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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 21:29

Impressions à l'issue du Conseil Municipal du 16 décembre.

 

Ce vendredi, lors du dernier conseil municipal de l'année 2011, Agnès Le Brun s'est livrée à un nouvel exercice d'auto-satisfaction en rappelant que son objectif de début de mandat était de parvenir à désendetter la ville- « le seul projet que je m'autorise à avoir, disait-elle avec son sens prononcé de la rhétorique décoiffante, c'est de parvenir bientôt à nouveau à m'autoriser de former des projets »- et que cet objectif était atteint partiellement, ce qui lui donnait de nouvelles marges de manœuvre pour investir dans quelques travaux d'urbanisme, comme le réaménagement des trottoirs rue de Paris ou la destruction de l'école Léon Blum pour en faire un parking provisoire auprès du pôle gare.

En réalité, ce qu'elle fait passer pour un impératif technique, apolitique- la nécessité de désendetter la ville- a servi à justifier des politiques idéologiquement très cohérentes, en parfaite continuité avec la politique de droite dure menée au niveau national par Sarkozy, Fillon et leur clique.

La dette de la ville a diminué de 26% en 3 ans et demi, mais comme l'a reconnu Agnès Le Brun, cela s'est obtenu à travers des « mesures drastiques qui ont pu être mal ressenties par les concitoyens faute de pédagogie peut-être ». On tout cas, le résultat montre selon elle, pédagogie des chiffres à l'appui, que « l'effort partagé » aurait été « fructueux ».

C'est amusant comme les éléments de langage et les stratégies de communication de notre gouvernement sont décalqués avec une belle discipline de parti par notre maire: on fait peur en promettant la faillite, la banqueroute pour bientôt, on affiche la nécessité de sacrifices douloureux en se prévalant de l'esprit de responsabilité et de l'intérêt pour la viabilité de long terme des politiques publiques, et on appauvrit au bout du compte la population afin de servir des intérêts financiers privés tout en faisant croire qu'il n'y a pas d'autre politique raisonnable possible.

 

Rappelons que la politique d'Agnès Le Brun et de sa majorité, cela a été depuis plus de 3 ans:

 

  • Une augmentation des charges pour les familles aux revenus moyens et modestes (parmi d'autres exemples: augmentation des impôts locaux et suppression des abattements pour les revenus les plus modestes, tarifs de cantine élevés, suppression de bon nombre de places de stationnement gratuites avec le choix de la délégation de service public pour le stationnement payant et de la suppression du lundi gratuit, musée devenu payant, comme beaucoup de loisirs culturels).

  • Une dévalorisation de l'efficacité du service public (refus du retour en régie municipale de la gestion de l'eau, de la gestion publique du stationnement, soutien initial à la direction de la Poste de la région de Morlaix pour sa réorganisation interne comme au projet de regroupement d'activité au niveau des hôpitaux de Brest, Landerneau, Morlaix, au détriment des intérêts du personnel et des familles des malades), des transferts de compétence vers le privé décidés pour des raisons idéologiques, la décision de supprimer 2 écoles en début de mandat et de ne pas soutenir les instituteurs en lutte pour le maintien des classes, à l'école Jean Jaurès notamment.

  • Une arrogance vis à vis du milieu associatif et une décision de baisser drastiquement les subventions au Théâtre, scène nationale et au Far qui a conduit à leurs départs, et de faire baisser de 15% dans un premier temps les subventions aux associations (culturelles, sociales, sportives)- alors que notre maire s'octroyait dans le même temps une augmentation d'indemnité de 50%- puis de geler leurs subventions en les mettant en difficulté du fait de l'inflation et de leurs charges de personnels quand elles ne fonctionnent pas qu'avec des bénévoles.

  • Une baisse des moyens accordés au musée, aux bibliothèques, aux centres de loisirs.

  • Une valorisation systématique du mécénat privé (dans le domaine de la culture, du social) – au détriment de la solidarité collective passant par l'impôt redistributeur et un discours continuel de lutte contre l'assistanat, les politiques de guichet, qui vise à reprendre les leitmotivs nationaux sur les solidarités automatiques qui entretiendraient la misère.

  • Une conception très restrictive de la démocratie selon laquelle la parole des citoyens est légitime et ne doit être prise en compte qu'au moment des élections (d'où le passage en force sur le renouvellement de contrat avec Véolia, l'attribution à Vinci de la gestion du stationnement payant, le déplacement des commerçants du marché). Le refus d'incarner la république pour tous les morlaisiens: suppression du parrainage civil, politique clientéliste vis à vis de l'enseignement privé.

  • Une volonté de réduire les possibilités d'expression du débat démocratique et du dynamisme politique et associatif en ne mettant pas à disposition gratuitement des salles requises par les besoins.

     

    Les dissensions persistantes avec Morlaix-Communauté, le refus de transferts de compétence, ont eu par ailleurs comme conséquences le manque d'ambition du projet d'aménagement du Pôle Gare et la volonté de faire des économies partout au détriment du pouvoir d'achat des morlaisiens, de leur qualité de vie et de l'attractivité de la ville. Les besoins d'une proportion importante de la population en situation de précarité- Morlaix étant une des villes les plus pauvres du Finistère - sont insuffisamment pris en compte.

    Les charges élevées à Morlaix et le manque de dynamisme dans le secteur du logement (social notamment) continuent à incliner les gens à s'installer dans les communes périphériques qui disposent souvent de services tout à fait satisfaisants et mieux subventionnés, ce qui continue à appauvrir Morlaix.

     

    Ce qui irrite peut-être le plus chez Agnès Le Brun, c'est sa facilité désarmante à jouer à front renversé en prétendant avec un aplomb sans pareil se battre pour le logement social (lors de la visite d'Apparu) ou le maintien des aides européennes aux associations d'aides aux plus démunis (finalement elle ne s'est félicitée que du sursis de 2 ans obtenu avant la réduction programmée de 75% du Programme d'Aide Européen aux plus Démunis, qui passerait de 480 millions à 113,5 millions alors qu'il ne représentait jamais qu'un millième de l'argent que les États européens ont transféré vers les banques pour les recapitaliser depuis 2008) alors que les politiques économiques et sociales qu'elle soutient au niveau national et européen organisent des transferts de richesses massifs vers les milieux financiers et les riches au détriment de la satisfaction des besoins sociaux.

 

Alors que Agnès Le Brun insistait sur la situation difficile que nous vivons avec « la crise mondiale, la crise durable qui balaie l'ensemble de l'Europe » pour mieux faire accepter un probable renforcement de la politique de rigueur au niveau municipal, lié à des désengagements de l'État et des pertes de recettes fiscales, les élus d'opposition ont raison de dire que la majorité municipale avait réduit la dette au-delà du nécessaire, au détriment des investissements d'avenir, de l'amélioration des équipements et de la qualité du lien social.

Surtout, Michel Le Saint a eu des mots justes pour dire qu'il y avait une autre méthode possible que celle de l'austérité pour réduire la dette au niveau européen, celle que ne porte malheureusement pas assez son parti depuis qu'il a conclu une alliance électorale avec le PS sur une ligne politique trop favorable à la rigueur et à l'orthodoxie économique libérale, soit celle qui consiste à réduire la dette par sa monétisation (la Banque Centrale Européenne autorisée à prêter directement aux Etats en créant de la monnaie), sa mutualisation, la hausse de la fiscalité pour les entreprises, les capitaux, et les riches, et le consentement à un certain niveau d'inflation qui favorise l'activité et réduit mécaniquement le poids des dettes et les bénéfices des rentiers et des banques.

 

Cette municipalité est en effet comptable de la politique néo-libérale qu'elle décline au niveau local et que son premier magistrat soutient au niveau national et européen. Décidément, la ville a plus que besoin d'un changement de cap et de représentants.

 

Ismaël Dupont.  

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