30 - Callac - Cinéma l’Argoat This is my Land Film de Tamara Erde (cinéaste franco-israélienne) suivi d’un débat avec la réalisatrice. Et si le conflit israélo-palestinien était surtout une question d’éducation ? Comment est enseignée l’histoire dans les écoles palestiniennes et israéliennes. (tarif cinéma)

Mercredi 25 mai

20h00 - Carhaix - Foyer des Jeunes Travailleurs, rue Anatole France Omar Film de Hany Abu-Assad. Jeune Palestinien, Omar aime Nadia qu’il rejoint en franchissant clandestinement le mur. Arrêté par les israéliens, il est relâché contre la promesse d’une trahison. Parviendra-t-il à rester fidèle à ses amis, à la femme qu’il aime, à sa cause ? suivi d’un débat. (gratuit)

Dimanche 29 mai

17h30 - Motreff - Salle polyvalente Clôture du mois de la Palestine Soirée Musicale avec le groupe SAFARA SAFAR, suivie d’un buffet (concert + buffet : 10 €)

Emmené par la voix envoûtante et chaleureuse de Séverine, ce quatuor trégorois fait de SAFARA (voyager en arabe littéraire) un métissage humain et musical. Leurs chansons nous font voyager d’une langue à l’autre mêlant musiques bretonnes et guitare manouche aux accents méditerranéens. Elles jettent un pont entre l’Orient et l’Occident.

Partager cet article
Repost0
17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 05:48
photo Ouest-France

photo Ouest-France

Loi Travail. Manifestations et grève au programme cette semainehttp://www.ouest-france.fr/economie/emploi/loi-travail/loi-travail-manifs-et-greves-cette-semaine-lopposition-se-relance-4232142

Alors que les Français restent majoritairement opposés à la loi Travail, deux journées de grèves et de manifestations sont prévues cette semaine, malgré l'adoption du projet.

Deux journées d'action Sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, l'Unef, l'UNL et Fidl) ont appelé leurs organisations respectives à « construire » deux nouvelles journées de grèves et manifestations les 17 et 19 mai, les sixième et septième en un peu plus de deux mois.

Trop favorable aux entreprisesDans leur ligne de mire, le texte de la ministre Myriam El Khomri, adopté sans vote jeudi après le recours à l'article 49-3 et contesté jusque dans les rangs de la majorité .

Les syndicats jugent le texte trop favorable aux entreprises et pas assez protecteur pour les salariés, en particulier parce qu'il instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche. Mais « les salariés sont décidés à s'engager dans un mouvement dur », assurait récemment Philippe Martinez, le leader de la CGT.

Grèves reconductibles à la SNCF, chez les dockers...Des grèves reconductibles sont ainsi prévues chez les routiers, dockers, marins, facteurs, à la SNCF ainsi qu'à Aéroports de Paris, le rejet de la loi travail se greffant parfois sur des revendications propres à chaque secteur. Les routiers ouvriront le bal dans la nuit de lundi à mardi, à l'appel des fédérations FO et CGT. Un mouvement qui devrait toucher le Nord, Nantes, Caen, Marseille et surtout Bordeaux, mais pas l'Ile-de-France, selon FO, la CGT prévoyant de bloquer les ports du Havre et de Nantes-Saint-Nazaire.

A la RATP mardiA la RATP, le préavis déposé par la CGT ne couvre que la journée de mardi. Mais à la SNCF, la CGT-cheminots (premier syndicat) appelle à cesser le travail chaque mercredi et jeudi, et SUD-Rail (troisième) tous les jours à partir de mardi. Les cheminots entendent dénoncer la loi El Khomri, mais surtout peser dans les négociations en cours sur leurs conditions de travail. Le préavis de Sud-Rail s'étend jusqu'au 11 juillet, soit le lendemain de la finale de l'Euro de football.

Transports aériensCôté transports aériens, des débrayages sont attendus dès mardi à Aéroports de Paris à l'appel de la CGT notamment, tandis qu'une grève sera lancée jeudi par l'Usac-CGT, premier syndicat de la Direction générale de l'Aviation civile, qui représente les contrôleurs aériens, les administratifs ou encore les techniciens. Son impact sur le trafic sera connu mardi.

Vers un blocage des raffineries?Perturbations en vue aussi dans les ports mardi et jeudi à l'appel de la CGT, qui invite par ailleurs à un blocage progressif des produits pétroliers dans les raffineries.

Manifs mardi et jeudiLes opposants au projet de loi travail vont à nouveau battre le pavé mardi dans plusieurs villes à l'appel de l'intersyndicale.

A Paris, ils se retrouveront à 14 h sur la place de l'Ecole militaire pour défiler en direction de Sèvres-Babylone, non loin du Sénat où la ministre du Travail Myriam El Khomri sera auditionnée par la commission des Affaires sociales.

Les manifestants se retrouveront une nouvelle fois dans la rue dès jeudi. Le cortège parisien défilera cette fois de Nation à place d'Italie.

Se relancer malgré l'essouflementLeur objectif: prouver leur détermination, malgré l'essoufflement constaté lors des dernières manifestations, moins fournies, et les casseurs qui, pour la première fois le 12 mai, s'en sont pris physiquement aux services d'ordre syndicaux.

SUR LE MÊME SUJET

« Le gouvernement n'arrivera pas à faire taire les jeunes », a assuré le président de l'Unef, William Martinet, lors de cette dernière mobilisation, qui a vu 55000 personnes défiler en France, dont 43000 en province, selon le ministère de l'Intérieur. Les syndicats n'ont donné de chiffre que pour la capitale (50.000 manifestants). C'est loin des chiffres enregistrés au plus fort du mouvement, le 31 mars (390000 manifestants selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs).

Jouer la montreMais les opposants sont bien décidés à jouer la montre, le texte devant encore être débattu du 13 au 24 juin au Sénat pour un vote le 28, avant un nouvel aller-retour entre les deux chambres et une adoption définitive fin juillet. Et le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, rappelait la semaine dernière qu'il y a dix ans, le contrat première embauche (CPE) avait été « adopté, voté, et retiré ».

Partager cet article
Repost0
17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 05:00

SOS Méditerranée secourt 253 migrants en mer
http://www.ouest-france.fr/monde/migrants/sos-mediterranee-secourt-253-migrants-en-mer-4232368

Entre le 1er janvier et le 11 mai, 31 219 migrants ont rejoint l'Italie par la mer, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui fait état de 976 décès pour cette seule voie, dite de Méditerranée centrale.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 10:22

Violences dans un Etat de plus en plus policier , pourquoi ?

Mathieu Rigouste nous propose son analyse .

https://blogs.mediapart.fr/hassina-mechai/blog/130516/mathieu-rigouste-la-police-est-la-pour-maintenir-l-ordre-economique

Mathieu Rigouste : «la police est là pour maintenir l’ordre économique»

Comment comprendre la violence policière lors des diverses manifestations contre la loi el Khomri? Gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes, technique de la nasse bloquant boulevard Diderot des manifestants du 1er Mai, pour beaucoup en panique, et puis ces gens tenus en joue avec des flashballs dans une station jouxtant la place de la République. L'analyse de Mathieu Rigouste, sociologue.

Mathieu Rigouste* est militant et chercheur indépendant en sciences sociales. Essayiste original, il tente, à travers divers travaux et livres, d’articuler logiques économiques, politiques et sécuritaires. Il décrit l’existence de ce qu’il nomme « un système de ségrégation endocoloniale à l'intérieur des sociétés impérialistes». Les guerres coloniales constitueraient des « laboratoires de l'ordre sécuritaire », notamment pour le contrôle des quartiers et des classes populaires. Il développe également l’idée d’une industrialisation de la violence policière et d’une restructuration du capitalisme autour des questions militaro-sécuritaires. Ses réflexions peuvent éclairer la gestion sécuritaire du mouvement Nuit Debout mais également des manifestations dernières (et à venir).

(*Auteur entre autres de : L'ennemi intérieur : la généalogie coloniale et militaire de l'ordre sécuritaire dans la France contemporaine, La Découverte, 2009. La domination policière : une violence industrielle, La Fabrique éditions, 2012.)

(Propos recueillis par Hassina Mechaï)

Lors des manifestations du 28 avril et 1er mai, nous avons constaté que les CRS ont utilisé gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et étaient également très présents à l’intérieur même du cortège du 1er mai. Y-a-t-il là rupture ou continuité dans les méthodes habituellement utilisées ?

Mathieu Rigouste : S’il y a rupture, c'est dans le déploiement répétitif des dispositifs de nasse mais également dans le lâcher de bride des unités de Maintien de l'Ordre (MO), dans l’utilisation massive et systématique des grenades de désencerclement, du gaz et des flash balls contre un mouvement social, dans les centres des grandes villes. Ces ruptures sont liées à des choix tactiques et politiques qui sont liés au fait que le mouvement Nuit Debout et la lutte contre la loi travail continuent, voire se renforcent dans certaines villes. Mais cela est lié également au fait qu’on approche de plusieurs évènements, l’Euro de football, le Tour de France ou encore Eurosatory, il faut absolument faire place nette à Paris et dans les grandes villes. Ces « événements » doivent faire venir de nombreux investisseurs étrangers et donner lieu à des marchés économiques gigantesques qui profiteront aux grandes entreprises qui cogèrent l'Etat. La dernière raison de cet enférocement, c'est que l'Etat doit absolument écraser les formes d’auto-organisation et d’autonomisation collective qui émergent, se construisent dans la lutte, lors des grèves et des manifestations. Elles menacent cette société pyramidale en montrant qu'on peut tenter de s'organiser et de vivre autrement.

Cependant, on décèle aussi une continuité dans les méthodes employées. L’Etat pioche dans des répertoires de violence, de coercition, d’encadrement qui sont en permanence à sa disposition. Les grandes puissances impérialistes ont généré des systèmes d'encadrement militaro-policiers pour soumettre les territoires et populations colonisées et elles piochent dans ces répertoires pour ré agencer les systèmes de contrôle des populations des quartiers et classes populaires. L’Etat va piocher dans ces nouveaux répertoires pour y prendre des dispositifs, les rénover si nécessaire afin de les appliquer aux mouvements sociaux ou révolutionnaires. En l’occurrence, nous sommes là vraiment dans une continuité claire. L’Etat s’est donné les moyens de réemployer une férocité industrielle alors réservée à ses colonies ou à ses quartiers populaires contre des mouvements sociaux parce qu'ils se rendent difficiles à soumettre et à gouverner.

Mais comment expliquer que ces méthodes, dont vous dites qu’elles étaient habituellement réservées aux quartiers populaires, soient désormais employées contre des manifestants dont le profil sociologique les rapproche plus de la petite-bourgeoisie ou des « intellectuels précaires » comme les nomme François Ruffin ?

Mathieu Rigouste : Effectivement, pour les gens qui ne vivent pas dans les quartiers populaires, ces méthodes sont très surprenantes et ils ont d’ailleurs tendance à s'en digner lorsqu'elles les touchent. Mais les habitants des quartiers savent bien que la nouveauté est simplement que désormais ces systèmes de violence sont employés dans les centres villes bourgeois. Ils le sont notamment parce que ce mouvement permet des rencontres entre les différentes strates des classes populaires et des classes moyennes, entre lycéens, étudiants, ouvriers, chomeurs, précaires... et qu'aux travers de ces luttes s'expérimentent des formes de pensée et de pratiques collectives autonomisantes.

"Il s’agit là aussi de montrer que quiconque prend la rue, participe à ces mouvements, sera potentiellement pris pour cible"

Pourquoi la police a-t-elle employé ces méthodes en pleine manifestations pourtant autorisées ?

Mathieu Rigouste : Il ne faut pas oublier que la Police est complétement encadrée, régulée par des systèmes juridiques, par une administration et une bureaucratie aussi. Les choix faits les 28 avril et 1er mai sont délibérés et participent d’une tactique et d'une stratégie élaborées puis mise en œuvres depuis les Etats-majors policiers et politiques. Comme je l’ai dit, il s’agit de faire place nette mais également d’utiliser une tactique qui pourrait être qualifiée de « protocole tunisien ». Durant la révolution en Tunisie, la contre-révolution a employé des tireurs d’élite postés sur les toits et qui avaient pour ordre non pas de viser des meneurs mais les anonymes au milieu de la foule. Le message ainsi envoyé était qu’on n’était pas menacé parce qu’on menait le mouvement mais simplement parce qu’on y participait, qu’on prenait la rue à travers la manifestation. En France, à un degré évidemment différent, le message envoyé est le même : on a pu ainsi voir des CRS pointer des flash balls dans une station de métro [Métro Bonsergent]. Je ne pense pas qu’une unité ait pu s’autoriser cela sans en avoir reçu l’ordre. Il s’agit là aussi de montrer que quiconque prend la rue, participe à ces mouvements, sera potentiellement pris pour cible.

Durant la manifestation du 1er mai, on a pu entendre « Rémi » (en référence à Rémi Fraisse), « tout le monde déteste la police » et « la rue est à nous ». Il y a là comme un contraste avec la manifestation du 11 janvier 2015, où après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper cacher, la foule a applaudi les CRS et tireurs postés sur les toits…

Mathieu Rigouste : Il me semble que certaines personnes présentes le 11 janvier 2015 ont dû ouvrir les yeux depuis en étant confrontées à la réalité de la violence policière. L’Etat se démasque en partie en ce moment. Cette période post-Charlie a été une entreprise d'intense matraquage idéologique. Mais là aussi dans une continuité. Une continuité du racisme d’Etat, de l’islamophobie, comme superstructure idéologique.

Une bonne partie de la population française a été dressée à considérer la militarisation du territoire, la gestion anti-terroriste et sécuritaire qui ont découlé des attentats comme un remède valable. Beaucoup de gens n'ont, pour analyser la société dans laquelle ils vivent que les propagandes d'Etat et les story-telling des médias dominants, c'est-à-dire les appareils idéologiques du capitalisme lui-même. On leur cache les liens entre les guerres néocoloniales, la Françafrique, les gigantesques marché des armes, du nucléaire, des hydrocarbures et le « terrorisme » par exemple. On leur masque le rôle que jouent les violences de la police, de la prison, de la misère et de la rénovation urbaine dans les révoltes des quartiers. A la télé et à l'école, on leur fait croire depuis l'enfance que la police « protège la veuve et l'orphelin. » Mais il y a aussi toute une partie de la « population », les dominants en général, qui ont intérêt à soutenir la police et l'ordre sécuritaire parce qu'ils protègent leurs intérêts.

L’état d’urgence, tel qu’il a été instauré après le 13 novembre 2015, a-t-il légitimé aussi l’action de la police lors des manifestations dernières ?

Mathieu Rigouste : L'Etat d'urgence signifie nécessairement aux policiers qu'ils peuvent se lâcher, qu'ils seront couverts, même s'ils le sont déjà en permanence. L’état d’urgence et la violence qui l’a accompagné a permis peu avant la COP21 de s’attaquer aux militants et activistes. Mais l’état d’urgence a surtout servi de défoulement et de déchainement pour la police dans les quartiers populaires. Les gens qui l’ont subi de plein fouet, avec les perquisitions et les assignations à résidence, sont surtout issus de ces quartiers et ont été traités en « terroristes » parce que « musulmans ». Des quartiers ont été littéralement occupés, des appartements ont été saccagés, des familles traumatisées et des parcours de vie dévastés.

N’y-a-t-il pas une inversion sémantique, et sans doute idéologique, avec ces guerres à l’étranger présentées comme des opérations de police internationale (Libye, Mali, Centrafrique) et ces actions sur le territoire national qualifiées de « guerre contre le terrorisme » ? Comment comprendre le brouillage entre le dehors et le dedans, le national et l’international que cela suppose ?

Mathieu Rigouste : Tout cela est lié à la logique du capitalisme sécuritaire et à son processus d'hybridation de l'intérieur et de l'extérieur, du temps de paix et du temps de guerre. Le capitalisme a choisi, pour se restructurer, de transformer le contrôle de la population en marché. Le marché de la guerre permanente a donc généré celui de la guerre intérieure, c'est-à-dire de la sécurité. Cela implique des formes de militarisation de la police et du contrôle d'un côté, tandis que les guerres et dispositif militaires sont réagencés contre des « populations civiles ».

C’est un phénomène qui s’observe dans toutes les grandes puissances impérialistes et dans les pays sous-traitants. Entre ces deux pôles, il y a un échange, une circulation des dispositifs, des idées, des pratiques, des doctrines, des matériels et des personnels. Au plan extérieur, la « policiarisation » de l’armée, qui consiste à utiliser les forces militaires en gestion des populations civiles à l’extérieur, est aussi un paravent sémantique : il s’agit toujours de guerres appliquées à des populations civiles. Concrètement, l’armée française ne fait pas la police en Afrique, elle fait la guerre « dans les populations ». Certes avec des formes qui s’inspirent du modèle policier, mais cela reste la guerre. Il y a aussi derrière tout cela un aspect méconnu : il s’agit ainsi de promouvoir un ensemble de matériels, doctrines, savoir-faire qui pourront être vendus et utilisés à la fois pour faire la police ou pour faire la guerre. Tout cela est lié au développement d’un marché global de la violence militaro-policière.

La France exporte-t-elle son « savoir-faire » dans ce domaine ?

Mathieu Rigouste : Oui, et elle cherche absolument à le faire. Le marché d’exportation des armes et « savoir-faires » des industries françaises de la guerre et du contrôle ne s’est jamais aussi bien porté que ces 10 dernières années. Notamment dans le « maintien de l’ordre » et le « contrôle des foules ». Mais cela ne veut pas dire qu’en ce domaine la France est forcément excellente : il y a là tout un mythe, une publicité autour de ce prétendu savoir-faire. L'un des marchés principaux et fondamentaux de ce complexe militaro-industriel français, depuis les années 70, c'est l’Arabie saoudite. Il permet à toute l’industrie de la sécurité française d’être sûre que tout investissement sera rentabilisé. C'est une collaboration structurelle basée sur le commerce des hydrocarbures et des armes.

Donc la gestion du mouvement Nuit Debout, telle qu’elle se fait, peut constituer une vitrine, un « faire savoir » à l’exportation pour cette industrie et cette doctrine française ?

Mathieu Rigouste : Oui et plus largement toute intervention répressive, dans cette société ultra-médiatique, peut être l’occasion d’une publicité pour des doctrines, des techniques et des matériels. En l’occurrence, avec toutes les vidéos qui circulent, d’amateurs ou de médias indépendants, on voit bien que la police française est tout sauf excellente dans ce domaine et peine à maîtriser les manifestations autrement qu'en employant une férocité industrielle. Ces vidéos contredisent le récit que proposent les médias dominants sur les mouvements de lutte. Ce récit fait de toute façon partie du travail idéologique pour faire passer la répression comme une machinerie d'excellence. Mais ces vidéos amateurs et les médias libres traduisent aussi des volontés et des capacités retrouvées de parler et de dire la réalité, hors du champ médiatique traditionnel. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont aussi pris pour cible. Car ils contredisent ces mythes qui légitiment la violence industrielle d’Etat en criminalisant les manifestants. Le fait que la police appelle à une manifestation le 18 mai montre que les résistances qui s’organisent peuvent fragiliser l'appareil de contrôle. L'Etat et la police se mettent en scène comme « victimes » pour légitimer l'intensification continue de la répression.

Quel ordre public la police assure-t-elle ? L’ordre démocratique ? L’ordre économique ?

Mathieu Rigouste : Je ne sais pas ce que veut dire l’ « ordre public », sûrement une forme de vie sociale réduite à se faire exploiter et consommer. En tout cas, la police est là pour maintenir l’ordre social, l’ordre économique, l’ordre politique. Tout cela par l’emploi de la coercition. C’est une des institutions qui participent à la reproduction de cette société pyramidale. Il y'en a d'autres, mais celle-là revendique le monopole de la violence. Elle est là pour distribuer la violence dont les classes dominantes ont besoin. Et à l'ère du capitalisme néolibéral et sécuritaire, c'est leur férocité qu'elle distribue. Elle a aussi pour mission de produire la ségrégation et le socio-apartheid sur lesquels se fondent les sociétés impérialistes. Sur le chemin de l'émancipation collective, la police est l'institution qui emploie la violence pour nous barrer le passage.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 09:17

La commission Lutte contre le racisme et pour l’égalité au PCF

10 Mai commémoration de l’abolition de l’esclavage
La traite négrière à structuré l’idéologie raciste !

Un handicapé malmené, ces jours derniers à Lyon, par la police ‘tu es un noir, un nègre ».. les femmes voilées comparées par une Ministre à des nègres américains favorables à l’esclavage…la ministre Christiane Taubira comparée à un singe…

Des exemples qui nous montrent que la traite négrière continue d’alimenter les préjugés racistes voire même des propos à caractère révisionniste alors que nous commémorons ce mardi 10 mai 2016 la mémoire de l’esclavage, de la traite et de ses abolitions.

Ce n’est que le 21 mai 2001 que la loi Taubira a proclamé « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité. »

Chaque année, le Parti communiste français participe à cette commémoration profondément juste et indispensable au devoir de mémoire.

L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE UN ACTE REVOLUTIONNAIRE

Alors que l’esclavage et la traite négrière étaient à leur apogée, les révolutionnaires français ont posé à la face du monde la question de l’unicité de l’espèce humaine. La première abolition de l’esclavage de 1794 fut une abolition insurrectionnelle, résultant de l’alliance entre les esclaves révoltés de Saint Domingue et les révolutionnaires au pouvoir à Paris. Ils prirent alors le contre-pied de l’idéologie raciste dont l’organisation juridique du « Code noir » refusait aux esclaves noirs toute humanité en les qualifiant de « biens meubles ».

Ce n’est pas un hasard si l’esclavage fut rétabli par la réaction napoléonienne et qu’il faudra attendre le retour en force des abolitionnistes et la Révolution de 1848 pour obtenir, enfin, l’abolition définitive de l’esclavage.

NOUS SOMMES HERITIERS DE CETTE LUTTE POUR LA DIGNITE DE L’ETRE HUMAIN

Nous savons que les séquelles persistent dans notre inconscient collectif. Les initiatives mémorielles sont justifiées mais insuffisantes. Les Antillais ou les réunionnais, tous Français sont racisés dans l’espace public et subissent la discrimination.

L’ESCLAVAGE, LA TRAITE, LE RACISME ET NOUS

Entre 12 à 15 millions d’esclaves ont été déportés de l’Afrique vers l’Amérique (dont la majorité sur moins de 2 siècles), le double si l’on compte ceux qui n’ont pas survécu à la déportation. Ces chiffres dans leur dureté disent l’horreur, le désespoir, l’humiliation de ces femmes et de ces hommes déracinés marqués au fer rouge, vendus comme du bétail, exploités à l’extrême, martyrisés, assassinés au nom du sacro-saint profit.

C’est de cette période que s’est structurée l’idéologie raciste qui se confond avec l’histoire du capitalisme : ce que Marx appelait « l’accumulation primitive du capital » c’était le travail gratuit des esclaves.

Il n’est que justice de reconnaître que la France comme d’autres pays européens ont une lourde dette envers eux et envers le continent africain.

Commémorer la mémoire de ces femmes et de ces hommes, connaître leur histoire qui est notre histoire reste indispensable – aussi bien pour comprendre notre présent que pour imaginer notre avenir, à l’heure de la multiplication des barbelés, des camps de réfugiés, et de la montée des extrêmes- droite racistes et xénophobes en Europe.

Les esclaves n’ont jamais accepté leur sort et se sont toujours révoltés pour leur liberté. Leur lutte fait partie intégrante de l’histoire de la libération humaine. Elle en constitue plusieurs des pages les plus héroïques.

10 Mai commémoration de l’abolition de l’esclavage
Partager cet article
Repost0
15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 09:13
Paradis fiscaux: le bal des hypocrites

La Chronique de Jean-Christophe LE DUIGOU (*)

L’HUMANITE DIMANCHE

Jeudi 28 avril

LUXEMBOURG, PAYS BAS, BELGIQUE, SUISSE... LES PARADIS FISCAUX EUROPÉENS NE MANQUENT PAS.FRAUDEURS DE TOUS LES PAYS...

Après la divulgation des secrets des Panama Papers, les autorités de Bruxelles et les principaux pays européens ont annoncé, la main sur le coeur, qu'ils allaient « renforcer la lutte contre la fraude fiscale internationale et particulièrement contre les paradis fiscaux ». Peut-on croire en cette soudaine conversion à la lutte contre la finance de l'ombre ? Difficilement bien sûr, si l'on se souvient qu'il y a deux ans c'était l'Europe qui était secouée en son coeur par le scandale des « arrangements fiscaux » luxembourgeois, conçus sous l'égide du premier ministre du duché, devenu ensuite le président de la Commission européenne. En l'occurrence, il s'agissait de la technique du « rescrit fiscal » qui se traduisait par un accord donné à l'application d'un régime fiscal favorable applicable à l'entreprise concernée.

Certes, on comptait un peu moins d'hommes politiques, de gloires sportives, de marchands de tableaux mis en cause. Mais on notait la présence des plus grands groupes multinationaux dont les capacités de fraude et de dissimulation sont autrement plus importantes que celles de simples particuliers, fussent-ils richissimes. Rappelons-nous. Plus de 1 600 sociétés avaient ainsi une domiciliation au grand-duché, à la même adresse postale ! Fiat, Starbucks, McDonald's, Amazon furent, entre autres, mis en cause. Le rôle des grands cabinets internationaux d'audit et de conseil que sont PwC, EY, Deloitte et KPMG fut pointé du doigt. Sauf que le Luxembourg n'est pas un exemple isolé. Nous avions fait à cette occasion le tour des paradis fiscaux européens.

Les Pays-Bas d'abord, qui accueillent les holdings grâce à son régime fiscal d'exception applicable aux groupes. La Belgique ensuite, qui autorise la déduction d'intérêts notionnels et applique un régime fiscal favorable aux plus-values. Londres, avec ses dépendances, les îles anglo-normandes, l'île de Man, et ses prolongements à Gibraltar, aux Bermudes, et dans les îles Vierges, qui offre toutes les possibilités de montage frauduleux. La Suisse, le Lichtenstein, Monaco, Andorre, Malte et Chypre enfin. Liste à laquelle nous rajoutions les anciens pays de l'Est (Bulgarie, pays Baltes), mais aussi d'une certaine manière l'Irlande, avec son taux d'impôt sur les sociétés anormalement bas.

Comme l'ont souligné plusieurs experts, les grandes entreprises, mais aussi les gestionnaires d'argent sale, trouvent là une gamme d'outils diversifiés, leur permettant de se jouer des fiscalités et des règles qui prévalent dans les territoires où elles font affaire.

À ceci près que tout cela se développe selon une certaine cohérence. Chaque pays a son ¬ ou ses ¬ « paradis » qui participent d'un système financier national qui taxe ainsi plus lourdement ses résidents mais permet une imposition allégée des entreprises multinationales. Les intermédiaires financiers nationaux peuvent monter des solutions complexes impliquant plusieurs paradis.

Une grande machine à éviter les taux plus élevés d'impôt nationaux se met ainsi en place avec le consentement hypocrite des plus grands pays. À n'importe quel endroit de la planète, les entreprises ont un accès facile à ce qui peut se comparer à une plateforme numérique de paradis fiscaux. C'est un « Uber » de la fraude qui fonctionne désormais ! La leçon est claire : si le mouvement social ne s'empare pas du problème, il y a peu à attendre d'une action spontanée des États et de l'Europe pour faire reculer la fraude.

(*) Économiste et syndicaliste.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 08:58

Elles sont belles, les alliances de la France, entre l'Arabie Saoudite qui condamne à mort un poète athée palestinen, des opposants et des dirigeants religieux chiites, et le régime autoritaire et oligarchique du président Sissi. Mais tout ce beau monde est pro-américain, pas trop hostile à Israël, et c'est ça qui compte, surtout quand on obtient de beaux contrats d'armement à la clef.

En raison des premières ventes de Rafale à l'Egypte (en février 2015) et au Qatar, les industries d'armement françaises ont engrangé 16 milliards d'euros de commandes l'an passé.

Egypte : prison pour 51 manifestants anti-Sissi

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/05/14/egypte-prison-pour-51-manifestants-anti-sissi_4919862_3218.html

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011