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21 février 2017 2 21 /02 /février /2017 06:08
Fillon ira jusqu'au bout! (Info'Com CGT)
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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 07:44
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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 07:30
Maurice et Josette Audin

Maurice et Josette Audin

Il fut assassiné par les parachutistes, il y a cinquante- sept ans, le 21 juin 1957. Comme des milliers de disparus de la Bataille d'Alger, son corps n'a pas été retrouvé.

C'est un immense honneur pour moi d'évoquer, aujourd'hui, le souvenir de ce frère et ami, de ce camarade dont j'eus le privilège d'être l'élève.

Lorsque je me rendais chez lui, au 22 rue de Nîmes, au centre d'Alger, pour les cours de mathématiques qu'il me donnait gracieusement, je ne savais pas que j'allais à la rencontre d'un savant, tellement sa modestie était grande. Il me consacra généreusement ses samedis après-midi, alors qu'il préparait sa thèse de doctorat en mathématiques.

 
 

J'ai connu Maurice Audin par l'intermédiaire de mon frère aîné, Nour Eddine, étudiant comme lui à l'Université d'Alger. Ils partageaient les mêmes convictions politiques. Nour Eddine est tombé au champ d'honneur le 13 septembre 1957, à Bouhandès, au sud-ouest de Chréa, au flanc sud du djebel Béni Salah.

Maurice Audin, dont je garde en mémoire le visage souriant, est né le 14 février 1932, dans la ville de Béja, en Tunisie, de père né en France et de mère née en Algérie.

 
 

A Alger, où sa famille revint dans les années 1940, il suivit pratiquement toute sa scolarité. Il entra à la Faculté des sciences d'Alger, en 1949, à l'âge de 17 ans.

Brillant étudiant, il fut appelé le 1er février 1953 comme assistant par le professeur Possel qui le prit aussitôt en thèse et le mit en contact avec son patron de Paris, le grand mathématicien Laurent Schwartz.

En plus de ses activités de chercheur, Maurice Audin, membre du Parti communiste algérien depuis 1951, était omniprésent dans les luttes syndicales et politiques.

C'est à travers ces luttes que se forgea sa conscience nationale. Il intégra ainsi la nation algérienne en lutte pour sa dignité.

Le 20 janvier 1956, il était aux côtés de ses camarades étudiants musulmans de l'Université d'Alger lors de la manifestation, organisée par la section d'Alger de l'UGEMA, suite à l'assassinat de l'étudiant Belkacem Zeddour et du docteur Benaouda Benzerdjeb.

 
 

Cette manifestation fut d'ailleurs le prélude à la grève générale illimitée déclenchée le 19 mai 1956.

Maurice Audin engagea sa vie dans une voie pleine de courage

Détruire l'ordre colonial sanglant, insultant, raciste, pour construire, avec le peuple libéré, une société juste, solidaire, fraternelle.

Qu'est-ce qui a poussé à l'action ce jeune mathématicien qui, de par sa compétence, était appelé à une brillante carrière et à une paisible vie toute consacrée à la recherche en mathématiques ?

Aux questions des historiens, Josette Audin, son épouse, professeur de mathématiques comme lui, répond avec sérénité : "Ce sont ses convictions communistes que je partage autant que son goût pour les sciences. Nous étions tous les deux conscients des risques que nous faisaient courir nos engagements politiques".

Pour retracer les circonstances de la disparition de Maurice Audin le 21 juin 1957, je m'appuie sur le témoignage de son épouse, ainsi que sur les écrits d'Henri Alleg, auteur de la "Question", et du Docteur Georges Hadjadj. Je me réfère également à l'ouvrage de l'historien Pierre Vidal-Naquet, "L'Affaire Audin", et aux journaux de l'époque. 

Contexte de son arrestation par les parachutistes le 11 juin 1957

1957 : La lutte armée pour l'Indépendance entre dans sa troisième année. Nous sommes loin des premiers coups de fusils de chasse. En cette année 1957, l'initiative appartient aux katibas et aux commandos de l'ALN.

Alger, 1957. Le général Massu reçoit, le 7 janvier, les pleins pouvoirs des mains du chef du gouvernement, Guy Mollet. Il devient ainsi le chef suprême de la zone d'Alger. Il s'entoure d'officiers revenus comme lui du Viet Nam après la défaite du corps expéditionnaire français à Diên Biên Phû au mois de mai 1954, Avec ses milliers de parachutistes, il envahit Alger et sème la terreur dans la population.

Il s'arroge le droit de vie et de mort. Il ouvre des centres de torture partout : La villa Sésini, l'école Sarrouy, le café-restaurant Bellan aux Deux Moulins, l'immeuble d'El Biar, le stade de Saint Eugène (Omar Hamadi à Bologhine), la villa des Tourelles.

 
 

La liste est longue. A Paul Cazelles (Aïn Oussara), à 250 kilomètres au sud d'Alger, l'armée française ouvre un vaste camp de concentration où les prisonniers, entassés sous les tentes, ne sont même pas recensés.

Nous sommes en pleine bataille d'Alger. Bataille d'Alger déclenchée par le service des renseignements français avec l'attentat monstrueux perpétré dans la nuit du 10 au 11 août 1956, à la rue de Thèbes, contre la population pauvre de la Casbah endormie.

Dans la nuit du 11 juin 1957, des officiers du 1er régiment de chasseurs parachutistes enlèvent Maurice Audin à son domicile, à la cité des HBM de la rue Flaubert, au Champ de Manœuvres.

Son épouse raconte ce qui est arrivé : "Il est 23 heures. Nos enfants - le plus jeune, Pierre, a un mois - sont à peine couchés lorsque les "paras" viennent frapper à la porte. J'ai la naïveté de leur ouvrir, sachant très bien, en réalité, ce qu'une visite aussi tardive peut signifier...Ces hommes venus prendre mon mari me diront en partant : ''S'il est raisonnable, il sera là dans une heure''...Il n'a pas dû l'être, raisonnable, car je ne l'ai jamais revu".

De son côté, le docteur Georges Hadjadj relate sa rencontre avec Maurice Audin, dans la salle de torture d'El Biar, la nuit du 11 au 12 juin : "J'étais à ce moment-là au deuxième étage, à l'infirmerie, où j'avais été amené dans l'après-midi à la suite d'une crise titanifère que l'électricité avait provoquée.

Le capitaine Faulques est venu me chercher pour me faire répéter, devant Audin, dans l'appartement en face, ce que je lui avais dit, c'est-à-dire que j'avais soigné chez lui M. Caballéro. Il y avait par terre une porte sur laquelle étaient fixées des lanières. Sur cette porte, Audin était attaché, nu à part un slip. Etaient fixées, d'une part à son oreille et d'autre part à sa main, des petites pinces reliées à la magnéto par des fils.

Il y avait dans la pièce outre le capitaine Faulques, le capitaine Devis, le lieutenant Irulin, le lieutenant André Charbonnier et un chasseur parachutiste.

J'ai ensuite regagné la chambre de l'infirmerie, d'où j'ai pu entendre les cris plus ou moins étouffés d'Audin.

Une semaine après, on nous transféra, Audin et moi, dans une petite villa située à un kilomètre du lieu où nous étions détenus. Elle se trouvait en face du PC du régiment de parachutistes et il y avait un panneau accroché à l'entrée indiquant : ''PC 2° bureau''.

On nous mena là soi-disant pour être interrogés. En fait, comme je le sus plus tard, ce déplacement était dû à une visite d'officiels dans les locaux d'El Biar. A cette occasion, j'ai pu revoir Audin. Nous étions enfermés dans une pièce avec d'autres détenus musulmans.

Audin a pu alors me raconter les sévices qu'il avait subis. Il en portait encore les traces : des petites escarres noires aux lieux de fixation des électrodes. Il avait subi l'électricité. On lui avait fixé les pinces successivement à l'oreille, au petit doigt de la main, aux pieds, sur le bas-ventre, sur les parties les plus sensibles de son corps meurtri.

Il avait également subit le supplice de l'eau. A cette occasion, il avait perdu son tricot parce qu'on s'en était servi pour recouvrir son visage avant de glisser entre ses dents un morceau de bois et un tuyau. Et puis, bien sûr, il y avait un parachutiste qui lui sautait sur l'abdomen pour lui faire restituer l'eau ingurgitée... ".

Le 21 juin, Maurice Audin, âgé de 25 ans, père de trois enfants, disparaît.

 
 

Henri Alleg, l'auteur du livre La Question, témoigne :

"Il devait être 22 heures ce soir- là, lorsque Charbonnier est venu me demander de me préparer pour un transfert...Je l'ai entendu dire dans un couloir : 
"Préparez aussi Audin et Hadjadj..." J'ai attendu. Personne n'est venu me chercher. Dans la cour, une voiture a démarré, s'est éloignée. Un moment après, une rafale de mitraillette. J'ai pensé : "Audin".

Qu'est-il advenu de Maurice Audin ?

Le rapport du lieutenant-colonel Mayer, commandant du 1° RCP, mentionne :

"Le dénommé Audin Maurice, détenu au centre de triage d'El Biar, devait subir un interrogatoire par la PJ le 22 juin 1957 au matin.
Le 21 juin, il fut décidé de l'isoler et de l'emmener dans un local de la villa occupée par le noyau Auto du régiment OP, 5, rue Faidherbe, où devait avoir lieu l'interrogatoire le lendemain.

Vers 21 heures, le sergent Mire, adjoint de l'officier de renseignement du régiment, partit chercher le détenu en jeep. Le prisonnier, considéré comme non dangereux, fut placé sur le siège arrière du véhicule, le sergent Mire prenant place à l'avant à côté du chauffeur.

La jeep venait de quitter l'avenue Georges-Clémenceau et était engagée dans un virage accentué. Le chauffeur ayant ralenti, le détenu sauta du véhicule et se jeta dans un repli du terrain où est installé un chantier, à gauche de la route.

(...) La 2° Compagnie cantonnée à El Biar fut rapidement avertie, et envoya des patrouilles en direction de Frais Vallon. Il ne fut pas possible de recueillir le moindre renseignement..."

Josette Audin refusa de croire à cette version. Evadé, son mari eût fait l'impossible pour rassurer les siens. Aussi, le 4 juillet, elle porte plainte pour homicide contre X et se constitue partie civile.

 
 

LIRE AUSSI: François Hollande fait un pas vers la vérité: Maurice Audin ne s'est pas évadé, il est mort en détention!

 
 

"Mon mari a été étranglé le 21 juin 1957 au centre de tri de la Bouzaréah, à El Biar, au cours d'un interrogatoire mené par son assassin, le lieutenant Charbonnier, officier de renseignements du 1° RCP...

Le crime fut commis au su d'officiers supérieurs qui se trouvaient, soit dans la chambre des tortures, soit dans la pièce attenante.

Il s'agit du colonel Trinquier, alors adjoint du colonel Godard, du colonel Roux, chef du sous-secteur de la Bouzaréah, du capitaine Devis, officier de renseignements attaché au sous-secteur de la Bouzaréah, et qui avait procédé par ailleurs à l'arrestation de mon mari, du commandant Aussaresses, du commandant de la Bourdonnaie".

Le général Massu a été, peu après, informé personnellement de cet assassinat, baptisé accident, par les officiers qui se sont rendus à son bureau de l'état-major. C'est dans le bureau du général que fut réglée la mise en scène de la prétendue évasion de Maurice Audin.

Maurice Audin a été immédiatement inhumé à Fort - l'Empereur en présence du colonel Roux et du lieutenant Charbonnier qui l'assistait".

Josette Audin n'a cessé de chercher à connaître la vérité.

Où se trouve le corps du supplicié ?

Le général Massu a refusé de dévoiler le secret. Quelque mois avant la mort du général, en 2002, le commandant Aussaresses (le commandant "O") lui avait demandé : "Vous ne pensez pas, général, qu'après plus de cinquante ans, il faudrait parler pour Madame Audin." Le général le rabroua : "Je ne veux plus rien entendre : compris Aussaresses ?", lui lança-t-il au téléphone.

Le 19 juin 2007, dans une lettre ouverte, Josette Audin écrit au président de la République française pour lui demander "simplement de reconnaître les faits, d'obtenir que ceux qui détiennent le secret, dont certains sont toujours vivants, disent enfin la vérité, de faire en sorte que s'ouvrent sans restriction les archives concernant cet évènement... ".

Elle n'a pas reçu de réponse.

Mais, par une lettre datée du 30 décembre 2008, le président de la République française informe la fille aînée de Maurice Audin, Michèle, mathématicienne, de sa décision de lui décerner le grade de chevalier de la Légion d'honneur (pour sa contribution à la recherche fondamentale en mathématiques et la popularisation de cette discipline).

Michèle Audin l'a refusée. "Je ne souhaite pas recevoir cette décoration...parce que vous n'avez pas répondu à ma mère...", a-t- elle écrit au chef de l'Etat français, dans une lettre ouverte qui a fait le tour du monde.

LIRE AUSSI: Les premiers guillotinés de la guerre d'Algérie: les cas de Ferradj et Zabana

 
 

Depuis, il y a eu les révélations du général Aussaresses faite à un journaliste peu avant sa mort. Maurice Audin est mort d'un coup de poignard porté par un officier parachutiste placé sous ses ordres, lui a-t-il confié. Josette Audin a émis des doutes sur ces déclarations. "C'est bien que le général ait dit sa vérité, mais c'est seulement sa vérité. Ce n'est pas forcément la vérité", dit-elle.

De son côté, lors d'un travail de recherche, la journaliste Nathalie Funès révéla le nom de l'assassin. Il s'appelle Gérard Garcet, révèle un écrit du colonel Godard, retrouvé aux Etats-Unis. Au moment des faits, il était sous-lieutenant de l'infanterie coloniale détaché comme aide de camp auprès du général Massu.

Mais Josette Audin ne sait toujours pas où est enterré son mari.

 
 

Afin de perpétuer le souvenir du brillant mathématicien, symbole de l'intellectuel engagé, mort pour que vive l'Algérie, son pays, la République algérienne reconnaissante donna, le jour de la célébration de l'an I de l'indépendance, le nom de Maurice Audin à la place centrale d'Alger, en contre bas de l'Université où il mena de brillantes recherches. Dans l'Algérie colonisée, la place portait le nom du général Lyautey, descendant des envahisseurs de 1830.

Le 19 mai 2012, à l'occasion de la célébration de la Journée Nationale de l'Etudiant, le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique inaugura la plaque commémorative scellée au mur de l'Université d'Alger, près de la librairie qui porte le nom du mathématicien martyr.

Le Prix Maurice-Audin, créé en 1957 à Paris, "est décerné, chaque année depuis 2004, par l'association éponyme, établie en France, pour honorer, une fois par an, deux mathématiciens des deux rives de la Méditerranée", rappelle l'agence officielle l'APS. Au mois de mars dernier, c'est Kawthar Ghomari de l'ENST d'Oran qui l'a reçu des mains du ministre algérien de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui avait présidé la cérémonie.

Avant de terminer, je voudrais associer au nom de Maurice Audin des noms propres symboliques de moudjahidine morts, comme lui, sans sépulture : Cheikh Larbi Tebessi, président de l'Association des Oulémas, Docteur Georges Counillon, le commandant Si Mohamed Bounaama, le colonel Si M'Hamed Bougara, et associer également à son nom celui de Taleb Abderrahmane, son camarade de la Faculté des Sciences d'Alger, décapité à la prison de Serkadji le 24 avril 1958.

 
 

En citant ces martyrs, j'ai une pensée pour tous leurs compagnons d'armes arrêtés pendant la Bataille d'Alger, torturés, condamnés à mort puis passés à la guillotine, ce procédé sauvage d'un autre âge.

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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 07:30
Pour un peu, même en le relisant cent fois, on pourrait ne pas le croire... Parlant de la campagne électorale, à quelques semaines de la présidentielle, le candidat Emmanuel Macron affirme donc que « c'est une erreur de penser que le programme est le cœur ». Les propos de Macron-la finance sont tellement édifiants et hallucinants qu'ils devraient le disqualifier sine die. Loin des yeux, loin du cœur. Sans doute loin de l'esprit aussi. Puisque, selon lui, « la politique c'est un style » et « une magie » (sic), puisque « la politique, c'est mystique », sans doute connaît-il ses classiques : « Tout commence en mystique et finit en politique », disait Péguy, qui a connu des plagiats bien meilleurs. Au moins tiendrons-nous la citation pour une prophétie. Quand le mystique passera vraiment à la politique, c'en sera fini ! Car soyons sérieux deux minutes. Passé au laminoir de ses idées et – pardon – de ce qu'il est fondamentalement, Macron a tout de la créature d'un système à bout de souffle, alors que les médias dominants nous le présentent du matin au soir comme le candidat « antisystème ».

Pourtant, qu'incarne-t-il d'autre que le cœur du réacteur ? Il le revendique d'ailleurs, par ses manières affirmées de vouloir « façonner un capitalisme à l'image de nos ambitions ». Quelles ambitions ? Énarque, banquier d'affaires, conseiller de François Hollande, ministre de l'Économie, militant de l'ubérisation la plus sauvage et de la loi catastrophique qui porte son nom, Macron n'a rien du qualificatif « progressiste » dont il s'affuble en braillant, encore moins du vocable de « révolution », comme l'affirme le titre de son livre. Comment ne pas croire que le plan de com, si grossier, n'explosera pas bientôt en rase-mottes ? Macron, c'est le relookage d'un quinquennat de hautes trahisons dont la justice de classe s'est déjà emparée pour l'histoire. Oui, un relookage en vue d'un prolongement politique inespéré pour tous les libéraux et leurs ultras.

Qu'on ne se trompe pas. Beaucoup de nos puissants – à droite comme à gôche – ne l'ont pas choisi au hasard. Il est l'homme de main de l'ordre établi, sa meilleure manche à air, pour parachever la conversion du pays au libéralisme total.

Jean-Emmanuel Ducoin (L’Huma du 14 février 2017)

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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 19:39
30% des étudiants renoncent aux soins. Remboursement des soins à 100% en Tiers-Payant (UEC)

30% des étudiant-e-s renoncent aux soins faute de moyen. 
Déjà en difficulté pour avancer leurs frais de santé, les étudiant-e-s doivent régulièrement attendre pendant trop longtemps leurs remboursements. Quand les remboursements arrivent, c'est une partie bien trop faible de nos soins qui sont remboursés !

Exigeons d'être rattaché-e-s au régime général de la sécurité sociale, et d'être remboursés à 100 en tiers-payant !

#UEC
#Santé
#PaieTaPolitiqueSante

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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 19:10
Fondation Idlys. Finistère. Marche à Roscoff le 25 mars (Le Télégramme - 16 février 2017)

Fondation Ildys. Finistère. Marche à Roscoff le 25 mars

Le Télégramme / 16 février 2017 / Catherine Le Guen

 

Les organisations syndicales lancent la mobilisation dans une démarche unitaire.

Le changement de financement des services de soins de suite et de réadaptation (SSR) spécialisés menace le centre Perharidy à Roscoff, et le SSR pédiatrique de Brest. Tous les syndicats de la fondation Ildys montent au créneau. Une pétition et une marche sont au programme.

« Tant que la direction générale d'Ildys demandera des financements pérennes, nous la soutiendrons », déclarait, hier, Franck Monfort, délégué syndical CGT au cours d'une conférence de presse intersyndicale sur le site de Ty Yann, à Brest. Direction et syndicats CGT, Sud, CFDT et CFE CGC montent au combat main dans la main depuis l'annonce de la mise en place de la tarification à l'activité dans les services de soins de suite et de réadaptation (SSR) spécialisés.

Brest et Roscoff impactés

Quinze établissements en France sont concernés. Dans le Finistère, la fondation Ildys voit son site de Roscoff de 600 salariés totalement impacté et à Brest, uniquement l'activité de SSR pédiatrique. Brest et Roscoff représentent 80 % de la prise en charge pédiatrique dans le Finistère.

« On pensait qu'on avait réussi à sécuriser les financements sur les SSR spécialisés, mais la réforme doit s'appliquer dès le 1er mars. Pour temporiser, le gouvernement a prévu 1 % de baisse en 2017, mais il reste 32 % sur les années à venir, sur cinq ans, cela représente 10 M€ », ajoute Franck Monfort.

« Une telle somme est impossible à absorber, cela signifie la fermeture de l'établissement, ce sont 600 emplois qui sont menacés. Avec les emplois induits, cela représente 1.800 emplois menacés en tout », précise Stefano Deblasio, délégué syndical Sud.

Le financement de ces SSR va passer d'un budget global à la tarification à l'activité. Mais ce changement ne prend pas en compte la complexité des situations, soulignent les syndicats. « À Roscoff, on accueille par exemple une personne obèse amputée et qui a besoin d'une dialyse. Ce patient a tout sur place mais la tarification ne prendra en compte qu'une seule de ses pathologies », déplore Pascal Le Page, délégué Sud.

« Le risque, c'est de voir répartir cette offre de soins sur plusieurs établissements au détriment des patients qu'il faudra transporter et des familles. Ce serait inhumain et contre-productif économiquement. On appelle la population à se mobiliser », ajoute Bruno Baron, délégué syndicat CFE CGC.

Une pétition en ligne

« L'ARS (Agence régionale de santé) a été en accord, voire demandeuse de tous nos projets et le ministère veut une réforme budgétaire qui vient dire le contraire de ce qu'a voulu l'ARS, qui représente pourtant le ministère de la Santé en région ! Les représentants de l'ARS de Bretagne soutiennent la ligne défendue par notre direction et les élus qui ont rencontré le sous-préfet, le 8 février », dit Franck Monfort.

Depuis hier, une pétition « Sauvons le centre de Perharidy à Roscoff » a été mise en ligne sur change.org et une marche citoyenne aura lieu le samedi 25 mars, à Roscoff. Un rendez-vous a été demandé au ministère de la Santé, des réunions sont prévues avec les députés ainsi que des distributions de tracts.

 

Pour signer la pétition  « Sauvons le centre de Perharidy à Roscoff (Finistère) »

cliquer ici 

Lire aussi dans Le Télégramme :

Kerpape, Perharidy. Des centres de rééducation menacés ?

 

Lire

 

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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 19:08
Ceta: entre les multinationales et les citoyens, le Parlement européen a choisi (L'Humanité, 16 février 2017)

CETA. Entre les multinationales et les citoyens, le Parlement européen a choisi

 

Humanite.fr / 16 Février 2017

Le vote en faveur du CETA a confirmé la domination, au sein du Parlement européen, des partisans d’une Europe libérale favorisant les multinationales au détriment de l’environnement, de la santé, des droits sociaux et de la transparence démocratique. Le ralliement d’une majorité de sociaux-démocrates à la droite libérale et conservatrice, a assuré la victoire du OUI.

Justin Trudeau, a eu beau venir faire le service après-vente du CETA au lendemain du vote du Parlement européen, il n’aura pas réussi à convaincre par des arguments vérifiables, que cet accord était bon pour les citoyens. On a même frôlé un grand moment de solitude politique quand le premier ministre canadien - en authentique représentant de commerce d’une multinationale de luxe - s’est hasardé, devant des députés au sourire équivoque, à vanter le nouveau tarif des bottes canadiennes de marque Manitobah qu’allait nous offrir le CETA: « moins 17% ! » ( sic !) Que le premier ministre d’un pays de 36 millions d’habitants - aussi jeune et sympathique soit-il - profite de la tribune d’une grande institution internationale pour lancer les soldes de printemps, n’est pas seulement pathétique, c’est surtout très peu convaincant - a fortiori quand on constate que le prix moyen des bottes nationales tant vantées, tourne autour de 250 à 300 dollars la paire… Comme l’a avoué à plusieurs reprises Justin Trudeau, avec un brin de naïveté qu’on hésite à mettre sur le compte de sa méconnaissance des réalités européennes: « ce sont les classes moyennes que le CETA veut favoriser. » Des classes moyennes plus-plus, a-t-on envie d’ajouter, quand même.

Lors du débat précédent le vote de mercredi, la députée hollandaise Anne-Marie Mineur ( GUE-GVN ) a bien résumé l’enjeu général : « le commerce mine les bases de la démocratie, » a-t-elle dit , entendant par là, non pas qu’il fallait se passer du commerce ou l’entraver par principe ( personne n’y pense ), mais que ce qu’on appelle le « libre-échange », par son côté sauvage, et par les dérégulations qu’il instaure, était effectivement une menace pour une société démocratique. Car comme l’a rappelé Patrick Le Hyaric ( GUE-GVN ), « le CETA n’est pas un accord commercial, c’est un accord de libre échange. » Sa particularité, ce n’est donc pas simplement de favoriser le commerce, c’est très particulièrement de lever toutes les barrières, tant tarifaires ( les taxes ) que non tarifaires ( les règlements, normes, etc.. ) entre l’Union européenne et le Canada. C’est ce qu’exigent d’ailleurs les grandes institutions financières internationales, à commencer par le FMI. En votant pour le CETA, les parlementaires européens leur ont simplement obéi.

Avec le CETA disparaîtront effectivement toutes les taxes appliquées à certains produits en situation de concurrence dominante, destinées à protéger les producteurs nationaux qui sans cela risqueraient d’être mis en difficulté ou de disparaître. Le CETA affaiblira aussi des normes réglementaires, notamment en matière d’environnement et de droits sociaux. Il s’agit donc là de tout autre chose que d’un pur accord de commerce. Il s’agit de changer concrètement la façon dont les gens entendent vivre, dans quel type de société, et avec quelles règles démocratiques. Le député Vert allemand Klaus Buchner ( Verts-ALE ), l’a expliqué :« le CETA est truffé d’articles qui n’ont rien à voir avec le commerce, mais avec la destruction de la démocratie, » exhortant le Parlement à « refuser ce coup d’état institutionnel au service des puissances financières.» Même Tiziana Beghin, du mouvement « 5 étoiles », a dénoncé « le coup d’état silencieux » que représentait le CETA qu’elle refuse de qualifier de traité. « Nous allons voter un accord qui place les droits des multinationales et des investisseurs au dessus des droits sociaux et environnementaux, » a condamné pour sa part la députée belge Maria Arena, la première députée du groupe socialiste ( S et D ) à avoir pris la parole dans l’hémicycle pour appeler à voter contre le CETA. Elle sera suivie par le député français Emmanuel Maurel. Tous les autres députés sociaux-démocrates, qui interviendront appelleront au contraire à voter pour le CETA.

 

Au cours du débat de 4 heures qui a précédé le vote du CETA par le Parlement européen, un contraste flagrant est en effet apparu dans les arguments avancés par la vingtaine de députés qui se sont exprimés sur le sujet. D’un côté des conservateurs et des libéraux défendant une position purement idéologique qui peut se résumer en une phrase: le commerce avec le Canada est bon pour l’Europe - on entendait surtout qu’il est bon pour le commerce. Là encore, aucun preuve tangible pour justifier cette position. De l’autre, des arguments fondés sur de multiples rapports, des enquêtes, et des analyses, prouvant que dans de nombreux domaines, le CETA allait avoir des effets désastreux. Ces rapports, réalisés sur plusieurs années, sont publics, tout le monde y a accès, tout le monde peut les contester, mais personne ne les a beaucoup contredit jusqu’à maintenant. Se basant sur l’une de ces études, la députée italienne Eleonora Forenza ( GUE-GVN ) a par exemple rappelé, que 200 000 emplois seraient perdus en Europe à cause du CETA.

 

Qui a voté quoi ?

« Il y a un goût amer dans ce vote, » nous confiait Younous Omarjee juste avant le scrutin, « parce que si le groupe des Sociaux-démocrates en bloc avait rejeté cet accord, il y avait une majorité pour rejeter le CETA, et ça aurait constitué un moment fondateur pour une nouvelle politique commerciale européenne.»  Le vote a entièrement confirmé le pronostic du député de la Gauche Unitaire européenne.

Deux groupes politiques au sein du Parlement européen ont démontré leur parfaite unité dans le refus du CETA : la Gauche Unitaire européenne ( GUE-GVN ) et les écologistes ( Verts-ALE ). Aucune exception dans les rangs de la GUE, les 49 députés présents ont voté contre le CETA, et parmi eux, les quatre députés français  ( Marie-Christine Vergiat, Patrick Le Hyaric, Jean-Luc Mélenchon, et Younous Omarjee. ) Même chose ( presque ) pour les Verts-ALE, à l’exception de deux d’entre eux - un député croate, et un Estonien – qui ont préféré donner dire OUI au CETA.

A droite, pratiquement aucune voix des Libéraux n’a manqué en faveur du CETA, sauf 4, dont celle - notable - du député français Jean Arthuis ( ALDE ), qui a été ministre de l’économie et des finances de 1995 à 1997, et qui fait partie des opposants au CETA - il a voté contre. De même le parti des conservateurs ( PPE ) - parti dominant du Parlement européen - a voté massivement pour le CETA, sauf 4 députés qui ont voté contre, tandis que 7 d’entre eux ont préféré s’abstenir. Parmi eux, Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux, et Nadine Morano.

C’est au sein du groupe des sociaux-démocrates que le fossé entre partisans et opposants au CETA a été le plus profond : 96 POUR et 66 CONTRE. Si tous les socialistes européens avaient décidé de s’opposer au CETA, il n’est pas certain que le NON l’aurait finalement emporté. Mais en offrant presque 100 voix supplémentaires à l’accord de libre échange entre l’Union européenne et le Canada, le groupe socialiste ( S et D ) apportait au camp du OUI - celui de la droite et des libéraux - un renfort qui rendait illusoire la victoire du NON. C’est la raison pour laquelle de nombreux députés opposés au CETA criaient à la trahison des sociaux-démocrates dans les couloirs du Parlement européen, à l’issue du vote. Ne sont cependant concernés, aucun des députés socialistes français, puisque tous, ont voté CONTRE le CETA, rejoignant ainsi les Verts et la GUE. A l’extrême-droite de l’hémicycle, une majorité de députés s’est opposée au CETA, plus par opposition de principe à tout accord international, ou à tout vote en faveur d’une proposition européenne. Au final, le CETA est passé par 408 voix POUR, 254 CONTRE et 33 abstentions. Au cours du débat Jean-Luc Mélenchon ( GUE-GVN ) avait martelé que le CETA est « un très mauvais coup contre l’Europe, » ajoutant : « les générations futures s’en souviendront. »

Jean-Jacques Régibier

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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 18:57
Pourquoi l'inscription dans la Constitution du droit à l'IVG est une nécessité? - L'Humanité, mardi 14 février 2017
Pourquoi l’inscription dans la Constitution du droit à l’IVG est-elle une nécessité ?
SUZY ROJTMAN, ROLAND PFEFFERKORN, FATIMA-EZZAHRA BENOMAR
MARDI, 14 FÉVRIER, 2017
L'HUMANITÉ
 

Droit des femmes à disposer librement de leur corps. par Suzy Rojtman, Porte-parole du Collectif national pour le droit des femmes (CNDF). Roland Pfefferkorn, Professeur de sociologie à l’université de Strasbourg. Fatima-Ezzahra Benomar, Porte-parole de l’association les Effronté-e-s.

RAPPEL DES FAITS. À la veille de la présidentielle, la proposition de Jean-Luc Mélenchon de graver dans le marbre le droit à l’IVG permettrait de renforcer la digue contre les  conservateurs et réactionnaires prêts à la détruire.

Le style a changé mais les attaques n'ont jamais cessé. Suzy Rojtman, Porte-parole du Collectif national pour le droit des femmes (CNDF)

La loi sur l’avortement a été promulguée en France le 17 janvier 1975 après des années de lutte. Après la pratique du MLAC de la « désobéissance civile » en faisant des avortements interdits, durant deux ans. Cette loi, votée sous Giscard d’Estaing avec les voix de la gauche, a été adoptée comme loi à l’essai pour cinq ans. Il a fallu de nouveau se mobiliser en 1979 pour obtenir la confirmation de la loi. Puis de nouveau en 1982 sous la gauche, réticente, pour obtenir son remboursement. Puis de nouveau… L’histoire du mouvement féministe contemporain en France se confond avec celle sur l’avortement.

Parallèlement, les attaques n’ont jamais cessé. Elles proviennent de celles et ceux qui considèrent, à l’instar de l’Église catholique, qu’un amas de cellules est une personne humaine et que dans une société policée les femmes n’ont pas à choisir de faire des enfants ou pas. Jean-Marie Le Pen disait au Parisien le 20 mars 1996 : « L’affirmation que leur corps leur appartient est tout à fait dérisoire, il appartient à la vie et aussi, en partie, à la nation. »

Sexualité égale procréation : des conceptions aux antipodes de celles du Mouvement de libération des femmes et du Mouvement pour la liberté de l’avortement et la contraception. Ces attaques commencent durant les débats autour du vote de la loi pour faire pression sur les parlementaires en leur envoyant du matériel agressif venu des États-Unis. Puis, une fois la loi définitivement votée, les antiavortements se sont organisés sur le mode commando à la porte des hôpitaux ou des cliniques en priant ou en faisant carrément irruption dans les centres d’IVG, faisant pression sur les femmes venant avorter, consultant les dossiers, s’enchaînant aux lits. Tant et si bien qu’il a fallu en 1993 faire adopter un « délit d’entrave à l’IVG ». Cette volonté farouche d’interdire ou limiter l’exercice de la loi a pris aussi des côtés juridiques. En 2004, Jean-Paul Garraud, député UMP de Gironde, a essayé de faire adopter, sans succès mais avec pas mal d’appuis, un délit « d’interruption involontaire de grossesse », donnant ainsi au fœtus un statut juridique de personne. Enfin, on en vient à la tactique actuelle qui consiste à mettre sur pied des sites aux apparences officielles qui propagent de fausses informations pour dissuader les femmes d’avorter. Le style a changé pour faire jeune, la sexualité n’est plus considérée comme le grand Satan mais le fond sur l’avortement est resté le même.

En outre, malgré un sondage Ifop de 2014 où 75 % des personnes se déclarent en France favorables à l’avortement, il s’est trouvé encore en 2014 plus de soixante sénateurs et sénatrices de l’UMP pour saisir le Conseil constitutionnel afin d’empêcher la suppression de « l’état de détresse » de la loi, ce qui heureusement a été retoqué par ledit Conseil. Pour garantir le droit fondamental à l’avortement, le rendre inaliénable, il est nécessaire de l’inscrire dans la Constitution. Ce qui fut fait en 2007 pour l’abolition de la peine de mort. Cependant, cela ne suffirait pas à garantir l’avortement. La restructuration hospitalière, les réformes successives ont érodé ce droit. La loi hôpital, patients, santé et territoires, en déstructurant l’hôpital public, a provoqué la fermeture de nombre de maternités dans lesquelles étaient implantés des CIVG. La tarification à l’activité, qui instaure le paiement des hôpitaux selon le type d’actes pratiqués, a eu aussi un impact négatif, l’IVG n’étant pas un acte rémunérateur. Si l’on veut complètement garantir le droit fondamental à l’avortement, il faut abolir la loi HPST et la tarification à l’activité.

Une meilleurs protection des femmes. Roland Pfefferkorn, Professeur de sociologie à l’université de Strasbourg.

Faut-il constitutionnaliser l’IVG ? Oui, l’idée de constitutionnaliser l’IVG, c’est-à-dire d’inscrire dans la Constitution le droit des femmes de disposer librement de leur corps, et par conséquent de pouvoir interrompre volontairement une grossesse, me paraît a priori une très bonne idée, dans le sens qu’il s’agirait d’en faire un droit imprescriptible pour toutes les femmes. Il est en effet plus difficile de modifier une Constitution qu’une loi. Mais pour la mise en œuvre se posent tout de suite des questions importantes. D’abord, la question de la Constitution. Est-ce que cela signifierait une inscription dans l’actuelle Constitution, celle de la Ve République, ou dans celle d’une future VIe République à construire, incluant d’autres droits, notamment sociaux ? Je n’irai pas plus loin sur ce point. Ensuite, se pose la question de la formulation précise : elle ne devrait en aucun cas limiter ou conditionner les droits des femmes à interrompre volontairement une grossesse et elle devrait prévoir dans le même temps les moyens d’exercer ce droit, notamment en termes d’information et de financement. La question de la gratuité est essentielle.

 

Une telle constitutionnalisation aurait l’avantage de rendre a priori plus difficiles les remises en cause des droits des femmes à disposer librement de leur corps. N’oublions pas que les adversaires de ce droit ne renoncent pas. Parfois ouvertement, parfois plus insidieusement, comme ces sites prétendument informatifs qui font en réalité un travail de sape. Ceux qui attaquent le droit à l’avortement ne relâchent pas la pression pour le délégitimer, à l’image de l’actuelle campagne menée par le Vatican. À l’occasion de ce que l’institution catholique appelle la « Journée pour la vie », qui vient d’être organisée dimanche 5 février, le pape François a appelé explicitement à défendre la « culture de la vie » face à « la logique du déchet et à la baisse démographique » et à prier pour les enfants « menacés par l’interruption de grossesse ». Comme ses prédécesseurs, le pape François, fidèle à la doctrine de l’Église catholique, est un farouche opposant à l’avortement. Les remises en cause s’appuient le plus souvent sur des arguments moraux, religieux, idéologiques et politiques qui ont en commun de s’opposer aux droits des femmes. Elles peuvent aussi passer par les restrictions à l’information et au financement publics. Ce point ne doit pas être négligé quand le système de santé est attaqué par les offensives néolibérales. Ces dernières années, nous avons assisté à des remises en cause parfois frontales, parfois plus insidieuses, dans différents lieux, par exemple dans certains pays d’Amérique latine, y compris par des gouvernements prétendant être de gauche, ou en Espagne.

Si la constitutionnalisation renforce le droit à l’IVG, ce n’est malgré tout qu’une protection relative puisque toute Constitution est modifiable… Et de ce point de vue, c’est la mobilisation en défense du droit effectif à l’IVG qui est déterminante, comme l’a bien montré ce qui s’est passé en Espagne quand la droite a souhaité remettre en cause radicalement le droit à l’avortement quand elle est revenue au pouvoir en 2011, mais n’a finalement pu mettre en œuvre l’ensemble de son projet régressif, malgré la volonté des secteurs les plus conservateurs d’aboutir, parce qu’elle s’est heurtée à une mobilisation massive. Donc, en dernière analyse, la vigilance et la mobilisation restent indispensables. Elles sont décisives, y compris dans l’hypothèse d’une telle constitutionnalisation.

Roland Pfefferkorn vient de publier Genre et rapports sociaux de sexe (3e édition augmentée, 2016, postface de Catherine Vidal, coédition Syllepse et Page 2).

Il faut graver ce droit inaliénable. Fatima-Ezzahra Benomar, Porte-parole de l’association les Effronté-e-s

L’avortement est un droit constitutif de l’émancipation des femmes. Il nous permet d’écarter l’épée de Damoclès des grossesses non désirées et de décider si on préfère nous consacrer à nos études, à notre vie professionnelle, voyager, ou faire le choix d’accueillir un enfant que l’on n’attendait pas, bref de maîtriser nos destins. A contrario, sa prohibition condamne de nombreuses femmes à subir d’incessantes grossesses entravant leurs choix de vie, leur libération sexuelle, leur autonomie financière et mettant leur santé en danger.

Raison pour laquelle les partisans du modèle patriarcal ne désarment pas ! C’est le droit le plus régulièrement attaqué. Pourtant, et ILS le savent, quand une femme a décidé d’avorter, elle le fait, dans n’importe quelle condition. Mais ils préfèrent encore les voir s’empoisonner de recettes de charlatans, s’enfoncer des aiguilles dans le sexe, accoucher à 11 ans comme a dû le faire cette jeune Paraguayenne violée en 2015 ou, comme l’a fait en vain Florette, le personnage de Pagnol, se jeter par terre sur le ventre.

Face à EUX, nous ne dirons jamais notre dernier mot, nous l’imposerons en descendant par foules immenses dans les rues de la très conservatrice Pologne qui voulait l’interdire totalement en 2016, contre Mariano Rajoy qui voulait le restreindre en Espagne (n’avait-il pas assez à faire contre le chômage ou la crise du logement ?), et par millions contre Donald Trump avec les Women’s March de janvier 2017. Rendons aussi hommage à la courageuse députée équatorienne Paola Pabón, qui a tenu tête à Rafael Correa dans une Amérique latine sous grande influence de l’Église catholique, et à tant d’autres !

Fidèles dans la sororité internationale, les Françaises ont été nombreuses à battre le pavé en solidarité avec les Espagnoles, les Polonaises et les États-Uniennes. Dans nos propres hémicycles, les élu-es du Front national et parfois des « Républicains » parlent d’IVG « de confort », menacent de couper les vivres aux plannings familiaux, défendent les sites de désinformation sur l’IVG et suppriment le Pass contraception. Sans compter l’essor grandissant des groupuscules proches de la Manif pour tous, Sens commun, les Veilleurs ou les Survivants.

Malgré de grandes avancées comme la suppression de l’infantilisante notion de détresse et le remboursement intégral de l’IVG, la restructuration de l’hôpital public rend aujourd’hui son effectivité difficile à certains endroits. Environ 120 structures de proximité ont fermé, allongeant les queues d’attente et faisant prendre aux femmes le risque de dépasser le délai légal. Je ne parle même pas des maltraitances qui persistent dans le milieu médical, quand des jeunes filles nous rapportent que le médecin les a sermonnées, voire les a fait souffrir exprès pour les punir. Qu’en sera-t-il si par malheur François Fillon, personnellement opposé à l’avortement, accédait à l’Élysée ? Au mieux, la volonté politique et les moyens manqueront. Au pire…

Face à tout ce dont nous menace une situation politique imprévisible et inquiétante, il faut graver ce droit inaliénable à coups de burin dans le marbre de la Constitution ! En 2014, j’ai corédigé un appel pour une VIe République féministe. Cette sanctification, si j’ose dire, aiderait à faire de l’avortement un droit fondamental et non plus un punching-ball pour faire diversion à chaque nouvelle crise. Car non, ce ne sont pas les théories du genre, de la dévirilisation ou du grand remplacement qui déstabilisent la société, mais bien les agressions réelles du sexisme, du racisme et du néolibéralisme qui nous frappent !

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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 18:26
RSI: les candidats peuvent-ils transformer le plomb en or?
 PAR MATHILDE GOANEC ET DAN ISRAEL

Longtemps ignoré par la gauche comme la droite, le RSI, régime de sécurité sociale des indépendants, s’est invité dans la campagne, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen. Depuis son lancement, le RSI a multiplié les dysfonctionnements mais les propositions des candidats pourraient ne rien arranger.

 

Tout comme le revenu de base, qui s’est imposé parmi les principaux thèmes de la présidentielle, le sort du RSI (Régime social des indépendants) est devenu un passage obligé pour ceux qui se piquent de diriger la France en mai 2017. Presque tous les candidats, de la gauche radicale à l’extrême droite, ont présenté des propositions, plus ou moins argumentées. Mettant du même coup en lumière l'histoire du RSI, l'un des plus grands fiascos administratifs des dernières années.

Dès mai 2016, Jean-Luc Mélenchon souhaitait, dans l’émission « Des paroles et des actes » sur France 2, pouvoir donner aux « artisans, commerçants, indépendants, chefs d’entreprise et auto-entrepreneurs » la possibilité de « s’affilier au régime général de la Sécurité sociale plutôt qu’au RSI ». Une proposition reprise mot pour mot dans son programme aujourd’hui. Marc Sanchez, secrétaire général du syndicat des indépendants, salue un vrai travail de « conscientisation sur le sort des petits patrons ». Concurrent du candidat « insoumis » à gauche, le socialiste Benoît Hamon n’est pas en reste, puisqu’il propose carrément de supprimer le RSI, un « régime qui ne fonctionne pas », afin de lui substituer un seul et unique « statut social de l’actif », basé sur un programme en forme de mantra : « À revenu équivalent, cotisation équivalente, protection équivalente. »

Deux positions très proches de celles d’Emmanuel Macron, qui veut lui aussi en finir avec le sigle honni, ou au moins autoriser un « droit d’option » permettant aux indépendants de rejoindre le régime général. Dans un meeting à Nevers le 6 janvier, Emmanuel Macron a précisé sa « conviction », en proposant d’intégrer le RSI au régime général, avec un guichet spécifique, tout en préservant l’actuel taux de cotisation. Une proposition qu’il reprend régulièrement en meeting et qui est toujours très applaudie. François Fillon, certes de moins en moins audible sur son programme, n’a jamais fait mystère de son aversion pour le RSI, qu’il propose de garder mais de refonder, en changeant son nom. Quant à Marine Le Pen, elle propose également d’offrir la possibilité d’adhérer au régime général, tout en conservant une caisse spécifique, et souhaite que les chefs d’entreprise puissent calculer et déclarer eux-mêmes le montant des cotisations qu'ils doivent verser.

 

 

Créé en 2006, le RSI fait donc l’unanimité contre lui. Et il y a de quoi. Ces trois lettres qui amalgament toutes les détestations cachent l’un des trois principaux régimes de la protection sociale en France, les deux autres étant le régime général (60 millions de bénéficiaires, soit 91 % de la population) et le régime agricole. Pour les chefs d’entreprise indépendants (artisans, commerçants, professionnels libéraux, micro-entrepreneurs) et leurs ayants droit, le RSI est l’interlocuteur unique pour le paiement des cotisations sociales, ainsi que pour le versement des prestations maladie, maternité et retraite. Selon les chiffres les plus récents, 2,8 millions d’assurés actifs cotisaient au RSI en 2015, contre 1,7 million à son lancement en 2006. En comptant leurs ayants droit, le RSI englobe 6,8 millions d’affiliés et a versé 18 milliards d’euros de prestations en 2015.

Le 10 février dernier, le Syndicat des indépendants, organisation non représentative qui revendique 25 000 adhérents, a publié son baromètre annuel attestant du rejet du RSI par ses troupes : 76 % de ses adhérents disent avoir une appréciation négative des services rendus. Ce rejet s’exprime parfois de façon plus imagée. Le 28 novembre dernier, le Champ-de-Mars à Paris accueillait l’arrivée d’une marche d’une vingtaine de chefs d’entreprise, partis un mois plus tôt du Mont-Saint-Michel, sous la bannière du mouvement Sauvons nos entreprises (SNE). Pour saluer la vingtaine de marcheurs, 200 personnes environ, armées de sifflets et de cornes de brume. Les banderoles sont sans ambiguïté : « Non au racket », « Le RSI tue », « Des charges abusives = prise en charge et retraites de misère »

« Lutter contre le RSI, c’est un combat de titan », assure Pascal Geay, fondateur de SNE en 2011. Très actif sur les réseaux sociaux, le mouvement compte comme plus grand succès d’avoir organisé une manifestation rassemblant au moins 7 000 personnes à Paris en mars 2015. Dans le rassemblement de 2016, on dénonce en vrac la carence de sept jours avant que des indemnités soient versées en cas d’arrêt maladie, les retraites très faibles, « les suicides causés par le RSI », mais aussi le niveau des cotisations versées. « Prenez n’importe quel salarié, piquez-lui 70 % de ce qu’il gagne et vous verrez ce qu’il dira », lance un électricien en colère. Même si en réalité, les cotisations versées au RSI sont en moyenne de 47 % sur les bénéfices réalisés, c’est-à-dire moins qu’un salarié classique, pour qui elles dépassent les 60 % si l’on additionne cotisations patronales et salariales.

Un système aux dysfonctionnements majeurs

Mais la colère qui alimente Sauvons nos entreprises, ainsi que les mouvements qui souhaitent carrément en finir avec la Sécurité sociale pour un régime d’assurance privée, trouve sa source principale ailleurs. Tous les indépendants ont en tête des exemples de dysfonctionnements majeurs du système, surtout concentrés entre 2008 et 2013, mais dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui. Les histoires d’appels de cotisations exorbitantes, pas toujours dues mais qui ont tout de même déclenché des passages répétés d’huissiers, sont dans toutes les têtes. D’autres ont des exemples plus tragiques. Jean-Pascal Fontaine, boulanger dans la Manche, s’est engagé dans le mouvement SNE en 2013 à la suite du suicide d’un de ses voisins, fabricant de poêles à bois, pris dans des difficultés professionnelles. « L’entreprise allait être en redressement, le RSI lui réclamait de l’argent qu’il n’avait pas, il n’a pas supporté », dit-il.

Loin du rassemblement de SNE, dans l’Eure, Bernard Bonnel confie lui aussi des « idées suicidaires ». Cet artisan d’art de haut niveau, tapissier, décorateur, spécialisé dans les cuirs précieux, se débat depuis dix ans dans « un tsunami administratif ». « Je ne vis plus, j’ai passé des milliers d’heures à écrire des courriers, expliquer mon cas, préparer des procès », témoigne-t-il. En 2005, un promoteur immobilier rachète le terrain où sont situés sa boutique et son atelier, et lui verse une forte indemnité compensatoire. Son comptable commet ensuite une erreur, en déclarant une partie de cette indemnité au titre de ses revenus.

Face à cet afflux d’argent, les impôts de l’artisan explosent, tout comme les cotisations que lui réclame le RSI. « En quelques mois, cette forte hausse des taxes a siphonné ma trésorerie, ma banque a tout bloqué et j’ai dû cesser de payer mon expert-comptable », détaille-t-il. Par mesure de rétorsion, selon son récit, le comptable n’a pas communiqué à l’administration les comptes 2007 de l’entreprise. Considérant que les déclarations nécessaires n’ont pas été faites, les impôts et le RSI ont donc appliqué le principe de la taxation d’office : les fraudeurs sont lourdement pénalisés, par un calcul de taxes basé sur leurs précédentes déclarations, augmenté d’amendes salées.

Une dizaine d’années après, la situation de Bernard Bonnel est en passe d’être régularisée auprès des impôts, mais pas encore auprès du RSI, qui considère toujours qu’il lui doit 42 000 euros. Surtout, ce contentieux avec le RSI le prive d’autres droits :« J’ai subi un accident de voiture et j’ai déclaré une maladie invalidante. J’aurais donc dû toucher de la part du RSI des indemnités journalières pour arrêt maladie et j’ai droit à une pension d’invalidité. Mais la caisse ne m’a rien versé depuis quatre ans, parce qu’elle estime que je lui dois de l’argent. » L’homme paye encore le prix fort pour un unique déraillement du cours normal de sa vie professionnelle. « Le RSI passe pour une bête noire, mais c’est vrai que c’est une aberration, explique un couple de boulangers, à Villeurbanne, lui aussi confronté à moult difficultés. Avant 2008, on dépendait de trois organismes différents pour les cotisations, la Sécu et les retraites, mais au moins on pouvait négocier avec les uns et les autres de manière différenciée. Là, il n’y a qu’un seul interlocuteur, et quand ils nous tiennent, c’est foutu… »

Une réforme totalement bâclée 

L’idée d’une fusion entre les différentes caisses émerge effectivement à droite en 2006. À peine au pouvoir, Nicolas Sarkozy lance le chantier RSI, qu’il souhaite voir s’achever 18 mois plus tard, en 2008. Le projet est de créer un guichet unique pour le paiement des cotisations et le versement de toutes les indemnités, ainsi que de la retraite. Le RSI était donc le résultat d’une opération de simplification bienvenue. Du moins sur le papier…« C’était une bonne initiative, mais totalement bâclée et mal préparée, analyse Fabrice Verdier, député socialiste auteur d’un rapport sur le sujet en septembre 2015. Les politiques de l’époque voulaient que ça aille vite, alors que tout le monde demandait du temps. De fait, les ministres en charge à cette époque, que ce soit Renaud Dutreil pour les PME ou François Fillon comme chef du gouvernement, ont été peu interpellés sur cette question, alors que leur responsabilité est lourde. »

 

rsi

 

 

 

Au premier rang des bizarreries, le partage des tâches non assumé entre le RSI et le régime général. Car derrière la bannière du RSI, c’est en fait l’Urssaf qui est chargé de recouvrer les cotisations, comme pour tous les salariés. Le RSI reprend la main 30 jours après l’envoi des demandes de cotisations. Et c’est bien lui qui verse des prestations. Ce choix est immédiatement très critiqué, surtout en interne. Les logiciels du RSI et des Urssaf ont du mal à dialoguer. Sans compter que les fichiers d’assurés sur lesquels s’est appuyé au départ le RSI ne sont pas parfaitement à jour. Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, à l’époque président d’une Urssaf dans la région Rhône-Alpes, était en première ligne lors de cette fusion compliquée. « On avait prévenu la droite qu’il y aurait un énorme problème ; on savait que les caisses des indépendants et l’Urssaf n’étaient pas compatibles informatiquement. »

L’arbitrage fut éminemment politique : « La bataille a été homérique, rappelle le député Fabrice Verdier. Le RSI aurait pu prélever en direct, mais on était dans une logique de marché et l’Urssaf, organisme privé, voulait cette part du gâteau, les 15 milliards de cotisations des indépendants à recouvrer. Résultat ? Le 1er janvier 2008, on a appuyé sur le bouton et rien n’a marché. » Marc Sanchez, du syndicat des indépendants, se souvient très bien de cette période : « Il y a eu des cotisations non prélevées en pagaille et des recouvrements non fondés. Quand ça allait bien, ça finissait devant le tribunal administratif. Dans les pires cas, on a vu nombre d’entreprises à la trésorerie bloquée, et arriver des faillites personnelles… Nous avons alors géré des centaines de dossiers. »

Pour Fabrice Verdier, toute cette affaire rétrospectivement, est « dingue ». « Ça aurait été les agriculteurs, on aurait eu des préfectures entièrement noyées sous le fumier. » Mais les travailleurs indépendants sont, par nature, très dispersés dans des professions éclectiques, peu familiers de la mobilisation sociale et faiblement représentés syndicalement. Dossiers bloqués, cotisations non prélevées, prestations non versées, la panique est générale mais fait finalement peu de bruit (Mediapart y a consacré une enquête en 2009).

Des améliorations indéniables

Il faut plusieurs années pour que le désastre apparaisse au grand jour. En 2012, le verdict de la Cour des comptes est sans appel : le RSI est une « catastrophe industrielle ». Mais là encore, malgré l’alternance politique, la résistance à soigner le malade a été longue.« Les grands corps d’État ont fait bloc ; ils ont mis un couvercle sur la marmite qu’était le RSI, se désole Fabrice Verdier. Et pour la gauche, le problème est culturel : elle n’a jamais vraiment considéré les indépendants, les artisans, les commerçants. Elle trouve qu’ils exagèrent toujours. » Les rares députés qui s’investissent alors sur le sujet ne reçoivent qu’une attention distraite de la ministre en charge, Marisol Touraine.

« De 2008 à 2012, impossible de reconnaître l’erreur industrielle pour la droite, tempère Marc Sanchez. À partir de 2012, ce n’était pas considéré comme un enjeu politique, mais ça l’est devenu. » Un premier rapport écrit en 2013 par le député de Côte-d’Or Laurent Grandguillaume parle du travail des indépendants comme « d’un parcours du combattant ». En avril 2015, le premier ministre Manuel Valls commande un deuxième rapport à Fabrice Verdier et Sylviane Bulteau, qui constate « l’échec » et ouvre la voie à une réforme.

« Après cet énorme bug, il a fallu des années pour améliorer le système, reconnaît Stéphane Seiller, actuel directeur du RSI. Le deuxième sujet était le manque de communication entre les deux institutions. Or, c’est fini, les flux passent avec l’Urssaf. Si le RSI affilie ou radie quelqu’un, c’est désormais pris en compte. » Ce qui évite les appels et rappels indus, dont se plaignaient sans cesse les assurés.

En deux ans, plusieurs améliorations ont été apportées au système, pas à pas. Depuis 2015, le mode de calcul des cotisations a été modifié : la somme à payer chaque année est désormais calculée sur la base du revenu de l'année précédente, et non plus sur celui de deux ans auparavant. Une régularisation intervient toujours une fois connus les revenus réels de l’année, mais en cas de solde créditeur, les assurés sont remboursés dans un délai d’un mois, et non plus en fin d'année.

Désormais, la cotisation minimale de retraite (801 euros annuels) permet par ailleurs de valider trois trimestres de retraite de base, au lieu de deux en 2015 et d’un seul auparavant ; le mi-temps thérapeutique a été mis en place et le délai de carence devrait bientôt être ramené à trois jours pour les indemnités journalières en cas d’arrêt maladie.« Ce gouvernement a permis des avancées sociales. On se rapproche de l’équité entre indépendants et salariés », se félicite le député Verdier. Et c’est heureux, car la frontière entre ces deux statuts s’amenuise, année après année : aujourd’hui, 75 % des indépendants travaillent seuls, sans aucun employé. De plus en plus, créer son entreprise, c’est créer son propre emploi.

Le RSI travaille aussi pour améliorer ses relations avec ses administrés. L’accueil téléphonique a été rapatrié en interne, notamment après un reportage ravageur de « Zone interdite » fin 2014. Des médiateurs ont aussi été envoyés sur le terrain un peu partout en France. Mais il reste encore bien des chantiers : assurer une meilleure disponibilité des conseillers pour des rendez-vous en face à face, réécrire les dizaines de types de courriers officiels « dans un langage simple et clair »

« Aujourd’hui, ça s’est beaucoup normalisé. Le service est même rapide, réactif et assez personnalisé », estime Patrick Liébus, de la Confédération de l’artisanat. Selon le RSI, l’embellie date de 2013 et a été officiellement attestée en 2014 par la Cour des comptes. Mais cette amélioration générale du régime cache un vrai paradoxe : c’est en partie parce que le système fonctionne beaucoup mieux, et notamment ses mécanismes de recouvrement de cotisations, qu’il est aujourd’hui si fortement décrié. Entre 2009 et 2012, selon le rapport Verdier-Bulteau, 40 % des assurés n’ont pas reçu d’appels de cotisations et n’ont pas eu d’argent à verser au RSI. La situation a changé à partir de l’automne 2012, et nombre d’entrepreneurs se sont vu réclamer les cotisations pour plusieurs années, progressivement ou tout à coup, mais toujours avec très peu d’explications.

Les situations de détresse financière n’ont pas manqué, et les protestations non plus. C’est à cette période que la contestation du RSI a nettement pris de l’ampleur. En interne, chez les salariés du RSI, on s’en souvient comme de véritables années noires.« Dans les repas de famille, on évitait de dire qu’on travaillait au RSI. Il y avait toujours quelqu’un avec une histoire à raconter. Quand on prenait un taxi pour le travail, on se faisait déposer avant l’entrée du bâtiment. Et au restaurant, on hésitait à sortir nos tickets resto siglés RSI. C’était dur pour tout le monde. »

Une litanie impressionnante de plaintes

Malgré des efforts certains, les erreurs n’ont pas toutes été éradiquées : des courriers contradictoires peuvent encore se croiser, des calculs de cotisation peuvent être erronés… Comme toutes les administrations, et au même titre que les CAF, Pôle emploi ou la Sécu, le lourd système mis en place autour du RSI crée son lot de bourdes quasiment inévitables. « Le plus important, c’est un manque général de sécurisation et d’information, pointe Marc Sanchez. Le pire pour les indépendants, c’est de ne pas savoir à quelle sauce ils vont être mangés. » D’autant que, contrairement aux salariés, les indépendants doivent reverser à l’administration, en plus de leurs impôts, une part de leurs bénéfices déjà perçus, ce qui ne peut pas être agréable. Qui plus est, les sommes minimales à verser afin de cotiser pour la Sécu et la retraite sont proportionnellement plus importantes pour les indépendants qui gagnent le moins…

Il n’est guère difficile d’établir une liste de situations, y compris récentes, qui démontrent que de nombreux accrocs persistent encore. Les exemples collectés par Mediapart constituent une longue litanie d’erreurs, d’incompréhensions et de blocages administratifs. Ceux auxquels a dû faire face l’auto-entrepreneur Julien Pappalardo, par exemple. Il rénove des meubles en région parisienne et a attendu deux ans avant d’obtenir sa carte vitale, après son immatriculation en qualité d’indépendant. « Je suis inscrit au RSI depuis 2014 et je n’ai eu de numéro de Sécurité sociale valide, et donc de carte vitale, qu’en septembre 2016, détaille-t-il. J’ai fait des courriers monstres, j’ai envoyé cinq actes de naissance. Pas de numéro de Sécu, ça veut dire pas d’accès à la santé, vous vous rendez compte ? »

Quant à Isabelle, agent immobilier dans la région lyonnaise, elle a dû se déplacer en novembre dernier au siège local du RSI et rester sur place toute une après-midi, après un an de coups de téléphones infructueux, dont certains ont duré « plusieurs heures d’affilée ». Tout cela pour résoudre un banal problème administratif : le prélèvement automatique mis en place pour régler ses cotisations ne fonctionnait pas. « Pendant près d’un an, j’ai été obligée de payer par chèque quand le prélèvement échouait, raconte-t-elle. Mais le RSI ne pouvait pas émettre d’attestation certifiant que mes cotisations étaient à jour. Or, j’avais besoin de cette attestation pour suivre une formation obligatoire, sans laquelle je ne pouvais pas conserver ma carte professionnelle ! Une idiotie administrative a été à deux doigts de me mettre au chômage. On me disait que l’erreur venait de ma banque, alors qu’elle venait en fait du RSI. Si vous êtes fragile, il y a de quoi se flinguer ! »

Un problème plus récurrent apparaît lorsque les assurés tentent de savoir quels montants de retraite ils vont toucher. Demande légitime, mais ô combien difficile à exaucer, comme a pu le constater Henri Tetard, plombier dans l’Ain. Sa femme, qui tient les comptes de l’entreprise, raconte : « Mon mari touche une pension d’invalidité du RSI et nous avons demandé un relevé de carrière pour savoir s’il pouvait prendre sa retraite en bénéficiant du dispositif carrière longue. On nous a donné quatre relevés de carrière successifs, tous différents ! Mon mari a 58 ans et on n’est toujours pas certain qu’il pourra partir à 60 ans. On voulait simplement savoir à quoi s’en tenir, on voulait anticiper, mais on n’arrive pas à obtenir des réponses précises. »

Le problème est connu au sein du RSI et d’autant plus sensible que nombre d’artisans ont cotisé beaucoup moins de trimestres de retraite qu’ils n’ont travaillé, car pendant de longues années, des revenus trop faibles ne permettaient pas de cotiser. Sans que les principaux concernés en soient toujours informés.

« Le RSI comme marque, c’est foutu »

Incompréhensions, fondées ou non, et dysfonctionnements sont donc légion. Et ils déclenchent un nombre incessant de contestations, à l’amiable ou devant le tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass), puis la cour d’appel. Selon les chiffres du RSI, en 2016, les recours amiables ont diminué, passant de près de 40 000 les deux années précédentes à environ 33 500. Mais les cas jugés au tribunal (première instance et appel confondus) sont en très forte augmentation : 17 700 en 2013, 21 500 en 2014, 25 000 en 2015 et 33 600 en 2016. En quatre ans, le nombre d’affaires jugées a presque doublé !

Plus de neuf fois sur dix, le RSI obtient gain de cause en justice. Mais parfois, la ténacité d’un indépendant paye. Ainsi du cas de Nicole Pointcheval, figure de Sauvons nos entreprises, dont le mari était menuisier en Normandie. « Nous avons été mis en redressement judiciaire en février 2012 et un plan d’apurement des dettes a été approuvé par le tribunal de commerce début 2013. Mais quelques mois plus tard, le RSI a trouvé 13 800 euros à nous réclamer en plus », décrit-elle. Une somme que les époux Pointcheval refusent de verser. En novembre 2013, le tribunal des affaires de sécurité sociale de la Manche leur a donné raison et ce jugement vient d’être confirmé en décembre dernier.

La raison en est assez étonnante : lorsque la nouvelle procédure a été lancée contre les Pointcheval, le directeur général du RSI qui avait donné officiellement délégation à ses services pour gérer ce type de contentieux avait quitté son poste. Et le nouveau directeur n’avait pas renouvelé cette délégation de pouvoir. Les procédures lancées après le départ de l’ancien directeur, mais toujours en son nom, étaient donc caduques… « Le RSI essaye de faire croire que tout va mieux, mais lors de notre marche entre le Mont-Saint-Michel et Paris, à chacune de nos vingt étapes, des gens sont venus nous voir pour nous exposer leurs problèmes, souvent tout à fait récents », assure Nicole Pointcheval.

La défiance entre la caisse et ses administrés est extrêmement profonde. Et remettre en cause son existence paraît donc incontournable pour les candidats à la présidentielle.« Le RSI comme marque, d’un point de vue purement marketing, c’est foutu », analyse Fabrice Verdier. Mais faut-il aller plus loin ? Une bonne partie des candidats semblent vouloir tout casser et repartir à zéro. Plusieurs scénarios sont envisageables pour l'avenir du régime : l'alignement sur le régime général, le transfert à l'Urssaf de toutes les missions d'appel et de recouvrement des cotisations, ou carrément la disparition progressive.

Dans les entourages des candidats, que Mediapart a sondés, personne n’a vraiment de solution tout prête. Et personne ne répond réellement à ces questions concrètes : qui prélèvera les cotisations ? Faut-il les augmenter ou les baisser ? En quoi le régime général sera-t-il plus performant ? Enfin, comment absorber la masse toujours plus nombreuse de micro-entrepreneurs dans le régime ? Ils représenteront bientôt plus de la moitié des indépendants, mais cotisent très peu en raison de bénéfices généralement faibles. Et parce qu’il est celui qui en parle le plus, les paradoxes d’Emmanuel Macron sont les plus critiqués : il souhaite d’une main favoriser la libre entreprise et l’économie collaborative en améliorant les prestations, et de l’autre en finir avec le RSI. Le tout sans toucher au montant des cotisations, pour ne pas froisser son public d’entrepreneurs.

« Le RSI, c’est le diable, alors on va le supprimer. C’est facile à dire, mais ça va coûter cher aux entreprises de revenir encore là-dessus, met en garde Patrick Liébus. Nos organisations appellent à corriger les dysfonctionnements et à faire preuve de plus de régularité, mais pas à tout balayer d’une main. » L’organisation patronale des professions libérales est au diapason. Et c’est justement la voie qu’a choisie le gouvernement jusqu’à présent. Depuis plusieurs années déjà, des cellules mixtes RSI-Urssaf ont été créées et des représentants des deux services travaillent dans les mêmes bureaux pour gérer les cas les plus complexes ou éviter les bugs informatiques.

Depuis le 1er janvier 2017, cette organisation a été officialisée et les deux structures sont appelées à travailler de plus en plus étroitement ensemble. Leurs deux logos apparaissent par exemple sur les courriers envoyés, et plus seulement celui du RSI. Au sein même de la caisse, on craint qu’une nouvelle réforme ne refasse exploser la machine. À tel point qu’une conférence de presse est prévue le 27 février pour dire tout le mal que le RSI pense des propositions des candidats.

« En 2013, on a enfin arrêté de vouloir tout changer, et on a pu travailler, rappelle Stéphane Seiller. Prendre un chemin inverse aujourd’hui, ce serait encore dix ans de galère. Disons que le RSI et l’Urssaf, c’est un mariage forcé, qui a finalement fonctionné. » Le plan du directeur est de continuer à normaliser la situation, puis éventuellement de trouver un nouveau nom au service commun RSI-Urssaf, pour lui permettre de commencer une nouvelle vie, enfin débarrassé de sa mauvaise réputation. Il assure aussi que dans les prochaines années, il sera possible pour les indépendants de déclarer eux-mêmes leur chiffre d’affaires et de payer des cotisations immédiatement calculées sur leurs résultats réels. C’est ce que font déjà les auto-entrepreneurs et ce qu’attendent la majeure partie des interlocuteurs rencontrés pour cette enquête.

L’irruption du « sujet RSI » dans la campagne 2017 a cependant un mérite : celui de jeter une lumière crue sur la vulnérabilité de plus de 2 millions d’actifs. Le dernier rapport du Haut Conseil du financement de la protection sociale sur les travailleurs non salariés est à ce titre édifiant. Il révèle que les indépendants sont trois fois plus nombreux que les autres à vivre sous le seuil de pauvreté et que 60 % d’entre eux déclarent un revenu inférieur au Smic. Il y a urgence à leur assurer une protection sociale digne de ce nom.

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18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 09:29

Patrick LE HYARIC

L'HUMANITE DIMANCHE

Jeudi 16 Février

Editorial

 

 

 

 

 

 

 

 

Être de gauche, c'est aussi assumer la conflictualité entre travail et capital; salaires et profits; progrès social et conservatisme; égalité et droits contre privilèges; souveraineté populaire et gouvernance; dignité humaine et mépris de classe; solidarité et racisme.

Le clivage entre la gauche et la droite serait dépassé. Telle est la rengaine qui vient et revient pour brouiller toutes les pistes d'émancipation sociale et politique. « Le clivage qui est (sic) dans notre pays, c'est un clivage entre le repli et l'ouverture, entre les conservateurs et les progressistes », déclare M. Macron. La cheffe de l'extrême droite dit avec d'autres mots la même chose en évoquant un clivage « entre les mondialistes et les patriotes ». Chez l'un, l'opposition permet d'endosser le rôle de magicien moderne, ouvert au grand large de la mondialisation capitaliste ; chez l'autre, de solidifier sa vision raciale et communautariste de la France. Chez les deux, se trouvent ainsi toujours évacuées la question sociale, celle de l'égalité et bien entendu l'opposition entre le travail et le capital. Rien de tel pour camoufler la responsabilité des puissances industrielles, financières et du numérique dans l'état du monde.

Il est malheureusement vrai que l'idée de gauche a pu servir de tenue de camouflage aux promoteurs de la mondialisation capitaliste et de l'Europe ultralibérale, qui ont profité de l'affaiblissement du mouvement social et de l'idée communiste. Ils furent nombreux les testateurs de M. Macron à tenter d'emporter la famille socialiste vers « l'avenir radieux » du libre-échangisme sans foi ni loi, excepté celles de la finance et du profit. La construction européenne fut un de leurs terrains de prédilection où, à chaque étape, se célébraient les noces entre la droite et la gauche socialedémocrate.

Ce type de construction a été présenté comme le seul possible, le seul capable de garantir paix, prospérité et indépendance vis-à-vis des ÉtatsUnis. On voit ce qu'il en est aujourd'hui avec M. Juncker, président de la Commission européenne, lançant un pathétique : « Au secours, fuyons ! » L'entente cordiale sur le dos du monde du travail est aujourd'hui mise en cause par une réalité à bien des égards désastreuse.

Bien que soutenus par une vaste entreprise de dépolitisation des enjeux économiques, sociaux, culturels et environnementaux, ses promoteurs considèrent aujourd'hui que leur avenir n'est pas assuré. Les méthodes de gouvernement convoquant de grandes coalitions ou l'effacement des souverainetés populaires ne leur suffisent plus pour garantir la passivité, voire l'acceptation des populations. Il leur faut donc aller plus loin. C'est à cela que sert la candidature de M. Macron, qui fait d'ores et déjà cohabiter dans son équipe de campagne élus socialistes et de droite.

Déjà en 1992, Mme Guigou, alors ministre des Affaires européennes, faisait meeting commun avec M. Giscard d'Estaing et, en 2005, François Hollande posait aux côtés de M. Sarkozy en une de « Paris Match » pour faire avaler le traité constitutionnel rejeté par nos concitoyens. Il est utile de méditer les raisons pour lesquelles l'extrême droite comme les libéraux souhaitent réinventer de nouveaux clivages et remodeler le paysage politique.

Cette nouvelle conflictualité sert de tremplin à l'extrême droite, qui a toujours combattu l'opposition entre gauche et droite pour défendre l'idée mythifiée d'une France communautarisée. Il n'y a pas meilleur moyen de pousser dans ses griffes les ouvriers et salariés victimes des délocalisations et désindustrialisations.

Deviennent ses proies celles et ceux qui ont déjà tant perdu et que la mondialisation capitaliste menace de faire tout perdre, ceux qui sont contraints à « la mobilité », au chômage, au déclassement social. En somme, l'ensemble de celles et ceux que la fameuse note du laboratoire d'idées Terra Nova publiée en 2011 considère perdus pour « leur » gauche car jugés inaptes à comprendre les avantages de la globalisation capitaliste !

Réaffirmer l'ambition de reconstruire la gauche sur des bases sociales et unitaires est aujourd'hui une nécessité pour affronter les deux menaces qui avancent de front et dont les incarnations politiques espèrent tant jouer les duettistes au second tour de l'élection présidentielle.

Dire que cette reconstruction est affaire de valeurs est juste et nécessaire mais s'avère à l'évidence insuffisant, sinon nous n'en serions pas là. Être de gauche, c'est aussi assumer la conflictualité entre travail et capital, salaires et profits, progrès social et conservatisme, égalité et droits contre privilèges, souveraineté populaire et gouvernance, dignité humaine et mépris de classe, solidarité et racisme.

Autour de ces combats, valeurs et engagements, il nous semble possible de fédérer une majorité de nos concitoyens. Encore convient-il pour cela de dissiper le brouillard idéologique entretenu par ceux qui ont tout intérêt à empêcher la solidarisation des citoyens et la création d'un large front potentiellement éruptif et transformateur, indispensable pour écrire les premières pages de ce qui pourrait être le vrai « antisystème » : une première République sociale.

 

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