https://picasaweb.google.com/YVABRA/VAGUEBLANCHEAMORLAIXFinistere?authuser=0&feat=directlink
Voici les photos d'Yves Abramovicz prises lors de notre rassemblement d'une cinquantaine de personnes devant la mairie de Morlaix vendredi 15 mars à 19h, pour faire une vague blanche de solidarité aux Syriens, partout en France et partout dans le monde, afin de réclamer la Paix et la Liberté pour les Syriens:
Nous étions là pour manifester notre solidarité au peuple syrien, dire Stop à la guerre contre un peuple, Stop à la guerre civile, Stop à la tyrannie de Bachar-el-Assad et de son clan.
Citoyens, militants de l'ACAT, de la LDH, du Mouvement de la Paix, de l'Association France Palestine Solidarité, du Front de Gauche, nous étions là, agissant avec humilité en pensant au courage et au sacrifice de nos frères Syriens, avec toute notre souffrance et notre révolte à assister impuissants depuis deux ans au martyre de ce peuple, pris en otage par un régime dictatorial, terroriste et barbare et par la guerre civile que celui-ci a fini par engendrer à cause de son obstination à n'opposer que la répression à la révolution citoyenne et pacifique qui lui signifiait son discrédit total et définitif.
Il y a deux ans, chacun s'en souvient, un espoir formidable s'est levé, avec une incroyable résolution populaire de démocratiser ce pays de vieille culture et de haute civilisation qu'est la Syrie, d'en finir avec l'Etat policier, le favoritisme, la domination sans partage d'une petite minorité qui contrôlait tous les pouvoirs. Nous voyions ces foules de jeunes courageux, chantant sous les balles avec la joie que donne la résolution collective et la peur surmontée, narguant les assassins du régime, et cela nous donnait des frissons. Aujourd'hui, on est rentré dans une guerre civile complexe, indécise et barbare où il est plus difficile d'identifier le camp des innocents, celui des bourreaux qui n'auraient aucune victime de cruautés à pleurer et venger. Mais, pour autant, il ne faut pas détourner les yeux de la Syrie sous prétexte que se qui s'y joue n'est pas très propre et l'abandonner au sort des armes.
1 million de réfugiés meurtris et traumatisés attendent l'aide internationale, en particulier celle de la France. Des dizaines de millions de civils vivent l'enfer quotidien dans des villes et des villages livrés aux bombardements, à la peur omniprésente, à la faim, à la destruction, à la terreur militaire.
La Syrie doit vivre! Nous avons la responsabilité de tout faire pour que, après les 70000 ou 100000 morts déjà recensés, des dizaines de milliers de blessés, de torturés, de traumatisés, d'endeuillés, la désolation, l'horreur et la haine ne continuent pas à briser ce peuple avec qui nous avons une histoire commune et qui est si admirable à plein d'égards.
Aujourd'hui, l'avenir de la Syrie comme Etat laïque et démocratique, multiculturel et multi-confessionnel, n'est rien moins qu'assuré avec le risque de fragmation du pays en zones communautaires et le poids préoccupant pris par les islamistes sunnites et les djihadistes étrangers dans le camp de la rébellion armée soutenue par le Qatar, l'Arabie Saoudite.
Nous avons certainement notre part de responsabilité dans cette détérioration de la situation, pour n'avoir pas agi assez fortement assez tôt pour empêcher les massacres de civils, mais la situation était il est vrai très complexe, avec le soutien donné au régime syrien par la Chine, la Russie, l'Iran, le Hesbollah libanais, la légitimité douteuse et les dangers d'une intervention militaire étrangère dans un pays nationaliste et sur-armé, les appuis communautaires du régime dans certaines minorités culturelles de Syrie qu'il "protégeait".
Aujourd'hui, il est certain que la guerre ne peut s'arrêter qu'à condition que Bachar et sa clique de criminels quittent le pouvoir, et c'est donc ce qu'il faut viser en priorité. Par la diplomatie, en faisant pression intelligemment sur la Russie et l'Iran... Et en envoyant des armes aux rebelles pour leur permettre de prendre l'ascendant? Il est malheureusement possible qu'il soit trop tard pour contrôler le "pedigree" de la rebellion afin de donner des chances à une Syrie démocratique et laïque post-Bachar el Assad. Le problème est complexe: les références contradictoires abondent. L'odieux abandon des républicains espagnols, d'un côté, le retournement des armes envoyés à la rebellion libyenne, de l'autre... pour ne citer que deux comparaisons tentantes.
Pour ma part, je pense qu'il est souhaitable d'aider concrètement la rébellion à tenir la dragée haute aux forces de Bachar sans intervention étrangère directe et en soutenant particulièrement les groupes armés les moins fanatiques, les plus républicains. Les bases du pouvoir sont désormais très très minces et fragiles et une succession de défaites de l'armée loyaliste pourrait accélérer les défections et la chute de Bachar-el-Assad, nécessaire à une fin rapide des hostilités sans dislocation de la Syrie. D'autres - et la direction du PCF s'est prononcée en ce sens, comme le Mouvement de la Paix- pensent que si les états occidentaux, la France au premier chef, livrent des armes aux rebelles, ils font le jeu du durcissement et de la prolongation de la guerre, donnent des outils de domination et de violence future à des groupes de tendance islamiste.
La question est difficile à trancher: aucune option n'est sans risques ni effets pervers. Mais sachons tout de même que les rebelles sont déjà armés, insuffisamment sans doute, et par des forces politiques de tendance réactionnaire, vers lesquelles ils se tourneront sans doute de manière privilégiée en cas de victoire, ce qui n'est à souhaiter pour personne. Réfléchissons au fait aussi que l'Etat syrien bénéficie de fait d'un approvisionnement militaire constant de la part de la Russie, de l'Iran, et d'autres Etats et que refuser par principe les armes aux rebelles, c'est les laisser à la merci de cette armée dirigée par des criminels!
Ce qui est sûr, c'est que les Syriens dans leur grande majorité ne sont pas pour un régime islamique, intolérant et liberticide. Ils veulent la paix civile, la sécurité, le retour de la vie et de la liberté. Il faut pouvoir établir le contact avec certaines franges de la rébellion militaire pour s'assurer qu'on ne confisque pas à nouveau, dans l'hypothèse d'une défaite de Bachar el Assad, sa révolution au peuple, qu'on lui laissera la place sitôt la guerre finie pour qu'il puisse rebâtir la Syrie dans un climat de justice, de réconcilation et de démocratie.
Ces défis sont immenses. Les risques aussi. Nous n'avons pas toutes les cartes en main, assez peu en vérité. Mais nous devons nous sentir concernés par le retour de la paix, de la sécurité et de la liberté en Syrie, et observer avec vigilance l'attitude de notre gouvernement par rapport à cette crise.
Ismaël Dupont.
commenter cet article …