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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 12:53
1920, le congrès de Tours par Alexandre Courban - L'Humanité, 2004

1920, le congrès de Tours Par Alexandre Courban, historien

SAMEDI, 8 MAI, 2004

L'HUMANITE

L'historien Alexandre Courban, retrace les circonstances de la création du Parti communiste par la majorité de l'ancienne SFIO au congrès de Tours et le rôle nouveau désormais dévolu au journal fondé par Jaurès.


Pourriez-vous dresser un tableau de la France de 1920 à l'orée du congrès de Tours ? Quelle est sa situation économique et sociale ?

Alexandre Courban. Nous sommes au sortir de la Grande Guerre. Neuf millions de soldats ont été tués, dont plus d'un million de Français et près de deux millions d'Allemands. Les années 1919-1920 sont marquées par des conflits sociaux extrêmement durs. Deux mille grèves réunissent plus d'un million de grévistes. La démobilisation commence en juillet 1919. Elle précède la victoire de la droite aux élections législatives de novembre 1919. La campagne électorale a lieu alors que se déroule une grève des imprimeurs à Paris. Deux journaux seulement paraissent dans la capitale : l'un avec l'autorisation du comité de grève, l'autre à l'initiative des grands patrons de presse. Les combattants qui ont la chance d'être rentrés n'ont donc pas accès à une information complète.

Au cours du premier semestre de l'année 1920, un grand mouvement social prend forme chez les cheminots. Les manifestations du 1er Mai 1920 se soldent par deux morts, comme c'est souvent le cas le 1er Mai à l'époque.

Au cours de ces journées, la SFIO va se scinder en deux et donner naissance au Parti communiste. La ligne de fracture se situe-t-elle réellement entre révolutionnarisme et réformisme, avec les vingt et une conditions d'adhésion à l'Internationale communiste (la troisième) comme pierre d'achoppement ?

Alexandre Courban. Lorsque le congrès s'ouvre, les participants savent qu'il va y avoir scission : l'état des forces en présence est connu grâce aux congrès fédéraux qui se sont tenus quelque temps auparavant. Mais alors que le congrès a pour principal objet l'adhésion à l'Internationale communiste, il n'existe pas de version française officielle des vingt et une conditions. Les militants les connaissent soit à partir d'une traduction allemande publiée dans la presse, soit à partir d'une version italienne. Cela signifie que le choix ne se fait pas en fonction des vingt et une conditions elles-mêmes, mais plutôt pour ou contre ce que les militants imaginent que seront les nouvelles pratiques politiques ; ils ne se situent pas complètement dans la réalité. Le véritable enjeu du congrès c'est : quelle va être la place accordée par les partisans de l'Internationale aux " reconstructeurs " comme Jean Longuet, militants favorables à l'adhésion avec des réserves ? Ensuite, au sein du Parti socialiste, le comité pour la IIIe Internationale, l'aile gauche du parti, s'allie avec une partie du " centre ". Mais idéologiquement, les choses n'évoluent pas immédiatement après le congrès. De 1921 à 1923 ont lieu au sen du nouveau parti des débats très importants pour décider du sens et de l'application des vingt et une conditions. Certains pensent longtemps que ces conditions sont purement formelles.

Le ralliement à la IIIe Internationale se fait à une écrasante majorité. Cela signifie-t-il que le socialisme français était plus révolutionnaire que ses homologues européens ?

Alexandre Courban. La majorité du Parti socialiste se prononce effectivement pour l'adhésion, par 3 208 mandats contre 1 022, ce qui n'est pas le cas dans les autres partis socialistes. Plusieurs interprétations rendent compte de ce phénomène. Tout d'abord, les jeunes membres du parti se sont massivement prononcés pour l'adhésion. Ensuite, celle-ci est davantage idéale que programmatique : il s'agit plus d'un rejet des anciennes directions du parti socialiste, de leur participation aux gouvernements d'" Union sacrée " que d'une adhésion réelle aux vingt et une conditions.

Cette adhésion se traduit-elle par une influence accrue des révolutionnaires russes au plan international ?

Alexandre Courban. Elle n'est pas perçue comme ça. C'est justement la raison pour laquelle les années qui suivent la scission sont compliquées au sein du Parti communiste, qui perd rapidement une partie de ses effectifs. Le noyau " bolchevik ", ex-comité pour la IIIe Internationale, prend de plus en plus d'importance au sein du nouveau parti. Et lors de son quatrième congrès, à la fin de l'année 1922, Trotski, au nom de la direction de l'Internationale communiste soucieuse d'homogénéiser le mouvement, impose aux militants français de choisir entre leur appartenance au Parti et à la Ligue des droits de l'homme ou à la franc-maçonnerie. C'est un moyen de se débarrasser des " intellectuels petit-bourgeois de gauche ". Certains, comme Marcel Cachin, renoncent à leurs autres organisations, mais d'autres comme Frossard, alors secrétaire général du parti, et quelques journalistes de l'Humanité, refusent cet oukase et démissionnent du parti le 1er janvier 1923. La grande inquiétude de l'Internationale en décembre 1922 était que le parti français perdît la majorité de ses militants et son quotidien.

Venons-en justement à l'Humanité. Quelle est sa place dans l'espace public avant de passer dans le giron du Parti communiste ?

Alexandre Courban. C'est un acteur politique au sens plein du terme. Le journal ouvre ses colonnes à toutes sortes d'initiatives. Il invite régulièrement ses lecteurs à venir financièrement en aide aussi bien aux victimes de la répression de la révolution russe en 1905, qu'aux familles des mineurs de Courrières après la catastrophe de 1906, qu'aux grévistes de Draveil en 1908 ou encore les cheminots en grève en 1910. C'est lui qui organise en 1913 la lutte contre le passage de deux à trois ans du service militaire en faisant signer des pétitions. Il joue le rôle d'" organisateur collectif ", pour reprendre une formule utilisée par Lénine.

Quel enjeu le contrôle du journal représente-t-il pour les socialistes du congrès de Tours ?

Alexandre Courban. Quelques semaines après la scission prononcée à Tours, en janvier 1921, se décide l'avenir du journal. Il s'agit très clairement pour les socialistes divisés de contrôler le seul quotidien de quatre pages diffusé nationalement à plus 150 000 exemplaires, et qui a de surcroît derrière lui seize ans d'histoire, donc un réseau d'abonnés et des habitudes de lecture. L'enjeu est de maîtriser le principal vecteur de la propagande du parti. Autre spécificité française, l'Humanité est le seul quotidien socialiste qui devient communiste. À ma connaissance, tous les autres journaux de ce type sont des créations.

Qui est alors propriétaire du journal ? Pourquoi suit-il la majorité du Congrès de Tours ?

Alexandre Courban. L'Humanité est une entreprise de presse au sens classique, son capital appartient à des actionnaires représentés par le trésorier du Parti, Zéphirin Camélinat, ou d'autres personnalités. Lors de l'assemblée générale de janvier 1921 qui décide du sort du journal, Camélinat répartit les actions au prorata des voix recueillies lors du congrès, soit 70 % en faveur des partisans de l'adhésion à la Troisième Internationale, et 30 % à ses adversaires. Philippe Landrieu, administrateur du journal quasiment depuis sa fondation, détient de son côté des actions achetées en 1907 par les partis sociaux-démocrates allemand, autrichien et tchèque. Pourtant proche de Jaurès, il se prononce pour l'adhésion. La famille de Jaurès, elle, ne se fait pas représenter. Contrairement à ce que l'historiographie et la tradition militante ont retenu, ce n'est pas le choix de Camélinat qui a permis au futur parti communiste de conserver le journal, mais la décision ou l'absence de décision des plus proches de Jaurès (sa famille et Landrieu). Camélinat ayant été " ministre des Finances " de la Commune de Paris et Landrieu exclu du parti en 1923, le Parti communiste fait le choix de mettre en avant cette figure historique de la Commune de Paris. Cela arrange également les socialistes qui peuvent alors faire croire que les communistes leur ont volé le journal de Jaurès.

Par quels changements, humains et éditoriaux, s'opère la mue de l'Humanité ?

Alexandre Courban. En 1921, les quelques journalistes opposés à l'Internationale communiste s'accordent avec leur choix politique et quittent le journal d'eux-mêmes. Les changements plus " visibles " surviennent deux ans plus tard, même si en novembre 1920, on pouvait déjà voir poindre des titres comme " Vive la République des Soviets " sur six colonnes à la une au moment de l'anniversaire d'Octobre. Les relations entre le journal et le parti ont rarement été simples. La première des conditions de l'Internationale est que les journaux soient dirigés par " des communistes authentiques, ayant donné les preuves de sacrifice à la cause du prolétariat ",selon la traduction française de la version italienne. Tout cela donne lieu à des débats intenses au sein du mouvement entre 1921 et 1924 sur la fonction de la presse, sur ce que doivent être les journalistes, qui doit procéder à leur nomination. À partir de 1921, le parti se transforme : l'objectif est désormais de prendre le pouvoir, y compris par la force, sur le modèle de ce qu'ont fait les bolcheviks en Russie. En parallèle à ce parti d'un type nouveau, les communistes souhaitent mettre en place un journal de type nouveau. Le rôle assigné au journal évolue, la ligne éditoriale connaît un net coup de barre à gauche. Comme le bureau politique du Parti doit aider le directeur à imprimer une ligne et à veiller à son respect, le journal ne peut pas être en porte-à-faux avec le Parti. Dès lors, l'Humanité doit devenir plus qu'un journal : l'organe central du Parti. En 1921 tout d'abord, le sous-titre, de " journal socialiste ", devient " journal communiste ". En 1923, il change une nouvelle fois pour devenir " organe central du Parti communiste (SFIC) "". En 1924, s'ouvre alors la période de la mise en pratique des décisions adoptées depuis 1921 : la " "bolchevisation ".

Entretien réalisé par Théophile Hazebroucq

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 06:14
CLOTILDE MATHIEU
LUNDI, 22 AOÛT, 2016
HUMANITE.FR

En 2016, les actionnaires devraient se partager quelque 1 028 milliards d’euros, soit la moitié de la richesse produite dans l’Hexagone.

Championne d’Europe, la France se distingue. Nausée matinale, après la publication des dividendes versés dans le monde au cours du deuxième trimestre de cette année. Selon Henderson Global Investors, les actionnaires des 1 200 plus grosses entreprises du monde se sont partagés entre avril et juin 372 milliards d’euros. 8,6 milliards de plus qu’au deuxième trimestre 2015 (+ 2,3 %). Si bien que l’année en cours devrait rapporter au total quelque 1 028 milliards d’euros de dividendes partout dans le monde, soit près de la moitié des richesses produites en France. Un chiffre toutefois décevant pour ce cabinet, qui tablait sur des dividendes atteignant 1 046 milliards d’euros en 2016. Pourtant, aucune Pamela Anderson à l’horizon pour dénoncer le gavage. Les actionnaires se goinfrent en toute impunité. Infâme quant on sait que 239 milliards d’euros par an d’investissement pendant les quinze prochaines années permettrait d’éliminer la faim dans le monde d’ici à 2030, dixit l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et qu’en 2015, 700 millions de personnes vivaient avec moins de 1,70 euro par jour. Dans son rapport publié en début d’année, l’ONG Oxfam démontrait que seules 62 personnes détiennent autant que la moitié de la population, alors qu’en 2010 ils étaient 388. De telle sorte que la moitié la plus pauvre a bénéficié de moins d’1% de l’augmentation totale des richesses mondiales depuis 2000.

Et, une fois n’est pas coutume, c’est en Europe que les actionnaires se goinfrent le plus avec 124,1 milliards d’euros accumulés en seulement trois mois, en hausse 4,1 % par rapport au deuxième trimestre 2015. Un pays se distingue particulièrement, celui où la finance n’a plus rien à craindre : les dividendes français « ont augmenté de 11,2 %, pour atteindre 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros - NDLR), un résultat que seuls les Pays-Bas et la Corée du Sud ont réussi à surpasser, même si la contribution de ces derniers au total général mondial a toutefois été bien inférieure à celle de la France », affirme Henderson Global Investors

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 06:06

Quel rôle social joue l'inspection ? (3ème chapitre, vidéo 2)

« Inspecteur du Travail, une rencontre », écrit et réalisé par Jean-Pierre Bloc est une fresque documentaire sur un métier mal connu et porteur de nombreux clichés. Alors que le monde du travail est en plein bouleversement, ce webdocumentaire propose d'aller à la rencontre d'homme et de femmes qui exerce le métier d'inspecteur du travail, une fonction créée en 1892, aujourd'hui à la veille d'une mutation radicale. Un vaste tour d'horizon sous forme de récit choral porté par les 10 voix de responsables syndicaux de Sud travail. Ce webdocumentaire est hébergé également par Médiapart et l'Union syndicale Solidaires

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 06:01
« Israéliser notre sécurité » ou « réhumaniser la société »?

LA CHRONIQUE DE FRANCIS WURTZ (*)

HUMANITE DIMANCHE

Jeudi 4 août 2016

Depuis les attaques terroristes de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray, on a pu lire et entendre le pire et le meilleur. La course à l'échalote engagée entre les prétendants de droite à la magistrature suprême pour remporter la palme de la surenchère ultrasécuritaire ¬ quitte à agiter le spectre de la guerre civile ¬ est aussi obscène qu'irresponsable. Plus généralement, tout ténor de la droite s'est senti obligé d'en rajouter une couche. Tel ancien ministre de la Défense a, en quelque sorte, synthétisé cette vision d'une France sûre en une formule choc : « Il nous faut israéliser notre sécurité ! » (1) Faut-il lui rappeler que le « modèle » qu'il recommande de suivre est celui d'un État qui a institutionnalisé un apartheid de fait, où une violence extrême est, au nom de la sécurité, quotidiennement exercée contre une partie de la population, considérée comme intrinsèquement suspecte, et vis-à-vis de laquelle la détention illimitée sans inculpation et les punitions collectives tiennent lieu de justice !

Force est de le constater : en comparaison, la chancelière allemande passerait presque pour une progressiste! Après une semaine noire, marquée par quatre attaques meurtrières, dont deux revendiquées – pour la première fois en Allemagne – par Daech, et bien que critiquée par son allié bavarois, la CSU, à quelques semaines d'élections régionales servant de test en vue des législatives stratégiques de 2017, Angela Merkel a à nouveau évoqué, à propos du million de réfugiés récemment accueillis dans son pays, la « responsabilité humanitaire » et réitéré sa conviction que « nous allons arriver à mener à bien cette épreuve historique en ces temps de mondialisation » ! Non seulement la droite française, mais aussi le gouvernement pourraient en prendre de la graine ¬ lui qui vient pousser sa dérive sécuritaire jusqu'à doter la France, à l'occasion de la loi sur la prolongation de l'État d'urgence, d'une législation autorisant notamment la surveillance préventive de masse, inimaginable outre-Rhin (2).

ISRAËL INSTITUTIONNALISE UN APARTHEID VIS-À-VIS D'UNE POPULATION VUE COMME « SUSPECTE » : LA DÉTENTION ILLIMITÉE Y TIENT LIEU DE JUSTICE !

Heureusement, dans ce contexte délétère où tant de responsables politiques abusent dangereusement de leur influence sur des citoyens traumatisés et fragilisés, d'autres voix se sont fait entendre, et c'est tout à l'honneur de « l'Humanité » et de « l'Humanité Dimanche » de les avoir abondamment relayées ! Ainsi, cette très juste observation du directeur en personne de la Sécurité intérieure (DGSI), estimant que « si on se limite à une réponse sécuritaire, on se trompe » et notant qu'on constate « chez la plupart de ceux que (nous) arrêtons, un profond mal-être (alors que) la seule idéologie qui leur donne une raison d'espérer en ce bas monde est l'extrémisme religieux » (3). Comme en réponse, le psychanalyste Roland Gori soulignait : « C'est dans le clair-obscur du néolibéralisme que sont nés ces monstres (...) Il faut redonner à la jeunesse des motifs d'espérer. » (4) Ou bien le sociologue Michel Wieviorka appelant à « restaurer le lien social », à « réhumaniser la société ».

Et aussi à « reconstruire de la confrontation qui débouche sur autre chose que de la violence » (5). Réfléchir, débattre, construire : la vraie politique, quoi ! Voilà qui nous parle.

(*) Député honoraire du Parlement européen.

(1) Hervé Morin (« le Figaro » du 27/07/2016).

(2) Loi du 21/07/2016 autorisant les services à espionner l'entourage des suspects.

(3) « L'Humanité Dimanche » (28/07/2016).

(4) « L'Humanité » (27/07/2016).

(5) « L'Humanité » (29/07/2016).

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 09:43

Gérard Le Puill

Lundi, 22 Août, 2016

Humanité

L’ancien candidat à la primaire socialiste de 2011, qui avait obtenu 17% des suffrages au premier tour avant d’appeler pour François Hollande au second contre Martine Aubry, a décliné dimanche sa feuille de route pour l’élection présidentielle de 2017 dans un discours truffé de contradictions et de propositions souvent très approximatives. Il refuse de dire pour l’instant s’il inscrira cette candidature dans le cadre de la «Belle alliance » du Parti socialiste.

Arnaud Montebourg avait soigneusement préparé son plan de communication pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2017 lors de l’annuelle fête champêtre de Frangy-en-Bresse. Le Journal du Dimanche avait balisé le terrain en révélant quelques propositions contenues dans discours que l’ancien président du Conseil général de Saône-et-Loire devait prononcer quelques heures plus tard. BFMTV avait fait le choix de la retransmission intégrale du discours de l’ancien ministre de François Hollande, lequel n’en finissait pas d’enlever et de remettre ses lunettes tandis que les personnes présentes à la tribune avaient été sélectionnées pour leur jeunesse , leurs origines suffisamment diverses pour représenter notre France métissée, certaines ayant choisi une tenue vestimentaire qui rappelait la promotion de la marinière d’une entreprise bretonne du textile par Montebourg du temps où il était ministre dans les gouvernements dirigés par Jean-Marc Ayrault, puis par Manuel Valls.
A propos du passage de Montebourg au gouvernement, le Journal du Dimanche, avait pris soin de solliciter un entretien auprès de Jean-Christophe Cambadélis. Le premier secrétaire du PS a pu ainsi commenter la déclaration de candidature de son camarade de parti en affirmant que « la présidentielle ce n’est pas la chasse au Pokémon » avant d’évoquer quelques vérités qui dérangent Montebourg en ces termes: « Pourquoi a-t-il choisi François Hollande plutôt que Martine Aubry à la primaire de 2011? Pourquoi lui, le « démondialisateur», le keynésien, a-t-il avalé tout cru le traité européen et le pacte de responsabilité ? Pourquoi a-t-il choisi Manuel Valls (en contribuant à provoquer le limogeage de Jean-Marc Ayrault, NDLR) … L’ambiguïté est là», selon Cambadélis.
Elle n’est pas que là, à écouter le discours prononcé par l’ancien ministre de l’Economie et du redressement productif à Frangy-en-Bresse. Alors qu’il intervenait dans un département agricole malmené par la crise de l’élevage du fait d’une politique européenne qui ne cesse de négocier des accords de libre échange sur les dos des paysans , Montebourg le « démondialisateur » n’a pas eu un seul mot pour dénoncer cette politique ruineuse pour les éleveurs.
Alors que, chaque mois depuis la Cop 21, les records de chaleur en France et dans le monde nous indiquent qu’il y a urgence à repenser le fonctionnement de l’économie pour freiner le réchauffement climatique, Arnaud Montebourg continue de faire comme si ces enjeux n’existaient pas. Certes, il s’est prononcé pour le « lancement d’un programme de rénovation thermique des bâtiments publics qui serait financé par la Caisse des Dépôts », nous dit le JDD. Mais c’est juste pour créer des emplois. Puis, tout comme Nicolas Sarkozy avant lui, il prévoit « un dispositif d’aide à l’acquisition pour que les 4,5 millions de locataires d’un logement social puissent en devenir propriétaires avec une baisse de 50% par rapport au prix du marché». On peut alors se demander combien de temps prendra, pour le coup, la rénovation thermique des HLM par les nouveaux propriétaires, comme par les bailleurs sociaux ainsi dépouillés d’une une partie de leur patrimoine cédé à vil prix. D’autant que beaucoup d’immeubles deviendront mixtes dans cette affaire.
Le JDD nous dit que les 25 propositions de Montebourg ont été travaillées par 7.000 artisans du projet et validées par 200.000 personnes qui ont voté leur pertinence. Il nous dit aussi que Michel Aglietta , Mathieu Plane et Jean-Paul Fitoussi « tous d’obédience keynésienne ont travaillé tout l’été avec lui ». On imagine que des mesures comme 10 à 20% de l’épargne réservée aux PME qui recevraient aussi pendant 8 ans 80% des marchés publics de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux contenues dans les 25 propositions de Montebourg sont sorties de quelques cerveaux d’économistes du sérail, ce qui ne veut pas dire qu’elles seront faciles à mettre en œuvre. D’autant que Montebourg envisage seulement l’éventuelle nationalisation d’une seule banque tandis qu’il promet à la Commission européenne dans son discours de Frangy que la France paiera toutes les amendes que lui infligera Bruxelles pour non respect des règles de la concurrence au sein de l’Union. Il est pour le moins curieux que le candidat qui demande aux Français « un mandat de dépassement des traités européen et de refondation de l’Union européenne » commence par dire qu’il fera payer par la France sous forme de lourdes amendes le prix de sa rébellion verbale!
Si l’on ajoute à cela les baisses d’impôts promises à certaines catégories de contribuables pour ramener leur contribution au niveau de 2011 et la désignation de 100 sénateurs par tirage au sort dans le cadre d’une réduction importante du nombre de députés et de sénateurs, nous voyons bien qu’ Arnaud Montebourg est davantage dans une posture électoraliste de candidat attrape tout que dans la recherche d’un projet cohérent pour sortir le pays de la crise.

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 08:13

Publiée par Le Monde le 18 août 2016, cette très tribune très forte et pleine de raison de Patrick Weil qui juge inhumain le régime que l'ex-président de la République Sarkozy, tout occupé à ses surenchères identitaires en concurrence et en complémentarité avec le Front National, souhaite imposer aux enfants nés en France de parents étrangers, mérite d'être connue et popularisée car elle montre que la France n'est déjà plus cette République du droit du sol qu'elle a été et qu'elle ne pourra briser le cercle terrible de la guerre identitaire auquel veulent la conduire les islamistes radicaux et les apprentis sorciers islamophobes de l'identité excluante, qu'en se portant sur un projet de société et un avenir commun, unificateur, nullement incompatible avec une diversité héritée de notre histoire et constitutive de notre trajectoire nationale.

"C’est l’ultime outrage de cette fin d’été : Nicolas Sarkozy s’attaque au droit du sol et veut déstabiliser toute une jeunesse de France. Après les attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), y a-t-il un responsable politique dont la parole et la réaction ont pu nous rendre fiers et reconnaissants ? Comparativement, de nombreux Américains ont pu l’être du président Barack Obama, quand, après les attentats d’Orlando et de Dallas, il a parlé en leur nom et trouvé les mots justes. L’exemple est parfois venu des autorités religieuses, mais la ­république laïque n’a pas trouvé sa voix.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/08/17/patrick-weil-monsieur-sarkozy-la-france-a-besoin-d-union-pas-de-division_4983853_3232.html#Tkj3RP7HG7J32Li5.99

Mais voilà que, à l’approche de l’automne, celle de M. Sarkozy s’est remise à tonner, avec la même cible qu’en ce début d’année. Après les attentats de novembre, en effet, et pendant plus de quatre mois, ce dernier s’était mobilisé sans relâche, aux côtés de MM. Hollande et Valls, pour inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution. Une proposition insensée, quand on y repense aujourd’hui, heureusement rejetée par une majorité de parlementaires de gauche comme de droite. Quelle honte collective n’aurions-nous pas ressentie, vis-à-vis des victimes de Nice et de Saint-Etienne et de leurs familles, si nous avions dû nous dire que la seule réponse politique collective apportée après les ­attentats de novembre avait été cette ­déchéance, qui n’avait dissuadé aucun des meurtriers et avait divisé la nation.

Une proposition kafkaïenne

M. Sarkozy récidive, et s’attaque maintenant au statut des enfants nés en France de parents étrangers. Aujourd’hui, ils deviennent français non pas à leur naissance, mais plusieurs années plus tard, entre 13 ans et 18 ans. M. Sarkozy veut d'abord empêcher de devenir français ceux de ces jeunes qui auraient été condamnés. Surtout, il veut qu'au moment d'acquérir la nationalité française, tous les jeunes apportent la preuve de la régularité du séjour de leurs parents à la date de leur naissance, soit entre treize et dix-huit ans auparavant.

Le droit français est déjà l'un des plus restreints: aux Etats-Unis comme au Canada, la naissance sur le sol vaut acquisition immédiate de la nationalité, indépendamment de la situation de séjour des parents. Au Royaume-Uni, comme en Allemagne, la régularité du séjour des parents permet l'attribution de la nationalité dès la naissance. Si les parents ne sont pas réguliers, l'enfant attend l'âge de 10 ans et devient alors automatiquement britannique: il faut huit ans de scolarité pour devenir allemand.

Aujourd'hui, en France, sauf si l'un des parents est déjà né sur notre sol, on n'est pas français à la naissance si ses deux parents sont étrangers: on attend que le séjour et surtout que l'éducation en France aient produit leurs effets. La République s'intéresse au jeune qui fait partie de l'avenir de la France et pas à ses parents. La proposition de M. Sarkozy signifie concrètement que l'on demande, à l'approche de leur majorité, à tous les jeunes nés de parents étrangers, de prouver devant un juge que treize, seize ou dix-huit ans auparavant, chacun de leurs deux parents était en situation régulière.

Parfois, les parents auront divorcé, l'un des parents sera décédé, reparti à l'étranger ou aura disparu. Le plus souvent, ces parents n'auront plus leurs documents de séjour tout simplement parce que la préfecture les aura récupérés lors des précédents renouvellements. Imaginons-nous: nous- déjà Français - devoir demander à chacun de nos deux parents de nous fournir leurs papiers d'identité, non pas ceux d'aujourd'hui, mais ceux d'il y a quinze ou vingt ans, faute de quoi nous perdrions nos droits?

Ce régime que M. Sarkozy propose pour les enfants nés en France de parents étrangers est inhumain, kafkaïen et inutile. Il n'a bien sûr aucun précédent dans l'histoire de France ni aucun équivalent en Europe ou dans le reste du monde libre. Il n'aura bien sûr aucun impact contre le terrorisme. Il va surtout plonger des centaines de milliers de jeunes attachés à la France dans l'anxiété et le sentiment d'être rejetés, suspectés. Il va nous diviser dangereusement, quand nous avons tant besoin d'être unis.

Cette proposition de M. Sarkozy sera - espérons-le- défaite. Mais, encore une fois, quelle énergie gâchée, quel temps perdu à devoir combattre les propositions les plus absurdes, ici les plus pernicieuses, de nos dirigeants politiques quand nous devrions consacrer ce temps et cette énergie à nous unir et à nous projeter dans un avenir commun.

Un besoin d'unité

Sans parler de la réforme de notre appareil de sécurité, l'unité des citoyens français, c'est la réponse primordiale aux attentats terroristes, celle qui nous rendra invincible. Or, elle est à portée de main ou plutôt de mots et d'actes simples. Nous sommes les héritiers d'une histoire commune: celle d'une France européenne mais aussi d'au-delà de l'Europe, qui nous fait si divers. Ce qui nous distingue est bien moins important que ce qui nous rassemble, des valeurs partagées, celle de l'égalité qui nous guide dans les progrès que chaque génération a apportés contre les discriminations et les injustices, la langue et la culture, enfin la laïcité, modèle d'avenir, car amie et protectrice de la liberté absolue de conscience, à la fois la liberté de religion et liberté à l'égard de toute religion. Ce partage d'une histoire et de valeurs communes, il affleure chaque jour, depuis les attentats, dans les innombrables signes et expériences de fraternité citoyenne. Mais il a besoin des mots du politique pour le dynamiser et non pour le dynamiter.

Alors, bien sûr, à l'approche des élections de l'an prochain, présidentielle et législatives, la tentation va être grande de se diviser. Sur les politiques publiques, l'éducation, l'économie, mais aussi les moyens et la stratégie de notre sécurité, la compétition est légitime. Pas sur les fondements du droit républicain quand il touche aux droits fondamentaux.

A ceux qui veulent porter la division, sans raison, en pensant nous séduire, nous devrions tous dire, que l'on soit de droite ou de gauche: désolés, sur ce terrain, on ne vous suit pas, monsieur le politicien, avec cela on ne joue pas, vous êtes disqualifié!

Patrick Weil, historien et politologue, directeur de recherche au CNRS

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 08:06

Deux fois mis en examen, l'ex-chef de l'Etat est visé par d'autres enquêtes

22 août 2016 | Par Michel Deléan et Mathilde Mathieu

Candidat déclaré à la primaire de droite, Nicolas Sarkozy est mis en examen dans deux affaires politico-judiciaires sérieuses. Il est encore visé par d’autres enquêtes en cours. Un cas unique qui pose question.

"Ce livre est un point de départ», annonce-t-il sur son compte Facebook. Pour donner un peu de sel à une candidature connue de fait depuis des mois, Nicolas Sarkozy n'a donc pas choisi un communiqué ou un JT de 20h mais un livre-programme, Tout pour la France. Il sera publié mercredi chez Plon mais est déjà abondamment cité sur les réseaux sociaux. Le livre se décline en cinq chapitres, qui donne le ton de ce que sera la campagne de l'ex-chef d'Etat: « Le défi de la vérité », « Le défi de l’identité », « Le défi de la compétitivité » « Le défi de l’autorité », « Le défi de la liberté ».

Lundi 22 août, Sarkozy a annoncé qu'il quittait la présidence de LR (Les Républicains) -celle-ci devrait revenir à Laurent Wauquiez. Jeudi, il tiendra son premier meeting de campagne. «Il devrait pas être en prison, lui?», lance un commentaire sur son site Facebook. Candidat déclaré à la primaire de droite, faute de pouvoir sauter directement à la case élection présidentielle, Nicolas Sarkozy se présentera aux suffrages des citoyens en étant lesté de quelques casseroles judiciaires de taille respectable.

Il est en effet le seul candidat à la candidature qui est mis en examen dans deux affaires politico-judiciaires. D’autres enquêtes le concernant suivent par ailleurs leur cours, et il est permis de se demander si tous ses soucis judiciaires n’entrent pas en ligne de compte dans la décision de Sarkozy de revenir en politique après l’avoir quittée.

L’ancien président de la République est mis en examen pour « corruption », « trafic d’influence » et « recel de violation du secret professionnel » depuis le 1er juillet 2014 dans l’affaire Paul Bismuth. Il est fortement soupçonné d’avoir corrompu le haut magistrat Gilbert Azibert pour que celui-ci intervienne dans une autre affaire (la restitution de ses agendas présidentiels, saisis dans l’affaire Bettencourt et qui risquaient alors d’être versés au dossier Christine Lagarde). Le pot aux roses avait été révélé lors d’écoutes téléphoniques judiciaires effectuées dans un autre dossier.

Selon des sources proches du dossier, Nicolas Sarkozy et son avocat et ami Thierry Herzog ont été réentendus récemment dans cette affaire plus qu’embarrassante, après que leurs auditions ont été annulées pour un motif procédural en mai dernier. L’ensemble de la procédure avait auparavant été validé par la cour d’appel de Paris, puis par la Cour de cassation.

Sauf nouveaux actes d’enquête ou confrontations entre les trois mis en examen (Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog et Gilbert Azibert), les juges d’instruction Patricia Simon et Claire Thépaut pourraient prochainement signifier à nouveau la fin de leurs investigations – ce qu’elles avaient déjà fait une première fois en début d’année. Les avocats auront alors un délai de trois mois pour formuler de nouvelles observations, avant que le Parquet national financier (PNF) ne rende son réquisitoire. À terme, Nicolas Sarkozy risque sérieusement un renvoi devant le tribunal correctionnel. Mais un éventuel procès ne pourrait matériellement pas avoir lieu avant la présidentielle de 2017.

L’autre chape judiciaire qui pèse sur « Sarkozy 2017 », c’est « Sarkozy 2012 », qui lui vaut depuis février une mise en examen pour « financement illégal de campagne électorale » dans l'affaire Bygmalion. Depuis, ses lieutenants retiennent surtout que Nicolas Sarkozy a échappé à toute mise en examen pour « faux » ou « escroquerie », l’instruction n’ayant pas démontré qu’il aurait donné l’ordre de bidonner son compte de campagne, ni même qu’il aurait été informé du système de fausse facturation mis en place entre Bygmalion et l’UMP pour dissimuler l’explosion de ses frais de meeting. Cherchant à relativiser le « financement illégal », ils matraquent qu’il s’agirait d’une infraction « informelle », sinon « automatique », liée au seul fait que le plafond de dépenses a été enfoncé.

Mais selon le juge Serge Tournaire qui l’a mis en examen, Nicolas Sarkozy ne pouvait ignorer le dérapage de ses dépenses. Contre l’ex-candidat, il retient deux alertes rouges adressées par ses experts-comptables, ainsi qu’un mail du directeur général de l’UMP rapportant, en mars 2012, le « souhait du Président de tenir une réunion publique chaque jour », soit d’accélérer la campagne.

Jugé dans quel délai?

Nicolas Sarkozy sera-t-il jugé un jour pour ce « financement illégal », puni d’un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende ? Surtout, dans quel délai ? Les juges d’instruction ayant signifié la fin de leurs investigations au début du mois de juin, le parquet de Paris devra rendre d’ici au début du mois de septembre (soit un délai de trois mois) ses propres réquisitions, demandant ou non le renvoi de Nicolas Sarkozy devant un tribunal correctionnel. Les avocats de l’ancien chef d’État, comme des treize autres mis en examen, disposeront encore d'un mois pour faire des observations.

Les juges d’instruction seront alors libres de suivre ou non les réquisitions du parquet. Eux seuls sont chargés de rédiger l’ordonnance finale, décidant d’accorder un non-lieu ou d’expédier au tribunal. Serge Tournaire ayant mis l’ancien président en examen, on voit mal qu’il renonce à un procès. Mais une incertitude pèse sur la position qu’adoptera Renaud Van Ruymbeke, le second juge ayant instruit le dossier depuis 2014 (un troisième, Roger Le Loire, en est dessaisi depuis qu’il a fait état de ses ambitions politiques auprès de sa hiérarchie).

En février dernier, en effet, Renaud Van Ruymbeke avait fait part en coulisse de son désaccord avec la mise en examen de Nicolas Sarkozy, signée du seul Serge Tournaire. Si Renaud Van Ruymbeke devait se désolidariser de son confrère, celui-ci pourrait tout de même parapher une ordonnance de renvoi pour « financement illégal » de sa seule main, pour la raison qu’il est le premier juge saisi. Possiblement avant la fin 2017 si des avocats soucieux (entre autres) de gagner du temps n’ont pas obtenu de nouveaux actes d’enquête.

Dans le volet financier de l’affaire Karachi, les juges d’instruction ont transmis voici deux ans à la Cour de justice de la République (CJR) les cas des ministres de l’époque : ils ont estimé que Nicolas Sarkozy (ministre du budget à l'époque des faits) était susceptible d’être placé sous le statut de témoin assisté, Édouard Balladur et François Léotard sous celui de mis en examen. Mais connaissant l’extrême prudence de la CJR, qui étudie toujours ce dossier, il semble peu probable que les charges pesant contre Nicolas Sarkozy soient revues à la hausse.

D’autres affaires suivent par ailleurs leur cours judiciaire, dans lesquelles Nicolas Sarkozy est cité sans que l’on sache à coup sûr s’il pourrait ou non être inquiété. Il en va ainsi de l’affaire du possible financement par la Libye de Kadhafi de sa campagne présidentielle de 2007. Une instruction longue, dont on ne peut deviner l'issue.

Autre dossier épineux, l’affaire des ventes d’hélicoptères et des possibles rétrocommissions au Kazakhstan (en 2011) a valu une mise en examen à plusieurs proches de Nicolas Sarkozy (Aymeri de Montesquiou et Jean-François Étienne des Rosaies), et suit actuellement son cours. Dans cette affaire, l'ex-chef de l'État est notamment soupçonné d’être intervenu en faveur d’un oligarque kazakh auprès des autorités belges, mais il pourrait bénéficier de l’immunité présidentielle.

Cette même immunité présidentielle lui est également garantie dans le dossier des sondages coûteux commandés par l'Élysée pendant son quinquennat, où plusieurs de ses proches sont mis en examen. Il en va de même dans l’affaire de l’arbitrage frauduleux rendu en faveur de Bernard Tapie (en 2008), dans laquelle Christine Lagarde est renvoyée devant la CJR et plusieurs personnalités (dont Stéphane Richard) sont mises en examen dans le volet non ministériel du dossier.

D’autres affaires sensibles sont, en revanche, définitivement terminées en ce qui concerne la situation personnelle de Nicolas Sarkozy. Il a ainsi obtenu (en octobre 2013) un non-lieu aigre-doux de la part des juges d’instruction dans l’affaire Bettencourt, où il avait été mis en examen pour abus de faiblesse.

L’ancien président a également bénéficié, en septembre 2015, d’un non-lieu dans l’affaire du remboursement par l’UMP de l’amende pour dépassement de frais de campagne de 2012, affaire dans laquelle il avait été placé sous le statut de témoin assisté six mois plus tôt (un non-lieu général a bénéficié aux mis en examen, dont Jean-François Copé).

Toujours prompt à dénoncer la supposée partialité des juges et à se présenter comme la victime d’un hypothétique complot, dès qu’une enquête judiciaire le menace, Nicolas Sarkozy ne rechignait pourtant pas à aller en justice lorsqu’il était au pouvoir. Il a déposé plainte et s’est constitué partie civile plusieurs fois lorsqu’il était ministre de l’intérieur puis président de la République, à la différence notable de ses prédécesseurs.

Les moyens de l’État (police et justice) ont ainsi été mis à contribution pour retrouver le voleur du scooter d’un de ses fils, les auteurs du piratage de son compte bancaire, les propagateurs de rumeurs sur sa vie privée, sans oublier l’interdiction de la poupée vaudou, et les poursuites pour offense au chef de l’État. Le climax a été atteint avec l’affaire Clearstream, dans laquelle Nicolas Sarkozy a pesé de tout son poids pour essayer de faire condamner Dominique de Villepin, en vain.

Le quinquennat Sarkozy a également été marqué par une réduction des effectifs de magistrats et un projet avorté de suppression du juge d’instruction, sur fond d’instrumentalisation politique à répétition des faits-divers. Le paradoxe n’est qu’apparent : pour Nicolas Sarkozy, qui ne goûte guère l'indépendance, la justice ne fonctionne bien que lorsqu’elle lui obéit et lui donne raison.

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 07:17

Normes d’encadrement des accueils périscolaires

La Fédération CGT des services publics appelle à une action d’envergure le 19 septembre 2016

lundi 22 août 2016

Des mesures inacceptables !

La Fédération CGT des Services publics n’appelle pas à la grève le 5 septembre avec l’intersyndicale CFDT, CFTC, FSU et UNSA.

Si la Fédération n’est pas en opposition sur les points défendus par l’intersyndicale, elle estime qu’il ne faut pas agir dans la précipitation.

Le décret du 1er août 2016, validant les taux d’encadrement des enfants durant les activités périscolaires, ne concerne pas que les animateurs, mais bien plus largement : les ATSEM, les personnels de l’Éducation nationale, les parents d’élèves…
La Fédération estime que les délais sont trop courts pour une action le 5 septembre, trop proche de la rentrée scolaire où bon nombre des personnes concernées ne prendront connaissance de ces mesures néfastes qu’à partir de ce moment-là.
Par ce décret, le gouvernement autorise, de façon pernicieuse, les collectivités à sacrifier la qualité éducative de six millions d’enfants scolarisés pour des raisons avant tout économiques.

Pas moins de 88 % des animateurs dénoncent une dégradation de la qualité pédagogique des accueils, 82,5 % l’insécurité pour les enfants, et 85 % la dégradation des conditions de travail.

Sur le territoire, les animateurs, les ATSEM et les personnels de la Fonction publique territoriale n’en peuvent plus de ces conditions de travail. Les enfants sont fatigués et leurs conditions d’accueil ne garantissent pas leur sécurité physique et morale.

Cette situation engage d’ailleurs la responsabilité pénale des agents concernés par ces nouveaux accueils périscolaires (NAP/TAP).

Avec les parents d’élèves et les enseignants, ces derniers exigent :

1. Un retour aux mêmes taux d’encadrement que les accueils extrascolaires réglementés par le code de l’action sociale et de la famille à savoir : 1 Animateur pour 8 enfants de 3 à 6 ans — 1 Animateur pour 12 enfants de 6 à 12 ans.

2. Une véritable campagne de professionnalisation des animateurs sur tout le territoire. La titularisation de tous les animateurs qui répondent à des besoins permanents avec une prise en compte des temps de préparation et de réunion, pour un taux d’emploi à 100 %.

3. Le passage en catégorie B de tous les agents qui assument des missions de direction et d’encadrement par la voie de l’examen professionnel, du concours ou encore de la promotion interne lorsque c’est possible.

La Fédération maintient que ces revendications pour assurer la sécurité des enfants et la qualité de leur accueil nécessitent la mobilisation du plus grand nombre.

Elle appelle les syndicats à préparer dès aujourd’hui une action d’envergure le 19 septembre 2016 et tous les agents concernés à se mobiliser ce jour-là !

Modalités de rassemblement à définir localement.

Montreuil, le 16 aout 2016

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 06:58

Courant d'ère. La mémoire qui couve
http://www.letelegramme.fr/debats/la-memoire-qui-couve-21-08-2016-11188993.php

Dans la nuit du 17 au 18 août 1936, le poète Federico Garcia Lorca fut assassiné par des miliciens franquistes. On connaît les circonstances du meurtre, mais le corps, malgré des fouilles, n'a jamais été retrouvé. L'Association espagnole pour la récupération de la mémoire historique se bat pour que le dossier ne soit pas clos et elle vient de se tourner vers une juge argentine, Maria Servini, afin qu'une action soit entreprise en ce sens, les crimes contre l'humanité n'étant jamais prescrits. Pourquoi l'Argentine, pourquoi ne pas s'adresser à la justice de Madrid ? Parce qu'en 1977, une loi d'amnistie générale a été votée par le Parlement espagnol, compliquant l'accès aux archives et interdisant les poursuites contre ceux que lesdites archives permettraient d'identifier.

Une chape de plomb, alors que l'on estime à 100.000 le nombre des disparus lors de la guerre civile et de la dictature. Le juge ibérique Baltasar Garzon, entre 2006 et 2008, a tenté de forcer le blocus. Il a lui-même été poursuivi et réduit au silence. Mais l'amnésie ne se décrète pas, du moins pas aujourd'hui. On espère qu'avec l'élimination naturelle des témoins, les interrogations et les recherches vont s'éteindre. Et cela ne marche pas, ne marche plus. La plupart des familles d'Espagne possèdent des photographies, des écrits, des traces, et les petits-enfants prennent la relève des parents, comme ils le font en Arménie, au Chili, au Cambodge et ailleurs. La politique de l'oubli n'est pas une politique. La mémoire renaît, la mémoire travaille, la mémoire est à l'oeuvre même quand ce travail n'est pas apparent, la mémoire couve, refuse de s'éteindre. La seule et unique manière d'en finir avec elle, c'est, paradoxalement, de l'accepter ? comme les commissions « vérité et réconciliation » le firent et continuent de le faire en Afrique du Sud. Génocides, tyrannies, conquêtes, esclavages sont et restent des données vivantes, des plaies ouvertes, jusqu'à ce que l'histoire soit écrite, connue, débattue. Chape de plomb ou pas, les Espagnols n'y échapperont guère. Comme les nazis. Comme les totalitarismes. Comme les colonisateurs. Bien sûr, nombre d'individus, de coupables, passent entre les gouttes. M. Kissinger est Prix Nobel de la paix, mais nul n'oubliera qu'il planifia la torture en Amérique latine. Tôt ou tard, Garcia Lorca aura le dernier mot"

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 06:21

Lettre ouverte à M. Nicolas de Tavernost, PDG de M6, concernant sa nouvelle émission « La Rue des Allocs »

lundi 22 août 2016

Par Gilles LEPROUST, Maire d’Allonnes, Secrétaire Général de Ville et Banlieue, Vice-Président de l’Académie des Banlieues

Lettre ouverte à M. Nicolas de Tavernost, PDG de M6, concernant sa nouvelle émission « La Rue des Allocs »

M. de Tavernost, ce mercredi, votre chaîne programme une émission intitulée « La Rue des Allocs ». Il s’agit d’un « docu-réalité » sur des habitants d’un quartier populaire d’Amiens, sévèrement frappé par le chômage et les inégalités.

Vous reprenez à votre compte une série documentaire anglaise qui avait soulevé de nombreuses protestations et avait été récupérée politiquement par les conservateurs pour justifier une réforme antisociale.

Au lieu d’avoir un véritable travail journalistique concernant des personnes subissant au quotidien les inégalités sociales et territoriales avec les souffrances endurées, vous faites le choix de montrer la misère de la façon la plus caricaturale et spectaculaire possible, d’être sensationnel sur le dos des personnes en difficulté sociale… pour faire de l’audimat.

Je considère, en tant que citoyen, et en tant que maire d’une ville populaire, le procédé abject et malhonnête.

En effet, il ne s’agit pas de nier les ravages des politiques libérales sur les comportements de certaines personnes, mais je peux constater au quotidien que la majorité des habitants frappés par les injustices sont dignes, courageux et tentent, tant bien que mal, de garder « la tête hors de l’eau ».

Je vous invite à proposer sur votre chaine des reportages qui valorisent la création des habitants de nos quartiers, que ce soit en termes de culture, sport, solidarité, réussite dans les études…

Avec des associations d’élus telles que Ville et Banlieue et l’Académie des Banlieues, nous œuvrons, élus, associations et habitants, à construire au quotidien des lieux de convivialité, de bien vivre ensemble.

Après les terribles attentats de 2015 et de ce mois de juillet dans notre pays, produire des émissions qui visent à stigmatiser et opposer les gens entre eux n’est pas acceptable.

J’attends des médias qu’ils fassent leur travail (heureusement de nombreux journalistes le font) en faisant appel à l’intelligence humaine.

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