Dans une France où l'absence de dessein collectif et de perspectives de progrès social a tendance à nourrir le repli individualiste et communautariste, il est plus que jamais nécessaire de former la conscience citoyenne et de favoriser l'adhésion aux valeurs républicaines. C'est pourquoi les communistes morlaisiens veulent faire connaître leur étonnement et leur indignation face à la décision prise très vite par le maire de Morlaix de ne plus célébrer de parrainages civils (autrement appelés parrainages républicains ou baptêmes civils). Cette cérémonie symbolique ne créant pas d'obligation juridique permet à beaucoup de parents de témoigner solennellement de leur confiance à des amis ou à des membres de leur famille qu'ils désignent comme parrains et marraines de leurs enfants pour qu'ils leur transmettent des valeurs humanistes et républicaines et soient attentifs à leurs besoins, particulièrement s'ils venaient à mourir. Quand les parents sont croyants, le parrainage civil peut tout à fait intervenir en complément du baptême religieux, en ce sens qu'il marque l'intégration symbolique à une communauté nationale unie par des valeurs fondamentales, dont celle de la laïcité. La laïcité n'implique pas le rejet ou le mépris des religions, mais l'évacuation de la référence à une transcendance ou aux dogmes d'une église comme fondement du lien social et des politiques publiques et la préservation des conditions de le la formation de la pensée critique. En rejetant cet héritage de la révolution française qu'est le parrainage civil, au motif qu'il ne serait qu'une pâle parodie de baptême religieux prétendant se substituer à lui, le maire de Morlaix ne craint pas de raviver les hostilités entre religieux intransigeants et anticléricaux, dans le sillage du président, chanoine de Latran, qui affirme la supériorité morale de l'enseignement du prêtre sur celui de l'instituteur et prétend rhabiller la France en fille aînée de l'église. Cette provocation contre les valeurs laïques nous apparaît anachronique et indigne de la fonction d'élu de la République, d'autant qu'elle semble destinée simplement à capter les suffrages de l'électorat catholique le plus traditionaliste.
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