Un lundi sur France 2, dans l’émission « Mots croisés » du révérend père Calvi on échangeait sur le thème : « Rigueur en campagne ». Invités principaux Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande candidat qui … « n’a pas encore de programme » et Bruno Lemaire chercheur d’idées d’un président, pas encore candidat ce qui ne l’empêche pas de battre la campagne.
Cravatés du dimanche, ces deux « responsables » devisaient de façon très urbaine, sur la potion qu’il faudrait bien administrer à notre peuple. Bien sûr, ils ergotaient de temps en temps sur telle ou telle formulation, sur les responsabilités de l’un ou l’autre camp dans la situation actuelle, sur l’inanité des propositions de l’un ou l’autre candidat .
Mais l’essentiel n’était pas là. Il s’agissait pour eux de prouver à qui de droit que leur poulain était le plus « raisonnable » et donc le plus à même d’accéder à la dignité de GRAND RIGORISTE au service et à la dévotion de la déesse FINANCE INTERNATIONALE.
Participait également à cette émission Dominique REYNIE, squater régulier de tous les plateaux télé où l’on parle de politique ou d’économie. Prof à Sciences Po il est également directeur général de la Fondation pour l’Innovation Politique, cercle de réflexion (think tank comme disent ceux qui veulent paraître dans le coup) proche de l’UMP et financé à 80 % par des fonds publics.
Fort de l’autorité de son statut de « spécialiste » invité dans toutes les émissions, ce personnage asséna la forte déclaration suivante : compte tenu de la situation de la France il faudra bien abandonner l’une après l’autre les garanties dont bénéficient les Français. Sous-entendu « dont ils abusent ».
Certes il ne faisait que reprendre à son compte la « pensée » de Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, qui déclarait en 2007 : « il s’agit aujourd’hui de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la résistance ».
Aucun des deux invités principaux, représentant les candidats de droite et du PS à l’élection présidentielle, ne trouva opportun de rebondir sur cette déclaration, soit pour l’approuver soit pour la condamner.
Je mérite certainement une médaille car j’ai suivi l’émission jusqu’au bout. Et j’ai été récompensé. A un moment, parlant du programme qu’il est chargé de concocter pour Nicolas Sarkozy, Bruno Lemaire indiqua que,bien entendu, l’UMP demanderait l’avis de la CDU (la droite allemande) pour voir si ce programme ne mettait pas en cause la convergence nécessaire de leurs politiques.
Cette fois-ci Moscovici réagit pour dire… que le PS fera la même chose.
Un seul moment d’air frais lors de cette émission : lorsque Olivier DUHAMEL (un autre politologue) qui n’a pourtant pas la réputation d’être un dangereux révolutionnaire, déclara, à propos des propositions de Jean-Luc MELENCHON, qu’il n’était pas « anormal » que les électeurs de gauche demandent à un candidat de gauche, de défendre une politique de gauche ».
Etonnant ! Aucun des deux invités-vedettes ne jugea bon de rebondir sur cette remarque pourtant de bon sens.
Je tire de cette émission 4 conclusions :
1 – il n’y a pas de sortie possible de la situation actuelle sans remise en cause radicale de la domination sans partage de la finance.
2 – cette remise en cause suppose des mesures courageuses, à l’opposé de ce que les différents gouvernements ont mis en œuvre depuis des dizaines d’années ;
3 – à l’évidence les forces de gauche sont loin d’être sur la même longueur d’onde et sur les causes de la situation et sur les moyens d’en sortir et sur l’avenir.
4 – la victoire contre Sarkozy passe par la confrontation, devant le peuple, des positions des uns et des autres afin de lui permettre de faire entendre ses attentes et ses exigences et de participer à l’élaboration des réponses.
C’est la démarche du Front de Gauche, de son candidat à la Présidentielle (Jean-Luc MELENCHON) et de ses candidats aux législatives (Ismaël DUPONT et Marie HUON dans la 4ème circonscription) en proposant aux forces de gauche d’en débattre. Force est de constater qu’il n’y a pas une farouche volonté d’y répondre.
ENSEMBLE FAISONS MONTER L’EXIGENCE D’UNE DEMOCRATIE REELLE.
Alain DAVID
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